Lesen: Dieu passe pres de nous - Partie 1 - Chapitre 02


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Source : www.bahai-biblio.org
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DIEU PASSE PRES DE NOUS

Shoghi Effendi

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1ère Période: Ministère du Bab (1844-1853)

CHAPITRE II: Emprisonnement du Báb dans l'Adhirbàyjàn

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La période d'exil du Báb dans les montagnes de l'Adhirbàyjàn, qui ne dura pas moins de trois années, constitue la phase la plus triste, la plus dramatique et, dans un sens, la plus productive de son ministère de six ans. Elle comprend son emprisonnement absolu de neuf mois dans la forteresse de Màh-Kù et son incarcération ultérieure dans la forteresse de Chihriq qui fut interrompue seulement par sa visite, brève mais mémorable, à Tabriz. Elle fut assombrie pendant toute sa durée par l'hostilité croissante et implacable des deux plus puissants adversaires de la foi, Hàji Mirzá .Aqàsi, grand vizir du sháh Muhammad, et l'amir-nizaim, grand vizir du sháh Nàsiri'd-Din. Elle est analogue à la période la plus critique de la mission de Bahá'u'lláh au cours de son exil à Andrinople où il se trouva face au despotique sultán 'Abdu'l-'Aziz et à ses ministres, les pachas 'Ali et Fu'àd; elle est comparable aux jours les plus sombres du ministère d'Abdu'l-Bahá en Terre sainte, sous le règne opprimant du tyrannique 'Abdu'l-Hamid et du non moins tyrannique pacha Jamàl. Shiráz avait été le cadre mémorable de la déclaration historique du Báb; Isfàhàn avait été pour lui, quoique pour peu de temps, un havre de paix et de sécurité relative, alors que l'Adhirbàyjàn devait devenir le théâtre de son agonie et de son martyre. Ces dernières années de sa vie terrestre resteront dans l'histoire comme celles où la nouvelle dispensation atteignit son plein épanouissement, où la revendication de son fondateur fut pleinement et publiquement soutenue, où furent énoncées ses lois, où le covenant de son auteur fut fermement établi, où son indépendance fut proclamée, où enfin l'héroïsme de ses défenseurs resplendit d'une gloire immortelle. Car c'est au cours de ces années fatidiques, intensément tragiques, que toutes les conséquences impliquées par le rang du Báb furent dévoilées à ses disciples et officiellement annoncées par lui dans la capitale de l'Adhirbàyjàn, en présence de l'héritier du trône, que fut révélé le Bayán persan, dépositaire des lois prescrites par le Báb, que l'époque et le caractère de la dispensation de "Celui que Dieu rendra manifeste" furent fixés sans erreur possible, que la conférence de Badasht* proclama l'abrogation de l'ordre ancien et que les grandes conflagrations de Mázindarán*, de Nayriz et de Zanjàn* éclatèrent.

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Et pourtant Hàji Mirzá Aqàsi, stupide et borné, s'imaginait naïvement qu'en faisant échouer le projet du Báb, qui était de rencontrer le sháh face à face dans la capitale, et en l'exilant à l'extrémité du royaume, il avait étouffé le mouvement dès sa naissance, et triompherait bientôt de son fondateur d'une manière décisive. Il ne se doutait pas que l'isolement même qu'il imposait à son prisonnier permettrait à celui-ci de développer la doctrine destinée à matérialiser l'âme de sa foi, et lui fournirait l'occasion de la protéger contre la désintégration et les schismes et de proclamer sa mission, officiellement et sans réserves. Il ne se figurait pas que cette détention même amènerait les disciples et les compagnons exaspérés de ce prisonnier à rejeter les entraves d'une théologie désuète, et hâterait l'arrivée d'événements qui exigeraient d'eux des prouesses, un courage et une abnégation sans parallèles dans l'histoire de leur pays. Il était loin de penser que, par son acte même, il servirait d'instrument dans l'accomplissement de la tradition authentique attribuée au prophète de l'islám sur l'inexorabilité de ce qui devait se dérouler dans l'Adhirbàyjàn. Ignorant l'exemple du gouverneur de Shiráz qui, tremblant de peur, avait fui honteusement au premier signe de la colère vengeresse de Dieu et qui avait relâché son étreinte sur le prisonnier, le grand vizir du sháh Muhammad se préparait à son tour, par les ordres qu'il avait donnés, une inévitable et cruelle déception, et pavait la voie de sa propre déchéance finale.

Ses ordres à 'Ali Khàn, gardien de la forteresse de Màh-Kù, étaient rigoureux et explicites. En se rendant à cette forteresse, le Báb passa quelques jours à Tabriz, jours marqués par une excitation si intense de la part de la populace que, sauf quelques rares personnes, ni le public ni ses partisans ne furent admis en sa présence. Tandis qu'on l'escortait à travers les rues de la ville, le cri de " Alláh-u-Akbar "* s'élevait de tous côtés. Les clameurs atteignirent en effet une telle intensité, que le crieur de la ville reçut l'ordre d'avertir les habitants que quiconque s'aventurerait à rechercher la présence du Báb verrait tous ses biens confisqués et serait emprisonné. A son arrivée à Màh-Kù qu'il surnomma Jabal-i-Bàsit (la Montagne ouverte), personne ne fut autorisé à le voir pendant les deux premières semaines, excepté son secrétaire Siyyid Husayn et le frère de celui-ci. Si pénible était sa condition dans cette forteresse que lui-même a déclaré, dans le Bayán persan, qu'il n'avait même pas de lumière la nuit, et que sa chambre solitaire, construite avec des briques cuites au soleil, était même dépourvue de porte, cependant que, dans sa tablette au sháh Muhammad, il se plaignit que les habitants de la forteresse fussent réduits à deux gardes et quatre chiens.

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Interné au sommet d'une montagne éloignée, dangereusement située aux frontières des Empires russe et ottoman, détenu entre les murs solides d'une forteresse à quatre tours, séparé de sa famille, de ses amis et de ses disciples, vivant à proximité d'une population bigote et indisciplinée qui, par sa race, ses traditions, son langage et ses croyances, était différente de la grande majorité des habitants de la Perse, surveillé par les habitants d'un territoire qui, en tant que lieu de naissance du grand vizir, avait été gratifié de faveurs spéciales par son administration, le prisonnier de Màh-Kù semblait condamné, dans l'esprit de son adversaire, à s'étioler dans la fleur de sa jeunesse ainsi qu'à assister sous peu à l'anéantissement complet de ses espérances. Cet adversaire devait bientôt s'apercevoir néanmoins combien il avait sous-estimé à la fois son prisonnier et ceux qu'il avait comblés de ses faveurs. Ce peuple indiscipliné, fier et incapable de raisonner, était peu à peu subjugué par la gentillesse du Báb, assagi par sa modestie, édifié par ses conseils et instruit par son savoir. Les habitants étaient transportés à un tel point par leur amour pour lui que, chaque matin, en dépit des remontrances de l'autoritaire 'Ali Khàn et des menaces répétées de mesures disciplinaires reçues de Tihrán, leur premier geste était de trouver un endroit d'où ils pourraient l'apercevoir et implorer sa bénédiction pour leur tâche quotidienne. En cas de différend, ils avaient coutume de se précipiter au pied de la forteresse, et fixant les yeux sur sa demeure, d'invoquer son nom et de se conjurer mutuellement de dire la vérité. 'Ali Khàn lui-même, à la suite d'une étrange vision, ressentit une telle mortification, qu'il fut obligé d'atténuer la sévérité de sa discipline, en réparation de sa conduite passée. Son indulgence devint telle qu'un flot croissant de pèlerins pieux et fervents commença à être admis aux portes de la forteresse. Parmi eux se trouvait l'intrépide et infatigable Mullà Husayn, qui avait fait à pied tout le chemin depuis Mashhad*, à l'Est de la Perse, jusqu'à Màh-Kù, à l'extrême frontière Ouest du royaume, et qui fut capable, après un voyage aussi pénible, de célébrer la fête de Naw-Rùz (1848) en compagnie de son Bien-Aimé.

Cependant, des agents secrets, chargés de surveiller 'Ali Khàn informèrent Hàji Mirzá Àqàsi de la tournure que prenaient les événements, sur quoi celui-ci décida le transfert immédiat du Báb dans la forteresse de Chihriq (vers le 10 avril 1848); le prisonnier la surnomma Jabal-i-Shadid (Montagne des souffrances). Là, il fut confié à la garde de Yahyá Khàn, beau-frère du sháh Muhammad. Bien que, tout d'abord, celui-ci se conduisit avec une extrême sévérité, il fut en fin de compte contraint de céder à la fascination de son prisonnier. Les Kurdes qui vivaient dans le village de Chihriq, et dont la haine des shi'ahs dépassait encore celle des habitants de Màh-Kù, ne furent pas non plus capables de résister à la puissance pénétrante de l'influence du prisonnier. Eux aussi, on les vit s'approcher chaque matin de la forteresse avant de partir pour leur travail quotidien, et se prosterner en adoration devant le saint personnage qui l'occupait. "Telle était l'affluence populaire", rapporte un témoin oculaire européen parlant du Báb dans ses mémoires, "que la cour n'étant pas assez grande pour contenir ses auditeurs, la majorité restait dans la rue, écoutant avec une attention extasiée les versets du nouveau Qur'án.

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Certes, les désordres soulevés à Chihriq éclipsaient les scènes dont Màh-Kù avait été le théâtre. Des siyyids de haute valeur, d'éminents 'ulama et même des fonctionnaires du gouvernement épousaient hardiment, et avec promptitude, la cause du prisonnier. La conversion de l'ardent et illustre Mirzá Asadu'lláh, surnommé Dayyán, éminent fonctionnaire, hautement réputé en littérature, auquel le Báb donna la " connaissance cachée et préservée ", et qu'il célébra comme le " dépositaire de la confiance du seul vrai Dieu", puis l'arrivée d'un derviche venant de l'Inde, ancien nabab, à qui le Báb, dans une vision, avait ordonné de renoncer à ses biens et à son rang pour venir le voir en toute hâte, à pied, dans l'Àdhirbàyjàn, ces faits mirent fin à cette situation. Des comptes rendus de ces événements étonnants parvinrent à Tabriz d'où ils furent transmis à Tihrán, forçant Hàji Mirzá Aqàsi à intervenir de nouveau. Le père de Dayyán, ami intime de ce ministre, lui avait déjà exprimé ses craintes sérieuses devant la manière avec laquelle les fonctionnaires compétents de l'Etat se ralliaient à la foi nouvelle. Pour calmer l'excitation croissante, le Báb fut convoqué à Tabriz. Craignant l'enthousiasme de la population de l'Àdhirbàyjàn, ceux qui le gardaient décidèrent de changer leur itinéraire et, évitant la ville de Khuy*, ils passèrent par Urùmiyyih*. A son arrivée dans cette ville, le prince Malik Qàsim Mirzá reçut cérémonieusement le Báb; on le vit même, certain vendredi, accompagner son hôte à pied, alors que celui-ci se rendait à cheval au bain public; pendant ce temps, les domestiques du prince s'efforçaient de contenir la foule qui, dans son enthousiasme débordant, se pressait pour apercevoir un prisonnier aussi merveilleux. Tabriz à son tour, en proie à une excitation déchaînée, salua joyeusement son arrivée. Telle était la chaleur des sentiments populaires, que le Báb fut conduit en un lieu situé en dehors des portes de la ville. Cette mesure ne réussit pourtant pas à apaiser l'émotion qui régnait. Précautions, avertissements et restrictions ne servirent qu'à aggraver une situation déjà critique. Ce fut à ce moment que le grand vizir donna l'ordre historique de convoquer immédiatement les dignitaires ecclésiastiques de Tabriz, aux fins d'examiner les mesures les plus efficaces pour éteindre, une fois pour toutes, les flammes d'une conflagration aussi dévorante.

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Les circonstances entourant l'interrogatoire du Báb, à la suite d'un édit aussi précipité, peuvent être classées parmi les principaux événements marquants de sa dramatique carrière. Le but avoué de cette convocation était d'inculper le prisonnier et de délibérer sur les mesures à prendre pour l'arracher à sa soi-disant hérésie. Au lieu de cela, elle lui procura la suprême occasion de sa mission, celle d'affirmer en public, formellement et sans réserve aucune, les revendications inhérentes à sa révélation. A la résidence officielle, en présence du gouverneur de l'Àdhirbàyjàn, Nàsiri'd-Din Mirzá, héritier du trône, sous la présidence de Hàji Mullà Mahmùd, le nizàmu'l-'ulamà*, tuteur du prince, devant l'assemblée des dignitaires ecclésiastiques de Tabriz, les chefs de la communauté shaykhi, le shaykhu'l-islám* et l'imàm-jum'ih, le Báb, s'étant de lui-même assis à la place d'honneur réservée au vali-'ahd (héritier du trône), donna, d'une voix vibrante, sa célèbre réponse aux questions que lui posa le président de cette assemblée. "je suis", s'écria-t-il, "je suis, je suis le Promis! je suis celui dont vous invoquez le nom depuis mille ans, celui dont la mention vous a fait lever, dont vous avez ardemment désiré l'avènement, priant Dieu d'avancer l'heure de sa révélation. En vérité je dis: Il appartient aux peuples de l'Orient et de l'Occident d'obéir à ma parole et de promettre fidélité à ma personne. "

Frappés de terreur, les assistants baissèrent momentanément la tête, dans une muette confusion. Alors Mullà Muhammad-i-Mamàqàni, ce renégat borgne à la barbe blanche, rassemblant son courage, blâma sévèrement le Báb avec son insolence caractéristique, le traitant de pervers et méprisable suppôt de Satan, ce à quoi le jeune homme répliqua sans se troubler qu'il maintenait ce qu'il avait déjà affirmé. A la question que lui posa par la suite le nizamu'l-'ulamà, le Báb affirma que ses paroles constituaient la preuve la plus incontestable de sa mission, cita des versets du Qur'án pour établir la vérité de ses assertions, et assura qu'il était capable de révéler, en l'espace de deux jours et deux nuits, autant de versets que ce livre en contenait. Répondant à une critique qui l'accusait d'avoir violé les règles de la grammaire, il cita certains passages du Qur'án justifiant ses dires puis, écartant fermement et avec dignité une remarque vaine et hors de propos que lui lançait l'un des assistants, mit fin à cette réunion sans rien dire de plus, en se levant lui-même et en quittant la salle, sur quoi l'assemblée se dispersa, la confusion régnant parmi ses membres divisés, humiliés et pleins d'un amer ressentiment devant l'échec de leur projet. Loin d'abattre le courage de leur prisonnier, loin de l'amener à se rétracter ou à renoncer à sa mission, cette rencontre n'eut d'autre résultat que la décision, prise après maintes discussions et argumentations, de lui faire infliger le supplice de la bastonnade par l'avare et irascible Mirzá 'Ali-Asghar, le shaykhu'l-islám de cette ville, et dans sa maison de prière. Sa machination ayant échoué, Hàji Mirzá Àqàsi fut forcé d'ordonner le retour du Báb à Chihriq.

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Cette déclaration dramatique, officielle et sans réserve, de la mission prophétique du Báb, ne fut pas la seule conséquence de la décision absurde qui condamnait l'auteur d'une révélation aussi puissante à une réclusion de trois ans, dans les montagnes de l'Àdhirbàyjàn. Cette période de captivité dans une région reculée du royaume, bien loin des foyers d'agitation de Shiráz, d'Isfàhàn et de Tihrán, lui fournit le loisir nécessaire pour s'atteler à sa tâche magistrale ainsi que pour s'attaquer à d'autres ouvrages complémentaires destinés à développer, dans sa pleine portée, sa dispensation si récente mais d'importance capitale, et à lui communiquer sa pleine puissance. Aussi bien par l'ampleur des écrits émanant de sa plume que par la diversité des sujets traités, sa révélation demeure absolument sans parallèle dans les annales de toutes les religions du passé. Lui-même affirma, quand il était détenu à Màh Kù, que jusque-là, ses écrits, embrassant les sujets les plus divers, s'élevaient à plus de cinq cent mille versets. "Les versets qui ont coulé de ce nuage de divine miséricorde", témoigne Bahá'u'lláh dans le Kitáb-i-Iqan, "sont si nombreux que nul n'a encore pu les dénombrer. Une vingtaine de volumes nous sont restés. Combien d'autres sont encore hors de notre atteinte? Combien ont été dérobés et sont tombés aux mains des ennemis, et dont le sort est inconnu?" Non moins attachante est la variété des thèmes présentés par cette profusion d'écrits comprenant: prières, homélies, allocutions, tablettes de visitations traités scientifiques, dissertations doctrinales, exhortations, commentaires sur le Qur'án et sur diverses traditions, épîtres aux dignitaires ecclésiastiques et aux religieux les plus en vue du royaume, ainsi que lois et ordonnances pour affermir sa foi et en diriger les activités.

Déjà à Shiráz, au début de son ministère, il avait révélé sous le titre de Qayyumu'l-Asma le célèbre commentaire sur la sùrih de joseph, caractérisé par Bahá'u'lláh comme " le premier, le plus grand et le plus puissant de tous les livres" de la dispensation Bábí, et dont l'objet fondamental était de prévoir ce que le joseph* véritable (Bahá'u'lláh) souffrirait dans la dispensation suivante, par le fait de celui qui fut à la fois son pire ennemi et son frère de même sang. Cet ouvrage, comprenant plus de neuf mille trois cents versets et divisé en cent onze chapitres - chaque chapitre commentant un verset de la sùrih ci-dessus mentionnée - commence par l'appel retentissant du Báb et par de sévères avertissements adressés à "l'assemblée des rois et des fils de rois"; il annonce le destin funeste du sháh Muhammad, ordonne à son grand vizir Hàji Mirzá Aqàsi de renoncer à ses pouvoirs, rappelle à l'ordre le corps ecclésiastique musulman tout entier, met plus spécialement en garde les membres de la communauté shi'ah, exalte les vertus et annonce la venue de Bahá'u'lláh, la "Pérennité de Dieu", le "très grand Maître"; il proclame dans un langage sans équivoque l'indépendance et l'universalité de la révélation Bábí, dévoile sa portée et affirme le triomphe inévitable de son auteur. En outre, il invite les "peuples de l'Ouest" à " quitter leurs villes et à soutenir la cause de Dieu"; il met en garde les peuples de la terre contre la "terrible, la douloureuse vindicte de Dieu", menace le monde islamique tout entier du "plus grand Feu", s'il se détourne de la loi nouvellement révélée, annonce le martyre de l'auteur, fait l'éloge du rang élevé conféré aux fidèles de Bahá, les "compagnons* de l'Arche rouge", prophétise la chute et la disparition complète de quelques-uns des plus grands flambeaux dans le ciel de la dispensation Bábí, et prédit même de "douloureux tourments", à la fois au ",jour de notre retour" et dans "le monde à venir", pour les usurpateurs de l'imamat qui "firent la guerre à Husayn (Imàm Husayn) sur la terre de l'Euphrate."

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C'est ce livre que les Bábís ont universellement considéré, pendant la presque totalité du ministère du Báb, comme le Qur'án du peuple du Bayán, livre dont le premier chapitre - le plus stimulant - fut révélé en présence de Mullà Husayn au cours de la nuit où son auteur se déclara, dont certaines pages furent apportées par ce même disciple à Bahá'u'lláh, en tant que premiers fruits d'une révélation qui reçut immédiatement son adhésion enthousiaste, livre entièrement traduit en persan par la brillante et talentueuse Tàhirih, dont certains passages excitèrent l'hostilité de Husayn* Khàn, précipitant le premier déchaînement des persécutions à Shiráz, livre enfin dont une seule page avait ravi l'imagination et transporté l'âme de Hujjat, et dont le contenu avait embrasé les intrépides défenseurs du fort de Shaykh-Tabarsi* et les héros de Nayriz et de Zanjàn.

Cette oeuvre d'une si haute valeur, à l'influence si profonde, fut suivie par la révélation de la première tablette du Báb au sháh Muhammad, par ses tablettes au sultán 'Abdu'l-Majid et au pacha Najib, le vàli* de Baghdád, par le Sahifiy,-i-baynu'l-Haramayn*, révélé entre la Mecque et Médine pour répondre aux questions posées par Mirzá Muhit-i-Kirmàni, par l'épître au shérif de la Mecque, par le Kitábu'r-Ruh* comprenant sept cents sùrihs, le Khasd'il-i-Sab'ih qui prescrivait la modification de la formule de l'adhàn, le Risaliy-i-Furu'-i-'Adliyyih*, traduit en persan par Mullà Muhammad-Taqiy-i-Haràti, le commentaire sur la sùrih du Kawthar qui opéra une telle transformation dans l'âme de Vahid, le commentaire sur la sùrih de Va'l-'Asr, révélé dans la demeure de l'imàmjum'ih, à Isfàhàn, la dissertation sur la mission précise de Muhammad, écrite à la requête de Manùchihr-Khàn, la seconde Tablette au shah Muhammad, lui demandant avec insistance à être reçu afin de lui exposer les vérités de la nouvelle révélation et de dissiper ses doutes, et les tablettes envoyées du village de Siyah-Dihàn aux 'ulamà de Qasvin* et à Hàji Mirzá Aqàsi, lui demandant les raisons de son changement subit de décision.

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La plupart des écrits émanant de l'esprit fécond du Báb appartiennent cependant à la période où il fut interné à Màh-Kù et à Chihriq. De cette époque datent probablement les innombrables épîtres que, d'après un témoignage non moins autorisé que celui de Bahá'u'lláh, le Báb adressa tout particulièrement aux ecclésiastiques de chaque cité de Perse ainsi qu'à ceux de Najaf* et de Karbilà*, épîtres dans lesquelles il expose en détail les erreurs commises par chacun d'entre eux. Ce fut pendant sa réclusion dans la forteresse de Màh-Kù que, selon le témoignage du Shaykh Hasan-i Zunùzi qui transcrivit pendant ces neuf mois les versets dictés par le Báb à son secrétaire, il ne révéla pas moins de neuf commentaires sur l'ensemble du Qur'án, commentaires dont le sort, hélas, reste inconnu et dont l'un, comme l'affirme du moins son auteur même, surpassait à certains égards un livre à bon droit aussi réputé que le Qayyumu'l-Asma.'

Dans les murs de cette même forteresse fut révélé le Bayán (Exposé), ce répertoire magistral des lois et préceptes de la nouvelle dispensation, ce trésor contenant la plupart des références et des louanges du Báb ainsi que ses avertissements au sujet de " Celui que Dieu rendra manifeste". Sans égal parmi les ouvrages doctrinaux du fondateur de la dispensation Bábí, composé de neuf vàhids (unités) comportant chacune dix-neuf chapitres, sauf la dernière qui n'en contient que dix - à ne pas confondre avec le Bayán arabe, plus petit et de moindre portée, qui fut révélé à la même époque -, accomplissant la prophétie musulmane selon laquelle "un jeune homme, descendant des Bani-Hàshims*, révélerait un livre nouveau et promulguerait une loi nouvelle"; entièrement soustrait aux interpolations et aux altérations qui ont été le fait de tant d'ouvrages secondaires du Báb, ce livre d'environ huit mille versets, occupant une position centrale dans la littérature Bábí, doit être considéré avant tout comme une louange à l'égard du Promis plutôt que comme un code de lois et ordonnances destiné à diriger les générations futures d'une façon immuable. Ce livre a abrogé à la fois les lois et le cérémonial prescrits par le Qur'án en ce qui concerne la prière, le jeûne, le mariage, le divorce et les héritages, et il a maintenu dans son intégrité la croyance en la mission prophétique de Muhammad, de même que le prophète de l'islám avait, avant lui,' annulé les ordonnances de l'Evangile, reconnaissant cependant l'origine divine de la loi de Jésus-Christ. De plus, ce livre interprétait de façon magistrale le sens de certains termes fréquemment employés dans les livres sacrés des dispensations antérieures, comme par exemple: paradis, enfer, mort, résurrection, retour, balance, heure, jugement dernier et expressions similaires. Volontairement sévère dans les statuts et règlements qu'il imposait, révolutionnaire par les principes qu'il inculquait, visant à réveiller le clergé et le peuple de leur torpeur séculaire ainsi qu'à porter un coup soudain et fatal à des institutions périmées et corrompues, il proclamait, par ses stipulations rigoureuses, l'avènement du jour attendu, le jour où "Celui qui appelle convoquera les hommes pour une chose inexorable*, quand il "détruira tout ce qui était avant lui, de même que l'Apôtre de Dieu avait aboli ce qui fut institué par ceux qui le précédèrent."

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Il faut noter à ce sujet que, dans la troisième vàhid de ce livre, il existe un passage qui, à la fois par sa référence explicite au nom du Promis et par son anticipation de l'ordre qui, plus tard, devait s'identifier avec sa révélation, mérite d'être compté comme l'une des déclarations les plus importantes contenues dans toutes les œuvres du Báb. "Bienheureux celui", déclare-t-il de manière prophétique, "qui fixe son regard sur l'ordre de Bahá'u'lláh et qui rend grâce à son Seigneur. Car celui-ci sera certainement manifesté. Dieu l'a, en vérité, irrévocablement fixé dans le Bayán. " C'est avec ce même ordre que le fondateur de la révélation promise - introduisant cette même expression dans son Kitáb-i-Aqdas - identifia, vingt ans plus tard, le système envisagé dans ce livre, affirmant que "ce très grand ordre" avait troublé l'équilibre du monde et bouleversé l'ordre établi dans la vie humaine. Ce sont les caractéristiques de cet ordre même dont, à un stade ultérieur de l'évolution de la foi, le Centre du covenant de Bahá'u'lláh, l'interprète choisi de ses enseignements,' a tracé les grandes lignes dans les clauses de ses dernières volontés et de son testament. C'est la base constructive de ce même ordre que, dans l'âge de formation de cette même foi, les serviteurs de ce même covenant - les représentants élus de la communauté mondiale bahá'i - sont maintenant en train d'établir laborieusement et en parfait accord. C'est la superstructure de ce même ordre, parvenu à son plein développement avec la naissance de la communauté mondiale bahá'i - le royaume de Dieu sur la terre -, que l'âge d'or de cette même dispensation doit finalement contempler, quand les temps seront révolus.

Le Báb était encore à Màh-Kù quand il écrivit la plus détaillée et la plus lumineuse de ses tablettes au sháh Muhammad. Commençant par une préface élogieuse sur l'unité de Dieu, de ses apôtres et des douze Imàms, affirmant sans aucune ambiguïté la divinité de son auteur et les pouvoirs surnaturels dont sa révélation a été investie, citant avec précision les versets et les traditions pour confirmer une revendication aussi audacieuse, sévère lorsqu'il condamne certains personnages officiels ou représentants de l'administration du sháh - particulièrement le "méchant et maudit" Husayn Khàn -, émouvant dans la description des humiliations et des sévices auxquels son auteur avait été soumis, ce document historique ressemble en bien des points à la Lawh-i-Sultán, la tablette que Bahá'u'lláh, en des circonstances semblables, adressa de la prison fortifiée d'Akká au sháh Nàsiri'd-Din, et qui constitue sa plus longue épître à un seul et même souverain.

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Le Dala'il-i-Sab'ih (Sept Preuves), le plus important des ouvrages de polémique du Báb, fut révélé pendant cette même période. Remarquablement lucide, d'une précision admirable, d'une conception originale et d'une argumentation irréfutable, cette oeuvre, outre les preuves diverses et nombreuses fournies sur sa mission, mérite l'attention pour le blâme qu'elle jette sur les "sept souverains tout-puissants gouvernant le monde" à son époque, ainsi que pour sa manière de faire ressortir les responsabilités et de censurer la conduite des prêtres chrétiens d'une époque passée qui, affirme le Báb, s'ils avaient reconnu la véracité de la mission de Muhammad, auraient été suivis par la masse de leurs coreligionnaires.

Pendant la détention du Báb dans la forteresse de Chihriq, où il passa presque entièrement les deux dernières années de sa vie, la Lawh-i Huru'fat (Tablette des Lettres) fut révélée en l'honneur de Dayyán; cette tablette interprétée à tort, au début, comme un exposé de la science de la divination fut considérée, par la suite, d'une part comme dévoilant le mystère du Mustaghàth*, et de l'autre comme faisant une allusion voilée aux dix-neuf années qui devaient nécessairement s'écouler entre la déclaration du Báb et celle de Bahá'u'lláh. C'est au cours de ces années constamment assombries par les rigueurs de la captivité du Báb, par les affronts sévères qui lui furent infligés et par les nouvelles des désastres qui s'abattaient sur les héros de Mázindarán et de Nayriz - qu'il révéla, peu après son retour de Tabriz, sa tablette dénonciatrice à Hàji Mirzá Àqàsi. Rédigée en termes hardis et émouvants qui ne cachaient nullement sa réprobation, cette épître fut envoyée à l'intrépide Hujjat qui, ainsi que l'a confirmé Bahá'u'lláh, la fit parvenir à ce mauvais ministre.

A cette époque de son incarcération dans les forteresses de Màh-Kù et de Chihriq - période de fécondité sans précédent mais douloureuse néanmoins en raison des humiliations et des chagrins toujours plus profonds qui le frappèrent - appartiennent presque toutes les allusions écrites sous forme d'avertissements, d'appels ou d'exhortations que le Báb, prévoyant l'heure imminente de son affliction suprême, sentit la nécessité de formuler à l'égard de l'auteur d'une révélation qui devait bientôt remplacer la sienne propre. Conscient, dès le début même de sa double mission, d'être le porteur d'une révélation entièrement indépendante et le héraut d'une révélation encore plus grande que la sienne, il ne pouvait se contenter du grand nombre de commentaires, de prières, de lois et d'ordonnances, de dissertations et d'épîtres, d'homélies et d'oraisons qui, sans interruption, avaient coulé de sa plume. Le covenant plus grand que, ainsi qu'il l'affirme dans ses écrits, Dieu avait conclu, depuis un temps immémorial et par l'entremise des prophètes de tous les âges, avec l'humanité tout entière était déjà un fait accompli par la nouvelle révélation. Il restait à présent à le compléter par un covenant plus restreint, covenant qu'il se sentait poussé à conclure avec l'ensemble de ses disciples, concernant celui dont il décrivit l'avènement comme le fruit et le but ultime de sa dispensation. Un covenant semblable avait invariablement caractérisé toutes les religions antérieures. Il avait existé sous des formes diverses, avec plus ou moins de rigueur; toujours, il avait été rédigé en un langage voilé et avait fait l'objet d'allusions dans les prophéties hermétiques ou occultes, les allégories cachées, les traditions non authentifiées, ainsi que dans les passages obscurs et fragmentaires des Ecritures sacrées. Dans la dispensation Bábí toutefois, il allait être exprimé en un langage clair et sans équivoque, quoique sans faire partie d'un document séparé. A la différence des prophètes venus avant lui, dont les covenants étaient entourés de mystère, à la différence de Bahá'u'lláh dont le covenant, clairement défini, a été incorporé dans un testament écrit tout spécialement et qu'il intitula Le Livre de mon Covenant, le Báb choisit d'intercaler dans son livre de lois, le Bayán persan, de nombreux passages, certains volontairement obscurs, la plupart incontestablement clairs et décisifs, dans lesquels il fixe la date de la révélation promise, célèbre les vertus de cette révélation, affirme son caractère de prééminence, lui assigne des pouvoirs et des prérogatives sans limites, et abat toutes les barrières qui pourraient empêcher de la reconnaître. "En vérité", a déclaré Bahá'u'lláh faisant allusion au Báb dans son Kitáb-i-Badi', "il n'a pas failli à son devoir d'exhorter le peuple du Bayán et de lui transmettre son message. Nulle époque et nulle dispensation n'entendirent une manifestation parier avec tant de détails, et en un langage aussi explicite, de la manifestation destinée à lui succéder."

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Le Báb prépara assidûment quelques-uns de ses disciples à recevoir la révélation imminente. A d'autres, il assura de vive voix qu'ils vivraient pour voir son avènement. A Mullà Bàquir, une des Lettres du Vivant, il annonça positivement, dans une tablette, qu'il rencontrerait le Promis face à face. A un autre disciple, Sayyáh, il fit verbalement la même affirmation. 11 envoya Mullà Husayn à Tihrán, lui assurant que, dans cette ville, se trouvait un mystère rayonnant d'une lumière avec laquelle ni Hijàz ni Shiráz ne pouvaient rivaliser. Quddùs, à la veille de leur séparation définitive, reçut de lui la promesse qu'il atteindrait la présence de celui qui était l'unique objet de leur adoration et de leur amour. Au Shaykh Hasan-i Zunùzi il déclara, alors qu'il se trouvait à Màh-Kù, qu'il contemplerait, à Karbilà, le visage du Promis Husayn.' A Dayyán il conféra le titre de " troisième Lettre à croire en Celui que Dieu rendra manifeste " tandis qu'à 'Azim il divulgua, dans le Kitáb-i-Panj-Sha'n*, le nom de celui qui devait parachever sa propre révélation, et annonça l'approche de son avènement.

Le Báb ne nomma jamais de successeur ni de vice-gérant et il s'abstint de désigner un interprète de ses enseignements. Ses allusions au Promis furent si claires et si transparentes, si brève fut la durée de sa propre dispensation que ni successeur ni interprète ne furent jugés nécessaires. Tout ce qu'il fit, d'après le témoignage d'Abdu'l-Bahá dans A Traveller's Narrative fut de désigner simplement Mirzá Yahyá comme tête de file, sur le conseil de Bahá'u'lláh et d'un autre disciple, en attendant la manifestation du Promis, permettant ainsi à Bahá'u'lláh de promouvoir, dans une sécurité relative, la cause si chère à son cœur.

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Faisant allusion au Promis dans le Bayán, le Báb affirme: "Du commencement à la fin, le Bayán est le dépositaire de tous ses attributs et des trésors de sa flamme et de sa lumière. Il " Si tu parviens jusqu'à sa révélation 'Il déclare-t-il en une autre occasion, "et si tu lui obéis, tu auras découvert le fruit du Bayán. Sinon, tu ne mérites pas d'être mentionné devant Dieu." Dans ce même livre, il met ainsi en garde tous ses disciples: "O peuple du Bayán, n'agissez pas comme le peuple du Qur'an, car alors les fruits de votre nuit* seront réduits d néant. Ne laissez pas ce Bayán, et tout ce qu'il contient Il, enjoint-il énergiquement "vous cacher cette essence de l'Etre, ce Seigneur du visible et de l'invisible. 'Prenez garde, prenez garde", dit-il à Vahid, lui adressant cet avertissement significatif, "de crainte qu'aux jours de sa révélation, la vàhid du Bayán, (les dix-huit Lettres du Vivant et le Báb) ne vous sépare de lui comme par un voile, attendu que cette vàhid n'est qu'une créature à ses yeux" Et encore: " 0 confrérie des fidèles du Bayán, et de tous ceux qui en font partie! Acceptez les limites qui vous sont imposées, car un être tel que le Point* du Bayán, lui-même a cru en Celui que Dieu rendra manifeste, avant que toutes choses ne fussent créées. C'est véritablement de cela que je me glorifie, devant tous ceux qui sont dans le royaume des cieux et sur la terre."

"Dans l'année neuf*", a-t-il écrit de manière explicite, faisant allusion à la date de l'avènement de la révélation promise, "vous atteindrez au bien suprême". "Dans l'année neuf, vous arriverez à la présence de Dieu." Et plus loin: "Après hin* (68), une cause vous sera révélée que vous serez amenés à connaître." Il a déclaré plus particulièrement: "Ce n'est qu'après l'expiration de neuf années après la naissance de cette cause que les réalités des choses créées seront rendues manifestes. Tout ce que tu as vu jusqu'ici n'est que la phase qui commence avec le germe humide et continue jusqu'à ce que Nous l'ayons revêtu de chair. Sois Patient jusqu'à ce que tu contemples une nouvelle création. Dis: Que Dieu, le Créateur parfait par excellence, en soit béni. Il " Attends 'Il déclare-t-il à 'Azim, "jusqu'à l'expiration de neuf années après la révélation du Bayán, Puis proclame: 'Pour cela, béni soit Dieu, le Créateur parfait entre tous'. Il Faisant allusion dans un passage remarquable à l'an dix-neuf, il a donné cet avertissement: " Soyez vigilants depuis la naissance de la révélation jusqu'au nombre de vàhid (19) Le Seigneur du jour du règlement", a-t-il déclaré d'une manière encore plus explicite, "sera manifesté à la fin de vàhid (19) et au commencement de quatre-vingts (1280 A.H.*)." "S'il devait apparaître en cet instant même", a-t-il affirmé dans son ardeur à assurer que l'imminence de la révélation promise ne devait pas écarter les hommes du Promis, "je serais le premier à l'adorer et à me prosterner devant lui."

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Il fait ainsi l'apologie de l'auteur de la révélation attendue: "Parlant de lui, ces mots, tels de précieux joyaux, ont coulé de ma plume: Ni allusion venant de moi ni mention quelconque faite dans le Bayán, ne peuvent l'évoquer." "Moi-même, je ne suis que le premier serviteur à croire en lui et en ses signes... Il "Le germe d'une année", affirme-t-il de manière significative, "qui porte en lui-même le potentiel de la révélation à venir, est doué d'un pouvoir supérieur aux forces combinées du Bayán, tout entier." Et encore: " Le Bayán, tout entier n'est qu'une feuille parmi les feuilles de son paradis." `Il est préférable pour toi", affirme-t-il de même, "de ne réciter qu'un seul des versets de Celui que Dieu rendra manifeste plutôt que de copier tout le Bayán, car en ce jour-là, ce seul verset pourra le sauver, alors que tout le Bayán, ne le pourrait pas. Il "Aujourd'hui, le Bayán, en est à la période des semailles; au début de la manifestation de Celui que Dieu rendra manifeste, sa perfection finale apparaîtra. Le Bayán, puise toute sa gloire de Celui que Dieu rendra manifeste." - Tout ce qui a été révélé dans le Bayán, n'est qu'une bague à mon doigt, et en vérité je ne suis moi-même qu'une bague au doigt de Celui que Dieu rendra manifeste... Il la tourne comme il lui plaît, pour ce qu'il lui plaît et de la manière qui lui plaît." -Il est en vérité le protecteur dans le danger, le sublime." "La Certitude elle-même," a-t-il déclaré en réponse à Vahid et à l'une des Lettres du Vivant qui s'étaient informés au sujet du Promis, "la Certitude elle-même est remplie de honte d'être appelée à témoigner de sa vérité... et l'Attestation elle-même est confuse de rendre témoignage de lui." S'adressant à ce même Vahid, il a affirmé en outre: "Si j'étais sûr qu'au jour de sa manifestation tu le renies, je te désavouerais, sans hésiter ... Si, par ailleurs, on me disait qu'un chrétien, qui n'adhère pas à ma foi, croit en lui, je considérerais ce dernier comme la prunelle de mon œil."

Et finalement c'est son émouvante invocation à Dieu: "Sois témoin que, par ce livre, j'ai conclu une alliance avec toutes choses créées, concernant la mission de Celui que tu rendras manifeste;, avant d'établir le covenant concernant ma propre mission. Tu es un témoin suffisant, de même que ceux qui ont cru en tes signes." "En vérité je n'ai pas failli à mon devoir d'avertir ce peuple. . . 'Il atteste-t-il encore par écrit: "Si, au jour de sa révélation, tous ceux qui sont sur terre lui prêtent serment, la joie entrera au plus profond de mon être puisque tous auront atteint le sommet de leur existence ... Sinon, mon âme sera dans la tristesse. J'ai véritablement préparé toutes choses avec soin dans ce but. Aussi, comment pourrait-il être voilé pour qui que ce soit? Il

Les trois dernières années, les plus fertiles en événements du ministère du Báb, avaient été témoins - comme nous l'avons fait remarquer dans les pages précédentes -, non seulement de la déclaration officielle et publique de sa mission, mais encore d'une multiplication sans précédent de ses écrits inspirés, y compris la révélation des lois fondamentales de sa dispensation et aussi la mise au point de ce covenant plus restreint qui devait sauvegarder l'unité de ses fidèles, et préparer l'avènement d'une révélation incomparablement plus puissante. Ce fut pendant cette même période, au début de son internement dans la forteresse de Chihriq, que l'indépendance de la foi nouvellement née fut ouvertement reconnue et affirmée par ses disciples. Les lois soutenant la nouvelle dispensation avaient été révélées par son auteur dans une prison fortifiée des montagnes de l'Adhirbàyjàn, mais la dispensation elle-même allait être inaugurée, à présent, au cours d'une conférence de ses fidèles, rassemblés dans une plaine, à la frontière du Mázindarán.

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Bahá'u'lláh, gardant un contact étroit avec le Báb par une correspondance continue, constituant lui-même la force directrice cachée derrière les activités multiples de ses laborieux condisciples, présida cette conférence, d'une manière discrète mais pourtant effective, et il en guida et contrôla les développements. Quddùs, considéré comme l'élément conservateur dans cette assemblée, et conformément à un plan préconçu, destiné à atténuer les alarmes et la consternation qu'une telle conférence ne pouvait manquer de produire, affecta de s'opposer aux vues apparemment extrémistes soutenues par l'impétueuse Tàhirih. Le but principal de cette réunion était de rendre effective la révélation du Bayán par une rupture soudaine, complète et dramatique avec le passé, avec son organisation, son sacerdoce, ses traditions et ses cultes. Le but secondaire était d'examiner les moyens de délivrer le Báb de sa cruelle détention à Chihriq. Le premier objectif réussit pleinement; le second était destiné, dès le début, à échouer.
La scène d'une proclamation aussi hardie et d'une telle portée fut le hameau de Badasht où Bahá'u'lláh avait loué, au milieu d'un agréable site, trois jardins dont il attribua le premier à Quddùs, le second à Tàhirih, se réservant le troisième pour lui-même. Les quatre-vingt-un disciples rassemblés, venus de diverses provinces, furent ses hôtes, depuis le jour de leur arrivée jusqu'au jour où ils se séparèrent. Pendant chacune des vingt-deux journées de son séjour dans ce hameau, il révéla une tablette qui fut chantée en présence des croyants réunis. A chaque croyant, il attribua un nouveau nom, sans toutefois dévoiler l'identité de celui qui l'avait octroyé. Lui-même fut désigné désormais par le nom de Bahá. La dernière Lettre du Vivant reçut le nom de Quddùs, tandis que Qurratu'l'Ayn recevait le titre de Tàhirih. C'est par ces noms qu'ils furent tous appelés par le Báb, dans les tablettes qu'il révéla à chacun d'entre eux.

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Ce fut Bahá'u'lláh qui, fermement, avec sûreté quoique sans éveiller les soupçons, dirigea le cours de cette séance mémorable, et ce fut lui qui mena la réunion jusqu'à son point final et dramatique. Un jour, en sa présence, alors que la maladie l'avait contraint à garder le lit, Tàhirih, considérée comme le symbole magnifique et sans tache de la chasteté et comme l'incarnation de la sainte Fàtimih, apparut soudain, parée et sans voile, devant les compagnons rassemblés, s'assit à la droite de Quddùs, effrayé et furieux, puis, déchirant par ses paroles enflammées les voiles qui protégeaient la sainteté des ordonnances de l'islám, fit retentir l'appel et proclama l'instauration d'une nouvelle dispensation. L'effet en fut instantané et foudroyant. Elle, une créature d'une pureté tellement immaculée, si révérée, que regarder son ombre même était considéré comme un acte inconvenant, parut, pendant un moment, s'être perdue de réputation aux yeux des assistants scandalisés, avoir jeté l'opprobre sur la foi qu'elle avait épousée, et souillé l'immortelle figure qu'elle symbolisait. La crainte, la colère, l'ahurissement balayèrent le fond de leurs âmes et annihilèrent leurs facultés. 'Abdu'l-Khàliq-i-Isfàhàni, stupéfait et perdant la raison devant un tel spectacle, se coupa la gorge de ses propres mains. Eclaboussé de sang et dans une excitation frénétique, il s'enfuit de sa vue. Quelques-uns, abandonnant leurs compagnons, renièrent leur foi. D'autres se tinrent muets et pétrifiés devant elle. D'autres encore, le cœur battant, devaient se rappeler la tradition islamique qui prédisait l'apparition, sans voile, de Fàtimih elle-même, tandis qu'elle traversait le pont (Sirat) au jour promis du jugement. Quddùs, muet d'indignation, semblait seulement attendre le moment de pouvoir la frapper avec l'épée qu'il avait justement à la main.

Sans se troubler, imperturbable et débordante de joie, Tàhirih se leva et, sans la moindre préparation, dans un langage ressemblant d'une manière frappante à celui du Qur'án, elle lança un éloquent et fervent appel au reste de l'assemblée, appel qu'elle termina par cette affirmation hardie: "je suis la parole que le Qà'im doit prononcer, la parole qui mettra en fuite les nobles et les chefs de la terre! " Là-dessus, elle les invita à s'embrasser et à fêter une aussi grande circonstance.

En ce jour mémorable, le "clairon" mentionné dans le Qur'án résonna, le "coup de trompette assourdissant" retentit avec force, et la "catastrophe" vint à passer. Les jours qui suivirent immédiatement un abandon aussi étonnant des traditions de l'islám, consacrées par l'usage, furent témoins d'une véritable révolution dans l'aspect, les coutumes, les rites et la forme du culte de la part de ceux qui avaient été, jusque-là, les observateurs zélés et dévoués de la loi de Muhammad. Malgré l'agitation qui régna, du commencement jusqu'à la fin de la réunion, malgré la regrettable dissidence de quelques-uns, qui refusèrent d'approuver l'annulation des ordonnances fondamentales de la foi islamique, son but fut complètement et glorieusement atteint. Quatre ans seulement s'étaient écoulés depuis que l'auteur de la révélation babi avait fait part de sa mission à Mullà 1jusayn, dans l'intimité de sa demeure, à Shiráz. Trois ans après cette déclaration, entre les murs de la prison-fortifiée de Màh-Kù, il dictait à son secrétaire les préceptes fondamentaux et distinctifs de sa dispensation. Une année plus tard ses fidèles, sous la conduite effective de Bahá'u'lláh, leur condisciple, abrogeaient eux-mêmes, dans le hameau de Badasht, la loi coranique, rejetant à la fois les préceptes d'ordonnance divine et les règles faites par l'homme dans la foi de Muhammad, s'affranchissant ainsi des entraves de son organisation périmée. Presque immédiatement après, le Báb lui-même, encore en prison, justifia les actes de ses disciples en affirmant, formellement et sans réserve, sa prétention d'être le Qà'im promis, ceci en présence de l'héritier du trône, des dirigeants de la communauté shaykhi et des plus célèbres dignitaires ecclésiastiques rassemblés dans la capitale de l'Adhirbàyjàn.

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Un peu plus de quatre années s'étaient écoulées depuis la naissance de la révélation du Báb, quand retentit le son de la trompette annonçant l'extinction officielle de l'ancienne dispensation et l'inauguration de la nouvelle. Ni pompe ni apparat ne marquèrent un tournant aussi important dans l'histoire religieuse du monde. Et son cadre modeste n'était pas à la mesure d'une libération aussi soudaine, aussi bouleversante et aussi complète du joug des puissances obscures et militantes du fanatisme, de la prêtrise, de l'orthodoxie religieuse et de la superstition. Les troupes rassemblées se composaient d'une simple femme et d'une poignée d'hommes recrutés, pour la plupart, dans les rangs mêmes de ceux qu'ils attaquaient et dépourvus, à quelques exceptions près, de biens, de prestige et de pouvoir. Le capitaine de cette armée manquait lui-même à l'appel, prisonnier de ses ennemis. L'arène était un tout petit hameau dans la plaine de Badasht, à la frontière du Mázindarán. Le sonneur de clairon était une femme seule, la plus noble de toutes dans cette dispensation, que certains de ses coreligionnaires mêmes qualifièrent d'hérétique. L'appel qu'elle fit retentir fut le glas funèbre de la loi de l'islám, vieille de douze cents ans.

Accéléré, vingt ans plus tard, par une autre sonnerie de trompette annonçant l'élaboration des lois d'une autre dispensation encore, l'ampleur de ce processus de désintégration, solidaire des fortunes déclinantes d'une loi surannée, quoique divinement révélée, s'accentua encore, provoqua, plus tard, en Turquie, l'annulation de la loi canonique de l'islám, et conduisit à l'abandon virtuel de cette loi dans la Perse shiite*. Plus récemment, en Egypte, ce même processus a provoqué la séparation entre l'organisation conçue dans le Kitáb-i-Aqdas et la loi ecclésiastique sunnite en Egypte; il a préparé le chemin à l'acceptation de cette organisation en Terre sainte même, et il est destiné à parvenir à son objectif suprême par la sécularisation des Etats musulmans ainsi que par la reconnaissance universelle de la loi de Bahá'u'lláh par toutes les nations, loi qui régnera sur le cœur de tous les peuples du monde musulman.

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