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DIEU PASSE PRES DE NOUS

Shoghi Effendi

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4ième Période: Début de l'âge de formation de la foi, 1921-1944

CHAPITRE XXV: Développement international de l'enseignement

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Tandis que la structure de l'ordre administratif de la foi de Bahá'u'lláh s'établissait progressivement et que, sous l'action de forces imprévues, l'indépendance de la foi était de plus en plus reconnue par ses ennemis et démontrée par ses amis, une autre opération non moins lourde de conséquences était en même temps mise en route. Son but était d'agrandir le champ de la foi, d'augmenter le nombre de ses adhérents déclarés et de ses centres administratifs, et de susciter un élan nouveau et toujours plus grand, capable d'enrichir et d'accroître la quantité et la variété de sa littérature et de la répandre de plus en plus. En fait, l'expérience prouva que le modèle même de l'ordre administratif, outre ses autres traits distinctifs, augmentait nettement l'efficacité et encourageait la diligence dans ce travail d'enseignement; ses constructeurs sentirent leur zèle constamment stimulé, et leur ardeur de missionnaire redoubla à mesure que la foi progressait vers une émancipation encore plus complète.

Ils n'oublièrent pas non plus les exhortations, les appels et les promesses des fondateurs de leur foi qui, pendant trois quarts de siècle, s'étaient efforcés si héroïquement de tracer la destinée, chacun à sa manière et selon les bornes limitant ses activités, et de répandre largement la renommée de la cause dont ils avaient été chargés par une Providence toute-puissante.

Le héraut de leur foi avait commandé aux souverains de la terre eux-mêmes de se lever et d'enseigner sa cause, écrivant dans le Qayyùmu'l-Asmà': "0 assemblée de Rois! Faites connaître, avec exactitude et en toute diligence, les versets que Nous avons fait descendre, aux peuples de la Turquie, de l'Inde, et au-delà, dans les pays d'Orient et d'Occident." " Sortez de vos cités, ô peuples de l'Ouest", écrit-il encore dans ce même livre, "pour aider Dieu." ",Nous vous voyons, depuis notre horizon très glorieux", déclare Bahá'u'lláh à ses fidèles, dans son Kitáb-i-Aqdas, "et Nous assisterons quiconque se lèvera pour aider ma cause, avec les armées du Concours céleste et avec une cohorte d'anges qui sont près de moi." " ... Enseignez la cause de Dieu, ô peuples de Bahá! ", écrit-il en outre,

car Dieu a prescrit à chacun le devoir de proclamer son message, et Il considère ceci comme le plus méritoire de tous les actes." "Si un homme, tout seul', affirme-t-il clairement, "se lève au nom de Bahá et revêt l'armure de son amour, le Tout Puissant le rendra victorieux, même si les forces de la terre et du ciel sont rassemblées contre lui."

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"Si quelqu'un se lève pour faire triompher notre cause", affirme-t-il aussi, " Dieu le rendra victorieux, même si des dizaines de milliers d'ennemis sont ligués contre lui." Et de nouveau: " Concentrez vos énergies sur la propagation de la foi de Dieu. Quiconque est digne d'une vocation aussi élevée, qu'il se lève et qu'il la suive. Pour quiconque en est incapable, il est de son devoir de choisir celui qui proclamera cette révélation à sa place... " Selon la promesse même de Bahá'u'lláh, " ceux qui ont abandonné leur pays dans le but d'enseigner notre cause, ceux-là, seront fortifié, par le pouvoir de l'Esprit de fidélité ... Un tel acte est vraiment le roi de tous les bons offices et l'ornement de toute bonne action." "En ces jours", écrit 'Abdu'l-Bahá dans son testament, "il importe avant tout de guider les nations et les peuples du monde. Enseigner la cause est de Ai plus haute importance, car C'est la pierre angulaire essentielle de la fondation même." "Les disciples du Christ", déclare-t-il dans ce même document, " oublièrent leur moi et toutes les choses de la terre; ils abandonnèrent tous leurs soucis et toutes leurs possessions, se purifièrent de tout égoïsme et passion et, avec un absolu détachement, se dispersèrent de tous côtés et entreprirent de guider les peuples vers le droit chemin, jusqu'à ce qu'ils aient fait du monde un autre monde, illuminé la terre et, à leur dernière heure, prouvé leur abnégation dans le chemin de ce Bien-Aimé de Dieu. Finalement, ils subirent un glorieux martyre en divers pays. Que les hommes d'action suivent leurs traces." ",Quand viendra l'heure", déclare-t-il solennellement dans ce même testament, "pour cet oiseau opprimé, aux ailes brisées, de prendre son essor vers le céleste Concours, ... il sera du devoir ... des amis et des bien-aimés de passer à l'action de se lever tous, de tout cœur, et d'un commun accord..., d'enseigner sa cause et 1 de propager sa foi. Il leur appartiendra de ne pas se reposer un moment...
Ils devront se disperser dans tous les pays ... et voyager à travers toutes les régions.
Pleins de Zèle, sans repos, inébranlables jusqu'à la fin, ils devront lancer en chaque pays ce cri: " Yá Bahá'u'l-Abhá" (0 toi, la Gloire des gloires), ... afin que, dans tout l'Orient et l'Occident, des foules viennent se rassembler à l'ombre du Verbe de Dieu, afin que les souffles délicieux et parfumés de la sainteté puissent se répandre, que les visages soient radieux, que les cœurs soient remplis de spiritualité divine et que les âmes deviennent célestes."

Obéissant à ces injonctions répétées, pénétrés du souvenir de ces splendides promesses, conscients de la sublimité de leur vocation, aiguillonnés par l'exemple donné par 'Abdu'l-Bahá en personne et nullement désemparés par sa soudaine disparition, sans perdre courage devant les attaques lancées par leurs adversaires du dedans et du dehors, les fidèles d'Abdu'l-Bahá se levèrent dans les deux mondes, dans toute la puissance de leur solidarité, pour travailler plus vigoureusement que jamais à l'expansion internationale de leur foi, expansion qui commençait alors à prendre des proportions telles, qu'elle méritait d'être reconnue comme l'un des progrès les plus importants dans l'histoire du premier siècle Bahá'i.

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Lancées sur chaque continent du globe, d'abord par intermittence, au hasard et sans organisation, et plus tard, par suite de la formation d'un ordre administratif qui, lentement, se développait, conduites de façon systématique, centralisées et menées avec efficacité, les entreprises d'enseignement commencées par les disciples de Bahá'u'lláh, en bien des pays mais manifestement en Amérique, et poursuivies par des hommes et des femmes de tous âges, par des néophytes et des vétérans, des instructeurs itinérants et des résidents, constituent, en raison de leur envergure et des bénédictions qu'elles procurèrent, un brillant épisode que rien n'éclipse sinon les exploits qui immortalisèrent les premières années de l'âge primitif de la dispensation Bahá'i.

La lumière de la foi qui, pendant les neuf années de la dispensation bábi, avait rayonné sur la Perse et qui s'était réfléchie sur l' 'Iráq, pays voisin, qui avait inondé de sa splendeur l'Inde, l'Egypte, la Turquie, le Caucase, le Turkistàn et Burma, au cours des trente-neuf années du ministère de Bahá'u'lláh et qui, par la suite, sous l'influence stimulante du covenant divinement établi, se propagea aux Etats-Unis d'Amérique, au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, Autriche, Russie, Italie, Hollande, Hongrie, Suisse, Arabie, Tunisie, Chine, japon, aux îles Hawaï, en Afrique du Sud, au Brésil et en Australie, la même lumière allait maintenant poursuivre sa route pour éclairer, avant la fin du premier siècle Bahá'i, au moins trente-quatre nations autonomes ainsi que plusieurs protectorats situés sur les continents américain, asiatique et africain, dans le golfe Persique et dans les océans Atlantique et Pacifique. En Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, Finlande, Irlande, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Yougoslavie, Bulgarie, Albanie, Afghanistan, Abyssinie, Nouvelle-Zélande et dans dix-neuf républiques de l'Amérique latine, les étendards de la révélation de Bahá'u'lláh ont été hissés depuis la disparition d'Abdu'l-Bahá, et les bases essentielles pour l'établissement de l'ordre administratif de sa foi ont déjà été posées dans bon nombre de ces nations. De plus, dans plusieurs pays orientaux et occidentaux sous dépendance tels que l'Alaska, l'Islande, la Jamaïque, Porto-Rico, l'île de Solano aux Philippines, java, la Tasmanie, les îles de Bahrayn et de Tahiti, le Soudan, le Baluchistànn la Rhodésie du Sud et le Congo belge, les porteurs de l'Evangile nouveau se sont installés et tendent tous leurs efforts pour y implanter des bases imprenables pour ses institutions.

Par les moyens suivants - conférences et congrès, presse et radio, séances d'étude et réunions de coin du feu, participation aux efforts de sociétés, clubs et organismes s'inspirant des idéaux voisins des principes de la foi, diffusion des ouvrages Bahá'i, expositions diverses, création de Cours pour former des professeurs, entrée en contact avec des hommes d'Etat, des savants, des journalistes, des philanthropes et autres maîtres de l'opinion publique - toutes entreprises dues, pour la plupart, à l'ingéniosité des membres de la communauté Bahá'i américaine qui assumèrent personnellement la responsabilité de la conquête spirituelle de la grande majorité de ces pays et de leurs dépendances -, et par-dessus tout grâce à l'inflexible détermination et à la fidélité à toute épreuve des pionniers qui participèrent à ces croisades comme instructeurs itinérants ou à demeure, ces éclatantes victoires furent remportées pendant les dernières décennies du premier siècle Bahá'i.

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Il ne faudrait pas omettre de signaler le déploiement d'activités sur le plan de l'enseignement international, de la part des fidèles occidentaux de la foi de Bahá'u'lláh et en particulier des membres de la vaillante communauté Bahá'i américaine qui, saisissant toutes les occasions offertes, transmirent la foi aux territoires vierges, soit par l'exemple, soit par les préceptes ou en distribuant de la littérature Bahá'i, semant ainsi les graines qui, finalement, germeront et produiront une moisson aussi abondante que celles des pays susmentionnés. Sous l'action d'efforts analogues, les brises de la révélation vivifiante de Dieu ont soufflé sur les coins les plus reculés de la terre, portant le germe d'une nouvelle vie spirituelle vers de lointains climats et dans des régions aussi inhospitalières que la Laponie, l'archipel du Spitzberg, pays de l'extrême Nord, Hammerfest en Norvège et Magellan à la pointe du Chili - deux villes extrêmes, respectivement au nord et au sud du globe -, Pago et Fiji dans l'océan Pacifique, Chichen Itza dans la province du Yucatan, les îles Bahamas, Trinidad et Barbados dans les Antilles, l'île de Bali et le nord de Bornéo (possession anglaise) dans les Indes orientales, la Patagonie, la Guinée anglaise, les îles Seychelles, la Nouvelle-Guinée et Ceylan.

Nous ne pouvons manquer de mentionner encore les efforts particuliers de la part des individus autant que des assemblées pour établir des contacts avec des races et des groupes minoritaires en diverses parties du monde tels que: juifs et Noirs des Etats-Unis d'Amérique, Esquimaux de l'Alaska, Indiens de Patagonie en Argentine, Indiens du Mexique, Indiens incas du Pérou, Indiens cherokee de la Caroline du Nord, Indiens oneida du Wisconsin, Mayas du Yucatan, Lapons de la Scandinavie septentrionale et Maoris de Rotorua en Nouvelle-Zélande.

L'ouverture d'un Bureau international Bahá'i à Genève apporta une aide particulière précieuse. Créé tout d'abord pour faciliter les travaux d'enseignement de la foi sur le continent européen, il a, en tant qu'auxiliaire du centre administratif mondial en Terre sainte, maintenu le contact avec les communautés Bahá'i d'Orient et d'Occident.

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Utilisé à la fois comme bureau de renseignements de la cause Bahá'i et comme centre de distribution de littérature, avec sa salle gratuite de lecture et sa bibliothèque de prêt, offrant l'hospitalité aux professeurs itinérants et aux croyants de passage, et nouant des relations avec diverses sociétés, il contribua pour une bonne part à soutenir les efforts entrepris par les particuliers et par les assemblées nationales Bahá'i pour enseigner la foi.

Grâce à toutes ces activités, les unes individuelles, les autres mises en oeuvre par les assemblées organisées, la foi qui, du vivant de Bahá'u'lláh, comprenait des Persans, des Arabes, des Turcs, des Russes, des Kurdes, des Indiens, des Birmans et des Noirs, qui plus tard, au temps d'Abdu'l-Bahá, s'enrichit de croyants américains, anglais, allemands, français, italiens, japonais, chinois et arméniens, pouvait maintenant se glorifier d'avoir enrôlé, parmi ses adhérents déclarés au grand jour, des représentants de groupes ethniques et de nations très dispersés tels que, Hongrois, Hollandais, Irlandais, Scandinaves, Soudanais, Tchèques, Bulgares, Finlandais, Ethiopiens, Albanais, Polonais, Esquimaux, Indiens d'Amérique, Yougoslaves, Américains latins et Maoris.

Une expansion aussi remarquable de la foi, un enrichissement si frappant de la variété des éléments qu'elle englobait s'accompagnèrent d'un accroissement énorme de la quantité et de la circulation de sa littérature, sans aucune comparaison avec les premières dispositions prises pour publier quelques éditions des écrits de Bahá'u'lláh, datant des dernières années de son ministère. Ces publications, limitées pendant la moitié d'un siècle, au temps du Báb et de Bahá'u'lláh, aux deux langues originelles dans lesquelles ils avaient révélé leurs enseignements, augmentées, du vivant d'Abdu'l-Bahá, d'éditions en anglais, français, allemand, turc, russe et birman, se multiplièrent régulièrement après son décès, et un grand nombre de livres, traités, opuscules et brochures furent imprimés et mis en circulation dans vingt-neuf langues nouvelles au moins. Des livres furent édités, largement distribués et placés dans des bibliothèques privées et publiques de l'Orient et de l'Occident, partie par l'intermédiaire des assemblées Bahá'i et surtout sur l'initiative individuelle des Bahá'is; ils étaient écrits en espagnol, en portugais, dans les trois langues scandinaves, en finnois, en islandais, hollandais, italien, tchèque, polonais, hongrois, roumain, serbe, bulgare, grec, albanais, hébreu, espéranto, arménien, kurde, amharique*, chinois et japonais, ainsi qu'en cinq langues indiennes, à savoir l'urdu, le gujrati, le bengali, l'hindi et le sindhi. De plus, les écrits sur la foi sont actuellement en cours de traduction en letton, lithuanien, ukrainien, tamil*, rnahratti*, pushtoo*, telegu*, kinarese*, singalais*, malyalan*, oriya*, punjabi* et rajasthani*.

Non moins remarquable fut la variété des publications mises à la disposition du grand public dans chaque continent du globe et transportées par des pionniers résolus et infatigables aux extrémités les plus reculées de la terre, tâche dans laquelle les membres de la communauté Bahá'i américaine se distinguèrent de nouveau.

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La parution d'une édition anglaise de morceaux choisis des écrits les plus importants de Bahá'u'lláh, non traduits jusque-là, ainsi que d'une version anglaise de son Epître au Fils du Loup a d'un recueil, dans la même langue, de Prières et Méditations révélées par sa plume, la traduction et la publication de ses Paroles Cachées, en huit langues, de son Kitáb-i-Iqán, en sept langues, et des "Leçons de Saint-Jean D'Acre" d'Abdu'l-Bahá, en six langues, la parution du troisième volume de Tablettes d'Abdu'l-Bahá, traduites en anglais, la publication de livres et de traités relatifs aux principes de la croyance Bahá'i et à l'origine et au développement de l'ordre administratif de la foi, d'une traduction anglaise du récit sur les premiers temps de la révélation Bahá'i, écrit par le chroniqueur et poète Nabil-i-Zarandi, publié ensuite en arabe et traduit en allemand et en espéranto, la publication de commentaires et d'exposés sur les enseignements Bahá'i, les institutions administratives et sujets connexes tels que fédération mondiale, unité de race et religions comparées, écrits par des auteurs occidentaux et d'anciens ministres de l'Eglise, tout ceci atteste le caractère de diversité des publications Bahá'i répondant si étroite ment à leur large diffusion sur toute la surface du globe. Par ailleurs, l'impression de documents relatifs aux lois du Kitáb-i-Aqdas, de livres et brochures traitant des prophéties bibliques, d'éditions révisées de certains écrits de Bahá'u'lláh, d'Abdu'l-Bahá et de plusieurs auteurs Bahá'i, de guides et de plans d'étude concernant un grand nombre de livres et de sujets Bahá'i différents, de cours sur l'administration Bahá'i, de listes des livres et périodiques Bahá'i, de cartes anniversaires, calendriers, poèmes, chansons, pièces pour théâtre et spectacles, d'un livre de prières et de plans d'étude pour éduquer les enfants Bahá'i, de bulletins d'information, journaux et périodiques en anglais, persan, allemand, espéranto, arabe, français, urdu*, birman et portugais, l'impression de toute cette documentation contribua à grossir et à diversifier les publications Bahá'i.

D'une valeur et d'une importance exceptionnelles ont été l'édition bisannuelle, pendant de nombreuses années, d'une série de volumes rapportant les activités internationales Bahá'i, qui comportent quantités d'illustrations et sont fort bien documentés. Ils contiennent, entre autre, un exposé des buts et objectifs de la foi et de son ordre administratif, des morceaux choisis de ses Ecritures, un résumé de ses activités, une liste des centres installés sur cinq continents, une bibliographie sur ses écrits, des textes d'hommages rendus à ses idéaux et aux tâches accomplies par des hommes et des femmes distingués de l'Orient et de l'Occident, et des articles traitant des rapports qui la relient aux problèmes actuels.

Un compte rendu des œuvres Bahá'i parus pendant les dernières décennies du premier siècle Bahá'i ne saurait être complet sans une référence spéciale à la publication et à l'immense influence de cette vaste et magnifique introduction à l'histoire et aux enseignements Bahá'i, due à la plume autorisée de J. E. Esslemont, cœur pur et immortel propagateur de la foi.

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Déjà imprimé en quelque trente-sept langues, traduit bientôt en treize langues nouvelles, la version anglaise de ce livre,' rééditée au moins neuf fois aux Etats-Unis d'Amérique, s'élève déjà à des dizaines de milliers d'exemplaires; les versions espérantiste, japonaise et anglaise de cet ouvrage ont été transcrites en braille, et le pouvoir royal en a fait l'éloge, le qualifiant de " magnifique livre d'amour, de bonté, de force et de beauté ", le recommandant à tout le monde, et affirmant que " nul homme ne pouvait manquer de devenir meilleur grâce à lui".

Méritent encore une mention spéciale la fondation, par l'assemblée spirituelle nationale d'Angleterre, d'une société d'édition enregistrée sous le titre de "Bahá'i Publishing Co", dont les fonctions consistent à imprimer et à distribuer en gros la littérature Bahá'i dans les Iles Britanniques, la compilation, par diverses assemblées d'Orient, d'au moins quarante volumes manuscrits des écrits certifiés authentiques, et non publiés, du Báb, de Bahá'u'lláh et d'Abdu'l-Bahá, la traduction en anglais de l'appendice au Kitáb-i-Aqdas intitulé Questions and Answers ainsi que la publication en arabe et en persan, par les assemblées spirituelles nationales Bahá'i respectives d'Egypte et de l'Inde, d'un condensé des lois Bahá'i sur les questions de statut personnel, et d'un bref résumé, par l'assemblée indienne, des lois relatives à l'enterrement des morts, enfin la traduction d'une brochure en maori, faite par un Bahá'i maori de Nouvelle-Zélande. On devrait également mentionner le recueil et la publication, par l'Assemblée Spirituelle des Bahá'is de Tihrán, d'un nombre considérable d'allocutions prononcées par 'Abdu'l-Bahá au cours de sa tournée en Occident, la préparation d'une histoire détaillée de la foi en persan, l'impression de certificats Bahá'i de mariage et de divorce en persan et en arabe, par un certain nombre d'assemblées spirituelles nationales de l'Est, la délivrance de certificats de naissance et de décès par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'is de Perse, la rédaction de formulaires de legs destinés aux croyants désirant faire un legs à la foi, la compilation, par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'is d'Amérique, d'une énorme quantité de Tablettes non publiées d'Abdu'l-Bahá, la traduction en espéranto, par la fille du célèbre Zamenhof, elle-même convertie à la foi, de plusieurs livres Bahá'i comprenant quelques-uns des écrits les plus importants de Bahá'u'lláh et d'Abdu'l-Bahá, la traduction d'un opuscule Bahá'i en serbe par le professeur Bogdan Popovitch, l'un des savants les Plus éminents de l'université de Belgrade, et l'offre spontanée de la princesse Ileana de Roumanie (devenue l'archi-duchesse Anton d'Autriche), de traduire, en sa propre langue maternelle, un opuscule Bahá'i écrit en anglais et de le faire distribuer ensuite dans son pays natal.

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Les progrès réalisés sous ce rapport dans la transcription des écrits Bahá'i en Braille doivent aussi être notés. Cette transcription comprend déjà des oeuvres de Bahá'u'lláh en version anglaise: le Kitáb-i-Iqán, les -Paroles cachées, les Sept Vallées, les Ishràqàt, la Sùriy-i-Haykal, les Paroles de Sagesse, les Prières et Méditations ainsi que les Causeries a" 'Abdu'l-Bahá à Paris, la Promulgation de la Paix universelle,' la Sagesse d'Abdu'l-Bahá,' le But d'un nouvel Ordre mondial, ainsi que les versions en anglais (deux éditions), en espéranto et en japonais de "Bahá'u'lláh et l'Ere nouvelle et des brochures en anglais, français et espéranto.

Ceux qui furent principalement chargés d'enrichir la littérature de la foi et de la traduire en autant de langues ne furent pas longs à la propager largement par tous les moyens en leur pouvoir, à l'occasion de leurs relations journalières avec des particuliers autant que dans leurs rencontres officielles avec des organisations qu'ils tâchaient de mettre au courant des principes de leur foi. L'énergie, la vigilance, la ténacité déployées par ces hérauts de la foi de Bahá'u'lláh et par leurs représentants élus, grâce auxquels la circulation de la littérature Bahá'i s'intensifia énormément en ces dernières années, méritent les plus hautes louanges. Des rapports préparés et distribués par les principales agences chargées de la publier et d'en envoyer à travers les Etats-Unis et le Canada, il ressort ce fait remarquable qu'en l'espace de onze mois finissant le 28 février 1943, Plus de 19000 livres, 100000 brochures, 3000 plans d'études, 4000 recueils de morceaux choisis et i8oo cartes anniversaires et dépliants sur le temple furent vendus ou distribués, que 376000 opuscules décrivant le caractère et la destination de la maison d'adoration élevée aux Etats-Unis d'Amérique furent imprimés en deux années, que plus de 300000 extraits furent distribués aux deux foires mondiales de San Francisco et de New York, qu'en douze mois 1089 livres furent donnés à diverses bibliothèques et que, par le canal du comité national des Contacts, plus de 2300 lettres et plus de 4500 opuscules furent reçus en un an par des écrivains, des commentateurs de radio et des représentants des minorités juive et noire, ainsi que par diverses organisations intéressées par les questions internationales.

En présentant cette riche littérature à des hommes éminents et haut placés, les représentants élus et les professeurs itinérants de la communauté Bahá'i américaine, aidés par les assemblées d'autres pays, firent également preuve d'une énergie et d'une détermination aussi louables que les efforts qu'ils avaient consacrés à sa préparation.

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Au roi d'Angleterre, à la reine Marie de Roumanie, au président Franklin D. Roosevelt, à l'empereur du japon, à feu le président von Hindenburg, au roi du Danemark, à la reine de Suède, au roi Ferdinand de Bulgarie, à l'empereur d'Abyssinie, au roi d'Egypte, à feu le roi Fayçal d'Iráq, au roi Zog d'Albanie, à feu le président Masaryk de Tchécoslovaquie, aux présidents du Mexique, du Honduras, de Panama, d'El-Salvador, du Guatemala et de Porto-Rico, au général Tchang Kaï-chek, à l'ex-khédive d'Egypte, au prince royal de Suède, au duc de Windsor, à la duchesse de Kent, à l'archi-duchesse Anton d'Autriche, à la princesse Olga de Yougoslavie, à la princesse Kadria d'Egypte, à la princesse Estelle Bernadette de Wisborg, au mahatma Gandhi, à plusieurs princes régnants de l'Inde et aux Premiers ministres de tous les Etats du Commonwealth australien, à tous ces personnages et à d'autres personnalités de rang moindre, des ouvrages Bahá'i, traitant de divers aspects de la foi, ont été présentés, directement à quelques-uns d'entre eux, par des intermédiaires adéquats pour d'autres, soit en particulier par des croyants, soit par des représentants élus des communautés Bahá'i.

Ces instructeurs individuels et ces assemblées ne manquèrent pas non plus à leur devoir de mettre ces écrits à la disposition du public dans les bibliothèques universitaires et publiques, fournissant ainsi à la grande masse de leurs lecteurs la possibilité de se familiariser avec l'histoire et les préceptes de la révélation de Bahá'u'lláh. La simple énumération d'un certain nombre parmi les plus importantes d'entre elles suffirait à révéler l'envergure de cette entreprise qui s'étend sur cinq continents: la bibliothèque du Musée britannique à Londres, la Bodleian à Oxford, les bibliothèques du Congrès à Washington, du Palais de la Paix à La Haye, de la fondation Nobel de la Paix et de la fondation Nansen à Oslo, la Bibliothèque royale à Copenhague, celle de la Société des Nations à Genève, la bibliothèque de la Paix fondée par Hoover, celles de l'université d'Amsterdam, du Parlement à Ottawa, des universités d'Allahabad, d'Aligarch et de Madras, de l'université internationale Shantineketan à Bolepur, de l'université 'Uthmàniyyih à Hayderabad, la Bibliothèque impériale à Calcutta, la jamia Milli à Delhi, celle de l'université de Mysore, les bibliothèques Bernard à Rangoon, Jerabia Wadia à Poona, la bibliothèque publique de Lahore, celles des universités de Lucknow et de Delhi, la bibliothèque publique de Johannesburg, les bibliothèques itinérantes de Rio de Janeiro, la Nationale à Manille, celle de l'université de Hong-Kong, les bibliothèques publiques de Reykjavik, la Carnegie aux îles Seychelles, la Bibliothèque nationale à Cuba, la bibliothèque publique à San juan, celle de l'université de Ciudad Trujillo, les bibliothèques publiques de l'université et de Carnegie à Porto-Rico, celles du Parlement à Canberra et du Parlement Wellington.

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Toutes les bibliothèques précédentes ainsi que les principales bibliothèques de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, neuf à Mexico et quelques autres à Moukden et à Manchukuo, plus de mille bibliothèques publiques, une centaine de bibliothèques mises au Service de l'armée et deux cents autres appartenant à des collèges et universités, y compris des collèges indiens, aux Etats-Unis et au Canada, ont été pourvues de livres faisant autorité sur la foi de Bahá'u'lláh.

Les bibliothèques des prisons d'Etat, et depuis la guerre celles de l'armée, sont comprises dans le plan d'ensemble de la communauté Bahá'i américaine mis sur pied par un comité spécial pour faire connaître les écrits de la foi. Les intérêts des aveugles n'ont pas non plus été négligés par cette communauté active et entreprenante, comme le montre le dépôt de livres Bahá'i transcrits en braille par ses membres, dans trente bibliothèques et instituts de dix-huit départements des Etats-Unis d'Amérique, à Honolulu (Hawaï), à Regina (Saskatchewan) et dans les bibliothèques pour aveugles de Tokyo et de Genève, ainsi que dans un grand nombre de bibliothèques circulantes en liaison avec des bibliothèques publiques de diverses grandes villes du continent nord-américain.

Je ne puis laisser ce sujet sans faire une mention spéciale de celle qui se couvrit de gloire, non seulement par une participation prépondérante aux premières entreprises destinées à traduire et à faire circuler des écrits sur la foi Bahá'i, mais par-dessus tout par ses exploits prodigieux et vraiment uniques en matière d'enseignement international, qui n'éclipsèrent pas seulement ceux de ses contemporains enseignant la foi par toute la terre, mais qui l'emportèrent sur les hauts faits accomplis par n'importe lequel des propagateurs de la cause, au cours d'un siècle entier. A Martha Root, cet archétype des professeurs itinérants Bahá'i, la Main la plus éminente suscitée par Bahá'u'lláh depuis le décès d'Abdu'l-Bahá, doivent être décernés, si l'on évalue correctement ses innombrables services et le don suprême de sa vie, le titre de Première Ambassadrice de sa foi et celui de Fierté des professeurs Bahá'i, hommes ou femmes, tant d'Orient que d'Occident.

Elle fut la première, l'année même où les tablettes du Plan divin furent divulguées aux Etats-Unis d'Amérique, à répondre aux appels historiques lancés dans ce pays par 'Abdu'l-Bahá. Avec une résolution inflexible et un sublime esprit de détachement, elle s'embarqua pour ses voyages à travers le monde qui couvrirent une période presque ininterrompue de vingt années, et qui la menèrent quatre fois autour de la terre. A quatre reprises elle voyagea en Chine et au japon, et trois fois dans les Indes, visita toutes les villes importantes de l'Amérique du Sud, porta le message du jour nouveau aux rois, reines, princes et princesses, présidents de républiques, ministres et hommes d'Etat, journalistes, professeurs, membres du clergé et poètes, ainsi qu'à un grand nombre de gens de divers milieux sociaux, et prit contact, à la fois officiellement et à titre privé, avec des congrès religieux, des sociétés pacifistes, des associations espérantistes, des congrès socialistes, des sociétés théosophiques, des clubs féminins et autres organismes du même genre.

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En vertu du caractère de ses exploits et de la qualité des victoires qu'elle remporta, cette âme indomptable établit le record qui s'approche le plus de l'exemple donné par 'Abdu'l-Bahá lui même à ses disciples, au cours de ses voyages à travers l'Occident.

Ses huit audiences successives avec la reine Marie de Roumanie, dont la première eut lieu en janvier 1926, au palais Controceni à Bucarest, la seconde en 1927, au palais Pelisor de Sinaia, suivies l'année d'après par une visite, en janvier, à Sa Majesté et à sa fille la princesse Ileana, au Palais Royal de Belgrade où elles étaient les invitées du roi et de la reine de Yougoslavie, puis plus tard, en octobre 1929, au palais d'été de la reine, Tehna Yuva, à Balcic, sur la mer Noire, de nouveau en août 1932 et en février 1933, dans la demeure de la princesse Ileana (maintenant archiduchesse Anton d'Autriche) à Môdling, près de Vienne, en février de l'année suivante encore au palais Controceni, et enfin en février 1936 dans ce même palais - ces audiences se détachent, en raison de l'influence profonde produite par la visiteuse sur sa royale hôtesse, ainsi qu'en témoignent les éloges successifs écrits de la main même de la reine, comme le trait le plus frappant de ces voyages mémorables. Les trois invitations que cette infatigable championne de la foi reçut du prince Paul et de la princesse Olga de Yougoslavie au Palais Royal de Belgrade, les conférences qu'elle fit dans plus de quatre cents universités et collèges des deux mondes, ses deux visites à presque toutes les universités allemandes et à près d'une centaine d'universités, collèges et écoles en Chine, les articles, impossibles à dénombrer, qu'elle publia dans des journaux et revues de presque tous les pays parcourus, ses nombreuses émissions à la radio et le nombre incalculable de livres qu'elle déposa dans des bibliothèques officielles et privées, ses rencontres personnelles avec les hommes d'Etat de plus de cinquante pays pendant les trois mois de son séjour à Genève en 1932, au moment de la Conférence du Désarmement, la peine qu'elle se donna pour revoir soigneusement, pendant ces pénibles voyages, la traduction et la préparation de bien des versions de "Bahá'u'lláh et l'Ere Nouvelle" du Dr Esslemont, les correspondances échangées avec des hommes éminents et érudits et les livres Bahá'i qu'elle leur offrit, son pèlerinage en Perse et l'émouvant hommage de sa part à la mémoire des héros de la foi, lors de sa visite aux lieux historiques Bahá'i de ce pays, son séjour à Andrinople où, dans son amour débordant pour Bahá'u'lláh, elle chercha les maisons qu'il avait habitées et les gens qu'il avait rencontrés pendant son exil dans cette ville, et où elle fut reçue par le gouverneur et le maire, l'aide empressée et intarissable qu'elle prêta aux administrateurs de la foi dans tous les pays OÙ ses institutions étaient établies ou en cours d'établissement, on peut considérer toutes ces activités comme les éclatantes prouesses d'un service qui, par bien des aspects, reste sans précédent dans toute l'histoire du premier siècle Bahá'i.

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La liste des noms de ceux qu'elle interviewa, tout en s'acquittant de sa mission, n'est pas moins impressionnante et comprend, outre ceux déjà cités, des personnages royaux et des personnalités de marque comme le roi Haakon de Norvège, le roi Fayçal d'Iráq, le roi Zog d'Albanie et les membres de sa famille, la princesse Marina de Grèce (maintenant duchesse de Kent), la princesse Elisabeth de Grèce, le président Thomas G. Masaryk et le président Edouard Bénès de Tchécoslovaquie, le président de l'Autriche, le Dr. Sun Yat Sen, le Dr. Nicolas Murray Butler, président de l'université de Colombie, le Pr Bogdan Popovitch de l'université de Belgrade, le ministre des Affaires étrangères de Turquie, le bey Tawfiq Rushdi, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l'Education de Chine, le ministre des Affaires étrangères de Lithuanie, le prince Muhammad-'Ali d'Egypte, Stephen Raditch, les maharajas de Patiala, de Bénarès et de Travancore, le gouverneur et le grand mufti de Jérusalem, le Dr. Erling Eiden, archevêque de Suède, Sarojini Naidu, Sir Rabindranath Tagore, Madame Huda Sha'ràvi, leader féministe égyptienne, le Dr. K. Ichiki, ministre de la Maison impériale japonaise, le Pr Tetrujiro Inouye, le Pr Emeritus de l'université impériale de Tokyo, le baron Yoshiro Sakatani, membre de la Maison des Pairs du japon et Mehmed Fuad, doyen de la Faculté des lettres et président de l'Institut d'histoire de Turquie.

Ni l'âge, ni la maladie, ni la rareté des écrits qui gêna ses premiers efforts, ni les maigres ressources qui ajoutèrent au fardeau de son travail, ni les rigueurs extrêmes des climats qu'elle eut à supporter, ni les troubles politiques qu'elle rencontra sur son chemin ne purent étouffer le zèle de cette sainte femme à la force spirituelle agissante, ni à la détourner de son but. Toute seule, et plus d'une fois au milieu de circonstances extrêmement dangereuses, elle continua d'annoncer, avec des accents claironnants, aux hommes de différentes classes, couleurs et croyances, le message de Bahá'u'lláh jusqu'à ce que, se hâtant de retourner dans son pays afin de participer à l'exécution du plan de Sept Ans récemment mis sur pied, et ceci malgré une maladie douloureuse et mortelle qu'elle endura avec un courage héroïque, elle soit terrassée en chemin, dans la lointaine ville d'Honolulu. C'est là, dans ce coin situé, comme un symbole, entre les hémisphères oriental et occidental dans lesquels elle avait travaillé avec tant d'ardeur, qu'elle mourut, le 28 septembre 1939, touchant au terme d'une vie qui peut être considérée comme le fruit de choix recueilli à ce jour, dans l'âge de formation de la dispensation de Bahá'u'lláh.

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Au commandement d'Abdu'l-Bahá, prescrit par son testament, de suivre les traces des disciples de Jésus-Christ, "de ne point se reposer un moment ", de "voyager à travers toutes régions" et de lancer, "sans répit et avec énergie jusqu'à la fin, dans tous les pays, le cri de Yá Bahá'u'l-Abhá, cette immortelle héroïne a fait acte d'une obéissance dont les générations tant présentes que futures peuvent être fières, et qu'elles peuvent tâcher d'égaler.

Libre comme le vent ", mettant " toute sa confiance " en Dieu, comme " le meilleur viatique" pour son voyage, elle combla presque à la lettre le vœu exprimé d'une manière si poignante par 'Abdu'l-Bahá dans ses tablettes, vœu que, à son appel, elle s'était immédiatement levée pour accomplir: " O si seulement je Pouvais voyager vers ces régions, même à pied et dans une extrême pauvreté, et, lançant l'appel Yá Bahá'u'l-Abhá dans les villes, villages, montagnes, déserts et océans, propager les enseignements divins! Cela, hélas, je ne le puis. Comme je le déplore profondément! S'il plaît à Dieu, vous pourrez y parvenir.'

"Je suis profondément affectée d'apprendre la mort de cette chère . Miss Martha Root, ce dont je ne me doutais nullement. Nous avions toujours plaisir à recevoir ses visites dans le passé. Elle était si bonne et si douce, et c'était vraiment une travailleuse servant la paix. Je suis sûre que son travail sera beaucoup regretté." Ainsi s'exprima la princesse Olga de Yougoslavie, dans son hommage royal à sa mémoire, lorsqu'elle fut informée de son décès.

- Tu es en vérité un héraut du royaume et une messagère du covenant ", témoigne la plume infaillible du Centre même du covenant de Bahá'u'lláh. - Tu te sacrifies véritablement. Tu fais preuve de bonté envers toutes les nations. Tu sèmes une graine qui, en temps voulu, donnera naissance à des milliers de moissons. Tu es en train de planter un arbre qui, éternellement, produira des feuilles et des fleurs, qui donnera des fruits, et dont l'ombre s'amplifiera de jour en jour.

De tous les services rendus à la cause de Bahá'u'lláh par cette perle des servantes de sa foi, le plus magnifique, et de loin le plus important> fut la réponse quasi-instantanée obtenue de la reine Marie de Roumanie au message que cette ardente et intrépide pionnière lui avait apporté, à l'un des plus sombres moments de sa vie, cri une heure d'amertume et d'adversité, de tristesse et de perplexité. "Il survint", déclara-t-elle dans une lettre, " comme tous les grands messages, à une heure de cruel chagrin, de conflit intérieur et de détresse, si bien que le germe pénétra plus profondément."

Fille aînée du duc d'Edinburgh - lui-même second fils de cette reine à laquelle Bahá'u'lláh, dans une tablette suggestive, avait adressé des paroles de recommandation -, elle était la petite fille du tsar Alexandre II auquel avait été révélée une épître écrite par cette même Plume.

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Apparentée, à la fois par sa naissance et son mariage, aux familles les plus distingué., d'Europe, née dans la foi anglicane, elle était étroitement liée par son mariage à l'Eglise orthodoxe grecque, religion d'Etat de son pays d'adoption. Ecrivain accompli elle-même, dotée d'une personnalité attirante et pleine de charmes, hautement douée, lucide, ardente et audacieuse par nature, vivement dévouée à toutes les entreprises d'un caractère humanitaire, elle seule, parmi ses pairs les autres reines et parmi les personnages de naissance ou de rang royal, fut portée à saluer spontanément, avec enthousiasme, la grandeur du message Bahá'i, à proclamer que Bahá'u'lláh était le Père, que Muhammad avait le rang de prophète, à recommander les préceptes Bahá'i à tous les hommes et femmes, et a célébrer leur beauté, leur puissance et leur sublimité.

L'aveu intrépide de sa croyance, devant ses propres parents et amis, et particulièrement devant sa fille la plus jeune, les trois hommages successifs rendus à la foi, qui constituent son legs durable, le plus grand qu'elle fit à la postérité, les trois autres témoignages d'estime sortis de sa plume à titre de contribution aux publications Bahá'i, les différentes lettres écrites à des amis et relations ainsi qu'à Martha Root, son guide et mère spirituelle, les signes divers montrant sa foi et sa gratitude pour la bonne nouvelle qui lui avait été apportée, ses commandes de livres Bahá'i et celles de sa fille cadette, et enfin son pèlerinage en Terre sainte, entrepris à seule fin d'exprimer ses sentiments de révérence devant les tombeaux des fondateurs de la foi -espoir qui fut déçu-, pour de tels actes, cette reine illustre mérite assurément d'être considérée comme la première parmi ces défenseurs royaux de la cause de Dieu qui doivent se lever dans l'avenir et dont chacun, selon les paroles de Bahá'u'lláh lui-même, sera acclamé comme ` l'oeil même de l'humanité, la lumineuse parure ornant le front de la création, la source originelle des bénédictions pour le monde entier".

" Quelques personnes de mon rang", déclara-t-elle de façon significative dans une lettre personnelle, "s'étonnent et désapprouvent mon courage d'oser prononcer des paroles inhabituelles de la part des têtes couronnées, mais j'agis sous la poussée d'une force intérieure à laquelle je ne puis résister. je reconnais, tête inclinée, que moi aussi je ne suis qu'un instrument entre de plus grandes Mains, et je me réjouis de le savoir."

Une courte missive fut adressée à Sa Majesté par Martha Root, à son arrivée à Bucarest, ainsi qu'un exemplaire de "Bahá'u'lláh et l'Ere Nouvelle". Ce livre retint l'attention de la reine à tel point qu'elle continua de lire jusqu'aux premières heures du matin, et deux jours plus tard, la reine accordait une audience à Martha Root, le 3o janvier 1926, dans le palais Controceni de Bucarest, audience pendant laquelle Sa Majesté exprima la conviction que "Ces enseignements sont la solution des problèmes du monde".

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Il s'ensuivit, la même année et de son propre mouvement, sa publication des trois témoignages historiques qui parurent dans près de deux cents journaux des Etats-Unis et du Canada, et qui furent ensuite traduits et publiés en Europe, en Chine, au japon, en Australie, au Proche-Orient et dans diverses îles.

Dans le premier de ces témoignages, elle affirma que les écrits de Bahá'u'lláh et d'Abdu'l-Bahá sont l'expression d'un grand appel en faveur de la paix, franchissant les limites des frontières et s'élevant au-dessus de tous les désaccords sur les rites et les dogmes...C'est un merveilleux message que Bahá'u'lláh et son fils 'Abdu'l-Bahá nous ont donné! Ils ne l'ont pas fait d'une manière agressive, sachant que le germe de vérité éternelle qui repose au fond de ce message ne peut que prendre racine et fructifier... C'est le message du Christ, repris presque dans les mêmes termes, mais tenant compte de plus de mille ans d'écart qui séparent l'an un de nos jours." Elle ajouta une exhortation remarquable rappelant les fortes paroles du Dr. Benjamin Jowett qui, au cours de sa conversation avec son élève, le Pr Lewis Carnpbell, avait accueilli la foi comme "la plus grande lumière parue dans le monde depuis l'époque de Jésus-Christ et lui avait conseillé de " l'examiner " et de ne jamais la perdre de vue. Si jamais ", écrivit la reine, "le nom de Bahá'u'lláh ou d'Abdu'l-Bahá vous tombe sous les yeux, ne rejetez pas leurs écrits. Etudiez leurs livres, laissez leurs glorieuses paroles et leurs leçons, messagères de paix et créatrices d'amour, pénétrer votre cœur comme elles ont Pénétré le mien...Examinez-les et soyez plus heureux."

Dans un autre de ces témoignages contenant une remarque pleine de portée sur le rang du Prophète arabe, elle déclara: "Dieu est tout. Absolument tout. Il est la puissance qui soutient tous les êtres ... Il est la voix qui, au fond de nous, montre le bien et le mal. Mais pour la plupart, nous ignorons ou nous ne comprenons pas cette voix. C'est pourquoi il a choisi son élu et l'a envoyé parmi nous, sur la terre, pour clarifier sa Parole et lui donner sa vraie signification. Ainsi en est-il des prophètes comme le Christ, Muhammad, Bahá'u'lláh; car de temps à autre, l'homme a besoin d'une voix sur la terre pour lui parler de Dieu, pour rendre plus vive sa conception de l'existence du vrai Dieu. Ces voix qui nous furent envoyées devaient être incarnées, de manière que nous puissions entendre avec nos oreilles terrestres, et comprendre."

En reconnaissance de ces témoignages, une communication fut adressée à cette reine, au nom des disciples orientaux et occidentaux de Bahá'u'lláh, et dans la lettre profondément touchante qu'elle envoya en réponse, elle écrivit: " En vérité, une grande lumière est venue à moi avec le message de Bahá'u'lláh et d'Abdu'l-Bahá.

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La plus jeune de mes filles trouve aussi une grande force et un réconfort dans les enseignements des maîtres bien-aimés. Nous transmettons le message de bouche à oreille, et tous ceux à qui nous le donnons voient une lumière briller soudainement devant eux, et bien des choses naguère obscures et embarrassantes deviennent simples, lumineuses et pleines d'espoir, comme jamais auparavant. Que ma lettre ouverte ait été un baume pour ceux qui souffrent pour la cause m'est certes un grand bonheur, et je considère ce fait comme un signe que Dieu a accepté mon humble tribut. L'occasion que j'ai eue de m'exprimer publiquement était aussi son oeuvre, car ce fut vraiment un enchaînement de circonstances dont chaque maillon me conduisit, à mon insu, pas à pas, jusqu'à ce que, brusquement, tout devienne clair à mes yeux, et que je comprenne pourquoi tout cela s'était déroulé. C'est ainsi que Dieu nous conduit finalement vers notre ultime destin...Petit à petit, le voile est enlevé, déchiré par le chagrin. Et la peine fut aussi une étape qui m'a conduite toujours plus près de la vérité; c'est pourquoi je ne récrimine pas contre la douleur."

Dans une lettre émouvante et suggestive à une amie intime américaine résidant à Paris, elle écrivit: "Récemment, un grand espoir m'est venu d'un certain 'Abdu'l-Bahá. J'ai trouvé dans son message de foi et dans celui de son père, Bahá'u'lláh, toute satisfaction à mon ardent désir d'une religion réelle ... Ce que je veux dire, c'est que ces livres M'ont fortifiée au-delà de toute espérance et que je suis maintenant pleine d'espoir et prête à mourir n'importe quand. Mais je prie Dieu de ne pas m'enlever déjà car j'ai encore beaucoup de travail à accomplir."

Et une fois de plus, dans un de ses jugements élogieux de la foi: "Les enseignements Bahá'is apportent la paix et la compréhension. C'est comme une grande étreinte réunissant tous ceux qui, longtemps, ont cherché des paroles d'espoir ... Attristée par la lutte continuelle entre les fidèles de nombreuses confessions et lassée de leur intolérance réciproque, je découvris dans l'enseignement Bahá'i le véritable esprit du Christ, si souvent renié et incompris." Et enfin cette remarquable confession: "Les enseignements Bahá'i apportent la paix à l'âme et l'espérance au cœur. A ceux qui cherchent une conviction, les paroles du Père sont comme une fontaine en plein désert, au bout d'une longue course errante."

"L'admirable vérité de Bahá'u'lláh", écrivit-elle à Martha Root, "est toujours pour moi une aide et une inspiration. Ce que j'ai écrit, je l'ai fait parce que mon cœur débordait de gratitude envers vous pour les réflexions que vous avez éveillées en moi- je suis heureuse si vous pensez que j'ai été utile. J'ai cru que cela Pouvait rendre la vérité plus proche du fait que mes paroles sont lues par tant de gens."

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Au cours d'une visite au Proche-Orient, elle exprima son intention de visiter les tombeaux Bahá'i et, accompagnée de sa plus jeune fille, elle traversa effectivement Haïfa. Elle approchait de son but lorsqu'on lui refusa le droit de faire le pèlerinage qu'elle avait projeté, à la profonde déception de la très sainte Feuille qui avait attendu son arrivée avec impatience. Quelques mois après, en juin 1931, dans une lettre à Martha Root, elle écrivit: "Ileana et moi fûmes cruellement déçues de n'avoir pu

nous rendre aux saints tombeaux ... Mais à cette époque, nous traversions une crise terrible, et tous les déplacements que je faisais étaient retournés contre moi et politiquement exploités d'une manière malveillante. Cela me causa bien des peines et restreignit très cruellement ma liberté. Mais ... la beauté de la vérité demeure, et je m'accroche à elle à travers toutes les vicissitudes d'une vie devenue plutôt triste...Je suis heureuse d'apprendre que votre voyage a été si fructueux et je vous souhaite un succès continu, sachant quel merveilleux message vous portez de pays en pays."

Après cette triste déception, elle écrivit à une amie d'enfance qui habitait près d'Akká, dans une maison où Bahá'u'lláh avait demeuré: "C'est vraiment un plaisir d'avoir reçu de vos nouvelles, et surtout de penser que vous vivez près de Haïfa et que vous êtes, comme moi, une adepte des enseignements Bahá'i. Le fait que vous habitiez dans cette maison particulière présente pour moi de l'intérêt. J'ai été très vivement intéressée par les photos et j'ai examiné chacune d'elles avec attention. Ce doit être un endroit charmant ... et à la maison, incroyablement attirante, dans laquelle vous vivez s'attache un grand prix, du fait qu'elle fut occupée par l'homme que nous vénérons tous..."

Son dernier hommage public rendu à la foi qu'elle avait ardemment aimée parut deux ans avant sa mort. "Plus que jamais aujourd'hui ", écrivit elle, "au moment où le monde doit faire face à une telle crise d'inquiétude et de désarroi, nous devons être fermes dans la foi, cherchant ce qui nous unit et non ce qui nous déchire. A ceux qui recherchent la lumière, les enseignements Bahá'i offrent l'étoile qui les conduira à une compréhension plus profonde, à la certitude à la paix et à la bienveillance entre tous les hommes."

Le récit de Martha Root elle-même, illustrant ces faits, se trouve dans l'un de ses articles: "Pendant dix ans, Sa Majesté et sa fille, Son Altesse Royale la princesse Ileana (maintenant archi-duchesse Anton), ont lu avec intérêt chaque livre nouvellement paru sur le mouvement Bahá'i, dès qu'il était imprimé ... Reçue en audience par Sa Majesté, au palais Pelisor de Sinaia, en 1927, après la mort de Sa Majesté le roi Ferdinand, son mari, elle m'accorda aimablement une entrevue, me parlant de ce que la foi Bahá'i enseigne sur l'immortalité. Sur sa table et sur un divan se trouvaient plusieurs livres Bahá'i, car elle venait justement de lire dans chacun d'eux les éclaircissements donnés sur la vie après la mort.

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Elle demanda à l'auteur' de transmettre ses salutations ... aux amis d'Irán et aux nombreux Bahá'is américains qui, dit-elle, avaient été tellement aimables avec elle au cours de son voyage aux Etats-Unis, l'année précédente ... je rencontrai de nouveau la reine le 19 janvier 1928, au Palais Royal de Belgrade où elle même et Son Altesse Royale, la princesse Ileana, étaient les invitées de la reine de Yougoslavie - et où elles avaient apporté quelques-uns de leurs livres Bahá'i -, et entre toutes les paroles prononcées par Sa Gracieuse Majesté, celles-ci resteront le plus longtemps dans ma mémoire. "Le rêve ultime que nous réaliserons, c'est que le courant de la pensée Bahá'i soit si fort que celle-ci devienne peu à peu une lumière pour tous ceux qui cherchent l'expression authentique de la Vérité... " Puis, à l'audience au palais Controceni, le16 février 1934, où Sa Majesté apprit que la traduction en roumain de " Bahá'u'lláh et l'Ere Nouvelle" venait d'être publiée à Bucarest, elle se déclara très heureuse du bienfait qu'apporterait à son peuple la lecture de ces précieux enseignements ... Et maintenant, aujourd'hui 4 février 1936, je viens d'avoir une autre entrevue, avec Sa Majesté, au palais Controceni, à Bucarest ... De nouveau, la reine Marie de Roumanie me reçut cordialement dans sa bibliothèque, discrètement éclairée car il était six heures ... Quelle visite mémorable! Elle me dit que lorsqu'elle se trouvait à Londres, elle avait rencontré une croyante Bahá'i, Lady Blomfield, qui lui avait montré le message original envoyé par Bahá'u'lláh à Londres, à sa grand-mère la reine Victoria. Elle interrogea l'auteur sur les progrès du mouvement Bahá'i, notamment dans les pays balkaniques ... Elle parla aussi de plusieurs livres Bahá'i, de la profondeur de l' 'Iqàn, et en particulier des Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh qu'elle trouvait merveilleux. Selon ses propres paroles: "Même ceux qui doutent trouveraient une force immense dans la lecture de ce seul livre, s'ils laissaient à leur âme le temps de s'épanouir" ... je lui demandai si je pouvais parler de la broche qui, du point de vue historique, est précieuse pour les Bahá'is, et elle répondit: "Oui, vous le pouvez!" Une fois, en 1928, Sa Gracieuse Majesté avait fait présent à l'auteur d'une broche, rare et fort belle, qu'elle avait reçue en cadeau de sa royale famille de Russie, quelques années plus tôt. C'était deux petites ailes d'or et d'argent ciselées, ornées de minuscules éclats de diamant et réunies par une grosse perle. "Vous donnez sans cesse aux autres, aussi vais-je vous offrir moi-même un cadeau", dit la reine en souriant; et elle l'épingla elle-même sur ma robe. Avec les ailes et la perle, on aurait dit un symbole "Bahá'i porteur de lumière!" La même semaine, la broche fut envoyée à Chicago, à titre d'offrande pour le temple Bahá'i..., et à la convention nationale qui siégeait ce printemps-là, une objection fut soulevée: Pouvait-on vendre un cadeau de la reine?

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Ne devait-il pas être conservé en souvenir de la première reine qui se soit levée pour soutenir activement les progrès de la foi de Bahá'u'lláh? Malgré cela, il fut immédiatement vendu et l'argent fut donné au temple, car tous les Bahá'is offraient au maximum pour hâter la construction de cet édifice grandiose, le premier de son espèce aux Etats Unis d'Amérique. M. Willard Hatch, un Bahá'i de Los Angeles, en Californie, qui acheta le ravissant bijou, l'apporta à Haïfa, en Palestine, en 193 1 et le déposa dans les archives du mont Carmel où il restera, dans la suite des âges, parmi les trésors Bahá'i...

En juillet 1938, la reine Marie de Roumanie s'éteignit. Au nom de toutes les communautés Bahá'i des deux mondes, un message de condoléances fut adressé à sa fille, la reine de Yougoslavie, message auquel elle répondit en exprimant ses "sincères remerciements à tous les fidèles de Bahá'u'lláh". L'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'is de Perse envoya une lettre au nom des croyants du pays natal de Bahá'u'lláh pour exprimer sa tristesse et ses sentiments de sympathie à son fils, le roi de Roumanie, et à la famille royale, lettre dont le texte était rédigé à la fois en persan et en anglais. Martha Root adressa un témoignage d'affectueuse et profonde sympathie à la princesse Ileana qui lui en accusa réception avec reconnaissance. Des réunions commémoratives furent organisées en mémoire de la reine, au cours desquelles un hommage honorable lui fut rendu pour l'aveu hardi et de portée historique qu'elle avait fait de sa foi en la paternité de Bahá'u'lláh, pour avoir reconnu au fondateur de l'islám le rang de prophète et pour les divers témoignages élogieux qu'elle avait écrits. Pour le premier anniversaire de sa mort, l'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'is des Etats-Unis et du Canada manifesta son admiration et son affection reconnaissante pour la défunte reine en s'associant, par un envoi de fleurs impressionnant, au service commémoratif solennel donné en son honneur et organisé par le ministre roumain dans la chapelle de Bethléem, à la cathédrale de Washington. La délégation américaine, dirigée par le ministre des Affaires étrangères et comprenant des membres du gouvernement et des représentants de l'armée et de la marine, les ambassadeurs anglais, français et italien ainsi que les représentants d'autres ambassades et légations d'Europe assistèrent à ce service, s'unissant dans un hommage commun à celle qui, outre son impérissable renommée acquise dans le royaume de Bahá'u'lláh, avait, pendant sa vie terrestre, conquis l'estime et l'affection de bien des gens qui vivaient au-delà des frontières de son propre pays.

L'acceptation du message divin par la reine Marie représente la récolte des prémices de cette vision que Bahá'u'lláh avait eue bien avant sa captivité, et dont il avait fait mention dans son Kitáb-i-Aqdas.

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"Comme elle est grande ", écrit-il, " la bénédiction réservée au roi qui se lèvera pour soutenir ma cause dans mon royaume, qui se détachera de tout ce qui n'est Pas moi! ... chacun devra glorifier son nom, respecter sa haute position et l'aider à ouvrir les portes des villes avec les clefs de mon nom, le protecteur tout-puissant de tout ce qui demeure dans les royaumes visible et invisible. Un tel roi est l'œil même de l'humanité, la lumineuse parure ornant le front de la création, la source originelle des bénédictions pour le monde entier. Sacrifie,ô peuple de Bahà, tout votre avoir, mieux encore, votre propre vie, pour lui prêter assistance."

Comme le premier siècle Bahá'i touchait à sa fin, la communauté Bahá'i américaine, couronnée d'une gloire impérissable de par les services internationaux remarquables de Martha Root, était destinée à se distinguer sous les efforts conjugués de ses membres, à la fois dans son pays et à l'étranger, par de nouveaux exploits d'une portée et d'une qualité telles que nul compte rendu des travaux d'enseignement de la foi au cours de ce siècle ne saurait les ignorer. Il ne serait pas exagéré de dire que ces tâches colossales ne pouvaient être effectuées, et que les résultats étonnants qui s'ensuivirent ne pouvaient être atteints, qu'en mettant en oeuvre tous les moyens fournis par un ordre administratif tout nouveau, fonctionnant selon un plan soigneusement conçu, et que ce travail et ces résultats constituent une conclusion digne des cent années d'efforts sublimes consacrées au service de la cause de Bahá'u'lláh.

Le fait que la communauté des fidèles des Etats-Unis et du Canada ait remporté la palme de la victoire, dans les dernières années d'un siècle aussi glorieux, n'a rien de surprenant. Les tâches accomplies pendant les deux dernières décades de l'âge héroïque et les quinze premières années de l'âge de formation de la dispensation Bahá'i étaient déjà de bon augure pour son avenir, et avaient préparé le chemin pour sa victoire finale avant l'expiration du premier siècle de l'ère Bahá'i.

Près de cent ans auparavant, le Báb, dans son Qayytimu'i-Asmd', avait lancé ses appels explicites aux "peuples d'Occident", les invitant à "quitter" leurs "villes" et à soutenir sa cause. Bahá'u'lláh, dans son Kitáb-i-Aqdas, s'était adressé à tous les présidents des républiques des deux Amériques en général, leur ordonnant de se lever, "d'apporter réparation aux êtres brisés, avec les mains de la justice" et d' "écraser l'oppresseur" avec le "sceptre des commandements" de leur Seigneur; il avait, de plus, fait pressentir dans ses écrits l'apparition, "en Occident", des "signes de son règne". 'Abdu'l-Bahá avait déclaré de son côté que l' "illumination" de l'Occident, produite par la révélation de son père, atteindrait un "éclat extraordinaire", et que la "lumière du royaume" " - jetterait un éclat encore plus grand sur l'Occident" que sur l'Orient. Il avait glorifié le continent américain en particulier comme "Le pays où les splendeurs de sa lumière seraient révélées, où les mystères de sa foi seraient dévoilés", et il avait affirmé qu' "il conduirait toutes les nations spirituellement".

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D'une manière encore plus explicite, il avait distingué la grande république de l'Ouest, la nation principale de ce continent, en déclarant que son peuple était "certes digne d'être le premier à construire le tabernacle de la paix suprême et à proclamer l'unité de l'humanité", qu'il était "pourvu du nécessaire et doté du pouvoir pour accomplir ce qui illustrera les pages de l'histoire, pour devenir un objet d'envie dans le monde, et recevoir les bénédictions de l'Orient et de l'Occident".

Le premier geste de son ministère avait été de déployer l'étendard de Bahá'u'lláh au cœur même de cette république. Vinrent ensuite sa visite prolongée vers ses rivages, sa consécration de la première maison d'adoration que la communauté de ses fidèles allait faire construire sur cette terre, et finalement la révélation, au soir de sa vie, des tablettes du Plan divin, chargeant ses disciples de planter l'étendard de la foi de son père sur tous les continents, tous les pays et les îles du globe, comme il l'avait planté dans leur propre pays. De plus, il avait acclamé l'un de leurs présidents les plus renommés comme celui qui, par les idéaux qu'il avait exposés et les institutions qu'il avait inaugurées, avait fait poindre l' "aube" de la paix annoncée par Bahá'u'lláh, et avait exprimé l'espoir que, de leur pays, l'"illumination céleste" puisse "s'étendre à tous les peuples du monde". Dans ses tablettes, il les avait appelés les "apôtres de Baha'u'llah ", leur assurant que ~ si le succès couronnait" leur "entreprise", "le trône du royaume de Dieu serait solidement installé, dans la plénitude de sa majesté et de sa gloire ", et il avait fait cette émouvante déclaration: " Dès que ce message divin serait propagé " par eux " à travers les continents d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Australasie, et jusque dans les îles du Pacifique, cette communauté se trouverait établie en toute sécurité sur le trône d'un empire éternel', et "la terre entière" "résonnerait des louanges e sa majesté et de sa grandeur".

Déjà du vivant de celui qui l'avait créé, qui en avait pris soin avec tendresse, qui l'avait bénie à plusieurs reprises et l'avait chargée, à la fin, d'une mission aussi spéciale, cette communauté avait entrepris d'édifier le Mashriqu'l-Adhkár, achetant le terrain et faisant poser ses fondations. Elle avait dépêché ses professeurs en Orient et en Occident pour propager la cause qu'elle avait embrassée, elle avait établi la base de sa vie de communauté, et depuis le décès d'Abdu'l-Bahá, elle avait fait construire la superstructure et commencer la décoration du temple. Elle avait, par ailleurs, joué un rôle prépondérant dans l'exécution de diverses tâches telles que: Etablir les bases de l'ordre administratif de la foi, soutenir sa cause, démontrer son caractère indépendant, enrichir et disséminer sa littérature, prêter une assistance morale et matérielle aux croyants persécutés, repousser les attaques des adversaires et gagner à son fondateur l'allégeance de la royauté. Un si magnifique record devait être couronné, vers la fin du siècle, par la mise en application d'un plan - première phase pratique de la mission que lui avait confiée 'Abdu'l-Bahá -, plan qui, dans le court délai de sept années, allait permettre de terminer avec succès la décoration extérieure du Mashriqu'l-Adhkár, de doubler à peu près le nombre d'assemblées spirituelles en exercice dans l'Amérique du Nord, de porter à treize cent vingt-deux au moins le nombre total de localités où résidaient des Bahá'is sur ce même continent, d'établir les structures fondamentales de l'ordre administratif dans chacune des divisions des Etats-Unis et provinces du Canada, et de poser de solides jalons dans les vingt républiques de l'Amérique du Centre et du Sud, afin de porter à soixante le nombre des Etats souverains entrant dans le champ de son influence.

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Des forces nombreuses et diverses se combinaient maintenant pour pousser la communauté Bahá'i américaine à agir énergiquement: Les exhortations et les merveilleuses promesses de Bahá'u'lláh et son commandement de construire, en son nom, des maisons d'adoration, les directives données par 'Abdu'l-Bahá dans quatorze tablettes adressées aux croyants habitant dans les Etats de l'Ouest, du Centre, du Nord-Est et du Sud de la République nord-américaine et du dominion du Canada, ses paroles prophétiques concernant l'avenir du Mashriqu'l-Adhkár en Amérique, l'influence du nouvel ordre administratif qui développait efficacement un esprit de coopération enthousiaste, l'exemple de Martha Root qui, bien que munie tout juste d'une poignée de brochures mal traduites, avait voyagé jusqu'en Amérique du Sud et visité toutes les villes importantes de ce continent, la ténacité et l'abnégation de la courageuse et brillante Keith Ransom-Kehler, première martyre américaine qui, s'étant rendue en Perse, avait plaidé la cause de ses condisciples opprimés, au cours de nombreuses entrevues avec des ministres, des ecclésiastiques et des représentants du gouvernement, qui avait envoyé jusqu'à sept pétitions au sháh et qui, négligeant les avertissements de l'âge et de la maladie, avait finalement succombé à Isfàhàn. D'autres facteurs incitèrent les membres de cette communauté à faire de nouveaux sacrifices et à prendre d'autres risques; ainsi, leur désir de renforcer le travail intermittent d'un certain nombre de pionniers itinérants ou à résidences fixes, qui avaient établi le premier centre de la foi au Brésil, navigué autour du continent sud-américain, voyagé aux Antilles et distribué de la littérature dans diverses régions des Amériques Centrale et Sud; ainsi encore la conscience de leurs responsabilités pressantes en face d'une situation internationale qui se gâtait rapidement; et enfin, devant la perspective de la fin proche du premier siècle Bahá'i, leur souci d'apporter une conclusion convenable à une entreprise qui avait été lancée trente ans auparavant. Nullement rebutés par l'immensité de la tâche, par le pouvoir que détenaient des organisations ecclésiastiques solidement retranchées, par l'instabilité politique de certains pays où ils devaient s'installer, par les conditions climatiques qu'ils allaient rencontrer ni par la différence de langage et de coutumes des peuples au sein desquels ils allaient habiter, et parfaitement conscients de la nécessité criante d'établir la foi sur le continent nord de l'Amérique, les membres de la communauté Bahá'i américaine se levèrent comme un seul homme pour inaugurer une triple campagne soigneusement préparée et conduite avec méthode. Elle était destinée à établir une assemblée spirituelle dans chaque Etat et province de l'Amérique du Nord, à former un noyau fixe de croyants dans chacune des républiques de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Sud, et à terminer la décoration extérieure du Mashriqu'l-Adhkár.


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Quantités d'activités d'ordre administratif ou éducatif furent mises en route et poursuivies pour exécuter ce noble plan: contributions généreuses aux fonds, établissement d'un comité inter-américain et formation de comités auxiliaires régionaux d'enseignement, fondation d'une école internationale pour former des professeurs Bahá'i, installation de pionniers dans de nouvelles zones, visites de professeurs itinérants, diffusion d'ouvrages Bahá'i en espagnol et en portugais, création de cours d'entraînement pour professeurs et extension du travail de la part des groupes et assemblées locales, publicité dans les journaux et à la radio, exposition de diapositives et de modèles du temple, réunions entre communautés, conférences dans les universités et les collèges, intensification de cours d'enseignement et d'études sur l'Amérique latine aux écoles d'été, toutes ces tâches, et bien d'autres encore, permirent aux artisans de ce plan de Sept Ans de triompher d'une entreprise collective qu'il faut considérer comme la plus grande jamais lancée par les fidèles de Bahá'u'lláh pendant tout le premier siècle Bahá'i.

En fait, avant l'expiration de ce siècle, non seulement les travaux sur le temple avaient été terminés seize mois avant la date fixée, mais au lieu d'un petit noyau dans chaque république latine, des assemblées spirituelles avaient déjà été établies à Mexico et à Puebla (Mexique), à Buenos-Aires (Argentine), dans la ville de Guatemala (au Guatemala), à Santiago (Chili) Montevideo (Uruguay), Quito (Equateur), Bogota (Colombie), Lima (Pérou), Assomption (Paraguay), Tegucigalpa (Honduras), San Salvador (Salvador), San José et Puntarenas (Costa-Rica), La Havane (Cuba) et Port-au-Prince (Haïti). Une entreprise d'extension à laquelle participaient des croyants frais émoulus d'Amérique latine avait également commencé et se poursuivait vigoureusement dans les républiques du Mexique, Brésil Argentine, Chili, Panama et Costa Rica. Les croyants avaient établi leur résidence, non seulement dans les principales villes de toutes les républiques d'Amérique latine, mais aussi dans des centres tels que Veracruz, Cananea et Tacubaya (Mexique), Balboa et Christobal (Panama), Recife (Brésil), Gayaquil et Ambato (Equateur), Temuco et Magellan (Chili); les Assemblées Spirituelles des Bahá'is de Mexico et de San José avaient été enregistrées; un centre Bahá'i avait été créé à Mexico; il se composait d'une bibliothèque, d'une salle de lecture et d'une salle de conférences; des rassemblements de jeunes Bahá'is avaient eu lieu à La Havane, Buenos-Aires et Santiago, et un centre de distribution de littérature pour l'Amérique latine avait été installé à Buenos Aires.

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Cette entreprise gigantesque ne devait pas être privée non plus, dès son départ, d'une bénédiction qui allait consacrer l'union spirituelle des Amériques, bénédiction née du sacrifice de celle qui, à l'aube même du jour du covenant, avait fondé les premiers centres Bahá'i d'Europe et du Canada. Malgré ses soixante-dix ans et sa mauvaise santé, elle entreprit un voyage de dix mille kilomètres, jusqu'à la capitale de l'Argentine et là, arrivée au seuil de sa mission de pionnière, elle succomba soudainement. Par une telle mort, elle imprima au travail commencé dans cette république un élan qui, grâce à la création d'un centre de distribution de littérature Bahá'i pour l'Amérique latine, et grâce à d'autres entreprises, lui à déjà permis de prendre une position prépondérante parmi les républiques voisines.

A May Maxwell qui repose dans la terre de l'Argentine, à Hyde Dunn dont la poussière est enfouie aux antipodes de son pays, dans la ville de Sydney, à Keith Ransom-Kehler, enterrée dans la lointaine Isfàhàn, à Susan Moody et Lillian Kappes et à leurs vaillants associés inhumés à Tihrán, à Lua Getsinger, reposant à jamais dans la capitale de l'Egypte, et enfin dernière mais non des moindres, à Martha Root, enterrée dans une île, en plein Pacifique, à tous ceux-là revient l'honneur sans égal d'avoir jeté sur la communauté Bahá'i américaine, par leurs services et par leurs sacrifices, un éclat dont ses représentants, célébrant, à leur première convention générale historique, leurs victoires remportées de haute lutte, peuvent être éternellement reconnaissants.

Réunie dans son sanctuaire national - le temple le plus sacré qui fut jamais élevé à la gloire de Bahá'u'lláh - pour commémorer le centenaire, à la fois de la naissance de la dispensation bábi, de l'inauguration de l'ère Bahá'i, du début du cycle Bahá'i et de la naissance d'Abdu'l-Bahá, ainsi que le cinquantième anniversaire de l'établissement de la foi dans l'hémisphère occidental, unie pour cette solennité aux représentants des républiques d'Amérique, à proximité d'une ville qui peut se flatter d'être le premier centre Bahá'i établi dans le monde occidental, cette communauté peut certes, en cette solennelle occasion et devant la conclusion triomphale terminant la première phase du plan tracé par 'Abdu'l-Bahá, avoir le sentiment qu'elle a projeté à son tour une gloire durable sur ses sœurs, les communautés des deux mondes, et qu'elle a écrit, en lettres d'or, les pages finales des annales du premier siècle Bahá'i.

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