Lesen: action-bahaie


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Source : www.religare.org/biblio.htm
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La communauté mondiale baha'ie et son action

Articles de référence

(c) 1997 Communauté Internationale Bahá'íe
Bureau d'Information Publique, Paris
eMail: opiparis@club-internet.fr

TABLE DES MATIÈRES


1. INTRODUCTION
1.1. La communauté mondiale bahá'íe

2. HISTORIQUE
2.1. Introduction
2.2. Figures centrales
2.2.1. Le Báb
2.2.2. Bahá'u'lláh
2.2.3. 'Abdu'l-Bahá
2.3. Le gardiennat
2.3.1. Shoghi Effendi
2.4. Maison Universelle de Justice

3. ADMINISTRATION
3.1. Introduction
3.2. Assemblée Spirituelle Locale
3.3. Assemblée Spirituelle Nationale
3.4. Maison Universelle de Justice
3.5. Conseillers

4. NOUVEL ORDRE MONDIAL

4.1. Introduction
4.2. Point de vue bahá'í
4.2.1. Le rôle de l'individu
4.2.2. Vers une transformation globale de l'humanité
4.2.3. Unité dans la diversité
4.2.4. Vers une restructuration de la vie collective de la planète
4.2.5. Une communauté universelle
4.2.6. Citoyenneté mondiale
4.3. Actions bahá'íes
4.3.1. Premier dialogue international sur la transition vers une société globale - Suisse
4.3.2. Programme d'études sur l'ordre mondial - Suisse

5. PAIX
5.1. Introduction
5.2. Point de vue bahá'í
5.2.1. Une question d'attitude
5.2.2. Le programme bahá'í de paix
5.2.3. Unité de l'humanité
5.2.4. Qualités spirituelles : source de paix
5.3. Actions bahá'íes
5.3.1. Autour du monde, une campagne pour la paix
5.3.2. Chaire d'enseignement bahá'íe sur la paix - USA
5.3.3. Diffusion de la promesse de la paix mondiale en ex Union Soviétique - URSS
5.3.4. L'École des nations - Macao
5.4. Coopération
5.4.1. Conférence à l'université de Maryland, religion : source de conflits ou de paix ? - USA
5.4.2. Verdun, inauguration du Centre mondial de la paix - France
5.4.3. Conférence internationale sur la paix - Mongolie

6. DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
6.1. Introduction
6.2. Point de vue bahá'í
6.2.1. Participation " populaire "
6.2.2. La prise de décision en groupe
6.3. Actions bahá'íes
6.3.1. Ecole Anís Zunúzí: un moteur du développement - Haïti
6.3.2. Protection de la forêt - Haïti
6.3.3. Les établissement humains
6.3.4. Projets locaux et communautaires
6.4. Coopération
6.4.1. Remplacement du "jiko" traditionnel - Kenya
6.4.2. Symposium sur la crise alimentaire en Afrique
6.4.3. Soins de santé - Genève

7. FAMILLE
7.1. Introduction
7.2. Point de vue bahá'í
7.2.1. Les bases d'une famille saine
7.2.2. Unité de la famille
7.2.3. La drogue: substitut de l'unité familiale
7.3. Coopération
7.3.1. Lancement de l'année internationale de la famille - Malte
7.3.2. Eliminer la violence familiale

8. EDUCATION
8.1. Introduction
8.2. Point de vue bahá'í
8.2.1. Citoyenneté mondiale
8.2.2. Entre progrès social et morale individuelle
8.2.3. Education et apprentissage
8.3. Actions bahá'íes
8.3.1. Un siècle d'effort
8.3.2. Réseau de soins de santé primaire en Afrique
8.3.3. Création d'une école maternelle dans les Andes boliviennes
8.3.4. Education préscolaire
8.3.5. Ecole Masrour "Centre pour le bien-être social" - Brésil
8.3.6. Ecole maternelle de Beudet - Haïti
8.3.7. Univerité Núr - Bolivie
8.3.8. Le Char de la paix - Inde
8.3.9. Rapport sur les prjets éducatifs bahá'ís - Allemagne
8.3.10. Ecole Rabbáni - Inde
8.4. Coopération
8.4.1. Ouverture d'un secrétariat international : " le réseau de l'éducation pour tous" - New York
8.4.2. Ecoles publiques gérées par les bahá'ís - Iles Marshall
8.4.3. Groupes d'action intersectorielle pour l'année internationale d'alphabétisation - New York
8.4.4. Programme "des faits pour la vie" - Genève
8.4.5. Prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme
8.4.6. Conférence mondiale sur l'éducation pour tous - Thaïlande
8.4.7. Chaire bahá'íe pour la paix mondiale à l'université de Maryland - USA
8.4.8. Conférence sous les auspices de la fondation Elie Wiesel pour l'humanité - Israël

9. ENVIRONNEMENT
9.1. Introduction
9.2. Point de vue bahá'í
9.2.1. Conception bahá'íe du monde
9.2.2. Une civilisation en constant progrès
9.2.3. Attitude bahá'íe vis-à-vis de la nature
9.2.4. Environnement : base de notre avenir
9.2.5. Déclaration de la Communauté internationale bahá'íe à Rio
9.2.6. Une déclaration bahá'íe sur la nature
9.2.7. Modèle de développement durable
9.2.8. Nouvel ordre mondial
9.3. Actions bahá'íes
9.3.1. Centre d'études Dorothy Baker sur l'environnement - Bolivie
9.3.2. Divers projets de préservation de la nature à travers le monde
9.3.3. Activités bahá'íes au "forum mondial 92" - Rio de Janeiro
9.3.4. Production d'une radio solaire - Chine
9.3.5. Fabrication d'un pressoir à huile - Swaziland
9.3.6. "Prix feuille verte" - Singapour
9.3.7. Programmes de plantation d'arbres - New York
9.3.8. Journées de la terre 1990 - New York
9.3.9. Exposition : " Arts en faveur de la nature " - Singapour
9.4. Coopération
9.4.1. Création du Bureau de l'environnement - New York
9.4.2. Préparation de la conférence des Nations Unies sur l'environnement - New York
9.4.3. Conférence écologique : "une action pour un avenir commun" - Norvège
9.4.4. Forum : "l'Afrique - environnement et développement"
9.4.5. Contribution à la Charte de la Terre

10. FEMME
10.1. Introduction
10.2. Point de vue bahá'í
10.2.1. Le partenariat
10.2.2. Homme et femme : compétion ou coopération
10.2.3. Rôle de la femme au sein de l'entreprise
10.3. Actions bahá'íes
10.3.1. Institut professionnel des femmes rurales à Indore - Inde
10.3.2. Médias traditionnels comme agent de changement - Cameroun
10.3.3. Activités de développement et épanouissement des femmes
10.3.4. Prix du palmarès mondial des 500 - Rio de Janiero
10.4. Coopération
10.4.1. Quatrième conférence régionale des femmes - Fidji
10.4.2. Projet destiné à améliorer le statut des femmes rurales - New York
10.4.3. Les défenseurs de la sécurité en Afrique - Nations Unies

11. COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHÁ'ÍE ET LES NATIONS UNIES
11.1. Introduction
11.2. Point de vue bahá'í
11.2.1. Réévaluation des Nations Unies
11.2.2. Statut consultatif auprès de l'ECOSOC et de l'UNICEF ......
11.2.3. Réseau mondial implanté localement
11.2.4. Expérience d'intégration sociale de par le monde
11.3. Coopération
11.3.1. Historique


12. DROITS DE L'HOMME
12.1. Introduction
12.2. Point de vue bahá'í
12.2.1. Principe de responsabilité collective ..............................
12.2.2. Responsabilité envers la cause des droits de l'homme et des libertés fondamentales
12.2.3. Protection des minorités
12.3. Coopération
12.3.1. Convention des droits de l'enfant - Nations Unies
12.3.2. Déclaration à la Conférence mondiale sur les droits de l'homme - Vienne

13. PERSÉCUTION DES BAHÁ'ÍS EN IRAN
13.1. Introduction
13.2. Historique
13.3. Faits
13.3.1. Mémorandum secret - Genève
13.3.2. Profanantion de cimetière - Téhéran
13.3.3. "Infidèle non protégé"
13.3.4. Exécutions
13.4. Défense
13.4.1. Soutien international
13.4.2. Réaction officielle des Nations Unies

14. BIBLIOGRAPHIE



1. Introduction

1.1. La Communauté mondiale bahá'íe

Fondée il y a un siècle et demi, la Foi bahá'íe figure aujourd'hui au nombre des religions mondiales qui se propagent le plus rapidement. Forte de plus de 5 millions de membres répartis dans 232 pays et territoires dépendants, elle est devenue la foi religieuse la plus répandue après le Christianisme (1) . On trouve ainsi des bahá'ís dans plus de 119 000 localités à travers le monde, une présence qui traduit bien leur attachement à l'idéal de citoyenneté mondiale.
La portée mondiale de cette Foi apparaît dans la composition de ses membres. Echantillon représentatif de l'humanité, les bahá'ís appartiennent pratiquement à tous les pays, les groupes ethniques, les cultures et les catégories socio-professionnelles. Plus de 2100 groupes ethniques et tribaux y sont représentés. Les bahá'ís sont en outre issus de presque toutes les religions, notamment, le Bouddhisme, de Christianisme, l'Hindouisme, le Jaïnisme, le Judaïsme, l'Islam, le Sikhisme, le Zoroastrianisme, l'Animisme, et les non religieux.
Le fondateur de la Foi bahá'íe, Bahá'u'lláh, un noble persan originaire de Téhéran, avait renoncé au milieu du XIXe siècle à une existence princière toute de confort et de sécurité pour une vie de persécutions et de privations.
Sa prétention: être, ni plus ni moins, un nouveau messager de Dieu. Sa vie, son oeuvre et son influence ne sont d'ailleurs pas sans rappeler celles d'Abraham, de Krishna, de Moïse, de Zoroastre, de Bouddha, du Christ et de Mahomet. Pour les bahá'ís, il est le plus récent de ces messagers divins successifs.
L'unité constitue l'essentiel du message de Bahá'u'lláh. Selon ses enseignements, il n'y a qu'un seul Dieu, une seule humanité, et les religions du monde sont toutes des étapes dans la révélation du but et de la volonté de Dieu pour l'humanité. En ce jour, affirme Bahá'u'lláh, l'humanité est arrivée à sa maturité collective, et conformément aux prédictions de toutes les écritures sacrées du monde, l'heure est venue d'unir tous les peuples en une société mondiale pacifique et intégrée. "La terre n'est qu'un seul pays", écrivait-il, " et tous les membres de l'humanité en sont les citoyens".
Religion indépendante la plus jeune du monde, la Foi fondée par Bahá'u'lláh se distingue des autres par certains traits. Elle dispose par exemple, d'un système d'administration mondial unique en son genre, composé de conseils d'administration librement élus dans 20 000 points du globe, à la place d'un clergé.
Son approche des problèmes sociaux contemporains est originale. Les écrits bahá'ís et les activités très variées de ses membres portent sur presque tous les domaines et courants de pensée majeurs du monde contemporain, depuis la nouvelle philosophie sur la diversité culturelle et la protection de la nature, jusqu'à la décentralisation de la prise de décision, en passant par l'attachement renouvelé à la famille et à la morale, ainsi que l'appel en faveur d'un "nouvel ordre mondial".
Toutefois, là où cette communauté fait oeuvre vraiment originale, c'est en maintenant son unité. Contrairement aux autres religions, sans parler de la plupart des mouvements sociaux et politiques, la Foi bahá'íe a su résister à l'éternelle tentation de se diviser en sectes ou en sous-groupes. Et ce, malgré une histoire pourtant aussi mouvementée que celle des religions d'antan.
Outre leur appel à l'unité de l'humanité, les enseignements bahá'ís prônent les principes suivants : l'élimination de toutes les formes de préjugés, l'égalité pleine et entière entre les sexes, la réduction des extrêmes de richesse et de pauvreté, la reconnaissance de l'unité fondamentale des grandes religions du monde et de la nature spirituelle de l'humanité, l'éducation pour tous, des critères élevés de comportement individuel, l'harmonie entre la science et la religion, un équilibre entre protection de la nature et développement, enfin, l'instauration d'une confédération mondiale fondée sur la sécurité collective et l'unité de l'humanité.
Pour les bahá'ís du monde, l'attachement à ces principes passe essentiellement par la transformation individuelle et collective. Il se concrétise, entre autres, dans la multitude de projets communautaires de développement économique et social de petite envergure entrepris ces dernières années par les communautés bahá'íes.

Par le biais d'un réseau unifié de conseils d'administration locaux, nationaux et international, les fidèles de Bahá'u'lláh ont su construire une communauté mondiale vaste et diversifiée - caractérisée par un mode de vie propre et des activités particulières - qui offre un exemple encourageant de coopération, d'harmonie et d'action sociale.

1 Cette statistique est apparue pour la première fois dans l'édition 1982 de l'encyclopédie World Christian Encyclopedia, publiée par les éditions Oxford University Press.

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)



2. Historique

2.1. Introduction

Pour les bahá'ís, le processus d'évolution est un élément essentiel de tous les phénomènes de la vie, y compris les révélations de Dieu. La série d'étapes à travers lesquelles leur propre foi a progressivement émergé et s'est établie à travers le monde est elle-même une expression de ce principe.
L'émergence de la Foi bahá'íe a également été marquée par un second élément qu'elle partage avec chacune des religions du monde qui l'ont précédée : c'est la période de formation de son histoire. Les implications d'une nouvelle étape dans la révélation de la volonté de Dieu sont invariablement malvenues pour les branches influentes de la société. Il en résulta souvent une persécution acharnée à l'encontre des adeptes de la nouvelle foi. Pendant le premier siècle et demi de sa vie, la Foi bahá'íe est passée par plusieurs périodes de telles oppressions.
Toutefois, ce qui caractérise essentiellement la Foi bahá'íe, c'est son unité. Elle a su résister à la tentation de se diviser en sectes et sous-groupes. Elle a maintenu son unité malgré une histoire aussi tourmentée que celle de n'importe quelle religion du passé.

(La Foi Bahá'íe, p.7)


2.2. Figures centrales

2.2.1. LE BÁB

Le début du XIXe siècle a été une période d'attente messianique dans de nombreux pays. Profondément troublés par les implications de la recherche scientifique et de l'industrialisation, les croyants les plus sincères de diverses religions se penchaient sur les Écrits sacrés de leur propre religion pour essayer de comprendre l'accélération du changement.
En Europe et en Amérique, des groupes comme les membres de la Société du Temple ou les adeptes de William Miller croyaient trouver dans les écritures chrétiennes des preuves de la fin des temps et du retour de Jésus-Christ. Un même esprit soufflait au Moyen-Orient où on pensait imminent l'accomplissement des différentes prophéties du Coran et des traditions islamiques.
En Iran, est apparu le plus spectaculaire de ces mouvements. Il était centré sur la personne et les enseignements d'un jeune marchand de Chiraz, que l'histoire a retenu sous le nom du Báb. De 1844 à 1863, des Persans issus de toutes les classes sociales ont été emportés dans un tourbillon d'espoir et d'enthousiasme suscité par l'annonce faite par le Báb que le jour de Dieu était arrivé et qu'il était lui-même, celui promis dans les textes saints islamiques. L'humanité, disait-il, était au seuil d'une ère nouvelle qui verrait tous les aspects de la vie se restructurer.
A certains égards, on peut comparer le rôle du Báb à celui de saint Jean Baptiste dans l'avènement du Christianisme. Le Báb était le héraut de Bahá'u'lláh. Sa mission essentielle était de préparer la venue de celui-ci. C'est pourquoi la fondation de la Foi bahá'íe et son objectif ont été accomplis en 1863 lorsque Bahá'u'lláh a proclamé qu'il était celui dont le Báb annonçait la venue.

a) Une religion indépendante

En même temps, le Báb a fondé une religion propre, distincte et indépendante. Connue sous le nom de Foi bábíe, cette religion a donné naissance à sa propre communauté, a eu ses propres textes et a marqué l'histoire de son empreinte indélébile.
La Foi bábíe a été fondée le 23 mai 1844 lorsqu'un marchand de la ville de Chiraz, âgé de 25 ans, annonça qu'il était le Qa'im promis par l'Islam, "Celui qui se lèvera". Bien que son nom fut Siyyíd 'Ali-Mohammad, il prit le nom de "Báb" qui signifie, en arabe, "Porte". Sa venue, explique le Báb, représentait la porte par laquelle arriverait bientôt le messager universel de Dieu attendu de tous.
L'histoire rapporte que le Báb était un enfant extraordinaire. Né le 20 octobre 1819, il possédait une sagesse et une finesse surprenantes qui rappellent les épisodes que l'on rapporte sur Jésus. A l'âge adulte, le Báb rejoignit son oncle dans le négoce familial. Son intégrité et sa piété lui valurent l'estime des autres marchands avec lesquels il entrait en contact. Il était connu également pour sa générosité envers les pauvres.
Après la déclaration de sa mission, le Báb attira rapidement des adeptes et le nouveau mouvement religieux se répandit en Iran comme une traînée de poudre. Ce succès suscita hostilités et persécutions - en particulier de la part des autorités religieuses qui voyaient leur pouvoir et leur prestige menacés. Le Báb fut ainsi à plusieurs reprises emprisonné.
Son oeuvre principale, le Bayán, abrogeait certaines lois islamiques qu'il remplaçait par de nouvelles. Le Bayán insiste sur les valeurs morales et surtout sur la pureté de coeur et d'intention. Le rang des femmes y est rehaussé et la dignité rendue aux pauvres: enfin l'éducation et les sciences utiles sont encouragées et valorisées.
Le thème central du Bayán est l'imminence de la venue d'un deuxième messager de Dieu qui serait beaucoup plus grand que le Báb et dont la mission serait d'annoncer l'ère de paix et de prospérité promise depuis si longtemps par l'Islam ainsi que par le Judaïsme, le Christianisme et d'autres religions.

b) Persécutions et exécutions

Les coeurs et les esprits de ceux qui ont alors entendu le message du Báb étaient fermés par un mode de pensée qui avait peu changé depuis le Moyen Âge. Ainsi, en proclamant une religion totalement nouvelle, le Báb a pu aider ses disciples à se libérer entièrement du cadre islamique et à se préparer à la venue de Bahá'u'lláh.
L'audace de cette proclamation - qui donne la vision d'une société entièrement nouvelle- a effrayé les autorités religieuses et séculières qui, très vite, ont persécuté les bábís. Les opposants du Báb l'accusaient d'être non seulement un hérétique mais aussi un rebelle dangereux. Les autorités décidèrent donc de le mettre à mort.
Le 9 juillet 1850, cette condamnation fut exécutée dans la cour de la caserne de Tabriz. Environ 10 000 personnes s'étaient massées sur les toits des bâtiments et des maisons autour de la cour. Le Báb et un jeune disciple étaient suspendus par deux cordes contre un mur. Un régiment d'environ 750 soldats arméniens, disposés en trois rangées de 250 hommes chacune, ouvrirent le feu à trois reprises. La fusillade était si dense, rapporte-t-on, que le ciel était noir et la cour plongée dans l'obscurité.
Comme en témoignent les archives du ministère des Affaires étrangères britannique, lorsque la fumée se fut dissipée, le Báb avait disparu. Son compagnon se tenait là debout, indemne, épargné par les balles. Les cordes auxquelles ils avaient tous deux été attachés n'étaient plus que des lambeaux.
Le Báb fut retrouvé dans sa cellule donnant des instructions à l'un des adeptes. Au lever du jour, lorsque les gardes étaient venus le chercher pour l'exécution, il leur avait dit qu'aucune "puissance terrestre" ne pourrait le réduire au silence avant qu'il n'ait dit ce qu'il avait à dire. Lorsque les gardes vinrent donc la seconde fois, il leur annonça calmement: "Vous pouvez maintenant accomplir votre besogne."
Pour la deuxième fois, le Báb et son jeune compagnon furent donc conduits devant le peloton d'exécution. Les Arméniens refusant de tirer une seconde fois, on confia la tâche à des tireurs musulmans. Cette fois, les corps des deux hommes s'effondrèrent, os et chair confondus. Curieusement, leur visages étaient intacts.

(Les Bahá'ís, pp. 18-19)


2.2.2. BAHÁ'U'LLÁH

Bahá'u'lláh, dont le nom, en arabe, signifie "La Gloire de Dieu" est né le 12 novembre 1817 à Téhéran. Fils d'un ministre aisé, Mirzá Buzurg-i-Núrí, il s'appelait de son vrai nom Hussayn-'Ali et ses ancêtres remontaient aux grandes dynasties de l'Iran impérial. Jeune homme, Bahá'u'lláh mène une vie princière, recevant une éducation essentiellement axée sur l'équitation, l'escrime, la calligraphie et la poésie classique.
En octobre 1835, Bahá'u'lláh épouse Ásíyih Khánum, fille de noble. Ils ont eu trois enfants: un fils, 'Abdu'l-Bahá, né en 1844, une fille Bahíyyih, née en 1846 et un fils, Mihdí, né en 1848.
Bahá'u'lláh refuse la carrière ministérielle qui lui était ouverte et préfère consacrer son énergie à diverses actions humanitaires qui lui ont valu le nom de "Père des pauvres". Cette existence privilégiée prend rapidement fin après 1844, lorsque Bahá'u'lláh devient l'un des chefs de file du mouvement bábí.
Précurseur de la Foi bahá'íe, le mouvement bábí a balayé l'Iran comme un ouragan et a déclenché de violentes persécutions de la part des autorités religieuses. Après l'exécution de son Fondateur, le Báb, Bahá'u'lláh est arrêté et emmené à Téhéran, pieds et cou enchaînés. Des membres influents de la cour et du clergé réclamaient la peine de mort. Mais Bahá'u'lláh, que sa réputation personnelle, la position sociale de sa famille et les protestations d'ambassades occidentales protégeaient, y échappe.
On le jeta dans la célèbre "Fosse noire" ou Siyáh-Chál, en persan. Les autorités espéraient qu'il y trouverait la mort. Au contraire, ce cachot devint le lieu d'une nouvelle révélation.
Pendant les quatre mois passés dans la "Fosse noire", Bahá'u'lláh réfléchit à l'étendue de sa mission. "Je n'étais qu'un homme comme les autres, endormi sur ma couche, lorsque le souffle du Tout-Glorieux est passé sur moi et m'a donné la connaissance de tout ce qui est..." "Cela ne vient pas de moi mais de Celui qui est Tout-Puissant et omniscient. Et il m'a enjoint d'élever la voix entre le Ciel et la Terre..."
Après avoir été libéré, Bahá'u'lláh est banni de son pays natal. Commencent alors pour lui quarante années d'exil, d'emprisonnement et de persécution. D'abord envoyé à Bagdád, il quitte cette ville au bout d'un an pour se retirer dans les montagnes sauvages du Kurdistan où il a vécu dans la solitude la plus complète, pendant deux ans. Il passe ce temps à réfléchir aux conséquences de la mission qui lui a été confiée. C'est une période qui rappelle les retraites des fondateurs des autres grandes religions du monde: les errances de Bouddha, les quarante jours et quarante nuits du Christ dans le désert et le repli de Mohammad dans la grotte du mont Hira.
En 1856, à la demande des bábís exilés, Bahá'u'lláh retourne à Bagdád. Sous sa direction, la communauté bábíe grandit et la réputation de Bahá'u'lláh en tant que chef spirituel se répand à travers la ville. Craignant que ce succès ne réveille en Perse l'enthousiasme populaire pour le mouvement, le gouvernement du sháh réussit à convaincre les autorités ottomanes de l'envoyer à nouveau en exil. En avril 1893, avant de quitter Bagdád, Bahá'u'lláh et ses compagnons campent dans un jardin sur les bords du Tigre du 21 avril au 2 mai.
Aux bábís qui l'entouraient, Bahá'u'lláh déclara qu'il était le Promis annoncé par le Báb - annoncé en fait par toutes les Écritures saintes du monde.
Le jardin est devenu célèbre sous le nom de jardin de Ridván qui signifie paradis, en arabe. L'anniversaire des douze jours que Bahá'u'lláh y a passés est célébré dans le monde bahá'í comme la plus joyeuse de toutes le fêtes.
Le 3 mai 1863, Bahá'u'lláh quitte Bagdád pour se rendre à Constantinople, la capitale impériale. Il est accompagné de sa famille et de compagnons choisis. Il était devenu immensément populaire et aimé. Des témoins oculaires ont décrit son départ de façon émouvante notant les larmes versées par bon nombre de personnes présentes et l'hommage qui lui a été rendu par les autorités.
Après quatre mois passés à Constantinople, Bahá'u'lláh est envoyé à Andrinople (l'Edirne actuelle) comme prisonnier politique; il y arrive le 2 décembre 1863. Au cours des cinq années qu'il y a passées, sa réputation n'a cessé de grandir, attirant le plus vif intérêt des savants, des hommes politiques et des diplomates. Au début de septembre 1867, Bahá'u'lláh a adressé une série de lettres aux dirigeants du monde de l'époque, entre autres Napoléon III, la reine Victoria, l'empereur Guillaume Ier, le tsar Alexandre II de Russie, l'empereur François-Joseph, le pape Pie IX, le sultan 'Abdul-Aziz et le dirigeant persan Nasirid-Din Sháh.
Dans ces lettres, Bahá'u'lláh proclame ouvertement sa position. Il parle de l'aube d'un nouvel âge, mais il prédit des bouleversements catastrophiques de l'ordre politique et social. Pour faciliter la transition, il prie instamment les dirigeants du monde de gouverner avec justice. Il lance un appel à la mobilisation en faveur du désarmement et demande aux autorités de se regrouper en une forme de confédération. Ce n'est qu'en luttant ensemble contre la guerre, dit-il, qu'une paix durable pourra être établie.
L'agitation continuelle des opposants pousse le gouvernement turc à envoyer les exilés à Saint-Jean-d'Acre, ville pénitentiaire située en Palestine ottomane. C'était le bout du monde, l'ultime destination des plus grands malfaiteurs, des bandits de grand chemin et des opposants politiques. Ceinte de remparts, ville aux rues sales et aux maisons humides et tristes, Saint-Jean-d'Acre n'avait pas de source d'eau potable et l'air y était si irrespirable que le dicton populaire prétendait que les oiseaux survolant la ville y trouvaient la mort.
C'est dans cet environnement que Bahá'u'lláh est arrivé avec sa famille le 31 août 1868, pour la dernière étape d'un long exil. Il devait passer à Saint-Jean-d'Acre et dans les environs le reste de sa vie, soit encore 24 ans. Enfermé tout d'abord dans la prison de la caserne, Bahá'u'lláh et ses compagnons furent ensuite transférés dans une maison exiguë à l'intérieur des remparts. Les exilés, montrés comme de dangereux hérétiques, se heurtaient à l'animosité des autres résidents de la ville. Les enfants eux-mêmes, lorsqu'ils s'aventuraient au dehors, étaient poursuivis et lapidés.
Avec le temps, l'esprit des enseignements de Bahá'u'lláh triompha du sectarisme et de l'indifférence. Plusieurs gouverneurs de la ville et membres du clergé, après avoir examiné le contenu des enseignements de cette Foi, en étaient même devenus de fervents admirateurs. Tout comme à Bagdád et à Andrinople, la personnalité morale de Bahá'u'lláh avait peu à peu forcé le respect et l'admiration.
C'est à Saint-Jean-d'Acre que Bahá'u'lláh a écrit la plus importante de ses oeuvres. Connu plus communément sous son nom persan de Kitáb-í-Aqdas (le livre le plus saint), ce libre esquisse les lois et principes essentiels que les disciples doivent observer et il pose les bases de l'administration bahá'íe.
Vers la fin des années 1870, Bahá'u'lláh est autorisé à se déplacer librement en dehors des remparts de la ville et ses disciples le rencontrent dans une paix et une liberté relatives. Il s'installe dans un manoir abandonné et peut se consacrer à l'écriture.
Le 29 mai 1892, s'achève la vie terrestre de Bahá'u'lláh. Sa dépouille repose dans une petite pièce non loin du manoir restauré connu sous le nom de Bahjí. Pour les bahá'ís c'est le lieu le plus saint qui existe sur la terre.

(Les Bahá'ís, pp.17-18, 20, 22-23)

2.3.2. 'ABDU'L-BAHÁ

Rétrospectivement, il apparaît clairement que dès le départ, Bahá'u'lláh, prophète fondateur de la Foi bahá'íe avait soigneusement préparé son fils à lui succéder. Celui-ci est né le 23 mai 1844, la nuit même de la déclaration du Báb. Enfant, il a souffert avec son père de la première série de persécutions contre les bábís.
'Abdu'l-Bahá avait huit ans lorsque Bahá'u'lláh a été jeté en prison. Il lui a rendu visite et a pu voir le collier de fer et les chaînes qui emprisonnaient son cou.
Plus tard, 'Abdu'l-Bahá est devenu le plus proche compagnon de son père et lui a rendu de nombreux services. Par exemple, il recevait les nombreux visiteurs qui venaient voir son père et le protégeait contre les importuns.
A Saint-Jean-d'Acre, alors que la quasi-totalité des bahá'ís souffraient de la typhoïde, du paludisme, et de la dysenterie, 'Abdu'l-Bahá les a lavés, soignés et nourris ne prenant aucun repos pour lui-même. Épuisé, il est tombé malade à son tour, se retrouvant dans un état critique près d'un mois.
Son abnégation, son érudition, sa grande humilité, ajoutées à l'admiration même de son père envers lui, valurent à 'Abdu'l-Bahá le titre de "maître" encore employé aujourd'hui lorsqu'on parle de lui.
Malgré la volonté explicite exprimée par Bahá'u'lláh dans son testament, certains parents envieux tentèrent de prendre la place de 'Abdu'l-Bahá après le décès de son père, essayant à plusieurs reprises de créer un courant séparé.
'Abdu'l-Bahá a également joué un rôle-clé dans l'explication de la vision planétaire de son père en des termes compréhensibles pour les Occidentaux; grâce à lui, la Foi bahá'íe, petit mouvement né au Moyen-Orient, est très vite devenue une religion mondiale.
Après le décès de son père, 'Abdu'l-Bahá est resté prisonnier de l'Empire ottoman. A travers ses lettres et un contact direct avec les premiers croyants occidentaux qui se rendaient en Palestine, il a contribué à la propagation de la Foi hors du Moyen-Orient.
Après la révolution des Jeunes Turcs, 'Abdu'l-Bahá a pu voyager. En août 1911, il a quitté la Terre sainte pour se rendre en Occident où il a séjourné quatre mois, notamment à Londres et à Paris. Il y a rencontré à nouveau les croyants occidentaux et donné chaque jour des conférences sur la Foi bahá'íe et ses principes.
Le printemps suivant, 'Abdu'l-Bahá entama un long voyage d'un an, à nouveau en Europe, puis aux États-Unis et au Canada. Ce voyage a considérablement renforcé la propagation de la Foi bahá'íe dans ces deux derniers pays.
Au cours de ses visites dans plus de 40 villes d'Amérique du Nord, il a été accueilli avec respect et enthousiasme, tant par les croyants que par le public. Ville après ville, il a été invité à parler dans des églises, des synagogues et devant des groupes et organisations.
En conséquence, la Foi bahá'íe est apparue comme une nouvelle force capable de transformer la société et d'apporter un nouveau souffle religieux. Le message de Bahá'u'lláh - avec son appel vigoureux en faveur d'une société humaine nouvelle et pacifique - a été proclamé dans le monde industrialisé et une nouvelle génération de croyants convaincus s'est manifestée.
'Abdu'l-Bahá a établi un plan pour l'internationalisation de la Foi. Dans une série de lettres adressées aux croyants d'Amérique du Nord, il leur a demandé de se disperser à travers le monde pour répandre la Foi bahá'íe et ses principes.
A la déclaration de la Première Guerre mondiale, 'Abdu'l-Bahá était de retour en Terre Sainte. Dans ses messages à l'Occident, il a lancé un avertissement contre la future conflagration en revenant constamment sur la nécessité d'établir une sorte de fédération mondiale pour prévenir une telle guerre.
Pendant la guerre, 'Abdu'l-Bahá a passé son temps à appliquer les principes défendus par son père et par lui-même. Par exemple, il a organisé personnellement près de Tibériade un vaste projet de développement agricole qui a fourni une importante récolte de blé à la région et a empêché la population de mourir de faim. Pour son action, 'Abdu'l-Bahá a été nommé Chevalier par le gouvernement britannique après la guerre.

(Les Bahá'ís, pp. 50, 51, 52, 54)


2.3. Le gardiennat

S2.3.1. HOGHI EFFENDI

'Abdu'l-Bahá, fils de Bahá'u'lláh, prohète fondateur de la Foi bahá'íe, désigne le plus âgé de ses petits-fils, Shoghi Effendi Rabbaní pour lui succéder comme Gardien de la Foi bahá'íe. Le Gardiennat était une institution prévue par Bahá'u'lláh.
Dans cette institution, Shoghi Effendi faisait autorité comme interprète des enseignements bahá'ís.
Né à Saint-Jean-d'Acre le 1er mars 1897, Shoghi Effendi a passé une bonne partie de sa petite enfance sur les genoux de 'Abdu'l-Bahá. Il a suivi les cours de l'université américaine de Beyrouth puis ceux de l'université d'Oxford où il a acquis une parfaite maîtrise de la langue anglaise et de la culture occidentale.
Pendant le ministère de Shoghi Effendi, la Foi bahá'íe est véritablement devenue une religion mondiale. Lorsque 'Abdu'l-Bahá est décédé en 1921, il y avait 100 000 bahá'ís. La plupart d'entre eux vivaient en Iran ou dans d'autres pays du Moyen-Orient. Une poignée de disciples vivait en Inde, en Europe et en Amérique du nord - 35 pays en tout. Environ 36 années plus tard, au moment du décès de Shoghi Effendi en 1957, le nombre de bahá'ís était passé à 400 000 environ résidant dans plus de 250 pays, territoires ou colonies.
Dans ses lettres, Shoghi Effendi donne également des orientations concernant le système d'élections et de prise de décision collégiale qui est devenu l'une des caractéristiques de la Foi bahá'íe. Il a écrit des lettres aux nouvelles institutions bahá'íes pour leur expliquer les implications des enseignements de Bahá'u'lláh sur des questions se rapportant aussi bien à la vie de la famille qu'à l'organisation du monde. Il explique les relations de la Foi bahá'íe avec les autres religions et doctrines. Sa pensée lucide et pénétrante fait en outre le point sur la position particulière des bahá'ís sur la morale, la théologie et l'histoire.
L'aspect peut-être le plus important des lettres de Shoghi Effendi - pour ce qui est de la croissance de la Foi bahá'íe - est qu'elles ont été pour le monde bahá'í une source constante d'encouragement et d'appui. Bien que la Foi bahá'íe soit aujourd'hui largement respectée, devenir bahá'í c'était, dans les années 1930, 1940, ou 1950, s'exposer à la suspicion et au ridicule.
La vision claire qu'a eue Shoghi Effendi de la Foi bahá'íe en tant que révélation de Dieu et sa certitude de son triomphe ultime ont fortifié une génération de croyants qui, bien que peu nombreux, ont réussi à propager le message de Bahá'u'lláh dans tous les coins du monde.

(Les Bahá'ís, pp. 56-57)


2.4. Maison Universelle de Justice

Au moment du décès de Shoghi Effendi, en 1957, le développement de la communauté mondiale bahá'íe était assez avancé pour permettre l'élection de la Maison Universelle de Justice, autorité législative prévue par Bahá'u'lláh.
Pour les bahá'ís, l'établissement tant attendu de la première Maison Universelle de Justice, le 21 avril 1963, représentait un événement capital. Elle avait été conçue par Bahá'u'lláh qui affirmait qu'elle serait infailliblement guidée par Dieu dans ses décisions.
Les neuf membres choisis cette année-là à scrutin secret étaient originaires de quatre continents, de trois grandes religions (juive, chrétienne et musulmane) et de diverses ethnies. Depuis, les élections de la Maison Universelle de Justice on t lieu tous les cinq ans.
En tant qu'institution suprême de la Foi bahá'íe, la Maison Universelle de Justice a pris en main la croissance et le développement de la communauté mondiale bahá'íe en lançant une série de plans; chacun s'étalant sur cinq à neuf ans et proposant divers objectifs pour l'expansion et la reconnaissance des bahá'ís.

(Les Bahá'ís, p. 57)

3. Administration

3.1. Introduction

De plus en plus de personnes se demandent quelle forme de gouvernement est encore viable aujourd'hui. En marge du débat, la communauté mondiale bahá'íe propose une solution originale. Conformément au cadre administratif fixé par Bahá'u'lláh, elle gère ses affaires en s'appuyant sur un système d'assemblées librement élues qui bousculent les idées reçues en matière de démocratie et de possibilité d'atteindre une vraie justice.
Le système combine les meilleurs éléments d'une démocratie de base à une coordination rendue opérationnelle à l'échelle planétaire. Il encourage la sélection de dirigeants intègres et prévoit un système de contrôle qui évite la corruption. Ses principes de base établissent un équilibre original entre la liberté individuelle et le bien-être collectif.
Bien que sous de nombreux aspects ce système soit semblable à d'autres systèmes d'élection, d'administration et d'organisation démocratiques, il apparaît globalement très différent. Le processus d'élection, par exemple, exclut toute sorte de campagnes ou de candidatures. Pourtant, il offre à chaque électeur la possibilité la plus large possible de choisir son candidat.
La prise de décision au sein des Assemblées bahá'íes est également particulière; il n'y a pas d'attaque de l'"adversaire" mais une recherche du consensus qui met d'accord les divers protagonistes au lieu de les diviser..
En fait, l'identité de la croyance et de la pratique bahá'íes tient autant dans la certitude de l'existence d'un plan divin pour l'administration de cette Foi que dans ses doctrines spirituelles et sociales. Ce système d'organisation est appelé "l'Ordre administratif". Il est considéré à la fois comme un système d'administration des affaires de la Foi elle-même et comme un système d'avenir pouvant être facilement adopté par d'autres formes d'administration et d'organisation.
Fondé sur un ensemble de principes communs en matière électorale et de prise de décisions, le système est organisé autour d'Assemblées librement élues aux niveaux local, national et international. Cette hiérarchie confie le pouvoir de décision au niveau le plus bas possible - et constitue ainsi un véhicule unique pour la démocratie tout en assurant un degré de coordination et d'autorité débouchant sur la coopération à l'échelle mondiale.


(Les Bahá'ís, p. 41)

3.2. Assemblée Spirituelle Locale

FONCTIONNEMENT - L'Ordre administratif bahá'í repose sur l'Assemblée spirituelle locale, élue chaque année dans toute communauté comptant au moins neuf bahá'ís adultes. Il est intéressant de décrire d'une façon quelque peu détaillée le fonctionnement de l'Assemblée spirituelle locale car elle présente des caractéristiques qui se retrouvent aux niveaux national et international.
Le champ d'action de l'Assemblée spirituelle locale est défini par les frontières municipales établies par le gouvernement. En d'autres termes, tous les bahá'ís qui vivent dans la circonscription d'un village, d'une ville, d'une métropole, d'une paroisse ou d'un district particuliers sont considérés comme relevant de la juridiction de l'Assemblée spirituelle locale de cette circonscription.
L'Assemblée spirituelle locale est élue chaque année à scrutin secret. En avril, tous les bahá'ís adultes de la communauté se rassemblent pour procéder à l'élection. En cas d'empêchement, ils sont invités à donner leur vote par correspondance.
A l'heure actuelle, les Assemblées spirituelles locales gèrent toute une série d'activités qui constituent l'essence de la vie communautaire bahá'íe: éducation des enfants, services d'entraide, classes, discussions, manifestations sociales, célébration des jours saints, mariages, divorces et services funéraires. Nombre d'Assemblées spirituelles locales s'occupent également de petits projets de développement dans les domaines de l'éducation, de l'économie, ou de l'environnement.

ÉLECTION - Après un moment de prière et de recueillement, les participants écrivent les noms des neuf personnes qui leur semblent les plus qualifiées pour administrer les affaires de la communauté.
Les qualités que doivent posséder ces individus sont clairement énoncées dans les Écrits de Bahá'u'lláh. Les électeurs ne doivent inscrire que "les noms de ceux qui au mieux peuvent cumuler les qualités indispensables de loyauté à toute épreuve, de dévouement désintéressé, d'esprit large, de raisonnement clair, de savoir-faire reconnu et de mûre expérience".
L'aspect le plus surprenant de ce processus est l'absence de liste électorale - ou d'un système quelconque de candidature. En effet, chaque adulte de la communauté bahá'íe peut être élu à l'Assemblée spirituelle locale.
Pour être élu, il n'est pas nécessaire de recueillir la majorité; ce sont les neuf individus qui ont enregistré le plus grand nombre de voix qui sont sélectionnés. Comme tout le monde est éligible, l'élection peut se faire en conscience dans une totale liberté de choix.
Ceux dont la maturité, l'expérience et l'humilité sont reconnues sont donc plus susceptibles d'être élus que ceux qui pourraient tirer vanité de cette élection ou administrer les affaires pour leur propre profit.
Bien que ce système soit tout à fait original, il est, en pratique, étonnamment efficace. Le principe du système électoral bahá'í est de mettre sur le devant de la scène des responsables désintéressés, possédant des capacités intellectuelles et une certaine sagesse.

(Les Bahá'ís, p. 42)


3.3. Assemblée Spirituelle Nationale

FONCTIONNEMENT - Les conseils administratifs nationaux, connus sous le nom d'Assemblées spirituelles nationales, se forment dès qu'il existe une base suffisante de communautés bahá'íes locales dans un pays ou un territoire donné.
En conséquence, le nombre des Assemblées spirituelles nationales a augmenté en même temps que la Foi s'est développée. En 1954, par exemple, il n'y avait que 12 Assemblées spirituelles nationales. En 1992, on en comptait 165 dans le monde, c'est-à-dire dans presque chaque pays.
De même que les hommes et les femmes qui travaillent pour les Assemblées spirituelles locales s'occupent des affaires de la communauté d'une localité municipale, de même les Assemblées spirituelles nationales sont chargées de l'orientation et la coordination des activités bahá'íes dans un pays donné. Leurs tâches vont de la mise en oeuvre et de l'administration de projets de développement économique et social de grande envergure à l'édition de livres, l'entretien des relations avec leurs gouvernements nationaux respectifs et la coordination de la collaboration avec d'autres groupes religieux et organisations non gouvernementales.

ÉLECTION - Les élections des Assemblées spirituelles nationales se déroulent selon le même principe que les Assemblées spirituelles locales. Les candidatures sont interdites, ainsi que les campagnes électorales; on tient compte des qualités morales et ce sont les hommes et les femmes qui ont recueilli le plus de voix qui sont élus.
Ici, cependant, les électeurs sont délégués à une Convention nationale et ils peuvent voter pour tout adulte bahá'í résidant dans le pays. Ces délégués sont choisis chaque année à scrutin secret par les adultes bahá'ís qui résident dans une unité électorale bien définie, mais représentant tout le pays.


(Les Bahá'ís, p. 44)


3.4. Maison Universelle de Justice

FONCTIONNEMENT - A la tête de la structure administrative bahá'íe se trouve la Maison Universelle de Justice.
Bahá'u'lláh lui-même a institué la Maison Universelle de Justice laquelle occupe un rang unique dans l'ordre administratif bahá'í. Les bahá'ís pensent que ses décisions en matière spirituelles sont infailliblement guidées par Dieu.
La Maison Universelle de Justice est habilitée à légiférer sur toutes les questions que Bahá'u'lláh lui-même n'a pas traitées. Si par exemple le développement d'une nouvelle technologie pose un problème moral inconnu du temps de Bahá'u'lláh, il incombe à la Maison Universelle de voir comment résoudre la question. Les bahá'ís croient donc que la Foi bahá'íe continuera à être guidée par Dieu jusqu'à la prochaine Manifestation qui, selon Bahá'u'lláh, ne devrait pas se produire avant au moins mille ans.
Il est intéressant de noter que, comme les membres des Assemblées nationales et locales, les membres de la Maison Universelle de Justice n'ont aucun pouvoir ni autorité propres - aussi respectés et honorés soient-ils en tant qu'individus. Ce n'est que lorsqu'ils sont ensemble, officiellement réunis en tant que Maison Universelle de Justice, qu'ils sont considérés comme recevant l'inspiration divine. Le culte de la personnalité est ainsi évité.

ÉLECTION - Composée de neuf membres, la Maison Universelle de Justice est élue tous les cinq ans par l'ensemble des conseils administratifs nationaux appelés les membres des Assemblées spirituelles nationales qui gouvernent le monde bahá'í.
Le processus d'élection est le même que pour les Assemblées locales et nationales; il n'y a pas de candidature et les campagnes électorales sont interdites; les neuf personnes qui obtiennent le plus grand nombre de voix sont élues. Comme pour les élections locales et nationales, les électeurs ne doivent prendre en compte que les individus dont les qualités intellectuelles et spirituelles sont reconnues.
Le processus d'élection est l'expression vivante des idéaux démocratiques. Tout en étant une institution internationale, la Maison Universelle de Justice est étonnamment proche de la base de la communauté. L'élection finale n'est qu'au troisième degré par rapport à l'électeur de base: tout adulte bahá'í peut participer à l'élection d'un ou plusieurs délégués de "son unité électorale"; à leur tour, ces délégués élisent les membres de leurs Assemblées spirituelles nationales qui élisent enfin la Maison Universelle de Justice.

(Les Bahá'ís, pp. 45-46)


3.5. Conseillers

Dans tout le système administratif bahá'í, l'accent est mis sur le groupe par opposition au pouvoir individuel. Les individus ne cherchent pas à imposer une politique ou des règles aux institutions bahá'íes. Les conseils administratifs, appelés Assemblées spirituelles peuvent, le cas échéant, déléguer des responsabilités spécifiques.
Toutefois, une élite d'individus est choisie pour ses capacités et son expérience. Ces personnes jouent un rôle spécial dans les idées et les conseils qu'elles apportent à la communauté.
Bien qu'elles n'aient pas de pouvoir de décision, leurs idées et leurs points de vue sont souvent recherchés par les organes de décision élus.
Au premier plan figurent les "Mains de la Cause". Cette appellation a été donnée à quelque 47 personnalités dans l'histoire de la Foi bahá'íe; elles ont toutes été désignées par Bahá'u'lláh ou par Shoghi Effendi. Trois d'entre elles vivent encore en 1993 mais on ne peut plus en désigner.
En 1968, la Maison Universelle de Justice, l'institution suprême de la Foi bahá'íe a désigné un certain nombre de personnes expérimentées et mûres sur le plan spirituel comme "Conseillers continentaux" de manière à assurer la continuité des fonctions des Mains de la Cause. Nommées pour cinq ans, elles coordonnent leurs activités par la biais de Bureaux continentaux. Le travail de ces derniers - qui comprennent les Conseillers résidant dans une région continentale spécifique - est coordonné à son tour par un organisme connu sous le nom de Centre international d'enseignement. Situé à Haïfa, en Israël, les membres du Centre comprennent toutes les Mains de la Cause et un certain nombre de Conseillers. Les Conseillers continentaux désignent des auxiliaires et assistants chargés de stimuler et conseiller les communautés bahá'íes aux niveaux régional et local. Il existe dans le monde 81 Conseillers.

(Les Bahá'ís, p. 45)



4. Nouvel ordre mondial

4.1. Introduction

Pour les bahá'ís, l'expression, "nouvel ordre mondial" a une signification particulière bien précise. Il y a plus de cent ans Bahá'u'lláh l'a évoqué pour définir une série de changements importants dans la vie politique, sociale, et religieuse du monde. "Les signes de bouleversements et de chaos imminents sont aujourd'hui visibles, étant donné que l'ordre présent paraît lamentablement défaillant", a-t-il écrit. "Le jour approche où l'actuel ordre des choses sera renversé et un nouvel ordre se dressera à la place." Les bahá'ís pensent que les changements et les bouleversements fantastiques de ce dernier siècle - et que nous continuons d'observer - ont été provoqués par la venue d'un nouveau Messager de Dieu et éclairés par la lumière d'une nouvelle Révélation. On pourrait considérer cette affirmation comme un raccourci audacieux né d'une croyance aveugle. Et pourtant, si Dieu existe et si Son représentant est venu sur terre il y a un siècle, les conséquences devraient effectivement se faire sentir bien au-delà de l'horizon de Sa présence immédiate.
Ainsi, pour les bahá'ís, le concept d'un nouvel ordre mondial signifie un peu plus qu'une simple réorganisation politique, la proclamation visionnaire de quelques dirigeants du monde ou la construction rationnelle de quelques universitaires. Il s'agit plutôt d'un "étonnant système" esquissé par Bahá'u'lláh qui représente l'application intégrale de ses principes et de ses enseignements. Le nouvel ordre mondial, comme la Foi bahá'íe elle-même, couvre toutes les activités humaines, depuis le domaine social et politique jusqu'aux relations quotidiennes qui marquent notre vie personnelle, culturelle, spirituelle, économique et sociale. C'est une réorganisation externe et interne. Cette vision grandiose est à la fois ce à quoi les bahá'ís travaillent et ce qu'ils considèrent comme imminent. Elle est, par essence, l'accomplissement de la vision d'Isaïe dans la Bible, le temps où les nations "changeront leurs épées en charrues et leurs lances en serpettes..., et n'apprendront plus à se faire la guerre". C'est le sens de la prière des Chrétiens qui, depuis des siècles récitent le Notre père attestant la venue du Règne de Dieu : "Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel."
La promesse islamique de voir la lumière de la justice de Dieu se répandre un jour sur la terre tout entière "où tu ne verras ni gouffres, ni aspérités" vise le même objectif. On aperçoit aujourd'hui les germes de cette transition dans les changements et les bouleversements qui annoncent ce nouvel ordre mondial ; l'émergence de cet ordre est visible de mille façons: la lutte séculaire pour l'égalité des hommes et des femmes, pour le renforcement de la justice économique et l'élimination des différences habituelles de richesse et de classe et enfin pour l'interdépendance mondiale. Bahá'u'lláh a prévu toutes ces tendances. Il a parlé de l'imminente transformation de l'humanité et promulgué un ensemble de principes et de règlements destinés à promouvoir le progrès social au cours de cette ère nouvelle. Le nouvel ordre mondial ne peut se construire que sur la compréhension profonde de la réalité spirituelle de l'humanité - réalité qui est l'essence même de notre nature. C'est le monde spirituel qui est la source des qualités humaines qui engendrent l'unité et l'harmonie, nous donnent notre capacité d'intuition et de compréhension et nous permettent de mener à bien des entreprises de coopération.
Il est peut-être plus facile de comprendre l'interaction entre les qualités spirituelles et le développement social en rappelant comment les précédents grands maîtres religieux ont guidé l'humanité dans le passé. Le code moral des Dix commandements trouvant son expression dans presque toutes les traditions religieuses, sert d'exemple à ces enseignements religieux en même temps que d'orientation morale et d'invitation à l'accomplissement spirituel. Ils ont imprégné la conscience humaine et partout restructuré les cultures. Même pour un non-croyant, la valeur de ces enseignements est évidente. Dans le passé, ces enseignements spirituels ont essentiellement porté sur les actions individuelles - ou sur la cohésion de groupes relativement restreints d'individus. De même la morale visait essentiellement le comportement de l'individu / Tu ne voleras pas ; tu ne mentiras pas ; tu aimeras ton prochain.
Aujourd'hui, nous comprenons que la spiritualité doit englober non seulement la vie privée et en groupe mais aussi le progrès collectif de l'humanité dans son ensemble. En fait, ce n'est que parce que la race humaine est enfin arrivée à sa majorité que les prophéties mythiques d'une ère de paix et de justice peuvent s'accomplir.
La message essentiel de Bahá'u'lláh est un appel à l'unité qui s'adresse au monde entier : "Que votre vision englobe le monde au lieu de se confiner à vous-mêmes." Un siècle après sa mort, cet appel commence à se faire entendre dans une communauté qui représente un microcosme de la race humaine et qui est établie dans tous les coins du globe.

(Les Bahá'ís, pp. 73-74, 77)


4.2. Point de vue bahá'í

4.2.1. LE RÔLE DE L'INDIVIDU

A la base des enseignements de Bahá'u'lláh on trouve sa vision de la nature et du rôle de l'individu. La nature humaine comporte essentiellement deux dimensions. Celle de l'être physique d'une part, composé d'instincts de survie et d'un besoin d'acquérir ce qui est nécessaire à la vie. De l'autre, celle qui, par ses qualités, différencie la race humaine de toutes les autres formes de vie et qu'on peut appeler l'esprit humain qui sait transcender "ici et maintenant" et s'exprime par sa préoccupation pour le bien-être collectif et par le besoin de trouver un sens à la vie qui dépasse l'existence physique. Le rôle de l'individu est de développer cette dimension noble et de participer ainsi collectivement à "l'avancement d'une civilisation toujours en progrès".
Ce principe implique principalement une attitude face au travail qui, s'il est effectué dans un esprit de service est élevé au rang de prière. Sans cette attitude, le travail devient une corvée, une fonction utilitaire, un simple moyen de gagner sa vie, d'acquérir des possessions ou le pouvoir. Ce qui donne un sens au travail c'est l'esprit de service à l'humanité, symbolisé sur le lieu de travail par le "consommateur", qu'il soit interne ou externe. Cette vision positive du consommateur crée dévouement et créativité. Cette attitude permet aussi d'apprécier à sa juste valeur le rôle social de l'artisan et de l'ouvrier. Elle permet enfin de reconnaître que chaque membre d'une équipe contribue d'une manière importante à l'ensemble. Encourager une telle attitude est au centre des pratiques de management telle que :
le renforcement positif, la répartition du pouvoir, les équipes autonomes et l'enrichissement du poste de travail.
Cette attitude noble donne de la dignité à l'entreprise, libère le désir pour une action de qualité et motive la recherche de l'excellence.

a) Création de richesses

S'il est évident que la création de plus de richesses est la fondation de toute l'amélioration du bien-être matériel de la société, il est important néanmoins de distinguer entre la création de vraies richesses et une simple accumulation (de ces richesses). La première se produit lorsqu'une entreprise crée un nouveau produit ou un service pour le bénéfice des membres de la société, parce qu'il satisfait un besoin, qu'il crée du travail ou qu'il développe une activité économique. La seconde n'est pas nécessairement le fruit d'une vraie production mais il peut n'être que le résultat d'une manipulation financière qui distribue la richesse à ceux qui sont déjà riches.
Les écrits bahá'ís ne condamnent pas la richesse personnelle. Au contraire, ils soulignent la nécessité d'être récompensé selon ses efforts et son mérite : les êtres humains sont amenés à "gagner leur vie par un métier". Mais les excès de richesse et de pauvreté sont condamnés comme symptômes d'injustice sociale. L'humanité est appelée à "être généreuse dans la prospérité", c'est-à-dire que par l'utilisation même de la richesse, par son partage volontaire et par la manière de la dépenser notre nature noble peut réussir son développement humain. Donc loin de condamner le processus de création de richesses, les écrits bahá'ís le considèrent comme le moyen d'éliminer la pauvreté et d'assurer le bien-être des plus démunis de la société, d'encourager les arts et les sciences. Ainsi, la civilisation peut progresser et une société équitable s'établir. La motivation par le profit ne doit donc pas être supprimée mais encadrée par des valeurs morales.

b) Le partage des bénéfices

Que ceux qui travaillent pour le succès d'une organisation participent, dans une certaine mesure, aux profits générés par leurs efforts, est un autre principe bahá'í. Au-delà d'une justice évidente, le partage des bénéfices engendre un sentiment de loyauté et d'appartenance qui contribue au plus grand bien des entreprises qui sont engagées dans cette voie, ainsi que la pratique l'a déjà amplement démontré.
En se généralisant, le partage des bénéfices aura l'effet subsidiaire de réduire la tension entre le patronat et les employés, ce qui conduira à réduire les conflits et les grèves. Distribuer les fruits d'une entreprise à tous ceux qui y sont impliquée crée l'harmonie, la satisfaction et la compréhension. En conjonction avec les principes de la "consultation", le partage des bénéfices provoquerait une amélioration très importante des relations humaines dans l'industrie.

(Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, pp. 5-7)


4.2.2. VERS UNE TRANSFORMATION GLOBALE DE L'HUMANITÉ

A la veille du troisième millénaire, le genre humain se voit confronté à l'impérieuse nécessité de trouver une approche cohérente et harmonieuse de la nature de l'homme et de la société. Dans son empressement à répondre à cette exigence, notre monde a été ébranlé, depuis un siècle, par une succession de bouleversements idéologiques qui semblent maintenant s'essouffler.
La passion investie dans cette recherche acharnée témoigne, malgré ses résultats décevants, de l'intensité de l'aspiration. Mais sans une certitude partagée quant au sens et à la finalité de l'histoire des hommes, on ne peut espérer jeter les bases d'une société mondiale dans laquelle chaque être humain pourrait pleinement s'engager.
Telle est, selon les bahá'ís, la vision développée dans les Écrits de Bahá'u'lláh, qui exercent une influence décisive sur la physionomie des communautés bahá'íes et leur développement futur.
Bahá'u'lláh naquit en Perse, au sein d'une famille noble, le 12 novembre 1817. Jeune homme, il choisit d'abandonner une vie fortunée et privilégiée afin d'accomplir sa mission, celle d'apporter au monde une nouvelle révélation religieuse -mission comparable à l'oeuvre de Bouddha, du Christ, de Mohammad et des autres fondateurs de systèmes religieux indépendants.
Dans le corps de ses Écrits, révélés au cours d'exils successifs qui ont duré quarante ans, Bahá'u'lláh appela à une restructuration complète de l'ordre social du monde, touchant tous les aspects de la vie, de la moralité individuelle à l'économie et au gouvernement, du développement communautaire à la pratique religieuse.
Dans ses Écrits, Bahá'u'lláh stipule que l'humanité est une seule et même race et que le jour est maintenant venu de son unification en une société globale. Par un processus historique irrésistible représentant l'expression de la volonté divine, les barrières traditionnelles de race, de croyance, de classe, de foi et de nation, sont en train de s'écrouler. Ces forces, dit Bahá'u'lláh, donneront naissance à une nouvelle civilisation universelle. Actuellement, le défi principal pour les peuples de la terre est d'accepter le fait de leur unicité et d'oeuvrer à la création d'une civilisation mondiale unifiée.
Bahá'u'lláh exposa certains principes fondamentaux sur lesquels devrait reposer une telle civilisation. Ces principes, dont plusieurs ont été esquissés dans ces pages, comprennent notamment l'élimination de toutes les formes de préjugé ; l'égalité totale entre les hommes et les femmes ; la reconnaissance de l'unité fondamentale des grandes religions du monde ; la suppression des extrêmes de pauvreté et de richesse ; l'éducation universelle ; des normes élevées de comportement moral ; l'harmonie entre la science et la religion ; un équilibre durable entre la nature et la technologie ; enfin, l'établissement d'un système fédéral mondial basé sur la sécurité collective et sur l'unité de l'humanité.
Ce qui est peut-être le plus extraordinaire dans la vision de Bahá'u'lláh c'est qu'elle prédit si exactement les problèmes cruciaux auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui. Les principes énumérés plus haut, couvrant ce qui est lié au rôle des femmes, les relations interraciales, la justice en matière d'économie, la préservation de l'environnement et l'ordre mondial, ont été à l'ordre du jour des évènements sociaux et politiques des cents dernières années et ont inspiré les mouvements les plus dynamiques de ce siècle. Ces principes continuent de demeurer les questions les plus urgentes auxquelles le monde doit faire face.
Aucun futurologue, visionnaire ou prophète n'a jamais prédit avec autant de précision les situations critiques du futur. Un siècle après leur révélation par Bahá'u'lláh, les problèmes soulevés n'ont rien perdu de leur pertinence, ils s'imposent toujours davantage à l'attention des hommes et ce sont eux qui domineront notre vie collective dans les prochaines décennies.
La vision nouvelle exposée par Bahá'u'lláh quant à la nature de l'homme et à la société constitue, plus encore que son programme social, un réel défi. En effet, même si l'humanité a commencé à adopter, d'elle-même, les principes sociaux préconisés par Bahá'u'lláh, elle demeure dans l'incertitude quant à l'évolution générale de la civilisation.
Malgré les grandes promesses de la science et de la technologie, malgré les éclairages apportés par les théories psychologiques et sociologiques contemporaines et, plus spécialement peut-être, malgré les grands mouvements sociaux et politiques et les idéologies des cents dernières années, il est de plus en plus évident que, toutes seules, ces nouvelles formes de connaissance ne suffiront pas à redresser le destin déclinant de la grande masse de l'humanité ni à étancher la soif individuelle pour une explication du sens de la vie alors que les anciennes traditions sont écartées.
L'élément manquant, explique Bahá'u'lláh, est que ces tendances modernes ne sont pas reliées aux éléments les plus profonds de la nature humaine -d'éléments qui sont intrinsèquement d'ordre spirituel. En ignorant sciemment des aspects essentiels de la réalité de l'homme, la plupart des efforts actuels en matière sociale n'ont pas su puiser dans la force inspiratrice de l'esprit humain. Il en est résulté une décadence morale et un épuisement des motivations.
Dans son analyse de l'histoire, Bahá'u'lláh compare l'évolution de l'humanité dans son ensemble au développement de l'individu. L'avènement de l'époque moderne représente le passage de l'humanité de l'adolescence à la maturité. Les signes extérieurs de cette transition sont ceux de l'émergence d'une société globale interdépendante. Le signe intérieur, non encore évident, est l'émergence d'une conscience de l'unité de la race humaine. Cette unité intrinsèque se reflétera dans le rejet progressif des idéologies matérialistes qui ont freiné l'esprit humain.
Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité entière est consciente, fût-ce vaguement, de sa propre unité et admet progressivement que la terre n'est qu'une seule patrie. Les communications modernes sont devenues le système nerveux de ce que l'on a appelé "le cerveau global". Cette prise de conscience ouvre la voie à une nouvelle relation entre le Créateur et le genre humain, relation qui fut esquissée il y a un siècle par Bahá'u'lláh.
"Celui qui est votre Seigneur, le Très-Miséricordieux, nourrit en son coeur le désir de contempler la race humaine tout entière telle une seule et même âme, tel un seul et même corps", écrit Bahá'u'lláh. "Les hommes ont tous été créés pour faire évoluer une civilisation en progrès constant."
La compréhension de cette relation peut conduire à une autorité morale que les efforts humains ont été incapables de produire et qui, à son tour, peut créer la force motrice sous-jacente propre à la transformation globale attendue, depuis si longtemps, par la majorité de l'humanité.

(One Country n°11, pp.2-3)


4.2.3. UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ

L'optimisme que les bahá'ís ressentent face à l'avenir de l'humanité vient d'au moins trois sources : l'inspiration religieuse, l'analyse historique et l'expérience pratique.
La première source d'optimisme est basée sur les paroles de Bahá'u'lláh, Figure prophétique du XIXème siècle. Il y a plus de 100 ans il avait prévu que le monde allait traverser une longue période de troubles et de changements, à la suite de laquelle il allait atteindre des hauteurs insoupçonnées de paix, de prospérité et d'accomplissement.
"Que toutes les nations deviennent une dans la foi et que tous les hommes soient frères ; que les liens d'affection et d'unité entre les enfants des hommes soient fortifiés ; que la diversité des religions cesse et que les différences entre les races soient annulées, quel mal y a-t-il en cela?" a demandé Bahá'u'lláh à l'orientaliste britannique Edward G. Browne en 1890. "Cela sera malgré tout ; ces luttes stériles, ces guerres ruineuses passeront et la Paix Suprême viendra."
La deuxième source d'espoir se trouve dans l'analyse historique d'une tendance subtile mais durable de ce siècle : un mouvement progressif vers des niveaux plus élevés d'unité et d'interdépendance. La réalité de cette tendance peut être observée dans beaucoup de domaines, tels que les rapports étroits des marchés économiques mondiaux ; la prolifération des systèmes de communication de part le monde ; l'acceptation constante des nouvelles idées universelles telles que les droits de l'homme ; l'instruction et le droit de vote pour tous ; l'acceptation progressive du fait que des problèmes sociaux mondiaux tels que la pauvreté, la violence et la dégradation de l'environnement ne peuvent pas être traités s'ils sont isolés les uns des autres.
La troisième source d'optimisme se trouve dans l'expérience qu'ont les bahá'ís à fonder des communautés dont tous les membres sont unis et où ils vivent en harmonie. M. Krishna Naidoo, président du Conseil national des bahá'ís de l'Afrique du Sud explique : "Notre façon de concevoir l'unité et la diversité est différente des autres. Cette différence se trouve dans la façon dont les bahá'ís comprennent la nature de l'existence humaine. Pour nous, chaque être humain a été créé à l'image de Dieu. Et dans l'être humain à l'état latent se trouve la possibilité de manifester et refléter les qualités et les attributs de Dieu.
"Ainsi nous considérons tous les êtres humains comme étant une création de Dieu, et le respect que nous avons les uns pour les autres est basé sur le fait que nous nous voyons comme des miroirs d'une réalité plus élevée."
"Notre grand espoir est que la société sud-africaine évoluera au point où ses peuples commenceront à vivre ensemble comme êtres humains, plutôt que comme noirs et blancs, ou bruns et jaunes."
"Et nous croyons que nos communautés, bien que peu nombreuses, offrent une nouvelle vision de l'unité", a dit M. Naidoo. "Si quelqu'un voudrait voir par lui-même ce qu'il faudrait faire pour avoir l'unité, nous sommes ici."
L'expérience des bahá'ís de l'Afrique du Sud est loin d'être unique. Partout dans le monde les communautés bahá'íes sont invariablement aussi diverses.
Les bahá'ís sont heureux d'avoir une telle diversité. Ils croient que, selon les principes fondamentaux de Bahá'u'lláh, elle pourrait être source d'idées nouvelles, de possibilités nouvelles, et d'évolution humaine. Et cela va dans le sens de l'histoire.

(One Country n°18, pp.2-3)


4.2.4. VERS UNE RESTRUCTURATION DE LA VIE COLLECTIVE DE LA PLANÈTE

Avec une rapidité que seules nos communications modernes peuvent engendrer, l'expression "nouvel ordre mondial" est brusquement entrée dans le langage courant universel.
Dirigeants, journalistes et universitaires ont adopté cette expression et, bien que son sens reste encore à définir clairement, elle se trouve au coeur de tout débat sur la façon d'organiser la prochaine étape de notre vie politique collective.
Le besoin d'un tel débat est clair. A travers les changements en Europe de l'Est, l'agitation en Union soviétique, la crise au Moyen-Orient et, ailleurs, les luttes et les réformes de grande envergure, il devient évident que le "vieil ordre mondial" est en train de s'émietter.
Pour les bahá'ís, le terme "nouvel ordre mondial" a un sens particulier, net et précis. Il y a plus de cent ans Bahá'u'lláh, prophète fondateur de la Foi bahá'íe, utilisait ce terme pour décrire une série à venir de changements et de développements considérables dans la vie politique, sociale et religieuse du monde. Ces changements, a-t-Il dit, transformeront finalement le monde en une fédération globale, unie et pacifique.
"Les signes de désordres et de convulsions imminents sont dès maintenant discernables d'autant mieux que l'ordre de choses en vigueur se révèle lamentablement défectueux", écrit Bahá'u'lláh.
"Bientôt le présent ordre de choses sera révolu et un nouveau le remplacera."
Le "nouvel ordre mondial" dont Bahá'u'lláh avait la vision s'appuiera sur la sécurité collective des nations comme moyen essentiel pour établir la paix mondiale. Plus qu'une prescription pour la réorganisation politique du monde, la vision de Bahá'u'lláh embrasse, à vrai dire, l'ensemble de tous les besoins sociaux, économiques et spirituels de l'humanité. Sa base, dit-Il, sera établie sur les principes de l'unité et de la justice.
En 1936, cette vision fut résumée par Shoghi Effendi qui a dirigé la communauté bahá'íe de 1921 à 1957 et préparé les fondations pour l'élection du Conseil international désigné par Bahá'u'lláh, conseil qui guide maintenant le monde bahá'í. Son exposé de la vision de Bahá'u'lláh devient tout à fait à propos maintenant que s'ouvre la discussion sur la forme que doit prendre ce nouvel ordre mondial.
"L'unité de la race humaine, telle que la conçoit Bahá'u'lláh, implique l'établissement d'une communauté universelle où nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies, où l'autorité des dirigeants et la liberté personnelle, ainsi que l'initiative des individus qui la composent seront complètement et pour toujours sauvegardées.
Cette communauté, pour autant que nous puissions l'imaginer, comportera une législature universelle dont les membres, en tant que représentants de la race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations qui la composeront, et édictera les lois nécessaires pour régler la vie, satisfaire les besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un pouvoir exécutif universel, s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions arrêtées par le corps législatif mondial, à l'application des lois qu'il aura votées et à la sauvegarde de l'unité de l'État mondial. Un Tribunal universel se prononcera en dernier ressort dans tous les conflits et disputes qui pourront s'élever entre les membres de ce système universel..."
Shoghi Effendi écrit que ce nouvel ordre mondial implique la création d'un "mécanisme d'intercommunication mondiale" et, également, l'adoption d'une langue internationale, d'une monnaie internationale et d'un système international de poids et mesures pour "simplifier et faciliter les relations entre les peuples et les races de l'humanité".
Et Shoghi Effendi ajoute : "Dans cette société, les deux grandes puissances de la vie humaine, la religion et la science, seront réconciliées, elles coopéreront et se développeront dans l'harmonie. La presse, tout en donnant libre champ à l'expression des vues et convictions diversifiées du genre humain, cessera d'être vendue à des intérêts privés ou publics et sera libérée de l'influence des gouvernements et des peuples en conflit.
Les ressources économiques du monde seront organisées, toutes les sources de matières premières seront exploitées à plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits équitablement réglée." La vision bahá'íe d'un nouvel ordre mondial implique la fin des préjugés et un engagement ferme dans la voie de la justice économique. Voici la description qu'en donne Shoghi Effendi :
"Rivalités, haines et intrigues cesseront entre les nations. Animosité et préjugés raciaux feront place à l'amitié raciale, à la compréhension réciproque et à la coopération. Les causes de luttes religieuses seront à jamais écartées, les barrières et restrictions économiques abolies, et l'anormale disparité entre les classes disparaîtra complètement. La suppression de la propriété cessera d'être envisagée en même temps que cessera l'accumulation de la richesse entre un petit nombre de mains.
Les immenses énergies qu'actuellement absorbe et gaspille la guerre économique ou politique, seront consacrées à étendre la portée des inventions humaines et du développement de la technique industrielle, à accroître la productivité du genre humain, à exterminer la maladie, à pousser plus avant les recherches scientifiques, à améliorer la santé physique de la race, à rendre le cerveau humain plus aigu et plus subtil, à exploiter les ressources de la planète jusque-là inemployées et insoupçonnées, à prolonger la vie humaine et à développer tout autre moyen propre à stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière."
Dans les écrits bahá'ís, cette vision n'est pas seulement esquissée comme un espoir ou un appel, elle est plutôt considérée en termes de processus historique inévitable, comme faisant partie d'un plan divin.
Quelle que soit l'issue des conflits et des révolutions qui font rage à travers le monde, les bahá'ís pensent que l'humanité créera finalement un nouvel ordre mondial comme celui décrit par Bahá'u'lláh. Avec chaque jour qui passe, se révèle plus évident le fait qu'il n'existe pas d'autre choix.

(One Country n°8, pp. 2-3)


4.2.5. UNE COMMUNAUTÉ UNIVERSELLE

Dans le monde de l'entreprise, un monde en réduction et une économie mondiale ne sont plus de simples idées. Nul ne peut travailler aujourd'hui isolément. Les nations devenant de plus en plus interdépendantes, le destin des unes ayant de plus en plus d'effets sur les autres, le sentiment d'appartenir à une communauté mondiale augmente et, pour les nouvelles nations qui émergent des anciens systèmes dominants et centralisés, le besoin d'appartenir à une communauté mondiale cohésive est encore plus urgent.
Un nouvel ordre international devient une nécessité impérative. Son émergence doit permettre d'étudier avant tout les disparités économiques actuelles pour décider de la manière dont les ressources du monde devraient être organisées, ses sources de matières premières prises en charge et utilisées afin d'en permettre un renouvellement, ses marchés développés et la redistribution de ses produits supervisée.
Les écrits bahá'ís offrent la vision d'un nouvel ordre mondial, pierre angulaire de ce que doit être la reconnaissance universelle de l'unité du genre humain. La création d'une fédération mondiale et la nécessité de créer les institutions internationales soutenant cette fédération y sont aussi mentionnées. Elle conduiront à l'émergence d'une :
".... Communauté universelle dans laquelle les barrières économiques auront été à jamais supprimées, et la dépendance réciproque du capital et du travail explicitement reconnue ; dans laquelle la clameur et les luttes du fanatisme religieux auront été calmées pour toujours ; dans laquelle la flamme de l'animosité raciale aura été radicalement éteinte ; dans laquelle un seul code de droit international - issu du jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - disposera pour ses sanctions de l'immédiate intervention coercitive des forces conjuguées des unités fédérées ; et finalement, une communauté internationale dans laquelle l'impétuosité capricieuse d'un nationalisme militant aura été convertie en une conscience durable du droit de citoyenneté mondiale - tel, en vérité, nous apparaît dans ses plus grandes lignes l'Ordre mondial prévu par Bahá'u'lláh, Ordre qui en viendra à être regardé comme le fruit le plus beau d'un âge mûrissant lentement."


(Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, pp.11-12)


4.2.6. CITOYENNETÉ MONDIALE

La communauté mondiale est parvenue à un accord élémentaire sur la nécessité d'une éthique universelle. Nous suggérons d'adopter le terme de citoyenneté mondiale pour englober la constellation de principes, de valeurs, d'attitudes et de comportements que les peuples du monde doivent embrasser afin que puisse se réaliser le développement durable.
La citoyenneté mondiale commence par l'acceptation de l'unité de la famille humaine et du fait que les nations de la "Terre, foyer de l'humanité" sont toutes liées entre elles. D'une part, ce concept encourage un patriotisme sensé et légitime, et d'autre part il insiste aussi sur une loyauté à plus grande échelle, sur l'amour de l'humanité dans son ensemble. Cependant, il n'implique pas l'abandon de loyautés légitimes, la suppression de la diversité culturelle, l'abolition de l'autonomie nationale ni l'imposition de l'uniformité. Son emblème est "l'unité dans la diversité."
La citoyenneté mondiale englobe les principes de justice sociale et économique, aussi bien au sein-même des nations qu'entre elles; de prise de décisions sans polarisation à tous les niveaux de la société; d'égalité des sexes; d'harmonie raciale, ethnique, nationale et religieuse; ainsi que la volonté de se sacrifier pour le bien commun. D'autres facettes de la citoyenneté mondiale, qui, toutes, encouragent l'honneur et la dignité humaine, la compréhension, l'amitié, la coopération, la confiance, la compassion et un désir de servir, peuvent être déduites de celles qui ont déjà été mentionnées.
La promotion de la citoyenneté mondiale est un moyen stratégique pratique pour faire avancer le développement durable. C'est uniquement sur la base d'une unité authentique, de l'harmonie et de la compréhension entre les divers peuples et nations du monde que peut être érigée une société universelle durable.
Nous recommandons, par conséquent, que la citoyenneté mondiale soit enseignée dans toutes les écoles et que l'unité de l'humanité, principe sous-jacent de la citoyenneté mondiale, soit constamment réaffirmée dans toutes les nations.
Ce concept n'est pas nouveau pour la communauté mondiale. Il est à la fois implicite et explicite dans de nombreux documents, chartes et accords des Nations unies, y compris dans les premiers mots de la Charte des Nations unies elle-même : "Nous, Peuples des Nations Unies..." Ce concept est déjà diffusé à travers le monde, dans toutes les cultures, par diverses ONG, des universitaires, des groupements de citoyens, des personnalités du monde des spectacles, des programmes d'éducation, des artistes et les médias. Ces efforts sont importants mais doivent être multipliés. Il est nécessaire d'organiser une campagne à long terme soigneusement planifiée et orchestrée pour promouvoir la citoyenneté mondiale, une campagne qui comprenne tous les secteurs de la société aux niveaux local, national et international.
La citoyenneté mondiale est un concept aussi dynamique et plein de défis que le sont les événements auxquels se confronte la communauté mondiale. Il serait sage que nous, les peuples et nations du monde, adoptions ses principes sous-jacents et soyons guidés par ceux-ci dans tous les aspects de notre vie - de nos relations interpersonnelles et intercommunautaires à nos affaires nationales et internationales ; de nos écoles, lieux de travail et médias à nos institutions juridiques, sociales et politiques.
En tant que communauté mondiale comprenant l'humanité dans toute sa diversité et partageant une vision commune du monde, la Communauté internationale bahá'íe continuera à promouvoir le développement durable en encourageant les hommes à se considérer comme les citoyens d'un monde unique, comme les constructeurs d'une civilisation mondiale juste et prospère.

(Citoyenneté Mondiale, pp.2-3, 8)


4.3. Actions bahá'íes

4.3.1. "PREMIER DIALOGUE INTERNATIONAL SUR LA TRANSITION VERS UNE SOCIETÉ GLOBALE" - WIENACHT, Suisse

Plus d'une centaine d'éminents universitaires, scientifiques, cadres et futurologues se sont réunis à Wienacht en Suisse, en septembre 1990, à l'occasion d'une conférence de cinq jours sur la tendance planétaire à l'intégration globale.
Intitulée "Premier dialogue international sur la transition vers une société globale", la conférence s'est concentrée sur la meilleure façon pour l'humanité de gérer les changements aux multiples facettes résultant de la croissance rapide de l'interdépendance mondiale.
La réunion s'est tenue au Centre de conférences de l'Académie de Landegg, institut international pédagogique qui fonctionne sous l'égide de la communauté bahá'íe suisse. Au départ, on émit l'hypothèse selon laquelle le globalisme serait inexorable. Cela fut examiné en termes de culture, de science et de technologie, de gouvernement, de gestion privée, d'éthique et de valeurs, au cours de sessions plénières et d'ateliers.
"Ce Premier dialogue international a été une tentative visant à rassembler divers spécialistes dans un effort pour développer une synthèse entre différents courants d'idées et une vision cohérente destinée à préparer l'humanité à la transition vers une société globale, transition à laquelle toute l'humanité fait face actuellement" devait dire M. Iraj Ayman, un des organisateurs du Dialogue, alors directeur de l'Institut de Landegg pour l'éducation et le développement international."
"Le rythme accéléré du changement dans l'arène politique, sociale, technologique, économique, culturelle et spirituelle des affaires humaines tant en Europe que sur les autres continents, lance des défis et crée des opportunités sans précédent pour les décideurs du monde actuel" ajouta M. Ayman. Les points de vue exprimés furent aussi divers que les participants parmi lesquels figuraient Federico Mayor, Directeur général de l'UNESCO, Karan Singh, ancien Ambassadeur de l'Inde aux États-Unis, Bertrand Schneider, Secrétaire Général du Club de Rome et Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie.
Pendant la conférence qui s'est tenue du 3 au 9 septembre 1990, trente quatre documents ou exposés furent présentés sur les différents aspects de la transition globale, suivis de riches discussions et d'échanges de vues animés.
Les idées émises étaient extrêmement diverses, pourtant un net consensus se dégagea autour de l'idée que la société humaine est bien en passe de devenir plus globale dans tous ses aspects.

(One Country n°7, p. 4)


4.3.2. PROGRAMME D'ÉTUDES SUR L'ORDRE MONDIAL - WIENACHT, Suisse

Plus de 300 personnes ont assisté aux cérémonies de remise de diplômes à la promotion d'étudiants de l'Académie de Landegg pour les études sur l'Ordre mondial et notamment comme invitée d'honneur, Mme Rúhíyyih Rabbani, figure éminente de la Foi bahá'íe.
Ce programme de 3 ans qui combine 11 mois d'études par an dans les pays respectifs des étudiants et des cours intensifs d'été à l'Académie même, prépare les étudiants à servir l'humanité dans une société devenue globale.
" Notre but est de créer une communauté de chercheurs qui ont échangé les valeurs égocentriques du monde, telles que nous les connaissons, contre un système de valeurs centré sur la vertu, conformément aux préceptes de Bahá'u'lláh", dit Pr. Suheil Bushrui, directeur du programme et professeur à l'université de Maryland aux États-Unis. "Dans ce type de système, la compétition est remplacée par la coopération, l'arrogance par l'humilité et la recherche du succès personnel par le service désintéressé."
" Après ces cycles de programme d'Études sur l'Ordre mondial j'ai appris que je savais très peu sur les sujets que je croyais connaître ", dit l'un des diplômés, M. Rebbi Teclemariam, ingénieur- consultant à Paris. " Ce qui m'a permis d'accorder, dans ma vie, beaucoup plus de temps à la lecture et à l'étude... d'ailleurs je continuerai toujours à apprendre, je ne m'arrêterai plus. J'ai appris que la vie est une éternelle école, mais il faut avant de se remplir, se libérer, et se détacher de tout savoir ", affirme-t-il.
Ce programme de trois ans entrepris en coopération avec l'université de Maryland aux États-Unis, a été accepté comme une des unités de valeurs des programmes de maîtrise dans un certain nombre d'universités. Il met l'accent sur l'héritage commun de l'humanité et le rôle de la spiritualité dans la vie quotidienne des hommes aujourd'hui.
" Le programme pour les Études sur l'Ordre mondial est le symbole de Landegg ", conclut M. Ayman, alors directeur de l'Institut de Landegg. " Nous pensons pouvoir former des citoyens ayant une conscience mondiale et un seul objectif dans la vie : celui de laisser le monde en meilleur état qu'ils ne l'ont trouvé. "

(One Country n°12, pp.8-9)



5. Paix
5.1. Introduction

L'établissement de la paix mondiale est un des objectifs principaux de la Foi bahá'íe et occupe une place centrale dans les activités de la communauté bahá'íe depuis 1844. Le programme bahá'í de paix se compose jusqu'à présent de deux volets principaux mais envisage toutes sortes de dimensions supplémentaires au fur et à mesure que l'humanité se rapprochera de la réalisation de cette paix mondiale.
Le premier aspect de ce programme, et le plus important, est centré sur le concept même de cette paix; le deuxième, d'une importance presque aussi grande, sur la création d'une communauté bahá'íe mondiale qui mérite d'être étudiée en tant que prototype d'un nouvel ordre mondial.
La communauté bahá'íe offre en effet un modèle de société mondiale disposant des moyens nécessaires pour saisir l'occasion de relever le défi de l'établissement d'un nouvel ordre mondial où la paix devient une réalité, non une utopie. C'est dans ce sens que l'expérience de la communauté bahá'íe mérite d'être étudiée par toutes les personnes ou organisations désireuses de se pencher avec serieux sur la question de la paix mondiale.

(Le programme bahá'í de paix, pp.1, 11, Dr. Hossain Danesh)


5.2. Point de vue bahá'í

5.2.1. UNE QUESTION D'ATTITUDE

La Grande Paix à laquelle ont profondément aspiré les gens de bonne volonté au fil des siècles ... se profile enfin à l'horizon mondial. Il est maintenant possible à chacun, pour la première fois dans l'histoire, de voir toute la planète et les innombrables peuples qui l'habitent dans une perspective globale. La Paix mondiale n'est pas seulement un concept, mais une réalité vers laquelle l'humanité se dirige inéluctablement. C'est la prochaine étape de l'évolution de cette planète - ce qu'un grand penseur a appelé "la planétisation de l'humanité".
La race humaine, en tant qu'unité organique distincte, est passée par des phases d'évolution qui rappellent les phases de bas âge et d'enfance de la vie humaine et elle se trouve maintenant dans la phase culminante de son adolescence troublée, à la veille de l'âge adulte tant attendu.
Nous sommes arrivés au stade où ceux qui prêchent les dogmes du matérialisme, que ce soit de l'Est ou de l'Ouest, que ce soit du capitalisme ou du socialisme, doivent rendre compte de la direction spirituelle qu'ils ont prétendu exercer. Où est le "nouveau monde" annoncé par les idéologies? Où est la paix internationale dont elles affirment promouvoir les idéaux? Où sont les percées dans de nouveaux domaines de réalisation culturelle produites par l'expansion de telle race, nation, ou classe? Pourquoi la vaste majorité des peuples du monde s'enfonce-t-elle sans cesse plus profondément dans la famine et la misère alors que les arbitres actuels des affaires humaines disposent de richesses énormes que n'auraient pu concevoir ni les pharaons, ni les empereurs romains, ni même les puissances impérialistes du dix-neuvième siècle?
Il est évident que des efforts conjoints doivent être entrepris de toute urgence pour remédier à ces problèmes. C'est d'abord et avant tout une question d'attitude. L'humanité continuera-t-elle à s'entêter dans les mauvais chemins, à s'accrocher à des concepts dépassés et à des hypothèses inapplicables? Ou bien ses dirigeants iront-ils de l'avant et, faisant fi de leurs idéologies, décideront-ils de se consulter pour rechercher conjointement des solutions appropriées?
La paix découle essentiellement d'un état d'âme reposant sur une attitude morale ou spirituelle et c'est principalement en évoquant cette attitude que l'on pourra parvenir à des solutions durables...
L'ordre mondial ne peut se fonder que sur la conscience inébranlable de l'unité de la race humaine, une vérité que confirment toutes les sciences humaines. L'anthropologie, la physiologie et la psychologie ne reconnaissent qu'une espèce humaine, même si celle-ci est infiniment variée en ce qui concerne les aspects secondaires de la vie. La reconnaissance de cette vérité est subordonnée à l'abandon de tout préjugé de race, de classe, de couleur, de croyance, de nation, de sexe, de degré de civilisation matérielle, autrement dit, de tout ce qui permet aux gens de se considérer comme supérieurs aux autres.

La Maison Universelle de Justice

(Extraits de "La promesse de la paix mondiale", Les Bahá'ís, p.71)


5.2.2. LE PROGRAMME BAHÁ'Í DE PAIX

Dès ses débuts, la communauté bahá'íe a essayé, à plusieurs reprises, d'attirer l'attention des dirigeants et des peuples du monde sur le fait que la réalisation de la paix mondiale est le plus grand défi auquel doit faire face l'humanité. Le prophète fondateur de la Foi bahá'íe, Bahá'u'lláh (1817-1892), a adressé différentes épîtres aux dirigeants et aux peuples du monde, les exhortant à concentrer leur attention sur la question de la paix mondiale.
Le successeur immédiat de Bahá'u'lláh, 'Abdu'l-Bahá, consacra également sa vie et son oeuvre à la cause de la paix.
Des années vingt aux années cinquante, période au cours de laquelle l'humanité s'est débattue dans les affres de deux grandes guerres mondiales, le Gardien de la Foi bahá'íe, Shoghi Effendi, a offert à la communauté bahá'íe du monde entier une vision pénétrante et révélatrice d'un futur ordre mondial.
En 1967, centenaire de la proclamation de Bahá'u'lláh aux rois et aux dirigeants du monde, les bahá'ís publièrent La proclamation de Bahá'u'lláh, livre destiné à attirer une fois de plus l'attention des dirigeants sur le message original de paix proclamé par Bahá'u'lláh. A l'heure actuelle, la Communauté internationale bahá'íe entreprend la présentation de son programme de paix aux dirigeants et aux peuples du monde.

a) L'unité : condition préalable à la paix

"Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus si son unité n'est pas fermement établie", nous dit Bahá'u'lláh.
Le concept bahá'í d'unité est à la fois vaste et précis. Vaste, parce qu'il préconise la réalisation de l'unité de l'humanité en tant que condition préalable à l'établissement de la paix mondiale. Précis, parce que pour réaliser une paix durable, il est essentiel de promouvoir l'unité dans différents autres domaines importants: notamment, l'émancipation des femmes et leur participation à part entière à tous les domaines de l'activité humaine.
L'harmonie entre la science et la religion est un autre exemple d'un domaine précis où l'unité est nécessaire en vue de la réalisation de la paix mondiale.
De plus, différents autres principes sociaux sont considérés par les bahá'ís comme étant des compléments nécessaires à tout programme visant l'établissement d'une paix durable : l'instruction universelle et l'élimination de l'ignorance, cause principale des préjugés ; l'adoption de mesures législatives destinées à mettre fin au racisme, un des obstacles les plus importants à la réalisation de la paix ; l'élimination des extrêmes de richesse et de pauvreté, sources de grandes souffrances et responsables de l'instabilité du monde ; finalement, la substitution d'un nationalisme effréné par une plus grande loyauté envers l'humanité toute entière.

b) Le concept de la croissance collective de l'humanité

Si l'unité est la condition préalable à l'établissement de la paix mondiale, la maturité est la condition nécessaire à cette unité. Comme Shoghi Effendi nous le dit :
"Les longs siècles de première et de seconde enfance par lesquels devait passer l'humanité sont aujourd'hui révolus. Elle connaît maintenant les troubles inhérents au stade le plus tumultueux de son évolution, le stade de l'adolescence, alors que l'impétuosité de la jeunesse atteint un point culminant, pour faire place graduellement au calme et à la sagesse de l'âge mûr . ... [le monde] reconnaîtra l'unité et l'intégrité des liens de parenté humaine, et établir aune fois pour toutes la structure capable d'incarner au mieux ce principe fondamental de son existence."
La démilitarisation et la reconstruction du monde préconisées par Shoghi Effendi sont maintenant possibles, l'humanité approchant finalement l'âge de la maturité. L'enfance et l'adolescence sont caractérisées par la rivalité et la concurrence dues aux sentiments profonds de doute et de crainte auxquels sont en proie les êtres humains au cours de cette période de leur vie. De la même façon, la rivalité, la concurrence, le manque de confiance et l'arrogance qui caractérisent les affaires mondiales montrent bien que l'humanité traverse actuellement sa phase d'adolescence.

c) La nature spirituelle de l'homme

Un point de vue radicalement différent et fondamentalement positif de la nature de l'homme en tant qu'être spirituel est inhérent au concept bahá'í de la croissance collective de l'humanité. Les qualités spirituelles telles que l'amour, la justice, la compréhension, la sincérité et l'humilité se manifestent le plus fortement dans le cadre d'une société mûre et chez les individus ayant atteint un degré suffisant de maturité. Une fois la maturité de l'humanité atteinte, ces qualités spirituelles deviendront plus apparentes et hommes et femmes pourront se libérer de la servitude des forces de l'instinct. En fin de compte, c'est la capacité d'utiliser les qualités spécifiquement humaines de connaissance, d'amour et de volonté qui distinguera le monde de l'humanité du monde animal et qui annoncera une ère d'unité, de collaboration et de créativité.
La haine est essentiellement une absence d'amour. Là où l'amour existe, la haine ne peut subsister. De même, une fois la paix établie, elle apporte avec la créativité, vie, progrès et ne laisse pas de place à la guerre. Dans une perspective bahá'íe, la solution aux maux de l'humanité découlera de l'acquisition et de la promotion de ces qualités véritablement humaines, non de l'attention que l'on portera aux problèmes résultant de l'absence de ces qualités.

d) L'ordre mondial de Bahá'u'lláh

Depuis longtemps, l'humanité attend la création d'un nouvel ordre mondial ; son établissement doit devenir l'objectif principal de tous.
Shoghi Effendi précise en quoi consiste le but ultime de l'ordre mondial envisagé par Bahá'u'lláh : "L'unité de la race humaine, telle que l'a envisagée Bahá'u'lláh, implique l'établissement d'une fédération universelle au sein de laquelle toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies; où l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour toujours sauvegardées. Cette fédération pour autant que nous puissions l'imaginer doit comporter un corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera des lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système universel."

e) La communauté bahá'íe : du concept à l'application

La Foi bahá'íe, au cours de son siècle et demi d'existence, a consacré ses efforts à créer le noyau d'une communauté mondiale composée d'hommes et de femmes unis dans leurs pensées et ayant comme objectif commun la promotion d'une civilisation mondiale. La Foi bahá'íe a pu créer un prototype d'une communauté mondiale capable d'administrer les affaires humaines de façon humaine, constructive et pacifique au sein de laquelle la recherche du pouvoir et l'exaltation de soi sont canalisées et contrôlées avec succès.
La communauté mondiale bahá'íe, qui compte dans tous les coins du globe plusieurs millions d'adhérants représentant la plupart des nations, races, religions et langues de la terre, est un excellent exemple d'une société unifiée qui s'est engagée à oeuvrer conformément aux principes de la justice, de l'égalité et de la liberté. De plus, l'unité qui règne au sein de la communauté bahá'íe est empreinte de tolérance, puisque cette communauté n'envisage aucune séparation avec le reste de l'humanité, adoptant pour principe que "la terre est un seul pays dont tous les hommes sont les citoyens".

(Le programme bahá'í de paix, Dr. Hossain Danesh)


5.2.3. UNITÉ DE L'HUMANITÉ

Le processus du Sommet de la Terre a mis en évidence à la fois la complexité et l'interdépendance des problèmes auxquels est confrontée l'humanité. Aucun de ces problèmes - qu'il s'agisse des injustices débilitantes du développement, des menaces apocalyptiques du réchauffement de l'atmosphère et de la diminution de la couche d'ozone, de l'oppression des femmes, du fait de ne pas prendre en compte les enfants et les marginaux, pour n'en citer que quelques-uns - ne peut être traité de manière réaliste sans que tous les autres ne soient pris en considération. Pas un seul problème ne peut être traité sous tous ses aspects sans que la coopération et la coordination à tous les niveaux ne prennent une envergure dépassant largement l'expérience collective de l'humanité à ce jour.
Le potentiel d'une telle coopération est cependant miné par la dégradation générale du caractère humain. Bien qu'elles ne soient habituellement pas discutées dans le cadre des défis de l'environnement et du développement, il existe actuellement dans le monde certaines tendances, parmi lesquelles le manque généralisé de discipline morale, la glorification de la cupidité et de l'accumulation des biens matériels, la décomposition accélérée de la famille et de la communauté, la multiplication des actes illégaux et l'accroissement du désordre, la montée du racisme et du fanatisme et la priorité accordée aux intérêts nationaux au détriment du bien-être de l'humanité, qui détruisent la confiance, fondement de la collaboration.
L'inversion de ces tendances est essentielle pour instaurer l'unité et la coopération. Cette inversion exigera une compréhension plus profonde de la nature humaine. En effet, bien que les sciences économiques et politiques, la sociologie et les sciences exactes offrent d'importants instruments d'analyse des crises interdépendantes auxquelles l'humanité est confrontée, l'état critique dans lequel se trouvent les affaires du monde ne pourra vraiment être résolu que lorsque la dimension spirituelle de la nature humaine sera prise en considération et le coeur des hommes transformé.
Bien qu'il y ait des aspects mystiques qui ne soient pas faciles à expliquer, la dimension spirituelle de la nature humaine peut être comprise, en termes pratiques, comme étant la source des qualités qui transcendent l'égocentrisme. De telles qualités, englobant l'amour, la compassion, la patience, l'honneur, le courage, l'humilité, la coopération et la volonté de se sacrifier pour le bien-être de tous, sont celles de citoyens éclairés capables de construire une civilisation mondiale unifiée.
Les changements profonds et à longue portée, l'unité et la coopération sans précédent qu'exige la nouvelle orientation du monde vers un avenir écologique et juste ne seront possible que lorsque l'on touchera l'esprit humain, que l'on fera appel aux qualités universelles qui seules peuvent donner aux individus et aux peuples le pouvoir d'agir en accord avec les intérêts à long terme de la planète et de l'humanité dans son ensemble. Une fois exploitée, cette source de motivation individuelle et collective, puissante et dynamique, libérera un esprit de coopération si intense et salutaire parmi les peuples de la Terre qu'aucun pouvoir ne sera à même de résister à sa force unifiante.
La vérité spirituelle fondamentale de notre époque est l'unité de l'humanité. L'acceptation universelle de ce principe - avec ses implications de justice sociale et économique, de participation universelle à des prises de décision exemptes d'hostilité, de paix et de sécurité collective, d'égalité des sexes et d'éducation universelle - permettra la réorganisation et l'administration du monde, considéré comme un seul pays, le foyer de la race humaine.
Il y a plus de cent ans, Bahá'u'lláh lança un défi aux dirigeants et aux peuples de la terre, celui d'adopter une vision globale du monde: "Ce n'est point d'aimer son propre pays qu'il convient de se glorifier, c'est d'aimer le monde tout entier." Ce défi doit maintenant être relevé.

(Le développement durable de l'esprit humain)


5.2.4. QUALITÉS SPIRITUELLES - SOURCE DE PAIX

Dans le contexte des questions sociales, les bahá'ís voient le monde spirituel comme source de ces qualités humaines qui engendrent la paix et l'harmonie, qui conduisent au discernement et à la compréhension et qui rendent possibles les entreprises communes.
Les êtres humains sont plus que des animaux particulièrement intelligents ou que des machines organiques extrêmement complexes. Une fois le seuil de l'éveil personnel franchi, quelque chose de plus émerge : une âme rationnelle. Dans son essence cette réalité ne se satisfait pas que d'éléments matériels : nourriture, air, boisson et abri, encore qu'ils soient indispensables à un certain niveau. Elle ne peut pas non plus trouver son accomplissement ultime dans le stade suivant, celui des réussites matérielles : reconnaissance, pouvoir et prospérité. Enfin, l'accomplissement intellectuel lui-même ne comble pas le besoin le plus profond.
Réalisation et progrès social ne voient le jour qu'au travers de ces qualités qui favorisent l'unité et l'intégrité et permettent à la confiance et à la loyauté de s'épanouir. De nature essentiellement spirituelle, du point de vue bahá'í, elles constituent la base fondamentale bien que non apparente de la société humaine. Elles comprennent l'amour, le courage, le sacrifice de soi et l'humilité.
Au cours des âges, les grands enseignants religieux ont conduit l'humanité à cultiver ces facultés et, en ce sens, ont fourni la poussée directrice de la civilisation.
Selon la compréhension des bahá'ís, l'ensemble de l'humanité a atteint un nouveau stade de son existence en tant que collectivité. Tel un adolescent atteignant l'âge adulte, l'humanité approche maintenant de sa maturité. Alors les entreprises globales, jusque-là impensables, sont devenues possibles. De telles entreprises comprennent l'établissement de la paix mondiale, la réalisation d'une justice sociale universelle et celle d'un équilibre harmonieux entre la technologie, le développement, les valeurs humaines et l'environnement naturel.
Les germes de cette transition historique se perçoivent aujourd'hui dans toutes les directions, spécialement dans les tendances inexorables à une interdépendance mondiale toujours croissante. Il y a plus de cent ans, Bahá'u'lláh, fondateur de la Foi bahá'íe eut la vision de la transformation prochaine de l'humanité et exposa un modèle de lois et d'enseignements capables de promouvoir le progrès social dans cet âge nouveau.
Ses enseignements mettent l'accent sur l'unité, ils s'adressent à toute l'humanité. "Que ta vision embrasse le monde entier plutôt que de se limiter à toi-même", écrit Bahá'u'lláh, révélant un programme pour la transformation sociale et spirituelle qui souligne l'égalité de l'homme et de la femme ainsi que l'élimination de toutes formes de préjugés, qui favorise la justice économique pour tous et appelle à la création d'une confédération mondiale unifiée.
Ce programme, qui répond à l'aspiration actuelle du coeur des peuples, représente un nouveau mode de vie pour une humanité plus mûre. Lorsqu'il est réalisé au travers du système de prise de décision en groupe proposé par Bahá'u'lláh, ce programme démontre la nécessité d'une direction spirituelle pour la progression aisée de l'humanité vers l'âge adulte.
Bien que ces principes soient communs à plusieurs mouvements progressistes, le fait de les comprendre dans le cadre de valeurs spirituelles rejoint les racines des motivations de l'esprit humain. Pour le croyant, ils sont imprégnés d'une autorité et d'une importance qui va au delà du contexte social traditionnel. Pour le non-croyant une telle analyse offre un nouveau prisme au travers duquel s'observent les forces et les processus de l'histoire.

(One Country n°9, pp.2-3)


5.3. Actions bahá'íes

5.3.1. AUTOUR DU MONDE, UNE CAMPAGNE POUR LA PAIX

En 1985, en préparation de l'Année internationale de la Paix, les bahá'ís du monde entier ont lancé une campagne pour essayer d'extirper de la conscience collective les attitudes et les comportements ancestraux qui pendant si longtemps ont constitué des obstacles apparemment insurmontables à la réalisation de la paix mondiale.
Cette campagne a commencé par une lettre intitulée "La promesse de la Paix mondiale", adressée aux "Peuples du monde". Elle invitait les dirigeants du globe à se réunir et à réfléchir aux moyens par lesquels la paix mondiale pourrait être instaurée. Plus qu'une simple demande d'action aux hommes politiques de la terre, le message analysait les raisons pour lesquelles la paix mondiale avait été considérée irréalisable pendant si longtemps, en mentionnant le nationalisme, le racisme, la misère, et les querelles religieuses, et indiquait de nouvelles voies possibles pour la suppression de ces barrières.
Rédigée par la Maison Universelle de Justice, la missive précisait que, puisque l'humanité était entrée dans sa maturité, ces barrières pouvaient au moins être éliminées et que, à présent, la paix devenait inéluctable, quoi qu'on fasse : soit par une collaboration intelligente soit à la suite de conflits désastreux.
Galvanisée par ce message, la communauté mondiale bahá'íe a lancé une campagne systématique pour diffuser ces idées à travers le monde. En quelques années, plus d'un million de copies de ce traité ont été distribuées, dont un grand nombre personnellement, à des membres de gouvernements, à des intellectuels et universitaires. En fait, presque tous les chefs d'Etat du monde en ont reçu un exemplaire. Le texte a également été publié intégralement ou en partie dans des revues ou journaux. Parallèlement, les bahá'ís du monde entier ont organisé des milliers de conférences locales, régionales ou nationales sur la paix, ainsi que des cours, des concerts, des pièces de théâtre, des expositions et des foires.
En 1987, la Communauté internationale bahá'íe et cinq communautés nationales ont été récompensées par l'Organisation des Nations unies avec le prix du "Messager de la paix" destiné à reconnaître la contribution d'organisations non gouvernementales pendant l'Année internationale de la paix.

(Les Bahá'ís, p. 70)


5.3.2. CHAIRE D'ENSEIGNEMENT BAHÁ'ÍE SUR LA PAIX - MARYLAND, Etats-Unis

La première chaire bahá'íe pour la paix mondiale a été inaugurée le vendredi 22 janvier 1993 à l'université de Maryland, College Park, chaire dont le Prof. Suheil Bushrui est le premier titulaire.
La chaire bahá'íe de la paix mondiale a été créée par le Centre universitaire pour le développement international et la gestion des conflits (CIDCM) et la communauté bahá'íe des Etats-Unis.
Comme l'a expliqué le Prof. Bushrui, la chaire a pour but de proposer des alternatives à la résolution violente des conflits à travers leur gestion intelligente, l'éducation mondiale, le développement international, une approche spirituelle et des échanges commerciaux. L'experience bahá'íe pouvant servir comme un modèle pour étudier la construction d'une société mondiale.
"Le succès de la communauté mondiale bahá'íe, qui réussit à rassembler harmonieusement des cultures disparates, mérite d'être étudié en tant que phénomène" dit Suheil Bushrui, spécialiste international reconnu en littératures anglo-irlandaise, anglaise et arabe ainsi que des enseignements bahá'ís. "Même aujourd'hui, où le risque le plus redoutable d'une guerre entre les Etats-Unis et l'Union soviétique est écarté, le sens de l'unité du mouvement bahá'í, unique en son genre, doit être étudié."
Le but essentiel de cette chaire est, d'une manière générale, de mener et publier des recherches, préparer des cours et organiser des séminaires et des conférences internationales pour comprendre les facteurs qui engendrent les conflits ethniques et religieux au sein des nations elles-mêmes et chercher des solutions pacifiques à ces conflits.

(One Country n°14, p.8)


5.3.3. DIFUSSION DE LA PROMESSE DE LA PAIX MONDIALE EN EX UNION SOVIÉTIQUE - KAZAN

Comme de nombreux autres jeunes en ex Union soviétique, Elaine Goncharova a souvent discuté du problème de la paix dans le monde.
Cette pétulante jeune fille âgée de dix neuf ans, étudiante de l'Université de Kazan, a donc été étonnée de découvrir tant d'idées nouvelles sur la paix dans la déclaration qu'elle a reçue, en décembre 1989, lors de la visite d'un groupe de 62 bahá'ís dans cette ville jadis interdite, capitale de la République autonome des Tatares en Russie centrale.
Le message auquel Elaine Goncharova faisait allusion est La promesse da la paix mondiale, une déclaration sur les conditions requises pour l'instauration de la paix à l'échelle internationale, fondée sur les enseignements de la Foi bahá'íe. Depuis 1985, année où fut publiée cette déclaration, plus d'un million de personnes en ont reçu des exemplaires et, parmi elles, la plupart des chefs d'État du monde.
Une visite de 12 jours à Moscou et Kazan, en novembre-décembre 1989, par un groupe de 62 bahá'ís originaires de huit pays, créa une nouvelle occasion de partager cette déclaration sur la paix avec la population locale. Et, bien que l'enthousiasme manifesté à l'égard de ce document fût sans doute provoqué par la nouvelle liberté spirituelle et intellectuelle régnant en ex Union soviétique, le chaleureux écho rencontré dans la population soviétique n'était pas spécifique à ce pays. Partout dans le monde, des personnes de toutes les couches sociales ont apprécié cette déclaration.
Les organisateurs du voyage, qui n'étaient pas des bahá'ís, avaient été si impressionnés par le document sur la paix, qu'ils avaient organisé une tournée spéciale sur ce thème. L'organisation intitulée "Youth Ambassadors International", (Les jeunes ambassadeurs internationaux), siégeant dans l'État de Washington, a invité les jeunes bahá'ís de Hawaii à participer à un voyage spécial en ex URSS destiné à partager le message de paix avec la population .
Pour les bahá'ís, le message présente un intérêt universel. "Bien qu'il soit publié par un mouvement, la déclaration n'est pas un document de nature sectaire", dit M. Gary Morrison, alors Secrétaire de la communauté bahá'íe des îles Hawaii, qui patronnait ce voyage. "Elle traite de sujets qui ne sont pas toujours associés au processus de paix, tels notre compréhension de l'unité de l'humanité et l'explication de la paralysie qui a si longtemps entravé la paix. Ainsi, le document paraît projeter constamment une nouvelle dimension sur la manière dont les hommes peuvent vivre en harmonie."
Au cours de leur voyage, les bahá'ís ont rencontré des citoyens soviétiques dans des écoles, des universités, des usines, et même dans un orphelinat partiellement subventionné par le ex K.G.B., le Comité soviétique pour la sécurité de l'État. Lors de chaque rencontre le message de paix fut distribué. Ceci a favorisé une discussion approfondie sur les idées développées non seulement dans la déclaration sur la paix, mais encore sur la religion en général.
Dans un lycée de Kazan, le professeur d'éthique, Sonya Graburov, a sollicité l'autorisation d'utiliser La promesse de la paix mondiale dans ses cours. "Ce message de paix", a-t-elle déclaré, "nous apporte de nouveaux thèmes de discussion. ainsi, par exemple : La paix dans le monde est-elle inévitable? La comportement égoïste et agressif de l'homme est-il une expression véritable de sa personne, ou bien un altération de celle-ci? Les hommes peuvent-ils éliminer les préjugés et la disparité entre riches et pauvres?"
De son côté M. Shamil Fattakhov, producteur d'un programme de la télévision soviétique destiné à la jeunesse, a déclaré que la réceptivité de la population au message de paix et aux principes de la Foi bahá'íe en général n'ont rien de surprenant étant donné les récents événements survenus dans son pays.
"Nous nous sommes efforcés, depuis le Révolution, de mettre notre esprit en harmonie avec la culture, l'histoire, l'art et la littérature mais, pendant toutes ces décennies, nous avons dû réprimer la face spirituelle de notre nature", a dit M. Fattakhov. "Nous avons un vide à combler, et ce vide se double d'une forte spiritualité nationale. Ce qui nous manque, ce sont des vérités religieuses susceptibles de le combler."
A l'Université de Kazan, une rencontre réunissant 250 étudiants avec les bahá'ís a permis des discussions prolongées, par petits groupes, sur le message de paix de la Foi bahá'íe. Alexei Kolpakov, étudiant diplômé en biologie, a estimé que le message renfermait une application pratique de la religion. "Je pense que le concept bahá'í de la nécessité d'un fondement spirituel pour la gestion du monde est essentiel", a-t-il dit. "Nous devons permettre aux valeurs humaines de nous guider vers des solutions aux problèmes de société."

(One Country n°5, pp.1, 8-9)


5.3.4. L'ÉCOLE DES NATIONS - MACAO

Chaque semaine, Lisa Jacobson choisit parmi les élèves de ses deux classes à l'École des nations, celui qui mérite le titre peu ordinaire de "Artisan de paix de la semaine". La photo des élus est accrochée en bonne place en haut du mur de la classe.
Certains diplomates pourraient bien avoir des difficultés avec ce concept alors que, pour la plupart, ces enfants de 7, 8 et 9 ans n'en ont pas, même si un front se plisse encore de temps en temps lorsqu'il s'agit de définir "la paix".
"Qu'est-ce qu'un artisan de la paix ? " demandait dernièrement l'enseignante américaine de 27 ans, avant de décerner la récompense. Des mains impatientes se lèvent bien haut.
"Les gens ne se battent pas et utilisent des mots pour régler les problèmes", répond Kam Leong, 9 ans.
"Celui qui ne dit pas de gros mots", dit Lai Yin Yin, 8 ans.
"Ne pas faire la grimace aux autres gens", dit Carlos de Silva, 8 ans.
Après quelques autres réponses du genre, Mme Jacobson décerne la récompense à Arnon Songlumjiak et Daniel Lai. "Ils se sont aidés mutuellement pour étudier", dit-elle. "Ils étaient dans le même groupe de lecture. Arnon lit plus lentement et ils se sont entraidés pour les mots difficiles."
Le fait de souligner la coopération et l'unité est courant dans les classes de l'école, à la fois maternelle et primaire, dans cette petite colonie urbaine portuguaise de la côte chinoise.
C'est en 1986 que l'École des nations fut fondée par la communauté bahá'íe locale après l'étude de rapports révélant que plus de 2.000 enfants étaient privés d'école à Macao. Elle est rapidement devenue une des institutions les plus respectées de la colonie et le terrain de nombreuses expériences éducatives.
En plus de l'accent qu'elle met sur l'internationalisme et l'éducation morale, l'Artisan de paix en est un exemple, l'École des Nations s'attache à promouvoir l'éducation écologique. Les élèves apprennent également le chinois-mandarin, c'est la seule école où le mandarin véhicule l'instruction dans cette colonie de langue cantonaise. L'enseignement est surtout fait en anglais. Avec l'utilisation des deux langues, l'école offre une préparation exceptionnelle pour 1999 lorsque le contrôle de Macao reviendra à la Chine.
"Pour nous, l'École des nations représente davantage qu'une école primaire", dit Anula Samuel, directeur de l'école. "C'est également un projet de développement social créé pour aider la population de Macao à préparer 1999. Nous espérons que certains seront capables d'utiliser le mandarin pour aider, le moment venu, leur communauté à communiquer avec les continentaux."
L'école s'est rapidement développée depuis l'ouverture de ses portes avec 6 élèves, en 1988. Cent élèves étaient inscrits pour l'année scolaire 1989-90 et 220 en 1990-91. Cette année il y en a 91 en maternelle et 171 en primaire, soit 262.

a) Soutien financier et moral du gouvernement

Cette expansion s'est en partie réalisée grâce à l'aide du gouvernement de Macao. Le département de l'éducation a versé une subvention conséquente l'année dernière. Son montant a servi à l'acquisition des locaux pour l'expansion de l'école primaire. "Il est remarquable que le gouvernement accorde son aide à une école privée pour des travaux", déclare Mme Chistiana Almeida, directeur adjoint du département de l'éducation."Et cela témoigne de son intérêt pour l'école et de son soutien."
"L'École des nations offre des choses plutôt nouvelles à Macao mais qui sont exactement ce dont nous avons besoin ici", ajoute-t-elle. "Car Macao est réellement un micocosme culturel, et l'éducation multi-culturelle de l'école parait très utile pour l'avenir."
Mme Almeida ajoute également que l'accent mis par l'école sur les compétences en mandarin devrait s'avérer utile pour l'avenir de Macao. "Car pour ceux qui voudront rester à Macao après 1999, le fait de parler mandarin permettra d'aider à développer une sorte de groupe de spécialistes qui pourra à son tour développer des organismes de concert avec les Chinois. D'une façon générale nous avons de plus en plus besoin de personnes parlant le mandarin pour développer nos rapports avec la Chine continentale."
Le mandarin est même enseigné à la maternelle où trois enseignants chinois viennent dispenser des notions élémentaires en mandarin. Et, dans l'approche du développement des tout-petits, une large place est laissée à l'éducation morale.
"Ici nous parlons de gentillesse, du partage des choses avec les autres, pas de canons ni de combats. Et, comme nos élèves sont issus de tant de cultures et de pays différents, nous démontrons que nous sommes tous des membres de la même famille humaine", dit Jinous Nouri, directrice de la maternelle.
Les parents semblent apprécier ce sentiment d'internationalisme. "J'aime bien la façon dont se retrouvent les élèves de différentes ethnies", déclare M. Lee Veng-Fat dont la petite fille de 3 ans fréquente l'école." J'ai entendu dire du bien de l'école, alors je suis venu voir et cela m'a plu."
Dans le primaire, les parents et les enfants semblent tout aussi satisfaits. ""Le système du perroquet" est souvent de mise dans les écoles", dit M. Mak, PDG d'une firme locale, qui a deux enfants à l'école primaire. "Il consiste à apprendre et réciter sans comprendre et à faire beaucoup de devoirs à la maison. Mais cela n'apprend pas aux enfants à penser par eux-mêmes. A l'École des nations, c'est bien différent."
"Il y a un grand échange entres élèves et professeurs", ajoute-t-il. "J'ai aussi choisi cette école pour que mes enfants y grandissent dans un environnement plus international, là où ils peuvent rencontrer des gens du monde entier."
Des élèves de 24 nationalités sont actuellement inscrits à l'école, signe d'un engagement international.
"Nous veillons à la préparation des élèves qui participeront à la création d'une civilisation mondiale", dit Alan Fryback qui gère l'école avec Mme Samuel. "Cela signifie que nous essayons de prendre en compte tous les aspects de l'éducation et d'éliminer ce qui fait obstacle à l'émergence de cette civilisation, tels le nationalisme, le racisme, le matérialisme et le sexisme."
L'école tente également d'impliquer étroitement les parents au processus éducatif. "De nombreuses écoles fonctionnent avec l'idée traditionnelle qu'elles seules, et non les parents, savent comment éduquer les enfants", dit Alan Fryback. "Mais bon nombre de nos buts ne peuvent être atteints que si les parents sont impliqués."
A l'École des nations, les enseignants ont, eux aussi, conscience de participer à une expérience éducative. C'est le cas de Mahin Kleinhenz, enseignante d'origine iranienne mariée à un Américain, qui a contribué à l'introduction des cours sur l'environnement à l'école. Récemment, elle a fait fabriquer du papier recyclé à ses élèves.
"Nous avons fait le tour des corbeilles à papier et récolté leur contenu", dit-elle. "Nous avons découpé les parties blanches pour en faire du papier en utilisant un procédé traditionnel de pâte à papier et des écrans de séchage."
Mme Jacobson, elle, a choisi une approche créative de l'éducation à la paix, c'était le thème de sa thèse à l'Université de Stanford aux États-Unis. "Pour moi, l'éducation à la paix s'organise autour de deux pôles : le développement du caractère et la reconnaissance d'une citoyenneté mondiale. Je suis venue ici car je voulais vraiment m'impliquer dans la mise en pratique des principes bahá'ís dans le domaine de l'éducation", déclare-t-elle. "L'école s'appuie sur cette prise de conscience selon laquelle nous devons bâtir et travailler en vue d'une société globale. Et cela est un défi ! "


(One Country n°10, pp.6-7, 13)


5.4. Coopération

5.4.1. CONFÉRENCE À L'UNIVERSITÉ DE MARYLAND : RELIGION : SOURCE DE CONFLITS OU SOURCE DE PAIX ? - COLLEGE PARK, Maryland, USA

Un concert a clôturé la conférence du 9-11 avril 1994 qui a eu lieu à l'université de Maryland sur le thème "Quand les empires se meurent : la religion, l'ethnicité et les possibilités pour la paix." L'harmonie qu'on a pu voir sur scène entre un israélien et un palestinien était un symbole de l'espoir d'une résolution paisible du conflit au Moyen-Orient - l'un des 40 conflits actuels dans le monde basés sur des différences religieuses ou culturelles.
La question de savoir comment les facteurs de religion ou d'ethnicité peuvent aider ou retarder le processus de paix a été étudiée à travers des manifestations artistiques, des conférences et des groupes de discussions.
"Se sont réunies des personnes qui normalement ne se fréquentent pas, par exemple des représentants du Moyen- Orient et des représentants de différentes régions de l'Afrique", a déclaré Bernard Cooperman, l'un des trois organisateurs de la conférence, directeur du Centre d'études juives Joseph et Rebecca Meyerhoff. Les deux autres organisateurs étaient le département d'histoire et la Chaire bahá'íe pour la paix mondiale de l'université de Maryland.
Plus de 700 personnes, dont des étudiants, des universitaires et des personnalités publiques sont venues du monde entier, et ont représenté un échantillon de différentes idéologies politiques et religieuses.
Les conférenciers et les 30 animateurs d'atelier ont parlé des possibilités uniques pour la paix qui se sont présentées à la fin de la guerre froide, ainsi que des opportunités pour rediriger les ressources militaires vers des problèmes mondiaux urgents.
L'une des idées principales qui est ressortie était que la religion, souvent considérée comme source de conflit, peut être source de paix.
Mona Grieser, directeur de Glovis Inc., une société pour le développement de la communication, a déclaré que les paramètres économiques actuels ignorent les composants psychologiques et spirituels qui sont à la base du développement des pays du tiers-monde.
"La spiritualité, quand elle s'adresse aux problèmes mondiaux collectifs et individuels, pourrait établir un nouveau programme mondial basé sur une vision partagée", a-t-elle affirmé. "La spiritualité peut donner l'autorité morale et la motivation nécessaires pour réaliser une nouvelle politique et des programmes conçus selon de nouvelles priorités."
Paul-Marc Henry, Ambassadeur de France, a dit qu' "un décalage spirituel" est en partie responsable de la "profonde crise" que traverse le monde, comme le démontrent la détérioration des travaux publiques, du système éducatif, le chômage qui ne cesse de croître et la violence causée par la frustration des jeunes.
"Le fait que le monde universitaire se rende compte que la religion est un facteur important pour le développement de la paix ou pour préparer les conditions pour une meilleure compré-hension entre des peuples différents, parfois ennemis, est déjà un fait remarquable", a dit Suheil Bushrui, qui occupe la Chaire bahá'íe pour la paix mondiale.


(One Country n°18, pp.10-11)


5.4.2. VERDUN, INAUGURATION DU CENTRE MONDIAL DE LA PAIX - VERDUN, France

Au coeur de l'Europe, en Région Lorraine , cette ville-héroïque juchée sur sa colline, cette ville-mémoire du XXème siècle a été longtemps associée aux horreurs de la guerre, aux batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale, et à ses six cent mille morts.
Au delà de l'indispensable rappel des faits et des leçons du passé, Verdun souhaite offrir un autre visage que celui de la discorde et des conflits, celui de la réconciliation et l'espoir d'un nouveau souffle.
Hier, ville-martyre, aujourd'hui Verdun est devenue un symbole européen de paix et de progrès, la Capitale mondiale des villes de la Paix.
Cette volonté s'était déjà affirmée en 1987 par la remise du diplôme de la Paix de l'ONU à la ville de Verdun et en 1984, lorsqu'elle a été l'hôte d'une cérémonie de réaffirmation des efforts pour la paix des gouvernements français et allemand, par l'émouvante poignée de main entre le Président François Mitterand et le Chancelier Helmut Kohl, debouts l'un à côté de l'autre dans l'immense cimetière.
Le dernier événement en date à marquer ces efforts a été l'inauguration du nouveau Centre Mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme.
Dorénavant, les 500 000 personnes qui visitent chaque année Verdun et ses champs de bataille pourront également découvrir ce que sera le Paix.
Implanté dans le Palais Épiscopal du XVIIIème, le Centre Mondial de la Paix a ouvert ses portes au public.
La contribution de la communauté bahá'íe au Centre de la Paix est la maquette du Temple bahá'í de l'Inde, le "Lotus". La maquette a été fabriquée par M. T. Toosky aux États-Unis. Inau-gurée en 1986, cette "Maison d'adoration" a reçu des louanges de partout dans le monde pour son architecture audacieuse et d'avant-garde.
Ayant pour inspiration la fleur de lotus, le temple a neuf côtés et neuf portes. Il est donc possible d'y entrer de n'importe quel côté, ce qui symbolise ainsi l'unité de tous les peuples et de toutes les religions.
Madame Rúhíyyih Rabbani, figure éminente de la communauté bahá'íe, était parmi les 50 premières personnalités internationales religieuses, culturelles et politiques à parrainer la création du Centre. Le Comité de parrainage comprend aussi Sadruddin Aga Khan ; l'économiste John Kenneth Galbraith ; l'ancien Président de la République Tchèque et Slovaque Vaclav Havel ; l'ancien Premier ministre britannique Edward Heath; Oumar Konare, Président de la République du Mali et un certain nombre de lauréats du Prix Nobel, comme Jean Dausset, Gérard Debreu, et des lauréats du Prix de la Paix, comme Mairead Maguire, Rigo-berta Menchu et Elie Wiesel.
Le but du Centre est de stimuler une nouvelle forme de pensée pour découvrir comment promouvoir la paix, selon son Directeur Denis Maréchal. Les archives réuniront des documents du Conseil européen, des Nations unies, des différentes associations des droits de l'homme et des agences humanitaires. Ces documents seront disponibles pour les chercheurs et aussi pour les "classes de la paix" des jeunes.
"Ces classes vont préparer les jeunes à réfléchir sur la paix et elles vont leur apprendre une autre façon de penser", a dit M. Maréchal. "Par exemple, nous organisons des films sur la guerre et sur la paix pour le centre de documentation que nous sommes en train de créer. Nous avons découvert qu'il y a beaucoup de films disponibles sur la guerre, mais très peu sur la paix. Nous allons mettre en valeur la paix."

(One Country n°18, pp.8-9, 13)


5.4.3. CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA PAIX EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE MONGOLIE - ULAN BATOR, République Populaire de Mongolie

Le nouvel esprit d'ouverture qui balaye les pays de l'Est offre de nouvelles possibilités de collaboration entre organisations religieuses non-gouvernementales de l'Est et de l'Ouest. Cet esprit s'est révélé tout au long d'une conférence internationale sur la paix qui s'est tenue en septembre 1990.
La huitième Assemblée générale de la Conférence bouddhiste d'Asie pour la Paix (CBAP) a réuni des organisations non-gouvernementales (ONG) du monde entier, dont la Communauté internationale bahá'íe. Les thèmes débattus s'étendaient du mouvement mondial pour la paix au Sommet des Nations unies pour l'enfance, de l'éducation à l'environnement.
Des possibilités de collaboration entre la Communauté internationale bahá'íe et des ONG en Mongolie et en URSS ont été identifiées et étudiées dans plusieurs domaines. Notamment un échange de chercheurs et une coopération sur les problèmes d'environnement liés au désert de Gobi et à la région du lac Baïkal.
Parmi les possibilités de coopération entre les bahá'ís et les ONG de Mongolie, on note, selon M. Bos , les projets suivants:
• L'organisation, avec l'aide du Bureau de l'environnement de la Communauté internationale bahá'íe, d'une visite de spécialistes dans le désert de Gobi afin de consulter avec des membres du "Mouvement Gobi" sur les problèmes liés à l'environnement dans leur région.
• Une offre, du Monastère Gandan à Ulan Bator, d'accueillir un chercheur bahá'í. Le monastère a pris, au cours de la conférence, la décision d'établir un centre de recherche sur le bouddhisme et la paix.
• Un programme d'échange d'informations entre la Fondation du Lac Baïkal en Sibérie Orientale et des communautés bahá'íes vivant près d'autres grands lacs du monde.
"A notre avis, la conférence a fourni une grande occasion d'échange de perspectives relatives aux problèmes auxquels le monde se trouve aujourd'hui confronté", devait dire Wytze Bos, et "nous avons beaucoup appris, en particulier sur l'approche bouddhiste de l'environnement, son respect de la nature et ses principes d'amour pour toutes les créatures vivantes. D'autrepart, je crois que, réciproquement, l'approche bahá'íe de la paix et de l'environnement a été mieux comprise."
"Comprendre nos enseignements respectifs sur de tels sujets nous aidera à formuler une approche commune", a-t-il ajouté, "ainsi, les bouddhistes et les bahá'ís partagent un engagement aussi profond vis à vis de la paix et de la justice sociale".
Plus de cinquante organisations étaient représentées à la Conférence générale, du 18 au 23 septembre 1990. Un grand nombre de documents et de déclarations présentés concernaient la nécessité d'établir la paix entre les nations et les religions du monde.

(One Country n° 7, pp.16-17)




6. Développement économique et social

6.1. Introduction

Bien que limitée en nombre et en moyens si on la compare aux autres religions beaucoup plus anciennes, la communauté mondiale bahá'íe a déployé ces dernières années, des efforts considérables pour essayer de résoudre les problèmes du sous- développement et de la dégradation de l'environnement dans le monde. Ces efforts sont significatifs non pas tant par leur ampleur que par leur aspect novateur et l'espoir qu'ils apportent au monde. Selon le dernier recensement, la communauté bahá'íe gère plus de 1 300 projets de développement dans le monde. Ces activités vont de simples centres d'alphabétisation à des travaux de reboisement, de la gestion de dispensaires à celle de centres de recherche environnementale. La plupart de ces projets sont entrepris dans des pays en voie de développement.
Ce qui distingue l'approche bahá'íe, c'est l'intégration des principes spirituels, sociaux et administratifs énoncés par Bahá'u'lláh il y a un siècle. Dans chaque domaine particulier, qu'il s'agisse de spiritualité, d'idéal social ou de méthode d'administration, les enseignements de Bahá'u'lláh offrent une approche et une perspective nouvelles.
Vu globalement, l'impact est multiplié: les bahá'ís pensent que les enseignements de Bahá'u'lláh offrent des instruments complets pour mener l'action sociale collective dont l'humanité a besoin pour survivre et prospérer aujourd'hui.
Les enseignements spirituels de Bahá'u'lláh soulignent l'importance de l'autonomie et de l'autosuffisance et font l'apologie d'une approche globale et holistique pour comprendre les problèmes sociaux et leurs causes sous-jacentes. En particulier, ils relient les éléments les plus profonds de la nature humaine - éléments spirituels par essence - et font ainsi appel aux capacités de motivation de l'esprit humain.
Les enseignements sociaux de Bahá'u'lláh contiennent un ensemble de règles en matière d'action sociale et de conduite morale qui sont non seulement conformes aux idéaux les plus nobles de la société moderne mais aussi à ses aspirations les plus profondes. Ils incarnent la justice et ont des conséquences directes et pratiques sur la recherche de solutions aux problèmes sociaux.
Par exemple, on ne peut essayer d'éliminer la pauvreté sans mener en même temps une action en faveur de l'égalité des femmes. La grande majorité des pauvres dans le monde est constituée de femmes et d'enfants. Dans de nombreux pays en voie de développement, en particulier en Afrique, ce sont les femmes qui cultivent la terre. Les bahá'ís pensent que l'action menée pour garantir la sécurité alimentaire dans ces pays dépend, pour une large part, de l'amélioration de la condition féminine. Les problèmes de développement et de l'environnement sont également liés aux problèmes de racisme, de l'analphabétisme et des conflits religieux.
L'Ordre administratif conçu par Bahá'u'lláh représente également une nouvelle méthode d'action sociale. La structure du réseau mondial d'Assemblées bahá'íes locales, nationales et internationale, propose un nouveau modèle d'administration décentralisée. C'est particulièrement vrai des Assemblées spirituelles locales qui peuvent être considérées comme des organes de décision, à la base, capables de comprendre les choix qui s'imposent en matière de développement et de faire ces choix. Par ailleurs les procédures de consultation employées par les bahá'ís sont applicables à de nombreux autres cadres pour stimuler la coopération et le développement social.
Sur un plan historique, la religion a été l'un des moteurs les plus puissants du changement d'attitude et de comportement de l'homme. Elle a toujours défini la nature de nos objectifs et de nos relations. Et c'est sur ce point - celui de la lutte pour changer les attitudes et le comportement humains - que l'approche bahá'íe des problèmes d'éducation, de développement et de conservation de la nature offre peut-être les plus grands espoirs.
Étant donné que les ressources de la communauté bahá'íe sont limitées, l'ampleur de son action est souvent limitée à la localité immédiate. Néanmoins, la méthode de conception et de mise en oeuvre de ces projets est typiquement bahá'íe. Tous renforcent, directement ou indirectement, l'unité de l'humanité. Nombre d'entre eux mettent l'accent sur l'amélioration de la condition féminine ou cherchent à servir les intérêts des populations minoritaires qui ont fait l'objet d'une discrimination. Dans la plupart des cas, on fait largement appel à la consultation pour impliquer ceux à qui les projets tentent d'apporter une aide. Il en découle, globalement, un nouveau modèle de développement social et économique bien intégré et complet.

(Les Bahá'ís, pp. 63-65)


6.2. Point de vue bahá'í

6.2.1. PARTICIPATION "POPULAIRE"

Malgré des milliards de dollars d'aide, des centaines de milliers d'heures de travail, et un océan de bonnes intentions, de nombreux pays sont dans une plus mauvaise situation qu'il y a 30 ou 40 ans, avant le début des programmes de développement intensifs de type occidental.
Les spécialistes du développement économique et social se sont donc tournés vers d'autres solutions. Parmi les idées nouvelles les plus prometteuses, on trouve celle de la participation des masses ou pour utiliser un terme largement adopté aux Nations unies, la participation "populaire".
L'élan en faveur de la participation de la population locale vient du fait que les programmes traditionnels de développement échouent fréquemment parce que la population elle-même n'a pas été consultée ou invitée à participer. Sans cette participation, les efforts se détachent de la réalité locale. Les gens deviennent de simples objets du développement, n'ayant aucune influence sur leur propre destin. Et donc ils ne perçoivent pas d'intérêt à poursuivre cet effort.
La théorie naissante de la participation des populations locales indique que si l'on encourage les masses à participer elles-mêmes, leurs besoins en matière de développement seront mieux satisfaits. L'effort international sera donc davantage appuyé par la population locale et sa réussite sera beaucoup plus probable.
L'élan de ce nouveau mode de pensée est lié au respect croissant des droits universels de l'homme et à la reconnaissance du fait que chacun, quel que soit son niveau d'éducation, de développement social ou de situation financière, a droit, dans le cadre des lois, à un statut et à un traitement égal.
Mais, dans l'optique bahá'íe, la vraie participation de la population viendra lorsque les peuples du monde - à la fois ceux en voie de développement et ceux qui sont développés matériellement - intègreront à leur réflexion plusieurs notions qui dépassent le cadre actuel des droits de l'homme.
La première notion - clef permettant d'encourager une véritable participation de la population implique que l'on reconnaisse l'unicité de l'humanité. Cette reconnaissance exige un changement d'attitude de la part de tous les peuples - à la fois de ceux qui sont aidés et de ceux qui souhaitent aider.
La deuxième notion est la reconnaissance que les êtres humains sont, de par leur essence, des créatures spirituelles. En tant que tels, tous les hommes et toutes les femmes sont créés avec une noblesse intrinsèque et possèdent des capacités spirituelles, intellectuelles et physiques insoupçonnées. Le véritable développement intervient lorsque ces capacités latentes sont mises en valeur.
En 1975, la Communauté internationale bahá'íe a soumis à la Commission du développement social des Nations unies une déclaration à ce sujet. En voici un extrait :
"... la participation de la population, si indispensable au développement économique et social, exige une modification fondamentale des valeurs et des attitudes de la part de chaque individu et de son groupe social, [modification] ayant pour origine une conviction bien enracinée de l'unicité organique de l'humanité. Pour réaliser un développement réussi, il faut admettre avant tout que chaque personne est inséparable de l'ensemble de l'humanité..."
Au fur et à mesure que les spécialistes du développement examinent de plus en plus près la notion de participation de la population, et qu'ils recherchent des moyens pour mettre en oeuvre cet idéal, ils pourront trouver utile l'expérience de la communauté bahá'íe mondiale.
Malgré leur racine religieuse, les institutions bahá'íes ont également comme mission d'assumer le bien-être social et économique de l'humanité. Tant au niveau local que national ou international, ces institutions fonctionnent suivant un modèle comprenant des mécanismes visant à encourager la participation de toute la population aux fins indiquées ci-dessus.
Plus que de la technologie ou des fonds, le véritable développement exige, du point de vue bahá'í, de nouvelles méthodes pour l'organisation des affaires humaines, fondées sur ce type de "participation de la population", où l'on tient compte de tous les points de vue et où tous les hommes sont traités avec le même respect.
Les succès des peuples et des nations "développés" ne reposeront pas sur les connaissances techniques, les ressources naturelles ou même l'accumulation de capitaux. Le développement découlera du degré de respect dû à la personne humaine et de l'évolution sociale qui en résultera.

(One Country n°4, pp.2-3)


6.2.2. LA PRISE DE DÉCISION EN GROUPE

La caractéristique la plus intéressante du système administratif bahá'í, du point de vue du développement économique et social, réside dans le processus de consultation qui l'anime. Parmi les principes qui guident ce processus - tous émanant des Écrits de Bahá'u'lláh - on trouve l'effort vers le consensus, l'utilisation de la méditation et de la prière pour se préparer à la résolution des problèmes, la responsabilité qu'a chaque individu d'exprimer sa propre opinion selon sa conscience, la modération et la courtoisie dans l'expression, le détachement par rapport à ses propres idées une fois qu'elles ont été proposées, et l'obligation pour tous de travailler à la réussite des projets qui ont été adoptés lors de la décision de l'assemblée.
Résultat important : au fur et à mesure que la Foi bahá'íe s'établissait à travers le monde, un grand nombre de personnes ont pris part à l'apprentissage pratique de cette méthode de prise de décision. Du fait que le fonctionnement bahá'í comporte aussi une consultation régulière de l'assemblée locale avec l'ensemble des membres de la communauté, il est exact de dire que la plupart des membres de la Foi bahá'íe sont, à un degré ou à un autre, des étudiants de ce processus de consultation et de ses implications. C'est à ce phénomène, plus qu'à autre, que les bahá'ís attribuent le caractère d'autonomie d'une grande part de leur travail de développement.

(Développement économique et social, p.3)


6.3. Actions bahá'íes

6.3.1. ÉCOLE ANÍS ZUNÚZÍ : UN MOTEUR DU DÉVELOPPEMENT - LILAVOIS, Haïti

Desanges Exama a quitté l'école après la sixième année mais il en sait autant sur le travail de développement - et pourquoi il n'a pas toujours abouti à Haïti - que n'importe quel spécialiste occidental arrivé dans l'île dans le cadre de programmes d'aide, disposant de budgets multimillionnaires en dollars.
A 53 ans, M. Exama travaille pour l'école bahá'íe Anís Zunúzí.
Il est convaincu que le meilleur chemin vers le développement est l'éducation, surtout lorsque celle-ci enseigne des valeurs morales et des méthodes de coopération. "Si l'on apprend à travailler ensemble", dit-il, "tout devient possible".
Cette philosophie est partagée par tous ceux qui travaillent à l'école Anís Zunúzí, un groupe de bâtiments blancs, propres et agréables, situés à environ 15 km de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti.
L'école privée Anís Zunúzí est progressivement devenue un institut aux multiples facettes, qui lance et soutient des projets de développement à la base dans tout Haïti. Ces projets comprennent des écoles maternelles, des cours sur l'organisation de la communauté et des efforts locaux de reboisement. Un fil conducteur relie toutes ces activités entre elles : apprendre à coopérer et à décider en tant que groupe est plus important pour un développement à long terme que l'aide matérielle.
Ribentrop Louis, 23 ans, membre du comité de développement de la communauté bahá'íe haïtienne, rappelle: "A l'époque , on faisait subir aux esclaves des choses absolument terribles. Pour forcer les gens à obéir, on les battait, on leur coupait les bras, on les enterrait vivants. Cette mentalité de "oui-chef" existe toujours chez beaucoup et on la retrouve à tous les niveaux de la société, rendant de nombreuses personnes incapables d'agir par elles-mêmes."
M. Louis affirme que la conception bahá'íe du développement est unique à Haïti parce qu'elle tend à dépasser cet héritage en apprenant aux citoyens à coopérer entre eux, plutôt que simplement se partager l'aide venue de l'extérieur. L'école Anís Zunúzí contribue grandement à cette éducation, grâce à ses divers programmes : primaire, secondaire, technique, classes d'adultes, instituts, le tout sous la responsabilité de l'Assemblée nationale bahá'íe.

a) Enseigner des valeurs morales

En dépit de l'interdiction officielle des châtiments corporels, dans la plupart des écoles d'Haïti, assurer la discipline consiste à battre et à fouetter les élèves : autre héritage d'un lourd passé. A l'école Anís Zunúzí, il est depuis toujours interdit de frapper un élève. Pour un observateur extérieur ce détail peut paraître insignifiant, mais il place cette école à part, la différencie des autres écoles et donne aux élèves un sens rare de responsabilité pour leurs propres actions.
Un autre détail caractéristique de cette école, c'est son usage du créole dans l'apprentissage de la lecture. "Commencer à lire en créole permet aux élèves d'apprendre à penser par eux-mêmes", déclare Hans-Jürgen Thimm, ancien proviseur de l'école. "Si vous commencez par le français, ils n'apprennent qu'à répéter comme des perroquets. C'est en fait une profonde réforme."
Mais la vraie différence de l'école c'est son effort pour insérer des valeurs morales, ou dites "spirituelles", selon les bahá'ís, dans les programmes.
Les premiers livres, écrits en créole à l'école même, sont utilisés au début de la scolarité. Ils contiennent de courtes histoires pour illustrer les différents mots nouveaux et les sons. Dans le premier livre de lecture, la lettre "O" est illustrée par l'histoire d'un garçon qui aide son père et apprend les vertus du travail. Une autre histoire parle d'une femme qui raccommode laborieusement une robe de mariée, bien qu'elle soit fatiguée et préfèrerait laisser le travail inachevé.

b) Un moteur du développement

Les instituts pour adultes à Anís Zunúzí insistent aussi sur les valeurs morales et, particulièrement, sur une méthode de décision de groupe sans perdants, que les bahá'ís appellent la "consultation". Les individus, qui connaissent les principes de la consultation et d'autres techniques de coopération communautaire, organisent à leur tour, et encadrent l'administration de projets de développement dans leurs propres régions.
Le programme extra-scolaire de l'école, établi en 1983, reçut à ses débuts une somme de 60 000 dollars de l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Cependant, aujourd'hui, la communauté bahá'íe haïtienne a pris sa part de responsabilité financière, aidée par d'autres communautés bahá'íes du monde.
A présent, quatre écoles maternelles ont été établies en plus de celle d'Anís Zunúzí et elles sont supervisées par les conseils bahá'ís élus localement.
Trois autres écoles primaires, comprenant la maternelle et les quatre premières années et comptant une centaine d'élèves, existent dans les villes de Liancourt, Pont Benoît et Pitimi. Elles sont aussi supervisées par le conseil bahá'í local de chaque ville. Une petite pépinière a été aménagée à Liancourt, dans le cadre d'un projet national de reboisement.
A l'école Anís Zunúzí, on trouve plusieurs autres projets extra-scolaires de développement. On y voit une pépinière et un service de distribution de jeunes arbres aux fermiers locaux.

c) Un processus évolutif

Bien que l'école Anís Zunúzí fut créée en 1980, grâce à un don extérieur de 250 000 dollars et d'abord supervisée par un conseil international, progressivement, l'école évolua et devint une institution qui tire son soutien et sa direction de la population locale.
Aujourd'hui, l'école est dirigée par un comité de membres du conseil local et cette année, le proviseur, américain d'origine, a laissé la place à un éducateur haïtien, M. François Lhorrisson-Fils.
"A Haïti, en général, nous manquons d'espoir, de rêves, et c'est le plus grand obstacle à notre développement, dit M. Lhorrisson-Fils. Pour surmonter cet obstacle, chaque enfant doit acquérir une vision de son propre avenir et en être conscient à un degré tel que cela deviendra contagieux et affectera les autres. Voilà ce que nous essayons de faire."

(One Country n°4, pp.1, 4-8)


6.3.2. PROTECTION DE LA FORÊT - LILAVOIS, Haïti

A la saison des pluies, l'on dit que d'immenses rivières de boue brune s'éloignent des côtes de l'île pour se perdre dans les eaux céruléennes de la mer des Caraïbes. La cause en est le déboisement massif du pays, un des pires de l'hémisphère Ouest, qui laisse les pluies raviner le sol, entraînant le précieux humus à la mer.
"Les estimations oscillent entre 50 et 60 millions d'arbres coupés chaque année", affirme Arlin Hunsberger, Directeur du projet de développement agro-forestier d'Haïti de la Fondation pan-américaine de développement (FPAD) l'un des principaux organismes de reboisement d'Haïti. "Malheureusement, on estime à seulement 6,7 millions le nombre d'arbres replantés l'an dernier par les fermiers."
La pauvreté d'Haïti en arbres remonte au début du 19e siècle, lorsqu'au cours de révoltes d'esclaves, des régions entières furent brûlées. Une grande partie de la population chercha refuge dans les montagnes, construisant des fermes qui réduisirent d'autant la forêt. L'exploitation commerciale incontrôlée du bois en accéléra le déclin qui fut entretenu par l'utilisation du charbon de bois et le déboisement par les fermiers. Sur une île qui fut jadis verdoyante, il ne reste que 5 % de forêt.
Pendant des dizaines d'années, les appels du gouvernement pour protéger la forêt restèrent lettre morte. Malgré les efforts de nombreuses organisations d'aide internationale pour remplacer les arbres dans l'une ou l'autre partie du pays, la tendance ne put être renversée.
En dépit de cela, M. Hunsberger est optimiste quant au résultat du projet de la FPAD, qui s'attaque au problème d'une manière originale. "Notre but, dit-il, est de travailler avec les organisations volontaires privées, comme la communauté bahá'íe haïtienne et d'autres groupes religieux, pour changer la manière dont les paysans perçoivent les arbres."
"Nous voulons que les fermiers fassent pousser leurs propres arbres et qu'ils comprennent qu'on doit récolter le bois comme on récolte le maïs ou les haricots : on ne peut récolter le maïs de quelqu'un d'autre, de même ne devrait-on pas couper les arbres des autres."
La FPAD encourage aussi les fermiers à planter des arbres à croissance rapide qui ont des usages utiles et pratiques : nourriture animale, amélioration de la qualité du sol, bois de charpente ou production de charbon de bois.
Ce programme cadre bien avec le concept bahá'í d'intégration entre environnement et développement. L'école Anís Zunúzí participe à ce projet de la FPAD depuis 1985. Elle commença par construire une pépinière. Aujourd'hui, cette pépinière produit environ 120 000 plants par an qui sont distribués aux fermiers de la région. Une autre pépinière, installée au Nord du pays par le conseil bahá'í local de Liancourt, produit environ 80 000 arbres par an.
M. Hunsberger explique : "L'école Anís Zunúzí est un excellent exemple de la manière dont agit la FPAD : nous ne travaillons qu'avec des organisations volontaires privées (OVP) telles que l'école bahá'íe, la mission baptiste et d'autres. Environ 70 organisations sont impliquées."
En travaillant avec ces groupes, la FPAD atteint les couches de la société haïtienne où l'éducation sur le reboisement et la plantation d'arbres peut faire la différence. "Les OVP ont tendance à avoir les pieds sur terre, affirme M. Hunsberger, et il est probable qu'elles seront là bien plus longtemps que nous."
Victor Dumay est un des fermiers qui a bénéficié du programme. Il y a quatre ans, il planta des arbres autour de chez lui. Aujourd'hui, ils ont déjà plus de six mètres de haut, donnent de l'ombre et améliorent l'humidité du sol.
"Les arbres augmentent la valeur du terrain" dit M. Dumay dont les arbres furent procurés par Desanges Exama, agent de développement du programme extra-scolaire de l'école Anís Zunúzí. "Une fois que vous avez de bons arbres, vous êtes sûr d'avoir de la pluie, parce que les arbres attirent la pluie."

(One Country n°4, pp.10-11)


6.3.3. LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS

Bien que la Conférence Habitat II semble, dans une certaine mesure, mettre l'accent sur les problèmes techniques des cités et des villes comme la congestion urbaine, le problème du logement et la pollution de l'environnement, les responsables politiques sont de plus en plus convaincus que ces problèmes, tout comme ceux liés à l'urbanisation, ne pourront être résolus qu'en puisant dans les valeurs et les aspirations humaines -ce qui a toujours été la préoccupation première des communautés religieuses.
Dernière née des grandes communautés religieuses, la Foi bahá'íe est un système de croyance orienté vers l'action qui propose des enseignements spécifiques se rapportant aux problèmes de la vie moderne et aux thèmes figurant à l'ordre du jour de la conférence Habitat II.
Sur le plan des idées, ces enseignements constituent la base du nouveau système de valeurs qu'il faudra édifier pour que les communautés humaines puissent survivre dans un monde interdépendant. C'est ainsi que depuis plus d'un siècle, les bahá'ís ont défendu les concepts d'"unité de l'humanité" et d'"unité dans la diversité" . Ces idées vont au delà de simples appels à la tolérance et à la coopération, en tant que telles, et sont de plus en plus reconnues comme essentielles à l'édification de communautés pacifiques et harmonieuses.
Sur le plan pratique, inspirées par les aspects progressistes de leur Foi, les communautés bahá'íes du monde entier ont mis sur pied plus de 1.300 projets de développement économique et social qui, tout au moins sur une petite échelle, proposent un grand nombre d'approches et de solutions nouvelles aux problèmes que rencontrent les établissements humains contemporains.
Ces projets vont de la création de centres de formation professionnelle au lancement de campagnes contre le racisme dans les grandes villes, en passant par de modestes acitivités génératrices de revenus limitées au niveau des villages et des initiatives de formation pédagogique qui s'adressent aux régions. Presque toutes ces activités s'inspirent des principes d'unité et d'interdépendance de l'humanité, principes qui sont au coeur des enseignements bahá'ís; nombre d'entre elles intègrent également sciemment les principes de développement durable, de prise de décision collective et d'entreprise individuelle.

a) Projets locaux et communautaires

L'approche des projets bahá'ís de développement économique et social s'inspire en partie de leur adhésion à des principes sociaux progressistes, alliée à un haut degré d'autonomie locale et de décentralisation. Qui plus est, la plupart de ces projets mettent l'accent sur l'épanouissement moral et la prise de décision collective, considérant que la meilleure façon de résoudre les problèmes sociaux est de permettre aux individus de révéler leurs capacités latentes tout en les préparant à travailler ensemble en groupes pour des buts communs.
Nombre de ces projets suggèrent d'adopter, au niveau local, selon l'expression utilisée dans l'ordre du jour d'Habitat, les "pratiques les meilleures" susceptibles d'être appliquées à plus grande échelle pour trouver des solutions nouvelles aux problèmes des établissements humains.
- En Colombie, la Fondation pour l'enseignement et l'application des sciences (FUNDEAC), créée à l'initiative des bahá'ís, a mis au point un nouveau programme d'enseignement rural destiné à offrir de nouvelles possibilités aux personnes qui cherchent un emploi ou veulent créer des entreprises en milieu rural afin d'endiguer la migration urbaine. S'appuyant sur plus de vingt années de recherches, la FUNDEAC a mis au point un programme d'enseignement secondaire adapté aux besoins et aux préoccupations des ruraux et facile à enseigner en dehors des cadres scolaires traditionnels par des enseignants ayant reçu relativement peu de formation. Les manuels et les méthodes conçus par la FUNDEAC ont été massivement adoptés par les gouvernements régionaux et d'autres ONG en Colombie et plus de 15.000 élèves ont reçu un diplôme ou suivent les cours de ce programme.
- En Inde, l'Institut professionnel bahá'í pour les femmes rurales organise une série de cours visant à former les femmes rurales à diriger leurs communautés. Ouvert à Indore depuis 1983, l'Institut enseigne la santé, la nutrition, la lecture, l'écriture et le calcul, le développement de l'enfant et dispense un enseignement professionnel de base aux femmes rurales des communautés périphériques. Le programme met l'accent sur l'éducation morale, la protection de l'environnement et le concept d'"unité de l'humanité"; grâce à ce programme, on a observé une diminution des tensions entre étudiants appartenant à des castes différentes.
- A Macao, l'École des Nations, qui se situe dans un environnement très urbanisé, dispense un enseignement général et professionnel à tous les citoyens. Le programme est bilingue et met l'accent sur l'éducation morale, la protection de l'environnement, et le concept de "citoyenneté du monde" dans le but de former de futurs dirigeants et citoyens responsables.
- Au Brésil, les problèmes qui affligent ceux que l'on nomme les "enfants de la rue" font l'objet d'un projet à Manaus, ville en rapide expansion de la région amazonienne. Le Centre d'action sociale dirigé par des bahá'ís cherche à faire de ces enfants des membres productifs, conscientieux et en bonne santé de la société, en combinant l'école élémentaire et un programme spécial de formation professionnelle et morale. Associée à une campagne d'organisation communautaire à l'intention des femmes pauvres du voisinage, cette méthode permet non seulement de fournir une assistance matérielle et scolaire aux enfants, aux jeunes et aux mères à qui elle s'adresse, mais aussi à les doter d'outils intellectuels et spirituels qui leur permettront de transformer leurs vies et en dernière analyse, d'être à même d'aider les autres.

(Dossier de Presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)


6.3.4. PROJETS LOCAUX ET COMMUNAUTAIRES

Malgré son petit nombre et ses ressources limitées, comparés à ceux de nombreuses autres organisations religieuses, sans compter ceux des gouvernements et des institutions internationales, la communauté mondiale bahá'íe a lancé au fil des ans un certain nombre de projets et de programmes à caractère économique et social, qui se distinguent par leur approche inédite des problèmes sociaux et une perspective holistique propre.
Les communautés bahá'íes gèrent plus de 1300 projets locaux en matière de développement économique et social de par le monde. Leurs efforts portent autant sur la gestion de simples centres d'alphabétisation, l'organisation de campagnes anti-racistes dans les villes, la mise en oeuvre de modestes projets villageois générateurs de revenus que sur des initiatives de formation des enseignants à l'échelle régionale.
Outre ces projets spécifiques, l'expérience d'ensemble de cette communauté qui intègre et unit quelque 5 millions de membres de milieux extrêmement divers, issus de presque toutes les nationalités, les groupes ethniques, les origines religieuses et les classes sociales, est digne d'examen dans la mesure où elle présente un palmarès unique des possibilités d'intégration sociale dans une ère d'interdépendance planétaire.
L'approche des projets bahá'ís de développement économique et social s'inspire en partie de leur adhésion à des principes sociaux progressistes, alliée à un haut degré d'autonomie locale et de décentralisation. Qui plus est, la plupart de ces projets mettent l'accent sur l'épanouissement moral et la prise de décision collective, considérant que la meilleure façon de résoudre les problèmes sociaux est de permettre aux individus de révéler leurs capacités latentes tout en les préparant à travailler ensemble en groupes pour des buts communs.
L'institut de développement New Era à Panchgani, en Inde, à quelque 150 km au sud-est de Bombay, sert de centre de formation au développement rural et de centre d'expérimentation directe pour l'amélioration des techniques agricoles, l'éducation à la santé et la viabilité économique des villages alentours. Au travers de ses activités de formation, l'institut vise la création d'un corps de "médiateurs du développement communautaire", soit des individus capables d'aider leurs villages à organiser et à mettre en oeuvre par eux-mêmes des projets. Des jeunes de tous les coins de l'Inde, filles et garçons, y viennent pour suivre un programme d'un an, pendant lequel on leur enseigne non seulement des matières techniques du type éducation des adultes, formation à l'alphabétisation, promotion de la santé et développement agricole, mais aussi des valeurs et des principes spirituels dont dépend le succès de tout effort de développement. En prônant notamment l'égalité entre femmes et hommes et le besoin de se défaire de toute forme de préjugés, l'institut cherche à relever les défis sociaux sous-jacents en Inde, comme l'oppression des femmes et le système des castes. Il fournit aussi une formation professionnelle en matière de "technologie agricole", savoir-faire approprié et utile à la vie rurale en Inde, qui a donné lieu à la création d'un certain nombre de petites entreprises.
Les problèmes qui affligent ceux que l'on nomme les "enfants de la rue" au Brésil font l'objet d'un projet à Manaus, ville en rapide expansion de la région amazonienne. Le Centre d'action sociale dirigé par des bahá'ís cherche à faire de ces enfants des membres productifs, conscientieux et en bonne santé de la société, en combinant l'école élémentaire et un programme spécial de formation professionnelle et morale. Associée à une campagne d'organisation communautaire à l'intention des femmes pauvres du voisinage, cette méthode permet non seulement de fournir une assistance matérielle et scolaire aux enfants, aux jeunes et aux mères à qui elle s'adresse, mais aussi à les doter d'outils intellectuels et spirituels qui leur permettront de transformer leurs vies et en dernière analyse, d'être à même d'aider les autres.
En Afrique, les bahá'ís gèrent un large éventail de projets de développement allant de simples groupes de travail dirigés à des efforts de promotion de la condition féminine à l'échelon régional. Parmi les projets les plus réussis, il y a un effort de longue haleine pour former des éducateurs dans le domaine de la santé des collectivités. Mené dans un certain nombre de pays, dont le Tchad, le Kenya et la Zambie, ce projet se sert du système des Assemblées spirituelles locales bahá'íes comme réseau prêt à l'emploi pour soutenir et organiser les éducateurs des villages des régions éloignées. Choisis par les communautés où ils seront appelés à exercer leurs compétences, ceux-ci travaillent bénévolement, consacrant une partie de leur temps toutes les semaines à promouvoir la vaccination, l'allaitement maternel, l'hygiène et les techniques de premiers soins de secours comme la réhydratation par voie orale.
Les communautés bahá'íes des Etats-Unis, d'Afrique du Sud et d'autres pays multiraciaux ont été à l'avant-garde des efforts dans le domaine de la lutte contre l'animosité raciale. Aux Etats-Unis, les bahá'ís ont cherché à promouvoir une nouvelle vision de l'unité en organisant de multiples séminaires, ateliers et colloques en faveur de l'entente raciale. En Afrique du Sud, bien avant la fin de l'apartheid, la communauté bahá'íe de ce pays, composée de membres issus de tous les groupes ethniques et raciaux, était pleinement engagée à faire la preuve de la réalité de l'unité du genre humain. De fait, plus de 90% des 10 000 membres de cette communauté est non-blanche - proportion qui correspond grosso modo à celle de la population générale de ce pays.

a) Expériences d'intégration sociale de par le monde

D'un point de vue général, l'expérience des bahá'ís d'Afrique du Sud, bien qu'extrême, permet de se faire une idée du genre de résultats obtenus par les communautés bahá'íes du monde pour montrer qu'il existe plusieurs voies possibles vers l'intégration sociale.
Composée d'hommes et de femmes issus de presque toutes les origines nationales, ethniques et religieuses, dont plus de 2100 groupes tribaux et raciaux différents, la communauté mondiale bahá'íe est néanmoins fermement unie par un engagement commun à un programme planétaire de progrès social, spirituel et moral. Ce programme se caractérise par le soutien aux principes suivants: l'abandon de toute forme de préjugés; l'égalité pleine et entière entre femmes et hommes; la réduction des extrêmes, de richesse, et de pauvreté; la reconnaissance de l'unité essentielle des grandes religions mondiales et de la nature spirituelle de la personne humaine; l'éducation pour tous; des critères élevés de comportement individuel; l'harmonie entre science et religion; un équilibre entre protection de la nature et développement; enfin l'établissement d'un système fédéral mondial fondé sur la sécurité collective et la citoyenneté mondiale.
Dans l'ensemble, cette communauté incarne dans sa vie de tous les jours, par son engagement à des principes communs, et ses activités d'aide à l'humanité toute entière, une organisation planétaire unique en son genre, disposant d'un vaste réservoir d'expériences en matière de cohésion sociale, souvent contre toute attente. Son oeuvre s'appuie sur une certaine vision de l'unité de l'humanité et la croyance dans la valeur authentique et la dignité spirituelle de tout habitant de la planète.

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)


6.4. Coopération

6.4.1. REMPLACEMENT DU "JIKO" TRADITIONNEL - MOMBASA, Kenya

A Mombasa comme dans les autres grandes villes du Kenya, chaque foyer ou presque est équipé d'un simple brasero, le jiko, qui fonctionne au charbon de bois.
Malheureusement cette tradition, si elle n'est pas maîtrisée, va dénuder les forêts du Kenya. Le combustible ligneux - charbon de bois et bois de chauffage - représente environ 75% des besoins énergétiques de base du Kenya; c'est là une donnée statistique qui a peu de chance de se modifier sensiblement dans l'avenir, étant donné le coût de l'importation de combustibles fossiles. Or, une grande part du charbon de bois qui rentre dans cette équation est utilisée comme combustible dans les jikos.
Une association de groupements écologiques kenyans, connue sous le nom d'"Organisations écologiques non-gouvernementales du Kenya" (KENGO), a lancé un programme national visant à remplacer le jiko traditionnel par un modèle rénové, consommant peu d'énergie. Bien que les jikos perfectionnés soient plus onéreux, ils permettent à la ration journalière de charbon de bois de durer deux fois plus longtemps. La chaleur étant concentrée au-dessous de la casserole, la nourriture cuit deux fois plus vite, et l'on réalise ainsi une économie de temps et de combustible.
Depuis quelques années, la communauté bahá'íe de Mombassa participe à ce programme. "KENGO incite la population à utiliser le nouveau modèle de jiko et c'est ainsi que nous avons commencé à le fabriquer dans le cadre d'un effort communautaire", dit Vincent Wanjara, coordinateur bahá'í du projet jiko. "Ils ont invité les bahá'ís à participer à ce projet, et cela a été une expérience enrichissante pour nous. "
"Bien qu'il s'agisse d'un projet à petite échelle réalisé depuis une arrière-salle du centre bahá'í de Mombassa, le projet jiko bahá'í illustre cependant bien le genre d'initiative adopté par des communautés locales bahá'íes pour s'attaquer aux problèmes de l'environnement et du développement", déclare M. Lawrence Arturo, directeur du Bureau de l'environnement crée par la Communauté internationale bahá'íe.
Cet état d'esprit a impressionné bien des kenyans. "Lorsque je pense aux bahá'ís, ce n'est pas la dimension de leurs entreprises qui compte, mais l'impact qu'ils exercent", dit M. Jimoh Omo-Fadakah, directeur général du Réseau africain d'ONG écologiques (AFEN). "Sans exagérer, ils constituent l'un des principaux groupes ici."
Selon M. Omo-Fadakah, même les projets de développement les plus modestes, tels que l'initiative bahá'íe pour la fabrication des nouveaux poêles jiko, contribuent non seulement au mouvement écologique, mais aussi à la cause de la paix. "La paix est la condition préalable à toutes sortes de développements humains", dit-il. "La paix peut être trouvée au sein de toutes les communautés locales et, dans la manière dont les individus communiquent entre eux."
"Ceci me semble être l'essence même de la philosophie bahá'íe, et il se trouve que je suis d'accord avec cette idée: éveiller la population à l'importance de la paix, et au fait qu'il est essentiel d'agir de la manière qui lui est propre, dans les communautés locales, et sans hostilité envers quiconque", ajoute M. Omo-Fadakah.
La communauté bahá'íe de Mombassa a appris la fabrication des nouveaux jikos grâce à des cours de formation dispensés à l'Institut de formation des agriculteurs, dépendant du gouvernement local qui participe au programme élaboré par KENGO pour les groupements et organisations locaux.
Les nouveaux jikos possèdent plusieurs caractéristiques qui les rendent plus efficaces. Tout d'abord, ils ont un revêtement en vermiculite ou en argile et environ 2,5 cm de ciment au fond, sur lequel est allumé le feu sous le charbon de bois, afin de conserver la chaleur.
Chaque jiko est également équipé d'une petite porte latérale avec loquet, où est introduit le papier destiné à faire prendre le feu. Cette porte bloque la chaleur à l'intérieur du poêle.
En outre, le nouveau modèle dure plus longtemps. Les anciens poêles sont rapidement rongés par l'action corrosive de la cendre des hautes températures; il faut les remplacer tous les six mois, alors que le nouveau jiko peut durer jusqu'à quatre ans.

(One Country n°5, pp. 6-7,15)


6.4.2. SYMPOSIUM SUR LA CRISE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE - NATIONS UNIES

En termes si ponctués et délibérés qu'ils en devenaient presque hypnotiques, Mme Eremina Mvura a exposé les défis auxquels sont confrontées les femmes rurales en Afrique. Les auditeurs, réunis dans le confort climatisé de l'auditorium de la bibliothèque Dag Hammarskjöld pour un symposium d'une journée sur la crise alimentaire en Afrique le 5 septembre 1991, étaient subjugués. "C'est l'estomac qui nous a conduits ici aujourd'hui", déclare d'emblée Mme Mvura. "Cet estomac-là a des besoins fondamentaux. Et les femmes travaillent jour et nuit pour satisfaire ces besoins."
"La femme rurale doit parcourir des kilomètres pour rapporter de l'eau", ajoute Mme Mvura qui est cultivatrice et travaille pour le développement communautaire dans les zones rurales du Zimbabwe. "Si elle revient sans eau, c'est son bébé qui va pleurer ! Elle a besoin de nourriture pour sa famille, et cette nourriture doit être cuite. Il lui faut donc de l'eau, et aussi du combustible." Les doléances de Mme Mvura ne se sont toutefois pas terminées par un appel en faveur d'une aide extérieure accrue. Bien au contraire, comme l'ont fait d'autres orateurs lors du symposium , elle a demandé que les donateurs internationaux et les organismes de développement soutiennent les femmes en tant que petits producteurs de récoltes vivrières au lieu de concentrer les efforts sur les agriculteurs-hommes, les cultures de rente et l'aide humanitaire. Mme Mvura et d'autres femmes devaient affirmer qu'avec ce soutien l'Afrique ferait un pas de plus vers l'auto-suffisance.
"Avec une aide appropriée, les femmes d'Afrique peuvent produire suffisamment", dit-elle. "Nous n'avons pas besoin d'être nourries à la cuillère. Nous n'avons pas besoin d'être prises en charge... Nous cherchons un appui moral et motivant... Nous avons besoin de matériel, par exemple des brouettes." Ce symposium était le sixième d'une série de conférences annuelles au sujet des femmes rurales africaines, patronné par l'organisation Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique qui siège à New York et regroupe des organisations intergouvernementales et non-gouvernementales (ONG) et des organes des Nations unies. L'importance des agricultrices s'affiche dans cette simple statistique : on estime que les femmes contribuent à hauteur de 80 % à la production alimentaire en Afrique. Malgré cela, elles sont ignorées lors de la définition des politiques alimentaires, problème auquel Défenseurs cherche à s'attaquer.

a) Enquête auprès des ONG

Cette année, l'intérêt des informations fournies au cours du symposium s'est accru avec la publication d'une enquête récente auprès des ONG du continent africain. Patronnée par Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique, l'enquête souligne un grand nombre des préoccupations exprimées par Mme Mvura et d'autres. Par exemple, elle suggère que la dégradation accrue de l'environnement, le manque de programmes d'alphabétisation et de formation technique pour les agriculteurs des petites exploitations, en particulier pour les femmes, ainsi que l'application inadéquate de l'aide alimentaire, sont parmi les causes principales de l'aggravation de la situation alimentaire en Afrique.
"Même si de nombreuses ONG reconnaissent l'importance de l'aide humanitaire, elles aimeraient la voir s'accompagner d'efforts pour améliorer les moyens et accroître la capacité des Africains à produire leurs propres ressources alimentaires", remarque Alasebu Gebre Sélassié, sociologue éthiopienne et conseiller en développement, qui analysait les résultats de l'enquête.
Sur les 94 réponses de l'enquête qui portait sur plus de 500 ONG africaines, 65% précisent que l'ensemble de la situation alimentaire en Afrique a empiré depuis 1986, au cours des six années qui suivirent le lancement du Programme d'action des Nations unies pour le redressement et le développement économique de l'Afrique dont la révision finale est actuellement en cours.
"Ce qui est significatif dans cette enquête, c'est qu'elle interrogeait des organisations africaines locales, sur les causes de la pénurie alimentaire en Afrique", déclare Mary Power, représentante auprès des Nations unies de la Communauté internationale bahá'íe, une des organisations fondatrices et celle qui préside Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique. "Cette enquête n'était pas basée sur les évaluations d'organisations donatrices ou d'experts techniques occidentaux, mais plutôt sur l'expérience réelle des groupes qui travaillent actuellement sur le terrain afin d'aider les leurs."
Les organisations interrogées ont suggéré que la situation alimentaire en Afrique pourrait s'améliorer en portant l'effort sur les infrastructures agricoles dans les zones rurales, avec un retour à des programmes de formation intégrée privilégiant la préservation de l'environnement et la culture biologique et avec des possiblilités de crédits et de prêts aux petits exploitants.
"Tout programme d'action destiné à garantir la sécurité alimentaire en Afrique doit être entièrement conçu, exécuté, contrôlé et modifié par ceux qui sont concernés", écrit Mme Sélassié dans la conclusion de l'enquête. "Les décideurs du pays devraient établir leurs plans en tenant compte des expériences des petits exploitants au niveau familial et de celles des gros producteurs."
Ces idées formulées dans l'enquête ont été défendues par les orateurs du symposium qui a réuni plus de cent représentants d'organismes de développement, d'ONG et de bureaux des Nations unies.

b) Femmes en première ligne

"Les femmes rurales africaines sont en première ligne pour la production alimentaire", a déclaré Alex Ashiabor, administrateur du Groupe de travail pour l'Afrique de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. "Elles sont en position de voir les problèmes pointant à l'horizon. Bien souvent, elles peuvent offrir des solutions. Toutefois, la tradition, les usages culturels et les lois en vigueur qui donnent la priorité aux hommes dans tout ce qui concerne l'accès aux ressources et même dans le processus de prise de décisions les empêchent d'atteindre leur but."
M. Ashiabor cite un expemple en Gambie où un projet sur 20 ans, visant à améliorer la production de riz par la transformation de 2.400 ha. de marécages en champs irrigués, a échoué parce que les femmes, "qui assurent la plus grande partie des travaux de déblaiement, transplantation, semis et récolte, se sont vues refuser le droit à la propriété et n'ont pas été pleinement impliquées lors de la conception du projet".
Selon M. Ashiabor, des désaccords sont apparus et nombreuses sont les femmes qui ont cessé de travailler la terre. Même si des facteurs d'ordre technique ont contribué à cet échec, les facteurs sociaux-culturels et, en particulier, l'attitude des hommes envers les femmes ont exercé une influence encore plus grande.

c) Valeur des aliments locaux

M. Ashiabor a également préconisé une intensification de la recherche sur la valeur nutritive, la production, la préparation et la conservation des aliments locaux."La valeur diététique de nombreux aliments africains est connue des femmes mais n'est pas largement diffusée", précise-t-il avant d'ajouter qu'"une meilleure connaissance de leur valeur nutritive favoriserait l'accroissement de la consommation des produits locaux plutôt que des variétés importées".
Ruth Bamela Engo-Tjega, chargée de liaisons au comité d'orientation du secrétariat du Groupe de travail pour l'Afrique et l'une des fondatrices de Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique, déclare que la guerre, la dégradation de l'environnement et l'"absence de stratégies alimentaires nationales" figurent parmi les principales causes de l'aggravation de la situation alimentaire en Afrique.
Selon Mme Engo-Tjega, d'autres efforts dans le domaine du développement s'avèreront inutiles si le problème de la production alimentaire n'est pas traité en premier lieu. "La nourriture doit avoir la priorité car elle est, en fait, la source de toute vie", dit-elle. "Cette année encore, Défenseurs aborde le problème avec la conviction que les simples citoyens sont les bâtisseurs des nations et que les populations sous-alimentées ne peuvent assurer le développement d'un pays, pas plus qu'un oiseau sans ailes ne peut prendre son envol."

(One Country n°10, pp.1, 8, 12-13)


6.4.3. SOINS DE SANTÉ - GENÈVE

Bien que les efforts en matière de santé au niveau régional et villageois, tels que le programme de soins élémentaires à Sarh, au Tchad, aient été réalisés en grande partie par des activités à la base, l'action bahá'íe, nationale et internationale, dans le domaine des soins élémentaires se développe, elle aussi, rapidement.
Ainsi par exemple, en 1989, la Communauté internationale bahá'íe a entamé des relations de travail avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans les deux années à venir, diverses formes de coopération vont être explorées telles que : le patronage conjoint d'une association pour les questions de santé publique au Burkina Faso, la reproduction de documents techniques de l'OMS dans les publications bahá'íes, et un effort général des communautés bahá'íes visant à promouvoir la stratégie de l'OMS "La santé pour tous".
Dans le cadre de cette coopération globale, la Communauté internationale bahá'íe s'est associée aux 70 autres organisations à vocation médicale ou consacrées aux enfants, dans le programme "Des faits pour la vie", que lancent en ce moment l'UNICEF, l'OMS et l'UNESCO. Ce programme est fondé sur la diffusion d'une brochure simple et facile à comprendre, présentant des informations de base sur les soins à donner aux enfants, en particulier l'importance de l'allaitement, des vaccinations, de l'hygiène domestique et du traitement de la diarrhée.
Grâce à un réseau de programmes sanitaires, éducatifs et/ou de développement dans 41 pays, les communautés bahá'íes nationales participantes diffuseront ces brochures et encourageront leur utilisation dans les groupes de femmes, les écoles bahá'íes, les activités pour les jeunes, les programmes d'alphabétisation des adultes et les conférences régionales.
"La stratégie mondiale de l'OMS pour "La santé pour tous en l'an 2000" est, pour une large part, un élément des buts que poursuivent nos communautés à travers le monde", nous a déclaré M. Giovanni Ballerio, représentant de la Commuanuté internationale bahá'íe auprès des Nations unies à Genève.
"L'engagement croissant de nos communautés au niveau local, dans des projets relatifs à la santé en est un exemple, comme d'ailleurs l'action de notre communauté internationale, qui participe au programme "Des faits pour la vie". Depuis de nombreuses années, les bahá'ís ont également oeuvré au sein des Nations unies dans le cadre de conférences internationales sur la santé."
Les communautés nationales bahá'íes gèrent une gamme de projets d'éducation sanitaire. Des stations de radios d'Afrique et d'Amérique du Sud émettent régulièrement des programmes d'information en matière de soins sanitaires. C'est ainsi qu'une station de Bolivie, "Radio bahá'íe Caracolla", diffuse des programmes éducatifs sur la santé, tels que celui de l'UNICEF intitulé "Révolution dans la santé infantile", et elle a collaboré à la création de 35 centres d'écoute locaux pour la discussion de ces programmes.
Au Pérou, une troupe théâtrale itinérante patronnée en partie par la station radio de Puno, a joué une pièce écrite spécialement pour la circonstance et qui montre de manière saisissante comment de simples mesures, telles que l'immunisation et la réhydratation orale peuvent sauver le petit enfant des "ravisseurs d'enfants".
Cette production a été filmée par l'UNICEF pour être utilisée dans le cadre d'autres projets de formation sanitaire. La radio bahá'íe du Liberia a participé à la réalisation d'un programme sur les soins de santé, diffusé en cinq langues.
L'information sur les problèmes sanitaires est également distribuée par les soins de l'Agence internationale bahá'íe de la santé, créée en 1982, en Amérique du Nord, par des professionnels de la santé. Le cercle de ses membres s'est agrandi depuis lors puisqu'il englobe désormais des médecins, des infirmiers et du personnel de santé disséminés à travers le monde. L'Agence internationale bahá'íe de la santé publie un bulletin trimestriel et organise une conférence annuelle.

(One Country n°3, pp. 10-11)



7. Famille

7.1. Introduction

La famille est en mutation, au même titre que le monde entier. Dans toutes les cultures, la famille se désintègre, se divisant sous la pression de l'économie et les bouleversements politiques et s'affaiblissant face à la confusion morale et spirituelle.
"Les conditions entourant la famille entourent la nation. Ce qui arrive dans la famille est ce qui arrive dans la vie de la nation."
Les bahá'ís voient ces difficultés comme les signes d'une lutte de l'humanité en vue d'un âge nouveau de développement collectif, un âge de maturité. La famille, en tant qu'unité de base la plus fondamentale de la société doit, dans ce processus, être remodelée et revitalisée selon les principes mêmes qui redonnent forme à la civilisation en tant que telle.
Le principe fondamental pour ce jour nouveau est l'unité de l'humanité. "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité," déclara il y a un siècle le fondateur de la Foi bahá'íe, "ne peuvent être atteints à moins que son unité ne soit fermement établie". L'acceptation de l'interrelation et de l'interdépendance de tous les peuples suppose le renouvellement de toutes les institutions sociales sur terre, y compris la famille.

(La famille dans une communauté mondiale)


7.2. Point de vue bahá'í

7.2.1. LES BASES D'UNE FAMILLE SAINE

"Si l'amour et l'entente sont manifestes dans une famille, cette famille progressera, deviendra éclairée et spirituelle."
L'approche bahá'íe de l'unité de la famille mêle aux éléments de sagesse traditionnelle des principes avancés et des outils pratiques. L'adhésion à ces enseignements offre un rempart contre les forces de désintégration et un cadre pour la formation de familles solides, saines et unies.
Une relation d'amour entre mari et femme forme la base et la condition sine qua non d'une famille bahá'íe. Le mariage, création divine, est là pour unir un couple "à la fois physiquement et spirituellement, de façon à ce que chacun améliore toujours la vie spirituelle de l'autre". Un homme et une femme, s'étant choisis librement et ayant obtenu le consentement de leurs parents, se marient, selon la loi bahá'íe, en présence de témoins désignés par le corps constitué élu de la communauté, l'Assemblée spirituelle locale. Par ces mots "En Vérité, nous dépendons de la volonté de Dieu", récités à la fois par la mariée et le marié, les deux s'engagent vis-à-vis de Dieu et par là même vis-à-vis l'un de l'autre.
L'une des raisons d'être du mariage est la création d'une nouvelle génération qui aimera Dieu et servira l'humanité. La tâche de la famille est alors d'établir une relation d'amour respectueuse et harmonieuse entre parents et enfants.
L'harmonie et la coopération dans la famille, comme dans le monde, ne peuvent être maintenues qu'en gardant un équilibre entre les droits et les responsabilités. Tous les membres de la famille "ont des devoirs et des responsabilités à l'égard des uns des autres et de la famille elle-même" qui "varient d'un membre à un autre à cause des liens naturels".
Les enfants, par exemple, ont le devoir d'obéir à leurs parents. Ils ont aussi le droit qu'on s'occupe d'eux, qu'on les éduque et les protège. Les mères, qui mettent les enfants au monde et sont leurs premières éducatrices, sont en priorité, sans que ce soit une exclusivité, responsables de leur éducation spirituelle et de la création d'un foyer plein d'amour. Les pères ont en priorité, mais là encore pas exclusivement, la responsabilité du confort financier de la famille et de l'éducation formelle des enfants.
Les standards moraux individuels promus par les enseignements bahá'ís condamnent beaucoup les agents qui contribuent à la destruction des familles. L'alcool est interdit aux bahá'ís de même que tout produit aliénant l'esprit. Aucune forme de violence ou d'abus au sein de la famille ne peut jamais être tolérée. D'après les Écrits sacrés bahá'ís :
"L'intégrité des liens de la famille doit être constamment prise en considération et les droits de chaque membre ne doivent pas être transgressés."
Bien que fermement dénoncé par Bahá'u'lláh, le divorce est permis lorsqu'il y a antipathie entre le mari et la femme. Il ne peut être accordé qu'après une année de patience pendant laquelle le couple vit séparément et cherche toutes les possibilités d'aplanir leurs différents. Ainsi protégés de décisions rapides et de réactions émotionnelles inconsidérées, bien des couples sont capables de reconstruire leur mariage pendant cette année de réflexion. Si néanmoins, une réconciliation s'avère impossible, le couple peut divorcer.

a) Égalité des sexes

Le principe de l'égalité de l'homme et de la femme transforme les relations dans le mariage bahá'í. Étant partenaires à part égale, statut inscrit dans leurs voeux identiques au moment du mariage, ni le mari ni la femme ne domine. La prise de décision doit être partagée.
L'atmosphère dans la famille et dans toute la communauté ne doit jamais "refléter de pouvoir arbitraire, mais un esprit de consultation franche et amicale".
Les principes bahá'ís de la consultation sont des moyens de discuter ouvertement, honnêtement et avec tact de tout problème soulevé au sein de la famille. Le but est de permettre "à la vérité d'être révélée" de façon que le problème soit résolu au bénéfice de tous. Quand on l'utilise dans un couple ou dans une famille, la consultation est un moyen puissant de maintenir l'unité familiale.
La reconnaissance de l'égalité et l'utilisation de la consultation permettent au mari et à la femme une flexibilité qui leur permet de répondre aux demandes d'un monde en transformation rapide. Bien qu'hommes et femmes aient des capacités et des fonctions complémentaires dans certains domaines, les rôles ne sont pas définis de façon rigide et peuvent être ajustés, quand besoin est, pour répondre aux besoins de chacun des membres de la famille et de la famille entière. Alors que les femmes sont encouragées à poursuivre une carrière, il ne faut pas que ce soit au détriment de leur rôle de mères. Et les pères ne sont pas exemptés de tâches ménagères et des soins aux enfants.
Quand les relations au sein de la famille sont conduites dans le respect de la justice, cette famille devient un facteur important pour amener la paix dans le monde. Quand on refuse aux femmes l'égalité et le respect dans la famille, les hommes et les jeunes gens développent des attitudes et des habitudes nuisibles qu'ils transportent sur leurs lieux de travail, dans la vie politique et enfin dans les relations internationales. Plus il y aura des enfants qui grandiront dans des familles où les droits de tous les membres sont respectés et les problèmes résolus grâce à la consultation, plus les perspectives de paix dans le monde augmenteront.

b) Éducation et Famille

Bien que les enfants reçoivent une éducation formelle à l'école, c'est à la maison qu'on développe le caractère et qu'on forme les attitudes morales et spirituelles. Donc, "on doit enseigner toutes les vertus dans la famille". Patience, loyauté, fidélité, justice, honnêteté de telles vertus constituant la pierre angulaire de la personnalité. Les vertus citées dans toutes les traditions sacrées comme des éléments communs à la spiritualité sont les reflets de la Divinité en chaque individu.
Bien qu'encourageant les plus grandes qualités et valeurs en chacun des membres de la famille, les parents doivent pourvoir au développement intégré des capacités de leurs enfants qu'elles soient spirituelles, morales, intellectuelles, émotionelles ou physiques. On doit donc éduquer filles et garçons selon les mêmes critères de base. Si une limite dans les ressources devait amener à choisir, les filles, enseignantes en puissance de la future génération, doivent avoir priorité dans l'éducation par rapport aux fils.

c) Conclusion

Alors que les principes qui précèdent sont progressivement mis en pratique de par le monde, les familles sont de plus en plus aptes à jouer un rôle dans la construction d'une société mondiale unifiée. Car le lien, destinée à venir en son temps, entre la famille, la nation, et une civilisation mondiale, est inéluctable.
"Comparez les nations du monde aux membres d'une famille. Une famille est une nation en miniature. Élargissez simplement le cercle du foyer et vous avez une nation. Élargissez le cercle des nations et vous avez l'humanité."

(La famille dans une communauté mondiale)


7.2.2. UNITÉ DE LA FAMILLE

Quand les familles sont fortes, tout va bien dans le monde. Dans le tendre giron de la famille, nous pouvons développer au maximum notre potentiel en tant qu'individus. La vie de famille est à l'origine de nos sentiments les plus tendres et les plus heureux.
Les enseignements de la Foi bahá'íe, aujourd'hui la seconde religion mondiale la plus répandue, offrent un remède particulier contre les forces qui déchirent les familles aujourd'hui.
Le message le plus important de la Foi bahá'íe est l'unité et les bahá'ís à travers le monde ont découvert qu'il est possible d'utiliser ce principe de base, combinant valeurs traditionnelles et principes progressistes, comme rempart contre les forces de désintégration dans notre époque moderne.
L'unité de la famille commence par le mariage, qui est une création divine. Selon les lois bahá'íes, un homme et une femme sont libres de choisir eux-mêmes leurs conjoints, cependant ils doivent ensuite obtenir le consentement de leurs parents. Bien que ceci puisse paraître trop traditionnel en Occident, les bahá'ís trouvent que cette condition contribue à préserver l'unité de la famille élargie. De plus, cette loi souligne l'importance du lien entre les parents et les enfants, une leçon qui sera ensuite transmise à la génération suivante.
Les voeux de mariage bahá'í sont prononcés devant des témoins de la communauté, renforçant ainsi le réseau de la famille et des amis. Le voeu de mariage est très simple, chaque conjoint doit répéter les paroles : "En vérité, nous dépendons de la volonté de Dieu." Ceci fait part d'un engagement implicite non seulement entre les deux conjoints, mais aussi envers Dieu.
Les bahá'ís pensent que le mari et la femme doivent faire de leur mieux pour devenir des compagnons fidèles et affectueux, "unis physiquement et spirituellement, pour pouvoir toujours améliorer la vie spirituelle l'un de l'autre".
Cet engagement est à la base d'un ménage heureux. Et puisque le but du mariage est la création d'une nouvelle génération qui aimera Dieu et servira l'humanité, les enfants grandiront dans une atmosphère propice à leur développement, avec l'appui de toute la famille.
Ces idées sont, bien entendu, traditionnelles. Toutes les grandes religions ont préconisé les mêmes principes essentiels concernant l'importance et le but du mariage et de la vie de famille. Néanmoins, ces valeurs traditionnelles ont été attaquées dans le monde moderne, beaucoup de familles se disloquant sous les assauts. Quand ces valeurs sont équilibrées avec des principes progressistes, il est toutefois possible de créer le genre de famille qui est en harmonie avec le monde d'aujourd'hui.
Pour les bahá'ís, le facteur le plus important dans le maintien de l'unité au sein de la famille est le respect du principe de l'égalité fondamentale entre l'homme et la femme. Les Écrits bahá'ís disent : "Tant que l'égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas pleinement établie, le développement social de l'humanité ne pourra pas s'accomplir."
La pratique de la consultation, une méthode de prise de décision qui évite les conflits, donne un nouveau ressort à l'institution du mariage dans un monde en pleine mutation. L'esprit de consultation permet au mari et à la femme la flexibilité d'ajuster leur rôle, quand c'est nécessaire pour répondre aux besoins de chaque membre de la famille, ainsi que de la famille elle-même.
La famille doit toujours encourager le développement des plus grandes qualités et des plus hautes valeurs dans chacun de ses membres. Les parents doivent veiller au développement des capacités de leurs enfants - spirituelles, morales, intellectuelles, émotionnelles et physiques.
Par conséquent, les filles et les garçons doivent être instruits selon le même programme. Si les ressources de la famille les obligent à faire un choix, les filles, en tant qu'éducatrices de la génération suivante, doivent bénéficier d'un "droit prioritaire à l'instruction".
Quand les femmes sont instruites, comme l'encouragent les Écrits bahá'ís, les statistiques démontrent que les familles en profitent largement. Les revenues de la famille augmentent et l'argent que les femmes gèrent est utilisé pour les enfants.
L'instruction des filles est l'un des meilleurs moyens de limiter un accroissement excessif de la population. Les femmes instruites ont tendance à avoir moins d'enfants qui seront, par la suite, en meilleure santé, mieux nourris et mieux instruits.
L'ensemble des relations au sein d'une famille doit toujours être imprégné des plus hauts principes. L'unité, la justice, l'amour, la compassion, la confiance, la courtoisie, l'honnêteté - ces qualités ont été enseignées à l'humanité par les Fondateurs de toutes les grandes religions révélées et elles resteront toujours la base du bonheur et du bien-être humain.

(One Country n°17, pp.2-3)


7.2.3. LA DROGUE : SUBSTITUT DE L'UNITÉ FAMILIALE

En 1989, le Dr. A.M. Ghadirian s'est rendu dans sept pays d'Amérique latine afin de rencontrer des responsables des gouvernements et des services de santé sur le thème de "La prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme : une vision globale". Professeur de psychiatrie à l'université Mc Gill de Montréal, le Dr. Ghadirian a travaillé avec des adolescents dans le cadre de programmes de prévention de la toxicomanie au Canada.
ONE COUNTRY a interviewé le Dr. Ghadirian sur sa visite en Amérique latine et ses opinions en matière de prévention de la toxicomanie.
...
Question : Et qu'en est-il au niveau de la famille ?
Dr. Ghadirian : Je pense que la famille joue un rôle crucial dans la prévention de la toxicomanie. Aujourd'hui, dans de nombreux pays du monde, les parents travaillent et il n'y a pas de grands-parents ou d'autres membres de la famille pour s'occuper des enfants. En conséquence, ces derniers grandissent sans le contact et la communication souhaitables avec leurs parents. Parfois, la drogue devient un moyen séduisant de remédier à cette carence. Les enfants ont besoin d'apprendre de leurs parents ce qu'ils peuvent attendre de la vie. Les parents devraient constituer un exemple pour leurs enfants. De plus, lorsqu'une famille est unie et soudée, cette unité apporte un sentiment de sécurité aux membres de la famille. Dans mes contacts, j'ai noté que, bien souvent, l'une des raisons pour lesquelles des parents ne parviennent pas à persuader leurs enfants d'éviter la drogue, c'est parce qu'ils consomment eux-mêmes de l'alcool ou des drogues.

(One Country n°3, pp.12, 14)


7.3. Coopération

7.3.1. LANCEMENT DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA FAMILLE - MALTE

Pour lancer l'Année internationale de la famille 1994, les représentants des Organisations non-gouvernementales (ONG) de presque 100 pays se sont réunis à Malte du 28 novembre au 2 décembre 1993 pour promouvoir l'idée que des familles saines sont essentielles au bien-être des individus et des sociétés.
"La Conférence était centrée sur l'Année de la famille, bien entendu, mais le thème clé de ces réunions était la compréhension que la famille est une unité de première importance pour la société", a dit Betty Benson, représentante de la Communauté internationale bahá'íe auprès de la Conférence. "Presque tout le monde a répété qu'il est impossible d'ignorer la famille et d'avoir ensuite une société convenable."
Le Forum s'est conclu par la signature d'une déclaration des ONG qui encourage les gouvernements à développer une politique qui protège les familles, qui permet la promotion de leur indépendance et qui encourage leur participation. "Dans ce sens", souligne la déclaration, "une société qui respecte les familles, des mesures économiques et écologiques spécifiques, la reconnaissance des contributions des familles dans des domaines sociaux, culturels et économiques sont indispensables".
Les ONG se sont engagées à explorer les domaines où "des actions nouvelles et créatives pourraient être développées pour renforcer la famille et soutenir la vie familiale au profit de ses membres" et pour inaugurer "une nouvelle culture de partenariat" et de coopération pour "réaliser nos fonctions vitales dans l'intérêt des familles".

a) Les thèmes-clés

En plus de la déclaration finale du Forum, les participants ont déclaré qu'un certain nombre de thèmes importants avaient été traités dans les discours et dans les ateliers. Parmi ceux-ci on peut citer : la reconnaissance de la portée de la famille comme pierre de touche de la société, l'importance de promouvoir l'égalité entre les sexes et le rôle-clé de l'instruction pour les femmes.
La déclaration finale a souligné le fait que beaucoup de conférenciers ont demandé aux gouvernements de prendre plus de mesures pour protéger les familles. En même temps, le rôle-clé des ONG pour travailler à renforcer la famille a été souligné de nombreuses fois.
Pour récompenser le travail des diverses organisations et personnes qui ont contribué à promouvoir l'Année internationale de la famille, 100 "témoignages d'estime" ont été distribués par le Secrétariat AIF dans une cérémonie qui a eu lieu le 1er décembre 1993. Trois de ces "témoignages" ont été décernés à la Communauté internationale bahá'íe et à ces représentants : un à la Communauté internationale bahá'íe en tant qu'entité, un à Jenny Field pour son travail pour le Comité des ONG pour la famille à New York et un à Bahia Ettehadieh pour son travail en tant que représentant bahá'í auprès du Comité des ONG pour la famille à Vienne.
"Le témoignage était simplement une reconnaissance du fait que nous avons parlé en public de la question de la famille et que nous avons déclaré notre engagement à attirer l'attention du monde vers la famille", a déclaré Mme Field. "Nous sommes vraiment très heureux d'avoir reçu ces prix et nous vous promettons de continuer notre engagement à promouvoir les questions concernant la famille."
La délégation bahá'íe à la Conférence était composée d'environ 23 personnes venant de 13 pays. Ses membres étaient soit des représentants officiels de la Communauté internationale bahá'íe soit des membres des conseils nationaux bahá'ís, soit des professionnels de la famille qui sont bahá'ís.
"Plusieurs des thèmes qui sont ressortis pendant la Conférence étaient des idées que la Communauté bahá'íe a mis en valeur pendant des années, comme le besoin de former une alliance entre hommes et les femmes, qui serait un partenariat entre égaux, l'importance d'assurer aux femmes et aux filles une instruction semblable à celle des garçons et l'idée de base que la famille, comme pierre angulaire de la société, doit être en bonne santé si la société veut l'être", a souligné Mme Field.

(One Country n°17, pp.12-13)


7.3.2. ELIMINER LA VIOLENCE FAMILIALE

La violence familiale est un problème mondial et pernicieux. Pour relever le défi que pose ce problème critique, des praticiens de la base, des universitaires, des professionnels de la santé mentale et des représentants de plus de 30 Organisations non gouvernementales (ONG) et de deux organisations des Nations unies ont tenu un Symposium de deux jours en mai 1994. Ce symposium a été organisé à l'initiative du Bureau pour l'avancement de la femme de la Communauté internationale bahá'íe en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM), à l'occasion de l'Année internationale de la famille.
Tirant parti de la diversité des cultures, professions, expériences et perspectives, les participants, de la Chine aux Caraïbes, ont travaillé ensemble dans un climat de confiance et de respect. Ils ont échangé des opinions et ont pris collectivement l'engagement de multiplier les efforts pour faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence.
Les participants ont rappelé que la violence domestique revêt de nombreuses formes, et touche tous les secteurs de la société et tous les aspects du développement humain. Les liens entre la violence dans la famille et la violence sociale, structurelle et politique sont incontournables. Les participants ont examiné des stratégies et soulevé des questions portant sur la prévention et l'intervention. Quel est le meilleur moyen de sensibiliser le public à l'ampleur et la gravité de la violence familiale? Comment briser la spirale intergénérationnelle et éviter que les enfants maltraités ne deviennent des adultes maltraités ou maltraitants? Ils ont étudié des stratégies destinées à aider les épouses et les filles battues à acquérir un sentiment d'estime de soi, leur permettant de dénoncer le mythe historique et puissant de leur infériorité, et d'agir en leur propre nom. Après deux jours d'ateliers et de débats, les participants ont été unanimes à souligner qu'élaborer une approche globale et pluridisciplinaire du défi posé, à savoir faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, était non seulement une nécessité, mais aussi un objectif réalisable.
Pour être efficace, les efforts déployés pour faire de la famille un lieu exempt de violence exigent un partenariat entre les hommes et les femmes, et la participation active de tous les secteurs sociaux. les stratégies utilisées pour redresser la situation et remédier au problème doivent être conçues de manière à y associer la famille dans son ensemble, car la dynamique de la violence domestique touche tous ses membres. Selon l'orateur principal, le Dr. Hossain Danesh, Directeur de l'Institut pour l'éducation internationale et le développement, Wienacht, Suisse, cet effort doit avoir pour point de départ une vision nouvelle de la "famille". Quelle qu'en soit la taille ou la composition, a-t-il souligné, cette famille doit se fonder sur "l'unité, l'égalité et le respect mutuel plutôt que sur le pouvoir".
Cela exige différentes mesures, qui vont d'un réexamen des valeurs et des attitudes, à la définition et la criminalisation des comportements violents. La sensibilisation, l'intervention et la prévention doivent être des processus concomitants. "Éliminer la violence au sein de la famille n'est pas une question de choix, d'esprit chevaleresque, d'élégance ou de bienveillance", a déclaré Marjorie Thorpe, Directeur adjoint d'UNIFEM, dans sa conclusion. "C'est une obligation et une responsabilité que nous imposent notre humanité et notre interdépendance."
La violence domestique n'appartient pas au domaine de la vie privée. Elle est devenue une pandémie que la communauté internationale ne peut ignorer ou laisser à l'abri de l'intimité de la famille. C'est un fléau qui sévit dans toutes les régions du monde, toutes les couches économiques et sociales, et tous les types de famille. La famille est le lieu principal de la socialisation et du développement humain. Si ce processus de développement est dénié ou déformé, les conséquences néfastes peuvent être irréversibles. Les comportements acquis à l'intérieur du foyer sont reproduits dans la société.
Il faut pousser les communautés et les gouvernements à agir. Pour éliminer la violence domestique, les gouvernements doivent promulguer et appliquer des lois, élaborer des politiques, des programmes adéquats et des mesures de protection en faveur des victimes, dégager des ressources budgétaires, et engager de vastes campagnes de sensibilisation publique.
Les participants au Symposium ont reconnu le caractère désespérant de la violence domestique, un fléau mondial qui exige une solution mondiale. Ils ont été stimulés et motivés par le fait qu'il constitue un sujet commun de préoccupation et par le nombre des stratégies concrètes qui sont déjà poursuivies à l'échelon local. Pour faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, la communauté pour le développement doit définir des stratégies efficaces qui soient pluridisciplinaires, se fondent sur la collaboration et tiennent compte des conditions culturelles et sociales précises dans lesquelles la violence se produit.
(Faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, New York, mai 1994)



8. Education

8.1. Introduction

Étant donné que l'humanité est jugée capable de progrès et de perfectionnement considérables, l'éducation a une place particulière. "Considère l'homme comme une mine riche en joyaux d'une valeur inestimable" a écrit Bahá'u'lláh. "Seule l'éducation peut révéler ses trésors enfouis et permettre à l'humanité d'en bénéficier." L'éducation devrait donc être universelle et intégrer des valeurs spirituelles et de vraies attitudes morales. Bahá'u'lláh a la vision d'un avenir dans lequel "l'éducation de base" elle-même signifie plus que l'apprentissage mécanique et l'enseignement de compétences simples. Il faut donner aux étudiants des moyens adéquats pour analyser la situation sociale, participer à la planification et à l'action communautaire et chercher la vérité par soi-même. Dans l'enseignement bahá'í, l'unité de l'humanité est un aspect essentiel de chaque programme.

(Les Bahá'ís, p. 29)


8.2. Point de vue bahá'í

8.2.1. LA CITOYENNETÉ MONDIALE

La citoyenneté mondiale - formelle, non-formelle et informelle - est indéniablement le moyen le plus efficace de modeler les valeurs, les attitudes, les comportements et les connaissances qui équiperont les peuples du monde dans leurs actions pour l'intérêt à long terme de la planète et de l'humanité dans son ensemble. Les Nations unies, les gouvernements et les institutions éducatives devraient chercher à inclure le principe de la citoyenneté mondiale dans l'éducation de base de chaque enfant.
Les détails des activités et des programmes d'éducation incorporant ce principe varieront beaucoup dans chaque nation et d'une nation à l'autre. Cependant, afin que la citoyenneté mondiale soit comprise comme étant un principe universel, tous les programmes devront avoir certains aspects communs. Basés sur le principe de l'unité de la race humaine, ils devraient cultiver la tolérance et la fraternité, en valorisant la richesse et l'importance des divers systèmes culturels, religieux et sociaux du monde et en renforçant les traditions qui contribuent à une civilisation mondiale durable. Ils devraient enseigner que le principe de "l'unité dans la diversité" est la clé de la force et de la richesse aussi bien des nations que de la communauté mondiale. Ils devraient encourager une éthique de service pour le bien commun et faire comprendre les droits ainsi que les responsabilités qu'entraîne la citoyenneté mondiale. Ces programmes et activités devraient s'appuyer sur les efforts positifs du pays et mettre en valeur ses succès tangibles dans le domaine de la création de modèles d'unité raciale, religieuse, nationale et ethnique.

(Citoyenneté mondiale, pp.3-4)


8.2.2. ENTRE PROGRÈS SOCIAL ET MORALE INDIVIDUELLE

Les enseignements de Bahá'u'lláh sur une morale individuelle partent du principe qu'il n'existe qu'un seul Dieu. Même si les enseignements religieux se modifient selon les besoins et sont adaptés à l'époque où ils sont révélés, certains enseignements de base d'ordre moral sont communs à toutes les religions. Les bahá'ís, convaincus que le bien-être et le bonheur de l'espèce humaine dépendent du respect de ces lois fondamentales, ne modifient rien sur ce point.
Le code moral des dix commandements qui condamne le meurtre, l'adultère, le vol, le mensonge, la convoitise et le manque de respect à l'égard des parents, se trouve dans toutes les religions; de même, les commandements qui définissent la relation individuelle avec Dieu reviennent constamment dans les révélations divines successives.
Bahá'u'lláh a réaffirmé ces lois et les a expliquées. Il a non seulement condamné le meurtre et le mensonge mais il a aussi particulièrement réprouvé la médisance, les jeux de hasard, la violence et la violation du domicile. La consommation d'alcool et de drogues - sauf prescription médicale - est interdite.
Bahá'u'lláh loue l'honnêteté et la loyauté.
"La loyauté est la voie royale pour la tranquillité et la sécurité des peuples, en vérité, la stabilité de toute affaire dépend et dépendra effectivement d'elle."
Bien que le contexte moral sans cesse changeant ait entraîné nos contemporains à rejeter ou modifier certains éléments du code moral traditionnel légué par Dieu, les bahá'ís pensent qu'une étude objective de la situation actuelle débouche immanquablement sur la conclusion que la société souffrira si la morale n'est pas renforcée. La corruption généralisée, tant dans les affaires qu'au sein des gouvernements, l'épidémie des maladies sexuellement transmissibles et la dissolution des familles fournissent des exemples concrets de la nécessité de revenir à un code de conduite individuel élevé.

(Les Bahá'ís, p. 31)


8.2.3. EDUCATION ET APPRENTISSAGE

Éducation et apprentissage sont les ingrédients de base du succès économique d'une entreprise. Le potentiel humain, infini et varié, ne peut se concrétiser qu'au moyen d'une éducation libérale, universelle et dynamique. Aucune nation ne peut réussir si tous ses citoyens ne sont pas éduqués.
Un penseur économique a décrit la connaissance et le savoir comme le "vrai capital" et "la principale ressource à créer des ressources". Les écrits bahá'ís comparent le développement des ressources humaines au travail dans une mine de pierres précieuses :
"Considérez l'homme comme une mine riche en gemmes de valeur inestimable. Seule l'éducation pourra en révéler les trésors et en faire profiter l'humanité."
La définition de l'éducation doit être élargie jusqu'à inclure le développement des valeurs morales, une attitude au travail et un esprit de service très différents de ce que nous connaissons aujourd'hui.

(Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, p.10)


8.3. Actions bahá'íes

8.3.1. UN SIÈCLE D'EFFORT

Depuis longtemps, l'éducation est une des priorités de l'activité bahá'íe. Conformément aux priorités indiquées dans les écrits du fondateur de la Foi, les bahá'ís se sont intéressés tout spécialement à ceux et celles laissés de côté par les institutions scolaires traditionnelles, telles que les femmes et les personnes qui vivent dans des zones rurales.
A travers le monde, les bahá'ís ont fondé plus de 600 écoles et centres pédagogiques. La majorité de ces établissements se trouvent dans les pays en voie de développement et un fort pourcentage des élèves sont des femmes.
L'attention portée à l'enseignement par les bahá'ís va plus loin que combler les lacunes d'autres centres ou promouvoir une idéologie ou un programme spécial.
Les bahá'ís voient l'enseignement comme un levier pour le développement du potentiel humain tant sur le plan de l'individu que sur celui de la société. Ils sont convaincus que l'unification rapide de l'humanité ouvre la voie à de profonds changements dans le comportement des hommes, et ils conseillent de repenser la théorie et la pratique de l'éducation. L'accent, dans l'éducation, est mis sur l'individu tout entier, sur ses rapports avec la communauté et la société et sur la nécessité d'une formation morale, éthique et spirituelle pour créer une société juste et en paix.
"Considère les hommes comme des mines riches en joyaux d'une valeur inestimable", écrivait Bahá'u'lláh, le fondateur de la Foi. "Seule l'éducation peut en révéler les trésors et permettre à l'humanité d'en profiter."
Dans les années qui ont suivi 1880, les communautés bahá'íes d'Iran ont mis au point des programmes scolaires et dans les cinquante années suivantes, ils ont construit plus de 40 écoles pour filles et garçons, écoles qui furent les premiers établissements d'enseignement modernes de ce pays. Dans les années 1950-1955 ces communautés sont parvenues à s'alphabétiser presque complètement grâce à une campagne qui mettait l'accent sur l'éducation des femmes et des populations des régions rurales.
A l'heure actuelle, l'attention portée à l'éducation des jeunes filles et des personnes vivant en milieu rural ou dans d'autres régions défavorisées continue à caractériser l'effort d'éducation. L'accent est mis aussi sur l'organisation communautaire et la participation de la base à la construction et au fonctionnement des établissements d'enseignement.
Un autre trait spécifique de l'éducation bahá'íe sous-tend ces efforts : une formation morale et spirituelle qui engendre un sentiment de citoyenneté mondiale et qui aide les hommes et les femmes à comprendre leurs rôles respectifs dans la fondation d'une civilisation universelle.
La consultation-méthode spécifique pour résoudre les problèmes de groupes sans créer de conflit-est la méthode préférée pour la prise de décision et la gestion des activités. Un grand nombre d'écoles et de centres pédagogiques forment leurs élèves à la consultation, afin d'aider à les préparer à une société mondiale dans laquelle le changement est rapide et souvent menaçant.
Les écoles bahá'íes ont pour but de développer chez leurs élèves la capacité d'analyser les conditions sociales et de découvrir les forces qui les sous-tendent, de prendre part à la planification et aux actions de la communauté, et de rechercher eux-mêmes la vérité.
A ces programmes s'ajoute également une formation pratique pour l'action sociale, telle que l'hygiène individuelle et collective, l'agriculture et la production des aliments, et les questions forestières et d'environnement, selon les besoins locaux.

(One Country n°2, pp.4-5)


8.3.2. RÉSEAU DE SOINS DE SANTÉ PRIMAIRE EN AFRIQUE

Au Tchad, les bahá'ís ont établi un réseau de premiers soins de santé qui touche certains des villages les plus reculés de ce pays. Basé à Sarh, le réseau se compose d'autochtones formés aux techniques élémentaires des premiers soins de santé: comment vacciner, donner les soins de première urgence, soigner les diarrhées infantiles mortelles et que faire en cas de poussée de paludisme.
Le projet s'appuie sur l'effectif relativement important de bahá'ís de la région; par l'intermédiaire de leurs conseils administratifs bahá'ís locaux appelés : Assemblées spirituelles locales, ils constituent le réseau de communications nécessaire pour mener à bien le projet. Les agents sanitaires de villages bahá'ís travaillent eux-mêmes à titre bénévole après avoir été sélectionnés par leur communauté locale.
Ils ont appris non seulement à donner les premiers soins, mais aussi que servir les autres est une forme de prière.

(Les Bahá'ís, pp. 68-69)


8.3.3. CRÉATION D'UNE ÉCOLE MATERNELLE DANS LES ANDES BOLIVIENNES

Primo Pacsi vit dans les Andes boliviennes où il cultive des pommes de terre à flanc de coteau, sur une terre qui appartient à sa famille depuis des générations. De la tribu des Aymaras, M. Pacsi n'a pour tout diplôme qu'un brevet d'études, ce qui ne l'a pas empêché de contribuer à l'ouverture d'une école maternelle, sérieux coup de pouce pour les enfants du village pendant les années les plus importantes de leur développement. Il s'est également lancé dans l'installation d'un type nouveau de serre solaire bon marché, ce qui lui a permis, ainsi qu'à ses voisins, de produire diverses variétés de fruits et légumes, chose qui était impossible dans le passé.
Ses efforts et ceux des autres bahá'ís de Laku Lakuni, village éloigné des Andes, pour ouvrir une petite école maternelle et développer l'utilisation de serres solaires, montre comment les bahá'ís s'efforcent de servir l'ensemble de la communauté.
L'école maternelle, ouverte à tous les enfants de Laku Lakuni, leur est une aide précieuse. S'il est vrai que le village compte déjà une école primaire publique, les enfants de cette région de haute altitude, pauvre et éloignée, sont souvent négligés pendant ces années préscolaires, considérées pourtant comme primordiales par nombre de spécialistes des sciences de l'éducation. D'où, parfois, des résultats médiocres en primaire qui les font entrer dans un cycle d'échec qui risque de les défavoriser par la suite.
L'école maternelle bahá'íe met l'accent sur les activités de groupe - tout simplement le chant, par exemple - et le résultat est significatif. "On constate une différence entre les élèves qui ont fréquenté l'école maternelle et ceux qui entrent directement à l'école primaire publique dit M. Pacsi. Ceux qui ont fréquenté l'école maternelle peuvent comprendre immédiatement l'instituteur. Et celui-ci a remarqué qu'ils apprenaient beaucoup plus vite."
L'école maternelle ne coûte pas cher. M. Pacsi, principal enseignant, occasionnellement soutenu par des dons de parents, travaille bénévolement la plupart du temps. Tenus dans un simple bâtiment en brique, les cours ne durent que quelques heures par jour.
"Au début, les enfants avaient peur de s'y rendre, dit M. Pacsi, qui a adopté la Foi bahá'íe au milieu des années 80, ils ne voulaient pas rester en groupe. Aujourd'hui, ils adorent venir et chanter ensemble.
Maintenant, il disent "moi, moi, moi" quand je leur apprends un nombre et pose une question. Tout cela est lié aux enseignements de Bahá'u'lláh qui nous enjoint d'élever nos enfants et de coopérer."

(Les Bahá'ís, pp. 9, 12-13)


8.3.4. EDUCATION PRÉSCOLAIRE -HLATIKULU

Swaziland-Sallinah Makhanye enseignante désigne un gros arbre dressé dans l'enceinte de l'école maternelle de Hlatikulu. Une vingtaine de jeunes élèves forment un cercle autour d'elle et l'écoutent.
"Mes amis," dit-elle en levant vers le ciel ses bras écartés, "cet arbre a de gros membres. Ils ressemblent tous à des bras. Comment les appelle-t-on?"
"Des branches," répondent plusieurs enfants.
Elle désigne ensuite le tronc. "Comment s'appelle cette partie de l'arbre?" demanda-t-elle.
"Le tronc," répond un enfant précoce.
"Bien," dit Mme Makhanye, maîtresse principale de l'école. "Appelons-le le tronc."
"Le tronc," répètent les élèves en écho.
"Et quand mange un arbre?" demande Mme Makhanye.
"Quand l'eau descend," dit un petit garçon.
"Oui," répond-elle. "Quand l'eau descend."
Le plan de la leçon est simple mais les enfants la retiendront pour toute leur vie.
"Les troisième, quatrième et cinquième années sont parmi les plus formatrices et les plus importantes pour le développement d'un enfant," dit Mme Ben Dlamini, responsable de l'orientation pédagogique au Ministère de l'éducation du Swaziland. "L'enseignement préscolaire a donc une importance capitale dans l'éducation d'un enfant."
Malheureusement, les gouvernements n'ont pas toujours les moyens de concevoir et d'appliquer un programme complet d'éducation préscolaire. De ce fait, ce rôle est souvent dévolu à des Organisations non-gouvernementales.
Dans ce minuscule royaume d'Afrique australe, la communauté bahá'íe a été à cet égard particulièrement efficace. En utilisant les compétences d'éducateurs bien formés issus de ses propres rangs, en faisant appel à des volontaires dévoués et en s'appuyant sur ses propres règles en matière de coopération et de collaboration, la communauté bahá'íe a, au cours de ces dix dernières années, confirmé son rôle dans l'éducation préscolaire au Swaziland. A ce jour, elle a :
* créé trois écoles préscolaires urbaines et conçu trois programmes d'éducation préscolaire destinés à des écoles de village qui, ensemble, desservent quatre grandes régions ;
* contribué à la conception d'un programme national de formation en cours d'emploi destiné aux maîtres de l'éducation préscolaire que la communauté continue à gérer et à utiliser en collaboration avec le Ministère de l'éducation ;
* travaillé avec le Ministère de l'éducation pour élaborer au niveau national un manuel sur le contenu de l'éducation préscolaire répondant plus étroitement aux besoins du Swaziland et de sa population.

a) La question du partenariat

Le point sans doute le plus intéressant, c'est qu'à travers l'expérience de la communauté bahá'íe, qui compte dans ce pays 7 500 membres, on mesure l'importance du partenariat pour les projets ou programmes d'éducation.
"En tant qu'ONG, nous offrons les infrastructures, c'est-à-dire que les centres bahá'ís servent d'écoles," dit Mme Irma Allen, membre de la Commission nationale pour l'éducation des enfants de la communauté bahá'íe du Swaziland. "Nous fournissons également du personnel qualifié et nous nous occupons de la coordination." La communauté bahá'íe, a ajouté M. Simelane, a joué un rôle particulièrement actif dans l'éducation préscolaire.

b) Une société en mutation

La communauté bahá'íe a commencé à s'occuper de l'éducation préscolaire il y a environ dix ans pour répondre au changement rapide de la société swazi et à l'émergence d'un besoin précis. Si l'éducation préscolaire est importante, c'est aussi parce que le Swaziland veut être compétitif dans un monde de plus en plus interdépendant.

c) Centres déjà existants

La communauté bahá'íe a pris conscience du fait que trois centres bahá'ís déjà en place dans les grandes villes du Swaziland pouvaient faire double emploi.
Aujourd'hui, les écoles établies dans les centres bahá'ís de Mbabane, Piggs Peak et Hlatikulu accueillent une soixantaine d'élèves dans chaque localité. Trois écoles maternelles de villages fonctionnent également grâce à l'appui des communautés bahá'íes locales, à Motjane, Mnicini et Mphetseni et accueillent elles aussi 60 élèves supplémentaires. Chaque école est autonome et financée par des frais de cours minimes. Ces centres sont également utilisés pour le programme national de formation en cours d'emploi des maîtres de l'éducation préscolaire qui est coordonné par la communauté bahá'íe. Le financement et l'envoi d'experts de la Fondation Bernard Van Leer, assurés par l'intermédiaire du gouvernement, contribuent également au succès de ce programme.

d) Un programme de formation unique

Le programme, qui est conduit en coopération étroite avec le programme gouvernemental d'inspection des établissements préscolaires, offre chaque année six semaines de formation à chaque maître. Il débouche sur un certificat obtenu en trois ans. Fin décembre 1992, plus de 160 élèves ont été diplômés.
Le programme de formation vise également un objectif de développement en offrant davantage de possibilités d'épanouissement aux femmes.
Le programme de formation s'appuie sur un plan d'étude national élaboré avec l'aide de la communauté bahá'íe. Ce plan met l'accent sur des activités plus appropriées au Swaziland, comme l'utilisation de matériels pédagogiques locaux et l'intégration d'éléments spécifiques de la culture swazi.

(One Country n°13, pp.8-10)


8.3.5. ECOLE MASROUR, "CENTRE POUR LE BIEN-ÊTRE SOCIAL" - MANAUS, Brésil

Vêtue d'une jupe et d'un chemisier serrés, les lèvres maquillées de rouge, Thérésa, 13 ans, se comporte avec une mondanité déplacée parmi les autres élèves de l'École professionnelle Masrour.
Quand Thérésa est arrivée à Masrour, situé dans la banlieue pauvre et surpeuplée de Manaus, près de Saõ José, elle dit aux instituteurs que son rêve était de devenir propriétaire d'une maison de prostitution. Enfant des rues de cette métropole de plus de 2 millions d'habitants en pleine expansion au coeur du bassin du fleuve Amazone, c'était peut-être la plus haute aspiration qu'elle pouvait avoir.
Cependant, après avoir passé une année à Masrour, où elle suit non seulement un enseignement primaire mais aussi une formation professionnelle, une orientation morale et éthique et où elle prend ses repas, la vision de Thérésa concernant son avenir a quelque peu changé.
Maintenant Thérésa dit qu'elle voudrait être institutrice quand elle sera grande.
"Les instituteurs sont comme des parents pour moi", dit Thérésa (ce n'est pas son vrai nom). "Ils m'apprennent des choses que mes parents ne m'apprennent pas, par exemple comment respecter les autres et comment me tenir bien."
Cette réponse en dit long sur Masrour, qui fait partie d'un plus grand projet conçu pour aider les enfants des rues à devenir des membres à part entière de la société, en meilleur santé et plus consciencieux.
Le "Centre pour le bien-être social", nom sous lequel le projet est connu, emploie une méthode globale pour atteindre ses objectifs. En complément aux classes de l'École Masrour, le Centre propose un programme spécial de formation professionnelle et morale pour les enfants des rues, un programme d'organisation communautaire qui a comme mission de donner plus de pouvoir aux femmes pauvres du quartier, et des services directs tels que l'approvisionnement en eau potable et des services de santé.
Géré par la communauté bahá'íe du Brésil, l'approche du Centre est innovante en ce qu'elle essaie non seulement de fournir une assistance matérielle et scolaire aux enfants et aux jeunes sous sa tutelle, mais aussi de leur fournir des outils intellectuels et spirituels pour transformer leur propre vie, et plus tard, celles des autres.
"Il y a au Brésil beaucoup de groupes qui s'attaquent au problème des enfants des rues", a déclaré Ferial Farzin, le directeur du Centre. "Ce qui rend notre approche unique, c'est que nous essayons de trouver le joyau que nous croyons exister à l'intérieur de chaque être."
"La plupart des autres institutions ne se soucient pas du développement des enfants en tant qu'individus", a souligné Mme Farzin. "Ils savent que les enfants ont besoin d'argent, donc ils leur apprennent à vendre des glaces. Dans les rues, ayant plus d'argent, ils commencent à renifler la colle. Ainsi le problème ne fait que croître. Nous croyons qu'il faut rechercher le potentiel de ces enfants et ensuite travailler avec eux d'une façon dynamique pour intégrer le spirituel au pratique."
Fondé en 1985, le Centre d'aide sociale a débuté dans une maison louée de Manaus et pendant ses premières années, il a fonctionné comme une famille nourricière, s'occupant des enfants abandonnés ou maltraités jusqu'à leur adoption. Avec une capacité de 50, le Centre a aidé plus de 300 enfants entre 1985 et 1992.
En 1988, le Centre a pu acquérir 12 hectares de terrain non exploités dans les faubourgs de Saõ José. A l'aide de dons privés, il a alors construit plusieurs bâtiments et a emménagé ici en 1989. A peu près en même temps, il a commencé à transformer sa mission de famille nourricière pour remplir une mission d'école intégrée et d'aide sociale, nouvelle mission qu'il accomplit fort bien aujourd'hui.
L'école primaire Masrour a une capacité d'environ 240 enfants, 40 pour cent ayant une bourse d'études. Quarante pour cent de ces boursiers suivent une formation professionnelle l'après-midi.
Cette école privée est exceptionnelle, non seulement parce qu'elle s'occupe des enfants les plus pauvres de Saõ José, mais aussi pour son programme original, qui offre aux enfants une instruction morale et spirituelle en plus des sujets traditionnels : la lecture, l'écriture et les mathématiques.
Basé sur les enseignements bahá'ís, le programme moral et spirituel met en avant l'unité de toutes les religions et de tous les peuples. Ceci aide à donner beaucoup plus de confiance en soi et de respect aux élèves.
"Dans les autres écoles, l'instruction spirituelle était uniquement catholique", a déclaré Christina Ihhamus de Paula, 29 ans, une institutrice à Masrour qui a enseigné pendant quatre ans dans des écoles publiques avant de venir ici il y a un an. "Mais s'il y avait des élèves appartenant à d'autres religions, ils se sentaient tristes et découragés. Ici nous les encourageons à parler de Dieu, le Dieu de tout le monde et ceci les aide beaucoup."
Mme Ihhamus de Paula a ajouté que si l'école n'existait pas pour servir les enfants de la région, "la plupart d'entre eux seraient abandonnés et, comme beaucoup d'autres enfants, ils vivraient dans les rues".
"Beaucoup de ces élèves viennent de la classe la plus pauvre de la société et manquent de soins et de tendresse", a-t-elle déclaré. "Je sens qu'ils ont besoin de mon amour parce que souvent ils n'en reçoivent pas chez eux. Et il y en a qui n'ont pas assez à manger, l'école est donc très importante pour eux."
Le salaire d'à peu près la moitié des instituteurs est payé par le gouvernement - ce qui reflète le grand égard qu'ont les autorités municipales et l'État pour le projet.
Josué Filho, Secrétaire d'État du Ministère de l'Éducation pour l'Amazonie, a déclaré que le gouvernement souhaitait travailler étroitement avec les groupes pour améliorer la qualité de l'instruction. Il a souligné qu'il appréciait particulièrement la philosophie de service aux autres qui est la pierre angulaire du Centre.

a) Engagement dans la communauté

Au-delà des activités habituelles de l'école, le Centre essaie aussi d'aider les adultes et plus particulièrement les femmes de la communauté à devenir mieux développés et organisés.
Par exemple, le Centre a participé à l'organisation d'un groupe de mères dans le quartier à proximité de celui où se déroule le projet.
De nombreuses familles envoient leurs enfants à cette école et à partir de cette association les parents ont évolué lentement pour devenir une force de changement et d'action sociale.
Souvent, on peut voir le soir des membres du groupe des mères en train de se promener ensemble et de rendre visite aux familles en difficulté pour essayer de les soutenir. Mme Farzin se joint souvent au groupe pendant leurs visites. Un soir, il n'y a pas très longtemps, ils ont fait le tour du quartier pour parler du problème de la distribution d'eau.
L'accès à l'eau potable est un problème important dans le bairro. La municipalité ne fournit pas de canalisations à cette partie de Saõ José, donc l'eau potable doit être amenée de l'extérieur ou provenir des puits locaux.

(One Country n°17, pp.1, 4-7)


8.3.6. ECOLE MATERNELLE DE BEUDET À HAÎTI - BEUDET, Haïti

Pour décrire l'importance que prend à ses yeux le fait d'envoyer ses enfants à l'école, Rosanna Petit Frère utilise spontanément une expression créole : "Je'm te vin klere" qui peut se traduire par "mes yeux s'illuminèrent".
Comme de nombreux ruraux haïtiens, Mme Petit Frère vit dans une case au toit de tôle, dans un village d'environ deux douzaines de cases semblables, serrées les unes contre les autres, au milieu des champs que les villageois cultivent avec persévérance.
Mais à la différence de beaucoup de ses semblables, Mme Petit Frère peut envoyer ses jeunes enfants à une école maternelle voisine dans laquelle ils découvrent des idées différentes et nouent des relations sociales que la plupart des autres enfants haïtiens ignorent toujours. Elle en est très reconnaissante. "Pendant très longtemps, je n'ai même pas pensé à envoyer mes enfants à l'école, mais mes yeux s'illuminèrent car aujourd'hui mes enfants se développent vraiment bien, ils sont curieux et ouverts."
Dans ce petit village, l'école maternelle gérée par les bahá'ís est d'apparence très modeste : un sol de terre battue, des murs-cloisons d'un mètre de haut, un toit de chaume, une pièce ouverte à tous vents. Pourtant, son impact sur la vie de cette petite enclave sans nom, où le prochain repas est toujours un problème et les emplois extérieurs inexistants, est très important.
A l'origine, projet extra-scolaire de l'école bahá'íe Anís Zunúzí, de la ville voisine de Lilavois, l'école maternelle de Beudet est aujourd'hui sous la juridiction administrative de l'Assemblée spirituelle bahá'íe, le conseil bahá'í élu localement. Ainsi, l'école représente un projet de développement à la base au niveau le plus élémentaire : la population du cru paie et soutient un projet géré localement, au service des besoins réels des résidents. On trouve cinq autres écoles semblables dans le pays.
Les parents paient un dollar par mois et par enfant - l'école compte à présent 13 enfants de 3 à 5 ans - et l'Assemblée de Beudet couvre la différence pour payer les 30 dollars mensuels de l'institutrice à mi-temps, Anna Louise Seraphin. L'Assemblée supervise aussi son travail. "Cette école est la seule de la région, explique Mlle Seraphin, et les parents sont contents car les petits enfants n'auraient pas pu aller plus loin."
Mlle Seraphin, qui a reçu sa formation d'institutrice au cours d'un institut d'été à l'école Anís Zunúzí, affirme qu'elle constate un grand changement chez les enfants dont elle s'occupe. "Au début, ils ne répondaient pas, parlaient peu entre eux, ne savaient pas jouer. Maintenant, ils jouent ensemble, parlent plus et les parents eux-mêmes s'aperçoivent qu'ils se développent bien."

(One Country n°4, p.9)


8.3.7. UNIVERSITÉ NÚR EN BOLIVIE - SANTA CRUZ, Bolivie

En juillet 1990, lors de la cérémonie de remise des diplômes, les rôles ont été provisoirement inversés et six étudiants de l'université Núr ont remis au recteur de l'université, M. Shoaie, une médaille en témoignage de leur reconnaissance. Elle porte l'inscription : " A l'université Núr, en signe de gratitude pour l'éducation intégrée que nous avons reçue". Cet événement, bien que mineur, reflète la haute considération et l'approbation générale dont jouit cette université.
Créée presque sans budget par un groupe d'enseignants et de spécialistes du développement pratiquement inconnus, Núr a vu ses effectifs passer de 97 étudiants en 1985, à 993 aujourd'hui; elle est ainsi devenue la deuxième université privée de Bolivie.
Elle s'est rapidement distinguée par l'intégration qu'elle accomplit entre études universitaires et études pratiques ainsi que par sa gestion novatrice et sa philosophie remarquable.

a) Fondée par des bahá'ís

En 1982, un groupe de bahá'ís, originaires de Bolivie et d'autres pays, qui comprenait des spécialistes de la santé publique et de l'éducation, un biochimiste, un sociologue et un leader indien aymará, créa FUNDESIB, la Fondation pour le développement intégré de la Bolivie.
Incorporant dans sa charte des principes bahá'ís, FUNDESIB avait pour but d'encourager le développement par la base, en insistant sur l'individu et son rôle au sein de la société. M. Eloy Anello, conseiller en matière de santé publique et de développement international, et l'un des fondateurs de FUNDESIB déclare : "Notre démarche consiste, grâce à l'éducation et à une formation appropriée, à développer chez l'individu certaines capacités qui lui permettent d'aborder les problèmes auxquels il est confronté."
"Nous sommes partis de l'idée de lancement de projets à échelle réduite dans les domaines de l'éducation et de l'alphabétisation", a déclaré M. Martin, sociologue de formation " mais, ensuite, nous avons commencé à envisager la création d'une nouvelle université".
A l'origine, c'est donc un projet de développement rural visant à améliorer les techniques agricoles et l'hygiène parmi la population rurale de Bolivie qui donna naissance à cette université urbaine avec pour principal rôle la formation d'une nouvelle génération de dirigeants pour la Bolivie. Ceux-ci, espère-t-on, retourneront à la campagne afin d'aider à son développement.
Bien qu'elle ne soit gérée ni par la Foi bahá'íe ni par l'une de ses institutions, l'université Núr voit sa philosophie en matière d'éducation et d'administration découler de principes de cette Foi. La pédagogie de Núr plaide en faveur de "l'intégration" du savoir traditionnel à l'expérience pratique et à l'enseignement de certains principes moraux de base, principes mettant particulièrement en relief le service communautaire, la justice sociale et le respect de la diversité humaine.
Administrateur de Núr où elle enseigne aussi l'histoire, Mme Sarah García de Bétancourt déclare: "Ce qui différencie l'université Núr, c'est ce cursus intégré. Non seulement l'université enseigne à un niveau académique, mais elle tente également d'apporter un enseignement relatif à des principes essentiels de vie tels que la recherche indépendante de la vérité, l'élimination des préjugés et l'égalité entre l'homme et la femme."
Les principes qu'elle mentionne, ainsi que d'autres, sont l'objet d'une série de cours dits "d'études générales" suivis par tous les étudiants.
Selon M. Shoaie "l'orientation du programme d'études générales de Núr est unique en son genre car fondée sur des principes sociaux, éducatifs et humanitaires à caractère universel, qui favorisent la paix et l'intégration sociale. Le programme d'études générales couvre cinq domaines : le développement de l'individu, de la communauté et de la civilisation, les sciences humaines, et la formation aux responsabilités ".
Les cours dispensés dans le cadre de ces études générales s'attachent en particulier à transmettre à l'étudiant un sens de l'histoire culturelle, du rôle de la religion dans l'histoire et de l'interdépendance entre les peuples.
Le recteur précise : "Nous demandons aux étudiants d'effectuer une recherche sur de nombreuses religions parmi lesquelles figurent l'Islam, le Bouddhisme, le Christianisme et la Foi bahá'íe. Ils doivent rechercher la contribution apportée par la religion à la civilisation et présenter un mémoire."

b) Une position apolitique

Une autre particularité de l'université Núr est qu'elle met l'accent sur la libre recherche et s'attache à conserver un caractère non partisan, ce qui est important dans le contexte bolivien.
Il est difficile au lecteur de saisir la complexité de la vie dans les universités d'État en Amérique latine où, bien souvent, l'engagement politique prend le pas sur l'enseignement. Selon une estimation, il faut en moyenne huit ans au lieu de cinq pour obtenir un diplôme, simplement parce que des grèves et des troubles d'origine politique absorbent beaucoup de temps sur le campus.
Trop souvent l'accent est mis sur la théorie politique et cela au détriment de la formation pratique. En conséquence, les étudiants diplômés sont parfois mal préparés à assumer des rôles positifs dans la société.
" Pour moi, ce qu'il y a de plus important ici, c'est la liberté idéologique. Même si Núr est fondée sur des concepts bahá'ís, on n'y impose aucune philosophie bahá'íe. Dans cette université, la règle c'est la liberté de religion et la liberté de pensée", déclare M. Fernandez, étudiant en communication, 22 ans, originaire de Cochabamba.

c) Une priorité : servir

Un autre trait prédominant à Núr, c'est l'importance accordée au service communautaire.
Comme il a été dit, les programmes et les cours sont conçus de manière à répondre aux besoins de la société bolivienne. En outre, les étudiants sont tenus d'accomplir au moins 200 heures de travail à l'extérieur, sur des projets communautaires qu'ils ont bien souvent conçus eux-mêmes.
Actuellement une vingtaine d'étudiants sont impliqués dans un projet d'alphabétisation des citadins illettrés. Les étudiants organisent eux-mêmes des cours et dispensent leur enseignement tant à l'intérieur de l'université qu'en dehors, dans huit localités différentes. Ce projet a permis d'apporter à plus de 200 personnes des notions de base pour la lecture, l'écriture et le calcul.
"Núr se distingue des autres universités par la place qu'elle accorde à la notion de service communautaire. Selon nous, l'université doit jouer un rôle très actif dans la vie communautaire", déclare M. Jeremy Martin, directeur du développement institutionnel et l'un des fondateurs de Núr.

d) Les chiffres

A l'heure actuelle, environ un tiers des étudiants est aidé par des bourses d'études ou des remises qui, pour les diplômés de l'école publique, vont de 20 à 50% des frais d'inscription, en fonction des besoins de chacun.
L'effectif actuel d'environ 1000 étudiants est encore inférieur de plusieurs centaines aux prévisions et on prévoit une poursuite de la croissance. Núr a connu un développement si rapide qu'elle a déménagé trois fois depuis sa création.
Cependant, Núr fonctionne actuellement avec un déficit d'environ 100.000 francs français par an. Aussi l'université vient-elle de lancer une campagne internationale en vue de recueillir des fonds et espère pouvoir bientôt établir un campus permanent.
Parallèlement à Núr, FUNDESIB continue ses activités et vient de lancer de nouveaux projets, notamment le parrainage d'un programme de développement en matière d'environnement, qui opère sur le haut plateau bolivien.

(One Country n°7, pp.12-14)


8.3.8. LE CHAR DE LA PAIX - État d'UTTAR PRADESH, Inde du Nord

Tiré par deux boeufs, le char, vu à distance, ressemble à une glacière plutôt désuète ou, peut-être, à un nouveau type de caravane européenne.
L'inscription apposée sur le côté proclame en hindi et en anglais l'arrivée d'un "Shanti Rath" ou, en français, un "Char de la paix".
Malgré sa noble appellation, le char vise un but très terre-à-terre. Poursuivant actuellement sa route à travers les villages de ce lointain État du Nord de l'Inde, le "Char de la paix" cherche, par une association unique de techniques très différentes, à répandre des messages- clefs sur l'alphabétisme, l'hygiène, le reboisement et l'organisation sociale dans une population qui est, pour l'essentiel, coupée de la vie moderne.
Le char, avec ses parois métalliques et ses pneus, contient un ensemble de postes de télévision, d'unité vidéo et de groupe électrogène permettant la présentation de bandes vidéo orientées vers le développement.
Et, en dépit de l'apparente discordance des techniques employées, l'utilisation de boeufs comme force motrice joue un rôle essentiel dans la mission dévolue au véhicule, selon M. Stephen Waite, chef du département "Développement socio-économique et éducation" de l'Assemblée spirituelle nationale des bahá'ís de l'Inde.
"Au village, l'horaire idéal est le soir entre 19 h et 23 h", déclare M. Waite. "Un char tiré par des boeufs ne peut se déplacer rapidement, mais ceci garantit du moins que les programmes vidéo seront disponibles aux heures où les villageois, eux aussi, sont disponibles."
D'autres concessions importantes ont été faites à la vie culturelle et sociale de la population de l'Uttar Pradesh. Le char, qui stationne au centre du village pour une période d'une semaine ou plus lors de chaque passage, est équipé de deux écrans de télévision - un de chaque côté du véhicule.
"Si l'on disposait d'un seul écran, les femmes seraient désavantagées", dit M. Waite. "Elles seraient obligées de monter sur les toits pour regarder le programme TV." Dans cette partie de l'Inde, explique-t-il, les hommes et les femmes ne se rassemblent pas en groupes. "Le fait de disposer de deux écrans permet aux hommes de visionner d'un côté du char tandis que les femmes ont la possibilité de regarder de l'autre côté."
La nature du programme vidéo continue à évoluer. L'accent est mis sur des bandes de caractère éducatif qui favorisent l'alphabétisation, l'hygiène individuelle et les mesures sanitaires de base.
Un programme en hindi d'une durée de huit heures, produit par le gouvernement et destiné principalement aux femmes, a été récemment présenté par le char. On utilise également la version en hindi d'un film de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) intitulé "La santé pour tous en l'an 2000".
L'idée est d'établir un programme très souple. Pendant la journée, par exemple, le char à boeufs peut être utilisé à l'école du village pour y présenter aux enfants des programmes éducatifs. Des groupes spécifiques, tels que les cultivateurs, peuvent aussi être invités à regarder un programme d'une heure consacré à l'agriculture. Ensuite, dans la soirée, des programmes d'intérêt général pourront être présentés.
Étant donné que de nombreux habitants de la région sont des bahá'ís récents, des programmes éducatifs sur les principes et les enseignements de la Foi bahá'íe sont également présentés.
Comme le nombre des bahá'ís en Uttar Pradesh dépasse les 250 000 et que la majorité d'entre eux habitent une région comprenant quelque 900 villages dans les districts d'Etawah, de Kanpur et de Furukabad, leur besoin d'information ne peut être satisfait par les seuls enseignants itinérants.
Le programme est considéré comme une grande réussite. Un grand nombre de villageois ont eu accès à des informations importantes, et cela pour une faible dépense. Pour une population peu instruite et peu familiarisée avec la télévision, ce projet ouvre des horizons presque illimités.

(One Country n°3, pp.4-5)


8.3.9. RAPPORT SUR LES PROJETS ÉDUCATIFS BAHÁ'ÍS - BONN, Allemagne

Selon un rapport présenté en février à Bonn lors d'une réunion du Groupe d'action international pour l'alphabétisation (GAIA) l'implication des communautés bahá'íes dans des activités éducatives dans le monde a considérablement augmenté entre 1988 à 1990.
Dans l'ensemble, le nombre des projets pédagogiques bahá'ís, tant officiels qu'officieux, s'est accru de 26% depuis 1988, passant de 602 à 759. Ces activités couvrent une grande variété de projets et de programmes, depuis les écoles de village et les cours d'alphabétisation, jusqu'aux internats offrant une scolarité complète et aux programmes de formation professionnelle.
"L'accroissement des activités pédagogiques peut être attribué en partie à l'écho dans les communautés bahá'íes du lancement en 1990 par l'ONU de l'Année internationale de l'alphabétisation", déclare M. Daniel Wegener, alors représentant de la Communauté internationale bahá'íe auprès du GAIA. "Toutefois, dans la plupart des cas, l'accroissement reflète simplement l'influence qu'exerce sur une communauté bahá'íe en rapide expansion l'importance accordée à l'éducation."
Selon le rapport du GAIA, il existe actuellement 62 établissements d'enseignement bahá'ís, couvrant les études primaires, secondaires et supérieures. Ces établissements vont du lycée "New Era" à Panchgani, Inde, pensionnat international créé en 1947, avec un effectif de plus de 900 élèves des classes primaires à la terminale, jusqu'à l'école primaire "El nuevo Jardin" de Barahona, République dominicaine, ouverte au milieu des années 80, et qui dispense son enseignement à 300 élèves.
Les projets et programmes éducatifs informels, qui comprennent des écoles de village, des centres d'alphabétisation et des maternelles, se sont accrus de 22% entre 1988 et 1990, passant de 573 à 697.
"Les projets informels de ce type émanent principalement des mouvements naturels de base des communautés", déclare M. Wegener qui présentait le rapport bahá'í au GAIA.
"Des maternelles, des jardins d'enfants, des écoles de village et des cours d'éducation morale ont été créés dans de nombreuses communautés afin de répondre aux préoccupations et aux besoins locaux", précise M. Wegener. "Bien que les enseignants travaillant dans le cadre de ces programmes soient souvent des bénévoles ou juste rémunérés en nature, ces projets représentent néanmoins une contribution significative au principe de l'éducation pour tous."
Le rapport mentionnait plusieurs exemples spécifiques de tels projets.
• En Inde, un programme de création de centres d'alphabétisation dans des villages proches de Panchgani s'est agrandi de 30 centres en 1984 à 100 dans 60 villages en 1989.
• Au Kénia, une série de brochures destinées aux mères et portant sur l'enseignement des techniques sanitaires et agricoles, des travaux domestiques et sur la morale a été éditée et diffusée dans les communautés bahá'íes pour être utilisée dans le cadre de l'alphabétisation. Ces brochures sont en cours de traduction en 26 langues.
• Au Zaïre, depuis 1987, 2.500 élèves ont suivi les cours d'alphabétisation dispensés par la communauté bahá'íe. Un des chapitres du projet était notamment destiné à l'ethnie bayanda du nord-est zaïrois, un peuple plus connu sous le nom de "Pygmées" et qui n'avait reçu jusqu'alors que peu ou pas d'instruction formelle.
En plus des projets à long terme, le rapport énumérait un certain nombre d'initiatives spécifiques et de programmes à court terme proposés dans le cadre de l'Année internationale de l'alphabétisation, dont :
• Au Panama, les 23 et 24 avril, organisation par la communauté bahá'íe d'un séminaire de deux jours sur l'alphabétisation, en coopération avec le Ministère panaméen de l'éducation.
• En Ouganda, les bahá'ís ont présenté une exposition, le 8 septembre 1990, dans le district de Kamuli, à l'occasion de la célébration de l'Année internationale de l'alphabétisation.
• En Espagne, la conférence annuelle de l'Association pour les études bahá'íes, qui s'est tenue à Saragosse, a concentré son débat sur l'éducation : les communications présentées comportaient notamment un exposé sur le rôle de l'alphabétisation dans l'élimination des préjugés.
Le GAIA fut créé en 1987 pour soutenir les activités de l'Année internationale de l'alphabétisation, par 35 Organisations internationales non-gouvernementales (ONG), dont la Communauté internationale bahá'íe.

(One Country n°8, pp.12-13)


8.3.10. ECOLE RABBÁNI EN INDE - SUSERA, Madhya Pradesh, Inde

En 1969, des bandits locaux kidnappèrent deux élèves de l'école Rabbání, pensionnat géré par des bahá'ís et situé dans ce petit village à 15 km au nord de Gwalior, importante cité de l'Inde centrale. Les bandits, connus dans cette région sous le nom de dacoïts, exigeaient une rançon pour leur libération. Cependant, ils ramenèrent les enfants sans aucune compensation lorsqu'ils apprirent que l'école était surtout destinée aux familles pauvres des villages.
"Ils avaient pensé qu'un internat ne recevait que des élèves aisés et qu'ils pourraient obtenir une bonne rançon", dit le Major Khanna, proviseur de l'école.
Cet incident illustre bien ce qui distingue Rabbání : l'école était alors et demeure le seul établissement de ce type, dans la région, dont le but est d'offrir aux jeunes garçons de familles pauvres l'éducation de qualité normalement accessible aux seules classes moyennes et supérieures en Inde.
Grâce à un système nouveau d'antennes régionales et de bourses, environ 75% des élèves de Rabbání sont issus de villages pauvres situés dans un rayon de 30 km. Autrement, la plupart d'entre eux n'aurait aucune chance d'être scolarisés dans un internat.
"Nos cours commencent en 6ème mais la majorité de ceux qui s'inscrivent ici sont à peine du niveau de la 3ème année du primaire", nous dit le Major Khanna qui dirigeait le département linguistique de l'Académie militaire de l'Inde avant de rejoindre Rabbání en 1986. "Ces enfants ne seraient admis dans aucun autre internat", précise-t-il.
Malgré leur niveau médiocre avant leur admission, les élèves de dernière année à Rabbáni ont obtenu l'an dernier le meilleur score d'ensemble aux examens organisés par le gouvernement pour tous les élèves de fin d'études dans l'État de Madhya Pradesh. "Tous nos candidats ont réussi leur examen terminal", déclare le Major Khanna. "Or, en moyenne, 45% seulement des élèves d'autres écoles de l'État ont été reçus."

a) Un engagement envers la communauté

Le Major Khanna et d'autres responsables de l'établissement déclarent que l'efficacité dont fait preuve leur école dérive en partie de sa philosophie de l'engagement communautaire qui permet aux élèves d'intégrer à leur vie quotidienne l'aspect pratique de leur travail de classe.
"Nous croyons qu'une école doit être bien plus qu'un enclos et quelques bâtiments", nous dit le Major Khanna. "L'école est un élément de la société dans son ensemble et doit répondre à ses besoins. Ceci exige une interaction très étroite entre l'école et la communauté. Les bahá'ís pensent que servir la société est le but le plus noble. A Rabbání, nous croyons que les enfants doivent pouvoir saisir toute l'importance du service lorsqu'ils sont jeunes, afin de grandir comme des êtres attentionnés et bienveillants pour qui servir leurs semblables est la plus grande priorité dans la vie."
Cette philosophie de l'éducation s'applique dans le programme de développement entrepris à l'extérieur de l'école. Une vingtaine de villages proches ont été "adoptés" par l'école et l'on attend des élèves qu'ils consacrent une partie de leur temps à travailler pour leur développement. Ces efforts se portent notamment sur des projets de plantation d'arbres, sur la promotion de poêles économiques en combustible et non polluants et sur des programmes concernant la santé et l'hygiène. L'école soutient également, pour la formation et l'administration, un certain nombre de cours pratiques gérés localement, dans les villages. Elle offre aussi aux cultivateurs une formation technique concernant le défrichement et l'agriculture.
"Lorsqu'il est temps de procéder aux travaux de sylviculture, c'est à dire pendant la mousson, les enfants recueillent des jeunes plants dans la pépinière de l'école et se rendent dans les villages pour aider à les repiquer", déclare M. Chaurasia, chef du département de développement socio-économique. Il ajoute par ailleurs : "Lorsque le Ministère de la santé lance un programme de vaccinations, nous envoyons nos élèves dans les villages où ils identifient les enfants à vacciner. Leurs noms et adresses sont ensuite communiqués aux services gouvernementaux."
Selon M. Giakwad, inspecteur adjoint de l'enseignement pour la région, il est tout à fait inhabituel qu'une école soit aussi nettement impliquée dans le développement communautaire socio-économique.

b) Un prix national de l'environnement

En 1986, pour ses réalisations en matière de plantations d'arbres et de défrichement, l'école Rabbani s'est vue décerner par le Ministère indien de l'environnement et des forêts, le prix "Indira Priyadarshin Vrikshamitra" institué en mémoire du Premier ministre Gandhi, conjointement avec 20 autres organisations et personnalités ayant apporté une importante contribution à la protection de l'environnement en Inde. Le programme de reboisement de l'école Rabbání était qualifié d'"exemple réconfortant de la contribution d'une école à la sylviculture sociale", dans le discours de remise du prix où il était dit aussi : "Conduits par leurs professeurs, les élèves s'avancent par groupes, portant leurs jeunes arbres, en direction des villages environnants, et cela chaque samedi en saison, et procèdent à la plantation des arbres. Les enfants ont réussi à persuader les parents et les anciens des villages de planter des arbres sur leurs propres terrains. Des milliers d'arbres ont déjà été plantés grâce à l'action stimulante de Rabbání." Depuis 1985, les élèves ont planté 250 000 arbres.
Dans le cadre d'un projet similaire au sein des vingt villages "adoptés", les élèves de Rabbání ont eu la responsabilité de la promotion de la fabrication de poêles non polluants. Des tuyaux spéciaux, fournis par une entreprise énergétique locale subventionnée par le gouvernement indien, sont distribués à bas prix par les élèves aux villageois. Les élèves montrent aussi aux usagers la manière d'utiliser les tuyaux dans la fabrication d'un poêle amélioré dont l'efficacité est de 30 % supérieure à celle des modèles traditionnels.
M. Sanjeev Madan, ingénieur à la "Madhyar Pradesh Energy Corporation" qui distribue ces tuyaux au niveau national, a déclaré que le mérite de la réussite du programme à Gwalior revenait principalement à Rabbání qui avait distribué plus de mille poêles. "Rabbání est l'une des principales organisations non-gouvernementales oeuvrant à la distribution de poêles non polluants dans cette région", a-t-il dit.
La participation des élèves à des projets locaux de développement ne reflète qu'une partie du programme de l'école Rabbání. Son côté académique est rigoureux comme le prouvent les résultats aux examens d'État. Une de ses autres caractéristiques est l'accent qu'elle met sur l'éducation morale.
Le Major Khanna déclare : "Un quart de nos élèves appartient aux castes inférieures, dites "intouchables". Au début, certains de ceux des castes supérieures refusaient de s'asseoir avec des enfants de castes inférieures. Mais nous insistons sur l'importance d'un traitement égalitaire. Et, après qu'ils aient passé quelque temps dans notre école, grâce à l'atmosphère de tolérance et au programme d'éducation morale, leurs préjugés disparaissent."
Les élèves confirment cette observation. "Certains d'entre nous, à l'école, appartiennent à des familles d'intouchables, mais nous sommes tous des amis et ces camarades sont bien traités", dit Ued Narayan Gachhadav, élève originaire du Népal. Environ 20 % des élèves sont bahá'ís, le pourcentage dans la population rurale est identique.
"Nous ne faisons aucune distinction entre les élèves bahá'ís et ceux d'autres religions", précise le Major Khanna. "Notre programme d'éducation morale s'appuie largement sur les enseignements bahá'ís, mais comprend aussi l'histoire et les principes de toutes les religions."
L'an dernier, l'école avait un effectif de 275 élèves. Bien que la plupart des écoles bahá'íes favorisent largement l'éducation mixte, Rabbání est une école de garçons. "En Inde, les habitants des villages n'accepteraient pas l'idée d'un internat accessible aux garçons et aux filles", précise le Major Khanna.
Le programme de l'école insiste également sur l'importance de la formation professionnelle. Chaque élève reçoit une formation en agriculture et élevage. L'apprentissage empirique est favorisé. Les élèves passent une partie de leur temps dans les champs et en compagnie des animaux. La presque totalité des 29 ha. de l'école est constituée de labours ; deux bâtiments sont réservés à l'élevage de la volaille et à la production des oeufs ; on envisage en outre la construction d'une étable.
Il en résulte de bonnes connaissances pratiques et aussi une certaine auto-suffisance pour l'école. Son budget opérationnel annuel s'élève à quelque 1,7 million de roupies, soit environ 600.000 FF. dont 39.000 proviennent de la vente de l'excédent agricole.
"Pour le riz et l'huile de senneh, non seulement nous suffisons à nos besoins, mais nous avons un excédent", déclare le Major Khanna. "Nous produisons 40% de nos propres besoins en froment. Et nous couvrons totalement nos besoins en légumes. En tenant compte de la production et de la vente des produits agricoles ainsi que des revenus de l'enseignement, nous sommes presque auto-suffisants."
Officiellement, les frais de scolarité sont de 4.500 roupies par an et par élève, montant encore inférieur au tarif moyen exigé par d'autres internats de la région.
"Il nous arrive parfois de renoncer à la totalité des frais de scolarité", explique le Major Khanna. "Mais généralement nous insistons, peut-être avec un petit pincement au coeur, pour que les parents des élèves payent quelque chose car nous croyons qu'il faut un élément de sacrifice de la part des familles afin que cette éducation revête sa pleine signification."

(One Country n°8, pp.4-6)


8.4. Coopération

8.4.1. OUVERTURE D'UN SECRÉTARIAT INTERNATIONAL : "LE RÉSEAU DE L'EDUCATION POUR TOUS" - NEW YORK

Une nouvelle association d'organes des Nations unies, d'Organisations internationales et non-gouvernementales (ONG), le réseau de l'Éducation pour tous, a ouvert un petit secrétariat international. Son objectif est ambitieux : améliorer la communication intersectorielle quant aux nouveaux modèles et aux moyens propres à garantir une éducation élémentaire pour chacun sur la planète.
"Nous appelons cela un "réseau de réseaux"", déclare Daniel Wegener, alors membre du Comité international de coordination du réseau et représentant de la Communauté internationale bahá'íe auprès de Nations unies. "Nous ne cherchons pas à créer encore une organisation-monstre et pleine de formalités. Nous voyons plutôt dans le réseau un moyen d'aider les spécialistes de tous les secteurs de l'éducation à se parler et à échanger leurs expériences."
Le secrétariat a été confié à Anele Heiges, soeur dominicaine ayant une large expérience dans l'éducation et avec les ONG, depuis la base communautaire villageoise jusqu'aux grandes villes, seule personne à plein temps, engagée en qualité de responsable des communications internationales.
"Ce projet représente quelque chose d'important", dit-elle "car, si nous sommes réellement en mesure d'atteindre nos buts, nous aurons la possibilité de toucher bien des personnes qui, sans ce réseau, seraient laissées de côté. Je pense que nous réussirons car ce projet réunit des groupes différents de ceux que l'on touche d'habitude dans les milieux internationaux de l'éducation".
Entre autres, sont membres du réseau le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), la Banque mondiale, et plus de soixante-dix ONG nationales, régionales et internationales.
A Jomtien, Thaïlande, en mars 1990, la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous a réuni les représentants de 155 gouvernements, organes des Nations unies, Organisations inter-gouvernementales et ONG, afin d'avoir une "vision très large" des besoins des enfants, des jeunes et des adultes en matière éducative et de parvenir à un consensus global sur l'action à mener.
"Mais en fait, après la conférence, aucun mécanisme international n'existait qui soit susceptible de maintenir les relations nécessaires au développement de solutions innovatrices en réponse au défi d'une éducation élémentaire universelle", continue M. Wegener. Selon lui, le bureau de New York demeurera petit, afin de mettre l'accent sur l'importance des activités régionales qui se rapprochent du type de projets locaux que le réseau souhaite promouvoir.
L'organisation de conférences régionales figure parmi les priorités du réseau. "Nous voudrions ensuite développer des politiques et des stratégies régionales pour faire progresser dans chaque région l'éducation pour tous", ajoute Daniel Wegener.
L'adhésion au réseau Éducation pour tous est ouvert aux ONG à tous les niveaux, régional, national et international.

(One Country n°10, p.9)


8.4.2. ECOLES PUBLIQUES GÉRÉES PAR LES BAHÁ'ÍS - LES ILES MARSHALL

A la demande du gouvernement local de l'Atoll Majuro, la communauté bahá'íe des Iles Marshall a été chargée de l'administration et de la gestion de cinq écoles publiques de l'Atoll.
Un accord entre les deux partenaires a été signé le 26 novembre 1993 et la communauté bahá'íe a commencé à gérer les écoles qui comprennent 30 pour cent des élèves des Iles Marshall, au début de l'année 1994.
L'aide de la communauté bahá'íe a été recherchée grâce à son excellente réputation dans le domaine de l'éducation. La communauté a élaboré un projet pour améliorer le programme en se concentrant sur l'éducation morale, l'instruction bilingue en anglais et dans les langues des Iles, et le développement d'une conscience mondiale.

(One Country n°17, p.10)


8.4.3. GROUPE D'ACTION INTERSECTORIELLE POUR L'ANNEE INTERNATIONALE D'ALPHABETISATION - NEW YORK

Pour un quart de la population adulte de la planète, l'écriture se résume à un ensemble de symboles inintelligibles. Selon des estimations établies par l'Organisation des Nations unies pour l'Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), près d'un milliard d'êtres humains adultes ne savent pas lire, et c'est là une des causes et des conséquences de la misère sociale et économique à l'échelle du monde.
Dans le but de faire échec à l'analphabétisme, 27 Organisations internationales non-gouvernementales - dont la Communauté internationale bahá'íe, - ont formé le Groupe d'action intersectorielle pour l'année internationale d'alphabétisation (ITFL), destiné à promouvoir et à soutenir les efforts visant à mettre fin à l'analphabétisme. L'ITFL envisage une action, décennale à partir de 1990, année désignée par les Nations unies comme Année internationale de l'alphabétisation (ILY).
Coordonnée par l'UNESCO, cette initiative, qui couvrira les dix années à venir, impliquera notamment une action accrue, de la part des Etats-membres de l'ONU en faveur de l'élimination de l'analphabétisme, en particulier grâce à l'éducation des jeunes filles et des femmes parmi les populations déshéritées et dans les zones rurales pauvres et les bidonvilles urbains. Des efforts seront tentés également par diverses Organisations internationales pour sensibiliser davantage la population au problème de l'analphabétisme, pour accroître la coopération entre les organismes pédagogiques et pour encourager les nouveaux projets d'alphabétisation, parmi les groupes bénévoles, communautaires et autres, à l'échelon local.
Pour honorer sa contribution, la Communauté internationale bahá'íe fera appel à ses cinq millions de membres, répartis à travers le monde, pour promouvoir une série d'activités visant à favoriser l'éducation pour tous, et comprenant notamment :
• La création de réseaux d'établissements pédagogiques sur trois continents - Asie, Afrique et Amérique du Sud - afin de développer la théorie et la pratique de l'éducation de base. Actuellement, les bahá'ís gèrent plus de 340 écoles et centres d'enseignements en Asie, et plus de 460 en Afrique.
• Organisation - individuellement ou en coopération - de diverses conférences, à l'échelle régionale ou nationale, sur l'alphabétisation et l'éducation pour tous.
• Lancement d'une campagne d'information destinée à inciter les 151 institutions nationales bahá'íes à entreprendre des activités dans le cadre de l'Année internationale de l'alphabétisation.
• Aide à la création d'organisations nationales chargées de favoriser, à l'échelle nationale, les activités d'alphabétisation.
"L'alphabétisation et l'éducation pour tous sont des éléments essentiels de notre programme global", a déclaré M. Daniel Wegener, alors représentant de la Communauté internationale bahá'íe auprès des Nations unies et de ITFL. "Dans le monde entier, nous nous sommes engagés dans des activités éducatives très variées et, en particulier, dans l'alphabétisation. L'accès universel à l'éducation est un des principes de base de notre Foi."
"Les campagnes d'alphabétisation entreprises en marge d'un développement humain global se sont avérées inefficaces", a ajouté M. Wegener. "Les hommes et les femmes ont besoin d'une raison valable pour vouloir s'instruire - une raison découlant des réalités mêmes de la vie de tous les jours.
"Ainsi, nos efforts en matière d'éducation s'attaquent à la situation dans son ensemble et font appel à toute la gamme des potentialités de l'humanité. Ils découlent de notre conviction que le développement spirituel est aussi essentiel au progrès social que la formation des autres aspects de la conscience humaine." Certains de ces programmes d'alphabétisation mettent l'accent, par exemple, sur l'utilisation des langues locales.
"On apprend mieux dans sa propre langue surtout lorsqu'il s'agit d'apprendre à lire et à écrire", a encore déclaré M. Wegener, "Ensuite les connaissances acquises peuvent être utilisées dans une seconde langue. Ceci est d'ailleurs cohérent avec notre conviction qu'il est nécessaire d'encourager la diversité des cultures".

(One Country n°2, pp.1,3)


8.4.4. PROGRAMME "DES FAITS POUR LA VIE" - GENÈVE

Dans le cadre d'une coopération globale, la Communauté internationale bahá'íe s'est associée aux 70 autres organisations à vocation médicale ou consacrées aux enfants, dans le programme "Des faits pour la vie", que lancent en ce moment l'UNICEF, l'OMS et l'UNESCO. Ce programme est fondé sur la diffusion d'une brochure simple et facile à comprendre, présentant des informations de base sur les soins à donner aux enfants, en particulier l'importance de l'allaitement, des vaccinations, de l'hygiène domestique et du traitement de la diarrhée.
Grâce à un réseau de programmes sanitaires, éducatifs et/ou de développement dans 41 pays, les communautés bahá'íes nationales participantes diffuseront ces brochures et encourageront leur utilisation dans les groupes de femmes, les écoles bahá'íes, les activités pour les jeunes, les programmes d'alphabétisation des adultes et les conférences régionales.
"La stratégie mondiale de l'OMS pour "La santé pour tous en l'an 2000" est, pour une large part, un élément des buts que poursuivent nos communautés à travers le monde", nous a déclaré M. Giovanni Ballerio, représentant de la Communauté internationale bahá'íe auprès des Nations unies à Genève.
"L'engagement croissant de nos communautés au niveau local, dans des projets relatifs à la santé en est un exemple, comme d'ailleurs l'action de notre communauté internationale, qui participe au programme "Des faits pour la vie". Depuis de nombreuses années, les bahá'ís ont également oeuvré au sein des Nations unies dans le cadre de conférences internationales sur la santé."
Les communautés nationales bahá'íes gèrent une gamme de projets d'éducation sanitaire. Des stations de radios d'Afrique et d'Amérique du Sud émettent régulièrement des programmes d'information en matière de soins sanitaires. C'est ainsi qu'une station de Bolivie, "Radio bahá'íe Caracolla", diffuse des programmes éducatifs sur la santé, tels que celui de l'UNICEF intitulé "Révolution dans la santé infantile", et elle a collaboré à la création de 35 centres d'écoute locaux pour la discussion de ces programmes.

(One Country n°3, pp.10-11)


8.4.5. PRÉVENTION DE LA TOXICOMANIE ET DE L'ALCOOLISME

En 1989, le Dr. A.M. Ghadirian s'est rendu dans sept pays d'Amérique latine afin de rencontrer des responsables des gouvernements et des services de santé sur le thème de "La prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme : une vision globale". Professeur de psychiatrie à l'université Mc Gill de Montréal, le Dr. Ghadirian a travaillé avec des adolescents dans le cadre de programmes de prévention de la toxicomanie au Canada. Il est aussi l'un des membres fondateurs de l'Agence internationale bahá'íe de la santé, conseiller auprès de la Communauté internationale bahá'íe pour les questions de prévention de l'alcoolisme et de la toxicomanie. Au cours de la dernière décennie, le Dr. Ghadirian a participé à plusieurs importantes conférences internationales, sous l'égide des Nations unies, sur la toxicomanie, et a dirigé de nombreux séminaires sur la prévention de l'alcoolisme et de la toxicomanie en Europe et dans les Amériques. Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé "En quête du Nirvana : une nouvelle perspective sur la dépendance de l'alcool et des drogues" (Édition George Ronald, Oxford, 2ème édition, 1989).
ONE COUNTRY a interviewé le Dr. Ghadirian sur sa visite en Amérique latine et ses opinions en matière de prévention de la toxicomanie.

Question : Il est clair que la question de la drogue est devenue un problème national dans les pays d'Amérique du Nord et d'Europe. Avez-vous rencontré des problèmes similaires en Amérique centrale et en Amérique du Sud ?
Dr. Ghadirian : Dans les pays que j'ai visités - parmi lesquels Belize, Le Costa Rica, le Venezuela, la Trinité, la Guyane, le Suriname et la Guyane française, - j'ai constaté une préoccupation croissante quant aux problèmes de la consommation de drogue et d'alcool. Les drogues en provenance de pays d'Amérique du Sud tels que la Bolivie et la Colombie transitent par nombre de ces pays, en route vers l'Amérique du Nord.
Lorsque j'étais au Suriname, par exemple, un avion privé a atterri, et plus de 100 kilos de cocaïne ont été saisis - la plus forte saisie jamais réalisée dans ce pays. Les autorités se montraient fort surprises; elles ne pensaient pas qu'il existait dans ce pays un problème de toxicomanie aussi étendu.
Du fait de ce transit de la drogue, la jeunesse commence à être de plus en plus affectée. Dans certains pays, on cultive aussi la marijuana. Ainsi, l'accès à la drogue et sa disponibilité jouent ici un rôle certain. La consommation de drogue n'est pas aussi répandue qu'en Amérique du Nord et en Europe, mais elle a tendance à s'accroître.
Question : Les gouvernements s'attaquent-ils à ces problèmes ?
Dr. Ghadirian : Oui. Les autorités que j'ai rencontrées - parmi lesquelles le Premier ministre de Guyane et le Président de Trinité et Tobago, - se disaient très préoccupés. Les ministres surinamiens de la santé et de l'éducation m'ont déclaré que le gouvernement allait mettre en oeuvre un programme éducatif dans l'enseignement secondaire afin de prévenir la toxicomanie. Il aura pour but d'éduquer les enfants quant aux effets nocifs sur le cerveau des drogues illicites. Il y a bien des idées fausses sur la drogue parmi les jeunes, car ceux-ci ne connaissent pas toutes les données du problème. A travers le système éducatif, l'on devrait tout leur dire et leur fournir une vision claire de la prévention de la toxicomanie.

(One Country n°3, pp.12-13)


8.4.6. CONFÉRENCE MONDIALE SUR L'ÉDUCATION POUR TOUS - JOMTIEN, Thaïlande

La Conférence mondiale sur l'éducation pour tous intitulée : "Satisfaire aux besoins fondamentaux en matière d'éducation", qui s'est tenue du 5 au 9 mars 1990 sous l'égide conjointe du PNUD, de l'UNESCO, de l'UNICEF et de la Banque mondiale, a adopté à l'unanimité une déclaration et un plan d'action appelant tous les pays du globe à fournir, en l'an 2000, une éducation fondamentale à tous les citoyens.
La conférence mondiale, à laquelle participaient 1500 délégués représentant des gouvernements, des organismes intergouvernementaux et des Organisations non-gouvernementales (ONG), a également mis l'accent, dans ses résolutions finales, sur les besoins en matière d'éducation des femmes et des handicapés, sur le problème de l'aménagement de la dette extérieure et de l'ajustement structurel, sur le rôle des enseignants et la mission vitale des ONG dans l'amélioration du système éducatif à travers le monde.
M. Daniel Wegener, alors représentant de la Communauté internationale bahá'íe auprès des Nations unies, a été choisi par les 130 ONG présentes à la conférence comme le représentant des ONG au sein du bureau qui présidait les sessions plénières.
D'après M. Wegener, que les ONG se soient vues accorder le statut de délégués à part entière leur a permis de participer activement aux sessions plénières, aux commissions de rédaction, et de contribuer largement aux résultats de la conférence.
"Cette conférence représente un niveau inédit de coopération internationale et intersectorielle sur un problème qui intéresse le monde entier", a dit M. Wegener. "Le degré d'engagement de la part de tous les participants fut impressionnant. Les événements mondiaux qui ont coïncidé avec la tenue de la conférence ajoutaient encore à la perception de tous selon laquelle de nobles idéaux peuvent réellement se transformer en actes: nous devrions ignorer les obstacles au développement de l'éducation qui, récemment encore, paraissaient insurmontables."

(One Country n°5, p. 13)


8.4.7. CHAIRE BAHÁ'ÍE POUR LA PAIX MONDIALE À L'UNIVERSITÉ DE MARYLAND - COLLEGE PARK, Maryland, Etats-Unis

La communauté bahá'íe des États-Unis et l'université de Maryland, unissant leurs efforts en vue de la recherche d'approches et d'alternatives nouvelles en matière de paix, ont créé la "Chaire bahá'íe pour la paix mondiale".
Créée sous les auspices du "Center for International Development and Conflict Management" (CIDCM) (Centre pour le développement international et la solution des conflits), cette chaire de l'université a pour but de développer la recherche interdisciplinaire, et d'organiser des cours et des séminaires sur la paix et les études bahá'íes.
Elle favorise également les débats publics sur les questions que pose la solution des conflits et les problèmes internationaux exposés dans La promesse de la paix mondiale, une importante déclaration bahá'íe sur les conditions requises pour réaliser la paix.
Lors des cérémonies qui eurent lieu à College Park, le 26 janvier 1990, la communauté bahá'íe des États-Unis a remis à l'université de Maryland un chèque de 300 000$ destiné à ouvrir le fonds de dotation de la nouvelle chaire.
Pour l'université, cette chaire constitue un élément important du programme du CIDCM, a déclaré Murray Polakoff, doyen du Département de psychologie du comportement et des sciences sociales de l'Université de Maryland, qui supervise le Centre du développement international et de la solution des conflits. Le centre a déjà créé la chaire Anouar Sadat, qui traite de la gestion des conflits par rapport aux problèmes politiques, ainsi que la chaire Khalil Gibran consacrée à la paix et à la littérature.
"Malgré tout l'intérêt que présentent ces deux chaires", a dit M. Polakoff, "nous n'avions pas réellement une chaire qui traite de l'impact des valeurs spirituelles sur la paix, et c'est bien ce que nous apporte la chaire bahá'íe. Nous avons pensé qu'elle méritait d'être créée".
C'est la première chaire bahá'íe au monde, déclara le juge Dorothy Nelson, présidente du Conseil bahá'í national des États-Unis, l'instance dirigeante de la communauté bahá'íe américaine.
"L'Université de Maryland a déjà une vision planétaire des problèmes actuels", dit-elle. "Et elle a pour but d'aider les étudiants diplômés à consacrer leur vie à promouvoir la paix et à découvrir les principes spirituels qui nous permettront de la réaliser. Nous sommes donc extrêmement heureux de pouvoir contribuer à ce processus."
Le programme fut initialement proposé, par M. Edward Azar, directeur du CIDCM qui, après avoir lu La promesse de la paix mondiale, estima que ce document présentait des concepts "essentiels à la prise de conscience de l'interdépendance planétaire, à l'intensification du développement international et à la promotion de la survie collective".
Dans une lettre adressée à l'instance internationale de la communauté mondiale bahá'í, en décembre 1988, M. Azar écrivait notamment : "J'ai été étudiant et professeur de polémologie et d'études pour la paix aux États-Unis ces vingt-cinq dernières années, et je suis persuadé que les principes que vous présentez si bien dans ce document sont plus valables que certains des modèles et des valeurs que nous dispensons aujourd'hui dans les universités américaines."

(One Country n°5, p.14)


8.4.8. CONFÉRENCE SOUS LES AUSPICES DE LA FONDATION ELIE WIESEL POUR L'HUMANITÉ - HAIFA, Israël

Dans tout le Moyen-Orient, des dissensions profondes et persistantes entre des groupes nationalistes ou religieux ont depuis longtemps provoqué l'animosité et la défiance, souvent avec des résultats violents.
Un groupe peu commun de personnalités internationales s'est réuni à Haifa dans l'espoir de trouver des solutions à ce problème. Les participants représentaient presque toutes les religions de la région : chrétiens, juifs, musulmans, druzes et bahá'ís, ainsi que des chercheurs, des universitaires, des auteurs et des journalistes de diverses nationalités et de diverses formations. Leur but était de discuter d'un nouvel instrument contre la haine : l'éducation, et de forger cet instrument.
La conférence, organisée du 2 au 5 juin 1990 sous les auspices de la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité, s'intitulait : "L'éducation contre la haine : impératif de notre temps". Et, à l'issue de cette réunion de trois jours, il est certain que des étapes ont été franchies.
La conférence n'a pas eu de conclusion officielle, mais ce qui est important c'est qu'une réunion de personnalités aussi diverses ait eu lieu dans une région si souvent enflammée par la haine.
"La haine est un problème qui domine notre vie et qui, avec la technologie actuelle, peut conduire à la destruction du monde", a déclaré Sigmund Strochlitz, homme d'affaires américain. "Au cours de ces trois journées nous nous sommes enrichis en partageant le point de vue les uns des autres et nous partirons avec de nouvelles perspectives sinon des solutions."
Au cours de sept réunions, on a exploré, entre autres, le rôle de l'éducation, de la religion, de la littérature et des médias, dans le contexte de la haine.

a) La religion et la haine

Selon certains participants "la religion est une grande force pour la détermination des valeurs humaines et un élément majeur pour la compréhension de la haine".
D'autres ont fait remarquer que la religion elle-même est une cause de haine et qu'il pourrait être nécessaire de disloquer certains pouvoirs religieux pour y mettre fin. "Cela implique, dans beaucoup de cas, un renversement de la religion", a déclaré Blu Greenberg, écrivain et présidente de "Jewish Women Leaders Consultation".
Le Professeur Robert McAfee Brown, du "Pacific School of Religions" de Californie aux États-Unis, a souligné le rôle de l'amour, de la justice et du pardon pour ce qui est de la suppression de la haine. "Ce n'est pas la qualité des rapports rédigés ni la profondeur des débats qui détermineront la réussite ou l'échec de notre conférence, mais plutôt la mesure dans laquelle ses participants parviendront à comprendre ceux qui jusqu'ici pouvaient être les cibles potentielles de leur haine", a-t-il déclaré.
Pour Farid Wajdi Tabari, Cadi de Haifa et membre de la Cour suprême musulmane, c'est surtout l'égoïsme ou l'égocentrisme qui engendreraient la haine et les principales religions du monde offriraient "un baume efficace ou un élixir pour surmonter la haine et encourager l'amour".
M. Robert Henderson, Secrétaire du cconseil bahá'í national des États-Unis, a fait valoir que ce comportement de plus en plus haineux et agressif qui caractérise le monde n'est pas intrinsèque à la nature humaine.
"Dieu nous a créés riches et nobles ; il nous a donné la capacité d'être bons, justes, aimants et de refléter ses propres attributs de Créateur", a-t-il déclaré. "Ces principes spirituels sont le fondement de la période de transition que nous devons traverser, transition qui, inéluctablement, fera passer l'humanité d'un groupe de "nations fragmentées et en guerre" à une confédération de nations unifiées, ayant pour seule frontière la planète."
"L'humanité est à un moment critique de son évolution en tant qu'espèce", a ajouté M. Henderson, "son destin est d'avancer inexorablement vers l'unité, vers la réalisation d'un monde uni".

b) Le rôle des médias

Le lauréat du prix Nobel, Elie Wiesel, qui était présent à toute la conférence, a souligné l'importance des mots à la fois pour créer la haine et pour la combattre. Il a qualifié l'acte d'écrire comme un acte moral. "Les mots peuvent tuer, les mots peuvent guérir, les mots peuvent devenir prières, les mots peuvent être transformés en propagande bon marché, incitant à la haine."
M. Vitaly Korotich, rédacteur en chef de "Ogonyok", une des revues ex soviétiques les plus libres d'expression, a invité les médias à reconnaître leur propre rôle dans la création de l'image de l'ennemi haï, qui conduit au résultat logique de la guerre. Il a invité les journalistes à reconnaître leur responsabilité lorsqu'ils attisent les flammes de la haine et a exhorté la presse à renouveler son sens de l'éthique. Il a également souhaité une coopération accrue entre la télévision, la radio, la presse écrite et les éditeurs de manuels scolaires, afin d'oeuvrer à l'élimination de la haine et de la suspicion.
M. Korotich a ajouté que la télévision joue un rôle important dans la démocratisation mondiale et que les pays ne peuvent pratiquement plus contrôler les images. Ainsi, la destruction du mur de Berlin est un exemple spectaculaire d'un événement qu'a pu voir, partout dans le monde, le grand public. Les images télévisées pulvérisent les murs entre les peuples, les murs qui permettent à la haine de s'implanter et de s'accroître, mais ces images ne sont pas suffisantes pour mettre fin à la haine. M. Korotich a souligné qu'il fallait des efforts systématiques, en particulier la réécriture de l'Histoire et l'enseignement à partir de ces nouveaux textes.
C'était la troisième d'une série de conférences internationales, sous l'égide de la Fondation Elie Wiesel, sur le sujet de "L'anatomie de la haine et ses conséquences". Les deux premières ont eu lieu à Paris et Boston, la quatrième clôturait le cycle fin août de la même année, à Oslo, en Norvège.

(One Country n°7, pp.18-19)



9. Environnement

9.1. Introduction

Le monde d'aujourd'hui est confronté à beaucoup de crises - sociales, politiques, économiques, de l'environnement - toutes entremêlées et chacune symptomatique de maux spirituels sous-jacents. Une crise qui est moins évidente mais tout aussi menaçante pour l'avenir de l'homme est celle de la conservation de la nature. Les régions naturelles, qui couvraient autrefois la planète, subissent une érosion constante sous les pressions d'une population croissante. Les riches aussi bien que les pauvres contribuent au problème: les riches par leur course effrénée vers le développement économique, et la masse des pauvres par leurs efforts désespérés pour se faire une maigre pitance avec des ressources qui sont de plus en plus rares.
Bien que l'humanité préfère fermer les yeux sur la situation, il est de plus en plus évident que la survie de la race dépend de l'équilibre des systèmes naturels de la biosphère. Il est aussi devenu très clair et alarmant qu'au rythme actuel de destruction, l'essentiel de l'héritage naturel de la terre pourrait être perdu à jamais dans les prochaines décennies.
Les enseignements bahá'ís situent ce problème et les autres problèmes graves qui guettent le monde d'aujourd'hui dans une large perspective, qui à la fois explique leur origine et propose des solutions pratiques. Le progrès technologique a confronté les peuples et les institutions des États avec la réalité d'un monde physiquement uni, mais les comportements et les valeurs doivent encore s'adapter à ce changement fondamental. Pour les bahá'ís, le problème est donc essentiellement spirituel: tous les peuples doivent arriver à l'acceptation de l'unité de la race humaine comme "la première condition sine qua non de la réorganisation et de l'administration du monde considéré comme un seul pays" (La Promesse de la Paix Mondiale). Sans une telle solution spirituelle, toute autre mesure ne peut être qu'un palliatif provisoire; il faut résoudre le problème spirituel fondamental, et les difficultés du monde se résoudront d'elles-mêmes naturellement.

(La Pensée bahá'íe, n°103, p.9)


9.2. Point de vue bahá'í

9.2.1. CONCEPTION BAHÁ'ÍE DU MONDE

Une évaluation scientifique du problème de la conservation de la nature s'accorde facilement avec la conception du monde exprimée dans les Écrits de Bahá'u'lláh (1817-1892), le prophète fondateur de la Foi bahá'íe, et dans ceux de son fils, 'Abdu'l-Bahá (1844-1921), écrits qui reflètent l'harmonie fondamentale entre la science et la religion.
Les origines de l'univers sont décrites dans des termes qui correspondent bien aux théories scientifiques actuelles, bien que ces écrits soient antérieurs au développement des théories physiques et chimiques modernes. "Ce monde de l'existence, cet univers infini, n'a ni commencement ni fin." (Leçons de St-Jean-d'Acre, p.186).
"A l'origine, la matière était une, et cette matière apparut sous différents aspects dans chaque élément; ainsi furent produites les formes variées, et ces aspects variés, une fois produits, devinrent permanents, et chaque élément se spécialisa... Alors ces éléments se combinèrent, s'arrangèrent et se mélangèrent dans des formes infinies... De la composition et de la combinaison des éléments, de leur décomposition, de leur mesure, et de leur effet les uns sur les autres, résultèrent des formes, des réalités à l'infini et des êtres innombrables." (idem, p.187-188)
La nature est considérée comme soumise à des lois scientifiques qui sont elles-mêmes l'expression d'une réalité divine. "La nature est la volonté de Dieu et son expression dans et à travers le monde de l'existence." ( Tablettes de Bahá'u'lláh, p.142) "Cette nature est soumise à une organisation absolue, à des lois déterminées, à un ordre complet et à un plan parfait dont elle ne s'écarte jamais. A tel point que, pour qui examine d'un regard minutieux et d'un oeil acéré, depuis le plus petit atome existant jusqu'aux plus grands corps de l'univers, comme le globe solaire ou les autres astres et corps lumineux, tout, soit au point de vue de l'arrangement ou de la composition, soit sous le rapport de la forme ou du mouvement, est absolument organisé; et tout est sous l'empire d'une loi universelle, dont il n'y a pas moyen de s'écarter." (Leçons de St-Jean-d'Acre, p.11)
Les écrits bahá'ís acceptent les preuves scientifiques appuyant la théorie de l'évolution. Cependant, ils font la distinction entre, d'une part, le potentiel de tous les types de créatures, potentiel inhérent à la matière et aux lois de la création et qui a donc toujours existé, et d'autre part, le processus par lequel ce potentiel est révélé.
"De même, la croissance et le développement de tous les êtres se font par degrés; c'est la règle générale de Dieu et l'ordre de la nature... Toutes les créatures, grandes ou petites, ont été créées, dès le début, complètes et parfaites; seulement les perfections apparaissent en elles peu à peu. La loi de Dieu est une, l'évolution de l'existence est une, l'ordre divin est un." (idem, p. 205)
Les concepts des processus écologiques fondamentaux et des "systèmes de soutien à la vie" apparaissent également dans les écrits bahá'ís.
"Dans le monde matériel, tous les êtres se nourrissent et servent de nourriture à la fois: la plante absorbe le minéral, l'animal mange la plante, l'homme se nourrit de l'animal et le minéral absorbe le corps humain. Les corps physiques sont transférés d'un règne à un autre, d'une vie à une autre, et tout est soumis aux altérations et aux transformations, tout sauf la Cause de l'existence elle-même - car elle est constante et immuable, et c'est sur elle que se fonde l'existence de chaque espèce, de chaque réalité contingente à travers la création tout entière." (Sélections des Écrits d''Abdu'l-Bahá, p.156)
Dans la nature, une place particulière est assignée à l'homme. "Comme les animaux, le corps humain est soumis aux lois de la nature. Mais l'homme est doté d'une deuxième réalité, la réalité rationnelle ou intellectuelle; et la réalité intellectuelle de l'homme prédomine la nature." (Les Bases de l'unité du monde, p.72)
"... Dieu a doué l'homme d'une puissance si merveilleuse qu'il est capable de guider, maîtriser et contrôler la nature." (Causeries d''Abdu'l-Bahá à Paris, p.104)
Les extraits ci-dessus, tirés des écrits bahá'ís et dont les plus récents datent des premières années de ce siècle, illustrent la conception bahá'íe des origines du monde naturel et de la place que l'homme y occupe. Le thème sous-jacent de la corrélation entre toutes choses fournit un fondement naturel aux intérêts et actions en matière de la préservation de la nature. Le fait que l'homme puisse interférer dans le processus naturel et contrôler la nature lui donne également la responsabilité de la maîtriser avec sagesse.
Cependant, les problèmes de préservation de la nature ne proviennent pas seulement d'un manque de compréhension scientifique de la nature, mais résultent en grande partie de problèmes sociaux ou structurels de la société actuelle. La Foi bahá'íe offre des perspectives sociales qui sont tout aussi importantes pour le problème de la protection de la nature, que celles qui s'y rattachent directement.

(La Pensée bahá'íe n°103 A.L. Dahl, pp.9-18)


9.2.2. UNE CIVILISATION EN CONSTANT PROGRÈS

La Foi bahá'íe déclare: "Tous les hommes ont été créés pour travailler à l'établissement et à l'amélioration croissante de la civilisation." (Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, CIX, p.198) Cependant, la forme que prend ce progrès est à déterminer. A une époque où la technologie a unifié physiquement tous les peuples du monde et où l'unité de la biosphère est reconnue, des mesures doivent être prises afin de réaliser une unité sociale et politique correspondante. Les injustices qui maintiennent des extrêmes de richesse et de pauvreté et qui conduisent les pauvres à détruire leurs ressources doivent être éliminées par une "alliance d'élément spirituels, moraux et pratiques". (La Promesse de la Paix mondiale)
L'instruction universelle permettrait aux masses des peuples de comprendre et de modifier leurs comportements. En même temps, la consommation immodérée des ressources par les riches doit être contrôlée.
Bahá'u'lláh mit en garde il y a cent ans contre les dangers pour la planète d'une civilisation matérialiste.
"La civilisation, tant vantée par les représentants les plus qualifiés des arts et des sciences, apportera de grands maux à l'humanité si on lui laisse franchir les limites de la modération."
(Foi mondiale bahá'íe, p.246)
Les changements nécessaires requièrent des modifications fondamentales dans la structure de la société humaine.
"L'unité de la race humaine, telle que la conçoit Bahá'u'lláh, implique l'établissement d'une communauté universelle où toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies ... Cette Communauté ... comportera une législature universelle dont les membres, en tant que représentants de la race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations qui la composeront, et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie de tous les peuples et de toutes le races, répondre à leurs besoins et harmoniser leurs relations ..., toutes les sources de matières premières seront exploitées à plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits équitablement réglée.
Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera sur ses ressources, d'une ampleur inimaginable, une autorité à l'abri de toute discussion." (Programme bahá'í de paix)
Remarquez qu'un tel système contrôlerait toutes les ressources de toutes les nations, utiliserait au maximum les sources de matières premières et régulariserait la distribution des produits. Il n'y a guère qu'un tel système qui puisse metmondiale pour la préservation de la nature.
Un développement réfléchi serait essentiel pour une telle civilisation. Contrairement à la confiance presque exclusive placée aujourd'hui dans les prévisions à court terme, la vision de Bahá'u'lláh permet de jeter les bases d'un édifice solide et durable. Dans une telle société, l'économie devrait fonctionner sur une base tout à fait solide, utilisant des ressources renouvelables et recyclables et visant à l'efficacité de leur utilisation.

(La Pensée bahá'íe n°103, pp. 9-18)


9.2.3. ATTITUDE BAHÁ'ÍE VIS-À-VIS DE LA NATURE

Les bahá'ís ne considèrent pas la nature comme un objet de vénération et d'adoration et n'y voient pas une fin en soi. Ils estiment cependant que la création reflète les qualités et attributs de Dieu.
"IL n'est pas un atome parmi tous les atomes existants, pas une créature parmi les créatures, qui ne célèbre ses louanges, ne déclame ses attributs et ses noms, ne révèle la gloire de sa puissance et ne s'oriente vers son unicité et sa miséricorde..."(Sélection des Écrits d''Abdu'l-Bahá, pp.40-41)
La contemplation de la nature a donc une signification spirituelle pour les bahá'ís. En fait, l'environnement spirituel, l'environnement social et l'environnement physique de l'homme sont étroitement liés. "On ne peut pas séparer le coeur de l'homme de l'environnement qui l'entoure et dire qu'une fois que l'un d'eux aura changé, tout s'améliorera. L'homme est une partie organique du monde. Sa vie intérieure façonne l'environnement et est elle-même profondément influencée par lui."
La diversité génétique, qui est à la base de la richesse de la création, est donc un reflet des qualités de Dieu. Les bahá'ís sont encouragés à apprécier cette diversité, tant dans l'homme que dans le monde naturel.
"Considérez le monde des créatures: quelle diversité et quelle variété dans leurs espèces, bien qu'elles aient une même origine ... Considérons ... la beauté dans la diversité et l'harmonie et tirons une leçon du monde végétal. Si vous regardez un jardin dont toutes les plantes présentent la même forme, la même couleur et le même parfum, loin de vous sembler beau, il vous paraîtra plutôt triste et monotone. Le jardin qui réjouit les yeux et le coeur est celui où poussent côte à côte des fleurs de toutes couleurs, de toutes formes et de tous parfums. C'est cet heureux contraste de couleurs qui en fait le charme et la beauté." (Causeries d''Abdu'l-Bahá à Paris, pp. 45-46)
Le respect de la nature et la modération dans l'utilisation de ses ressources sont aussi reflétés dans l'interdiction bahá'íe de la cruauté envers les animaux et dans la mise en garde contre la chasse pratiquée à l'excès.
"En résumé, ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu doivent traiter avec miséricorde et compassion; leur bienveillance doit se manifester à l'égard de chaque créature vivante ... Les sentiments sont identiques - que vous infligiez une douleur à un homme ou à une bête." (Sélections des Écrits d''Abdu'l-Bahá, p. 158)
Dans leur approche de la nature, les bahá'ís sont donc conscients de la relation intime qui les unit au monde naturel ainsi que l'importance de toutes les ressources mondiales pour la civilisation qu'ils construisent.
Les buts de la stratégie mondiale pour la préservation de la nature, qui sont de maintenir les processus écologiques fondamentaux et les "systèmes de soutien à la vie", de préserver la diversité générique et d'assurer l'utilisation considérée des espèces et des écosystèmes, sont la base d'un développement réfléchi et en parfait accord avec les enseignements de la Foi bahá'íe. Mais comme il en va de beaucoup d'entreprises à l'échelle du globe dans le monde fragmenté d'aujourd'hui, la stratégie souffre d'un manque d'institutions universelles capables de la faire appliquer. Des actions menées au niveau national ne seront jamais plus qu'une solution partielle à des problèmes mondiaux. L'établissement d'une communauté mondiale prévue dans les écrits bahá'ís rendra enfin possible le gouvernement du monde et la préservation des ressources de la biosphère.
Lorsque les peuples auront été instruits de la nécessité d'une gestion sage de leurs ressources, ils seront, grâce à la consultation, à même de planifier et d'exécuter leurs propres activités de préservation de la nature.
Comme cet exposé l'a montré, les bahá'ís voient le problème de la préservation de la nature dans une dimension spirituelle autant que matérielle. "Chaque problème social peut être résolu à l'aide de principes spirituels ou de ce que certains appellent des valeurs humaines ... Le mérite essentiel du principe spirituel consiste non seulement à présenter une perspective concordant avec l'élément immanent de la nature humaine, mais aussi à stimuler une attitude, une dynamique, une volonté, une aspiration qui permettent la découverte et la mise en oeuvre de mesures pratiques." (Promesse de la Paix mondiale)

(La Pensée bahá'íe, n°103, pp.9-18)


9.2.4. ENVIRONNEMENT : BASE DE NOTRE AVENIR

La protection globale de l'environnement est un défi qui, jusqu'à nos jours, n'avait encore jamais été une nécessité pour établir une civilisation paisible sur tout le globe.
Des participants de 24 nations - de l'Australie à l'ex Union Soviétique, de l'Amérique du Nord à la Chine, de la Suède au Swaziland - se sont réunis à l'académie de Landegg en Suisse pour discuter le thème: "Protéger notre droit acquis à la naissance". Ce symposium s'est concentré sur deux thèmes principaux: "le droit du particulier à un environnement sain et naturel" et "la responsabilité de l'humanité pour la préservation de ce droit fondamental pour les générations futures". Nous considérons l'environnement comme un bien qui nous est confié et dont la protection et la conservation sont sous la responsabilité de tous les habitants de la terre.
Nous nous trouvons en pleine crise de l'environnement. La destruction des forêts et de la couche d'ozone représentent deux des nombreux problèmes qui ont été traités pendant le symposium, problèmes, qui par ailleurs, ont été analysés en détail dans le rapport de la Commission mondiale de l'ONU pour l'environnement et le développement sous le titre: "notre avenir commun". Des forêts sont détruites par le feu en Amazonie, en Afrique on enlève le feuillage des arbres pour en faire du fourrage pour le bétail, en Europe la forêt est détériorée par la pollution de l'air. La mise en péril de la couche d'ozone - avant tout la conséquence de l'emploi de carbonates de chlore et de fluor - est un problème sous-estimé par bon nombre de personnes qui le jugent "éloigné".
Si les tendances actuelles continuent, le sort de nos enfants sera une vie raccourcie dans un environnement empoisonné.
Cependant il y a aussi quelques signes positifs d'une sensibilité croissante en ce qui concerne l'état de notre environnement - par exemple les efforts de politiciens, la prise de conscience et l'intérêt public accru pour les questions de l'environnement, l'augmentation du nombre des organisations pour l'environnement et les efforts actifs et de longue haleine des Nations unies.
Puisque les systèmes économiques et politiques actuels persistent à s'orienter vers le matérialisme, l'effet de ces activités est très limité. A la longue cela mène au pessimisme et au désespoir. L'expérience prouve que le matérialisme est une façon de voir les choses, incapable de proposer des solutions acceptables pour traiter la sauvegarde de l'environnement et autres problèmes mondiaux. Nous devons, tous ensemble, faire un effort pour adopter une éthique nouvelle et globale basée sur des valeurs spirituelles et morales de manière à motiver l'être humain jusqu'au fond de lui-même, car à elles seules, les explications scientifiques et l'information ne suffisent pas.
Nous sommes vraisemblablement la dernière génération qui a encore la possibilité de sauver l'équilibre écologique du monde et d'effectuer les changements qui sont nécessaires à la réforme de notre société. Pour saisir cette chance et pour réaliser cette possibilité, nous nous engageons à soutenir chacun des procédés, sans lesquels aucune solution durable - c'est notre conviction - n'est possible. Parce que notre environnement et le coeur humain sont intimement liés, il nous faut concentrer nos efforts sur la transformation de l'être humain. Sans cette transformation nous ne pouvons pas développer de civilisation qui mène à un meilleur avenir. Il nous faut être prêts, de tout coeur, à collaborer - autant comme personne individuelle qu'au sein de la communauté - il nous faut partout réveiller fortement les consciences et agir résolument pour sauver l'environnement.
Nous exhortons les peuples du monde à penser et à agir, en tant qu'une seule humanité dans l'intérêt de tous. Car "le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne peuvent être atteints tant que sont unité n'est pas fermement établie".
Nous faisons un urgent appel à la jeunesse du monde pour rompre les barrières qui nous ont séparés les uns des autres, de même qu'elles nous ont séparés aussi de la terre sur laquelle nous vivons, et pour développer le procédé de la vraie consultation qui peut mener à l'unité en harmonie avec notre environnement.
Faisons de sorte que ce soit notre génération qui l'accomplisse!

(La Pensée bahá'íe, n°113, p.41)


9.2.5. DÉCLARATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE BAHÁ'ÍE À RIO

Outre des questions techniques et politiques, comme celles de savoir quelles limites imposer aux gaz à effet de serre, comment mettre en oeuvre l'objectif du développement durable et qui va payer la note, la question fondamentale qui était posée à la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) en juin 1992, était la suivante: l'humanité avec ses conflits permanents, ses égoïsmes et son manque de perspective à long terme peut-elle s'engager dans une coopération réfléchie et une planification à long terme à l'échelle mondiale ?
Le processus de la CNUED a mis en lumière à la fois la complexité et l'interdépendance des problèmes auxquels l'humanité est confrontée. Aucun de ces problèmes - inégalités criantes du développement, menaces apocalyptiques du réchauffement de l'atmosphère et diminution de la couche d'ozone, oppression de la femme, abandon d'enfants et d'individus marginalisés, pour n'en mentionner que quelques uns - ne peut trouver de solution réaliste sans une prise en compte globale de tous les autres. Aucun ne sera pleinement traité sans une coopération et une coordination à tous les niveaux dépassant de loin tout ce qui constitue l'expérience collective de l'humanité.
Toutefois, l'avilissement général des hommes ruine toute perspective de coopération. Bien que rarement évoquées à propos des problèmes de l'environnement et du développement, on observe aujourd'hui dans le monde certaines tendances qui détruisent la confiance et sapent les bases d'une collaboration, à savoir : l'absence d'une discipline morale généralisée, la glorification de la cupidité et des richesses matérielles, la dislocation de la famille et de la communauté, la montée du crime et du désordre social, la poussée du racisme et du chauvinisme, la priorité, enfin, aux intérêts nationaux sur le bien-être de l'humanité. Il est impératif de renverser ces tendances destructrices pour instaurer l'unité et la coopération. A cet effet, essayons de mieux comprendre la nature humaine. Car si l'économie, la politique, la sociologie et la science sont d'importants moyens pour nous aider à résoudre les grandes crises de l'humanité, la solution véritable aux dangers qui nous menacent passe par une prise en compte de la dimension spirituelle de l'homme et la transformation de son c oeur. La dimension spirituelle de la nature humaine peut se comprendre, concrètement, comme la source des qualités qui transcendent l'égoïsme étriqué.
Bien que comportant certains aspects mystiques difficiles à expliquer, la dimension spirituelle de la nature humaine peut se comprendre, concrètement, comme la source des qualités qui transcendent l'égoïsme étriqué. Ces qualités sont notamment, l'amour, la compassion, la tolérance, la loyauté, le courage, l'humilité, la coopération et la capacité de se sacrifier pour le bien commun - autant de qualités que doivent posséder des citoyens éclairés pour construire une civilisation mondiale unifiée.
Les changements profonds et de grande portée, le renforcement sans précédent de l'unité et de la coopération qu'il faut mettre en oeuvre pour préparer le monde à un avenir viable et juste ne seront possibles que si l'on fait appel à l'esprit humain, aux valeurs universelles qui seules peuvent donner aux individus et aux peuples la capacité d'agir conformément aux intérêts à long terme de la planète et de l'ensemble de l'humanité.
Lorsqu'il aura été exploité, ce moteur puissant et dynamique de l'action individuelle et collective insufflera aux peuples un esprit d'union puissant et salutaire auquel aucune force ne pourra résister. La vérité spirituelle fondamentale de notre temps est l'unité des hommes.
La reconnaissance universelle de ce principe - avec tout ce qu'il implique sur les plans de la justice économique et sociale, de la participation universelle à des décisions fraternelles, de la paix et de la sécurité collective, de l'égalité entre l'homme et la femme et de l'éducation universelle - permettra la réorganisation et l'administration du monde qui ne sera plus qu'un seul pays, la patrie du genre humain.

(One Country n°12, pp. 2-3)


9.2.6. UNE DÉCLARATION BAHÁ'ÍE SUR LA NATURE

En septembre 1986, la World Wildlife Fund for Nature (WWF) lança son Réseau sur la Conservation et la Religion, mettant en relation les dirigeants représentant les bouddhistes, chrétiens, hindouistes, juifs et musulmans avec les leaders dans le domaine de l'environnement, à Assise, Italie.
Chacune des cinq religions qui y étaient représentées rédigea une déclaration sur la nature. Depuis octobre 1987, les bahá'ís sont devenus la sixième religion majeure à rejoindre cette nouvelle alliance et ont rédigé la déclaration suivante en soutien aux objectifs du Réseau:

"La Nature dans son essence est l'incarnation de Mon nom, le Façonneur, le Créateur. Des causes variées ont diversifié les manifestions de cette nature et cette diversité recèle certains signes pour les hommes de discernement. La Nature est la Volonté divine et en constitue l'expression à travers le monde contingent. C'est une dispensation de la Providence prescrite par l'Ordonnateur, le Sage." (Écrits bahá'ís)
En ces termes, Bahá'u'lláh, prophète-fondateur de la Foi bahá'íe, souligne la relation essentielle qui lie l'homme à l'environnement, à savoir que la grandeur et la diversité du monde naturel reflètent la majesté et la bonté de Dieu. Pour les bahá'ís, il en découle une compréhension implicite que la nature doit être respectée et protégée, comme un don divin dont nous sommes les dépositaires.
Un tel thème, bien sûr, n'est pas l'apanage de la Foi bahá'íe. Toutes les religions majeures du monde affirment cette connexion fondamentale entre le Créateur et sa Création. Comment pourrait-il en être autrement? Toutes les religions majeures indépendantes tirent leur source des révélations d'un seul Dieu - un Dieu qui a successivement envoyé ses messagers sur terre pour que l'humanité puisse être éduquée selon Ses moyens et Sa volonté. Telle est l'essence de la croyance bahá'íe.
En tant que la plus récente des révélations de Dieu, cependant, la Foi bahá'íe apporte des enseignements qui répondent de façon particulièrement adéquate aux circonstances du jour présent, où la totalité de la nature est mise en danger par des périls dus à l'homme, allant de la destruction totale des forêts humides du monde au cauchemar final de l'annihilation nucléaire.
Un siècle auparavant, Bahá'u'lláh proclama que l'humanité est entrée dans un nouvel âge. Promise par tous les messagers divins du passé, cette nouvelle époque apportera en fin de compte la paix et l'illumination de l'humanité. Pour atteindre ce stade, cependant, l'humanité doit reconnaître son unité fondamentale - aussi bien que l'unité de Dieu et de la religion. Tant qu'il n'y a pas de reconnaissance de cette interdépendance et de cette globalité, les problèmes de l'unité ne feront que s'aggraver.
En ce jour, les défis majeurs que doit relever le mouvement pour l'environnement reposent sur cet aspect. Les problèmes liés à la pollution des océans, à l'extinction des espèces, aux pluies acides et à la déforestation - pour ne pas mentionner le fléau ultime de la guerre nucléaire - ne connaissent aucune frontière. Tous réclament une approche transnationale.
Les écrits religieux de la Foi bahá'íe contiennent des prescriptions explicites sur le type d'un nouvel ordre politique mondial qui offre la seule solution à long terme face à de tels problèmes.
"Ce que le Seigneur a ordonné en tant que remède souverain et plus puissant instrument pour la guérison du monde est l'union de tous ses peuples en une Cause universelle..." écrivit Bahá'u'lláh.
Construit autour de l'idée d'une fédération mondiale de nations, avec un parlement et un exécutif internationaux pour faire appliquer sa volonté, un tel nouvel ordre politique doit aussi, selon les enseignements bahá'ís, être basé sur les principes d'une justice économique, de l'égalité entre les races, de l'égalité des droits des femmes et des hommes, et d'une éducation universelle. Tous ces points sont étroitement liés à la tentative de protéger l'environnement mondial.
Le fait même que de tels principes doivent apparaître avec l'autorité de la religion et non simplement de sources humaines, est une autre pièce à jouter à la solution d'ensemble de nos problèmes d'environnement.
Il n'y a probablement pas d'impulsion plus puissante pour le changement social que la religion. Bahá'u'lláh a dit:
"La religion est le plus grand de tous les moyens pour établir l'ordre dans le monde et pour le bien-être de tous ceux qui l'habitent."
En essayant d'établir une nouvelle éthique écologique, les enseignements de toutes les traditions religieuses peuvent jouer un rôle en aidant à inspirer les adeptes.
Bahá'u'lláh a exprimé un amour et une appréciation ardents de la nature, insistant, dans la théologie bahá'íe, sur la relation entre l'environnement et le monde spirituel. "La campagne est le monde de l'âme, la ville est le monde du corps", disait Bahá'u'lláh.
Cette dichotomie entre la spiritualité et le matérialisme est une clé pour la compréhension de l'humanité d'aujourd'hui. Du point de vue bahá'í, les menaces majeures vis-à-vis de notre environnement mondial, telles que la menace d'annihilation nucléaire, sont les manifestions d'une maladie générale de l'esprit humain, maladie qui se signale par une insistance excessive sur les biens terrestres et un égocentrisme qui inhibe notre capacité de travailler ensemble en une communauté globale. La Foi bahá'íe recherche avant tout à revitaliser l'esprit humain et à supprimer les barrières qui limitent une coopération fructueuse et harmonieuse entre les hommes et les femmes, quelles que soient leurs origines nationales, raciales ou religieuses.
Pour les bahá'ís, le but de l'existence est de faire progresser une civilisation en constante évolution. Une telle civilisation ne peut être construite que sur une terre qui peut se soutenir elle-même. L'engagement bahá'í envers l'environnement est fondamental pour notre foi.

(Pensée Bahá'íe n°103, pp.5-8)


9.2.7. MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Il y a un peu plus de cent ans, Bahá'u'lláh, dans une série de lettres adressées aux dirigeants de l'époque, annonça que l'humanité entrait dans une période de son histoire qui exigerait une restructuration radicale de la vie sur la planète. Il dit que des problèmes jamais envisagés auparavant allaient bientôt surgir, auxquels même les ressources des nations les plus avancées ne permettraient plus de faire face. Ces problèmes ne pourraient être surmontés que par un système fédéral mondial dont l'organe central serait un parlement mondial représentatif ayant plein pouvoir pour créer un code de lois international universellement accepté et appliquable. "La terre n'est qu'un seul pays", affirma Bahá'u'lláh, "et tous les hommes en sont les citoyens."
A mesure que l'immensité, la complexité et le caractère urgent des problèmes liés à l'environnement s'imposent à l'attention du public, la logique de cette injonction devient de plus en plus apparente. Les mécanismes et procédures juridiques internationaux existants se révèlent inadaptés, essentiellement parce qu'ils sont basés sur des lois gouvernant les États-nations. Il semble clair à la Communauté internationale bahá'íe qu'à moins d'adopter des mesures innovatrices pour la restructuration de l'ordre international, la dégradation de l'environnement à elle seule, avec ses conséquences à long terme sur le développement social et économique, mènera inexorablement à un désastre aux proportions effrayantes.
Le processus actuel d'élaboration d'une réglementation internationale en matière d'environnement, qui ne s'attaque qu'à un problème à la fois, est parcellaire et non systématique. Il n'existe pas d'organisme unique responsable de proposer une réglementation internationale sur l'environnement. Les nations n'ont pas non plus convenu d'un ensemble de principes pouvant servir de base à une telle réglementation. De plus, les pays signant les différents instruments juridiques sont rarement les mêmes. De sorte qu'il est pratiquement impossible d'harmoniser ou de combiner les accords.
La procédure législative internationale est connue pour être lente, coûteuse et lourde. Nombre de pays, dotés d'un effectif limité de diplomates et d'experts, ne peuvent s'engager dans des procédures si longues et coûteuses, d'autant plus que les négociations se multiplient pour répondre aux problèmes pressants liés à l'environnement mondial.
La procédure ad hoc actuelle pour la réglementation en matière d'environnement ne peut que devenir plus difficile à manier. On a avancé de nombreuses propositions visant à mettre en place des mécanismes globaux pour créer et soutenir un modèle de développement durable.
Aussi bien intentionnées et utiles que soient ces propositions, il semble évident pour la Communauté internationale bahá'íe qu'élaborer un modèle de développement durable est une tâche complexe aux ramifications multiples. A l'évidence, cela demande un engagement renouvelé pour apporter des solutions à des problèmes majeurs qui ne sont pas uniquement du domaine de l'environnement. Ces problèmes comprennent la militarisation, les disparités excessives de richesse entre les nations et à l'intérieur de chacune d'elles, le racisme, le manque d'accès à l'éducation, le nationalisme effréné, et l'absence d'égalité entre les femmes et les hommes. Plutôt que de mettre en oeuvre des actions ponctuelles conçues pour répondre aux besoins des États-nations, il semble clairement préférable d'adopter un accord-cadre à l'intérieur duquel des codes spécifiques internationaux pourraient être promulgués.
Les solutions à long terme font appel à une nouvelle vision d'ensemble d'une société globale, sous-tendue par des valeurs nouvelles. Aux yeux de la Communauté internationale bahá'íe, reconnaître l'unicité de l'humanité est la condition première et fondamentale pour réorganiser et administrer le monde tel un pays unique, foyer de la race humaine. La reconnaissance de ce principe n'implique pas l'abandon des loyalismes légitimes, ni la suppression de la diversité culturelle ou l'abolition de l'autonomie nationale. Ce principe demande un loyalisme plus large, des aspirations bien plus élevées que celles qui ont animé les efforts humains jusqu'à présent. Il subordonne clairement les intérêts et les penchants nationaux aux exigences impératives d'un monde unifié. Il est incompatible avec non seulement toute tentative d'imposer l'uniformité, mais aussi toute tendance vers une centralisation excessive. Sa finalité peut être résumée par le concept d' "unité dans la diversité".
Les écrits bahá'ís envisagent un système fédéral mondial "en faveur duquel toutes les nations du globe devront abandonner de leur plein gré toute prétention à faire la guerre, certains droits à lever des impôts, et tous droits à maintenir des armements autres que ceux requis pour la sauvegarde de l'ordre à l'intérieur de leurs territoires respectifs." Cette fédération mondiale sera dotée d'un "corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins, et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera les lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système universel." Dans ce système, "un code unique de droit international - issu du jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - disposera, pour ses sanctions, de l'immédiate intervention coercitive des forces conjuguées des unités fédérées...". En même temps, "l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour toujours sauvegardées."
Aucun changement véritable n'est possible sans une vision de l'avenir. La Charte de la Terre pourrait contribuer de façon significative à dégager une vision unificatrice de l'avenir, en énonçant avec audace le système de valeurs sur lequel on doit bâtir le futur.
Nous avons la conviction que les gouvernements du monde, forts de la reconnaissance universelle des dangers pesant sur la planète, peuvent décider d'agir avec courage dans l'intérêt de la race humaine dans son ensemble. Le résultat pourrait non seulement fournir la clef des problèmes d'environnement et de développement auxquels nous sommes actuellement confrontés, mais représenter de plus un immense pas en avant dans l'érection d'un système fédéral capable de relever les multiples défis auxquels doit faire face une humanité en voie d'intégration rapide.

(Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement)


9.2.8. NOUVEL ORDRE MONDIAL

Après des années d'inattention, le monde semble enfin s'éveiller à l'ampleur des problèmes auxquels notre environnement est confronté. Le sérieux de cet intérêt est favorablement accueilli.
Toutefois, dans la discussion générale sur les moyens de surmonter cette crise, l'élément crucial est bien souvent absent. Or cet élément, un cadre international, est nécessaire à la protection de l'environnement.
En matière d'environnement, les problèmes les plus urgents sont de nature internationale. Qu'il s'agisse de la pollution des océans, de la surproduction des gaz à l'origine de "l'effet de serre", de l'extinction des espèces ou du déboisement, tous ces problèmes ignorent les frontières entre États. Toute solution réelle doit obligatoirement impliquer une coopération internationale.
Cependant, les experts de l'environnement et les politiciens hésitent à aborder le problème plus vaste d'un ordre mondial et de l'unité planétaire. Bien que l'on parle souvent d'efforts "coordonnés" ou d'"approche mondiale", la plupart des propositions en faveur de la préservation de l'environnement ne tiennent pas compte de la nécessité d'une révision sérieuse de la charte politique du monde.
Or une réflexion attentive sur l'étendue et la nature des menaces qui pèsent sur l'environnement de la planète montre qu'une action globale d'une telle ampleur est désormais indispensable.
De plus, les causes de ces diverses menaces sur l'environnement sont complexes et revêtent divers aspects : social, technologique, politique, culturel et même spirituel.
Examinons-en deux exemples :
Les forêts tropicales fournissent une grande partie de l'oxygène présent dans le monde et contiennent toute une réserve d'espèces végétales et animales. Or elles sont en cours de destruction rapide par des causes allant des pluies acides au déboisement causé par des familles appauvries à la recherche de terres agricoles.
Ainsi, toute tentative visant à préserver les forêts doit aborder des problèmes variés, depuis la politique industrielle jusqu'aux disparités entre riches et pauvres. En fin de compte, les efforts tendant à réaliser une alphabétisation universelle seront tout aussi importants que la création de réserves naturelles.
De même, la limitation de l'utilisation de combustibles fossiles exigera de longues campagnes visant à éduquer les consommateurs. L'application de nouvelles technologies doit s'effectuer à l'échelle mondiale. De nouvelles perspectives, de nouveaux modes de vie sont essentiels.
L'accent mis sur l'environnement a suscité dans de nombreux pays, tout un courant d'idéalisme et d'engagement envers sa protection. Or ce courant d'opinion ne pourra s'amplifier que si l'étendue des dangers menaçant l'avenir de nos enfants devient chaque jour plus manifeste. S'il s'accompagne d'une vision et d'une direction effectives, il constituera une ressource sans précédent en vue d'une transformation importante de la société humaine. Tel est le défi réel qui se pose au mouvement en faveur de l'environnement.
Il y a plus d'un siècle, Bahá'u'lláh, le fondateur de la Foi bahá'íe, a lancé son appel en faveur de l'établissement d'un nouvel ordre mondial. Bâti autour du concept d'une confédération des nations, avec un parlement et un gouvernement mondiaux chargés d'exécuter sa volonté, ce nouvel ordre politique servirait à englober et à unir toute l'humanité et à promouvoir l'éclosion d'une "civilisation en constante évolution ".
Un tel ordre nouveau doit, par nécessité, être fondé sur les principes de justice économique, d'égalité raciale, de droits égaux entre hommes et femmes, et d'éducation universelle.
"Le bien-être du genre humain, sa paix et sa sécurité, sont irréalisables tant que son unité n'est pas solidement établie," a écrit Bahá'u'lláh. "La terre n'est qu'un seul pays, et tous les hommes en sont les citoyens".
Plus qu'aucun autre phénomène actuel, la crise de l'environnement, toujours plus aiguë, a montré la véracité et la profondeur de ces paroles.
Bien que la notion de confédération des nations ait été largement débattue depuis le début du siècle, en tant qu'instrument de la paix mondiale, il est de plus en plus admis que la dégradation de l'environnement peut s'avérer aussi dévastratrice qu'une guerre mondiale, et cela devrait amener les hommes et les femmes éclairés à élargir le concept de sécurité collective, afin qu'il englobe également la crise de l'environnement.

(One Country n°3, pp.2, 15)


9.3. Actions bahá'íes

9.3.1. CENTRE D'ÉTUDES DOROTHY BAKER SUR L'ENVIRONNEMENT - BOLIVIE

M. Baker ne s'attend pas à connaître de son vivant une transformation aussi importante. Mais cette sorte de vision à long terme fait partie intégrante de la philosophie et de l'approche du Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement, dont M. Baker est fondateur et directeur. Le Centre se consacre à examiner de quelle manière les technologies appropriées, ainsi qu'une éducation appropriée, peuvent améliorer la vie des Aymaras et des Quechuas qui survivent sur le rude Altiplano bolivien.
Ainsi, par exemple, le Centre a adapté un modèle de serre solaire pour la culture en haute altitude de fruits et de légumes, à peu de frais. Près de 30 communautés utilisent ce modèle et plus de 120 serres ont été construites. D'autres efforts du Centre sont axés sur le développement et la promotion des technologies de reboisement et de conservation des sols qui conviennent à l'Altiplano, ainsi que sur la conception d'un générateur de biogaz bon marché, qui fonctionnera en dépit des températures extrêmes de la région.
Le Centre est cependant davantage qu'une simple station de recherche. Grâce à un programme de communication et d'éducation, il met ces technologies directement à la portée des communautés qu'il s'efforce de servir. Ainsi, le Centre patronne un programme de formation pour adultes sur l'environnement rural et des classes maternelles pour enfants. Ces cours de formation ont contribué de façon importante à populariser des technologies nouvelles.
"Dans nos classes, on demande de rechercher la vérité par soi-même et de la défendre ensuite", dit M. Baker. Et il ajoute : "Nous ne croyons pas qu'il soit bon d'imposer nos connaissances. C'est ainsi que l'individu progresse. Et, lorsque les individus progressent au sein d'une communauté, celle-ci peut déterminer sa propre voie de développement."
Le climat et les conditions de l'Altiplano sont autant de défis à relever. La Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique Latine, en partie du fait de sa géographie et de son climat. L'altitude du haut plateau des Andes varie entre 3.000 et 4.000 mètres. La région qui reçoit peu de pluie est sujette à de très larges variations de températures, gelant presque la nuit et atteignant jusqu'à 20°C. le jour. En fait, l'Altiplano est un désert dans la montagne. Pourtant la majorité des Boliviens vit sur cette plaine élevée et sèche, beaucoup d'entre eux subsistant essentiellement d'un régime de pommes de terre et de graines indigènes comme le cañawi et le quinoa. Moutons et lamas sont parmi les rares animaux qui peuvent survivre grâce aux pâturages clairsemés qui poussent sur l'Altiplano et ils produisent un peu de viande, de laine et de lait.
Environ 70% de la population est indigène, surtout d'origine aymara et quechua. Bien qu'officiellement le degré d'alphabétisation soit de 75%, de nombreux Indiens sont, cependant, pratiquement illettrés : capables de lire des mots espagnols mais sans en comprendre le sens. C'est cet état de choses que le Centre tente d'aborder spécifiquement. Selon M. Baker, les serres solaires ont été conçues pour améliorer le régime alimentaire des gens vivant dans des communautés éloignées de haute altitude. "Il est virtuellement impossible de faire pousser fruits et légumes à l'air libre sur l'Altiplano", dit M. Baker. "C'est pourquoi l'alimentation prédominante est pauvre en vitamines, minéraux et huiles apportés par les légumes et les fruits."
Le Centre a mis au point un modèle peu coûteux qui peut être facilement construit et entretenu par une seule famille, unité sociale de base sur l'Altiplano. Sur des fondations en adobe, des tubes de plastique servent de montants pour tendre une toile de polyéthylène transparent. A l'intérieur de ces serres, il fait suffisamment chaud et humide pour faire pousser une grande diversité de légumes. Le Centre assure la formation pour la construction des serres et fournit les matériaux. On demande à chaque famille de payer 75 % du montant des tubes et de la couverture plastique.
"Le revenu annuel moyen d'une famille dans la région est d'environ 900 FF.", dit M. Baker. "Nous estimons que la valeur de la production d'une serre solaire sur une année représente à peu près 750 FF., bien qu'une petite partie seulement de cette production soit vendue, la plus grande étant consommée par la famille. Le coût réel des matériaux n'est que d'environ 150 FF., le bénéfice économique de ce programme est donc significatif pour une famille." De même, le Centre étudie des techniques de reboisement, de gestion des ressources en eau et d'utilisation du biogaz, qui soient appropriées à l'Altiplano. Les conditions du sol et les conditions climatiques sont particulièrement dures pour les jeunes plants d'arbres. Une tentative récente d'une autre organisation pour planter 7.000 eucalyptus et queshuaras a échoué : dix arbres seulement ont survécu après la première année car le sol n'avait pas été assez bien préparé.
M. Baker croit que le taux de survie des arbres peut être beaucoup plus élevé. Actuellement le Centre travaille avec 12 communautés pour la mise en route et le maintien de projets de plantation à petite échelle. Dans la communauté de Cori Pata, par exemple, 3.000 queshuaras ont été plantés depuis deux ans. Le queshuara, excellent pare-vent et combustible, pousse bien en haute altitude.
A première vue, la principale station de recherche du Centre n'est pas très spectaculaire. Installée sur une parcelle de terrain de 2 hectares située dans la banlieue de Cochabamba, elle se compose de plusieurs bâtiments bruts, en adobe avec des toits de tôle galvanisée, un vivier et une citerne, et un certain nombre de petits sites de démonstration. Mais cet endroit et ces constructions sont tout à fait adéquats pour le développement et la promotion des technologies appropriées qui constituent le but du Centre.
"Nombre d'autres organisations installent des serres solaires plus efficaces et productives que les nôtres, mais elles ont tendance à coûter beaucoup plus cher, de l'ordre de 18.000 à 24.000 FF., et elles réclament la participation d'un village entier", dit M. Baker. "Malheureusement, les familles ici n'ont que 300 à 360 FF. à investir dans ce genre de projet. C'est pourquoi nous essayons de développer des projets et des technologies qui restent dans ces limites." George Scharffenberger, président de la "Croisade de l'industrie alimentaire contre la faim", organisation dont le siège est aux États-Unis et qui, ces trois dernières années a octroyé une subvention annuelle de 150.000 FF. au Centre Dorothy Baker, a souligné que la philosophie du Centre, de laisser les communautés faire l'expérience de leur propre prise en charge, était sincèrement suivie.
"D'autres organisations construisent des serres un peu plus robustes et plus productives", devait dire M. Scharffenberger après sa visite au Centre Dorothy Baker ainsi qu'à quatre autres organisations similaires en Bolivie et au Pérou l'an dernier. "Mais, je ne pense pas qu'il y ait le même sens de propriété de la part des communautés elles-mêmes. Dans certaines serres du Centre Dorothy Baker, il y a une véritable explosion de créativité dans le choix de ce que l'on fait pousser. Dans une serre, alors qu'il neigeait dehors, ils cultivaient des bananes. Je suppose que de ce fait ils cultivaient moins mais la serre était réellement leur serre."
"Pour ce qui est du développement élémentaire des communautés, j'ai été très impressionné", a-t-il ajouté. M. Baker pense que l'implication de la communauté est la clé du succès pour l'introduction d'idées nouvelles sur l'Altiplano et il ajoute qu'il est tout aussi important de démontrer le potentiel pour obtenir des résultats.
Ainsi par exemple, sur le sîte de Cochabamba, un certain nombre de petits terrains de démonstration présentent les avantages de l'utilisation du terreau et des paillis en agriculture. Un vivier a également été construit, conçu pour montrer comment la carpe peut se développer dans un système clos en utilisant l'engrais animal pour nourriture.
Parmi les différentes serres solaires, l'une a été ajoutée à une maison traditionnelle en adobe comportant deux pièces. Avec ce modèle M. Baker dit qu'il espère démontrer comment une serre solaire peut, en plus des légumes, procurer une modeste quantité de chaleur solaire à l'espace de vie familiale. Ainsi que nous l'avons déjà noté, un système de gestion des ressources en eau et de contrôle de l'érosion, constitué de petites digues, s'étend derrière le terrain de recherche. Ce système canalise l'eau jusqu'au vivier et à la citerne, montrant de quelle manière les rares pluies de la région peuvent être facilement collectées et utilisées.
M. Baker dit à propos du système de barrages : "Ce sont là des moyens bien évidents pour contrôler l'érosion." Et il ajoute : "Mais les habitants de l'Altiplano ne sont pas prêts à consacrer du temps à un projet, tant qu'ils n'ont pas la conviction que cela va donner un résultat. Il ne faut pas les en blâmer. Ici ils doivent constamment peiner de toutes leurs forces pour survivre. Avant de consacrer beaucoup de temps à quelque chose ils veulent s'assurer du résultat."
M. Baker estime que la transformation de la Bolivie sera possible lorsque les communautés de l'Altiplano auront reçu les outils technologiques et organisationnels qui leur sont nécessaires pour gérer leur propre développement. Le Centre a une relation de travail avec le FUNDESIB, Fondation pour le développement intégral de la Bolivie, et, comme la sienne, sa philosophie directrice s'appuie sur les principes de la Foi bahá'íe. M. Baker est lui-même bahá'í et il a donné au Centre le nom de sa mère, Dorothy Baker, une figure marquante de la communauté bahá'íe dans les années 40 et 50. Selon M. Baker, le Centre s'efforce d'équilibrer, dans son approche, les besoins de développement et la sensibilisation à l'environnement en soulignant une compréhension spirituelle de la relation entre l'homme et la nature.
"Nous sommes une création de Dieu, l'environnement également", dit-il. " Dans ce sens, nous faisons partie de ce qui est créé, et nous devons nous considérer comme une composante essentielle de l'environnement." Il affirme aussi qu'il croit que Dieu a doté l'homme de la capacité unique de rationaliser et de réfléchir, attribut que la nature ne possède pas. "Les êtres humains sont devenus la force directrice dans l'équilibre entre le monde des hommes et le monde de la nature", dit-il encore. "Nous sommes capables d'apprendre à améliorer notre environnement ou bien de le détruire. Il ne nous reste donc qu'à apprendre à l'améliorer."

(One Country n°8, pp.1, 8-10, 14)


9.3.2. DIVERS PROJETS DE PRÉSERVATION DE LA NATURE À TRAVERS LE MONDE

Entre 1984 et 1989, les bahá'ís ont eu plus de 50 projets de préservation de la nature à travers le monde. Ces projets qui concernent plus de 30 pays vont de la plantation sylvestre en cours et des efforts de reboisement à la fabrication locale de poêles à haut rendement. En outre, l'éducation en matière d'environnement est en train de devenir partie intégrante du programme des écoles bahá'íes et des centres d'apprentissage qui sont au nombre de plus de 600 dans le monde.
Les enseignements de base de la Foi bahá'íe confirment le caractère sacré de la nature et font clairement ressortir l'interconnexion de l'humanité et de la nature. En outre les messages de la Foi sur l'interdépendance entre l'homme et l'unité mondiale, formulés dès le 19ème siècle, illustrent bien l'importance accordée aujourd'hui, au sein du mouvement écologique, à une approche globale et coordonnée de ce problème.

a) Projets communautaires

Outre la promotion d'une approche unifiée et globale des questions relatives à l'environnement, les bahá'ís ont aussi mis l'accent sur la nécessité d' oeuvrer pour la préservation du milieu à l'échelon local. C'est pourquoi les projets écologiques patronnés par les bahá'ís sont, pour la plupart, des projets locaux exécutés à échelle réduite, et associés à des efforts en matière de développement économique.
Au Kenya, une série de projets de cette nature ont été exécutés au cours de la dernière décennie, et la communauté bahá'íe de ce pays a participé à toute une série d'efforts de reboisement, à des programmes d'éducation écologique, et même à un projet portant sur la fabrication et la distribution de poêles à bon rendement.
"L'un des projets les plus intéressants que nous ayons pu entreprendre au Kenya, c'est l'élaboration d'un programme pour la "Journée mondiale de l'environnement" qui a atteint les villages", a déclaré M. Donald Peden, un bahá'í qui a vécu au Kenya de 1978 à 1986 et qui travaille actuellement en qualité de conseiller international en écologie. "Ils ont été en mesure d'élaborer des programmes pour 10 000 - 12 000 élèves d'établissements d'enseignement supérieur. Selon moi, ceci fut réellement exemplaire de leur capacité à éveiller les consciences aux problèmes de l'environnement, et cela dans toutes les couches de la société. Bien souvent, en effet, les efforts d'éducation dans ce domaine n'atteignent guère que l'élite des populations urbaines."
Mairuth Sarsfield, qui servit au Kenya, de 1980 à 1983, en qualité de directeur adjoint de l'information pour le Programme de l'environnement des Nations unies, et qui a bien connu les projets bahá'ís au Kenya, a déclaré notamment: "Si je devais évaluer l'apport bahá'í à l'écologie et à la protection de l'environnement, je dirais simplement que pour les bahá'ís, lorsqu'ils exécutent un projet, grâce à leur capacité de s'identifier à la population, le problème ne se pose plus en termes de "eux et moi", ou "eux et nous", mais "nous"...Il y a une ouverture, une disponibilité dans l'éthique bahá'íe qui réveille la conscience et incite la population à collaborer avec les bahá'ís."
Les femmes ont joué un rôle particulier dans les projets de préservation de la nature au Kenya. Le projet de fabrication de poêles fonctionnant au charbon de bois, les "jikos," concerne une coopérative féminine. Lors de plusieurs conférences, en 1984 et 1985, des femmes avaient reçu de jeunes plants à remporter dans leurs villages et à planter.
En Inde, les projets bahá'ís sur l'environnement ont mis l'accent sur l'éducation en matière de préservation de la nature et, tout particulièrement, sur ses effets pratiques. En conséquence, les écoles bahá'íes ont été le théâtre d'activités intenses.
A l'école Rabbani (État de Madhya Pradesh), plus de 14 000 arbres ont été plantés sur le campus et dans les villages voisins depuis l'établissement en 1985, d'une pépinière sur le campus. Pendant la même période, un programme complémentaire a aidé à l'établissement de quatre pépinières de village qui ont produit au total plus de 30 000 jeunes arbres destinés à être utilisés dans les environs. Depuis 1982, l'école a employé des poêles sans fumée d'un bon rendement.
En 1986, M. Rajiv Gandhi, Premier ministre de l'Inde, a remis à l'école Rabbani le prix des "Amis des Arbres" décerné par le ministère de l'Environnement et de la Sylviculture pour récompenser ces efforts et d'autres déployés en faveur du reboisement. La communauté bahá'íe de l'Inde a ainsi patronné plus d'une douzaine de projets forestiers depuis 1984.
Les programmes de protection de l'environnement ont été également orientés vers la technologie appropriée et vers les moyens de sa diffusion qui constituent les conditions d'un changement durable.
En Bolivie, près de Cochabamba, sur les hauts plateaux où le bois est rare, le Centre Dorothy Baker d'études sur l'environnement, géré par des bahá'ís, a exploré les possibilités de production de biogaz à partir de déchets animaux et d'utilisation de ce gaz pour la cuisine, le chauffage et l'éclairage, et cela depuis 1985. D'autres technologies appropriées, relatives notamment à la préservation de l'eau, à l'utilisation de l'énergie solaire et au développement des sols, ont également fait l'objet de travaux de recherche et des matériels de formation sont actuellement produits, en espagnol et en quechua, langue amérindienne parlée au Pérou et en Bolivie.

b) Le thème de l'interdépendance

L'approche bahá'íe des problèmes de préservation de la nature, c'est plus qu'une série de projets, à l'échelle locale. A la base de ces activités, on trouve les enseignements de la Foi bahá'íe qui apportent à la fois une motivation et une orientation. Richard St.Barbe Baker, dont l'intérêt pour les forêts à travers le monde lui a valu le surnom d' "homme des arbres", était bahá'í et attribuait l'inspiration de son oeuvre, dans une large mesure, à la Foi bahá'íe.
Bahá'u'lláh, le fondateur de la Foi bahá'íe, fit des déclarations explicites, vers la fin du dix-neuvième siècle, sur le caractère sacré de la nature, l'interdépendance de l'humanité avec le monde de la nature et l'importance d'une approche unifiée des problèmes mondiaux.
"Ce concept d'unité opère à plusieurs niveaux", a dit M. White (directeur de recherche en écologie à l'université de Saskatchewan) "l'on s'accorde à reconnaître que la planète est physiquement unifiée et que la destruction des forêts dans un pays affecte également l'atmosphère et le climat dans d'autres pays. Et l'on reconnaît aussi que l'unité entre les nations est nécessaire si nous voulons collaborer à la solution des problèmes qui nous concernent tous".

(One Country n°1, pp.6-8)


9.3.3. ACTIVITÉS BAHÁ'ÍES AU "FORUM MONDIAL 92" - RIO DE JANEIRO

Il y a cent ans, lorsque les délégations européennes venaient en Éthiopie, l'empereur les distrayait et leur offrait des cadeaux. Toutefois, avant leur départ, il les obligeait à se laver les pieds pour s'assurer qu'ils ne transportent pas hors du pays la moindre trace de la terre éthiopienne considérée comme sacrée.
Les temps ont changé. Lors de la cérémonie de clôture bigarrée destinée à symboliser le nouvel esprit de coopération mondiale inspiré par le Sommet de la Terre, des prélèvements de terre éthiopienne et de plus de 40 autres nations ont été déposés dans un sablier très particulier, le "monument à la paix" construit à l'initiative de la Communauté internationale bahá'íe.
Le projet était destiné à montrer la réalité de l'interdépendance humaine et son symbolisme n'a pas échappé aux participants.
" Dans le passé, nous n'autorisions personne à emporter la terre de notre pays ", dit Zegeye Asfaw, ministre éthiopien de l'agriculture, de l'environnement et du développement, lors d'une conférence de presse avant la cérémonie. " Cependant, désireux avant tout de vivre sur une terre pacifique et prospère, nous avons accepté d'offrir notre terre au monument. "
Ce projet de monument, qui a retenu l'attention des médias du Brésil et de la communauté internationale, constitue l'une des nombreuses et discrètes contributions de la Communauté internationale bahá'íe et de ses représentants nationaux aux réunions de Rio sur l'environnement et le développement.
Parmi les événements et activités parrainés par les bahá'ís, citons :
* La préparation et la production d'un livre de dessins et de textes d'enfants du monde entier sur la nécessité d'une plus grande protection de l'environnement et de la paix. Le livre intitulé : L'avenir appartient aux enfants sera offert aux représentants de tous les gouvernements qui ont participé au Sommet de la Terre.
* Colloque d'une journée organisée au Forum mondial 92 sur " les valeurs et les institutions susceptibles de promouvoir une civilisation mondial durable et en progrès constant ".
* Organisation d'une série de soirées musicales et culturelles dans le cadre du Forum mondial 92. Les "Soirées du Parc" ont eu lieu chaque soir pendant le Forum mondial dans l'amphithéâtre du parc Flamengo.
* Discours prononcé par la Communauté internationale bahá'íe devant les délégations gouvernementales à la séance plénière de la CNUED sur la nécessité d'une plus grande coopération internationale et l'importance des valeurs spirituelles pour changer les attitudes en vue de promouvoir un développement durable.

a) Monument pour la paix

Plus de 400 personnes ont assisté le 14 juin à l'inauguration du monument pour la paix annoncée comme l'une des cérémonies de clôture de la CNUED et du Forum mondial 92. Plus de 30 représentants des médias et au moins 7 représentants des délégations gouvernementales présentes à la CNUED y ont assisté.
Une rangée d'enfants vêtus de costumes traditionnels de nombreux pays se sont passés de main en main la terre de 42 pays déposée dans le monument. Celui-ci, en béton et céramique et mesurant 5m. de haut, a été dessiné par le célèbre artiste et sculpteur brésilien, Stiron Franco, et construit sous sa supervision. Les deux pyramides qui la composent ont la forme d'un sablier symbolisant le temps qui passe et qui échappe aux hommes s'ils ne s'unissent pas dans un nouvel esprit de coopération mondiale.
Les échantillons de terre ont été prélevés sur des sites historiques ou sacrés. Celui de l'Islande, par exemple, vient du lieu historique le plus sacré de ce pays, le premier parlement fondé il y a 1 100 ans. La terre indienne a été prélevée sur Shakti Sthal, site du monument érigé à la mémoire du défunt Premier ministre, Mme Indira Gandhi, seul chef d'État à avoir assisté à la conférence de Stockholm sur l'environnement en 1972.
Une citation de Bahá'u'lláh, fondateur de la Foi bahá'íe, est gravée en quatre langues sur les 4 côtés de la pyramide supérieure : " La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens. " La citation figure en anglais, portugais, chinois et terna, langue autochtone brésilienne.
Sur la partie inférieure du monument, les mots " paix mondiale " ont été gravés en plus de 35 langues . Une bande de verre qui entoure le monument contient des échantillons multicolores de terre des différentes nations.
Construit près de l'aéroport Santos Dumont au nord du parc Flamengo et du site du Forum mondial 92, le monument restera le symbole du Sommet de la Terre et du Forum mondial.

b) Le Livre des enfants

Le livre : L'avenir appartient aux enfants - contribution au Sommet de la Terre 92 présente les préoccupations des enfants de plus de 25 pays et donne un aperçu intéressant de ce que le monde pourrait être si les peuples et les nations du monde pouvaient apprendre à travailler ensemble à la construction d'un avenir viable sur le plan écologique.
Édité par la Communauté internationale bahá'íe, avec l'appui du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Associaçao Masrour pelo Bem -Estar e Educaçao da Familia (ASMA), le livre contient des oeuvres d'enfants originaires de presque toutes les religions et les cultures.
Le livre a été publié officiellement à l'occasion du Forum mondial, le 12 juin. 1992 15 000 exemplaires ont été imprimés pour la première édition de ce livre de 78 pages. La moitié a été donnée à l'UNICEF comme contribution aux programmes des enfants sur l'environnement. Les autres exemplaires sont distribués à des Organisations non gouvernementales, des délégations gouvernementales et des chefs d'État.
" Les dessins et les textes présentés dans ce livre montrent les préoccupations profondes des enfants de la planète face à un monde menacé par la pollution, un développement inégal et un conflit politique persistant qui rend l'avenir incertain ", dit Roberto Eghrari, Secrétaire général de la Communauté bahá'íe du Brésil qui a également contribué à la préparation et à la publication du livre.
Les 80 dessins et textes sélectionnés ont été réalisés par des élèves d'écoles primaires de 26 pays. Ils ont été choisis parmi des milliers de propositions.

c) Autres contributions

Les " Soirées du parc ", spectacles nocturnes musicaux et culturels, ont été organisés dans le cadre du Forum mondial par la Communauté internationale bahá'íe qui, à cet effet, a délégué du personnel à temps complet au Bureau du Forum. Ces soirées ont été en quelque sorte le coeur et l'âme du Forum mondial, à une heure et dans un cadre accessibles à tous.
Selon les organisateurs du Forum, le but de ces soirées musicales était de " montrer la diversité culturelle de la famille humaine en jouant des musiques du monde entier ".
Ces spectacles ont attiré chaque soir entre 2 000 et 4 000 spectateurs. Le dernier soir, le 13 juin, des acteurs bahá'ís ont joué une pièce en 6 actes intitulée " La fête de l'unité ".
Les bahá'ís ont aussi participé à de nombreuses conférences et autres manifestations organisées au sein du Forum mondial. Leurs représentants ont contribué à la rédaction de plusieurs traités présentés par les ONG.

(One Country n°12, pp.12-14)


9.3.4. PRODUCTION D'UNE RADIO SOLAIRE - CHENGDU, Chine

La plupart des employés de la Société de télévision et d'électricité de Chengdu, au centre de la Chine, se rendent chaque jour à leur travail à bicyclette laquelle est depuis longtemps reconnue comme le moyen de transport le plus efficace et le plus salubre pour l'environnement.
Ces employés sont aujourd'hui engagés dans une nouvelle aventure de la technologie verte : la production de masse d'une radio solaire bon marché et efficace.
Le projet entrepris en collaboration avec une fondation privée dirigée par les bahá'ís, vise à promouvoir l'utilisation des radios à la fois pour aider les villages dans leur développement et pour apporter une solution aux problèmes de pollution posés par les piles.
"La fabrication des piles exige environ 80 fois plus d'énergie qu'elles n'en emmagasinent. Et lorsqu'elles ont été jetées, elles continuent à polluer et à contaminer le sol par des métaux lourds pendant des années," dit M. Dean Stephens, qui a mis au point un circuit spécial qui, selon lui, permet à la radio d'être plus efficace que n'importe quelle radio solaire conçue à ce jour.
"Ce que nous nous efforçons de faire, c'est de lancer une technologie moins polluante," dit M. Stephens, également directeur du Vanguard Trust, fondation sans but lucratif qui coordonne et soutient le projet.
"En ce qui concerne les pays en développement, le problème est que le coût des piles est en fin de compte beaucoup plus élevé que le coût d'une radio et qu'elles amputent considérablement le revenu des villageois," ajoute-t-il.
Bien que de petites radios solaires aient été produites auparavant, reprend Dean Stephens, elles sont toutes restées au stade de la nouveauté, soit qu'elles aient été trop coûteuses, soit qu'elles ne fonctionnaient que dans des conditions idéales, par exemple sous un soleil brillant.
"Cette radio a un circuit complètement nouveau qui lui permet de fonctionner même dans une lumière ambiante, à côté d'une fenêtre ou même près d'une lampe à essence la nuit," dit-il.

a) Production à l'essai

Dean Stephens explique également que la radio est beaucoup moins coûteuse que les fabrications précédentes. La modicité de son coût tient à l'efficacité de l'appareil et à la décision de le fabriquer en Chine où la main-d'oeuvre est moins chère.
"Le prix sera d'environ 90 Francs français ce qui représente le prix du seul panneau solaire ailleurs," dit-il.
Cette grande efficacité alliée à un faible coût a intéressé un certain nombre de sociétés de radiodiffusion et d'agences de développement. La BBC et la Radio diffusion nationale danoise (Danicom) évaluent actuellement des prototypes de la radio.
Les premiers modèles fabriqués en série, les Vanguardia SR- 2, utilisent des cellules solaires à cristaux de silicium reliées à un panneau fixé derrière la radio et qui constitue la source primaire d'énergie. La radio ne reçoit que les ondes moyennes (AM). La FM ou les ondes courtes feraient inutilement monter les prix.

b) Circuit novateur

Dean Stephens pense qu'il est important que la Chine participe à la production de cette radio. "Le Groupe de télévision et d'électricité a fait preuve d'une grande souplesse dans l'élaboration des détails finaux de conception et de fabrication," dit-il et ajoute : "Je suis très heureux de nos relations et puis dire que les Chinois sont extrêmement intéressés par les principes qui animent la Fondation."
La première tranche de production, terminée en mai dernier, comportait 100 unités. "C'était un essai," dit Dean Stephens. "La prochaine fois, nous porterons ce chiffre à mille ou dix mille unités. Nous espérons intéresser un philanthrope ou une agence de développement qui investirait dans l'achat ou la commande de ces modèles afin que nous puissions les distribuer à grande échelle."
La Fondation a été créée pour mettre au point et promouvoir des technologies utiles et appropriées à l'intention des pays en développement et l'un de ses principaux soucis a été de créer une technologie abordable pour les systèmes radio de village.

c) Un système radio de village

"Les expériences de mise au point d'installations radiophoniques dans les villages ont connu des succès et les spécialistes du développement s'y intéressent beaucoup," dit M. Stephens. "L'idée est de créer une station de radio offrant au village des programmes locaux."
"En d'autres termes, la radio de village est pour les villageois un instrument servant à la consultation ou à la préservation des différentes traditions et expressions culturelles. Et à une époque où l'information signifie le pouvoir, la radio de village est aussi une forme de pouvoir local."
La Fondation Vanguard a récemment publié une brochure intitulée "Manuel à l'intention du propriétaire d'une radio de village" qui précise à la fois la technologie et l'organisation qui peut être utilisée pour créer une station radio de village. La Fondation a largement expérimenté un petit système solaire conçu par M. Stephens utilisé pour éclairer et réfrigérer un centre de formation bahá'í à Porto Rico.
Un bulletin trimestriel, Vanguardia, décrit les activités de la Fondation et donne des informations sur ces technologies.
Tant la Fondation que le bulletin tirent leur nom d'un passage des écrits bahá'ís qui incitent les bahá'ís à être à "l'avant-garde" du progrès scientifique, dit le Professeur Kenneth Kalantar, membre du conseil d'administration de Vanguard à Porto Rico.
"Nous tenons tout particulièrement à faciliter le développement des technologies dans les pays en développement," dit M. Kalantar, professeur associé de chimie à l'université interaméricaine de San German à Porto Rico. "Bien que la Fondation ait été créée par des bahá'ís, quiconque poursuit des objectifs similaires peut en faire partie."

(One Country n°13, pp.12-13)


9.3.5. FABRICATION D'UN PRESSOIR À HUILE - MANZINI, Swaziland

Remarquable inventeur, Crispin Pemberton- Pigott, avait sa calculatrice en main alors qu'il nous faisait visiter son usine dans cette petite nation d'Afrique australe. Bien qu'il l'ait toujours utilisée pour faire des calculs comme celui de la résistance d'un tube en acier ou de la charge utile d'une brique en terre cuite, M. Pemberton-Pigott est tout aussi compétent pour estimer la rentabilité des machines que fabrique son entreprise.
Attirant notre attention sur un pressoir à huile, qui ressemble à quelque chose près à un presse-ail géant, il nous explique que le pressoir permet à un seul ouvrier d'extraire des graines de tournesol ou de l'huile de ménage de première qualité pressée à froid.
"C'est un pressoir Bielenberg de conception radicalement nouvelle", dit-il en consultant sa calculatrice. "Nous le vendons environ 6 600 FF et c'est un prix très avantageux."
Les calculs de rentabilité sont la clé du succès de l'entreprise New Dawn dont la réputation grandit dans la région pour ses idées novatrices, adaptées à la situation du pays et sans nuire à l'environnement. La société fabrique environ une douzaine de machines relativement bon marché, à forte proportion de main-d'oeuvre et qui peuvent être utilisées par des petites entreprises fabriquant des produits comme de l'huile de ménage, des clôtures métalliques ou des briques en terre cuite.
L'entreprise a eu cette année l'honneur de figurer parmi les quatre finalistes du Prix de sauvegarde de l'environnement en Afrique australe.
"Certes, toutes les sociétés qui ont participé au concours ont montré qu'elles utilisaient des techniques appropriées, très nouvelles et sensibles pouvant être utilisées par un grand nombre d'industries locales", dit le professeur Brian Huntley, directeur administratif del'Institut botanique d'Afrique du Sud et l'un des membres du jury du concours. "L'entreprise fabrique des machines qui n'exigent pas de gros investissements et c'est ce qu'il nous faut dans cette région du monde."
C'est précisément ce que veut M. Pemberton-Pigott, propriétaire et patron, avec sa femme Margaret, de l'entreprise New Dawn: fabriquer des machines de qualité qui mettent en valeur l'une des plus grandes ressources de l'Afrique: la main-d'oeuvre - tout en respectant le mieux possible l'environnement.
Les Pemberton-Pigott ont créé New Dawn en 1984, alors qu'ils vivaient dans le Transkei. En 1985, ils ont déménagé au Swaziland où le couple avait déjà vécu pendant deux ans vers la fin des années 70 tout en s'occupant de l'installation d'un système d'approvisionnement en eau pour les communautés rurales. Jusqu'en juillet 1993, l'entreprise a vendu plus de 1 500 machines. Les plus demandées sont celles qui fabriquent les clôtures métalliques qui représentent environ 75 pour cent des ventes. New Dawn produit du matériel pour la fabrication manuelle de clôtures métalliques à mailles en losanges ou carrées, de fil de fer barbelé, de grillage pour les élevages de porcs ou de poulets. L'entreprise a vendu également plusieurs centaines de presses à briques et une centaine de pressoirs à huile.
"Nous construisons actuellement, à l'aide de l'une des machines Crispin, un poulailler très bon marché", dit Arne Utemark, directeur de la Mission chrétienne pour aveugles qui dirige le Réseau Ekululameni de rééducation des adultes à Mzimpofu (Swaziland). "Ca marche à merveille. On a simplement besoin de terre et d'un peu de ciment, ce qui réduit considérablement les dépenses."
M. et Mme Pemberton-Pigott sont tous les deux bahá'ís et avouent que leur foi a beaucoup influencé la philosophie qui a inspiré leur entreprise.
"On peut lire dans les écrits bahá'ís - et je vais paraphraser ce passage - que rien n'est plus noble que de participer à des projets ou à des activités qui permettent d'aider une foule d'autres personnes à devenir autonomes", dit M. Pemberton-Pigott. "Et c'est la philosophie que nous essayons d'appliquer dans notre travail quotidien."

(One Country n°15, pp.12-14)


9.3.6. "PRIX FEUILLE VERTE" - SINGAPOUR

Quand Fatima Traazil va au marché, elle prend le même sac en tissu pour les commissions qu'elle utilise depuis huit ans, ainsi que quelques récipients réutilisables en plastique et en métal. Elle descend souvent à pieds les 17 étages de son appartement pour économiser l'électricité. Et elle échange des recettes végétariennes avec ses amies pour essayer de ne pas manger de la viande.
L'importance de telles activités quotidiennes pour aider à protéger l'environnement vient petit à petit d'être appréciée par les habitants de cet état-cité asiatique, une prise de conscience que Mme Traazil a aidé à faire progresser.
En 1992, elle a été l'une des deux personnes qui ont reçu "Le prix feuille verte" du Ministère de l'environnement de Singapour. Le Ministère a reconnu "son énergie et son enthousiasme pour propager le message de l'environnement".
Mme Traazil ajoute que c'était "mon amour pour mes enfants" qui l'a incitée à entreprendre une campagne pour "commencer à nettoyer le fouillis que j'ai contribué à faire". Elle a réalisé, disait-elle, que les enfants hériteraient de tous les problèmes de l'environnement que l'humanité est en train de créer aujourd'hui.
Sa campagne a commencé peu de temps après qu'elle soit devenue bahá'íe. Mme Traazil souligne qu'elle voyait un engagement envers l'environnement comme un moyen de servir l'humanité en tant que bahá'íe.
"Etre bahá'í donne une vision du monde, et aide à voir les choses plus clairement", dit-elle. "Je vois mon travail avec l'environnement comme faisant partie de ma relation avec Dieu et avec Sa terre."
Après avoir reçu le "Prix feuille verte" en 1992, Mme Traazil a été nommée au Conseil national de l'environnement, une organisation prestigieuse nommée par le gouvernement dont les autres membres sont les PDG de McDonald, de la Banque de Hong-Kong et Shanghai, ainsi que des membres du gouvernement de Singapour. Mme Traazil est la seule femme et la seule "simple" citoyenne qui soit membre du Conseil.
"Les autres membres du Conseil voient souvent les choses d'un point de vue industriel et commercial. Et étant donné que les femmes sont maintenant les principaux consommateurs, je pense que j'ai une certaine contribution à apporter", a déclaré Mme Traazil.

(One Country n°16, pp.14-15)


9.3.7. PROGRAMMES DE PLANTATION D'ARBRES - NEW YORK

La Communauté internationale bahá'íe (CIB) a lancé en automne 1989 une nouvelle et importante initiative en matière d'écologie, visant à promouvoir l'engagement du monde bahá'í en faveur de "la préservation de l'équilibre écologique du monde".
Des détails complets sur cette initiative, ainsi que le nom qu'elle portera, ont été publiés en octobre 1989 lors d'un déjeuner à Londres commémorant le 100ème anniversaire de la naissance de feu Richard St Barbe Baker, un bahá'í célèbre dans le monde pour ses travaux clairvoyants dans les domaines du reboisement et de la préservation de la nature.
L'administrateur du projet, M. Lawrence Arturo, spécialiste des communications pour le développement en assure la coordination à partir du bureau de New York de la CIB.
M. Arturo a déclaré que le projet est, en premier lieu, centré sur la plantation d'arbres. Déjà, a-t-il ajouté, des communautés bahá'íes participent, dans plus de 20 pays, à des programmes consacrés à la plantation d'arbres. Le nouveau projet en prendra le relais et favorisera une coopération plus vaste avec d'autres organisations non gouvernementales s'intéressant à la préservation de l'environnement.
Selon M. Arturo, le projet promet d'être l'une des plus importantes campagnes en matière d'environnement jamais entreprises par une communauté religieuse. "Nous espérons encourager des initiatives à l'échelon local non seulement au sein d'un grand nombre des 125 000 communautés bahá'íes, mais aussi dans d'autres communautés, grâce à notre coopération avec d'autres organisations."
M. Arturo dit également que le bureau de New York de la CIB aidera à la coordination des activités à travers le monde et fera fonction de "catalyseur" pour favoriser les activités au niveau local. Son action comprendra notamment la diffusion de l'information technique et de celle des projets en cours, ainsi que l'établissement d'une base de données sur les cas étudiés et les exemples recueillis sur le terrain.
"Il n'est pas prévu que le bureau dirige des projets ou qu'il devienne une sorte d'agent général du développement", a dit M. Arturo. "Nous espérons que les projets locaux prendront des formes très variées, de la plantation d'arbres par des jeunes pour freiner la désertification, aux foires éducatives, en passant par des projets en agrosylviculture, les programmes d'espaces verts en milieu urbain ainsi que l'introduction de modèles éducatifs en matière d'écologie dans certaines écoles bahá'íes et la diffusion, par des stations radio bahá'íes, de programmes consacrés à la préservation de l'environnement."

(One Country n°3, p.3)


9.3.8. JOURNÉE DE LA TERRE 1990 - NEW YORK

Des centaines de communautés bahá'íes, venant de plus de 40 pays, ont participé à la Journée de la terre 1990, par des activités allant de la plantation d'arbres en Malaisie à la participation à un gala au siège des Nations unies à New York.
Cette Journée, qui s'est tenue le 22 avril 1990, a été célébrée par de nombreux groupes et personnes, dans plus d'une centaines de pays. Cet événement d'une journée a été conçu pour galvaniser les efforts de tous et pour engager une action à long terme en vue de la "construction d'une planète sans danger, juste et capable de subvenir à ses besoins".
De son côté, la Communauté internationale bahá'íe a encouragé les communautés bahá'íes nationales et locales à participer aux activités de la Journée de la terre dans les diverses régions du monde et à offrir leur appui aux organisateurs.
"Nous avons constaté que les communautés bahá'íes, ont participé de façon enthousiaste", a déclaré M. Lawrence Arturo, directeur du Bureau de l'environnement de la Communauté internationale bahá'íe, qui a aidé à coordonner les activités bahá'íes de la Journée de la terre.
"Bien que certains aient critiqué la Journée de la terre en disant que l'accent était mis sur les relations publiques et sur les médias, nous avons constaté que cette journée avait eu un effet galvanisateur sur un grand nombre de communautés et qu'elle a entraîné des actions concrètes, telles la plantation d'arbres et l'éducation en matière d'environnement, et nous espérons que ces activités se poursuivront au-delà de cette célébration", a ajouté M. Arturo.
Au niveau international, la Communauté internationale bahá'íe a prêté son concours au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), pour l'organisation d'un gala de célébration de la Journée de la terre 1990, qui s'est tenu dans l'hémicycle de l'Assemblée générale des Nations unies. Les bahá'ís ont parrainé cet événement avec l'Association des explorateurs de l'espace.
Sur le thème de "Une seule terre", plus de 1000 personnalités ont participé à cette cérémonie qui présentait 40 astronautes et cosmonautes, une liaison en direct avec la station spatiale soviétique Mir et un programme musical dirigé par le célèbre chanteur pour enfants, Raffi.
Ailleurs aux États-Unis, les bahá'ís ont parrainé des centaines d'activités locales relatives à la Journée de la terre 1990, ou y ont participé. Parmi elles, citons des conférences publiques sur l'environnement et des cérémonies de plantation d'arbres. De nombreuses communautés bahá'íes étaient également présentes à des foires ou à des festivals organisés par d'autres groupements ainsi qu' à des services et activités interconfessionnels axés sur la préservation de l'environnement.
Certaines de ces actions ont été très novatrices. Par exemple, dans l'État de Hawaii, un programme intitulé "Adoptez une autoroute" a été lancé ; des volontaires ont accepté de nettoyer et d'embellir une section d'autoroute, et de l'entretenir régulièrement.
Dans le monde entier, les communautés bahá'íes nationales et locales se sont souvent trouvées au premier plan des manifestations de la Journée de la terre. En particulier dans les régions isolées, les bahá'ís ont parrainé l'unique programme de la Journée de la terre. Selon M. Arturo, les célébrations suivantes représentent quelques unes seulement des manifestations de la Journée de la terre 1990 auxquelles ont participé les bahá'ís du monde :
• Au Kenya, où la communauté nationale bahá'íe a toujours étroitement coopéré avec le PNUE, les conseils administratif locaux bahá'ís ont été encouragés à parrainer des activités pour permettre la réussite de la Journée de la terre 1990. Parmi elles, la plantation d'arbres, des conférences publiques et des chants sur l'environnement composés par des musiciens locaux.
• Au Chili, la station de radio gérée par des bahá'ís, dans la région Sud, a diffusé de brèves émissions éducatives à propos de la préservation de l'environnement. A Santiago, l'école Colegio Núr a organisé un concours de dessin qui demandait de montrer le rapport entre la spiritualité et la préservation de la nature et de l'environnement. Les dessins ont été exposés lors de la Journée de la terre.
•En Finlande, dans le village de Kolkontaipale, les bahá'ís ont planté des arbres fruitiers dans le cadre d'un festival consacré à l'agriculture et à l'environnement. D'autres communautés bahá'íes notamment celles de Varkaus, Joensuu, Vaasa et Angeli ont participé à des célébrations ou les ont organisées.
• En Malaisie, la communauté bahá'íe a organisé un programme de sensibilisation à l'environnement et a parrainé des activités telles qu'une excursion dans la nature, la plantation d'arbres et divers exposés, dont un par la Société malaisienne pour la protection de la nature.
• Au Bangladesh, la communauté bahá'íe de Dakka a organisé une cérémonie de plantation d'arbres ainsi qu'une soirée de discussions et prévu un programme de plantation sur une année.
• A l'Ile Maurice, sur invitation du Ministère du logement, de la terre et de l'environnement, les bahá'ís ont participé à l'organisation de la célébration de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin. Quatre rassemblements régionaux ont eu lieu, ainsi que des exposés sur l'environnement.
Au cours des dernières années, les communautés locales bahá'íes ont lancé de nombreux programmes de préservation de l'environnement dans au moins 40 pays: plantation d'arbres, efforts de reboisement, fabrication locale de poêles consommant peu de combustible, centres de recherche ruraux s'intéressant à la mise en oeuvre de technologies appropriées telles que le biogaz et l'énergie solaire, à la préparation de programmes et sur la préservation de l'environnement pour les écoles primaires et de travaux pratiques.

(One Country n°6, pp.10-11)


9.3.9. EXPOSITION : "ARTS EN FAVEUR DE LA NATURE" - SINGAPOUR

Deux cygnes prenant leur envol avec, en toile de fond, une forêt enneigée... Un troupeau de zèbres dans un paysage africain, le tout enfermé dans une boîte ; sans doute un symbole des espèces en voie de disparition... Une fillette regardant de sa fenêtre un oiseau en cage, tandis que des pigeons en liberté jouent sur le toit...
Ces images, et quarante autres, faisaient partie d'une remarquable exposition organisée à Singapour en juin 1990, avec pour thème central la nature et l'environnement. Elle avait pour but d'éveiller les consciences à la nécessité de la préservation de la nature.
Le thème assigné à l'exposition a permis aux peintures et sculptures présentées à "Arts en faveur de la nature" d'être très diversifiées, allant des paysages traditionnels de l'Orient, avec leur délicate interprétation de la beauté de la nature, aux représentations abstraites des agressions perpétrées par l'homme sur son environnement.
L'exposition, projet du comité bahá'í de femmes de Singapour, a recueilli l'équivalent de plus de 15 000 FF au bénéfice du programme malaisien du Fonds mondial pour la nature (WWF), destiné à sauver une race de tortues menacée d'extinction, et a contribué à promouvoir la cause de la nature.
Elle a également montré comment un petit groupe de personnes, lorsqu'elles s'engagent pour une grande cause, sont capables d'accomplir plus de choses qu'elles ne l'imaginaient.
"L'idée d'organiser cette exposition remonte au projet Arts en faveur de la nature, réalisé à Londres en 1988, dans le cadre du WWF, avec la collaboration de la Communauté internationale bahá'íe. Nous avons été très impressionnés par la brochure éditée à cette occasion, l'un de nous a dit que nous pouvions, nous aussi, réaliser ce genre de manifestation et les autres ont approuvé", a déclaré Linette Thomas, membre du comité.
L'idée paraissait assez simple. Inviter des artistes de la ville et de la région à créer des oeuvres autour du thème de l'environnement, et les exposer le 5 juin à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement. Ensuite vendre ces oeuvres et faire don du produit de la vente à la cause de la préservation de la nature.
Tenue à l'Empress Place, récemment rénové, l'exposition a connu un grand succès grâce à une large publicité et a reçu des centaines de visiteurs pendant la semaine d'ouverture.
"Les oeuvres d'art peuvent toucher les coeurs comme aucun fait ni aucune statistique ne peuvent le faire", a dit Mme Cheryl Hum qui présidait le comité pendant la préparation de l'exposition. "A travers les arts, nous avons voulu non seulement éveiller la conscience du public à la nécessité de protéger l'environnement, mais aussi transmettre l'importance vitale d'une action immédiate."
Parallèlement à l'exposition elle-même, le comité et les firmes qui la parrainaient ont produit une brochure attrayante de 36 pages destinée à commémorer l'événement. Elle contenait des reproductions sur papier glacé des 43 oeuvres présentées et des extraits des déclarations sur la nature publiées par les principales religions dans le cadre du Réseau de WWF sur la conservation de la nature et la religion.
Le premier événement d'Arts en faveur de la nature eût lieu à Syon House, Londres, le 26 octobre 1988. Réalisée grâce à la collaboration du WWF et de la Communauté internationale bahá'íe, la manifestation de Syon House, ainsi que l'exposition elle-même, furent inaugurées officiellement par SAR le Prince Philip, au cours d'un dîner de gala où se produisirent des artistes de renom. Des fonds furent recueillis ce soir-là au profit d'un projet de sylviculture tropicale réalisé au Cameroun par le WWF.

(One Country n°7, pp.22-23)


9.4. Coopération

9.4.1. CRÉATION DU BUREAU DE L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK

Poursuivant son engagement croissant en faveur de la préservation de l'environnement, la Communauté internationale bahá'íe a officiellement annoncé la création d'un Bureau de l'environnement.
Cet organisme, siégeant à proximité des Nations unies, cherche à créer un lien entre l'expertise écologique à l'échelle internationale et l'ensemble des projets de préservation gérés par les communautés locales à travers le monde.
En cette qualité, le Bureau de l'environnement crée un centre, dont l'objectif est de recenser les ressources et de rassembler des informations concernant des micro-projets locaux susceptibles d'intéresser divers groupes concernés par la préservation de la nature.
Le bureau s'efforce également de favoriser les activités écologiques des quelque 20 000 communautés bahá'íes existant de par le monde ainsi que de développer les liens entre celles-ci et d'autres groupes.
"De nombreuses communautés bahá'íes ont déjà acquis de l'expérience dans l'organisation de programmes écologiques et de développement à petite échelle ; nombre d'entre elles ont aussi l'habitude de collaborer avec d'autres organisations", à déclaré M. L. Arturo, directeur du Bureau de l'environnement. "Nous espérons continuer à soutenir et à promouvoir ce type d'activités."
La création du Bureau de l'environnement a été officiellement annoncée à Londres en décembre 1989, lors d'un déjeuner commémorant le 100e anniversaire de la naissance de Richard St. Barbe Baker, bien connu pour son travail de pionnier en matière de plantation d'arbres, d'agro-sylviculture et de préservation de la nature.
Organisé par le Bureau de l'environnement de la Communauté internationale bahá'íe en collaboration avec plusieurs groupements écologiques internationaux, ce déjeuner faisait suite à une série d'autres rencontres similaires tenues annuellement, dans les années 50 et 60, par M. Baker pour le corps diplomatique de Londres. Lors de ces manifestations, appelées "World Forestry Charter Gathering" (les réunions de la charte des forêts du monde), M. Baker présentait son évaluation de la situation mondiale en matière de sylviculture.
Le déjeuner du 15 décembre1989, à l'instar de ceux qui l'avaient précédé, a réuni des diplomates et de représentants de groupements écologiques en vue de l'élaboration d'un rapport sur le statut de la sylviculture dans le monde, et ce rapport a été présenté par M. Charles Lankester, principal conseiller technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dans ce document, M. Lankester lance un avertissement quant à la situation critique des forêts à travers le monde.
Dans un premier temps, le Bureau de l'environnement s'occupe principalement des arbres en tant qu'élément fondamental des activités de préservation de la nature.
Le Bureau de l'environnement porte également son attention sur la promotion de l'éducation et la formation écologiques à l'échelle de la communauté.
M. Arturo a encore déclaré que, si le Bureau de l'environnement a son siège à New York, c'est précisément pour contribuer à développer les liens croissants entre la communauté bahá'íe et d'autres organisations écologiques internationales, y compris divers programmes gérés par les Nations unies. Le Bureau de l'environnement travaille également à l'organisation d'un réseau mondial de conseillers bénévoles capables d'apporter une aide technique dans ce domaine.
Au cours des dernières années, les communautés locales bahá'íes ont lancé plus de 50 projets écologiques dans moins de 30 pays. Ces projets vont de la plantation d'arbres et du reboisement à la fabrication locale de poêles consommant peu d'énergie, de centres ruraux de recherche sur l'application de technologies appropriées telles que le bio-gaz et l'énergie solaire, à l'introduction de programmes écologiques dans certaines écoles primaires ou de travaux pratiques.
"Les bahá'ís envisagent la protection et la préservation de l'environnement dans le sens le plus large possible", a dit M. Arturo. "Nous croyons que les efforts visant à éliminer les barrières qui limitent la coopération fructueuse et harmonieuse des hommes et des femmes, qu'il s'agisse du nationalisme, du racisme, du sexisme, ou de préjugés en matière de religion et de classe sociale, doivent être inclus en tant qu'éléments fondamentaux du mouvement écologique."
"Notre manière d'aborder le problème de préservation de l'environnement est de nature holistique et se fonde sur une approche globale", a poursuivi M. Arturo. "Elle repose sur une vision nouvelle de l'humanité et de l'environnement naturel qui met en relief les valeurs spirituelles, l'unité dans l'effort et l'instauration d'une civilisation autosuffisante et en progrès constant."

(One Country n°5, pp. 4-5)


9.4.2. PRÉPARATION DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR L'ENVIRONNEMENT - NEW YORK

Les efforts de la Communauté internationale bahá'íe pour la préparation de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED), reflètent d'une certaine manière la portée et l'échelle de participation des ONG au "Sommet de la terre" qui s'est tenu en juin 1992 au Brésil.
La Communauté internationale bahá'íe (CIB), organisation internationale non-gouvernementale incluant et représentant quelque cinq millions de membres de la Foi bahá'íe dans plus de 150 pays, s'est depuis longtemps sentie concernée par le développement et l'environnement ainsi que par tout l'éventail des questions soulevées par le processus de la CNUED, qui vont de l'égalité de la femme et de l'homme jusqu'à l'ordre mondial.
La CIB, par l'intermédiaire de son Bureau de l'environnement, s'est attachée à participer à la phase préparatoire de la CNUED, sur le plan international, national et local.
Sur le plan international, les représentants bahá'ís ont assisté à toutes les réunions de la Commission préparatoire de la CNUED ; ils y ont fait des déclarations ou présenté des documents quant à leur position sur différents thèmes intéressant la CNUED.
La CIB a rejoint également plusieurs réseaux d'ONG. Elle est partenaire actif du Centre pour notre avenir commun, membre du Centre international de liaison de l'environnement à Nairobi, membre du réseau WWF pour la conservation et la religion, et l'un des responsables du Congrès mondial des femmes pour une planète salubre qui a eu lieu en novembre 1991, à Miami en Floride. Elle est aussi membre du Comité de planification des activités ONG en rapport avec la CNUED.

(One Country n°9, pp.14-15)


9.4.3. CONFÉRENCE ÉCOLOGIQUE : "UNE ACTION POUR UN AVENIR COMMUN" - BERGEN, Norvège

Au cours de la conférence écologique tenue en mai 1990 à Bergen et intitulée "une action pour un avenir commun", contrastant avec les débats politiques et techniques souvent contestés parmi les représentants de gouvernements, trois spécialistes de l'environnement exposent une vision de la conscience écologique intégrant science, philosophie et spiritualité.
S'exprimant lors d'une table ronde organisée par les bahá'ís en marge de la conférence, M. Ervin Laszlo, délégué de l'Italie, M. Arne Næss, de la Norvège et M. Robert White, du Canada, ont déclaré que seul un changement radical dans les attitudes de l'humanité en matière d'environnement peut éviter une catastrophe écologique à l'échelle planétaire.
La conférence de Bergen, qui a rassemblé des ministres des gouvernements de 34 pays, des Organisations internationales non-gouvernementales (ONG) et des représentants de groupements et mouvements écologiques du monde entier, était organisée par le gouvernement norvégien en coopération avec la Commission économique pour l'Europe et en consultation avec le Programme des Nations unies pour l'environnement.
Parallèlement à la conférence, la communauté bahá'íe de Norvège et la Communauté internationale bahá'íe ont mis sur pied le séminaire sur "les limites internes", ainsi que des réunions avec Messieurs Laszlo, Næss et White.
M. Næss avait forgé, en 1973, le terme d'"écologie profonde" et a, depuis lors, été à l'avant-garde du mouvement de l'écologie profonde. Il a déclaré que l'humanité doit rapidement définir des normes centrées sur un "développement global à long terme, soutenable sur le plan écologique".
"Un pays ne se développe pas de manière durable si l'écologie n'est pas aussi développée de manière durable", a dit cet ancien professeur de philosophie.
L'écologie profonde, au lieu de rechercher simplement des solutions techniques, tente de pénétrer au coeur même des vues les plus profondes sur la nature et de trouver un terrain commun entre les plus nobles idéaux de la civilisation d'une part et, de l'autre, la beauté, la complexité et le mystère de la nature.
Le paradigme naissant d'une "conscience écologique" est fondé sur l'optique d'une science et d'une technologie qui ne reposent pas sur l'exploitation et ceci exige une transformation des consciences afin que, cessant de considérer le monde comme un immense réservoir de ressources à exploiter et à consommer, elles se mettent à regarder l'humanité comme une entité vivante faisant partie de l'écosphère.
De son côté, M. Robert White, représentait le Bureau de l'environnement de la Communauté internationale bahá'íe. Il a montré la contribution de la Foi bahá'íe qui formule les bases spirituelles d'une société fondée sur l'équilibre écologique. "La Foi bahá'íe", a-t-il dit, "pourrait offrir un nouveau modèle de transformation et de réorientation, à un moment où l'humanité recherche une nouvelle vision qui soit compatible avec la durabilité."
"En mettant l'accent sur l'unité et la pensée évolutionniste, la Foi bahá'íe offre une vision de la nature qui reflète à la fois la sagesse animiste et la notion écologique contemporaine", a-t-il ajouté.
Selon lui, l'humanité est appelée à devenir cynique et désespérée quant aux perspectives humaines si elle ne se dote pas d'une vision d'intégralité pour nous-mêmes et pour notre monde. "La Foi bahá'íe offre une vision qui motive chacun d'entre nous et favorise une transformation globale", a-t-il ajouté. La clé d'une telle vision réside dans la reconnaissance que l'évolution culturelle de l'homme est un processus délibéré et organique au sein de l'évolution vitale sur cette terre.
"Les enseignements et les institutions de la Foi bahá'íe peuvent être perçus comme rien moins que la vision et le noyau d'un ordre mondial fondé sur le principe spirituel central de l'unité", a conclu M. White. "Seule l'acceptation totale de ce principe organique d'unité peut libérer l'énergie constructive et la volonté requise pour opérer les changements d'une portée considérable qui demeurent indispensables."

(One Country n°6, pp.12-13)


9.4.4. FORUM : "L'AFRIQUE - ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT"

Le 11 septembre 1989, le Club de Rome, conjointement avec le Bureau de liaison des Nations unies avec les Organisations non-gouvernementales et la Communauté internationale bahá'íe ont organisé sous un patronage commun un forum intitulé "L'Afrique - environnement et développement - perspectives des Organisations non-gouvernementales pour la décennie 1990-2000".
Ainsi que son titre l'indique, cette réunion d'une journée avait pour but d'étudier les liens qui peuvent exister entre le développement de l'Afrique et son environnement, et au delà, l'influence que peuvent avoir ces rapports sur les conditions de vie au niveau planétaire. Ce thème est appelé à rester longtemps un sujet particulièrement sensible étant donné la concurrence accrue pour satisfaire les besoins en terre, bois de charpente, faunes et autres, au fur et à mesure que l'Afrique s'avancera sur la voie d'un plus grand développement.
Le forum a été caractérisé par la diversité de ses participants qui représentaient une large gamme de disciplines, d'institutions, et d'organisations intéressées par le sujet traité. On pouvait y rencontrer aussi bien les représentants d'importants organismes occidentaux d'aide au développement, que des groupes actifs dans le domaine de l'environnement tel que USAID et le WWF (Fonds mondial pour la nature). On remarquait également des Organisations non-gouvernementales nées d'initiatives associatives, tels que le Forum des organisations bénévoles pour le développement de l'Afrique et la Fondation africaine pour le développement ainsi que des institutions de réflexion comme l'Institut Nord-Sud ou le Club de Rome.
Le forum commença avec les Africains à la tribune et les Occidentaux dans le public. Puis, lors des séances d'atelier de l'après-midi, constituées par petits groupes de discussion, on s'efforça de briser les vieilles hypothèses et les relations traditionnelles. La journée prit fin par une conférence de M. Bertrand Schneider, Secrétaire général du Club de Rome.
Le programme du forum offrit de nombreuses occasions pour des questions et réponses, et les échanges dépassèrent largement les notions traditionnelles sur les liens entre le développement et l'environnement. Le rôle de la dette et les questions d'ajustement structurelles furent au coeur des discussions. On discuta, également de façon intensive, de la tendance à demander une plus grande participation de la population dans le processus de développement ainsi que de la nécessité de repenser l'attitude générale quant aux méthodes de communication nécessaires au développement.
Le forum s'est tenu dans les bureaux newyorkais de la Communauté internationale bahá'íe.

(One Country n°4, p.12)


9.4.5. CONTRIBUTION À LA CHARTRE DE LA TERRE

La Communauté internationale bahá'íe se réjouit de la proposition du Secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) qu'une "Charte de la Terre" soit un des six principaux points à examiner à la CNUED à Rio de Janeiro, au Brésil, en Juin 1992.
Nous sommes convaincus que tout appel en faveur d'une action mondiale pour l'environnement et le développement doit s'inspirer de valeurs et de principes universellement acceptés. De même, la recherche de solutions aux graves problèmes mondiaux liés à l'environnement et au développement doit dépasser les propositions technico-utilitaires pour s'attaquer aux causes profondes de la crise. Dans une perspective bahá'íe, les vraies solutions exigent une vision de l'avenir qui soit universellement admise et fondée sur l'unité et la coopération spontanée entre les nations, les races, les croyances et les classes de la famille humaine. Les éléments suivant s'avèrent essentiels: l'engagement envers un modèle moral plus élevé, l'égalité des femmes et des hommes, et le développement de l'art de la consultation pour un fonctionnement efficace des groupes à tous les niveaux de la société.
De toute évidence, une déclaration de la CNUED ou une Charte de la Terre tirerait profit d'une consultation élargie avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales. C'est donc avec plaisir que la Communauté internationale bahá'íe offre les éléments suivants pour être éventuellement insérés dans une telle déclaration de principes.
Pour réorienter l'individu et la société vers un avenir durable, nous devons réaliser que:

• L'unité est essentielle si des peuples différents doivent oeuvrer pour un avenir commun. La Charte de la Terre devrait identifier les aspects de l'unité qui constituent un préalable à la réussite d'un développement durable. Dans une perspective bahá'íe, "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité sont inaccessibles à moins que, et jusqu'à ce que, son unité soit fermement établie."

• L'exploitation effrénée des ressources naturelles n'est qu'un symptôme d'une maladie générale de l'esprit humain. Aussi, toute solution à la crise de l'environnement et du développement doit s'appuyer sur une approche favorisant l'équilibre et l'harmonie spirituels dans le for intérieur de l'être humain, dans les relations entre individus et dans les rapports de l'homme avec l'environnement dans son ensemble. Le progrès matériel doit être au service non seulement du corps, mais aussi de l'intellect et de l'esprit.

• Les transformations requises pour réorienter le monde vers un avenir durable demandent un degré de sacrifice, d'intégration sociale, d'action désintéressée et d'unité d'intention rarement atteint dans l'histoire de l'humanité. Ces qualités ont pu atteindre leur plus haut degré de développement grâce au pouvoir transformateur de la religion. C'est pourquoi les communautés religieuses mondiales ont un rôle majeur à jouer en éveillant ces vertus chez l'individu, en libérant les aptitudes latentes dans son esprit et en le poussant à agir dans l'intérêt de la planète, de ses peuples et des générations futures.

• Rien, si ce n'est un système fédéral planétaire guidé par des lois universellement acceptées et appliquées, ne permettra aux États-nations de gérer conjointement un monde toujours plus interdépendant et en rapide mutation, garantissant ainsi la paix et la justice sociale et économique pour tous.

• Le développement doit être décentralisé afin de permettre à toutes les communautés de participer à la formulation et à la mise en oeuvre des décisions et des programmes qui touchent leur vie. Une telle décentralisation n'exclut pas nécessairement un système et une stratégie globaux. Au contraire, elle peut garantir l'adaptation des processus de développement à la foisonnante diversité culturelle, géographique et écologique de la planète.

• La confrontation et la domination doivent laisser place à la consultation, afin que prévale la coopération au sein de la famille des nations lors de la conception et de l'application de mesures qui préserveront l'équilibre écologique de la terre.

• Ce n'est que lorsque les femmes seront les bienvenues dans tous les domaines de l'activité humaine, environnement et développement compris, qu'un climat moral et psychologique sera créé dans lequel pourra naître et prospérer une civilisation pacifique, harmonieuse et durable.
• L'éducation universelle est une cause qui mérite d'être soutenue énergiquement car aucune nation ne peut réussir sans que l'éducation soit accordée à tous ses citoyens. Elle favoriserait la prise de conscience de l'unité du genre humain et du lien primordial entre l'homme et la nature. Par la notion de citoyenneté mondiale, elle peut préparer les jeunes du monde aux changements organiques de la structure de la société qui découlent du principe d'unité.
La Communauté internationale bahá'íe se tient prête à collaborer à l'élaboration plus poussée et à la promotion d'une Charte de la Terre en consultation avec d'autres organismes intéressés.

(Contribution à la Charte de la Terre)



10. Femmes
10.1. Introduction

Pour la première fois dans l'histoire, le Fondateur d'une grande religion a explicitement déclaré que les hommes et les femmes étaient égaux. Les écrits bahá'ís indiquent également que:
• Les filles devraient avoir la préférence sur les garçons lorsque les possibilités et ressources éducatives sont limitées.
• Dans un mariage bahá'í, la voix du mari n'est pas plus prépondérante que celle de la femme.
• Toute inégalité apparente entre les capacités des femmes et des hommes est seulement due au manque de possibilités d'éducation offertes aux femmes.

(Les Bahá'ís p.27)


Reconnaître l'unité fondamentalede l'humanité est une condition préalable essentielle à l'évolution sociale et au bien-être futur de la terre et de ses peuples. Or, l'égalité des sexes fait partie intégrante de ce concept. Bahá'u'lláh, le fondateur de la Foi bahá'íe, a clairement prôné les droits de la femme, affirmant sans ambages que ... " les femmes et les hommes ont été et seront toujours égaux aux yeux de Dieu. " L'âme rationelle n'a pas de genre, et les inégalités sociales qui ont pu être dictées par d'anciens impératifs de survie ne peuvent plus se justifier à une époque où les membres de la race humaine deviennent chaque jour plus interdépendants.
Le principe de l'égalité a de profondes incidences sur la définition du rôle des femmes et des hommes. Il pèse sur tous les aspects des relations humaines et fait partie intégrante de la vie familiale, économique et communautaire. L'application de ce principe doit forcément entraîner un changement dans de nombreuses coutumes et pratiques traditionnelles. Il rejette les définitions rigides des rôles, les môdèles de domination et les décisions arbitraires, et accueille les femmes dans un partenariat complet dans tous les domaines de l'entreprise humaine. Il permet de faire évoluer le rôle de l'homme et de la femme.
Ce principe d'égalité influe également sur la façon de promouvoir la condition de la femme. Selon les écrits bahá'ís, l'humanité est semblable à un oiseau dont une aile représente la femme et l'autre l'homme. Tant que ses deux ailes ne seront pas aussi fortes et aussi développées l'une que l'autre, l'oiseau ne pourra prendre son envol. Le développemnt de la femme est considéré comme vital au plein épanouissement de l'homme et comme préalable à la paix. Ainsi, les membres de la communauté bahá'íe, hommes et femmes confondus, et ses conseils administratifs, démocratiquement élus partagent-ils l'engagement ferme de mettre en oeuvre le principe d'égalité, tant dans leur vie personnelle et au sein de leur famille, que dans tous les aspects de la vie sociale et civique. Individus et organismes sociaux collaborent pour encourager le développement et l'émancipation des femmes ainsi que l'élaboration et la mise en place de programmes propres à favoriser leur développement spirituel, social et économique.
La religion bahá'íe accorde une place primordiale à l'éducation comme moyen de promouvoir la condition féminine. Non contente de soutenir le principe de l'éducation universelle, elle donne priorité à l'éducation des filles et des femmes là où les ressources sont limitées. En effet, seules des mères éduquées peuvent le mieux et le plus rapidement diffuser les bienfaits de la connaissance dans la société. Les bahá'ís préconisent l'adoption d'un même cursus scolaire pour filles et garçons, et encouragent les femmes à étudier les arts, les travaux manuels, les sciences et les métiers, et à accéder à tous les secteurs du monde du travail, y compris ceux qui sont traditionnellement réservés aux hommes.

(La grandeur qui pourrait être la leur pp. 8-9)


10.2. Point de vue bahá'í

10.2.1. LE PARTENARIAT

Il devient de plus en plus évident que le thème du partenariat est la prochaine étape pour le mouvement des femmes dans le monde. Et aussi pour le nouveau mouvement des hommes. Parce que l'amélioration du statut de la femme n'est pas un problème des femmes - c'est un problème humain.
Dans le monde industrialisé, beaucoup de féministes se sont rendues compte qu'elles ont atteint la limite en ce qui concerne la prise de conscience des femmes, et qu'elles ne peuvent plus avancer tant que les attitudes des hommes ne sont pas transformées.
Dans le monde en voie de développement, où les statistiques démontrent que les femmes portent un fardeau plus grand de travail, de pauvreté, d'analphabétisme, de soins médicaux insuffisants, et d'exclusion de la prise de décision, le besoin de changement d'attitude est plus flagrant.
Bien que beaucoup de personnes dans le monde aujourd'hui se soient rendu compte que les femmes méritent des droits égaux, la triste vérité montre que ce principe n'a pas encore trouvé l'acceptation dans la plupart des coeurs humains. Il suffit de voir comment les femmes sont traitées par les hommes dans la vie quotidienne - que ce soit à la maison, dans la communauté, ou au travail - pour se rendre compte du chemin encore à parcourir. Et ceci est vrai partout dans le monde, même dans les endroits les plus évolués.
Le projet est construit autour d'un processus de trois étapes pour la transformation de la communauté : (1) la promotion des activités qui encouragent une analyse au niveau de la base de la situation entre les hommes et les femmes ; (2) l'utilisation de la consultation bahá'íe et une compréhension approfondie de l'égalité de la femme comme principe moral pour aiguiser et concentrer l'analyse ; et (3) l'articulation et l'expression à travers des médias pour communiquer les résultats.
Ces trois étapes offrent un remède général qui peut être appliqué pratiquement partout - même dans les sociétés urbaines et hautement développées.
Il est important de tenir à l'esprit, néanmoins, que la clé pour la vraie transformation n'est pas seulement l'acceptation intellectuelle de l'égalité des femmes et des hommes comme étant une idée moderne et progressiste, mais la reconnaissance du fait que ceci est un principe spirituel, un des thèmes de base de notre époque.
Il y a plus de 100 ans, Bahá'u'lláh, le fondateur de la Foi bahá'íe, a dit : "Tous devraient savoir et ainsi atteindre les splendeurs du soleil de la certitude, et en être éclairés: les femmes et les hommes ont toujours été et seront toujours égaux devant Dieu."
L'importance spirituelle d'une telle affirmation dans la transformation d'attitude ne peut pas être sous-estimée. A travers cette déclaration, et d'autres, la Foi bahá'íe est devenue la première religion mondiale à proclamer explicitement l'égalité des femmes dans ses Écrits sacrés.
Ainsi les bahá'ís ont toujours cherché à promouvoir ce principe - et ils ont compris depuis longtemps que l'égalité pour les femmes ne peut pas naître dans une ambiance de conflit entre les sexes. Au contraire, il peut seulement être accompli si les hommes et les femmes sont partenaires.
Une telle association exige de nouvelles attitudes et responsabilités des deux cotés du gouffre entre les hommes et les femmes. Tandis que les femmes doivent s'efforcer de développer leurs capacités et de prendre un rôle actif dans toutes les activités, les hommes doivent les encourager et les soutenir. Ils doivent faire ceci en apprenant à apprécier les contributions des femmes et en faisant de la place pour elles dans les institutions de la société.
Une telle réévaluation et transformation des anciens comportements et attitudes est difficile et ne peut pas être accomplie uniquement par la législation, des réunions de comité ou par des impératifs idéologiques. Ce qui est nécessaire est une vraie transformation de conscience. Et cela veut dire que nous devons comprendre la dimension spirituelle de ce partenariat. Car c'est la dimension spirituelle de la vie qui nous force à chercher dans nous-mêmes ce que nous savons être la vérité et qui par la suite nous motive à entreprendre une vraie et sincère transformation.

(One Country n°16, p.2-3)


10.2.2. HOMME ET FEMME COMPÉTITION OU COOPÉRATION

Pour parler des relations homme-femme, on peut se référer d'abord à l'Histoire. Il nous a semblé que l'histoire de ces relations au cours des deux derniers siècles a passé à travers plusieurs phases marquées, chacune, par la coopération, la compétition, ou les deux à la fois.
La première phase a été celle qui se prolonge dans les pays islamiques et dans une bonne partie du tiers monde. Elle se définit par la prédomination des relations "domination-soumission" entre les deux sexes.
La seconde étape est celle qui a commencé vers la fin du 19ème siècle et a continué jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Durant cette période, de nouvelles relations se sont établies entre les deux sexes en raison de la lutte des femmes pour l'obtention des droits humains qui leur étaient refusés jusqu'alors.
La troisième étape a été marquée par des relations de coopération devenues inévitables à cause de la mobilisation des hommes sur les fronts et de la nécessité de faire marcher les rouages de la société en leur absence.
La quatrième étape fut celle de la contestation du pouvoir masculin et de la revendication de la liberté sans entrave pour les femmes (années 60-70). C'est à cette étape qu'on a vu la floraison des mouvements de libération féminine d'abord aux États-Unis d'Amérique et ensuite en Europe.
Avec l'essoufflement des mouvements de libération féminine depuis une dizaine d'années, on a l'impression qu'on est entré, depuis presque deux décennies, dans une nouvelle phase, la cinquième, marquée par une nouvelle prise de conscience de la complémentarité de l'homme et de la femme dans la famille comme dans la société, et par une attention plus grande aux données de la science concernant "le fait féminin", c'est-à-dire les spécificités physiques et mentales de la femme.
Il nous semble que la Foi bahá'íe inaugure une nouvelle phase dans l'histoire des relations entre hommes et femmes. Elle recommande que l'on dépasse définitivement le stade de tension et de conflit entre les deux sexes et que l'on s'oriente vers une complémentarité des qualités et des capacités susceptible de transformer notre monde, essentiellement fondé sur le principe de force, en un monde de fraternité universelle.
Cette complémentarité signifie que chacun aide corps et âme à l'épanouissement maximal, à l'auto- réalisation de l'autre.
Il est intéressant de constater que c'est seulement depuis la décennie 70 que certains penseurs sont arrivés de manière indépendante à cette conclusion qu'une "féminisation" de la civilisation est nécessaire; autrement dit, les traits de caractère féminins devraient se refléter davantage dans nos sociétés à tendance éminemment masculines.
Nous aimerions répondre à la question concrète suivante: qu'est ce que la participation des femmes à la vie publique pourrait apporter au monde? Pour répondre à cette question tout à fait légitime, nous allons nous inspirer à la fois des écritures bahá'íes et des expériences historiques.
Citons tout d'abord 'Abdu'l-Bahá qui, dans l'une de ses lettres, nous a dit : "Là où la femme n'a pas participé aux affaires humaines, les résultats n'ont jamais atteint un état de parachèvement et de perfection". Il nous semble que les femmes peuvent apporter une contribution de valeur au moins sur neuf plans:

• Contribuer à l'harmonie dans la société comme dans la famille.
• Humaniser la vie politique en y introduisant la tendresse et la sensibilité " aux gens qui sont dans le besoin ou qui souffrent" et en remplaçant la violence par la recherche pacifique de la solution des conflits.
•Soutenir la paix. On lit dans les écrits bahá'ís que "la femme utilisera toute son influence contre la guerre", que la femme "est naturellement l'avocat le plus sûr et le plus dévoué de la paix internationale".
• Compléter le progrès social par son intuition et sa générosité naturelle.
• Porter une attention particulière à la qualité de la vie, des relations humaines et de l'environnement.
• Faire sortir le monde de son individualisme égocentrique.
• Spiritualiser le monde.
• Introduire la décence dans le monde.
• Faire face aux moments de danger et de crise par "les dons spécifiques que Dieu leur a donnés".


Puisque nous avons parlé de la coopération dans la complémentarité, disons aussi quelques mots à propos de la compétition. La compétition n'est pas toujours d'orientation conflictuelle et destructrice, elle peut aussi être positive et constructive lorsque la personne est encouragée à se dépasser et à se surpasser sur la voie de la perfection.
Un deuxième point sur lequel nous aimerions nous arrêter quelques instants est que cette compétition avec les hommes que l'on reproche aux femmes est loin d'être un fait universel. Elle a été limitée à certaines sociétés et certaines couches sociales. Elle n'a d'ailleurs pas modifié beaucoup les injustices dont les femmes ont toujours fait l'objet. Quelques chiffres pourront mieux confirmer nos propos: aujourd'hui encore, dans les pays les plus développés, les femmes reçoivent un salaire inférieur de 30% à celui des hommes pour un travail égal et elles ont rarement accès aux postes de gestion et de commande; les femmes composent la majorité (environ deux tiers) de tous les instituteurs, d'un autre côté, elles souffrent deux fois plus que les hommes du fléau de l'analphabétisme.
Tenant compte de ces faits, il nous semble qu'il est indispensable d'envisager non seulement l'égalité des sexes pour le plein épanouissement de l'humanité, mais aussi une discrimination positive en faveur des filles: par exemple, en accordant la priorité à l'éducation des filles par rapport aux garçons (la Foi bahá'íe est favorable à une telle action). Il faudrait en plus que la société encourage les femmes à devancer les hommes dans tous ce qui apporte une contribution de valeur à l'avancement de la civilisation humaine.
Nous avons opté pour la coopération dans la complémentarité des fonctions et des qualités. Une telle thèse n'est point de condamner les femmes à rester enfermées chez elles ni à demeurer cloisonnées dans certaines activités et professions déterminées. On doit leur ouvrir toutes les portes pour enrichir les diverses sphères de la vie et de l'activité humaine avec ce qu'elles ont de meilleur, tout en leur réservant la tâche la plus essentielle qui ait jamais existé dans le monde, c'est-à-dire engendrer et développer la vie humaine, tâche que la Foi bahá'íe considère comme l'acte de piété le plus méritoire, mais qui est malheureusement encore insuffisamment apprécié dans nos sociétés à tendance mercantile.

(Pensée bahá'íe n°114, p.5-11)


10.2.3. RÔLE DE LA FEMME AU SEIN DE L'ENTREPRISE

L'attitude envers les femmes que l'on rencontre sur les lieux de travail est un facteur qui empêche de nombreuses organisations d'atteindre leur pleine efficacité. Les habitudes et les préjugés qui font que la grande majorité des femmes ne peut toujours pas contribuer, à sa façon, au succès de l'entreprise, sont tout à fait injustes et doivent être identifiés et corrigés.
Mais, au-delà de la mise en pratique de l'égalité entre les sexes, il devient nécessaire de créer le climat moral et psychologique dans lequel les vertus féminines pourront s'exprimer. Les écrits bahá'ís comparent l'être humain, sans ses éléments féminins et masculins, à un oiseau qui ne saurait voler sans le fonctionnement harmonieux de ses deux ailes. Toutes les organisations qui ont entrepris d'établir cet équilibre en ont reconnu les conséquences positives à la fois dans les réussites financières et humaines.

(Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, p.8-9)


10.3. Actions bahá'íes

10.3.1. INSTITUT PROFESSIONNEL DES FEMMES RURALES À INDORE - Inde

En Inde, la communauté nationale bahá'íe a lancé divers projets de construction d'établissements scolaires et de développement. Parmi ces projets figure l'Institut professionnel bahá'í pour les femmes rurales d'Indore, dans l'État du Madhya Pradesh, qui offre gratuitement des cours d'alphabétisation ainsi qu'une formation professionnelle aux jeunes femmes défavorisées de la région.
L'Institut accueille les femmes des villages pauvres, met l'accent sur la formation dans des domaines utiles et ouverts au marché local. Comme la plupart des projets parrainés par des bahá'ís, il intègre des éléments d'éducation morale et spirituelle, ce qui contribue pour une large part au succès global de l'Institut.
"Bien que l'alphabétisation, la formation professionnelle et l'éducation sanitaire soient essentielles, nous pensons que l'un des atouts de notre Institut est d'aider ces jeunes femmes à prendre conscience de leurs possibilités en tant qu'êtres humains", dit Janak Palta McGilligan, directeur de l'Institut. "C'est là que l'éducation morale entre en jeu."
Le programme d'éducation spirituelle et moral de l'Institut met l'accent sur l'égalité des femmes et des hommes, l'unité de l'humanité, et l'importance de la pureté du coeur et des intentions. Ces principes motivent à leur tour le changement des comportements et le développement personnel.
"Nous essayons de leur donner confiance en elles-mêmes de sorte qu'elles sachent qu'elles sont importantes en tant qu'individus et qu'elles peuvent jouer un rôle dans l'amélioration de leur environnement familial ainsi que dans la croissance et le développement de leurs villages", dit le Dr. Tahirih Vajdi, qui a contribué à la fondation de l'Institut et travaille également au Conseil national bahá'í de l'Inde qui parraine le projet. "Nous avons constaté en effet que lorsque ces femmes retournent dans leurs villages, elles exercent une influence sur toutes leurs communautés. Elles apportent de nouvelles idées sur la santé et l'hygiène et montrent l'importance de l'éducation des enfants."
L'Institut a été gratifié, en juin 1992, par l'attribution du Prix "Global 500" offert par le programme des Nations unies pour l'environnement. Le prix était accompagné des mots suivants:
"Depuis 1987, l'Institut professionnel bahá'í pour les femmes rurales a entrepris trois programmes dans le domaine de l'environnement destinés à apprendre aux villageois comment prévenir et éradiquer les vers de Guinée, maladie causée par la contamination de l'eau dans 302 villages du centre de l'Inde. Lorsque le programme a été lancé, 752 personnes étaient infestées et 211 813 autres étaient soumises au risque de contamination. Aujourd'hui, le district est complètement débarrassé des vers de Guinée."

(Les Bahá'ís, pp. 65-66)


10.3.2. MÉDIAS TRADITIONNELS COMME AGENT DE CHANGEMENT - BADAN, Province de l'Est, Cameroun

En tant que théâtre, les sketchs, présentés sur la place du village le jour du marché en juillet 1993 par les habitants de ce petit village de l'Afrique de l'Ouest, étaient assez rudimentaires.
Malgré la simplicité du sujet, le jeu peu professionnel des acteurs et l'absence de costumes ou de décors, cette pièce et d'autres du même genre ont eu un grand succès dans cette province lointaine et en voie de développement.
Parmi les fruits d'un projet pilote de deux ans pour trois pays du Fonds des Nations unies et de la Communauté internationale bahá'íe pour l'avancement des femmes (UNIFEM), les pièces présentent des situations bien connues par les hommes et les femmes de ces régions. Ils se reconnaissent en elles.
Le projet a comme objectif de stimuler le développement social et économique de toute la communauté en élevant le statut des femmes à travers l'utilisation de médias traditionnels tels que le théâtre, les chansons et la danse.
"ll y a beaucoup de messages dans ce simple sketch", a dit Mona Grieser, directeur technique national du projet. "Il y a des messages concernant la responsabilité des pères, l'importance d'une bonne gestion des finances et l'importance du partenariat au sein de la famille. Mais la chose la plus importante est qu'il y a beaucoup d'hommes parmi les spectateurs. Et ce sont les hommes que nous espérons toucher."
Bien que l'expérience bahá'íe/UNIFEM, qui a comme titre "Les médias traditionnels comme agents de changement", soit unique parce qu'elle intègre des idées bien acceptées concernant la communication du développement avec la promotion de l'égalité de la femme, sa particularité caractéristique est l'effort qu'elle fait pour impliquer les hommes autant que les femmes dans ce processus.
"Beaucoup de programmes pour aider les femmes n'engagent qu'elles. Les bahá'ís ont pensé que les changements se feraient plus facilement par un processus consultatif entre les femmes et les hommes", a dit Mme Brooke, consultante indépendante des communications du développement. "Autrement, nous finirions avec des groupes de femmes en colère assises dans un coin. Cela ne changerait rien ."
Avec des fonds fournis par l'UNIFEM, le projet a été commencé en même temps au Cameroun, en Bolivie et en Malaisie. Les communautés bahá'íes nationales et locales, qui sont bien développées et organisées, ont fourni un réseau de bénévoles motivés ainsi que des ressources locales.
Le projet cherche surtout à changer des attitudes. Et malgré le fait qu'elles sont difficiles à mesurer à la différence d'une production agricole améliorée ou des meilleurs taux de vaccination, il y a néanmoins des signes évidents de succès - en termes statistiques et aussi anecdotiques.
Les changements les plus importants sont ceux qui ont eu lieu à Kampong Remun, un petit village éloigné dans le Sarawak, où le projet a donné naissance à plusieurs activités annexes. Utilisant les méthodes du programme pour identifier les problèmes de la communauté, les villageois ont planté un potager, construit des nouvelles latrines et commencé des classes d'alphabétisation pour les adultes. Ces classes ont été spécialement conçues pour les femmes, mais elles sont aussi ouvertes aux hommes.
L'importance d'inclure les femmes dans les actions de développement est de plus en plus reconnue dans le monde entier. Un certain nombre d'études et de statistiques démontrent que plus les femmes deviennent instruites, engagées et en meilleure santé, plus le bien-être de toute la famille s'améliore.
"Nous croyons que tout le monde en bénéficiera quand les femmes dans les pays en voie de développement obtiendront l'égalité et l'avancement économique et social", a dit Marjorie Thorpe, directeur adjoint d'UNIFEM. "Ceci améliorera la qualité de la vie non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes et pour les enfants. Ainsi tout le monde en profitera."
Une approche caractéristique
Le projet présente de nombreux aspects pour atteindre cet objectif. Bien que divers éléments aient déjà été utilisés ailleurs, tels que l'emploi des médias traditionnels pour communiquer des nouvelles idées, le programme est particulier, parce qu'il incorpore des idées venant d'un large éventail de sources, dont les enseignements bahá'ís.
Pour l'essentiel, le projet est construit autour des éléments suivants :
• Il essaie d'engager directement les gens dans l'analyse de leurs propres problèmes, en les formant, dans un premier temps, à l'utilisation des outils modernes analytiques, tels que les groupes de travail et les enquêtes, et aussi la consultation bahá'íe.
• Dans un deuxième temps, il donne une direction aux analyses faites en soulignant l'importance d'un principe moral positif, dans ce cas précis, l'égalité de l'homme et de la femme.
• Finalement, il essaie de promouvoir le changement dans la communauté en communiquant le résultat de l'analyse à travers les médias traditionnels tels que le théâtre, les chansons et la danse, qui sont relativement non menaçants.
Bien que ces actions soient organisées par les communautés bahá'íes dans chaque région, elles essaient de promouvoir des changements dans les attitudes de toute la population. "Un des avantages de travailler avec les bahá'ís est qu'ils ont des liens très forts avec la population ", ajoute Mme Thorpe quand elle expliquait pourquoi l'UNIFEM avait décidé de parrainer le projet. "Ce n'est pas une organisation qui est élitiste. Étant donné qu'il y a des bahá'ís parmi la population et une expérience de travail avec la base, ils ont été très efficaces et représentent un contact très utile pour nous."
Dans chaque pays, le projet a commencé avec des sessions de formation au niveau national pour aider les volontaires bahá'ís locaux à utiliser leurs compétences pour la formation de communautés comme la base de leur travail.
Dans un premier temps, un cours de soutien sur les principes de la consultation, méthode distinctive de prise de décision non conflictuelle employée par les communautés bahá'íes à tous les niveaux, a eu lieu.
"La formation pour pratiquer la consultation bahá'íe aide à apprendre le respect des opinions des autres, ceci étant très important pour les femmes", a dit Lee Lee Ludher, une consultante pour le développement en Malaisie, "parce que beaucoup de femmes ont l'impression que leur point de vue n'est pas très important".
Les volontaires ont aussi reçu une formation dans les techniques modernes de collecte de données, particulièrement pour les enquêtes de participation et dans l'utilisation de groupes de travail comme un moyen de découvrir les besoins de la communauté. Une formation dans l'évaluation, la constitution d'archives et l'organisation a aussi été donnée.
Les volontaires nouvellement formés ont ensuite été envoyés dans leurs communautés où ils ont organisé des cycles de formation au niveau local, similaire à celui qu'ils avaient reçu.
Le résultat a été la formation d'un groupe de base de volontaires pour le projet dans chaque village. Ce groupe de base était généralement constitué autour d'un conseil d'administration bahá'í local, l'Assemblée spirituelle locale.
"Un outil diagnostique très simple qui a été utile pour aider ces communautés à s'analyser elles-mêmes était de leur demander de faire une liste de toutes les tâches quotidiennes d'une femme typique de la région", a dit M. Richard Grieser, un des premiers formateurs au Cameroun. M. Grieser est l'époux de Mona Grieser et a travaillé avec son épouse dans la plupart des étapes du projet.
"Ensuite nous leur avons demandé d'établir une liste des tâches quotidiennes d'un homme typique", a dit M. Grieser. "La différence dans les charges de travail était frappante. A vrai dire, les hommes ont souvent été gênés parce que leur liste ne représentait même pas la moitié de celle des femmes."
Dès que les problèmes locaux furent identifiés, les volontaires ont demandé à la communauté d'exprimer ses conclusions à travers ses médias locaux typiques, tels que les chansons, les danses, les contes et les pièces. Les artistes et les comédiens locaux ont été encouragés à participer. Ces contes, pièces, chansons et danses ont été ensuite présentés pour la communauté à divers festivals, programmes de soirées et autres rassemblements.
Les mêmes problèmes de base ont été identifiés par les participants au début du programme dans les trois sites. Les participants du projet, après s'être consultés sur les besoins de leurs communautés, ont donné la plus grande priorité à la résolution des trois problèmes de base : (1) l'analphabétisme parmi les femmes ; (2) la mauvaise gestion des finances de la famille par les hommes ; et (3) le fardeau peu équitable de travail supporté par les femmes.
"Les gens eux-mêmes sont en train de se rendre compte du fait que, non seulement les femmes ont des droits dans la société, mais qu'elles doivent contribuer à des choses importantes", a dit M. Tiati du Cameroun. "Par exemple, beaucoup d'hommes se rendent compte maintenant que les femmes sont capables de gérer l'argent beaucoup mieux que les hommes, qui souvent dépensent trop pour l'alcool. Par conséquent, un des résultats du projet est que, dans la plupart des familles qui y ont participé, la femme s'occupe maintenant de l'argent - ou au moins la famille se consulte sur la manière de le dépenser.
La totalité de la subvention de l'UNIFEM à la Communauté internationale bahá'íe pour l'étape initiale du projet était de 205 000$ US - une somme relativement faible pour les milieux du financement pour le développement, surtout que le projet avait des sites dans trois pays différents et qu'il a duré deux ans.
La Communauté espère non seulement continuer le programme, mais aussi l'étendre à d'autres sites.

Effectivement, les communautés bahá'íes du Nigéria et du Brésil ont lancé leur propre programme pilote : "Les médias traditionnels comme agents de changement", conjointement à l'effort parrainé par l'UNIFEM. De plus, les communautés bahá'íes locales de Malaisie, voyant le succès de leurs voisins, ont lancé récemment leurs propres projets basés sur les médias pour l'avancement des femmes.

(One Country n°16, p.1, 4-8)


10.3.3. ACTIVITÉS DE DÉVELOPPEMENT ET ÉPANOUISSEMENT DES FEMMES

Il y a plus d'un siècle, Bahá'u'lláh déclarait que, les hommes et les femmes étant égaux en capacité, ils doivent aussi être tout à fait égaux en droits et en moyens. En conséquence, un thème majeur dans les activités de développement bahá'í dès les premières années a été d'encourager les femmes à se réaliser pleinement. Dans certains villages, on a mis en place une forme de consultation au cours de laquelle les hommes bahá'ís assument occasionnellement les tâches ménagères pour permettre aux femmes de se réunir et de discuter des contributions particulières qu'elles peuvent apporter à la vie communautaire. L'efficacité des programmes d'éducation pour les femmes est grandement renforcée par le fait que, partout dans le monde, il y a des femmes qui servent dans les assemblées bahá'íes, que ce soit au niveau local ou au niveau national. Du fait que les femmes ont joué un rôle remarquable dans l'histoire bahá'íe, on ne manque pas de modèles du rôle féminin, tant dans le domaine de l'éducation que dans celui de l'administration.

(Développement économique et social)


10.3.4. PRIX DU PALMARÈS MONDIAL DES 500 - RIO DE JANEIRO

L'Institut professionel bahá'í des femmes rurales, réalisation menée à Indore (Inde), a reçu le 5 juin 1992, parmi 74 individus et institutions, le " Palmarès mondial des 500 " du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
" Depuis 1987, l'Institut professionnel bahá'í des femmes rurales a mené à bien trois programmes destinés à éduquer les villageois dans le domaine de la prévention et l'éradication du filaire de Guinée dû à la contamination de l'eau dans 302 villages du centre de l'Inde. " Cité au tableau d'honneur du PNUE des réalisations dans le domaine de l'environnement.
" Les programmes éducation et formation, sensibilisation, mobilisation et motivation des fonctionnaires de la santé " ont été conçus autour des travaux entrepris par le gouvernement indien dans les domaines de la gestion de l'eau potable. " Au moment où le programme a été lancé, 752 personnes étaient infestées et 211 813 couraient un risque de contamination. Aujourd'hui, le district est complètement débarrassé des filaires de Guinée ", continue le texte de la citation.
Depuis 1987, le Palmarès mondial des 500 est destiné à " récompenser chaque année des personnes et des organisations qui dans leur action quotidienne et leur lutte en faveur de l'environnement cherchent à sauver la planète et à construire un développement durable ". (Communiqué du PNUE à propos du palmarès.)
Parmi d'autres lauréats du Palmarès, citons : Chico Mendes (Brésil); l'ancien président des États-Unis, Jimmy Carter ; et le célèbre océanographe, Jacques-Yves Cousteau.
L'Institut professionnel bahá'í des femmes rurales est parrainé et géré par la communauté bahá'íe indienne qui compte plus de 2 millions de membres.


(One Country n°12, p.3)


10.4. Coopération

10.4.1. QUATRIEME CONFERENCE REGIONALE DES FEMMES - SUVA, FIDJI

Plus de 200 femmes venant des 27 nations membres de la Commission du Pacifique Sud se sont réunies lors de la quatrième Conférence régionale des femmes en septembre 1988. Parmi elles figuraient 17 bahá'íes représentant les communautés bahá'íes de 13 nations du Pacifique.
Mary Power, représentante de la Communauté internationale bahá'íe auprès des Nations unies et résidant à New York, participait à la conférence. Elle a déclaré que le fait que la Communauté internationale bahá'íe ait décidé d'envoyer un tel nombre de participantes à la conférence permet de constater que cette Communauté s'intéresse de très près aux problèmes des femmes et du développement. "Nous y sommes allées parce que nous pensons que les femmes doivent participer pleinement aux processus de développement", a dit Mme Power au cours d'une récente interview. "Les bahá'ís, tout spécialement, essaient de construire une communauté où les femmes, aussi bien que les hommes, coopèrent dans tous les aspects du développement. Pour ce processus, il est vital que nous renforcions la part des femmes et que nous demandions leur participation."
La délégation bahá'íe reflète la diversité de la région du Pacifique Sud, a déclaré Mme Power. Presque toutes les femmes membres de cette délégation venaient de pays où elles sont nées. Les professions des participantes allaient de l'infirmière à la spécialiste en nutrition, de l'administratrice d'enseignement au professeur du second degré et même à l'informaticienne.
La délégation bahá'íe, ainsi que les membres d'un grand nombre d'autres Organisations non-gouvernementales de la région, a participé à une série de débats de groupe et d'ateliers, et cela du 17 au 23 septembre 1988. Sous les auspices de l'Office des ressources des femmes de la Commission du Pacifique Sud, ces activités se sont inscrites dans le cadre d'une conférence officielle de déléguées gouvernementales, les organismes non-gouvernementaux ayant le statut d'observateurs lors des séances plénières.
Mme Power a déclaré que "dans le monde entier, on se rassemble dans un esprit d'unité. Cela se fait en grande partie grâce à des associations et organismes non-gouvernementaux. Dans le Pacifique Sud, ce processus fait un grand bond en avant et la présente conférence en est un signe, puisque des femmes de toute la région - tant des déléguées gouvernementales que non-gouvernementales - se sont rassemblées pour mener des débats intensifs sur les questions sociales et sur leurs rôles respectifs".
Mme Power a déclaré que le point de vue bahá'í sur ces questions se reflète davantage par l'expérience et la compréhension des 17 participantes que par une déclaration ou prise de position particulières. "Un grand nombre des femmes participant à la conférence s'occupent du développement économique et social au niveau local et, ainsi, connaissent les problèmes qui se posent dans leur propre pays."
L'expérience des bahá'ís a ensuite fait l'objet d'une déclaration remise aux délégués gouvernementaux lors de la Conférence annuelle de la Commission du Pacifique Sud, qui s'est tenue du 10 au 12 octobre à Rarotonga, dans les îles Cook.
"Dans les communautés bahá'íes, les hommes comme les femmes s'engagent, à titre d'acte de foi, à mettre en oeuvre le principe de l'égalité", est-il écrit dans la déclaration. "Les hommes comme les femmes s'efforcent d'avoir des attitudes adéquates en vue d'un statut d'égalité pour les femmes. Les hommes, grâce à leur appartenance à une communauté bahá'íe, apprennent par expérience que, lorsque les femmes s'intègrent pleinement à la vie de la communauté, tout le monde en tire profit."
Dans la déclaration remise aux délégués gouvernementaux de la Commission du Pacifique Sud, on signale également que, depuis longtemps, les femmes participent au processus électoral des institutions bahá'íes et qu'elles prennent une part entière au pro-cessus de prise de décisions appelé "consultation" dans la communauté bahá'íe.
Il est dit dans la déclaration qu' "une étape en vue d'une plus grande participation des femmes a été la constitution de groupes consultatifs de femmes". Dans ces groupes, les femmes, qui souvent sont isolées, peuvent partager leur expérience, pratiquer la consultation, s'encourager mutuellement et mettre au point des projets. Cette expérience les prépare à servir dans les conseils élus locaux et les encourage à exprimer leur point de vue. Ces groupes permettent également l'alphabétisation, le développement mental et intellectuel, les soins apportés aux enfants et d'autres informations pratiques.

(One Country n°1, pp.4-5, 10)


10.4.2. PROJET DESTINÉ À AMÉLIORER LE STATUT DES FEMMES RURALES - NEW YORK

Un projet sur deux ans destiné à améliorer le statut des femmes rurales grâce aux supports traditionnels, tels la musique et la danse, cherche à encourager un débat au niveau des villages sur le rôle des femmes. Il a été lancé par la Communauté internationale bahá'íe (CIB) avec l'aide du Fonds de développement des Nations unies pour les femmes (FNUF).
Le projet, d'environ 800.000 FF., administré sur le plan international par les bureaux de la CIB à New York, sera entrepris par les communautés nationales bahá'íes de trois pays : Bolivie, Cameroun et Malaisie. Des efforts similaires, entièrement à la charge des bahá'ís seront entrepris au Nigéria et au Brésil.
"Une caractéristique particulière à ce projet est qu'il tentera de promouvoir la participation des hommes dans les débats sur le statut des femmes", déclare Mary Power, agent de liaison de la CIB avec le FNUF. "Aussi insistons-nous sur l'utilisation des moyens traditionnels qui peuvent attirer tant les hommes que les femmes à ce débat dans le village et stimuler une discussion leur permettant peut-être de redéfinir ensemble les priorités du village et de la communauté."
Le but, à long terme, est d'améliorer le statut des femmes dans les communautés rurales et semi-rurales, essentiellement en rehaussant l'image qu'elles ont d'elles-mêmes et en encourageant leur participation dans la prise de décisions, de sorte qu'elles puissent contribuer positivement à la croissance de leur famille et de leur communauté.
A l'intérieur de chaque pays, des conseils bahá'ís locaux seront choisis pour gérer les activités communautaires du projet, entreprises dans au moins trois villages de chacun des cinq pays.
Le contrat du projet fut signé à New York, en septembre 1991. La CIB égalera les contributions du FNUF en réglant les frais généraux et les communications, ainsi que par l'apport de volontaires et par la formation.
"Les femmes n'adoptent pas de nouveaux comportements vis à vis de la santé parce que tel ou tel plan sanitaire le dicte", déclare Mona Griser, directeur du projet. "Elles le font, quand après une information suffisante, il leur est permis de considérer les causes de la maladie, ce qui arrive souvent lors de consultations avec les conseillers traditionnels de la santé, elles décident alors qu'il est raisonnable d'opter pour les pratiques nouvelles."
"Il en va de même lorsqu'il s'agit de changer leur propre regard sur elles-mêmes", ajoute Mona Greiser. "Un certain nombre d'informations et de discussions sont nécessaires. Le but du projet est de faciliter ce processus."

(One Country n°11, p.5)


10.4.3. LES DÉFENSEURS DE LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE - NATIONS UNIES

Les Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique utilisent de nouvelles méthodes pour réaliser leurs objectifs et donc offrent un exemple novateur à d'autres groupes et pour d'autres questions.
Se consacrant à défendre une prise de conscience internationale du rôle des femmes agriculteurs dans la production alimentaire en Afrique, les Défenseurs sont une coalition d'Organisations non-gouvernementales (ONG), d'organismes des Nations unies et d'organisations gouvernementales. Probablement unique au sein des Nations unies en raison de cette combinaison remarquable de membres, ce mélange leur donne une influence surprenante, malgré un budget quasiment inexistant et une structure fort souple.
"Les Défenseurs sont un exemple inhabituel" déclare Barbara Adams, conseillère auprès du Bureau de liaison des Nations unies avec les Organisations non-gouvernementales. "Les Défenseurs oeuvrent à la fois de l'intérieur et de l'extérieur, de sorte qu'ils surmontent les inconvénients de beaucoup d'Organisations non-gouvernementales car ils savent comment fonctionne réellement l'ONU. Beaucoup d'Organisations non-gouvernementales sont très intéressées par telle ou telle question, mais elles ne savent pas toujours comment se faire entendre."
Les ONG participant à ce groupe comprennent des groupements religieux tels que le Congrès mondial des églises pour la paix et l'Église romaine unifiée, ainsi que des groupements s'occupant du développement tels que Save the Children Foundation (Fondation pour la sauvegarde des enfants), la Coordination pour le développement (CODEL) et l'Institut Afrique-Amérique. La Communauté internationale bahá'íe est membre du groupe depuis ses débuts.
Principale activité des Défenseurs : l'organisation annuelle, aux Nations unies, d'un forum sur le rôle des femmes agriculteurs d'Afrique. Mais ce groupe a également écrit et monté une pièce de théâtre qui conte la vie quotidienne des femmes agriculteurs, et a publié plusieurs dépliants et brochures.
Les Défenseurs sont très appréciés pour leur approche réaliste des problèmes du développement en Afrique. En effet, à leurs forums, ils invitent des femmes agriculteurs et des femmes experts dont ils mettent en avant les points de vue.
Et Mme Okwenje ajoute, "à bien des égards j'estime que l'influence est plus forte quand on voit une femme agriculteur d'Afrique raconter sa journée que lorsqu'on voit un Ministre des affaires étrangères se lever à l'Assemblée générale pour essayer de faire comprendre la réalité des problèmes de son pays".
Outre la diversité de ses membres, plusieurs autres facteurs ont aidé les Défenseurs à être beaucoup plus efficaces que ne l'implique leur nombre ou leur budget. Ruth Engo, l'une des fondatrices des Défenseurs, a déclaré lors du colloque annuel "un aspect important du groupe des Défenseurs est qu'il s'agit d'un organisme informel sans bureaucratie institutionnelle. Nous n'avons ni président ni directeur. Nous nous réunissons pour encourager les femmes agriculteurs et non pour promouvoir une institution, c'est cela notre force".
La Communauté internationale bahá'íe participe largement au groupe des Défenseurs parce que ce groupe agit sur diverses questions qui intéressent de très près la communauté bahá'íe mondiale : égalité des droits pour les femmes, sécurité de l'alimentation et développement de tous les peuples. Mary Power, qui, parmi d'autres, représente la Communauté internationale bahá'íe auprès des Nations unies déclare : "Dans le cadre de notre action avec le groupe des Défenseurs, nous relions entre elles toutes ces questions."
Mme Engo, et d'autres personnalités, ont déclaré que le groupe des Défenseurs est efficace parce qu'il travaille sur un seul sujet : les femmes agriculteurs en Afrique, et laisse de côté d'autres aspects du problème de la faim, les questions propres aux femmes ou le développement du tiers-monde. Le groupe des Défenseurs pourrait servir de modèle à d'autres qui désirent porter au premier plan de la scène internationale un problème particulier.

(One Country n°4, pp.4-5, 8)



11. Communauté Internationale Bahá'íe et les Nations Unies

11.1. Introduction

Depuis 1948, la Communauté internationale bahá'íe est reconnue par l'Organisation des Nations unies comme une organisation internationale non gouvernementale. Depuis 1970, elle est dotée d'un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF). Elle entretient aussi des relations de travail avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et est associée au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
L'activité de la Communauté internationale bahá'íe est gérée par des bureaux spécialisés. Ceux-ci comprennent un secrétariat, un Bureau des Nations unies, un Bureau d'information publique, un Bureau de l'environnement, et un Bureau pour la promotion de la femme.
Avec des représentants installés au Centre mondial bahá'í de Haïfa ainsi qu'à New York, Genève, Paris, Hong Kong, Londres, Jérusalem et Fidji, ces bureaux gèrent toutes sortes d'activités, notamment dans les domaines de la paix et les droits de l'homme, l'éducation, la condition féminine, la santé, la protection de l'environnement et le développement durable. La plupart de ces activités sont entreprises en collaboration avec les communautés nationales bahá'íes. Un bulletin international intitulé ONE COUNTRY rend compte de ces activités.
La Communauté internationale bahá'íe collabore également avec de nombreuses organisations internationales non gouvernementales. Par exemple, elle est membre du World Wild Fund dans le cadre du Réseau pour la conservation de la nature et la religion, du Centre pour notre avenir à tous, du Réseau Éducation pour tous, de la Conférence mondiale sur la religion et la paix et des Défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique.

(Les Bahá'ís, p. 60)


11.2. Point de vue bahá'í

11.2.1. RÉÉVALUATION DES NATIONS UNIES

Aujourd'hui, le monde regarde vers les Nations unies avec un espoir renouvelé.
Cette perception, toute jeune encore, du fait que l'humanité doit s'unir ou bien qu'elle devra faire face à une série de crises intolérables, est en train de devenir rapidement la force motrice d'un dialogue à l'échelle mondiale et, en conséquence, le facteur-clef d'une réévaluation des Nations unies.
Les bahá'ís du monde entier accueillent favorablement cette nouvelle orientation. Que toutes les nations doivent s'allier au sein d'une forme d'organisation globale garantissant la paix mondiale, c'est là, depuis plus d'un siècle, un principe fondamental de la Foi bahá'íe. C'est pourquoi les baháís ont soutenu la Société des Nations puis les Nations unies, saisissant toutes les occasions de collaborer avec ces institutions et de les promouvoir.
Plus important encore pour la tâche à venir, c'est peut-être de comprendre le principe de l'unité et son rôle dans la réédification du monde. L'unité doit être recherchée non seulement pour prévenir les crises qui menacent l'humanité, mais aussi parce qu'elle constitue le principe moteur de notre temps et qu'elle est en elle-même une finalité.
Les bahá'ís ont oeuvré patiemment, depuis un siècle, à l'édification d'une communauté mondiale composée d'individus dont le mode de vie et l'action morale se fondent sur les principes d'unité et de coopération.
La diversité de la communauté mondiale bahá'íe est à l'image de celle de l'humanité dans son ensemble. Les bahá'ís viennent de presque toutes les origines religieuses, nationales, raciales, ethniques, sociales et professionnelles. D'importantes communautés bahá'íes existent dans plus de 165 pays et plus de 2000 groupes ethniques sont représentés au sein de la Foi bahá'íe.
Au cours des dernières décennies, l'humanité a résolu d'immenses problèmes sur le plan de la technique.
Et pourtant, l'établissement d'une société mondiale véritablement fondée sur la coopération est resté un but inaccessible et il demeure la tâche la plus ardue et aussi la plus urgente - qui incombe à l'humanité en ce jour.
Bien que le réseau mondial des communautés bahá'íes n'opère qu'à une échelle encore réduite, toute personne désireuse d'examiner les perspectives d'une réactivation des Nations unies trouverait cette expérience utile et pertinente.

(One Country n°1, pp.2,10)


11.2.2. STATUT CONSULTATIF AUPRÈS DE L'ECOSOC ET DE L'UNICEF

La Communauté internationale bahá'íe est une organisation internationale non-gouvernementale qui représente et regroupe les 5 millions de membres de la Foi bahá'íe dans le monde. Ces derniers constituent un échantillon représentatif de l'humanité, puisqu'ils comptent des hommes et des femmes issus de presque toutes les origines religieuses, les nations, les classes, les catégories socio-professionnelles et les groupes ethniques. Les bahá'ís sont présents dans plus de 119 000 localités de par le monde et 232 pays et territoires dépendants.
Depuis sa naissance en 1844, la Foi bahá'íe est porteuse d'une vision originale de l'unité mondiale, selon laquelle toute l'humanité ne forme qu'une seule race, créée par un seul Dieu, Celui qui a insufflé à la civilisation son élan à travers la révélation progressive des grandes religions mondiales. "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité seront hors de portée aussi longtemps que son unité ne sera pas fermement établie," écrivait Bahá'u'lláh, prophète-fondateur de la Foi bahá'íe.
Cherchant à promouvoir la paix, l'unité et la justice, la Communauté internationale bahá'íe collabore étroitement et depuis longtemps avec l'ONU, et soutient nombre de ses buts et de ses programmes.
Des représentants bahá'ís étaient déjà présents en 1945 à San Francisco, au moment de la naissance de l'organisation mondiale. En 1947, le département de l'information des Nations unies reconnaissait les communautés baha'ies des Etats-Unis et du Canada, et accréditait la Communauté internationale bahá'íe l'année suivante, en 1948, en qualité d'organisation internationale non-gouvernementale.
En mai 1970, la Communauté internationale bahá'íe s'est vu accorder le statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC), ce qui lui a permis de travailler plus étroitement encore avec ce conseil et ses organes subsidiaires pour promouvoir le développement économique et social de par le monde. En mars 1976, l'obtention du statut consultatif auprès du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (UNICEF) lui donnait les moyens d'une interaction plus grande avec l'ONU dans les domaines de la santé, de l'éducation et du bien-être des enfants.
Les liens tissés avec ces organismes de l'ONU et d'autres se sont ressérés au fil des ans. Aujourd'hui par exemple, la Communauté entretient des relations de travail avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle est associée au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et collabore aux projets du Fonds des Nations unies pour la condition féminine (UNIFEM).
En qualité d'organisation internationale non-gouvernementale, la Communauté internationale bahá'íe est engagée dans une vaste panoplie d'activités et la promotion entre autres de la paix, des droits de l'homme, de la condition féminine, de l'éducation, de la santé et du développement durable.
Elle agit dans le cadre de l'ONU mais collabore aussi avec d'autres organisations internationales non-gouvernementales, dans ces domaines. Par exemple, le Réseau pour l'environnement et la religion du Fonds mondial pour la nature (WWF) dont elle est membre; le Centre pour Notre avenir commun, à Genève; l'association "Education for All Network"; et les Défenseurs de l'auto-suffisance alimentaire en Afrique.

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)


11.2.3. RÉSEAU MONDIAL IMPLANTÉ LOCALEMENT

Le travail de la Communauté internationale bahá'íe est facilité par la présence des groupes affiliés nationaux et régionaux dont elle dispose dans plus de 174 pays. Ces groupes, qui représentent à leur tour plus de 17 800 communautés locales bahá'íes, forment une réseau international original de membres localement actifs et engagés.
C'est donc par le biais de ces groupes affiliés locaux, nationaux et régionaux que la Communauté internationale bahá'íe met en oeuvre la plupart de ses programmes d'activité. Les communautés bahá'íes du monde dirigent à l'heure actuelle plus de 700 écoles et centres d'apprentissage et gèrent pour le moins 670 projets de développement économique et social de petite envergure.
Ces projets vont de la gestion d'écoles primaires et secondaires institutionnalisées à l'élevage de volaille et de bétail à l'échelle du village, de l'amélioration des méthodes agricoles au développement d'activités génératrices de revenus. Nombre de ces projets sont entrepris dans la perspective d'un développement durable, de la protection de l'environnement ou dans le but de promouvoir l'égalité des femmes.
D'un point de vue général, les bahá'ís du monde cherchent à faire admettre une acception plus large de l'unité de l'humanité, notion qui engendre et implique les principes suivants: abolition de toutes formes de préjugés; égalité pleine et entière entre les sexes; réduction des extrêmes de richesse et de pauvreté; reconnaissance de l'unité essentielle des grandes religions mondiales et de la nature spirituelle de l'humanité; éducation pour tous; critères élevés de comportement; harmonie entre science et religion; équilibre entre protection de la nature et développement; instauration d'un système fédéral mondial fondé sur la sécurité collective et l'unité de l'humanité.
Dans toutes leurs activités, les bahá'ís sont tenus de se montrer loyaux envers leurs gouvernements et de respecter la loi en vigueur. S'ils peuvent prendre part à des élections générales et accepter des postes ou des nominations à caractère non partisan au gouvernement, ils s'abstiendront en revanche de toute activité politique partisane. Les institutions de la Foi bahá'íe sont exclusivement financées par les contributions volontaires de ses propres membres.

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)


11.2.4. EXPÉRIENCES D'INTÉGRATION SOCIALE DE PAR LE MONDE

Composée d'hommes et de femmes issus de presque toutes les origines nationales, ethniques et religieuses, dont plus de 2100 groupes tribaux et raciaux différents, la communauté mondiale bahá'íe est néanmoins fermement unie par un engagement commun à un programme planétaire de progrès social, spirituel et moral. Ce programme se caractérise par le soutien aux principes suivants : l'abandon de toute forme de préjugés; l'égalité pleine et entière entre femmes et hommes; la réduction des extrêmes, de richesse, et de pauvreté; la reconnaissance de l'unité essentielle des grandes religions mondiales et de la nature spirituelle de la personne humaine; l'éducation pour tous; des critères élevés de comportement individuel; l'harmonie entre science et religion; un équilibre entre protection de la nature et développement; enfin l'établissement d'un système fédéral mondial fondé sur la sécurité collective et la citoyenneté mondiale.
Dans l'ensemble, cette communauté incarne dans sa vie de tous les jours, par son engagement à des principes communs, et ses activités d'aide à l'humanité toute entière, une organisation planétaire unique en son genre, disposant d'un vaste réservoir d'expériences en matière de cohésion sociale, souvent contre toute attente. Son oeuvre s'appuie sur une certaine vision de l'unité de l'humanité et la croyance dans la valeur authentique et la dignité spirituelle de tout habitant de la planète.

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)


11.3. Coopération

11.3.1. HISTORIQUE

La Communauté bahá'íe est née en 1844. En tant qu'organisation non gouvernementale, la Communauté internationale bahá'íe comprend et représente les membres de la Foi bahá'íe du monde entier, c'est à dire plus de cinq millions d'hommes et de femmes de plus de deux mille groupes ethniques et de presque toutes les nationalités, classes socio-économiques, métiers et professions. Elle compte des communautés importantes dans plus de 200 pays et territoires, dont 165 d'entre elles étant affiliées au niveau national (ou régional), et 17000 communautés bahá'íes locales organisées.
En 1945, des représentants bahá'ís étaient présents à la conférence historique de San Francisco, qui a donné naissance aux Nations unies. La Communauté internationale bahá'íe a été enregistrée pour la première fois en tant qu'organisation non gouvernementale (ONG) par le Département de l'information publique des Nations unies en mars 1948. En mai 1970, la Communauté internationale bahá'íe s'est vu octroyer le statut consultatif, catégorie II, au Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC). En 1976, elle a reçu le statut consultatif auprès du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et en 1989, le droit d'établir des relations de travail avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En 1985, la Communauté internationale bahá'íe a créé un Bureau d'information publique, en 1989, un Bureau de l'environnement et, en 1992, un Bureau de la femme.
La Communauté internationale bahá'íe est active dans de nombreux domaines très divers qui sont aussi traités par les Nations unies, dont l'amélioration de la condition de la femme, le développement économique et social, l'environnement, les droits de l'homme et la paix. Les communautés bahá'íes ont une longue expérience en ce qui concerne l'encouragement à la participation communautaire, la mise en valeur du rôle de la femme en tant que responsable de prises de décisions et la prévention de l'abus des drogues.
Parmi les thèmes d'activités auxquels se consacrent les communautés bahá'íes, on trouve le développement soutenu, la protection des minorités, l'élimination du racisme et l'éducation aux droits de l'homme. Pendant plus de 20 ans, à travers son statut consultatif et ses relations de travail avec les agences spécialisées des Nations unies, la Communauté internationale bahá'íe a cherché à partager les expériences des communautés bahá'íes dans ces domaines et dans d'autres. De 1986 à 1989, la Communauté internationale bahá'íe a participé à plus de 80 réunions des Nations unies, selon son Rapport quadriennal de 1990 au Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC).
Sous l'égide du Bureau d'information publique, un bulletin trimestriel intitulé ONE COUNTRY est publié en anglais, français, chinois, russe, espagnol et allemand et distribué dans plus de 150 pays. Ce bulletin, ayant gagné un prix, couvre des projets de développement socio-économique, les relations avec le système des Nations unies et des questions d'intérêts pour les personnes dans des postes de responsabilité.
Des conseils dirigeants locaux élus favorisent la coopération parmi les divers éléments de la communauté en encourageant une large participation à la prise de décision au moyen de la consultation.

a) BUTS ET ACTIVITÉS

La Communauté internationale bahá'íe se consacre à la promotion de la paix mondiale en créant les conditions dans lesquelles l'unité émerge comme un état naturel de l'existence humaine. Parmi ces conditions, les suivantes ont une importance particulière :

* Promouvoir l'unité de l'humanité. La paix et le bien-être de l'humanité dépendent de l'établissement de son unité, y compris l'égalité raciale et l'élimination de toutes formes de préjugés. Pendant plus de 140 ans, les bahá'ís ont construit des communautés caractérisées par leur diversité et leur défense de la cause de l'unité. La création de communautés unifiées et diverses à la fois exige l'abandon des préjugés de tout type et défie les adhérents à apprendre à travailler ensemble pour le bien de tous.

* Réaliser l'égalité de l'homme et de la femme. Dans les communautés bahá'íes, tant les hommes que les femmes s'engagent à instituer le principe de l'égalité, qui exige l'émancipation complète des femmes. Hommes et femmes s'engagent à développer des attitudes qui montrent que le statut des femmes est égal à celui des hommes et que tous contribuent aux projets bahá'ís de développement socio-économique.

* Faire progresser la justice et la coopération économiques. Les bahá'ís considèrent que servir l'humanité est un but essentiel de leur vie et que c'est le moyen de le faire progresser socialement et économiquement. Les conseils administratifs locaux bahá'ís élus sont responsables de réunir la communauté, de consulter, de planifier et de mettre en oeuvre des projets qui favorisent le bien-être de la communauté entière. Plus de 1600 projets de développement socio-économique sont en cours de réalisation dans des communautés du monde entier.

* Servir la cause de l'éducation universelle. L'éducation de la personne, de la famille et de la société est un thème primordial des activités bahá'íes depuis que les toutes premières communautés ont été formées. Une attention spéciale est accordée à l'éducation des filles parce que, en tant que mères, elles sont les premières éducatrices d'enfants, et à cause du rôle important qu'elles ont à jouer dans les domaines d'activités humaines. Parmi les projets de développement socio-économique mis sur pied par des communautés bahá'íes, 741 sont des écoles, 7 des stations de radio et 203 des programmes d'alphabétisation et d'autres projets éducatifs. Une approche holistique à la santé, qui insiste sur l'équilibre entre le bien-être physique, mental, social et spirituel, est l'un des éléments de l'éducation bahá'íe. Quelques communautés bahá'íes parrainent des projets de santé spécifiques. Par exemple, un programme modèle pour la formation d'agents de soins de santé primaire a été entrepris au niveau des villages dans 12 pays.

* Renforcer le sentiment de citoyenneté mondiale. Les bahá'ís soutiennent les buts de la Chartre des Nations unies et les buts humanitaires, sociaux et économiques de ses agences spécialisées. Les inquiétudes partagées pour la planète, qui sont exprimées à un niveau international, se reflètent dans des activités qui se déroulent au niveau local. Par exemple, les projets bahá'ís insistent sur les stratégies de développement soutenu, y compris le reboisement, le développement des ressources renouvelables, la conservation et des pratiques agricoles douces.

* Favoriser la tolérance religieuse. Les bahá'ís soutiennent la coopération et la compréhension inter-religieuses basées sur la reconnaissances de la source commune de toutes les grandes croyances mondiales et ils ont fait appel au système des Nations unies afin que la liberté religieuse de leurs coreligionnaires soit protégée dans plusieurs parties du monde. Les bahá'ís encouragent aussi l'harmonie de base qui doit exister entre la science et la religion.

* Encourager l'adoption d'une langue auxiliaire internationale. Un manque fondamental de communication entre les peuples mine sérieusement les efforts fournis en vue d'établir la paix mondiale. Les bahá'ís veulent promouvoir l'adoption d'une langue auxiliaire internationale qui contribuerait à résoudre ce problème.

Adresses des bureaux de la Communauté internationale bahá'íe:

Communauté Internationale Bahá'íe
Bureau d'Information Publique-Paris
45, rue Pergolèse - 75116 Paris - France
Tél : +33 -1 45 01 78 38 Fax : +33 - 1 40 67 15 02
E-Mail : opiparis@club-internet.fr

Communauté Internationale Bahá'íe
Route des Morillons 15
CH-1218 Grand-Saconnex (Genève) Suisse
Tél : +41(22)798 54 00 Fax : +41(22)798 65 77
E-Mail : bic-gva@bic.org

Bahá'í International Community
866 United Nations Plaza, New York,
NY 10017-1822, U.S.A.
Tél : +1(212) 803 25 00 Fax : +1(212)803 25 66
E-Mail : uno-ny@bic.org

(Dossier de presse du Bureau d'Information Publique de la Communauté Internationale Bahá'íe)



12. Droits de l'Homme

12.1. Introduction

Ainsi la question des droits de l'homme se trouve au coeur du débat sur la stratégie du développement économique et social. Concevoir une stratégie de ce type exige de se défaire de l'emprise des fausses dichotomies qui ont longtemps tenu les droits de l'homme en otage. Se préoccuper d'assurer à tous la liberté de pensée et d'action menant à l'épanouissement personnel ne justifie pas le culte de l'individualisme qui corrompt si profondément de nombreux pans de la vie contemporaine. Se soucier du bien-être de la société dans son ensemble n'implique pas non plus qu'il faille déifier l'État, supposé être la source du bien-être de l'humanité. Bien au contraire, l'histoire de notre siècle montre à l'évidence que ces idéologies et les démarches partisanes auxquelles elles conduisent se révèlent être les principaux obstacles à la satisfaction des intérêts qu'elles prétendent servir. Ce n'est que dans un cadre consultatif, rendu possible par la conscience de l'unité organique de l'humanité que toutes les facettes des droits de l'homme peuvent trouver une expression légitime et créative.
Aujourd'hui, l'organisme à qui revient la tâche de créer un cadre pour promouvoir les droits de l'homme et les préserver de ceux qui voudraient les exploiter est constitué par le système des institutions internationales issu de ces terribles tragédies qu'ont été les deux guerres mondiales et de l'expérience d'une crise économique planétaire. Il est révélateur que l'expression "droit de l'homme" ne soit d'emploi courant que depuis la promulgation de la Charte des Nations unies en 1945 et l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, trois ans plus tard. Ces documents historiques ont formellement reconnu que l'instauration de la paix dans le monde doit aller de pair avec celle de la justice sociale. Le fait que cette déclaration ait été votée sans opposition lui a conféré d'emblée une autorité qui n'a depuis cessé de se renforcer..

(Vers une humanité prospère)


12.2. Point de vue bahá'í

12.2.1. PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ COLLECTIVE

L'activité intimement liée à la conscience, qui est le propre de la nature humaine, est la faculté d'explorer personnellement la réalité. La liberté de rechercher le but de l'existence et de développer des dons potentiels, qui rendraient un tel but accessible, a besoin d'être protégée. Les êtres humains ont le droit d'accéder librement au savoir. Qu'une telle liberté soit souvent dévoyée et que ce dévoilement soit, de façon flagrante encouragée par certains aspects de la société contemporaine n'enlève rien à la validité de cet élan.
Cet élan distinctif de la conscience humaine est la justification morale de nombre des droits inscrits dans la Déclaration universelle et dans d'autres déclarations similaires. L'éducation universelle, la liberté de mouvement, l'accès à l'information et la possibilité de participer à la vie politique sont tous des résultats de ce droits à la connaissance qui nécessite une garantie explicite de la part de la communauté internationale. Il en est de même de la liberté de pensée et de croyance, qui inclut la liberté religieuse, ainsi que du droit d'avoir des opinions et de les exprimer convenablement.
L'humanité étant une et indivisible, chacun de ses membres est un gage qui lui est confié dès la naissance. Cette responsabilité constitue le fondement moral de la plupart des autres droits - économiques et sociaux notamment - que les textes des Nations unies tentent de définir : droit à la sécurité de la famille et du foyer, droit à la propriété et à la vie privée. La communauté pour sa part, a entre autres, l'obligation de fournir du travail, de pourvoir aux besoins de santé physique et mentale, d'assurer une sécurité sociale, un salaire décent, des périodes de repos et de loisirs, enfin d'offrir toute une série d'autres services que les membres d'une société peuvent légitimement attendre d'elle, à titre individuel.
Ce principe de responsabilité collective signifie aussi que tous sont en droit d'attendre des lois nationales et internationales qu'elles préservent les éléments culturels essentiels à l'identité de chacun. A l'instar du réservoir génétique de la vie biologique de l'être humain et de son environnement, l'immense richesse de notre variété culturelle, acquise au fil de milliers de siècles, est vitale au développement économique et au progrès social d'une race humaine qui, dans son intégralité, a atteint la maturité. Elle représente un patrimoine qui devrait pouvoir fructifier dans la cadre d'une civilisation mondiale. D'une part, il faut protéger les expressions culturelles des influences matérialistes étouffantes actuellement à l' oeuvre, d'autre part permettre aux cultures d'agir les unes sur les autres pour former des modèles de civilisation en constante mutation, libres de toute manipulation à des fins politiques partisanes.
Bahá'u'lláh écrit : "La justice est la lumière des hommes. Ne l'étouffez pas avec les vents contraires de l'oppression et de la tyrannie. Le but de la justice est de faire naître l'unité parmi les hommes. L'océan de la sagesse divine s'enfle à l'intérieur de ce mot sublime tandis que tous les livres du monde n'en peuvent contenir le sens profond."

(Vers une humanité prospère)


12.2.2. RESPONSABILITÉ ENVERS LA CAUSE DES DROITS DE L'HOMME ET DES LIBERTÉS FONDAMENTALES

Le droit à l'information et à l'éducation concernant les droits individuels et libertés fondamentales : la Communauté internationale bahá'íe pense que le droit à l'information est essentiel pour que les droits fondamentaux de l'homme deviennent une réalité pour tous.
Plus important encore, l'enseignement des droits fondamentaux de l'homme sensibilise les individus aux droits d'autrui et encourage chacun à s'impliquer personnellement dans l'élargissement du sentiment communautaire. Cet enseignement est indispensable, non seulement pour assurer une diffusion générale de la connaissance des droits de l'homme, mais aussi pour contribuer à édifier un ordre social positif et durable dans lequel les droits de l'homme seront une réalité quotidienne pour chacun.
La responsabilité de chacun envers la cause des droits de l'homme: nous voyons là (dans le devoir de chacun de favoriser le respect des droits des autres membres de la communauté) l'une des dispositions les plus importantes du projet de déclaration.
La réalisation des droits de l'homme n'intéresse pas seulement la politique du gouvernement ni l'obligation de celui-ci de s'abstenir de toute ingérence ou oppression injustifiée, mais passe au contraire par la construction d'un ordre social progressif à partir de la base. Elle implique une prise de conscience nouvelle de la réalité de l'unité humaine et le développement chez tous les peuples d'un concept global de communauté s'étendant de la famille au nations, en passant par les villages, petites et grandes villes, régions et allant surtout jusqu'aux limites de la planète elle-même. Qui plus est, puisque aucun droit ne peut exister sans responsabilités correspondantes, tout membre d'une communauté a la responsabilité, considérant leur unité et leur interdépendance, de défendre les droits des autres membres.
Dans la logique des observations ci-dessus, il faudrait i) reconnaître plus expressément la responsabilité de chacun de favoriser le bien-être des autres, et celui de la communauté dans son ensemble; ii) reconnaître que la notion de "communauté" doit s'appliquer à chaque niveau de la société, y compris à la communauté mondiale, pour que les droits de l'homme deviennent réalité; iii) reconnaître que promouvoir le respect des droits de l'homme d'autrui n'est ni un droit ni une responsabilité uniquement, mais engendre à la fois un droit et une responsabilité.

(Communication écrite par la Communauté internationale bahá'íe à la 49ème session de la commission des droits de l'homme, sur le thème : "Élaboration d'une déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et de protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnues")


12.2.3. PROTECTION DES MINORITÉS

Plus d'une année s'est écoulée depuis l'adoption par l'Assemblée générale de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques. Aujourd'hui, gouvernements et simples citoyens sont confrontés au défi que pose l'application dans la pratique des normes ainsi fixées. Malheureusement, la réalité de ce que vivent bien des minorités n'a pas grand-chose à voir avec les normes minimales en matière de droits de l'homme énoncées dans la Déclaration. Les membres de ceux-là même de ces groupes de minoritaires que la Déclaration devait protéger connaissent toujours les pires souffrances, victimes qu'ils sont d'un certain nombre de violents conflits qui font rage d'un bout à l'autres du monde.
De l'avis de la Communauté internationale bahá'íe, c'est à la fois à la majorité et à la minorité qu'incombe la responsabilité d'assurer l'égalité des droits des minorités. C'est la majorité qui se doit, par souci de justice, de veiller à ce que se produisent les ajustements sociaux et politiques qui permettront aux groupes minoritaires d'exercer le plus complètement possible leurs droits communs et fondamentaux. De leur côté, les groupes minoritaires ont la responsabilité morale de répondre comme il convient aux efforts sincères consentis par la majorité et de reconnaître et respecter leur devoirs à l'égard de la société tout entière. Les uns et les autres doivent replacer les problèmes des minorités dans le contexte d'un monde de plus en plus interdépendant. L'intérêt de chacune des parties qui constituent un tel monde ne saurait être mieux servi que par le souci d'assurer la prospérité de l'ensemble, laquelle est impossible à réaliser si certaines parties sont victimes de l'oppression ou de la misère.
Il s'agit donc d'identifier les conditions qui aboutissent à priver certaines minorités de leur droit de représentation et d'exhorter les gouvernements à promulguer une législation qui donnera à ces minorités les moyens de réclamer leur dû et fera droit à leurs griefs. Mais cela ne suffira pas pour garantir aux membres des minorités les mêmes droits qu'à leurs compatriotes. Les mentalités doivent changer. Il faut qu'il y ait une évolution dans la manière dont la majorité considère les minorités opprimées et que ces dernières se libèrent du sentiment d'impuissance provoqué par des années de discrimination.
Cette évolution des mentalités, cependant, ne dépend pas entièrement des gouvernements dans la mesure où elle ne peut se faire que sous l'influence de principes spirituels et moraux. La Communauté internationale bahá'íe, pour sa part, est convaincue que le principe qui doit régir toute considération des droits des minorités est celui de l'unicité de l'humanité. Bien souvent, notre ignorance de notre humanité commune encourage les craintes et les haines irrationnelles qui sont facilement nourries par la méconnaissance des autres cultures. Pour aller vers un désir authentique de compréhension mutuelle, de pluralisme dans l'union, il convient de voir dans la diversité de la famille humaine une source d'enrichissement plutôt qu'une menace.
Nous appuyons l'appel pour que, dans les écoles, on enseigne aux élèves à respecter les droits de l'homme et à apprécier la diversité. Il faudrait faire des droits de l'homme une matière de base universelle dans les études primaires. Les programmes d'études de tous les États devraient prévoir l'enseignement de la tolérance à l'égard de tous les groupes. Les groupes majoritaires devraient s'informer de la culture des groupes minoritaires de manière à pouvoir l'apprécier en tant qu'apport enrichissant la société tout entière.
Toutefois, pour pouvoir apporter une solution durable aux problèmes des minorités, il faut que l'éducation s'appuie sur un engagement en faveur de principes éthiques et spirituels. L'action de ces principes imprègne les groupes majoritaires comme les groupes minoritaires de la conscience de la responsabilité morale qu'ils ont les uns envers les autres en tant qu'êtres humains. Ce sentiment de responsabilité donne une vigueur accrue à ces vertus civilisatrices que sont la tolérance et la compassion à l'égard de tous les êtres. Il faut que la voix de la conscience se fasse entendre avec plus de force et parle le langage du coeur là où celui de la loi civile est inopérant. L'influence concrète de ces valeurs spirituelles sur l'ordre social ne saurait être trop soulignée. En une période caractérisée par une transition chaotique, une prise de conscience largement répandue de l'unicité de l'humanité permettrait aux minorités d'apparaître comme faisant intégralement partie de la société. Dans ces conditions, les vieilles animosités fondées sur les différences ethniques, linguistiques et religieuses deviendraient obsolètes, ce qui ferait échec à toutes les tentatives pour dresser les groupes les uns contre les autres à des fins politiques.
La Communauté internationale bahá'íe est convaincue que, pour que les efforts immenses déployés par les Nations unies et les gouvernements en faveur des droits de l'homme portent leurs fruits, il est indispensable de faire appel à la force combinée des influences politiques, juridiques, spirituelles et morales. Pour faire face à ces défis, la Communauté internationale bahá'íe tente pour sa part d'agir parmi ses membres dans le monde entier. Les enseignements de leur foi font aux communautés bahá'íes une obligation, non pas simplement d'accepter, mais d'aider, d'encourager et de protéger toute minorité sans considération de croyance, de race, de classe ou de nation. Pour cette raison, les Écrits bahá'ís suggèrent que si l'on peut tolérer une forme de discrimination, celle-ci doit s'exercer en faveur de la minorité. Guidées par les principes unificateurs de l'ordre mondial révélés il y a plus d'un siècle par Bahá'u'lláh, fondateur de la religion bahá'íe, les communautés bahá'íes dans le monde entier s'efforcent d'intégrer des gens ayant des origines raciales, nationales et religieuses différentes pour en faire une seule communauté, communauté qui soit à la fois unifiée et diverse.

("Protection des Minorités", Exposé écrit présenté par la Communauté internationale bahá'íe à la Commission des droits de l'homme, 46ème session.)


12.3. Coopération

12.3.1. CONVENTION DES DROITS DE L'ENFANT - NATIONS UNIES

Plus de vingt Organisations internationales non-gouvernementales dont la Communauté internationale bahá'íe ont participé au processus qui après dix ans de travail a abouti à la Convention des droits de l'enfant adoptée le 20 novembre 1989 par l'Assemblée générale de l'ONU. C'est le traité le plus complet jamais élaboré en faveur des droits de l'homme.
Cette Convention modifie et renforce les normes et les engagements internationaux existant dans le domaine de la protection de l'enfance. Elle introduit également un grand nombre de droits nouveaux pour les enfants : droit à un nom, à une nationalité et à une identité propres; droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; droit au développement et à la protection contre l'exploitation.
La Communauté internationale bahá'íe est une des Organisations non-gouvernementales qui, en 1983, ont constitué un groupe de travail ad-hoc chargé d'étudier cette Convention. Elle a offert ses connaissances et son expérience particulière au groupe de travail, composé de 43 nations, qui a élaboré la Convention proprement dite.
A titre d'exemple, la Communauté bahá'íe présenta à ce groupe de travail plusieurs déclarations et propositions, notamment un article concernant l'enfance et les médias, ainsi qu'un texte sur l'éducation des enfants. L'article sur les médias fut adopté avec quelques modifications mineures.
Machid Fatio, l'un des représentants bahá'ís auprès des Nations unies a déclaré: "Les médias ont une influence énorme sur les enfants. Les progrès technologiques ont facilité la communication dans pratiquement toutes les régions du monde. Il y a d'énormes avantages potentiels à en obtenir pour les enfants grâce à des activités dans ce domaine."
"Pour cette raison nous avons invité les Nations unies à prendre en considération un article qui aidera à mettre en valeur le vaste potentiel des médias dans l'intérêt des enfants du monde. De fait, grâce à l'adoption de la Convention, il sera possible de faciliter dans ce sens, et avec succès, le développement des moyens d'information de masse."

(One Country n°4, pp. 4,8)


12.3.2. DÉCLARATION À LA CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES DROITS DE L'HOMME - VIENNE

Les déclarations de la Communauté internationale bahá'íe ont porté sur trois points clé de l'ordre du jour : identification des obstacles aux droits de l'homme (point 9); relation entre le développement, la démocratie et la jouissance universelle de tous les droits de l'homme (point 10); la pleine réalisation de tous les droits pour les femmes et les hommes (point 11).
Dans sa déclaration relative au point 9, la Communauté a reconnu l'existence de plusieurs obstacles aux droits de l'homme: la souveraineté nationale effrénée, l'absence de mécanismes adéquats permettant l'application des dispositions des conventions internationales relatives aux droits de l'homme et un manque de conscience des droits de l'homme, en particulier chez les personnes qui sont chargées de rendre la justice au niveau local.
"Malgré l'existence de normes internationales en matière de droits de l'homme, de nombreuses nations sont toujours convaincues que les gouvernements nationaux ont un pouvoir discrétionnaire sur ces droits", dit la déclaration. "Cette attitude fait fi des forces qui rapprochent le monde et ouvre la voie à l'établissement d'un nouvel ordre fondé sur la reconnaissance du fait que ce qui touche un membre de la famille humaine nous concerne tous."
A propos du point 10 - relation entre le développement, la démocratie et la jouissance universelle des droits de l'homme, la Communauté a déclaré que les droits civils et politiques ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels étaient "uns et indivisibles".
En particulier, la Communauté a déclaré que le point commun entre ces droits résidait dans "le droit de chaque individu de s'interroger sur la réalité qui l'entoure et de tirer parti des conclusions de cette recherche".
Bien que définie historiquement comme "la conviction que chaque personne a non seulement le droit mais le devoir de 'connaître et vénérer Dieu'", la question, dit la déclaration, n'est pas d'ordre théologique. Au contraire, ce droit à l'interrogation indépendante est le fondement de ce que nous appelons la "culture" et est "un aspect inaliénable de la vie humaine".
Par conséquent, l'exercice des facultés intellectuelles, esthétiques, morales et spirituelles qui caractérisent la nature humaine doit être favorisé de telle sorte que les individus "puissent accéder à tous les avantages, protections et possibilités raisonnablement disponibles dans la société dans laquelle ils vivent".
"Sans droits économiques, l'exercice des droits civils et sociaux est gravement limité", dit la déclaration. "Sans droits culturels, un individu ou une communauté auront les plus grandes difficultés à exercer les droits économiques ou politiques minima exigés par leur situation particulière."
Dans la déclaration concernant les droits des femmes, la Communauté a insisté sur la nécessité de changer les attitudes qui tolèrent la violence à l'égard des femmes. Elle croit que l'éducation spirituelle - mettant l'accent en particulier sur les principes de la justice et de l'égalité entre les hommes et les femmes - est le moyen le plus sûr de modifier ces attitudes.
"Les croyances et les pratiques qui contribuent à l'oppression des femmes doivent être réexaminées à la lumière de la justice", lit-on dans la déclaration à propos du point 11 de l'ordre du jour. "Bien compris, le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes peut en définitive changer toutes les relations sociales, permettre à chaque personne de cultiver ses talents ou ses dons particuliers. C'est en utilisant les points forts de chacun que l'on peut faire progresser la société vers sa maturité."

(One Country n°15, pp.10-11)



13. Persécution des bahá'ís en Iran

13.1. Introduction

Tout au long du siècle dernier, les bahá'ís d'Iran ont été persécutés pour leurs convictions religieuses. En dépit du fait qu'ils sont fondamentalement non-violents, tolérants et loyaux envers leur gouvernement, ils sont classés comme "infidèles non-protégés" et ne disposent d'aucun droit en vertu de la Constitution.
Au lendemain du triomphe de la révolution islamique en 1979, la persécution des bahá'ís s'est intensifiée alors que le gouvernement lançait contre eux une campagne systématique d'extermination en Iran. Entre 1978 et 1988, près de 200 bahá'ís éminents ont été exécutés par le Gouvernement iranien. La plupart d'entre eux appartenaient à des conseils administratifs démocratiquement élus de la communauté. Il n'y a, en effet, pas de clergé dans la Foi bahá'íe. Des centaines d'autres bahá'ís ont été emprisonnés, tandis que des dizaines de milliers étaient privés d'emploi, de retraite ou de leurs commerces et interdits d'accès à l'enseignement. Ils ont été la cible de ces violences uniquement à cause de leurs convictions religieuses.
Face à la montée des pressions internationales, notamment une série de résolutions adoptées par l'ONU contre l'Iran, le Gouvernement de ce pays a fini par réduire le nombre des exécutions ainsi que celui des détentions, dans les années 1980. Au début des années 1990, toutefois, il a clairement montré qu'il n'avait pas renoncé à son intention de détruire les 350 000 membres de la communauté bahá'íe, la plus forte minorité religieuse iranienne. Plus récemment, en mars 1992, un homme d'affaires bahá'í renommé de Téhéran, M. Bahman Samandari, a été convoqué à la prison d'Evin pour y être sommairement exécuté. En septembre 1992, deux bahá'ís détenus à Karaj étaient condamnés à mort sur l'ordre d'un tribunal révolutionnaire islamique.
Chose plus significative encore, on apprenait, début 1993, l'existence d'un mémorandum, jusque-là resté secret, préparé par le gouvernement pour instaurer une politique sur "la question bahá'íe". Rédigé par le Conseil culturel révolutionnaire suprême, et signé par le Président Ali Khamenei, ce document affirme sans équivoque que l'objectif général du Gouvernement à cet égard est d'"arrêter le progrès et le développement de la communauté bahá'íe".
Cette déclaration dément catégoriquement les affirmations si souvent répétées du gouvernement selon lesquelles les bahá'ís ne sont victimes d'aucune campagne de persécutions.
En fait, le document énonce une série de mesures restreignant l'accès des bahá'ís à l'éducation et aux moyens de subsistance, qui constitue ni plus ni moins qu'un plan d'étranglement de leur communauté. Il confirme le caractère systématique et délibéré de leur harcèlement par les autorités iraniennes, uniquement fondé sur l'intolérance religieuse et la haine. Portant le sceau "Confidentiel", le mémorandum recommande l'expulsion de tous les bahá'ís des universités. Il ordonne qu'il leur soit "refusé toute position d'influence", et uniquement permis de "disposer de moyens d'existence modestes du même niveau que ceux de la population générale". Il décrète également la formulation prochaine d'un "plan pour attaquer et détruire les racines culturelles de ce groupe à l'extérieur du pays".
Tout aussi insidieuses sont les dispositions du mémorandum qui, tout en autorisant les bahá'ís à gagner leur vie, ne leur permettent pas d'aller au-delà du minimum vital. Étant donné la longue histoire des actions menées en Iran contre cette minorité, le train des mesures énoncées dans ce document aura pour conséquence générale de l'étouffer lentement sans attirer l'attention internationale. Les bahá'ís d'Iran sont ainsi maintenus dans une situation précaire. On leur refuse le droit de pratiquer librement leur foi, droit pourtant garanti par les accords internationaux conclus en matière de droits de l'homme, tels que la Charte internationale des Droits de l'Homme, à laquelle l'Iran est partie prenante. Les institutions administratives de la Foi bahá'íe ont été démantelées sur ordre des autorités. Les bahá'ís vivent chaque jour dans la crainte que le gouvernement de leur pays ne cherche à arrêter le développement de leur communauté, et que la plus petite infraction ne leur coûte la vie, la prison ou pire encore.
Pourtant, il faut savoir qu'ils ne menacent en rien les autorités iraniennes. Au contraire, les principes de leur religion leur enjoignent d'obéir au gouvernement de leur pays et d'éviter toute implication dans la politique partisane, les actions subversives et toutes formes de violence. Leur communauté ne se rattache à aucun gouvernement, à aucune idéologie ni à aucun mouvement d'opposition.
Les bahá'ís d'Iran ne recherchent aucun privilège particulier. Ils n'aspirent qu'à une seule chose : la reconnaissance de leurs droits en vertu de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, y compris le droit à la vie, le droit à la liberté et à la sécurité de leur personne, le droit à l'éducation et au travail, ainsi que le droit de professer et de pratiquer leur religion.

(La Question bahá'ie, pp. 5-7)


13.2. Historique

La persécution de la Foi bahá'íe en Iran se poursuit depuis sa naissance en Perse au milieu des années 1800. Les premiers croyants ont dû affronter une opposition cruelle de la part des autorités tant religieuses que séculières. Déjà au siècle dernier, quelque 20 000 d'entre eux avaient ainsi été mis à mort.
Les persécutions ont continué au XXe siècle de façon sporadique, coïncidant le plus souvent avec le besoin, éprouvé par le gouvernement, de consolider ses relations avec certains éléments du clergé islamique iranien.
Parfois, les explosions de violence étaient orchestrées par les autorités locales ou régionales, comme en 1903 lorsque 101 bahá'ís ont été mis à mort dans la ville de Yazd par une populace ameutée par les Mullahs.
Parfois encore, leur oppression figurait officiellement au programme du gouvernement. Dans les premières années du régime Pahlavi par exemple (1927 - 1979), celui-ci a adopté des mesures discriminatoires à leur encontre en guise de concessions au clergé. Début 1933, il a ordonné l'interdiction de leur littérature, la non-reconnaissance de leurs mariages, la rétrogradation ou le renvoi des fonctionnaires bahá'ís et finalement, la fermeture de leurs écoles.
Autre cycle de persécutions, en 1955, lorsque le gouvernement a autorisé la diffusion nationale d'une série de sermons incendiaires prononcés contre les bahá'ís par un éminent ministre de la foi chiite, à Téhéran. Une vague de violence anti-bahá'íe a alors balayé le pays, provoquant assassinats, viols et vols dans de nombreuses régions. Des dignitaires politiques se sont ralliés au mouvement en saisissant et détruisant les locaux du siège national de la communauté bahá'íe, et le gouvernement a interdit à la "secte bahá'íe" l'exercice de toute activité.
Les bahá'ís savent que cette systématisation des persécutions est un signe de l'incompréhension et de la peur que suscite parfois la naissance d'une religion nouvelle au coeur d'une orthodoxie bien établie. Le même schéma se répète à travers les âges; en réalité, presque toutes les grandes religions du monde ont été confrontées à d'intenses persécutions à leur départ.
En dépit du fait que la Foi bahá'íe est née en Iran, il règne dans ce pays une ignorance presque universelle de la nature, des enseignements et de l'histoire de cette religion. L'usage des moyens de communication de masse, que ce soit la radio, la télévision, la presse, les films, la littérature ou les conférences publiques, a été régulièrement refusé à la communauté bahá'íe d'Iran.
Au lieu de cela, les autorités ecclésiastiques ont cultivé l'ignorance de la véritable nature des enseignements bahá'ís, ainsi devenue un préjugé à part entière, profondément enraciné.

(La Question bahá'íe, pp.8-9, 13)


13.3. Faits

13.3.1. MÉMORANDUM SECRET - GENÈVE

La découverte d'un mémorandum secret du gouvernement iranien, a fourni la preuve irréfutable que - en dépit d'une longue histoire de démentis - l'Iran a établi une politique visant à éliminer et à persécuter les 350 000 membres de la communauté bahá'íe en Iran.
Le Conseil Suprême de la Révolution culturelle a exposé dans le mémorandum, les grandes lignes d'un plan du gouvernement ayant pour but la discrète strangulation des bahá'ís d'Iran.
Ce document a été publié dans un rapport des Nations unis, présenté à la Commission des droits de l'homme de l'ONU, en Janvier 1993, par M. Reynaldo Galindo Pohl, le Représentant Spécial de la Commission des droits de l'homme en Iran.

Au nom de Dieu!
La République Islamique de l'Iran
Le Conseil Culturel
Révolutionnaire Suprême

Référence : 1327/...
Date : 6/12/69 [25 février 1991]
Pièce jointe : Aucune

CONFIDENTIEL

Dr. Seyyed Mohammad Golpaygani
Chef de Bureau du très estimé Dirigeant
[M. Khamenei]

Soyez salués !

Suite à la lettre #1/783 datée du 10/10/69 [31 décembre 1990], relative aux instructions du très estimé Dirigeant transmises au vénéré Président à propos de la question bahá'íe, nous vous informons qu'étant donné que le vénéré Président et le Chef du Conseil Culturel Révolutionnaire Suprême ont soumis cette question au présent Conseil pour examen et étude, celle-ci a été mise à l'ordre du jour de la séance #128 le 16/11/69 [5 février 1991] ainsi que de la séance #119 du 2/11/69 [22 janvier 1991]. Outre ce qui précède, et à l'issue du débat qui a eu lieu à cet effet au cours de la séance #112 le 2/5/66 [24 juillet 1987] présidée par le très estimé Dirigeant (chef et membre du Conseil Suprême), les constatations de ce dernier et les directives données par lui sur la question bahá'íe ont été communiquées au Conseil Suprême. Eu égard au contenu de la Constitution de la République Islamique de l'Iran, de ses lois civiles et religieuses, et de la politique générale du pays, ces questions ont été soigneusement étudiées et des décisions ont été prises en conséquence.
Avant d'arriver aux décisions et de proposer des méthodes plausibles pour traiter de la question précitée, il a été dûment tenu compte des desiderata du très estimé Dirigeant de la République Islamique de l'Iran [M. Khamenei], à savoir qu'"il convient de mettre au point une politique spécifique à ce sujet pour que tous sachent ce qui devrait ou ne devrait pas être fait". En conséquence, voici les propositions et les recommandations auxquelles ces consultations ont abouti.
Le vénéré Président de la République Islamique de l'Iran, ainsi que le Chef du Conseil Culturel Révolutionnaire Suprême, tout en approuvant ces recommandations, nous ont chargés de les transmettre au très estimé Dirigeant [M. Khamenei] afin qu'il soit pris des mesures appropriées conformes à ses conseils.

RESUME DU RESULTAT DES ENTRETIENS ET RECOMMANDATIONS

A. Situation générale des bahá'ís dans le système national

1. Ils ne seront pas expulsés du pays sans raison
2. Ils ne seront ni arrêtés, ni incarcérés, ni pénalisés sans raison
3. Les mesures prises par le Gouvernement à leur encontre devront être de nature à faire obstacle à leur évolution et à leur développement.


B. Degré d'instruction et statut culturel

1. Ils pourront s'inscrire dans les écoles, à condition qu'ils n'établissent pas leur identité bahá'íe.
2. Ils devront s'inscrire de préférence dans des écoles qui ont une forte et imposante idéologie religieuse.
3. Ils devront être renvoyés des universités, soit au moment de la procédure d'admission, soit en cours d'études, dès l'instant où il apparaît qu'ils sont bahá'ís.
4. Leurs activités politiques (espionnage) doivent être régies en vertu de la législation et de la politique du Gouvernement, et une réponse religieuse, culturelle ainsi que de propagande, doit être donnée à leurs activités religieuses et de propagande.
5. Les organes de propagande (telle que l'Organisation Islamique de la Propagande) doivent mettre sur pied un service indépendant chargé des activités religieuses et de propagande des bahá'ís.
6. Un plan doit être conçu pour combattre et détruire leurs racines culturelles à l'extérieur du pays.

C. Position sociale et statut juridique

1. Leur permettre de disposer de moyens d'existence modestes du même niveau de ceux de la population générale.
2. Dans la mesure où cela ne les encourage pas à être bahá'ís, il est permis de leur fournir les moyens ordinaires de subsistance conformément aux droits généraux dont jouit tout citoyen iranien, tels que tickets de rationnement, passeports, permis d'inhumer, permis de travail, etc.
3. Refuser de les employer s'ils établissent leur identité bahá'íe.
4. Leur refuser tout poste d'influence, par exemple dans l'enseignement, etc. Que les confirmations divines soient sur vous,

Le Secrétaire du Conseil
Culturel Révolutionnaire Suprême
Dr. Seyyed Mohammad Golpaygani
[Signature]
[note de la main propre de M. Khamenei]

Au nom de Dieu !

La décision du Conseil Culturel Révolutionnaire Suprême semble suffisante. Je vous remercie, Messieurs, de votre attention et de vos efforts.

[signé:] Ali Khamenei

(One Country n°14, pp.6-7)


13.3.2. PROFANATION DE CIMETIÈRE - TÉHÉRAN

Les tombes d'un cimetière bahá'í de Téhéran en Iran ont été ignominieusement ouvertes et les corps enlevés, soit-disant pour construire un centre culturel municipal. Cet acte a été commis à la suite de la confiscation arbitraire du cimetière en 1983 et de la mise aux enchères publiques des pierres tombales et monuments funéraires.
La Communauté internationale bahá'íe a appris le 30 juin 1993 que les corps des bahá'ís enterrés dans une partie du cimetière ont été chargés sur des camions et acheminés vers une destination inconnue. Des bulldozers ont alors commencé à creuser les fondations du futur Centre culturel de Khavaran.
"Nous déplorons profondément cette agression scandaleuse qui porte atteinte à la mémoire de nos coreligionnaires bahá'ís décédés ainsi que la dégradation de leurs sépultures à Téhéran", dit Techeste Ahderom, principal représentant de la Communauté internationale bahá'íe aux Nations unies.
"Ces actes montrent bien que le projet de destruction de la communauté bahá'íe est mis à exécution et, bien que peu surprenants, ils n'en demeurent pas moins outrageants."

(One Country n°15, p.11)


13.3.3. "INFIDÈLE NON PROTÉGÉ"

Rédigée en avril 1979, la nouvelle Constitution de la République réserve une mention spéciale aux droits des minorités chrétienne, juive et zoroastrienne en Iran, qu'elle protège. Quant aux droits de la communauté bahá'íe, pourtant la plus forte minorité religieuse du pays, ils sont passés sous silence.
En vertu du concept iranien d'un gouvernement islamique, cette exclusion a fini par signifier que les bahá'ís ne jouissent d'aucun droit de quelque nature que ce soit, et qu'ils peuvent être attaqués et persécutés en toute impunité. Les tribunaux de la République leur refusent le droit à réparation ou à la protection contre les violences et voies de fait, les assassinats et autres formes de persécution. Ils ont décrété que le citoyen iranien qui tuerait ou blesserait un bahá'í ne serait pas tenu responsable des dommages causés, du fait que leur victime est un "infidèle non protégé".
Interdits de toute revendication de droits civils, les bahá'ís qui vivent au sein de la société iranienne ont vu leur situation se dégrader rapidement. En mars 1979, la maison du Báb, le sanctuaire bahá'í le plus sacré d'Iran, est confisquée par le gouvernement, qui la confie à un religieux musulman connu pour ses activités anti-bahá'íes. En septembre, la maison est détruite par la foule sur l'instigation des mullahs et des hauts fonctionnaires du Ministère des Affaires religieuses.
En novembre 1979, un édit du Ministère de l'Éducation nationale exige non seulement le renvoi de tous les enseignants bahá'ís, mais aussi le remboursement par eux à l'État de tous les traitements préalablement perçus.
Au moins 7 bahá'ís seront mis à mort en 1979. Deux d'entre eux sont exécutés sur l'ordre du gouvernement, et un est pendu en prison. Les autres sont battus à mort, ou encore simplement tués au cours d'incidents locaux.

(La Question bahá'íe, p. 14-16)


13.3.4. EXÉCUTIONS

Encouragé par son influence grandissante dans tous les secteurs de la vie iranienne, le clergé décide en 1980 de "décapiter l'hérésie bahá'íe" en s'en prenant à ses dirigeants, convaincus que la majorité des bahá'ís succomberaient alors aux pressions sociales et renieraient leur Foi.
Ainsi, plus de la moitié des bahá'ís exécutés en Iran depuis 1979 étaient membres des conseils administratifs de la communauté, aux échelons local et national, appelés Assemblées spirituelles.
Au nombre des premiers dirigeants bahá'ís visés figurait un membre hautement considéré de la communauté bahá'íe de Téhéran, M. Yousouf Sobhani. Suivront les exécutions du président de l'Assemblée spirituelle locale de Tabriz et d'un autre de ses membres le 14 juillet 1980, celle d'un membre de l'Assemblée spirituelle de la ville de Rasht le 16 juillet 1980, ainsi que celle de deux éminents porte-parole de la communauté à Téhéran le 30 juillet et le 15 août 1980.
Le 21 août 1980, les 9 membres de l'Assemblée spirituelle nationale des bahá'ís d'Iran, conseil administratif bahá'í à l'échelon national, sont arrêtés et portés disparus sans laisser de trace. Il semble certain qu'ils aient été exécutés.
En 1980, 24 bahá'ís au moins seront tués en Iran; 20 d'entre eux seront exécutés sur ordre du gouvernement, les autres lapidés, assassinés, ou brûlés vifs.
Malgré les protestations de plus en plus nombreuses de la communauté internationale, le nombre des exécutions continue de croître jusqu'en 1981. A la fin de l'été de cette année-là, les tribunaux révolutionnaires condamnaient ouvertement les bahá'ís à mort pour des motifs purement religieux et ne s'en cachaient pas dans la presse iranienne. Le procureur général, M. Siyyid Moussavi-Tabrizi, avait déclaré sans ambages: "Le Coran ne reconnaît le statut de communauté religieuse qu'aux peuples du Livre. Les autres sont des païens et les païens doivent être éliminés." En vertu du droit islamique iranien, "les peuples du Livre" comprennent exclusivement les musulmans, les juifs, les chrétiens et, par dispense spéciale, les zoroastriens.
En convoquant de nouvelles élections, les bahá'ís d'Iran vont alors reconstituer leur Assemblée spirituelle nationale, mais celle-ci sera une fois de plus décapitée par l'exécution de huit de ses membres, le 27 décembre 1981. En tout, ce sont 48 bahá'ís qui seront tués en 1981, tous exécutés sur l'ordre du Gouvernement à l'exception de deux d'entre eux.
Les exécutions vont se poursuivre à une cadence rapide tout au long de 1982, 1983 et 1984. Au moins 32 bahá'ís sont exécutés ou tués en 1982, 29 en 1983, et 30 en 1984. Là encore, les cibles sont souvent des membres des conseils administratifs de la communauté. Quatre membres de l'Assemblée spirituelle nationale nouvellement réélue sont exécutés en 1984, même si à cette époque et conformément à un décret gouvernemental, l'institution avait été dissoute et ses membres n'exerçaient plus aucune fonction officielle dans la communauté bahá'íe.
L'une des exécutions les plus spectaculaires a lieu en juin 1983, lorsque 10 femmes bahá'íes iraniennes, dont 2 adolescentes, sont pendues. La charge principale retenue contre elles: enseigner les enfants de classes d'études bahá'íes - l'équivalent du catéchisme en Occident.
Pour leur faire renier leur foi, on les a soumises à d'intenses tortures physiques et psychologiques - solution presque toujours adoptée à l'égard des prisonniers bahá'ís - mais en vain, comme d'ailleurs pour la plupart de leurs coreligionnaires arrêtés. Le fait même que le choix d'abjurer leur foi contre la promesse de les libérer était offert à tant de bahá'ís, est la meilleure preuve du caractère strictement religieux de leur persécution.
Parmi les signes les plus caractéristiques et les plus inquiétants de la poursuite des efforts contre les bahá'ís, figure l'exécution, en mars 1992, d'un homme d'affaires de Téhéran, M. Bahman Samandari.
L'assassinat de M. Samandari a fait l'effet d'une bombe, à la fois dans la communauté mondiale bahá'íe et sur ceux qui, dans la communauté internationale, s'emploient à protéger les droits de l'homme. Après trois années pendant lesquelles aucun bahá'í n'avait été exécuté sur ordre du gouvernement, M. Samandari, gérant d'une agence de voyage renommée de Téhéran, est sommé par les autorités de se rendre à la prison d'Evin le 17 mars 1992, sans autre explication. Le jour suivant, il était secrètement exécuté sans aucune charge ni jugement.
D'autres incidents inquiétants devaient se produire en 1992. Le 17 juin 1992, M. Ruhu'llah Ghedami, bahá'í du village de Muzaffariyyih, était brutalement assassiné par deux frères, membres des forces disciplinaires du gouvernement iranien. M. Ghedami est le deuxième bahá'í victime de la haine religieuse dans ce pays depuis mars 1992. Il semblerait que les assassins aient agi dans la perspective de l'impunité, du fait que les bahá'ís d'Iran ne jouissent d'aucune protection en vertu de la Constitution de la République islamique d'Iran.

(La Question bahá'íe, pp. 16-18-33-35)


13.4. Défense

13.4.1. SOUTIEN INTERNATIONAL

A la date de 1994, la Commission des droits de l'homme des Nations unies avait déjà adopté 11 résolutions exprimant son inquiétude face aux violations des droits de l'homme rapportées en Iran. Chacun de ces textes consacre une mention particulière à la situation de la communauté bahá'íe dans ce pays. La référence spécifique à une communauté religieuse est très inhabituelle pour la Commission, qui se contente normalement d'exprimer son inquiétude de façon diplomatique et de faire des références générales aux accusations de violations des droits de l'homme et de discrimination.
Dans la foulée de la Commission des droits de l'homme, l'Assemblée générale de l'ONU a elle-même approuvé de 1985 à 1994 huit résolutions qui font spécifiquement référence à la situation des bahá'ís en Iran et où elle exprime l'inquiétude que lui causent les violations des droits de l'homme rapportées dans ce pays.
L'attention portée par l'ONU au dossier bahá'í se distingue notamment par l'enquête en cours sur la situation des droits de l'homme en Iran, menée par un expert des droits de l'homme et professeur de droit, M. Reynaldo Galindo Pohl, originaire d'El Salvador. M. Galindo Pohl avait été nommé Représentant spécial pour l'Iran de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, en 1986, à la suite de la démission de l'ancien Représentant spécial, M. Andres Aguilar, originaire du Venezuela, en poste depuis 1984. M. Galindo Pohl a rédigé une série de rapports sur la situation des droits de l'homme en Iran, et s'est rendu à trois reprises dans ce pays pour son enquête.
Bien qu'il ait rédigé ses rapports dans le langage diplomatique contraignant qui est de mise au sein du système des Nations unies, M. Galindo Pohl a néanmoins réussi, au fil des ans, à dresser la liste complète des violations et des persécutions infligées à la communauté bahá'íe d'Iran.
Outre les efforts de l'ONU et de ses organes et institutions subsidiaires, de nombreuses législations nationales et régionales ont condamné le traitement infligé par l'Iran aux bahá'ís ces dix dernières années. Des témoignages de sympathie à leur endroit ont afflué du Conseil de l'Europe, du Parlement Européen, du Congrès des États-Unis d'Amérique, et des parlements de l'Australie, du Canada, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Norvège et du Royaume-Uni, entre autres. De nombreux chefs d'état et de gouvernement ont également exprimé leur consternation face au traitement infligé aux bahá'ís par l'Iran.
Des organisations internationales ou nationales non gouvernementales se sont également mobilisées pour la défense des bahá'ís d'Iran. Amnesty International, le Groupe des Droits des Minorités et la Middle East Watch entre autres surveillent de près leur situation en Iran et ont publié de longs rapports qui confirment les persécutions dont ils sont victimes.
La presse mondiale, de son côté, n'a pas été en reste. Des articles et éditoriaux importants, qui décrivent, confirment et condamnent les persécutions des bahá'ís, ont paru dans des journaux comme Le Monde, le Times of London, le New York Times, le Washington Post, The Economist, et le Times of India. Les agences de presse Associated Press, Reuters et France Presse ont elles aussi diffusé de nombreux communiqués évoquant la persécution des bahá'ís en Iran et la réaction des organisations et institutions internationales.
En fait, l'affaire des bahá'ís, est à de nombreux égards, un modèle d'expérimentation du dispositif international pour la protection des droits d'une minorité opprimée. Grâce au soutien international apporté aux bahá'ís, le génocide de la communauté bahá'íe d'Iran a pu jusqu'ici être évité.

(La Question bahá'íe pp.29-32)


13.4.2. RÉACTIONS OFFICIELLES DES NATIONS UNIES

Depuis 1980, les organismes des Nations unies chargés de la surveillance des droits de l'homme expriment leur préoccupation quant à la situation tragique de la minorité religieuse bahá'íe en Iran. Cette démonstration d'intérêt de la part de la communauté internationale a joué un rôle essentiel en ce qu'elle a modéré les actions des autorités iraniennes et a assuré une certaine forme de sécurité à la communauté bahá'íe.
En 1985, la question est, pour la première fois, inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée générale. Celle-ci adopte alors une résolution exprimant sa préoccupation profonde quant à la situation des droits de l'homme en Iran et décide de continuer à examiner la question, "dont notamment la situation des groupes minoritaires tels que les bahá'ís", lors de sa quarante-et-unième session en 1986. La question apparaît donc à nouveau à l'ordre du jour de la quarante-et-unième session de l'Assemblée générale.
Voici un bref historique du traitement de cette question par les Nations unies:

* 1980

La résolution 10 (XXXIII) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités exprime sa profonde préoccupation quant au sort des bahá'ís, tant sur le plan individuel que collectif, et invite le Gouvernement iranien à protéger leurs libertés et leurs droits individuels fondamentaux.

* 1981

La résolution 8 (XXXIV) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités attire l'attention de la Commission des droits de l'homme sur la situation périlleuse à laquelle font face les bahá'ís et prie le Secrétaire général de faire rapport sur leur triste sort lors de la prochaine session de la Commission.

* 1982

La résolution 1982/27 de la Commission des droits de l'homme prend note du rapport du Secrétaire général sur les bahá'ís et le prie de se mettre directement en contact avec le Gouvernement iranien et de poursuivre ses efforts destinés à assurer aux bahá'ís la jouissance pleine de leurs droits individuels et de leurs libertés fondamentales.
Une préoccupation sérieuse pour la minorité bahá'íe a été exprimée par les membres du Comité des droits de l'homme lors de sa seizième session, au terme de leurs discussions avec des représentants du Gouvernement iranien sur le rapport préliminaire soumis par le Gouvernement de la République islamique d'Iran conformément à ses obligations d'établissement de rapports en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
La résolution 1982/25 de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités rappelle ses résolutions antérieures sur la situation pénible des bahá'ís et exprime sa préoccupation constante concernant les violations des droits de l'homme en Iran.

* 1983

La résolution 1983/34 de la Commission des droits de l'homme exprime sa profonde préoccupation quant à la persécution religieuse dont sont l'objet les bahá'ís et prie le Secrétaire général de poursuivre ses contacts directs avec le Gouvernement iranien sur la question des droits de l'homme dans ce pays, "y compris la situation des bahá'ís".
La résolution 1983/14 de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités exprime sa profonde préoccupation quant à la persécution religieuse continue dont sont l'objet les bahá'ís et suggère à la Commission des droits de l'homme de nommer un Rapporteur spécial chargé d'étudier la situation des droits de l'homme en Iran.

* 1984

La résolution 1984/54 de la Commission des droits de l'homme exprime sa préoccupation quant à la minorité bahá'íe et prie son président de nommer un Représentant spécial chargé de prendre contact avec le Gouvernement iranien et de mener une étude approfondie sur la situation des droits de l'homme en Iran.
La décision 1984/138 du Conseil économique et social approuve la décision de la Commission de nommer un Représentant spécial.
La résolution 1984/14 de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités exprime son inquiétude face aux violations flagrantes et constantes des droits de l'homme en Iran, comprenant la persécution religieuse des bahá'ís, et accueille favorablement la décision de la Commission de nommer un Représentant spécial.
* 1985

Le rapport préliminaire du Représentant spécial de la Commission des droits de l'homme exprime la grande préoccupation que lui causent le nombre et la gravité des allégations de violations des droits de l'homme en Iran, y compris le déni du droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion.
La résolution 1985/39 de la Commission des droits de l'homme approuve les observations générales de son Représentant spécial, exprime sa profonde préoccupation quant au nombre et à la gravité des allégations de violations des droits de l'homme dont atteste son rapport préliminaire, prolonge son mandat et le prie de "...présenter un rapport intérimaire à l'Assemblée générale, à sa quarantième session, sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires tels que les bahá'ís..."
La décision 1985/148 du Conseil économique et social approuve la décision de la Commission.
La résolution 1985/17 de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités accueille favorablement la décision de la Commission, exprime son inquiétude face aux rapports continus de violations flagrantes des droits de l'homme et des libertés fondamentales en Iran, "plus particulièrement face aux preuves de persécution à l'endroit de la minorité religieuse bahá'íe..." et exprime l'espoir de voir les premiers contacts du Gouvernement iranien avec le Représentant spécial aboutir à une coopération positive.
La résolution 40/41 de l'Assemblée générale "exprime sa profonde préoccupation au sujet des allégations concrètes et détaillées relatives à des violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, dont fait état dans son rapport intérimaire le Représentant spécial et, en particulier, des violations concernant le droit à la vie, telles que les exécutions sommaires et arbitraires; le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants; le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement; le droit à un jugement équitable; le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression; et le droit des minorités religieuses de professer et de pratiquer leur propre religion" (paragraphe 2 du dispositif);
"Décide de poursuivre au cours de sa quarante-et-unième session son examen de la situation des droits des groupes minoritaires tels que les bahá'ís, de manière à réexaminer cette situation en fonction des éléments nouveaux apportés par la Commission des droits de l'homme et le Conseil économique et social" (paragraphe 8 du dispositif);
* 1986

La résolution 1986/41 de la Commission des droits de l'homme "exprime sa profonde préoccupation au sujet des allégations concrètes et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, dont le Représentant spécial fait état dans son rapport"; approuve sa conclusion à l'effet que "les allégations concrètes et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme" en Iran ne peuvent être ignorées; décide de prolonger le mandat du Représentant spécial ainsi que sa prière au Représentant spécial de soumettre des rapports lors de la quarante-et-unième session de l'Assemblée générale et de la quarante-troisième session de la Commission.
Le 14 juillet 1986, il a été annoncé qu'en réponse à cette prière, le président de la Commission avait nommé M. Reynaldo Galindo Pohl à titre de Représentant spécial de la Commission.
La résolution 41/159 de l'Assemblée générale "exprime sa profonde préoccupation au sujet des allégations concrètes et détaillées relatives à des violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran et, en particulier, des violations concernant le droit à la vie, telles que les exécutions sommaires et arbitraires, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression et le droit des minorités religieuses de professer et de pratiquer leur propre religion;"
"Prie la Commission des droits de l'homme d'étudier soigneusement le rapport final du Représentant spécial, ainsi que toutes autres informations relatives à la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, et d'examiner de nouvelles mesures en vue d'assurer à tous les habitants de ce pays le respect effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales;"
"Décide de poursuivre l'examen de la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires tels que les bahá'ís, au cours de sa quarante-deuxième session..."

* 1987

La résolution E/CN.4/RES/1987/55 (11.3.1987) de la Commission des droits de l'homme, rappelant sa résolution 1986/41, prolonge le mandat du Représentant spécial d'une année; le prie de présenter un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme y compris celle des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís; regrette "que le Gouvernement de la République islamique d'Iran n'ait pas à cette date communiqué d'observations ou d'informations au Représentant spécial, et ne l'ait pas autorisé à se rendre dans le pays"; exprime à nouveau "sa profonde préoccupation devant les allégations nombreuses et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme généralisées dont le Représentant spécial fait état dans son rapport (E/CN.4/1987/23) et, en particulier, devant les allégations relatives aux violations concernant le droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression et le droit des minorités religieuses de professer et de pratiquer leur propre religion"; prie "le Représentant spécial de présenter à l'Assemblée générale à sa quarante-deuxième session un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís...."
La décision 1987/150 du Conseil économique et social (ECOSOC) approuve la décision de la Commission de prolonger le mandat du Représentant spécial.
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1987/12 (1.9.1987) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités se réfère à "différente résolutions et à divers documents d'autres organismes et organisations internationaux, y compris des résolutions adoptées par le Parlement européen et le Conseil de l'Europe... qui expriment tous la profonde inquiétude que leur causent "les violations des droits de l'homme et les violations des droits les plus fondamentaux des minorités ethniques et religieuses..."; apprend "avec une inquiétude renouvelée que le nombre des personnes exécutées par le régime au pouvoir dans la République islamique d'Iran, y compris notamment les bahá'ís, dépasse maintenant 70 000..."; exprime "sa profonde préoccupation devant les graves violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales, tels que...le droit à la liberté de croyance et de religion..."; "proteste fermement auprès de la République islamique d'Iran contre le mépris continu dont fait preuve cette dernière à l'égard de la Charte des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme"; et "prie le Secrétaire général de porter à la connaissance de l'Assemblée générale, de la Commission des droits de l'homme et de son Représentant spécial les informations reçues de la Sous-Commission sur les graves violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la République islamique d'Iran."
La résolution 42/136 (7.12.1987) de l'Assemblée générale prend note de la résolution 1987/55 de la Commission en priant le Représentant spécial "de soumettre un rapport intérimaire à l'Assemblée générale à sa quarante-deuxième session sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís..."; exprime une fois de plus "sa profonde préoccupation devant les allégations nombreuses et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran notées par le Représentant spécial dans son rapport, à savoir les violations concernant le droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression et le droit des minorités religieuses de professer et de pratiquer leur propre religion"; exprime "bien que le Représentant spécial signale, selon les informations qui lui ont été transmises, une diminution du nombre des violations concernant le droit à la vie ces deux dernières années, son inquiétude sérieuse notamment devant les quelque cent personnes exécutées entre octobre 1986 et septembre 1987 en raison de leurs convictions politiques et religieuses"; exprime "sa préoccupation profonde devant les allégations selon lesquelles les mauvais traitements et la torture, tant physiques que psychologiques, sont pratique courante dans les prisons iraniennes en cours d'interrogatoire, mais aussi avant et après le jugement définitif, devant le recours à des procédures extrêmement sommaires et irrégulières, le fait que les accusés ne soient pas informés des motifs précis retenus contre eux, l'absence d'assistance juridique, et diverses autres irrégularités empêchant un procès équitable"; fait sienne "la conclusion du Représentant spécial selon laquelle il continue de se produire dans la République islamique d'Iran des actes incompatibles avec les dispositions des instruments internationaux..."; décide de "poursuivre l'examen de la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, à sa quarante-troisième session..."

* 1988

La résolution E/CN.4/RES/1988/69 (10.3.1988) de la Commission des Droits de l'Homme rappelle sa décision de prier le Représentant spécial de présenter un rapport intérimaire à l'Assemblée générale sur la situation des droits de l'homme y compris celles des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís; exprime "à nouveau sa profonde préoccupation devant les allégations nombreuses et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme...en particulier les violations concernant le droit à la vie, ...le droit à la liberté de pensée , de conscience et de religion et à la liberté d'expression..."; prie "le Représentant spécial de présenter à l'Assemblée générale à sa quarante-troisième session un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme , y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, ainsi qu'un rapport final à la Commission à sa quarante-cinquième session."
La décision 1988/137 de l'ECOSOC approuve la décision de la Commission de prolonger le mandat du Représentant spécial. Cette décision se réfère aussi à la résolution 1984/54 de la Commission.
La résolution 43/137 (8.12.1988) de l'Assemblée générale prend note de la résolution 1988/69 de la Commission en priant le Représentant spécial "de soumettre à l'Assemblée générale à sa quarante-troisième session un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís..."; note "les contacts récents entre le Représentant spécial et le Gouvernement de la République islamique d'Iran, qui, espère-t-on, déboucheront sur une totale coopération entre le Représentant spécial et ce gouvernement, y compris une visite du Représentant spécial en République islamique d'Iran, afin qu'il puisse s'acquitter de son mandat"; note "que les bahá'ís continuent d'être soumis à diverses formes de vexations et de discrimination en République islamique d'Iran, bien qu'il y ait des indications que l'intensité de la campagne de persécution dont ils font l'objet a quelque peu diminué ces derniers mois et qu'un certain nombre d'entre eux ont été relâchés"; exprime à nouveau "sa profonde préoccupation au sujet des allégations nombreuses et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran dont le Représentant spécial fait état dans son rapport, à savoir les violations concernant le droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression et le droit des minorités religieuses de professer et de pratiquer leur propre religion"; exprime "sa préoccupation profonde devant le recours à des procédures extrêmement sommaires, improvisées et irrégulières, le fait que les accusés ne soient pas informés des motifs précis retenus contre eux, l'absence d'assistance juridique, l'absence d'une instance d'appel appropriée et diverses autres irrégularités empêchant un procès équitable selon les normes internationales"; fait sienne "la conclusion du Représentant spécial selon laquelle il continue de se produire dans la République islamique d'Iran des actes incompatibles avec les dispositions des instruments internationaux..."; décide de "poursuivre l'examen de la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, à sa quarante-quatrième session..."

* 1989

La résolution E/CN.4/RES/1989/66 (7.3.1989) de la Commission des Droits de l'Homme rappelant "...la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís..."; note que "l'incertitude continue de peser sur la situation des bahá'ís dans la République islamique d'Iran"; exprime à nouveau "sa profonde préoccupation au sujet des allégations nombreuses et détaillées relatives à de graves violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran dont le Représentant spécial fait état dans son rapport, à savoir les violations concernant le droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression"; prie "le Représentant spécial de présenter à l'Assemblée générale à sa quarante-quatrième session un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme , y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, ainsi qu'un rapport final à la Commission à sa quarante-sixième session."
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1989/10 (31.8.1989) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités prend note "de nombreux rapports établis par des rapporteurs spéciaux de l'Organisation des Nations unies et par des organisations non gouvernementales, ..."; se déclare préoccupée "aussi par des informations concernant le déni du droit qu'ont les minorités de jouir de leur propre culture et de professer et pratiquer leurs propres convictions"; se déclare "préoccupée en outre par des informations concernant la persécution et la détention de membres de la communauté bahá'íe en République islamique d'Iran."
La résolution 44/163 (15.12.1989) de l'Assemblée générale prend acte "en l'appréciant du rapport intérimaire du Représentant spécial de la Commission des droits de l'homme"; prend acte de la recommandation du Représentant spécial, qui estime que, pour aboutir à une pleine coopération entre le Gouvernement iranien et le Représentant spécial, il faut passer à une autre phase dans l'accomplissement du mandat du Représentant spécial"; note "avec satisfaction l'invitation à se rendre en Iran que la République islamique d'Iran a adressée au Représentant spécial"; décide de poursuivre l'examen de la situation... à sa quarante-cinquième session."

* 1990

La résolution E/CN.4/RES/1990/79 (7.3.1990) de la Commission des droits de l'homme prend note "des constatations du Représentant spécial au sujet de la situation des bahá'ís en République islamique d'Iran"; exprime "sa préoccupation devant le fait que les témoignages recueillis par le Représentant spécial font état des mêmes violations que celles dénoncées précédemment, à savoir exécutions illégales, tortures, cas de personnes incarcérées pour d'autres, prolongation de l'emprisonnement au-delà du délai fixé dans la sentence, décisions motu proprio prises par des fonctionnaires de rang inférieur et absence d'avocat de la défense, ainsi que des restrictions au droit de réunion..."; prie " le Représentant spécial de soumettre à l'Assemblée générale à sa quarante-cinquième session un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, ainsi qu'un rapport final à la Commission à sa quarante-septième session."
La décision 1990/243 de l'ECOSOC approuve la décision de la Commission de prolonger le mandat du Représentant spécial.
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1990/9 (30.8.1990) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités note "que l'incertitude continue de peser sur la situation des bahá'ís en République islamique d'Iran"; exprime "sa profonde préoccupation face aux graves violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, à savoir les violations concernant le droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression ..."; décide "d'examiner la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís, à sa quarante-troisième session".
La résolution 45/173 518.12.1990) de l'Assemblée générale notant "les constatations du Représentant spécial au sujet de la situation des bahá'ís en République islamique d'Iran"; engage "la République islamique d'Iran à redoubler d'efforts pour enquêter sur les problèmes relatifs aux droits de l'homme soulevés par le Représentant spécial dans son rapport et à y remédier, notamment en ce qui concerne l'administration de la justice et le respect de la légalité, de façon à se conformer aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel elle est partie, et à garantir à tous les individus qui se trouvent sur son territoire et sont soumis à sa juridiction, y compris les groupes religieux, la jouissance des droits reconnus dans ces instruments"; constate "que la République islamique d'Iran coopère plus activement avec le Représentant spécial, notamment en répondant aux allégations qui ont été portées à son attention, et prie instamment le Gouvernement de répondre en détail à toutes ces allégations".

* 1991

La résolution E/CN.4/RES/1991/82 (7.3.1991) de la Commission des droits de l'homme prenant à nouveau acte "des constatations du Représentant spécial sur la situation des bahá'ís en République islamique d'Iran"; se félicite "de la coopération accordée par le Gouvernement iranien au Représentant spécial ainsi que de l'intention de ce gouvernement de poursuivre sa coopération avec le Représentant spécial"; prie "le Représentant spécial de garder le contact avec le gouvernement et de continuer de coopérer avec lui...et d'indiquer si l'Iran respecte davantage les recommandations contenues dans son rapport, en vertu du mandat que lui attribue la Commission des droits de l'homme dans sa résolution 1984/54 du 14 mars 1984"; prie aussi le Représentant spécial "de soumettre à l'examen de la Commission un rapport pour que celle-ci juge de l'opportunité d'une cessation de son mandat en cas de progrès accomplis dans l'application des recommandations".
La décision 1991/261 de l'ECOSOC approuve la demande de la Commission au Représentant qui le prie de maintenir ses contacts avec le gouvernement de la République islamique d'Iran et de continuer à coopérer avec lui, ainsi que de rendre compte des progrès enregistrés.
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1991/9 (23.8.1991) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités constate "que la situation de la communauté bahá'íe en République islamique d'Iran est toujours aussi alarmante"; exprime "sa profonde inquiétude devant la recrudescence des graves violations des droits de l'homme en République islamique d'Iran, en particulier celles qui ont trait au droit à la vie, le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des traitements ou autres peines cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la liberté et à la sécurité de la personne et le droit de ne pas être arrêté ni détenu arbitrairement, le droit à un jugement équitable, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et à la liberté d'expression, et demande à la Commission des droits de l'homme, à sa quarante-huitième session, de prolonger le mandat du Représentant spécial et de continuer à suivre la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran"; décide "d'examiner la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires tels que la communauté bahá'íe, à sa quarante-quatrième session".

* 1992

La résolution E/CN.4/RES/1992/67 (4.3.1992) de la Commission des droits de l'homme prend acte "avec satisfaction du rapport du Représentant spécial de la Commission (E/CN.4/1992/34) et des observations qui y figurent"; se déclare "profondément préoccupé par les informations qui continuent de faire état de violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran"; se déclare "préoccupé plus précisément par les principales faiblesses, identifiées par le Représentant spécial, de la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, à savoir le non-respect des règles de la légalité, le traitement discriminatoire de certains groupes de citoyens en raison de leurs convictions religieuses, en particulier les bahá'ís..."; se félicite "que le Gouvernement de la République islamique d'Iran ait autorisé le Représentant spécial à se rendre dans le pays et ait continué à répondre aux allégations de violations des droits de l'homme qu'il lui a transmises"; engage le Gouvernement "à veiller à ce que toutes les personnes qui vivent sur son territoire et relèvent de sa juridiction, y compris les groupes religieux, jouissent des droits reconnus dans les instruments internationaux"; décide "de prolonger le mandat du Représentant spécial en le priant de soumettre à l'Assemblée générale à sa quarante-septième session un rapport intérimaire"; décide "de poursuivre, à titre prioritaire, lors de sa quarante-neuvième session, l'examen de la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la République islamique d'Iran".
La décision 1992/239 de l'ECOSOC approuve la décision de la Commission de prolonger le mandat du Représentant spécial et de prier ce dernier de soumettre un rapport intérimaire à la quarante-septième session de l'Assemblée générale et un rapport final à la quarante-neuvième session de la Commission.
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1992/15 (27.8.1992) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités constate "en particulier que la situation des bahá'ís en République islamique d'Iran reste une source de préoccupation"; condamne "la poursuite des violations graves des droits de l'homme par le Gouvernement de la République islamique d'Iran, et en particulier: (d) la reprise des persécutions contre les minorités religieuses et les exécutions sommaires de bahá'ís".
La résolution 47/146 (18.12.1992) de l'Assemblée générale se déclare "préoccupée par les informations qui continuent de faire état de violations des droits de l'homme en République islamique d'Iran"; se déclare "préoccupée plus précisément par les principales critiques, rapportées par le Représentant spécial, de la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, à savoir le grand nombre d'exécutions, la pratique de la torture, les normes régissant l'administration de la justice, l'absence de garanties d'une procédure régulière, le traitement réservé à la communauté bahá'íe et les restrictions à la liberté d'expression, de pensée et d'opinion et à la liberté de la presse"; regrette que "le Gouvernement de la République islamique d'Iran n'ait pas autorisé le Représentant spécial à se rendre dans le pays et n'ait pas répondu aux allégations de violations des droits de l'homme"; regrette également que, comme l'a conclu le Représentant spécial, "la République islamique d'Iran, n'ait pas suffisamment tenu compte d'un grand nombre de recommandations contenues dans les rapports précédents"; décide de "poursuivre, lors de sa quarante-huitième session, l'examen de la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran au titre du point intitulé "Questions relatives aux droits de l'homme", compte tenu des nouveaux éléments que lui communiqueront la Commission des droits de l'homme et le Conseil économique et social (ECOSOC)".

* 1993

La résolution E/CN.4.RES/1992/62 (10.3.1993) de la Commission des droits de l'homme, notant "le fait que, de l'avis du Représentant spécial, aucun progrès notable n'a été enregistré en République islamique d'Iran en 1992 indiquant que l'Iran respecterait davantage les normes en matière de droits de l'homme, conformément aux instruments internationaux en vigueur", "se déclare profondément préoccupée par les informations qui continuent de faire état de violations des droits de l'homme en République islamique d'Iran"; se déclare "préoccupé plus particulièrement par les principales critiques, apportées par le Représentant spécial, au traitement discriminatoire de certains groupes de citoyens en raison de leurs convictions religieuses, en particulier les bahá'ís, "tout en regrettant que le Gouvernement de la République islamique d'Iran se refuse, depuis plus d'un an, à autoriser le Représentant spécial à se rendre dans ce pays"; engage "le Gouvernement de la République islamique d'Iran à respecter les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme auxquels la République islamique d'Iran est partie, et à veiller à ce que toutes les personnes qui vivent sur son territoire et relèvent de sa juridiction, y compris les groupes religieux, jouissent des droits reconnus dans ces instruments"; décide de "proroger d'un an le mandat du Représentant spécial", le priant "de soumettre un rapport intérimaire à l'Assemblée générale... sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris la situation des groupes minoritaires, tels que les bahá'ís", tout en poursuivant, "à titre prioritaire à sa cinquantième session", l'examen de la situation des droits de l'homme en Iran.
La résolution E/CN.4/Sub.2/RES/1993/14 (20.8.1993) de la Sous-Commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités gravement préoccupée "par la répression systématique de la communauté bahá'íe"; condamne fermement "les violations flagrantes des droits de l'homme qui continuent d'être commises par la République islamique d'Iran, en particulier: (d) Les persécutions incessantes des bahá'ís et des membres d'autres minorités religieuses"; décide d'examiner "plus avant la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, y compris la situation des femmes et des groupes minoritaires tels que les bahá'ís et les Kurdes, lors de sa quarante-sixième session".
La résolution 48/145 (20.12.1993) de l'Assemblée générale se déclare "préoccupée plus précisément par les principales critiques formulées par le Représentant spécial au sujet de la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, à savoir le grand nombre d'exécutions, de cas de torture, de traitements ou châtiments inhumains ou dégradants, les normes régissant l'administration de la justice, l'absence de garanties d'une procédure régulière, le traitement discriminatoire dont certains groupes de citoyens, notamment les bahá'ís, dont l'existence même en tant que communauté religieuse est menacée, font l'objet en raison de leur convictions religieuses, ainsi que par les restrictions à la liberté d'expression, de pensée et d'opinion et à la liberté de la presse, et par la discrimination qui, comme le Représentant spécial l'a noté, continue de s'exercer à l'encontre des femmes;" engage "le Gouvernement de la République islamique d'Iran à respecter les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel la République islamique d'Iran est partie, et à veiller à ce que toutes les personnes qui vivent sur son territoire et relèvent de sa juridiction, y compris les groupes religieux, jouissent des droits reconnus dans ces instruments;" décide "de poursuivre, lors de sa quarante-neuvième session, l'examen de la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, pour ce qui touche notamment les groupes minoritaires tels que la communauté bahá'íe, au titre du point intitulé "Questions relatives aux droits de l'homme", compte tenu de nouveaux éléments que lui communiqueront la Commission des droits de l'homme et le Conseil économique et social".

* 1994

La résolution E/CN.4/RES/1994/73 (9.3.1994) de la Commission des droits de l'homme se déclare profondément préoccupée par les informations qui continuent de faire état de violations des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran; se déclare préoccupée plus précisément par les principales critiques formulées par le Représentant spécial au sujet de la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, à savoir le grand nombre d'exécutions capitales, de cas de torture et de traitements ou châtiments inhumains ou dégradants, les normes appliquées en ce qui concerne l'administration de la justice, l'absence de garanties d'une procédure régulière, le traitement discriminatoire dont font l'objet certains groupes de citoyens en raison de leurs convictions religieuses, notamment la communauté bahá'íe, dont l'existence en tant que collectivité religieuse à part entière est menacée en République islamique d'Iran, les mauvais traitements infligés à certains chrétiens et les restrictions imposées à la liberté d'expression, de pensée et d'opinion et à la liberté de presse, ainsi que par le fait que, comme l'a noté le Représentant spécial, les femmes continuent à être victimes de discrimination; engage également le Gouvernement de la République islamique d'Iran à respecter les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel la République islamique d'Iran est partie, et à veiller à ce que toutes les personnes qui vivent sur son territoire et relèvent de sa juridiction, y compris les groupes religieux, jouissent des droits reconnus dans ces instruments; prie le Représentant spécial de présenter à l'Assemblée générale, lors de sa quarante neuvième session, un rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme dans la République islamique d'Iran, y compris en ce qui concerne les minorités, telles la communauté bahá'íe.

(La Question bahá'íe, pp. 52-58)



14. BIBLIOGRAPHIE

- DANESH Hossain, Le programme bahá'í de paix, Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'ís de France, Paris, 1989.

- Développement économique et social - l'approche bahá'íe, Bahá'í Publishing Trust, Oakham.

- HATCHER William, Les valeurs économiques et les valeurs morales, Association d'Etudes Bahá'íes d'Europe Francophone, Genève, 1989.

- La foi bahá'íe, Bahá'í Publishing Trust, Oakham.

- La grandeur qui pourrait être la leur, Maison d'Editions Bahá'íes, Bruxelles, 1997.

- La Pensée bahá'íe, Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'ís de Suisse, Berne, trimestriel.

- La Question bahá'íe - Enquête sur les perséctions des bahá'ís d'Iran (1979-1994), Communauté Internationale Bahá'íe, New-York, 1994.

- La société a-t-elle besoin de valeurs éthiques, morales, spirituelles? Association d'Etudes Bahá'íes d'Europe Francophone, Genève, 1989.

- Les Bahá'ís, Librairie Bahá'íe, Paris, 1993.

- MAISON UNIVERSELLE DE JUSTICE, La promesse de la paix mondiale, Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'ís de France, Paris, 1986.

- One Country, Communauté Internationale Bahá'íe, Paris, trimestriel.

- Valeurs nouvelles pour une économie mondiale, European Bahá'í Business Forum, Paris, 1993.


a) Dépliants et déclarations

- Application du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York, 1993.

- Citoyenneté mondiale - Une éthique universelle pour le développement durable, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York.

- Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York, 1993.

- Faire en sorte que la famille soit un lieu exempt de violence, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York, 1994.

- La Charte de la Terre, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York.

- La Communauté Internationale Bahá'íe - Historique de sa coopération active avec les Nations Unies, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York.

- La famille dans une communauté mondiale, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York, 1994.

- Le développement durable et l'esprit humain, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York.

- Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement, Communauté Internationale Bahá'íe, New-York.

- Vers une humanité prospère, Communauté Internationale Bahá'íe, Paris, 1995.


b) Les documents cités ci-dessus sont en vente et peuvent être commandés à :

• Librairie Bahá'íe, 45, rue Pergolèse, 75116 Paris, France.

• Communauté Internationale Bahá'íe, 866 United Nations Plaza, Suite 120, New-York 10017, Etats Unis.

• Maison d'Editions Bahá'íes, 205, rue du Trône, 1050 Bruxelles, Belgique.

• Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'ís de Suisse, Dufourstrasse 13, 3000 Bern, Suisse.

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