Lesen: Dieu passe pres de nous - Partie 3 - Chapitre 18


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Source : www.bahai-biblio.org
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DIEU PASSE PRES DE NOUS

Shoghi Effendi

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3ième Période: Ministère d'Abdu'l-Bahá, 1892-1921

CHAPITRE XVIII: Ensevelissement des restes du Báb sur le mont Carmel

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La libération dramatique et inattendue d'Abdu'l-Bahá, après une détention de quarante années, porta un coup aux ambitions caressées par les briseurs du covenant, coup aussi dévastateur que celui qui, dix ans plus tôt, avait brisé leurs espoirs de saper son autorité, et de l'évincer de la position que Dieu lui avait donnée. Et voilà qu'au lendemain même de sa libération triomphale, un troisième coup les frappa, aussi accablant que ceux qui le précédèrent, et à peine moins spectaculaire que les autres. Quelques mois après le décret historique qui le libéra, l'année même qui fut témoin de la chute du sultán 'Abdu'l-Hamid, ce même pouvoir venu d'en haut qui avait permis à Abdu'l-Bahá de préserver de toute violation ses droits divinement octroyés, d'établir la foi de son père sur le continent de l'Amérique du Nord et de triompher de son oppresseur royal, ledit pouvoir lui permit d'accomplir l'un des actes les plus remarquables de son ministère: le transfert des restes du Báb, de la cachette de Tihrán où ils se trouvaient, jusqu'au mont Carmel. Il attesta lui-même plus d'une fois que le transfert à bon port de ces restes, la construction d'un mausolée convenable pour les recevoir et leur inhumation finale, de ses propres mains, dans leur lieu de repos perpétuel, constituaient l'un des trois objectifs principaux que, depuis le début de sa mission, il avait considéré de son devoir d'atteindre. Cet acte mérite certes d'être classé comme un des événements les plus remarquables du premier siècle bahá'i.

Comme on l'a signalé dans un chapitre précédent, les corps mutilés du Báb et de son compagnon de martyre Mirzá Muhammad-'Ali furent ramassés sur le bord du fossé où ils avaient été jetés, au milieu de la seconde nuit qui suivit leur exécution, et grâce à l'intervention d'Hàji Sulaymàn Khàn, puis transportés dans une fabrique de soieries appartenant à l'un des croyants de Milàn. Ils furent déposés, le jour suivant, dans un coffre de bois et emmenés en lieu sûr. Ultérieurement, selon les instructions de Bahá'u'lláh, ils furent conduits à Tihrán et déposés dans le tombeau de l'Imàm-Zàdih-Hasan. Plus tard, on les transféra dans la demeure de Hàji Sulaymàn Khan lui-même, dans le quartier Sar-Chashmih de cette ville, et de là au tombeau de l'Imàm-Zàdih-Ma'sùm. Ils y restèrent cachés jusqu'en 1284 A.H. (1867-1868), quand une tablette révélée par Bahá'u'lláh à Andrinople ordonna à Mullà 'Ali-Akbar-i-Shahrnirzàdi et à jamàl-i-Burùjirdi de les transférer sans délai en quelque autre endroit, ordre qui, vu la reconstruction ultérieure de ce tombeau, se révéla comme ayant été providentiel.

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Ne pouvant trouver un emplacement convenable dans le faubourg de Sháh-'Abdu'l-'Azim, Mullà 'Ali-Akbar et son compagnon continuèrent leurs recherches jusqu'à ce que, sur la route menant à Chashmih-'Ali*, ils tombent sur le Masjid-i-Mashà'u'lláh abandonné et en ruines où ils déposèrent à l'intérieur d'un des murs, après la tombée de la nuit, leur précieux fardeau, non sans avoir d'abord réenveloppé les restes dans un linceul de soie dont ils s'étaient munis à dessein. Le jour suivant, s'apercevant, à leur grande consternation, que la cachette avait été découverte, ils transportèrent clandestinement le coffre, en passant par la porte de la ville, directement jusqu'à la maison d'un croyant, Mirzá Hasan-i-Vazir, gendre de Hàji Mirzá Siyyid 'Aliy-i-Tafrishi, le majdu'l-ashràf*, où il ne resta pas moins de quatorze mois. Le secret, longtemps gardé, de son emplacement s'étant répandu parmi les croyants, ceux-ci commencèrent à se rendre en si grand nombre dans cette maison que Mullà 'Ali-Akbar dut en informer Bahá'u'lláh et lui demander conseil à ce sujet. Hàji Sháh Muhammad-i-Manshàdim, surnommé Aminu'l-Bayán, fut alors préposé à recevoir le dépôt des mains de Mullà 'Ali-Akbar et reçut l'ordre d'observer le plus grand secret en ce qui le concernait.

Aidé par un autre croyant, Hàji Sháh Muhammad enterra le coffre sous le plancher du sanctuaire intérieur du tombeau de l'Imàm-Zàdih-Zayd; là, il passa inaperçu jusqu'à ce que Mirzá Asadu'Ilàli-i-Isfàhàni soit informé de son emplacement exact par un plan que lui envoya Bahá'u'lláh. Chargé par celui-ci de le cacher ailleurs, il emporta d'abord les restes du Báb dans sa propre maison à Tihrán. Ils furent ensuite déposés dans plusieurs lieux différents tels que la maison d'Husayn-'Aliy-i-Isfàhàni et celle de Muhammad-Karim-i-'Attàr où ils restèrent cachés jusqu'en 13 16 A.H. (1899). Cette année-là, conformément aux instructions données par Abdu'l-Bahá, ce même Mirzá Asadu'llàh les transporta, avec quelques autres croyants, à travers Isfàhàn, Kirmànshà, Balyhdàd et Damas jusqu'à Beyrouth, et de là, par mer, à 'Akká, arrivant à destination le 19 du mois de ramadàn 1316 A.H. (31 janvier i8qq), cinquante années lunaires après l'exécution du Báb à Tabriz.

Dans l'année même où ce précieux dépôt atteignait les rivages de la Terre sainte pour être remis entre les mains d'Abdu'l-Bahá, celui-ci, accompagné par le Dr Ibràhim Khayru'lláh qu'il avait déjà honoré des titres de "Pierre de Bahá", "le second Colomb", "le Conquérant de l'Amérique", se rendit en auto au terrain récemment acheté, qui avait été béni et choisi par Bahá'u'lláh sur le mont Carmel; et là, de ses propres mains, il posa la première pierre de l'édifice dont il allait entreprendre la construction quelques mois plus tard. A peu près à cette époque, le sarcophage de marbre destiné à abriter le corps du Báb, une offrande d'amour des bahá'is de Rangoon, était terminé et, à la suggestion d'Abdu'l-Bahá, fut acheminé par bateau vers Haïfa.

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Il est inutile de s'appesantir sur les multiples problèmes et préoccupations qui, pendant presque dix années, continuèrent à assaillir 'Abdu'l-Bahá jusqu'à l'heure victorieuse où il fut capable de mener à bonne fin la tâche historique que lui avait confiée son père. Les risques et dangers rencontrés par Bahá'u'lláh et plus tard par son fils, dans leurs efforts pour assurer, pendant un demi-siècle, la protection de ces restes, n'étaient qu'un prélude aux graves dangers que, à une époque ultérieure, le Centre du covenant eut à affronter au cours de la construction de l'édifice destiné à les recevoir, et même jusqu'à l'heure de son élargissement définitif.

Les négociations prolongées avec le propriétaire, malin et intéressé, du terrain à bâtir, qui, sous l'influence des briseurs du covenant, refusa de vendre pendant longtemps, le prix exorbitant demandé tout d'abord pour l'ouverture d'une route conduisant à ce lieu - route indispensable pour les travaux -, les objections sans fin soulevées par les fonctionnaires de tous grades dont les soupçons facilement éveillés durent être apaisés par des explications et des assurances répétées de la part d'Abdu'l-Bahá, la situation dangereuse résultant des accusations monstrueuses portées par Mirzá Muhammad-'Ali et ses associés, concernant le caractère et le but de cette construction, les délais et les complications causés par la longue absence imposée à Abdu'l-Bahá hors de Haïfa, ce qui l'empêcha par conséquent de diriger en personne la vaste entreprise qu'il avait commencée, tous ces faits constituent les principaux obstacles qu'il dut, à une période aussi critique de son ministère, affronter et surmonter, avant de pouvoir exécuter complètement le plan dont Bahá'u'lláh lui avait indiqué les grandes lignes, à l'occasion d'une de ses visites au mont Carmel.

" Chaque pierre de cet édifice, chaque pierre de la route qui y conduit", l'entendit on remarquer souvent, " m'ont coûté une peine inouïe et une infinité de larmes pour les soulever et les mettre en place." " Une nuit", observa-t-il une fois, d'après un témoin oculaire, "j'étais tellement rongé d'inquiétude que mon seul recours fut de réciter et répéter sans fin une prière du Báb que je possédais, ce qui me calma beaucoup. Le matin suivant, le propriétaire du terrain vint lui-même nie voir, s'excusa et me pria d'acheter sa propriété."

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Finalement, l'année même où son royal adversaire perdit son trône, et au moment de l'ouverture de la première convention bahá'i américaine, convoquée à Chicago dans le but de créer une organisation nationale permanente chargée de construire le Mashriqu'l-Adhkár, 'Abdu'l-Bahá mena son entreprise à une heureuse fin, en dépit des intrigues incessantes d'ennemis de l'intérieur et de l'extérieur. Le 2 8 du mois de safar 1327 A.H., jour du premier Naw-Rùz (1909) qu'il célébra après sa libération de prison, 'Abdu'l-Bahá fit transporter le sarcophage de marbre, avec beaucoup de peine, dans le caveau préparé pour lui et, dans la soirée, à la lueur d'une simple lampe, il plaça à l'intérieur, de ses propres mains - en présence des croyants venus de l'Orient et de l'Occident, et dans des circonstances à la fois solennelles et émouvantes -, le coffre de bois contenant les restes sacrés du Báb et de son compagnon.

Lorsque tout fut fini et que la dépouille terrestre du prophète martyr de Shiráz fut, à la fin, déposée sans dommage sur les pentes de la sainte montagne de Dieu, pour son éternel repos, 'Abdu'l-Bahá, qui avait enlevé son turban, retira ses chaussures et, rejetant son manteau, s'inclina bien bas sur le sarcophage encore ouvert. Sa chevelure blanc d'argent ondoyant autour de sa tête, le visage transfiguré et lumineux, il appuya son front sur le bord du cercueil de bois et, sanglotant avec force, il versa tant de larmes que tous ceux qui étaient présents pleurèrent avec lui. Cette nuit-là, il ne put dormir, tant l'émotion le terrassait.

" La plus heureuse nouvelle", écrivit-il plus tard dans une tablette annonçant cette glorieuse victoire à ses fidèles, "c'est que le corps saint et lumineux du Báb..., après avoir été déplacé, pendant soixante ans, d'un endroit à un autre à cause des ennemis qui avaient le dessus et dans la crainte des gens malveillants -, et n'avoir connu ni paix ni repos, ce corps a été, grâce à la miséricorde de la Beauté Abhá, déposé avec solennité, le jour du Naw-Ruz, dans son cercueil sacré, à l'intérieur du tombeau élevé sur le mont Carmel ... Par une étrange coïncidence, en ce même jour du Naw-Ruz, un câblogramme fut reçu de Chicago, annonçant que les croyants de chacun des centres américains avaient élu un délégué et l'avaient envoyé dans cette ville, et qu'ils avaient définitivement décidé de l'emplacement et de la construction du Mashriqu'l-Adhkár."

Avec le transfert, sur le mont Carmel, des restes du Báb - dont l'avènement marque le retour du prophète Elie - et leur ensevelissement dans cette sainte montagne, non loin de la caverne de ce prophète lui-même, le plan si glorieusement envisagé par Bahá'u'lláh au soir de sa vie était enfin réalisé, et les travaux ardus effectués pendant les premières années troublées du ministère du Centre choisi de son covenant étaient couronnés d'un succès immortel. Un foyer d'illumination et de pouvoir divins, dont les cendres mêmes avaient, selon ses dires, inspiré 'Abdu'l-Bahá, ne le cédant, quant à son caractère sacré, à nul autre tombeau dans le monde bahá'i, sauf au sépulcre de l'auteur même de la révélation bahá'i, un tel foyer avait été installé définitivement sur cette montagne considérée comme sacrée depuis des temps immémoriaux.

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D'une structure à la fois massive, simple et imposante, niché au cœur du Carmel, le "vignoble de Dieu", flanqué de la caverne d'Elie à l'ouest et des collines de Galilée à l'est, adossé à la plaine du Saron, et face à la cité d'argent d'Akká au-delà de laquelle se trouve le tombeau le plus sacré, le cœur, le qiblih du monde bahá'i, couvrant de son ombre la colonie de Templiers allemands qui, dans l'attente de la "venue du Seigneur", avaient abandonné leurs demeures et s'étaient rassemblés au pied de cette montagne, l'année même de la déclaration de Bahá'u'lláh à Baghdád (1863), le mausolée du Báb, au prix d'héroïques efforts et d'une énergie invincible, avait été édifié et constituait "le lieu autour duquel tourne, en adoration, l'Assemblée céleste". Les événements ont déjà prouvé, par l'agrandissement de l'édifice lui-même, par l'embellissement des alentours, l'acquisition de vastes dotations dans le voisinage, et par la proximité des lieux de repos de la femme, du fils et de la fille de Bahá'u'lláh lui-même, que ce mausolée était destiné à atteindre, avec les années, une renommée et une gloire proportionnées au but élevé qui avait dicté sa fondation. Il ne cessera pas non plus, à mesure que passeront les années et que s'établiront progressivement les institutions gravitant autour du centre administratif mondial de la future fédération bahá'i, de manifester les puissances latentes dont l'a doté ce même but immuable. Irrésistiblement, cette institution divine fleurira et s'étendra, si féroce que puisse être l'animosité montrée par ses futurs ennemis, jusqu'à ce que la totalité de sa splendeur se dévoile aux yeux de toute l'humanité.

"Hâte-toi, ô Carmel', écrit Bahá'u'lláh, s'adressant d'une manière significative à cette montagne sainte, "car voici que la lumière du visage de Dieu ... a resplendi sur toi ... Réjouis-toi, car en ce jour, Dieu a établi sur toi son trône, il a fait de toi le point d'aurore de ses signes et la source des preuves évidentes de sa révélation. Heureux celui qui tourne autour de toi, qui proclame la révélation de ta gloire et raconte ce que la bonté du Seigneur, ton Dieu, t'a prodigué. Appelle , Sion, ô Carmel', dit-il encore dans cette même tablette, "et annonce la joyeuse nouvelle: Celui qui était caché aux jeux mortels est venu! Sa souveraineté pleinement triomphante est manifeste, sa splendeur toute enveloppante est révélée. Garde-toi d'hésiter ou de t'arrêter. Hâte-toi et fais le tour de la cité de Dieu qui est descendue du ciel, la céleste Kaaba autour de laquelle ont circulé, en adoration, les élus de Dieu, ceux dont le cœur est pur, ainsi que la légion des anges les plus élevés."

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