Lesen: recits-nabil


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Source : www.bahai-biblio.org
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LES RECITS DE NABIL


Table des matières

1. Le secret de shaykh Ahmad
2. Le jeune homme au turban vert
3. Le rêve du berger
4. Mulla Husayn et le Bab
5. Les Lettres du Vivant
6. Les messagers du Bab
7. Le message a Baha'u'llah
8. Le rêve du père de Baha'u'llah
9. La tempête
10. L'aventure dans le désert
11. L'histoire de Sadiq
12. Le Bab est fait prisonnier
13. L'oiseau blanc
14. La peste
15. En route vers Téhéran
16. La forteresse de Mah-ku
17. Le rêve d'Ali Khan
18. Tahirih
19. Le nouvel Ordre
20. La vision de Muhammad Ali
21. Le procès du Bab
22. Fort Tabarsi
23. Le siège de fort Tabarsi
24. La mort de Quddus
25. L'histoire de Vahid
26. Le martyre du Bab
27. Hujjat
28. Baha'u'llah
29. La cause de Dieu pour notre époque

Histoires pour enfants tirées du livre "Les récits de Nabil"
Ecrit par Zoé Meyer, illustré par Carl Scheffler, et traduit en français par Suzi Zein.
Traduction revue et approuvée par l'Assemblée spirituelle nationale des Bahá'is du Zaïre.
Produit par le Comité National pour l'Education des enfants de l'Assemblée Spirituelle Nationale des Bahá'is de la République du Zaïre.


1. LE SECRET DE SHAYKH AHMAD

Il y a Iongtemps vivait en Iran un homme qui connaissait un merveilleux secret. Peut-être diriez-vous que ce n'était pas un secret, car ce qu'il savait était dans un Livre que tout Ie monde pouvait lire. Mais ceux qui le lisaient, n'en comprenaient pas le sens. Shaykh Ahmad lui, comprenait car il avait beaucoup étudié ce "Livre" et avait prié pour pouvoir le comprendre. Et le secret qu'il y avait découvert, l'avait rendu si heureux qu'il voulait en parler à tout le monde.

Voulez-vous connaître ce secret?

Dans ce livre que l'on appelait le "Coran" il était dit que Dieu allait envoyer un nouveau Messager au monde, un très grand Messager comme Jésus ou Muhammad.

Nous ne connaissons Dieu qu'un tout petit peu, car Il est beaucoup plus important que nous ne le sommes et tellement plus merveilleux. QueIquefois, nous sommes si préoccupés par nos problèmes ou nos distractions que nous ne pensons même pas à Dieu. Nous oublions que s'Il ne nous avait pas donné la vie, nous n'existerions même pas. Ainsi, de temps en temps, Il envoie un de ces divins Enseignants sur terre pour rappeler aux hommes son existence. Ces Enseignants "Lui" ressemblent et nous montrent comment Dieu désire que nous vivions.

Jésus était un de ces Enseignants. Quelques uns d'entre nous ont entendu parler de Lui et ont lu son histoire dans la Bible D'autres connaissent mieux l'histoire de Muhammad, et ont lu sa vie dans le Coran. C'est dans le Coran qui a été écrit par Muhammad il y a bien longtemps, que Shaykh Ahmad avait lu la venue du Nouveau Messager. Il s'appelait le "Promis", car .Dieu avait promis sa venue.

D'autres personnes comme Shaykh Ahmad avaient aussi découvert la venue du Promis dans le Coran et savaient qu'Il devait apparaître. Mais la grande différence entre eux et Shaykh Ahmad est la suivante: quand Shaykh Ahmad lut les mots qui étaient écrits dans le Coran, il fut certain que le moment était arrivé et que le Promis allait apparaître tout de suite.

Les autres, quant à eux, pensaient qu'il n'allait pas faire son apparition avant très longtemps. Tout en lisant les mots concernant la venue du Promis, Shaykh Ahmad était persuadé qu'Il vivait sur terre à ce moment précis. Il savait qu'il devait partir pour le trouver et annoncer sa présence aux autres. Sans aucun doute que tout le monde souhaiterait apprendre cette nouvelle.

Pour partir à la recherche du Báb, il dut quitter sa famille, sa maison et voyager dans tout le pays. A cette époque, il n'y avait pas de téléphone, pas de radio, ni de journaux. Il n'y avait pas encore de trains pour transporter le courrier et les avions n'existaient pas. Alors si une personne voulait faire savoir quelque chose aux gens, il devait aller vers eux.
Nous allons donc imaginer que nous faisons ce voyage avec Shaykh Ahmad. La plupart du temps, il faudrait voyager à pied, ou à cheval, ou encore à dos d'âne. Et la nuit, nous ne pourrions pas nous arrêter dans un hôtel confortable pour manger ou dormir, car il n'y avait pas d'hôtel de ce genre à cette époque.

En ce temps-là, les hôtels s'appelaient caravansérail et on ne peut pas dire qu'ils étaient très confortables.

Mais le manque de confort était sans importance pour Shaykh Ahmad, car il avait la conviction qu'il accomplissait ce que Dieu désirait qu'il fasse. Et il était très heureux, à tel point que les gens étaient désireux de connaître ce qu'il savait. Partout où il allait, ils venaient en grand nombre pour l'écouter parler du Promis. Shaykh Ahmad leur lisait des passages du Coran, car beaucoup d'entre eux bien qu'étant de grandes savaient pas lire. Ils n'avaient pas d'écoles comme nous en avons aujourd'hui. Aussi, après leur avoir lu, il leur parlait du Promis et il leur expliquait comment ils Le reconnaîtraient lorsqu'Il viendrait.

Les nouvelles au sujet de Shaykh Ahmad se répandaient dans tout le pays. Et le Sháh, qui était le Roi du pays l'invita à lui rendre visite, ce qui rendit les gens très jaloux. Ils encourageaient leurs amis et leurs familles à ne plus aller écouter Shaykh Ahmad. Parfois même, ils lui cherchaient querelle afin de le chasser de leurs villes.

Pensez-vous que cela empêcha Shaykh Ahmad de parler de sa grande nouvelle? Beaucoup de gens croyaient en lui et le suivaient partout, pour apprendre davantage ce qu'il disait au sujet du Promis. Ils savaient que ce serait quelqu'un de merveilleux, qu'Il aimerait tout le monde, qu'Il serait bon et qu'Il aiderait tous ceux qui auraient besoin de Lui. Comme ils devaient tous souhaiter être en sa présence!

Après avoir voyagé ainsi pendant des années Shaykh Ahmad sut qu'il avait accompli la mission que Dieu lui avait confiée. D'autres à présent devaient continuer le travail qu'il avait commencé. Alors il appela à lui son cher ami Siyyid Kázim et lui demanda de voyager partout à sa place, pour continuer d'annoncer la venue du Promis.

Siyyid Kázim fit la promesse d'accomplir cette tâche car comme Shaykh Ahmad, il souhaitait que chacun puis se entendre cette merveilleuse Nouvelle. Et qui sait, peut-être même qu'un jour, il pourrait voir le Promis de ses propres yeux.


2. LE JEUNE HOMME AU TURBAN VERT

Vous rappelez-vous l'histoire de Shaykh Ahmad qui voyageait partout pour annoncer aux gens que Dieu allait leur envoyer un nouveau Messager?
Quand Shaykh Ahmad mourut, Siyyid Kázim, son successeur, avait comme tâche de continuer sa mission et d'annoncer la venue du promis.

Peut-être que ce mot "Siyyid" vous semble un peu étrange... "Siyyid" signifie: membre de la famille de Muhammad, cet autre grand Enseignant qui a écrit le "Coran". Bien sûr Muhammad avait vécu bien longtemps auparavant, mais tous les hommes qui naquirent par la suite dans sa famille furent appelés des Siyyids. Et c'était un très grand honneur d'être un descendant de Muhammad, même si c'était bien des années après.

Voici une chose que Siyyid Kázim dit à ceux qui l'écoutaient : ce grand Enseignant que Dieu avait promis, vivait sur terre au moment précis où il leur parlait. Peut-être même vivait-il parmi eux et ils ne le connaissaient pas. Peut-être pouvez-vous imaginer leur surprise lorsqu'ils entendirent cela, et combien ont-ils dû en parler et se demander qui Il était et où Il vivait. Sans doute, nous nous le serions également demandé si nous avions été présents à ce moment n'est-ce pas?

C'est étrange mais quand Dieu envoie sur terre un nouvel Enseignant divin pour rappeler aux hommes son existence, au début, quelques uns seulement ont la capacité de Le reconnaître.

Pensez donc! Ils pourraient Le voir dans les rues, où au tombeau auquel Il se rend pour prier sans pour autant Le reconnaître, car leur coeur n'est pas plein d'amour et d'espoir. Et certains ne Le reconnaissent pas, car ils sont trop occupés à penser à eux-mêmes.

Cependant il y en a bien d'autres qui ne sont pas semblables à ces gens. Leur coeur est prêt, car ils attendent le Promis. Siyyid Kázim était un de ceux-là Et il consacrait sa vie à essayer de préparer d'autres à Le reconnaître lorsqu'ils Le verraient. Cette histoire nous raconte un jour plein de bonheur dans la vie de Siyyid Kazim, le jour où il rencontra pour la première fois le Promis. Ce ne fut pas seulement une rencontre silencieuse, mais il L'entendit parler également.

A présent. il faut que vous sachiez quelque chose que même Siyyid Kazim ne savait peut-être pas à ce moment-là. Au lieu d'envoyer un seul Messager divin, Dieu en avait envoyé deux Celui dont parlait Siyyid Kázim s'appelait le "'Báb", ce qui veut dire: 'Porte', et c'était comme si le Báb était venu ouvrir la porte pour Bahá'u'lláh, l'autre grand Enseignant qui devait venir plus tard. Le Báb, bien sûr, était le premier. Il était Celui que Shaykh Ahmad et Siyyid Kázim attendaient, car ils avaient lu dans le Coran, au sujet de l'avènement du Promis.

Un matin très tôt, juste avant l'aurore, Siyyid Kázim envoya un message à un ami, lui disant qu'une personne très importante venait d'arriver à Karbilá, où ils habitaient et qu'ils devaient lui rendre visite immédiatement. Quand l'ami arriva devant la maison de Siyyid Kázim, il le trouva à la porte d'entrée, prêt à partir.

Ils marchèrent ensemble dans les rues. Tout devait être calme, le soleil ne s'était pas encore levé, et rien, ni personne ne bougeait. Bientôt, ils arrivèrent à une maison où un jeune homme semblait les attendre, debout sur le pas de la porte. Il portait un turban vert et son visage était si doux et si bon qu'il semblait que personne ne pouvait s'empêcher de l'aimer. N'avez-vous jamais rencontré des gens que vous aimez la première fois que vous les voyez?

En venant à leur rencontre, le jeune homme entoura Siyyid Kázim de ses bras et lui parla avec tant d'amour que Siyyid Kázim gardait la tête courbée par l'émotion qui l'empêchait de parler. Le jeune homme les conduisit dans la maison, puis au premier étage dans une pièce décorée de fleurs, d'où s'exhalait un délicieux parfum. Il les pria ensuite de s'asseoir et leur donna à boire d'une belle coupe en argent qui se trouvait au centre de la pièce.

Vous savez, lorsqu'on aime quelqu'un énormément, on se sent si heureux que l'on veut toujours être près de cette personne. Vous n'avez pas besoin de parler. C' est comme cela que les deux visiteurs se sentaient ce matin-là, lorsqu'ils étaient en présence du jeune homme. Quelques mots seulement furent échangés. Puis Il les raccompagna jusqu'à la porte et avec un merveilleux sourire, Il prit congé d'eux.

Combien de fois, le jeune homme qui avait été avec Siyyid Kázim a dû penser à cette visite! Puis, trois jours plus tard, il revit le jeune homme encore une fois. Ce jour-là, Siyyid Kazim était en train d'enseigner le Coran à un certain nombre de personnes, quand le jeune homme entra et s'assit parmi eux. Siyyid Kázim s'arrêta soudain de parler. Quand les autres étudiants lui demandèrent de continuer, il secoua seulement la tête. Il montra de son doigt un rayon de soleil venant de la porte et qui tombait sur les genoux du jeune homme.

La vérité concernant ce jeune homme, est plus évidente que ce rayon de lumière. Siyyid Kázim, voyez-vous savait qui était le jeune homme, et ne comprenait pas pourquoi les autres ne l'avaient pas eux aussi reconnu.

Cependant, personne ne comprenait, pas même celui qui avait été avec Siyyid Kázim très tôt ce matin-là. Mais chaque fois qu'il pensait à Lui, il ressentait une impression étrange. Plusieurs fois, il essaya de demander à Siyyid Kázim le nom de ce jeune homme, mais chaque fois quelque chose semblait l'en empêcher.

Bien sûr vous avez deviné qui était le jeune homme, mais l'ami de Siyyid Kázim, lui, ne le savait toujours pas, bien qu'il L'aimait vraiment de tout son coeur et qu'il pensait à Lui très souvent dans le courant de la journée. Un jour, il entendit parler d'un jeune homme qui proclamait qu'Il était le Báb, 'Le Promis'. Alors il sut ce jour-là, que c'était Celui qu'il avait vu à Karbilá et qu'il avait tant aimé.


3. LE REVE DU BERGER

Siyyid Kázim était très heureux, car non seulement il savait que le Promis était venu, mais il l'avait vu et il s'était rendu en sa présence. Quelle devait être sa joie de pouvoir parler de 'Lui' à tout le monde, même s'il ne pouvait pas encore révéler son nom.

Mais le croiriez-vous? Il en trouva beaucoup qui ne voulaient pas l'écouter. Bien sûr vous savez qu'il est inutile de dire quelque chose à celui qui ne désire pas vous entendre. Il n'y avait pas seulement cela, mais les gens étaient parfois très cruels envers Siyyid Kázim et ses amis.

Mais Siyyid Kázim et quelques-uns de ses amis très proches continuaient d'enseigner comme auparavant, car il y en avait toujours certains qui étaient contents d'écouter. Il leur lisait les versets du Coran faisant allusion aux deux grands Enseignants qui devaient venir. Celui qu'ils attendaient serait le premier, mais il y en aurait un autre juste après Lui. Et ce dernier éclairerait de sa lumière, pas seulement le pays dans lequel Il vivait, mais le monde tout entier.

Un jour, vers midi, Siyyid Kázim, debout à l'ombre d'un palmier, attendait les gens qui revenaient de la prière de midi. Un Arabe se précipita soudainement vers lui et le prit dans ses bras. Un Arabe, savez-vous, est une personne qui vit dans le grand désert d'Arabie, ou alors tout près. Et c'est parmi les Arabes que Muhammad était venu bien des années auparavant et leur avait apporté le 'Coran.

Voici donc l'étrange histoire que raconta l'Arabe à Siyyid Kázim :

"Trois jours auparavant, alors qu'il gardait ses moutons dans une prairie proche de là, il s'endormit et rêva. Dans son rêve, il vit Muhammad qui lui dit d'écouter avec attention et de se rappeler ce qu'on lui disait, car ces mots étaient envoyés par Dieu. "Si tu leur es fidèle", lui dit-il, "grande sera ta récompense. Mais si tu négliges ces mots, de graves châtiments t'assailliront". Ce qui voulait dire que de grands ennuis lui arriveraient s'il oubliait le message. Ensuite, Il dit au berger de ne pas s'éloigner de cet endroit; dans trois jours, Siyyid Kázim et ses amis y viendraient à midi pour y prier. Le berger devait souhaiter la bienvenue à Siyyid Kázim et lui dire que son travail était presque fini; et que trois jours après son retour à Karbilá, il aurait la permission de se rendre auprès de Celui qui parlait. Peu après, le Promis annoncerait à tous sa venue".

L'explication de ce rêve est la suivante : trois jours après son retour chez lui, à Karbilá, Siyyid Kázim mourait, car sa tâche était terminée. Ainsi, chacun de nous a un travail à accomplir. S'il n'en était pas ainsi, nous ne serions pas ici sur terre.

Les mots du berger rendirent Siyyid Kázim très très heureux, mais naturellement ses amis en furent très attristés. Quand il vit cela, il leur dit: "L'amour que vous me portez, n'est-il pas destiné à Celui qui est l'Etre véritable? Ne désirez-vous pas que je meure afin que le Promis puisse être révélé?"

Il leur parla avec tant d'amour et les rendit si heureux à la pensée que finalement ils connaîtraient le Promis, qu'ils cessèrent d'être tristes. Il en est de même pour nous. Nous n'aimons pas perdre un ami, mais lorsque cela nous arrive, Dieu nous en envoie un autre.

Ainsi Siyyid Kázim acheva sa tâche et rentra à Karbilá, où trois jours plus tard, comme l'avait rêvé le berger, il mourut, laissant ses amis aller à la recherche du Promis et annoncer sa venue à tous.


4. MULLA HUSAYN ET LE BAB

Après la mort de Siyyid Kázim, ses amis ne savaient plus quoi faire. C'est à ce moment-là qu'un jeune homme qui s'appelait Mullá Husayn, revint à Karbilá. Mullá Husayn qui était un ami de Siyyid Kázim, s'était rendu dans une autre ville pour porter un message de sa part. Dès son retour, Mullá Husayn réunit quelques amis et leur demanda ce que Siyyid Kázim leur avait dit avant de mourir.

L'un d'eux, expliqua que Siyyid Kázim leur avait dit de quitter leurs maisons et de s'en aller un peu partout à la recherche du Promis. Un autre encore expliqua qu'il avait dit que le Promis guiderait vers Lui quiconque essayerait de Le trouver.

A ces paroles, Mullá Husayn les supplia de ne pas attendre plus longtemps. "Pourquoi êtes-vous restés à Karbilá?" leur demanda-t-il, "votre obligation la plus sacrée, ainsi que la mienne, c'est de nous lever, pour porter le Message de notre maître bien-aimé".

Tous commencèrent alors à trouver des excuses. C'est toujours comme cela quand on ne désire pas faire quelque chose. On trouve toujours une excuse, mais en fait, la vraie raison est que nous ne voulons pas le faire. Après leur avoir parlé pendant longtemps, Mullá Husayn se rendit compte qu'ils ne voulaient pas partir. Alors profondément attristé, il les quitta et se mit en route, avec pour seuls compagnons, son frère et son neveu.

Ce que désirait Mullá Husayn avant tout, c'était de se préparer intérieurement pour rencontrer le Promis. C'est un peu comme vous, lorsque vous allez voir quelqu'un que vous aimez, c'est important pour vous de faire bonne impression et pour cela vous faites beaucoup d'effort. C'est ainsi que Mullá Husayn voulait être, mais ce n'était pas à ses vêtements qu'il pensait. Non, il voulait que ses pensées soient spirituelles, et il désirait avant tout être prêt à tout point de vue, par la pensée et par ses actions pour que le Promis soit satisfait de lui.

Alors il se rendit dans un endroit où il pourrait être tranquille et prier. Lui et ses compagnons restèrent dans cet endroit pendant quarante jours.

A la fin des quarante jours, tous trois se remirent en route pour aller à la recherche du Promis. Dans une ville toute proche, ils s'arrêtèrent et là ils eurent une merveilleuse expérience. Quelques années auparavant le Báb avait vécu dans cette ville; Il y avait naturellement beaucoup prié, et ses prières avaient changé l'atmosphère de la ville; elle était complètement différente des autres villes. C'est pour cela que, lorsque Mullá Husayn entra dans la ville, il ressentit la différence. Cela n'est-il pas merveilleux? Et cela ne montre-t-il pas ce que peuvent faire les prières? Bien sûr, à ce moment-là, le Báb n'habitait plus la ville, et Mullá Husayn et ses compagnons ne s'y attardèrent pas. Ils se rendirent dans une autre ville qui s'appelait Shiráz.

Quand ils atteignirent l'entrée de la ville, Mullá Husayn dit à ses compagnons de partir en avant et de chercher des chambres pour la nuit. Ils se retrouveraient plus tard, pour la prière du soir.

Alors que Mullá Husayn se rapprochait de la ville, un jeune homme vint vers lui. Le jeune homme portait un turban vert et son visage resplendissait de joie, un peu comme le vôtre lorsque vous êtes très très heureux. Pouvez-vous vous rappeler l'histoire du jeune homme au turban vert et qui Il était?

Mullá Husayn lui, ne savait pas qu'II était le Báb, le Promis qu'il cherchait avec tant d'ardeur. Il pensait que ce jeune homme devait être un ami de Siyyid Kázim qui avait entendu parler de lui et était venu à sa rencontre. Le jeune homme prit affectueusement Mullá Husayn dans ses bras, comme s'Il le connaissait depuis toujours Puis Il le pria de venir chez Lui et se reposer. Mais Mullá Husayn Lui dit que ses amis l'attendaient.

"Confiez-les à la garde de Dieu", lui répondit le jeune homme, Il saura prendre soin d'eux et les protégera".

Il était si doux et ses manières étaient si affectueuses, que cela rendait Mullá Husayn plus heureux qu'il ne l'avait encore jamais été. Le Báb l'emmena vers une petite maison, où il frappa à la porte. Un serviteur éthiopien les fit entrer; le Báb apporta Lui-même de l'eau et la versa pour que son visiteur se lave les mains. Ensuite, ils prièrent ensemble et dans sa prière, Mullá Husayn demanda encore une fois à Dieu de l'aider à trouver le Promis. Comme vous pouvez le voir, Mullá Husayn n'avait pas encore découvert que ce jeune homme était le Promis.

Pendant qu'ils parlaient, il se passa quelque chose, dont l'importance restera marquée à jamais et tous nous nous rappellerons ce jour incomparable.

A peu près deux heures après le coucher du soleil, avec beaucoup de joie et d'amour, le Báb dit à Mullá Husayn qui Il était. L'étonnement de Mullá Husayn fut si grand qu'il n'arrivait pas à croire la bonne nouvelle.

Mais au fur et à mesure que le Báb parlait, Mullá Husayn se rendait compte que personne ne pouvait posséder plus de sagesse. Il était sûr que c'était le Báb. Et savez-vous ce qui arriva? Le temps passa si vite qu'ils parlèrent toute la nuit, sans que Mullá Husayn s'en rende compte, jusqu'au moment où il entendit l'appel pour la prière du matin.

"Cette nuit, dit le Báb, sera célébrée dans les jours à venir comme une fête de la plus grande importance".

C'était la première fois que le Báb avait dit à quelqu'un qui Il était. Ce serait merveilleux, n'est-ce pas, d'être celui à qui Il avait fait cette révélation? Avant que Mullá Husayn s'en aille, le Báb lui dit qu'il était le premier à croire en Lui, que plus tard, dix-huit personnes spirituelles le trouveraient de ,la même façon que Mullá Husayn l'avait fait Il ne devait parler du Báb à personne, car chacun devait trouver le Báb tout seul. Lorsque les dix-huit personnes auraient découvert le grand secret, Il les enverrait annoncer au monde entier qu'un nouvel Enseignant était venu.

Quand Mullá Husayn quitta le Báb, il était tellement heureux et sous l'emprise de l'émotion, qu'il tremblait et pouvait à peine marcher. Les gens qui le voyaient ainsi, devaient se demander ce qui lui était arrivé. Il vit le Báb très souvent après cette nuit-là, mais vous pouvez être certain qu'il garda son grand secret pour lui tout seul.


5. LES LETTRES DU VIVANT

Après avoir trouvé le Báb, Mullá Husayn lui rendit visite très souvent. Il allait le voir surtout la nuit, pour que personne ne le remarque. Car, si vous vous rappelez, le Báb avait dit que chacun devait le trouver seul et sans l'aide de ceux qui savaient déjà. Ainsi, chaque jour, Mullá Husayn attendait avec beaucoup d'impatience que la nuit tombe, pour aller retrouver le Báb.

Lorsque Dieu envoie un nouveau Messager divin sur la terre, ce Promis rassemble autour de Lui, quelques-uns des gens qui croient en Lui et qui L'aiment, pour L'aider dans sa tâche. On les appelle des disciples. Jésus avait douze disciples. Le Báb, Lui en avait plus de douze et bientôt vous pourrez savoir combien ils étaient et quel était leur nom.

Un soir, le Báb dit à Mullá Husayn: "Demain, treize de vos compagnons arriveront. A chacun d'eux montrez la plus grande bonté". Puis Il dit à Mullá Husayn de prier, pour que Dieu guide ces hommes afin qu'ils puissent eux aussi, reconnaître le Promis.

Le lendemain, arrivèrent dans la ville treize amis de Mullá Husayn. L'un d'eux qui s'appelait Ali, remarqua que Mullá Husayn était très heureux et que, chose étrange, il ne semblait plus chercher le Promis. 'Ali lui demanda comment cela se faisait et s'il avait trouvé le Promis.

Tout de suite, il comprit qu'en effet, Mullá Husayn avait trouvé le Promis et le supplia de le conduire vers Lui. Mais Mullá Husayn refusa en secouant la tête.

"Ne me demande pas" dit-il, "de t'accorder cette faveur. Mets toute ta confiance en Lui, car avec sûreté, Il guidera tes pas". 'Ali en parla aux autres et tous prièrent Dieu de les guider vers le Promis.

Trois nuits plus tard, alors qu'il priait, 'Ali eut une vision Une vision ressemble à un rêve, avec la différence que la personne qui a cette vision, n'est pas nécessairement endormie. Dans sa vision, 'Ali semblait voir une lumière qui se déplaçait au devant de lui. Il se voyait, suivant cette lumière et trouvant le Promis.

C'était la nuit, mais il se leva et se rendit directement à la demeure de Mullá Husayn. Il se jeta dans ses bras et lui raconta sa vision.

Cela rendit Mullá Husayn très heureux, "Loué soit Dieu", dit-il, "Car Il t'a guidé ici". Au matin il emmena 'Ali chez le Báb. A la porte, le serviteur éthiopien attendait. Il leur dit, qu'avant le lever du jour, son Maître l'avait appelé pour lui demander d'ouvrir la porte et d'attendre. "Deux invités doivent arriver tôt ce matin" me dit-il, "dis-leur de ma part. "Entrez au Nom de Dieu".

Pendant qu'ils parlaient, ce matin-là, la pièce tout entière semblait être inondée de lumière, et ils ressentirent qu'un beau et nouveau jour était arrivé.

Chacun des douze compagnons d'Ali trouvèrent eux aussi le Báb. Certains rêvèrent de Lui, quelques-uns le virent en vision alors qu'ils priaient, d'autres pendant qu'ils pensaient à Lui. Et cela continua ainsi, jusqu'à ce que dix-sept d'entre eux aient trouvé le Báb et deviennent ses disciples.

Cela voulait dire, qu'ils étaient prêts à partir pour annoncer le nouveau Jour. Le Báb les appela "Les Lettres du Vivant". L'une d'entre elles était une femme et plus tard vous entendrez parler d'elle.

Un soir le Báb dit à Mullá Husayn: "Demain dans la soirée, arrivera la dernière Lettre du Vivant, ainsi se complétera le nombre de mes disciples choisis."

Cela nous montre combien le Báb était merveilleux et qu'Il avait aussi la connaissance du futur.

Le lendemain, vers le soir, alors que le Báb rentrait chez lui en compagnie de Mullá Husayn, qui le suivait quelques pas en arrière, un jeune homme, fatigué et couvert de poussière par une longue marche se précipita vers eux et prit Mullá Husayn dans ses bras. Puis, en regardant le Báb, il dit: "Pourquoi cherches-tu à me Le cacher? Je peux Le reconnaître à sa démarche".

Ce qui veut dire qu'il avait reconnu le Báb par la grâce même de sa démarche. Mullá Husayn le pria d'attendre un instant et alla vite vers le Báb pour lui parler du voyageur.

"Ne t'étonne pas de sa conduite étrange" lui dit le Báb. "Nous le connaissons déjà et en vérité nous attendons sa venue. Fais-le venir en notre présence".

Ainsi le jeune homme fut conduit en présence du Báb, qui l'accueillit avec une grande joie. Ce jeune homme s'appelait Quddus. A présent le nombre des "Lettres du Vivant" était complet. Et les dix-huit disciples étaient prêts à partir pour annoncer la venue du Promis.

Bien que le Báb fut le Promis envoyé par Dieu pour annoncer le "Nouveau Jour" à tous les peuples, Il vint sur terre de la même façon que nous venons tous, comme un petit bébé. Mais personne ne sut qu'Il était le Promis avant qu'Il ait atteint l'âge de vingt-cinq ans.

Le père du Báb mourut alors qu'Il était encore très jeune et Il alla vivre avec son oncle. A cette époque il n'y avait pas d'écoles comme celles où vous allez maintenant, il n'y avait pas non plus de livres, à l'exception du Coran. Son oncle le confia à un homme qui enseignait le Coran. Dès le début, Il apprit si rapidement que son professeur n'y comprenait plus rien.

Un jour le maître demanda au Báb de réciter les premiers versets du Coran, mais le jeune garçon dit qu'il ne pouvait pas les réciter à moins d'en comprendre le sens. Désireux de voir ce qu'Il allait faire, le maître prétendit ne pas connaître leur signification. "Je sais ce que ces mots veulent dire", dit le jeune garçon, "et avec votre permission j'en expliquerai le sens".

Il donna une explication de ces mots avec une telle sagesse et dans un langage si clair que son maître était étonné. Il savait à présent que le Báb n'avait nul besoin d'un professeur.

Le lendemain il emmena l'enfant chez son oncle. "Je vous L'ai ramené, dit-il, "Il ne peut pas être traité comme un petit enfant, car en Lui réside un pouvoir mystérieux".

Toutefois l'oncle du garçon ne désirait pas qu'Il s'arrête d'étudier. Il regarda le Báb avec beaucoup de sévérité en Lui disant de faire comme les autres enfants - s'asseoir silencieusement et écouter attentivement ce que disait leur maître.

Le Báb promit de le faire et retourna à son école. Mais Il ne pouvait être comme les autres enfants. Son esprit avait la connaissance de toute chose sans avoir besoin d'apprendre. Finalement son oncle Le retira de l'école et Le garda avec lui pour l'aider dans ses affaires.

Bien des années plus tard le Báb se maria, et un petit garçon naquit de cette union. Il fut appelé Ahmad et vous pouvez imaginer combien son père et sa mère l'aimaient Mais un jour, alors qu'il était encore très petit, il tomba malade et mourut. Ses parents bien sûr, le regrettèrent beaucoup, mais le Báb n'était pas trop triste, car Il savait que Dieu avait une place pour son petit garçon.

Il priait pour qu'un jour, Lui aussi puisse mourir de façon à montrer son amour pour Dieu. Et Dieu exauça sa prière. Dans une autre histoire, vous lirez comment le Báb est mort.

En Iran, le pays où vivait le Báb, l'été est très très chaud. Cela ne l'empêchait pas de se rendre sur le toit, tous les jours, pour prier pendant de longues heures. Les maisons là-bas, sont bâties avec des toits plats, où les gens peuvent s'asseoir le soir quand il fait frais. Mais le Báb ne voulait pas attendre le soir. Tous les vendredis, à l'aurore il se rendait sur le toit et priait jusqu'au lever du soleil. A midi, quand le soleil est à son point le plus chaud, Il montait et priait encore, et Il priait avec tant d'ardeur qu'Il ne semblait pas sentir les rayons brûlants. Il y restait jusqu'en fin d'après midi, pensant et priant avec un coeur plein d'amour et de joie.

Certains pensaient qu'Il priait le soleil, mais bien sûr, ce n'était pas vrai. Pour Lui, le soleil était un signe de Dieu. Le soleil envoie sa lumière et sa chaleur à la terre pour que les plantes, les arbres et tout le reste grandissent. De la même façon, Dieu nous envoie son amour pour nous aider à grandir dans l'esprit d'amour et aussi pour que nous essayions de lui ressembler. Sans son amour, nous ne pourrions pas vivre, pas plus que les fleurs et les oiseaux s'ils étaient privés de soleil.

Le Báb était très doux et très bon envers tous ceux qu'Il rencontrait. Jamais Il ne désirait quoique ce soit pour Lui-même, mais toujours donnait aux autres ce qu'il y avait de meilleur. Près de Lui les gens étaient parfaitement heureux, sa présence seule les comblait, et c'était pour eux la plus grande joie du monde, de l'entendre parler. Et bien sûr, Il était très honnête et prenait soin des affaires qui appartenaient aux autres. Voici une histoire que l'on raconte à son sujet.

Un jour quand Il était dans les affaires, un homme Lui donna quelque chose à vendre. L'homme Lui dit simplement le prix qu'il en voulait. Quand le Báb lui envoya l'argent pour l'objet vendu, Il y avait plus que la somme demandée. Pour avoir des explications, l'homme écrivit au Báb.

Le Báb lui répondit : "Ce que je vous ai envoyé, vous appartient en entier. A un moment donné, l'objet confié à ma garde avait atteint cette valeur; ne l'ayant pas vendu à ce prix, il est de mon devoir à présent de vous remettre la totalité de cette somme".

Comme vous le voyez, lorsque le Báb vendit l'article, cela ne Lui rapporta pas autant que s'Il l'avait vendu plus tôt. Le Báb se sentit responsable de ne pas l'avoir vendu au bon moment. Il envoya donc à l'homme une somme d'argent supplémentaire à celle reçue pour la vente de l'objet. Peut être que tout le monde n'aurait pas fait cela

Ce n'est pas étonnant qu'Il était aimé de tous. Même lorsqu'Il était petit garçon, Il devait être très aimé, car Il ne pouvait supporter de ne pas être bon envers les autres.


6. LES MESSAGERS DU BAB

Dans une histoire précédente nous avons entendu parler de la façon dont dix-huit personnes ont trouvé le Báb, vous rappelez-vous? Comment les a-t-Il nommées?

Il jugeait maintenant que le moment était arrive pour eux et qu'ils devaient se rendre dans tout le pays pour annoncer que le Promis était venu. Un jour donc, Il les réunit tous et leur parla.

Mullá Husayn fut le premier qu'Il appela. Et parce que le Báb avait pour Mullá Husayn beaucoup d'affection il lui parla juste un tout petit peu des merveilleuses choses qui devaient lui arriver plus tard. Mullá Husayn devait se rendre dans de nombreuses villes pour porter son message Puis il devait ensuite aller dans une grande ville qui s'appelait Téhéran.

"Un secret est caché dans cette ville" lui dit le Báb. "Quand il se manifestera, il transformera la terre en paradis".

Il n'en dit pas plus à Mullá Husayn sur ce qu'il devait trouver à Téhéran. Mais Mullá Husayn savait que cela devait être quelque chose de vraiment merveilleux, pour pouvoir changer la terre en paradis. Plus tard vous apprendrez quel était ce grand secret.

Cela aurait été merveilleux n'est-ce pas d'entendre ce que le Báb dit à ses disciples lorsqu'Il les envoya pour enseigner? Quelqu'un qui possédait une grande sagesse, écrivit les choses dont parla le Báb. Et c'est pourquoi aujourd'hui nous pouvons les lire, c'est un peu comme si nous les entendions de la bouche même du Báb.

Il dit aux Lettres du Vivant qu'ils étaient pour ce jour les porteurs du Nom de Dieu, ce qui voulait dire, qu'ils étaient ceux qui devaient annoncer à tous le nouveau Messager que Dieu venait d'envoyer.

Il leur dit, qu'ils devaient agir seulement suivant la volonté de Dieu, car ainsi les gens sauraient qu'ils disaient la vérité et les écouteraient.

N'est-ce pas une bonne chose que nous devons essayer de nous rappeler aujourd'hui? Ne pas trop parler des choses que nous allons faire?

Mais aider les autres et leur rendre service. Il ne faut pas trop parler, mais agir. Ainsi tout le monde verra que nous aimons Dieu et que nous essayons de Lui ressembler. Nous n'aurons pas besoin d'en parler. Le Báb leur dit aussi que Dieu était très puissant et qu'Il les aiderait dans toutes les choses difficiles. Tout ce dont ils avaient besoin, était de croire en Lui et de savoir qu'Il les rendrait victorieux.

Voici ce qu'Il leur dit: "Levez-vous en son Nom, mettez en Lui toute votre confiance et soyez assurés de la victoire finale".

Ce n'est pas étonnant qu'ils se sentaient si forts et si joyeux lorsqu'ils partirent, bien qu'ils devaient être un peu tristes de quitter le Báb. Ils s'éparpillèrent dans tout le pays. Chacun se rendit d'abord là où se trouvait sa propre maison pour donner le message à tous ceux qui s'y trouvaient. Beaucoup ne voulurent pas écouter. Ils pensaient que les Lettres du Vivant se trompaient. Quelques-uns d'entre eux furent mis en prison, d'autres furent battus ou lapidés ou tourmentés de différentes manières. Ils souffrirent beaucoup.

Mais à tout moment, ils se rappelaient que le Báb leur avait dit de ne pas avoir peur. Rien ne pouvait les atteindre tant que leur tâche n'était pas terminée. Alors ils continuèrent à enseigner sur la venue du Promis et les merveilleux changements qui allaient survenir dans le monde grâce à Lui.

Il y avait d'autres personnes qui étaient heureuses de les écouter. Voici l'histoire d'un homme qui écouta tout ce qu'ils avaient à dire

Un jour, dans la maison d'un ami, cet homme entendit Mullá Husayn parler du Promis. Quand Mullá Husayn eût fini, il lui demanda avec empressement: "Quel est son nom? "

"Je n'ai pas la permission de vous dire son nom". répondit Mullá Husayn. "Mais si vous priez, Dieu vous aidera à Le connaître".

Alors l'homme demanda à son ami s'il pouvait aller immédiatement dans une autre pièce, où il pourrait être seul et prier. Il ne voulait même pas attendre d'être dans sa propre maison pour cela.

Tout en priant, il se rappela le visage d'un jeune homme qu'il avait vu prier au tombeau de Karbilá. Et maintenant il revoyait ce visage. Dans sa vision, le jeune homme semblait lui sourire, il s'avança pour se prosterner à ses pieds. Alors qu'il se penchait vers le sol, la vision disparut. Mais l'homme était certain que pendant qu'il priait, il avait vu le Promis.

Il se précipita dehors et raconta sa vision aux autre; Mullá Husayn lui dit qu'en effet, il avait trouvé le Báb.

"Ne parlez de votre vision à personne", lui dit Mullá Husayn. "Le temps pour cela n'est pas encore venu".

Puis il lui fit la promesse de le revoir plus tard à Shiráz, si c'était possible, et ils iraient ensemble voir le Promis.


7. LE MESSAGE A BAHA'U'LLAH

Pendant que les autres Lettres du Vivant enseignaient dans leurs propres régions, Mullá Husayn se rendit dans une grande ville qui s'appelait Téhéran. Chaque jour, il quittait sa chambre dès l'aurore et parlait du Promis à tous ceux qui voulaient l'écouter. Puis il rentrait chez lui après le coucher du soleil

Vous rappelez-vous ce que le Báb lui avait dit à propos de Téhéran? Voici ses mots: "Un secret demeure caché dans cette ville. Lorsqu'Il se manifestera, Il transformera la terre en paradis". Mullá Husayn devait y penser très souvent et se demander ce que cela voulait dire.

En fait, il avait dû deviner ce secret en partie. Il croyait qu'à Téhéran il trouverait l'autre Promis qui devait venir après le Báb et éclairer le monde entier de la lumière de ses Enseignements. Vous vous rappelez, que nous avons appris dans une histoire précédente, que Dieu allait envoyer deux Messagers. Sachant cela, Mullá Husayn devait être en permanence à la recherche du deuxième Messager.

Quelque fois les choses se passent de façon merveilleuse dans ce monde, si nous aimons Dieu et essayons de faire ce qu'Il veut. Voici comment Mullá Husayn trouva le secret de Téhéran.

Un jour, aux environs de minuit, un homme frappa à sa porte. Mullá Husayn n'attendait personne, mais il invita le visiteur à entrer et lui parla du Báb.

Finalement. il lui demanda: "Où habitez-vous?"
"Je suis de Núr", lui répondit-il. Puis Mullá Husayn lui demanda, "Connaissez-vous là-bas, un jeune homme qui soit très sage et bon, et qui consacre son temps à aider les pauvres et ceux qui sont dans le besoin?
"Oui, je connais cette personne" répondit l'homme, "je vais souvent chez Lui".

Cette réponse rendit Mullá Husayn si agité et si heureux que l'homme en fut tout étonné. Il ne pouvait pas comprendre Mullá Husayn ne lui dit pas pourquoi il était si heureux. Il lui demanda de délivrer un rouleau, ou une lettre si vous préférez, au jeune homme, et de lui ramener la réponse si toutefois il y en avait une.

"Donnez-lui le document à l'aurore", lui dit-il.

Peut-être avez-vous deviné que ce jeune homme de Núr était l'autre Promis, le second Enseignant divin que Dieu devait envoyer. Son nom était Bahá'u'lláh. Bien sûr le messager ne savait pas qui Il était, mais rien que le son de sa voix le rendit heureux lorsque Bahá'u'lláh lut le message à haute voix. Après cela, Bahá'u'lláh lui donna un message, du sucre et du thé pour porter en cadeau à Mullá Husayn. Cela peut vous paraître un cadeau bien étrange. Mais les gens en Iran n'avaient pas beaucoup de sucre et de thé à cette époque, et ils étaient toujours reconnaissants lorsqu'ils en recevaient.

Quand Mullá Husayn reçut le message et le cadeau de la part de Bahá'u'lláh, il fut tellement ému et si heureux qu'il ne parvenait pas à parler. Il bondit en l'air, et embrassa le cadeau. Puis il prit le messager dans ses bras et dit, "Mon ami bien-aimé, je prie pour que Dieu réjouis se ton coeur, comme tu as su réjouir le mien".

L'homme ne pouvait toujours pas comprendre ce qui avait provoqué cette réaction chez Mullá Husayn. Il se demandait qui pourrait bien être l'homme à qui il avait porté la lettre.

Quelques jours plus tard, quand Mullá Husayn quitta Téhéran pour aller dans une autre ville, il fit venir le messager. "Ne parle à personne de ce que tu as entendu" lui dit-il, "que ceci soit un secret caché dans ton coeur". Il lui expliqua que s'il prononçait le nom du jeune homme, les ennemis essayeraient de Lui faire du mal. Il devait plutôt prier pour que Dieu Le protège afin qu'Il puisse aider les pauvres et tous ceux qui étaient dans le besoin.

C'est ainsi que Mullá Husayn trouva Bahá'u'lláh, l'autre Promis. Il savait cependant qu'il ne pouvait l'annoncer à personne avant que le moment propice soit venu. Il devait d'abord parler du Báb et du nouveau et merveilleux Jour qui était arrivé pour tous les peuples de la terre.

Plus tard lorsque le moment fut arrivé, le Báb leur parla de Bahá'u'lláh.


8. LE REVE DU PERE DE BAHA'U'LLAH

Vous rappelez-vous qui était Bahá'u'lláh? Le second Promis n'est-ce pas?

Une nuit alors que Bahá'u'lláh était encore un petit garçon. son père fit un rêve étrange. Dans ce rêve, il voyait son fils nager dans un grand océan. Son corps brillait avec tant d'éclat que même l'eau autour de Lui en était éclairée, des rayons de lumière émanaient de sa tête et allaient dans tous les sens.

Ses cheveux étaient longs et noirs et flottaient sûr l'eau tout autour de Lui alors qu'Il nageait. Pendant que son père regardait, une multitude de poissons s'étaient approchés et chacun d'eux prit dans sa bouche le bout d'un des cheveux de l'enfant. Les poissons Le suivaient partout où Il allait. Ils ne Lui faisaient pas de mal et ne l'empêchaient pas de nager partout où Il voulait aller.

Ce rêve semblait si réel au père de Bahá'u'lláh, qu'il se rendit chez un sage afin qu'il le lui explique. Le sage lui dit que l'océan tout autour de son fils était le monde. Le grand nombre de poissons représentaient toutes les difficultés qu'Il rencontrerait en donnant son message venant de Dieu aux peuples du monde. Ils se serraient tout autour de Lui mais sans pouvoir L'empêcher de faire son travail pour Dieu.

Le père de Bahá'u'lláh était très riche, et vivait dans une grande maison, un genre de palais, où il y avait de beaux meubles, et de belles décorations. Il était très bon et très généreux. Il donnait beaucoup d'argent pour aider les pauvres autour de lui. Il avait bien sûr beaucoup d'amis et il était toujours plus heureux lorsqu'il rendait service à quelqu'un d'autre. Cela dura vingt ans. Puis les ennuis commencèrent. Ce fut d'abord une inondation qui provenait des montagnes voisines du village où il vivait. L'eau balayait et emportait tout sur son passage. Elle emporta la moitié de la maison, toutes ses belles décorations et ses meubles.

A présent le père de Bahá'u'lláh n'était plus si riche, mais il continuait toujours d'aider ceux qui avaient besoin de lui, de toutes les manières possibles. Puis ceux qu'il croyait être des amis, firent tout ce qui était en leur pouvoir pour lui arracher la position qu'il avait. En dépit de tout ceci, il resta calme et heureux. Il ne se disputait pas avec eux.

Lorsque Bahá'u'lláh grandit, Il commença par enseigner le message de Dieu aux gens. Il ne leur dit pas, bien sûr, qu'Il était, lui aussi, un Messager divin; ce n'était pas le moment. Il leur parla du Báb et du message qu'Il avait apporté. Il se rendit d'abord à la maison familiale. Là, les gens venaient en foule pour l'écouter et il semblait qu'ils ne se fatiguaient pas de l'entendre. Ils écoutaient sa voix et cela seul suffisait pour qu'ils L'aiment.

Certains de ceux qui avaient été des dirigeants dans les environs, Lui demandèrent de leur parler de la grande ville où Il avait été. Ils voulaient entendre parler du Sháh, le roi du pays. Mais ces choses n'intéressaient pas Bahá'u'lláh. Il voulait leur parler du Báb et du nouveau Jour. A tout moment Il parcourait de longues distances pour parler de son message à quelqu'un.

Voici quelque chose de merveilleux; les gens disaient que même les pierres et les arbres étaient différents parce qu'Il était là. Tout semblait mieux pousser et semblait dire: "Voici la Beauté de Dieu". Plus tard, un des noms de Bahá'u'lláh fut la Beauté Bénie.

C'est de cette façon que Bahá'u'lláh commença à enseigner à tous le message de Dieu. Mais même à ce moment. Il ne leur dit pas qu'Il était le second Enseignant divin. Celui dont il était question dans le Coran.

A peu près à cette époque. le Báb pensait partir pour un long voyage dans une autre ville qui s'appelait "La Mecque". Il y avait une raison qui le retenait. Cette raison était que les gens autour de Lui avaient tellement besoin d'entendre son message. Mais un jour, Il reçut un message de Mullá Husayn Lui disant que Bahá'u'lláh enseignait. Cela Le rendit très heureux car Il savait que maintenant s'Il partait, il resterait quelqu'un pour parler du Promis et du nouveau Jour.

Pour les voyageurs qui étaient sur le bateau, les grosses vagues devaient ressembler à des montagnes.



9. LA TEMPETE

N'avez-vous jamais fait un voyage sur un très beau bateau, presque aussi confortable qu'une belle maison? A l'époque où vivaient le Báb et Bahá'u'lláh, ce genre de bateau n'existait pas. Il n'y avait que des petits bateaux sans moteur. Ils dépendaient du vent qui gonflait leurs voiles et bien sûr, ils ne se déplaçaient pas très vite.

Un jour, le Báb décida de se rendre à La Mecque, ville où avait vécu Muhammad lorsqu'Il et enseignait sur terre.

Chaque année, beaucoup de gens qui aimaient Muhammad et étudiaient son Livre "Le Coran", se rendaient à La Mecque pour prier. Le Báb savait qu'Il allait y trouver beaucoup de monde et Il voulait leur annoncer le nouveau message de Dieu. Alors Il partit en voyage avec Quddus, qui était une des Lettres du Vivant, et avec son serviteur.

Pour arriver à cette ville, ils devaient voyager en bateau. Cela leur prit deux longs mois, car il n'y avait pas autre chose, que ces petits bateaux. Il y eut aussi le mauvais temps et une terrible tempête soufflait. Pour les voyageurs qui étaient sur le bateau, les grosses vagues devaient ressembler à des montagnes et ils étaient tellement remués, qu'ils avaient presque tous le mal de mer.

Mais le Báb et Quddus, ne semblaient pas en être incommodés. Les autres voyageurs avaient peur de la tempête, mais le Báb et son compagnon savaient que Dieu veillait sur eux et c'est pourquoi ils ne craignaient rien.

Chaque jour Quddus écrivait les belles prières et les paroles que le Báb lui dictait. Même lorsque la tempête soufflait le plus fort, et que les autres voyageurs craignaient que le bateau coule, le Báb, Quddus continuaient de travailler, sans se préoccuper du danger.

Ils eurent ensuite d'autres sortes de problèmes. Le voyage avait duré si longtemps, qu'ils se retrouvaient finalement sans une goutte d'eau à boire. Bien sûr vous savez que l'eau de l'océan est trop salée pour qu'on puisse la boire. Si vous la buviez, vous auriez encore plus soif. Le Báb écrivit plus tard à quelqu'un que durant plusieurs jours, ils durent étancher leur soif avec du jus de citron à la place de l'eau.

Les voyageurs de ce bateau ont dû souffrir beaucoup. Mais de cette souffrance, quelque chose de bon en sortit. Quand le Báb vit cela, Il pria Dieu de rendre les voyages par mer plus faciles. Il pria aussi pour que ces voyages soient moins dangereux.

Dieu répondit à la prière du Báb. En quelques années, les hommes apprirent à faire des bateaux plus grands et plus solides que les tempêtes n'abîmaient plus autant. Ils apprirent à utiliser des moteurs à la place des voiles pour aller plus vite. Quel progrès! Pensez un peu: il suffit de quelques jours aujourd'hui pour faire le voyage qui prit deux mois au Báb. Bien sûr nous savons que ce sont les prières du Báb qui ont amené ces améliorations, mais à cette époque les gens ne le savaient pas. Ils n'avaient pas le temps de réfléchir pour pouvoir découvrir que c'était Dieu qui leur envoyait toutes ces bonnes choses.

Finalement, en dépit de leur dur voyage, le Báb et Quddus arrivèrent sains et saufs à la ville du bord de mer la plus proche de l'endroit où ils se rendaient. De là, ils devaient voyager à dos de chameau à travers le désert avant d'atteindre La Mecque, ville sainte, car Muhammad y avait vécu.


10. L'AVENTURE DANS LE DESERT

Pour se rendre à La Mecque, le Báb et Quddus devaient traverser un grand désert de sable. Il n'y a pas beaucoup d'eau dans le désert, et de temps en temps seulement les voyageurs trouvaient un puits. Il fallait qu'ils fassent alors une provision d'eau assez grande pour durer jusqu'au prochain puits

Les chevaux ont besoin de beaucoup d'eau et pour cette raison on les utilise rarement dans le désert. Maintenant nous le traversons en voiture, ou le survolons en avion, mais au temps du Báb, il n'y avait ni voiture ni avion. Savez-vous alors comment on voyageait dans le désert?

Il y a un animal qui peut résister longtemps sans boire, c'est le chameau. Autrefois quand quelqu'un voulait traverser le désert, il devait le faire à dos de chameau. Et c'est ce que fit le Báb pour se rendre à La Mecque.

Quddus cependant, ne voulait pas monter à dos de chameau. Son désir était de marcher aux côtés du Báb durant tout le voyage, tenant la bride de son chameau. De cette façon, il se sentait mieux en mesure de défendre son maître, au cas où il y aurait eu un danger. Et chaque nuit, du crépuscule jusqu'à l'aurore, il passait la plus grande partie du temps à prier et à monter la garde afin que rien ne Lui arrive. Combien il devait aimer le Báb pour faire cela. Et il en était très heureux.

Dans le désert le soleil est brûlant, il n'y a pas d'arbre du tout et le sable devient si chaud, qu'il est difficile de pouvoir y marcher. Pour cette raison ils partaient toujours de bonne heure le matin, avant que le soleil ne soit levé

Un matin, le Báb s'arrêta à un puits, et descendit de son chameau pour faire sa prière du matin. Comme vous le voyez, Il n'oubliait jamais de prier, car Il savait qu'en priant Il restait en proche contact avec Dieu et savait ainsi quelle était sa volonté.

Pendant qu'Il priait, un nomade qui vivait dans le désert, se déplaçant d'un endroit à l'autre, apparut soudain près des voyageurs. Les voyant prier, il rampa doucement vers eux, se saisit vivement de la sacoche du Báb, qui se trouvait sur le sol près de Lui, et se sauva en l'emportant

Vous rappelez-vous que lorsqu'ils voyageaient en bateau, Quddus avait écrit les prières et les paroles du Báb? Bien sûr, ces prières étaient très précieuses, car elles parlaient du Promis et du nouveau Jour, et elles apportaient beaucoup de bénédictions à tous ceux qui les lisaient.

Tous ces papiers étaient dans la sacoche que l'homme avait volé. Le serviteur voulait rattraper le voleur, mais le Báb lui fit signe de revenir. Cela nous semble étrange n'est-ce pas que le Báb ait laissé l'homme emporter des papiers qui étaient si importants? Mais voici la raison que le Báb donna: l'homme qui était parti avec les papiers, les emmènerait dans les différents endroits du désert où il allait. De cette façon beaucoup de gens les liraient et auraient ainsi connaissance de la venue du Promis. Et probablement que pour ces gens c'était le seul moyen de l'apprendre, car ils n'allaient jamais dans les grandes villes très éloignées de là.

"Par conséquent, ne soyez pas triste par cette action", dit le Báb à son serviteur, "car ceci a été ordonné par Dieu, l'Ordonnateur, le Tout-Puissant".

Ce qui voulait dire: ne soyez pas désolé, car c'était la volonté de Dieu qu'il emporte ces papiers.


11. L'HISTOIRE DE SADIQ

Le Báb et Quddus restèrent pendant quelques temps à La Mecque, puis ils retournèrent chez eux.
Sur le chemin du retour, le Báb dit à Quddus, que lorsqu'ils atteindraient leur pays ils devaient se séparer afin de pouvoir enseigner dans des endroits différents et qu'ils ne pourraient pas toujours être ensemble.

Il prévint Quddus que les gens seraient très cruels envers lui, qu'ils ne l'écouteraient pas et que finalement, ils le tueraient. Le Báb promit cependant à Quddus une joie infinie due au fait qu'il serait appelé à donner sa vie pour la Cause de Dieu. Il Lui promit également qu'avant sa mort, il recevrait une grande bénédiction: il rencontrerait le second Envoyé que Dieu devait manifester.

Tout arriva comme le Báb l'avait prédit. Beaucoup de gens ne croyaient pas au Message et étaient très cruels. Un de ceux qui crut aux paroles de Quddus s'appelait Mullá Sádiq, et sa profession était d'enseigner le Coran. Partout où il allait, Sádiq parlait du nouvel Enseignant, ou Prophète, que Dieu avait envoyé, jusqu'à ce que, finalement, ceux qui ne voulaient pas l'écouter décidèrent de le faire taire. Alors ils l'arrêtèrent et il fut condamné à recevoir mille coups de fouet.

Mullá Sádiq était un homme âgé et ils ne pensaient pas qu'il pourrait supporter les coups de fouet. Mais ceux qui regardaient, eurent une grande surprise. Car, que pensez-vous qu'il arriva? Pendant tout le temps qu'on le fouettait, et que le sang coulait de ses blessures, Mullá Sádiq était calme et souriant et ne semblait même pas éprouver de douleur. Les gens n'arrivaient pas à comprendre.

C'était vrai que Mullá Sádiq ne sentait pas les coups. Il raconta à un ami, plus tard, que les sept premiers coups de fouet furent très douloureux. Mais après cela, il se demandait si c'était bien sur son corps que l'on appliquait les coups, parce qu'il ne les sentait pas. Il dut même mettre sa main sur sa bouche, pour s'empêcher d'éclater de rire, tellement il était heureux.

"Maintenant", dit-il, "je peux me rendre compte, de quelle façon, l'Omnipotent Libérateur, peut changer en un clin d'oeil la douleur en confort, et la peine en plaisir."

Dieu peut toujours supprimer notre douleur et nous rendre heureux, si nous nous tournons vers Lui, et si nous mettons en Lui toute notre confiance comme l'avait fait Mullá Sádiq. Et il n'était pas le seul qui montrait sa joie à servir le Báb sans être touché par la cruauté des gens envers lui. En effet, tous les gens qui voyaient ceux qui donnaient le Message du Báb, ne pouvaient pas comprendre comment ils n'étaient pas remplis de terreur par les choses terribles qui leur étaient faites.

Cependant, nous connaissons le secret: ils étaient sûrs que Dieu les gardait sous sa protection à tout moment et que rien de ce qui était contre son désir ne pouvait leur arriver. Bien sûr ils étaient si heureux parce qu'ils aimaient tendrement le Báb. Et cela rend toujours heureux d'aimer les autres.


12. LE BÂB EST FAIT PRISONNIER

Après avoir été traité avec tant de cruauté, Mullá Sádiq dut quitter la ville accompagné de Quddus. Le gouverneur ne voulait pas les laisser rester plus longtemps car il avait peur que les gens se convertissent et se tournent contre lui. Mais cela leur était égal de partir, car ainsi ils pouvaient donner le Message ailleurs.

Lorsqu'ils eurent quitté la ville, le gouverneur décida qu'il devait faire arrêter le Báb pour l'empêcher Lui aussi de parler à la population. Pour cela, il envoya des soldats à cheval qui devraient Le ramener enchaîné. Alors qu'ils arrivaient dans un endroit un peu isolé, ils virent un jeune homme portant un turban vert. Il était à cheval, et son serviteur marchait derrière Lui. Quand ces soldats arrivèrent à sa hauteur, le jeune homme les salua et leur demanda où ils allaient. Leur chef pensa qu'il valait mieux ne pas dire à cet étranger pourquoi ils étaient là, alors il répondit qu'ils étaient en mission pour le gouverneur.

Le jeune homme sourit en disant: "Le gouverneur vous a envoyé pour m'arrêter. Me voici! Faites de Moi ce que vous voudrez. En venant à votre rencontre, Je vous ai permis de Me trouver sans difficulté".

Le soldat fut très étonné. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi le Báb ne s'était pas enfui lorsqu'Il les avait vus, au lieu de venir à leur rencontre. Il ne voulait pas L'emmener, alors il fit semblant de ne pas entendre et commença à s'en aller.

Mais le Báb vint vers lui et déclara qu'Il n'avait rien dit d'autre que la vérité, qu'Il n'avait d'autre souhait que celui d'aider les autres. "Je sais que vous Me cherchez", dit-Il, "et Je préfère Me livrer à vous, plutôt que de vous voir subir par ma faute des ennuis qui pourraient vous être évités".

Le soldat fut tellement ému par ces mots, qu'il descendit de cheval et alla embrasser les étriers du Báb. Il supplia le Báb de Se sauver et de ne pas permettre au cruel gouverneur de L'emprisonner. Il dit qu'il pouvait avoir confiance en ses hommes et qu'ils ne révéleraient pas le lieu où Il était allé.

Mais le Báb refusa de S'enfuir. Il assura le soldat que Dieu le récompenserait pour sa bonté, mais qu'Il Lui était impossible de fuir. Il lui dit aussi que Dieu Le protégerait et que personne ne pourrait Lui faire de mal tant que sa tâche ne serait pas accomplie. Et quand Il aurait fini, comme Il aimait Dieu infiniment, Il serait très heureux de donner sa vie pour Lui.

"Me voici", dit-Il, "Livrez-moi à votre maître. Soyez sans crainte, car personne ne vous en blâmera".

Alors, ils partirent ensemble pour la ville, mais les soldats refusèrent d'enchaîner le Báb. Durant tout le trajet Il était à la tête du régiment de soldats, libre comme eux. Lorsqu'ils arrivèrent, le gouverneur posa beaucoup de questions au Báb, et il Lui parla sur un ton tel que cela fâcha tous ceux qui l'entendirent.

Mais le gouverneur ne voulait pas faire de mal au Báb, car cela aurait tourné les gens contre lui, et finalement, il Le laissa partir. Mais avant de Le libérer il fit payer à l'oncle du Báb une forte somme d'argent. Il lui fit également signer un papier lui faisant promettre d'amener le Báb si plus tard il désirait l'interroger.

La mère et l'épouse du Báb, étaient alors avec son oncle, et vous pouvez vous imaginer leur bonheur d'être encore une fois ensemble. Pendant quelques temps, Il vécut très paisiblement ne recevant aucune visite, excepté celle de ses amis les plus proches.


13. L'OISEAU BLANC

Cette histoire raconte comment un bel oiseau blanc permit à 'Abdu'l-Karim de trouver le Báb. Depuis longtemps 'Abdu'l-Karim cherchait à connaître Dieu et les grands Messagers qu'Il envoyait. Et il savait que pour arriver à comprendre, il devait passer de longues années à étudier et à prier.

Il passait ses journées à étudier et à s'entretenir avec ses amis de ce qu'il avait appris. Et quelquefois même, il étudiait tard dans la nuit. Après avoir étudié le Coran pendant plusieurs années, ses maîtres lui dirent qu'à présent lui aussi était prêt à enseigner. Bien sûr , Abdu'l-Karim fut très heureux et demanda à son père, qui voulait préparer une fête à cette occasion, d'attendre quelques jours.

La raison pour laquelle il demanda à son père d'attendre est la suivante: il ne se sentait pas assez sage ou assez proche de Dieu pour pouvoir enseigner le Coran aux autres, malgré ses longues années d'étude. Il savait qu'un maître qui enseignait le Coran ne pouvait pas faire d'erreur. Alors il se rendit dans sa chambre, et toute la nuit il pria Dieu de l'aider. Et pendant qu'il priait il eut une vision. Un homme s'adressait à une foule, et ces personnes avaient des visages rayonnants. Cet homme leur parlait d'un verset du Coran qu'Abdu'l-Karim connaissait bien. Alors qu'Abdu'l-Karim se dirigeait vers lui, il disparut de sa vue. Le lendemain , Abdu'l-Karim décrivit sa vision à un sage qu'il connaissait. "Cet homme", dit-il, "est Siyyid Kázim, qui se trouve en ce moment à Karbilá il est aimé de tous ceux qui l'écoutent".

Bien sûr comme vous pouvez vous en douter, cette nouvelle rendit Abdu'l-Karim très heureux. Le jour même il se rendit à Karbilá pour voir Siyyid Kázim. C'était lui qu'Abdu'l-Karim avait vu dans son rêve et il parlait justement du même verset du Coran. Il parlait du Promis à ceux qui l'écoutaient. "Le Promis", leur disait-il, "vit au milieu de nous tous. Préparez le chemin pour Lui et purifiez votre coeur afin de pouvoir reconnaître sa Beauté. Vous ne devez pas vous reposer un instant avant de l'avoir trouvé."

Abdu'l-Karim resta quelques temps à Karbilá, puis retourna chez lui. Chaque jour il était très occupé, mais le soir il priait et pensait au Promis demandant à Dieu de le guider dans sa recherche.

Une nuit il eut une autre vision. Il vit un oiseau blanc comme la neige au dessus de sa tête. Il était à coté de la branche d'un arbre qui se posa sur lui, et dit d'une voix douce: "0 'Abdu'l-Karim, toi qui cherches la Manifestation. Attends l'année soixante".

Puis il s'envola laissant 'Abdu'l-Karim très heureux.

Chaque jour, il pensait à cette vision. Quelques années plus tard, il entendit parler du Báb et se dépêcha de se rendre à Shiráz pour Le voir. Et que croyez-vous qu'il arriva?

Le Báb était en train d'enseigner le Coran, et lorsqu'Il vit Abdu'l-Karim, Il lui dit d'une voix semblable à celle de l'oiseau: "Abdu'l-Karim cherches-tu la Manifestation?"

Vous souvenez-vous? C' étaient exactement les mêmes mots que ceux de l'oiseau blanc. 'Abdu'l-Karim comprit alors qu'il avait trouvé le Promis. Il se prosterna, rempli de joie et incapable de prononcer un mot. Et comme l'oiseau blanc l'avait prédit, c'était l'année soixante.


14. LA PESTE

L'histoire suivante raconte comment une nuit, Dieu sauva le vie du Báb, alors que le méchant gouverneur avait envoyé quelqu'un pour le faire prisonnier et le mettre à mort.

Voyez-vous, ce gouverneur n'aimait pas le Báb car des foules de gens venaient Le voir et écouter son message. Le gouverneur le faisait surveiller partout où Il allait. Finalement, une nuit, il fit appeler le chef de police de la ville, et lui dit de se rendre immédiatement à la maison où demeurait le Báb. Il devait grimper sur le mur, atteindre le toit de la maison sans se faire remarquer, pénétrer subrepticement à l'intérieur et arrêter le Báb ainsi que tous ceux qui étaient avec Lui Il devait également emporter tous les livres qui étaient dans la maison.

"Je jure que cette même nuit", dit le gouverneur, "je ferai exécuter le Báb et tous ses misérables compagnons".

Le chef de police fit exactement ce que lui avait ordonné le gouverneur. Il arrêta le Báb et ses compagnons, et se rendit avec eux à la maison du gouverneur. Mais en route, une chose étrange se produisit.

Alors qu'ils arrivaient vers la place du marché, ils rencontrèrent des gens qui couraient dans tous les sens, comme s'ils essayaient de fuir quelque chose. Tous semblaient trop effrayés pour s'arrêter et parler. Puis ils virent une longue procession de cercueils passer rapidement à travers les rues, chacun suivi d'hommes et de femmes criant et se lamentant.

Le chef de police arrêta une de ces personnes pour demander ce qui était arrivé. On lui dit que la nuit même la peste avait frappé et que déjà une centaine de personnes étaient mortes. La peste est une terrible maladie, si contagieuse que tous ceux qui se trouvent autour d'une personne atteinte, peuvent aussi l'attraper et beaucoup d'entre eux meurent.

Le chef de police, terrifié, courut à la maison du gouverneur. Mais le gardien de la maison lui dit que le gouverneur avait fui en emmenant sa famille hors de la ville. Un de ses serviteurs était mort de la peste et certains membres de sa famille étaient malades.

Le policier se demandait ce qu'il devait faire. Il décida alors d'emmener le Báb dans sa propre maison et de le garder prisonnier, jusqu'au retour du gouverneur. Cependant, alors qu'il arrivait près de sa maison, il entendit des pleurs, et on lui apprit que son fils était mourant. Dans son désespoir, l'homme se jeta aux pieds du Báb, et le supplia de sauver la vie de son fils.

"Ne le punis pas pour la faute que son père a commise", supplia-t-il. Il dit au Báb qu'il regrettait ce qu'il avait fait et que plus jamais il n'obéirait aux désirs pervers du gouverneur, même s'il n'arrivait plus à trouver de travail et devait mourir de faim.

Le Báb était juste sur le point de se laver le visage et les mains, comme Il le faisait toujours avant de prier. Il dit à l'homme de porter un peu de cette eau à son fils et de lui demander de la boire. "Cela lui sauvera la vie", dit-il.

Le policier fit ce que le Báb Lui avait dit, et aussitôt son fils alla mieux. Ensuite le père envoya une lettre au gouverneur pour lui expliquer ce qui était arrivé et le supplier de laisser partir le Báb avant que toute la population de la ville ne meure de la peste. Bien sûr, le gouverneur était effrayé et il répondit que le Báb devait être libéré immédiatement. Il pouvait aller où bon Lui semblait.

Quant au méchant gouverneur, le Sháh le congédia de son poste et il mourut pauvre et sans amis. Voyez-vous, la tâche du Báb n'était pas encore finie et même un homme aussi puissant que le gouverneur, ne pouvait pas Lui faire de mal.


15. EN ROUTE VERS TEHERAN

Maintenant beaucoup de gens avaient entendu le Message du Báb et affluaient de toutes parts pour L'écouter. Tous ceux qui étaient près de Lui L'aimaient tendrement et auraient fait n'importe quoi pour Lui. Mais ils étaient loin d'avoir les mêmes sentiments envers les dirigeants de la ville. La plupart de ces personnages étaient hautains et très cruels envers ceux qui ne partageaient pas leurs idées. Ces hommes devenaient de plus en plus jaloux du Báb et décidèrent finalement de se débarrasser de Lui.

Manúchir Khán était le gouverneur de la région où le Báb enseignait maintenant. Il avait beaucoup de sympathie pour le Báb et croyait en son Message. Ainsi, quand il apprit le plan diabolique élaboré contre Báb, il décida secrètement de le sauver. Il prétendit envoyer le Báb auprès du Sháh, qui se trouvait à Téhéran, et ceci afin de le faire sortir de la ville.

Un jour donc, au coucher du soleil, le Báb, accompagné de cinq cents gardes du corps appartenant au gouverneur, quitta la ville en direction de Téhéran. Cependant, ils n'allèrent pas à Téhéran. Suivant l'ordre du gouverneur, tous les quelques kilomètres, une partie des soldats devaient revenir vers la ville, jusqu'à ce qu'il en reste seulement trois avec le Báb.

C'étaient les gardes en qui le gouverneur avait le plus confiance. Ils devaient ramener le Báb à la ville par une route peu fréquentée, ils y arrivèrent à l'aurore et emmenèrent le Báb à la maison personnelle du gouverneur. Là, Il vécut paisiblement pour quelques temps. Sa présence n'était connue que de quelques amis seulement.

Hélas, peu de temps après, Manúchir Khán mourut. Son neveu, qui n'aimait pas le Báb, devint le nouveau gouverneur. A l'instant même où il apprit que le Báb était encore dans la ville, il écrivit au Sháh, qui ordonna que le Báb lui soit envoyé sur le champ.

Le voyage se fit à cheval et fut très long. Le commandant des soldats qui accompagnait le Báb s'appelait Muhammad Big. Très vite, le commandant et les soldats furent très attachés au Báb et l'aimaient beaucoup. s'Il avait désiré s'échapper, ils l'auraient laissé partir avec joie. Mais le Báb ne le fit pas, car Il ne voulait pas leur créer des ennuis. Et en toutes circonstances, le Báb était toujours bon et juste.

La Báb aimait la nature. Et lorsqu'un soir ils s'arrêtèrent pour camper sur une jolie colline toute couverte de vergers et de prairies, Il en fut très heureux. Une tente fut dressée pour Lui afin qu'Il fut à l'aise. Pendant qu'ils étaient dans cet endroit, le Báb reçut de Bahá'u'lláh une lettre et des cadeaux qui le rendirent si heureux, que tous se posaient des questions en voyant son visage radieux. Si vous vous rappelez, Bahá'u'lláh était le second Messager que Dieu allait envoyer. Mais à ce moment là Il n'avait pas encore déclaré sa Mission aux gens.

Une nuit, alors qu'ils campaient sur la colline, on découvrit que la tente du Báb était vide. Personne ne savait où Il était Tout d'abord, certains des gardes eurent peur, car ils pensaient que le Báb s'était échappé.

Mais Muhammad Big leur parla calmement: "Sans doute est-il allé chercher au clair de lune un endroit solitaire où Il peut communier avec Dieu sans être dérangé. Et il n'y a aucun doute qu'Il reviendra dans sa tente un peu plus tard. Jamais Il ne s'échappera".

Effectivement, quelques instants plus tard, ils le virent qui revenait seul de la direction de Téhéran.

"Vous pensiez que je m'étais échappé?", leur demanda-t-il. Il était si radieux et heureux que Muhammad Big se jeta à ses pieds: "Loin de moi cette pensée" lui dit-il. Ils restèrent deux semaines dans cet endroit merveilleux. Puis arriva un message venant du Sháh. Le message disait que le Sháh devait quitter Téhéran et ne pouvait pas voir le Báb pour le moment. Il devait être emmené à la forteresse de Máh-Kú. Il devait y rester jusqu'à ce que le Sháh lui demande de venir.

Bien sûr, le Báb savait que c'étaient ses ennemis qui avaient poussé le Sháh à prendre cette décision. Ils pensaient que si le Báb était envoyé dans cet endroit retiré, ses amis ne pourraient pas le rejoindre. Ils espéraient ainsi que les gens allaient oublier ce qu'ils avaient entendu au sujet de la venue du Promis.

Ils n'avaient pas compris que Dieu fait "Ce qui Lui plaît". Et que personne ne pouvait empêcher son Message d'atteindre les gens, comme vous allez le voir par la suite.

Quand le voyage fut terminé et que le Báb quitta les soldats, Muhammad Big, les larmes aux yeux demanda au Báb de lui pardonner car il n'avait pas été assez bon pour Lui. Mais le Báb lui dit qu'Il se rappellerait toujours de sa bonté et que tous ceux qui entendraient parler de lui le béniraient.

Les autres soldats aussi se jetèrent aux pieds du Báb, et avec des larmes aux yeux Lui demandèrent de les bénir. Et Il remercia chacun d'entre eux avec beaucoup de chaleur pour leur bonté envers Lui.


16. LA FORTERESSE DE MAH-KU

Dans l'histoire précédente nous avons appris comment le Sháh ordonna l'emprisonnement du Báb dans la forteresse de Máh-Kú. Le Sháh et son entourage, espéraient ainsi que les gens oublieraient le Báb et son Message. Mais vous allez voir à quel point ils s'étaient trompés.

La forteresse de Máh-Kú était bâtie sur le sommet d'une montagne dans une partie isolée du pays. Au pied de la montagne, il y avait un petit village. Et les habitants de ce village étaient rudes et querelleurs. Une seule route menait au château, en passant par le village, pour aboutir à une porte toujours fermée et gardée.

'Ali Khán qui était responsable de la garde de la forteresse, était un soldat impartial et dur, qui n'aimait pas beaucoup le Báb et les deux compagnons autorisés à rester avec Lui. Quant aux autres amis, ils n'avaient même pas le droit d'approcher du village.

Le Báb était si bon et si gentil qu'il ne fallut pas longtemps aux villageois pour L'aimer, comme ce fut le cas partout ailleurs. Tôt le matin, la plupart d'entre eux, se rendaient au pied de la montagne, d'où ils pouvaient apercevoir la fenêtre du Báb. Et ils espéraient le voir juste un instant. Il bénissait alors leur travail de la journée.

Mais 'Ali Khán n'éprouvait toujours pas de sympathie pour le Báb et n'autorisait aucune visite. Jusqu'au jour où une chose étrange arriva et qui nous montre combien le Báb était merveilleux.

Le Báb et ses deux compagnons entendirent un jour quelqu'un frapper à la porte. En ouvrant la porte, ils virent 'Ali Khán qui désirait entrer. Mais c'était un 'Ali Khán tout à fait différent. Auparavant son attitude était fière et cruelle. Maintenant il semblait plus doux et son visage traduisait la surprise. En entrant dans la pièce où était assis le Báb, il tremblait. Quelques instants plus tard, à la grande surprise des deux amis, il se jeta aux pieds du Báb. Ils ne pouvait pas en croire leurs yeux.

Délivre-moi de ma perplexité supplia-t-il en regardant le Báb. Puis il raconta la chose étrange qui lui était arrivée et qu'il n'arrivait pas à comprendre.

Ce jour là, à l'aurore, il se promenait à cheval en dehors de la ville. Il était si tôt que personne n'était encore sorti, à l'exception d'un homme qui était debout au bord de la rivière en train de prier. Ali Khán se rapprocha de l'homme, et vit à son grand étonnement que c'était le Báb. 'Ali Khán se dirigea vers Lui afin de Le réprimander pour avoir quitté la forteresse. Mais le Báb était si profondément absorbé dans ses prières, qu'II ne l'entendit pas. 'Ali Khán décida alors de le laisser là pour un moment. Puis il retourna vers la forteresse, afin de punir les gardes qui L'avaient laissé partir.

Quand il arriva au village, il fut très surpris de trouver la porte verrouillée. La porte de la forteresse était également fermée à clé comme il l'avait laissée Et quand il ouvrit la porte, le Báb était là devant ses yeux, tranquillement assis. Vous pouvez facilement imaginer sa stupéfaction, car il venait de quitter le Báb quelques instants auparavant, au bord de la rivière.

"Je suis dans la plus grande confusion", dit-il. "Et je me demande même si je n'ai pas perdu la raison". "Ce dont tu as été témoin", lui dit le Báb, "est vrai". Puis Il lui expliqua que Dieu désirait ainsi lui montrer la vérité de son Message. Il lui dit que Dieu dans sa miséricorde avait voulu instiller dans son coeur l'amour de son Messager et avait voulu qu'il reconnaisse la puissance de sa foi. Après cette expérience, il avait tellement changé que les gens de la ville avaient du mal à le reconnaître.

Au lieu d'être cruel et fier, il était devenu gentil et doux. La porte de la forteresse était fermée la nuit, mais durant la journée elle restait ouverte et tous ceux qui désiraient voir le Báb pouvaient entrer librement. Chaque jour, Ali Khan Lui apportait des fruits frais ou d'autres aliments.

Pendant son emprisonnement dans la forteresse, le Báb écrivit un livre qui s'appelait le Bayán persan. Dans ce livre Il révéla les lois auxquelles les gens devaient obéir, Il parlait de l'autre Enseignant divin que Dieu devait manifester et Il encourageait tout le monde à Le chercher.

Cette histoire est vraie et en la lisant on peut comprendre comment Dieu fait sortir du bien de toute chose, même quand cela semble impossible. En envoyant le Báb à Máh-Kú, le Sháh pensait L'envoyer dans un endroit où personne ne pourrait Le voir ou Lui parler. Mais c'est le contraire qui arriva, toutes les personnes qui vivaient dans la montagne aux alentours de la forteresse, entendirent son Message et devinrent ses amis. Et Il écrivit un très grand Livre qui devint la Loi pour son temps.


17. LE REVE D'ALI KHAN

Un jour, alors que le Báb était prisonnier dans la forteresse de Máh-Kú. Mullá Husayn Lui rendit visite. Comme il devait être heureux à la pensée de revoir le Báb! Nous savons que cette visite avait beaucoup d'importance pour Mullá Husayn, car il marcha durant tout le voyage qui était long et difficile. Ses amis voulaient lui offrir le nécessaire pour faciliter son voyage, mais il refusa. Voici le récit de son arrivée à Máh-Kú: La veille de l'arrivée de Mullá Husayn, était la veille de nouvel an. Durant cette nuit-là, Ali Khán, le responsable de la citadelle, eut un rêve. Dans son rêve il entendit que Muhammad devait rendre visite au Báb, le jour du nouvel an. Au comble de l'émotion, 'Ali Khán courut à sa rencontre. Il se dirigeait vers la rivière, et comme il atteignait le pont, il vit deux hommes venir dans sa direction, l'un derrière l'autre, Pensant que le premier était Muhammad, il se précipita vers Lui. Et il était sur le point de se jeter à ses pieds quand il se réveilla.

Il ne s'était jamais senti aussi heureux de toute sa vie. Il avait l'impression d'être au paradis. Et tout cela lui semblait si réel qu'il était sûr que c'était plus qu'un rêve.

'Ali Khán récita ses prières du matin et revêtit ses plus beaux vêtements. Puis il se dirigea vers l'endroit où, dans son rêve, il avait vu Muhammad. Il ordonna à ses serviteurs de seller trois de ses meilleurs et plus rapides chevaux et de les emmener immédiatement près du pont.

Il était très tôt. Le soleil venait juste de se lever quand, Ali Khan se dirigea seul vers la rivière. Arrivé au pont, Il vit deux hommes marchant l'un derrière l'autre exactement comme dans son rêve.

'Ali Khan se mit à genoux aux pieds de celui qu'il croyait être Muhammad et le supplia, lui et son compagnon, de monter ses chevaux pour le reste du chemin.

Non, dit-il, car j'ai fait le voeu d'accomplir tout mon voyage à pied. J'irai jusqu'au sommet de cette montagne et là je rendrai visite à votre prisonnier.

Le visiteur n'était pas Muhammad, comme 'Ali Khán l'avait rêvé, mais Mullá Husayn. 'Ali Khán l'accompagna jusqu'à ce qu'ils atteignent la porte de la forteresse. Là, le Báb les attendait. A sa vue, Mullá Husayn se prosterna très bas, mais le Báb le prit dans ses bras. Puis prenant Mullá Husayn par la main, il le conduisit à l'intérieur de la forteresse où ils célébrèrent ensemble la fête de Naw Rúz qui est le nouvel an.

Jusqu'à ce jour, aucun des amis du Báb, n'avait eu la permission de passer la nuit dans la citadelle à l'exception des deux compagnons du Báb. Mais ce jour-là, 'Ali Khán se rendit auprès du Báb et lui dit: "Si vous souhaitez que Mullá Husayn reste avec vous cette nuit, je suis prêt à accepter votre désir, car désormais ma volonté ne m'appartient plus. Aussi longtemps que vous désirez sa présence, je m'engage à exécuter votre commandement".

Ceci nous montre à quel point 'Ali Khán avait changé.

Alors que Mullá Husayn était toujours en visite dans la forteresse, le Báb lui dit: "Quelques jours après votre départ, nous serons transférés dans une autre montagne. Avant que vous arriviez au terme de votre voyage, la nouvelle de notre départ vous sera parvenue".

Cela arriva comme le Báb l'avait prédit. Le Báb fut transféré dans une autre forteresse, car 'Ali Khán était devenu trop gentil envers Lui et par conséquent les amis du Báb étaient autorisés à Le voir. Et durant une de ses escales sur le chemin du retour, Mullá Husayn apprit cette nouvelle.

Suivant le voeu fait auparavant, Mullá Husayn fit le trajet du retour à pied, comme il l'avait fait pour atteindre la forteresse de Máh-Kú.


18. TAHIRIH

Jusqu'à présent nous vous avons surtout parlé d'un grand nombre d'hommes qui avaient accepté le Message du Báb et qui étaient partis l'enseigner. Maintenant voici l'histoire d'une femme merveilleuse, qui elle aussi voyagea beaucoup pour propager ce Message. Elle s'appelait Táhirih, et était d'une grande beauté. Elle écrivait de très beaux poèmes que vous lirez sans doute un jour.

A cette époque là, les femmes d'Iran ne se promenaient pas parmi les gens aussi librement que le faisaient les hommes. Lorsqu'elles devaient sortir dans les rues, elles portaient un voile afin de ne pas être vues. Mais un jour, Táhirih décida que cette pratique n'était plus nécessaire et enleva le sien, et fut la première femme à sortir sans voile. Nous verrons par la suite dans quelle circonstance elle se dévoila.

Táhirih était une des Lettres du Vivant. Vous en souvenez-vous? Les dix-huit disciples du Báb étaient tous des hommes à l'exception de Táhirih. Et dire que sans voir le Báb, elle avait cru en Lui. Dès l'instant où elle entendit le Message, elle l'accepta. Elle écrivit immédiatement au Báb. Dans cette lettre, elle Lui fit part de sa joie à l'annonce de son Message et déclara que c'était la Vérité. Le Báb lui répondit et la nomma une des Lettres du Vivant.

Dès lors, Táhirih passa tout son temps à parler du Báb à tous ceux qui voulaient l'écouter. Et bientôt les ennemis du Báb commencèrent à lui faire du mal. Ils voulaient l'empêcher de parler. Finalement elle fut emprisonnée dans la maison de l'un d'entre eux où personne ne pouvait lui rendre visite.

Táhirih savait qu'ils voulaient la tuer comme ils l'avaient fait pour les autres disciples. Mais elle n'avait aucune crainte car elle savait que Dieu la protégerait.

Elle dit à ceux qui la retenaient prisonnière qu'elle leur prouverait l'origine divine du Message du Báb.

Si son Message était vrai, leur dit-elle, dans neuf jours Dieu la libérerait de cette maison où elle était enfermée et surveillée. Bien sûr, ils étaient certains que cela était impossible. Mais nous allons voir ce qui arriva.

Bahá'u'lláh décida alors que Táhirih devait être libérée. Il était résolu à prouver aux gens que son Message était vraiment divin. Il envoya chercher un de ses amis et lui dit qu'il devait ramener Táhirih dans sa propre maison qui se trouvait dans la ville de Téhéran.

Voici comment tout se passa: L'épouse de l'homme qui avait été chargé de ramener Táhirih à Téhéran, se déguisa en mendiante afin que personne ne puisse la soupçonner. Puis elle se rendit à la maison où Táhirih était prisonnière pour lui remettre une lettre de Bahá'u'lláh. Cette lettre expliquait exactement à Táhirih ce qu'elle devait faire. La femme attendit à la porte de la maison jusqu'à ce que Táhirih la rejoigne. Puis elles se hâtèrent de retourner vers son mari. Bien sûr Táhirih, elle aussi, était déguisée afin que personne ne puisse la reconnaître et l'arrêter.

A cette époque la ville était entourée d'une muraille très haute pour empêcher les ennemis d'y entrer. L'homme avait apporté trois chevaux et les avait laissés dans un endroit sûr en dehors de l'enceinte de la ville. Il réussit en compagnie des deux femmes, à prendre les chevaux sans être vu. Puis tous les trois partirent vers Téhéran par une route déserte et y arrivèrent à l'aube. Ainsi Táhirih put se rendre en toute sécurité à la maison de Bahá'u'lláh.

Pendant ce temps quand la fuite de Táhirih fut découverte, tout le monde en fut stupéfait. Même ses amis n'arrivaient pas à s'imaginer où elle avait pu aller, ni comment elle s'était échappée. Durant toute la nuit on fouilla les maisons du voisinage mais sans succès bien sûr.

C'est alors qu'ils se rappelèrent ce qu'elle leur avait dit que si son Message concernant le Báb était vrai, Dieu la libérerait de son emprisonnement dans les neuf jours qui suivraient. Les neuf jours n'étaient pas encore écoulés et elle était libre!

A cause de cet incident, un grand nombre de personnes acceptèrent le Message du Báb. Le séjour que passa Táhirih dans la maison de Bahá'u'lláh fut très heureux. Il n'avait pas encore annoncé qu'il était le second Enseignant divin que Dieu devait envoyer. Mais Táhirih était si pure et si proche de Dieu qu'elle avait deviné son secret. Et vous pouvez facilement imaginer comme elle était heureuse de vivre dans sa maison.


19. LE NOUVEL ORDRE

A cette époque là, le Báb, Bahá'u'lláh et leurs disciples obéissaient encore aux lois révélées dans le Coran. Ainsi, comme vous le voyez, quand un enseignant divin vient sur terre, il nous laisse dans un livre, des instructions ou lois. Muhammad avait laissé les siennes dans le Coran.

Cependant, après beaucoup d'années, certaines lois doivent être changées, car les gens étant devenus plus sages, n'en ont plus besoin. Dieu envoie alors, un nouveau Messager pour donner de nouvelles lois et de nouvelles directives. Dans la période de l'histoire que nous étudions, le moment était venu pour que certaines de ces lois soient changées, car elles n'étaient plus nécessaires. Cette histoire raconte comment l'une d'entre elles fut changée.

Vous vous souviendrez que Táhirih avait vécu dans la maison de Bahá'u'lláh? Après quelques temps, Il décida de l'envoyer dans une autre ville. Ce qui n'était pas chose facile, car les portes de la ville étaient gardées, et les femmes n'avaient pas le droit de sortir sans une lettre ou un laissez-passer. Aussi étrange que cela puisse paraître, les gardes n'essayèrent pas d'arrêter Táhirih et ses compagnons. Ils ne leur demandèrent même pas le lieu de leur destination. Ceci nous montre le pouvoir de la volonté de Bahá'u'lláh.

Quelques jours plus tard, Bahá'u'lláh aussi quitta la ville allant dans la même direction. Peu après, ils rencontrèrent Quddus qui était venu accueillir Bahá'u'lláh.

Les habitants du quartier étaient extrêmement heureux à cause de la présence de Bahá'u'lláh et de Quddus. Certains étaient si contents qu'iIs étaient prêts à faire n'importe quoi pour eux. Alors que d'autres étaient pleins de haine et voulaient leur faire du maI.

C'est toujours ainsi quand un Messager de Dieu vient. Les gens les aiment de tout leur coeur, ou alors ils en ont peur et veulent leur faire du mal. Comme vous le voyez, cela dépend essentiellement de ce que chacun a dans son coeur. Si leur coeur est bon, ils aiment ces Enseignants. Autrement, ils refusent de Ies écouter. C' était le début de l'été. Bahá'u'IIáh avait loué trois jardins; un pour Táhirih, le deuxième pour Quddus et le troisième pour Lui-même. Quand les amis apprirent cette nouvelle, ils vinrent nombreux pour être près d'eux. Ils étaient quatre-vingt, tous invités de Bahá'u'lláh.

Un jour, alors qu'ils étaient réunis, un messager arriva portant un message de Táhirih. Le message invitait Quddus à lui rendre visite. Mais comme Quddus ne voulait pas quitter Bahá'u'lláh, il refusa cette invitation. Le messager revint alors avec le même message.
"Elle insiste pour que vous veniez la voir", dit-il, "si vous persistez dans votre refus, elle se dérangera pour venir elle-même".

Quddus était encore sur le point de refuser lorsque Táhirih apparut. Et au grand étonnement de tous, elle ne portait pas de voile.

Nous pouvons difficilement imaginer le choc qu'ils éprouvèrent en la voyant ainsi. Car les femmes portaient toujours un voile lorsqu'elles étaient en public. Quelques-uns pensaient que Táhirih était très perverse et se seraient sauvés si Bahá'u'lláh ne les avait pas retenus. Il leur parla avec douceur, leur demandant d'être calmes et joyeux et ces mots les apaisèrent. Le visage de Táhirih rayonnait de joie, car elle savait que ce qu'elle faisait était juste. "Je suis le son de la trompette, l'appel du clairon, je suis venue réveiller les esprits endormis". En parlant ainsi Táhirih voulait leur faire comprendre que le moment était venu pour que les lois anciennes concernant les femmes soient changées.

Pendant qu'elle leur parlait, tous étaient surpris et captivés, car ses mots ressemblaient tellement à ceux du Coran. C'est alors que Bahá'u'lláh lui donna le nom de Táhirih "la Pure". A partir de ce moment, les femmes de l'Est, commencèrent à avoir plus de liberté dans beaucoup de domaines. Combien elles ont dû être reconnaissantes à cette femme si courageuse.

A partir de ce jour, la vie et les habitudes des croyants du Báb, furent changées sous beaucoup d'aspects. Ils savaient que l'ordre ancien ou l'ancienne manière de faire les choses était finie; et que le "Nouvel Ordre" ou "Nouveau Jour" était arrivé. Quand ils allèrent dans une autre ville, Quddus et Táhirih voyagèrent ensemble dans le même howdah ou moyen de transport.


20. LA VISION DE MUHAMMAD ALI

Vous souvenez-vous comment le Báb fut emmené prisonnier dans la forteresse de Máh-Kú? Après un certain temps, il fut transféré à une deuxième prison et puis à une troisième. Et pourtant ses ennemis étaient incapables d'empêcher la population de le voir. Ils venaient nombreux chaque jour, témoigner leur amour envers Lui. Vous aimerez certainement ce récit d'un jeune homme, Ali Muhammad, qui après avoir pris connaissance du Message du Báb était décidé à le voir même en prison. Ali était prêt à donner sa vie pour Lui.

Le beau-père de Muhammad Ali cependant, lui avait interdit de quitter la ville. Et il l'enferma chez lui en lui assurant une surveillance très rigoureuse. Il ne croyait pas au Báb et avait peur que son fils ne perde l'esprit. Il se produisit quelque chose de très curieux. Jusqu'à ce jour Muhammad Ali pleurait sans cesse parce qu'il ne pouvait pas voir le Báb. Et soudain il était devenu très joyeux; au lieu de pleurer, il souriait.

En voici la raison: durant toute une journée, Muhammad Ali avait prié pour que le Báb lui accorde le privilège de le rencontrer. Il pria avec tellement d'intensité qu'à la fin, il sembla perdre conscience Puis il eut une vision.

Dans sa vision, il entendit la voix du Báb l'appeler. La voix lui commanda de se lever, et lorsqu'il fut debout, il lui semblait qu'il regardait dans les yeux souriants du Báb. Plein de joie et de reconnaissance, le jeune homme se jeta à ses pieds.

"Réjouis-toi". lui dit le Báb, "l'heure approche, où dans cette même ville, je serai suspendu devant les yeux de la foule, et je tomberai victime du feu de l'ennemi. Je ne choisirai personne d'autre que toi pour partager avec moi la coupe du martyre. Sois assuré que la promesse que je te fais sera accomplie".

Savez-vous ce que le Báb voulait dire par ces mots? En voici l'explication: dans quelques temps, Lui, le Báb serait mis à mort dans cette même ville et beaucoup de gens assisteraient à son exécution, et c'est à ce moment qu'Il choisirait le jeune Ali pour mourir avec Lui. C'était cela sa promesse. Mourir avec le Báb était une grande bénédiction, et tous ceux qui l'aimaient espéraient être choisis. Mais seulement ce jeune homme, dit-il, serait choisi.

C'était cette promesse qui avait rendu Ali si heureux. A partir de ce jour, plus rien ne pouvait l'attrister. Il disait qu'il avait l'impression de vivre dans un océan de joie. La voix du Báb résonnait continuellement dans ses oreilles et il lui semblait le voir souvent durant le jour et la nuit. Son père ne comprenait pas le changement qui s'était passé en lui et lui redonna finalement sa liberté.

A partir de ce jour, Ali vécut paisible et heureux avec sa famille et ses amis. Il était si tendrement aimé que lorsqu'il mourut avec le Báb, comme cela avait été promis, tous les gens de la ville le pleurèrent.


21. LE PROCES DU BAB

Maintenant les foules venaient de plus en plus nombreuses écouter le Báb. Mais presque toujours les chefs de la ville et leurs amis s'acharnaient contre le Báb. Et savez-vous pourquoi?

Certains étaient vaniteux car ayant étudié plus que les autres, ils se croyaient capables de commenter le Coran. D'autres étaient fiers à cause de leur richesse ou parce qu'ils occupaient une position importante dans le gouvernement. Et ils avaient tous peur de perdre leur rang si la population acceptait le nouveau Message. Ceci explique que partout où allait le Báb, Il était traité cruellement. Cependant, ceux qui restaient avec le Báb quelques temps, devenaient ses amis. Il était même aimé des animaux. Car, s'ils étaient féroces, ils devenaient doux. Voici ce qui arriva un jour

Le prince chez qui le Báb était reçu, désirait savoir s'Il était brave, et Lui donna un cheval très sauvage à monter. Le palefrenier qui s'occupait des chevaux, alla secrètement vers le Báb et Lui demanda de ne pas monter ce cheval. Car, lui dit-il, le cheval avait rejeté tous ceux qui avaient essayé de le monter. Le Báb le remercia et lui dit de Le laisser entre les mains de Dieu. Tout se passerait bien. Quand le Báb se dirigea tranquillement vers le cheval et qu'Il le caressa en mettant son pied à l'étrier, l'animal ne broncha pas et laissa le Báb s'installer en selle. Et pendant tout le temps que dura la promenade du Báb, il était calme.

Il y avait tant de gens qui avaient accompagné le Báb à Tabríz, que ses ennemis, les chefs religieux ne voulaient pas Le laisser entrer dans la ville. Ils craignaient des ennuis.

C'est pourquoi, ils envoyèrent un message au Báb, lui demandant de camper à l'extérieur de la ville. Puis ils organisèrent une réunion et demandèrent au Báb de comparaître devant eux, pour être questionné.

Lorsque le Báb arriva dans la salle, tous les sièges étaient pris, à l'exception d'un seul. Les gens se pressaient de partout. Et quand le Báb marcha à travers la foule pour aller vers le siège libre, les gens soudain donnèrent l'impression de ressentir son pouvoir. Ils parlaient tous à la fois avec grand bruit. Et soudain un grand et mystérieux silence tomba sur eux. Personne n'osait prononcer un seul mot.

Finalement le silence fut brisé par un des dirigeants. "Qui prétends-tu être?", demanda-t-il au Báb, "Et quel est le message que tu apportes?"

"Je suis", répondit le Báb, par trois fois, "Je suis, Je suis le Promis. Je suis Celui dont vous avez invoqué le Nom depuis un millier d'années, à la mention duquel vous vous êtes levés, l'avènement duquel vous avez ardemment désiré être les témoins, et l'heure de la Révélation duquel vous avez prié Dieu de hâter".

Vous voyez, ils l'avaient attendu. Il était venu, et pourtant, ils refusaient de l'accepter. Ils lui posèrent beaucoup de questions auxquelles Il répondit intégralement, mais ils refusaient toujours de croire qu'Il était le Promis. Ils Le traitèrent de façon honteuse et Le renvoyèrent en prison.

La nouvelle de ce procès se répandit à travers le pays, et fit que ses amis désiraient de plus en plus L'aider. Un grand nombre parmi ceux qui n'étaient pas ses disciples et qui avaient été choqués de la façon injuste dont les chefs religieux avaient traité le Báb devinrent eux aussi ses amis. Ainsi comme vous le voyez, tout ce qu'ils essayaient contre Lui ne réussissait pas et rapprochait davantage la population du Báb.


22. FORT TABARSI

Vous rappelez-vous Mullá Husayn? Il était le premier à qui le Báb avait révélé le secret de sa mission. Et depuis cette nuit importante à Shíráz, Mullá Husayn parlait continuellement du Báb autour de lui.

Un jour, un messager vint chez Mullá Husayn Lui apporter le turban du Báb en lui disant qu'il devait aller aider Quddus. Quddus, vous vous rappelez, était celui qui traversa le désert avec le Báb pour se rendre à la ville de la Mecque.

Aussitôt que Mullá Husayn reçut les messages, il partit avec deux cent deux compagnons. Partout où ils s'arrêtaient, ils donnaient le message du Nouveau Jour et invitaient certains de ceux qui avaient accepté le message à se joindre à eux.

Un jour, lors d'une escale, Mullá Husayn parla aussi à ses compagnons: "que celui qui ne se sent pas prêt pour les grandes épreuves qui nous attendent, retourne immédiatement chez lui et mette fin à son voyage. Soixante-douze de mes compagnons et moi-même donnerons notre vie pour le Bien-Aimé. Que celui qui est incapable de renoncer, parte à cet instant précis, car plus tard, il lui sera impossible de s'échapper."

Bien sûr, vous avez compris ce qu'il voulait dire - que ceux qui avaient peur de mourir pour Dieu, devaient les quitter maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Vingt d'entre eux les quittèrent et retournèrent chez eux. Puis Mullá Husayn dit à ceux qui restaient de laisser derrière eux tout ce qu'ils possédaient, à l'exception de leurs chevaux et de leurs épées. Car ainsi les gens verraient qu'ils n'étaient pas attachés aux choses de ce monde, mais désiraient seulement enseigner le message de Dieu.

Très souvent, les membres de ce petit groupe furent obligés de se battre pour défendre leur vie. Leur chef cependant ne les laissait jamais attaquer. Ils ne se battaient que lorsqu'ils y étaient obligés. Tous étaient étonnés par sa bravoure, et par une force mystérieuse qui semblait lui venir chaque fois qu'il en avait besoin. Ses ennemis tremblaient dès qu'ils entendaient sa voix.

La nuit qui précéda leur arrivée au Tombe au de Fort Tabarsí, le gardien du Tombeau rêva que Mullá Husayn était venu avec un grand nombre de gens. Il rêva qu'ils restaient là, remportant toutes les batailles contre leurs ennemis. Et qu'une nuit, le prophète de Dieu les rejoignit. Un prophète, savez-vous est un de ces Enseignants divins dont nous avons entendu parler. Lorsque Mullá Husayn arriva le lendemain, le gardien savait que c'était l'homme dont il avait rêvé, et le gardien lui raconta son rêve.

"Tout ce dont tu as été le témoin", lui dit Mullá Husayn, "se passera".

Mullá Husayn décida de bâtir un fort près du Tombeau, et mit aussitôt ses hommes au travail. Très souvent, ils devaient interrompre leur travail, pour combattre les gens des villages voisins, qui faisaient tout pour leur nuire. Mais ils réussissaient toujours à chasser leurs ennemis.

Alors que le fort venait juste d'être fini, la visite de Bahá'u'lláh fut annoncée à Mullá Husayn. Vous vous rappelez, que dans le rêve du gardien du Tombeau, le Prophète de Dieu venait les visiter? Le Prophète était Bahá'u'lláh.

Les compagnons de Mullá Husayn ne savaient pas encore qui était Bahá'u'lláh, et ils ne comprenaient pas pourquoi leur chef était si heureux qu'il, en oubliait même leur présence. Quand Bahá'u'lláh arriva, personne ne pouvait s'asseoir avant que Mullá Husayn n'en donne l'ordre, ce qu'il oublia de faire jusqu'à ce que Bahá'u'lláh Lui-même leur dit de s'asseoir.

Bahá'u'lláh était très satisfait du fort et leur dit qu'il ne manquait qu'une chose pour qu'il soit parfait. La présence de Quddus. A ce moment là, Quddus était en prison. Bahá'u'lláh, dit à Mullá Husayn d'envoyer six hommes le chercher, et ainsi il pourrait être parmi eux.

Avant de les quitter, Bahá'u'lláh leur dit "Quoi qu'il arrive, la victoire vous appartient, une victoire complète et certaine".

Après le départ de Bahá'u'lláh, Mullá Husayn envoya six hommes chercher Quddus. Il dit alors aux autres, qu'ils devaient traiter Quddus avec le plus grand respect, comme ils l'auraient fait pour le Báb. "Quant à moi-même", dit-il, "Je ne suis que son humble serviteur".

Quddus arriva au fort dans le courant de la nuit. Dès qu'un messager annonça son arrivée, Mullá Husayn et cent de ses hommes partirent à pied à sa rencontre. Chaque homme portait deux bougies allumées, ce qui illuminait toute la forêt autour d'eux. Quddus était à cheval et tous l'entouraient, et en retournant vers le fort, ils chantaient des hymnes de joie.

Chaque jour, sans prendre garde à la férocité avec laquelle l'ennemi attaquait le fort, Quddus prenait toujours le temps de prier avec ses compagnons autour de lui. Rien ne pouvait l'empêcher de parler de cette façon avec Dieu, qu'il aimait et en qui il avait confiance.


23. LE SIEGE DE FORT TABARSI

Pendant plusieurs semaines, Quddus, Mullá Husayn et leurs compagnons étaient retenus dans le fort par ceux qui désiraient leur nuire. Ils ne pouvaient pas sortir pour se procurer de la nourriture, car tous ceux qui essayaient, étaient abattus. A la fin, même l'eau finit par manquer.

Quand quelqu'un en informa Quddus, il dit: "Si telle est la volonté de Dieu, cette nuit même, une forte pluie surprendra nos adversaires, suivie d'une abondante chute de neige".

Effectivement, une pluie torrentielle tomba la nuit même et détruisit toutes les munitions de l'ennemi. Ils réussirent à ramasser assez d'eau dans le fort, pour soutenir les hommes pendant longtemps. Et la nuit suivante, la neige tomba avec une telle abondance, que personne dans le voisinage du fort ne pouvait se souvenir d'en avoir vu une semblable même en plein coeur de l'hiver. Ainsi, vous voyez, ce qui causa beaucoup de problèmes à l'ennemi, fut pour ceux qui étaient dans le fort une source de bénédictions.

La petite troupe à l'intérieur du fort savait qu'à l'extérieur, la garde armée s'apprêtait à les attaquer. Quddus décida alors de leur tomber dessus par surprise et d'essayer de les repousser ou les disperser. Deux heures après le lever du soleil, Quddus et deux autres compagnons, montèrent sur leurs chevaux et sortirent du fort. Le reste du groupe suivait à pied. Aussitôt qu'ils furent dehors, tous crièrent de toutes leurs forces, "Seigneur des Anges". C'était un des noms du divin Enseignant qu'ils attendaient.

Le grondement de leur clameur et l'étincellement du soleil sur leurs armes, effrayèrent l'ennemi. Ils couraient dans toutes les directions, laissant derrière eux toutes leurs possessions. Et pas un seul des compagnons du fort ne fut tué.

Quddus ne laissa pas ses hommes poursuivre ceux qui se sauvaient. Il ne voulaient pas faire de mal si ce n'était pas nécessaire. Il voulait seulement démontrer le pouvoir de Dieu, pour qu'il leur soit permis d'enseigner le message de Dieu en toute liberté.

Cette même situation se renouvela souvent. La minuscule armée se précipitait soudain vers l'extérieur du fort en criant "Seigneur des Anges". Et toujours, ils réussissaient à repousser la grande armée organisée qui était venue les combattre. C'est durant une de ces batailles que Quddus fut touché par une balle et blessé à la bouche et à la gorge. Mais Mullá Husayn, une épée dans chaque main, suivi par le reste de ses hommes repoussa l'ennemi. Puis ils retournèrent au fort avec Quddus, qui fut bientôt guéri de ses blessures.

Bahá'u'lláh décida par la suite de venir les rejoindre, mais Il fut, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, capturé par l'ennemi et gardé prisonnier pour quelques temps. Bahá'u'lláh fut traité avec beaucoup d'égard, pas du tout comme un prisonnier. Il fut ainsi retenu loin de ceux qui étaient dans le fort. Et c'était une bonne chose, car peut-être aurait-Il succombé avec eux. Vous voyez, c'est ainsi que Dieu prend soin de sa Cause.

C'est durant une de ces batailles que Mullá Husayn fut mortellement blessé. Voici ce qui arriva durant la bataille: le pied de son cheval se mêla dans les cordes d'une tente, et avant qu'il ne puisse se dégager, une balle l'atteignit en pleine poitrine. Il tomba de cheval. fit quelques pas en titubant, puis s'écroula sur le sol. Deux de ses compagnons le portèrent au fort.

Et là, dans le fort, une chose étrange arriva. Bien que Mullá Husayn fut inconscient quand on le ramena au fort, Quddus demanda aux autres de les laisser seuls. Il leur dit qu'il désirait parler à Mullá Husayn.

Par une fente de la porte, un des compagnons vit ce qui se passa. Aussitôt qu'ils furent seuls, Quddus appela Mullá Husayn qui se leva et s'assit à ses pieds. Les autres purent l'entendre répondre aux questions et parler.

Ils parlèrent ainsi pendant deux heures. Puis la porte s'ouvrit et Quddus sortit. Je lui ai dit mon dernier au revoir, dit-il.

Il leur expliqua qu'il avait dit à Mullá Husayn beaucoup de choses qu'il n'était pas prêt à entendre auparavant. Quand les amis entrèrent dans la pièce, Mullá Husayn était mort. Son visage était souriant et il semblait dormir.

Mullá Husayn fut enterré près du tombeau de Shaykh Tabarsí. Et plus tard, les corps de tous ceux qui étaient morts dans cette même bataille, furent enterrés dans le même endroit. Ils avaient tous donné leur vie pour la Cause de Dieu, ce qui était la chose la plus glorieuse qu'il soit possible de faire.


24. LA MORT DE QUDDUS

Après la mort de Mullá Husayn, la situation devint très difficile dans le fort. Les ennemis ne laissaient personne entrer ni sortir, pour les empêcher de se procurer à manger. Mais avec la présence de Quddus, ils étaient si heureux, qu'ils oubliaient leur faim. S'ils commençaient à se sentir faibles ou malades, il leur suffisait de regarder son visage joyeux et d'entendre sa voix, pour se sentir forts à nouveau, et capables de faire n'importe quoi. Un jour, un boulet de canon tomba dans le fort et roula jusqu'à l'endroit où se tenait Quddus. Il ne fut pas du tout effrayé et poussa seulement le boulet de coté avec son pied. Puis il dit à ses compagnons qu'ils n'avaient pas besoin d'avoir peur de l'ennemi. Car jusqu'à l'heure prédestinée de leur mort, rien ne pourrait leur nuire. Mais s'ils se laissaient effrayer par les coups de fusil, ils seraient privés de la protection divine. Ce qui voulait dire que cette peur les empêcherait d'être protégés. Ils devaient avoir la certitude que Dieu s'occuperait d'eux. C'est quelque chose que nous devrions nous rappeler en ce moment, n'est-ce pas?

Peu de temps après, l'ennemi décida qu'il était incapable de capturer le fort, ainsi que les hommes courageux qui s'y trouvaient. Ils décidèrent alors d'un plan très méchant. Ils allaient promettre à ceux qui étaient dans le fort de retourner chez eux en toute sécurité. Puis lorsqu'ils auraient quitté le fort, ils en feraient ce qu'ils voulaient.

Le capitaine des forces ennemies envoya aux occupants du fort une copie du Coran, en leur promettant sa protection s'ils sortaient Quddus savait que le capitaine mentait mais puisqu'il avait donné sa parole sur le Coran, ils devaient lui faire confiance.

Ils sortirent tous du fort. Quddus portait le turban vert que le Báb lui avait envoyé, et montait le cheval que lui avait fait parvenir le prince qui dirigeait l'armée ennemie. Mais comme Quddus l'avait craint, ces hommes cruels ne gardèrent pas leur promesse. Le fort fut complètement détruit et tous les compagnons de Quddus furent vendus comme esclaves ou tués.

Quant à Quddus, il fut pour un certain temps sous la protection du prince. Plus tard cependant, les chefs religieux, qui avaient toujours été ses ennemis, lui ordonnèrent de comparaître devant eux pour répondre à leurs questions.

Le prince, qui savait qu'ils voulaient condamner Quddus à mort, dit alors pour s'en débarrasser: "Je me lave les mains de toute responsabilité concernant le mal qui pourrait arriver à cet homme. Vous êtes libres de faire ce que vous voulez de Lui. Vous seuls serez responsables devant Dieu, au jour du jugement".

Puis il demanda qu'on lui apporte immédiatement son cheval et s'en alla, laissant Quddus entre les mains de ses ennemis. N'est-ce pas là, une chose très lâche à faire?

Ils le tuèrent de façon si cruelle, que lorsque le Báb entendit parler de sa mort et de ce qui s'était passé au fort, des larmes coulèrent de ses yeux. Durant neuf jours, il ne voulut voir aucun de ses amis et pendant six longs mois il Lui fut impossible d'écrire.

Mais Quddus n'en voulait pas à ses bourreaux. En pleine souffrance, on pouvait l'entendre dire: "Pardonne, O mon Dieu, les fautes de ces gens. Traite-les avec miséricorde, car ils ne savent pas ce que nous avons déjà découvert, et que nous chérissons. Montre-leur, O Dieu, le chemin de la vérité, et change leur ignorance en foi". Vous voyez, il était désolé pour eux, car ils ne connaissaient pas comme lui, ni le Báb, ni Bahá'u'lláh.

Ainsi Quddus mourut, comme Mullá Husayn avant lui, et comme le Báb qui savait que plus tard, il donnerait sa vie Lui aussi pour la Cause de Dieu. Mais de plus en plus de gens acceptaient ce Message qui était la seule chose à laquelle ils tenaient et à laquelle ils pensaient continuellement


25. L´HISTOIRE DE VAHID

Vahíd était un chef courageux qui avait accepté le message du Báb et l'enseignait tout autour de lui. Sa foi provoqua la colère du gouverneur, qui envoya des soldats pour le combattre et disperser ses amis. Vahíd les entendit arriver et ordonna à un de ses disciples de prendre six hommes et d'aller à leur rencontre. Cela semble bien peu pour combattre des soldats entraînés. Mais voici ce qui arriva:

Vahíd leur dit de crier sept fois les mots "Alláh-u-Akbar" Ce qui veut dire "Dieu est le plus Grand." A la septième fois, ils devaient se précipiter sur l'ennemi et le disperser. Les sept hommes avaient une telle foi qu'ils semblaient devenir plus forts et n'eurent aucun mal à disperser les soldats. C'est incroyable ce que l'on peut accomplir si on a la foi.

Cette nuit-là, Vahíd dit à ses amis de s'en aller silencieusement. Sa femme et ses enfants furent envoyés chez son père pour être en sécurité. Puis au milieu de la nuit, lui même quitta la ville discrètement. Ses deux fils plus âgés, ainsi que deux compagnons partirent avec lui.

Pendant la journée, ils se cachaient dans les montagnes, et le frère de Vahíd, qui habitait dans le voisinage, leur envoyait de la nourriture. Ce jour-là, une compagnie de soldats du gouverneur qui poursuivait Vahíd, fouilla la maison de son frère, mais bien sûr, ils ne le trouvèrent pas.

Vahíd et ses compagnons continuaient de voyager, s'arrêtant dans chaque village où ils enseignaient leur message sur les nouveaux Enseignants et sur le nouveau Jour qui venait de naître.

Ils arrivèrent finalement à un endroit qui s'appelait Nayríz. Là, Vahíd enseigna encore une fois son message, et les gens, de plus en plus nombreux, vinrent l'écouter. Il y avait une telle foule, que Vahíd craignait que le gouverneur envoie encore une fois ses hommes. Il dit alors à ceux qui étaient venus avec lui de se rendre dans un vieux fort qui se trouvait près de là, et de le renforcer autant que possible. Il vint lui aussi les rejoindre plus tard.

Effectivement, le gouverneur ne les laissa pas vivre en paix. Son armée attaquait continuellement le fort, où il n'y avait que soixante-douze hommes. La plupart étaient soit des hommes âgés, soit de jeunes garçons. Et pourtant, chaque fois qu'ils s'élançaient en criant "Alláh-u-Akbar", ils effrayaient l'ennemi et le dispersaient. Vous vous rappelez que la même chose arriva au siège de fort Tabarsí.

Comme le chef des ennemis à Tabarsí, le gouverneur arriva à la conclusion qu'il ne pourrait pas gagner dans un combat équitable contre la petite poignée d'hommes et de garçons qui se trouvaient dans le fort. Il fallait les attraper par la ruse. Il envoya un message à Vahíd disant que lui et ses amis n'avaient pas compris ce que voulait Vahíd. Ils avaient cru qu'il voulait devenir un grand chef dans la ville.

Maintenant, disaient-ils, ils savaient que Vahíd voulait seulement enseigner son message. Et s'il acceptait de venir les voir, ils seraient en paix, et lui et ses compagnons seraient libres. Autrement ils seraient tous tués.

Comme Quddus à Tabarsí, Vahíd savait qu'ils ne pensaient pas ce qu'ils disaient, mais il pensait qu'il fallait saisir l'occasion pour donner encore une fois le message. Pendant l'entrevue, Vahíd et ses compagnons furent bien traités. Leurs ennemis n'osaient rien leur faire tant que les amis de Vahíd étaient encore dans le fort. Ils lui firent écrire une lettre au fort leur disant de venir le rejoindre au quartier général de l'armée.

Sachant que le gouverneur avait l'intention de les tuer lorsqu'ils sortiraient, Vahíd écrivit secrètement une autre lettre leur demandant de rester là où ils étaient. Le messager devait détruire la première lettre et apporter la seconde au fort.

Mais le messager était un traître. Il détruisit la seconde lettre et apporta la première au fort. Et quand les compagnons sortirent du fort, ils furent dispersés et la plupart d'entre eux tués. C'est ainsi que mourut pour la Cause de Dieu, un autre héros. Mais il avait un grand nombre d'amis partout qui continueraient son travail.


26. LE MARTYRE DU BAB

Savez-vous ce que veut dire le mot martyre? Cela veut dire mourir pour la Cause de Dieu. Ceux qui instruisent les autres des enseignements divins et que l'on tue à cause de cela, sont appelés des martyrs. Bien entendu tous ceux dont nous avons lu l'histoire sont des martyrs. Ils donnèrent leur vie en annonçant qu'un nouvel Enseignant divin, le Báb, était venu.

Vous devez sans doute penser qu'après tant de personnes tuées, les gens avaient peur d'écouter ou de dire qu'ils étaient croyants. Pourtant la plupart d'entre eux n'avaient pas peur. Quand ils virent que tant de gens étaient heureux de donner leur vie pour cette Cause, ils savaient que c'était la vérité. Il y avait de plus en plus de disciples du Báb. Jusqu'à présent personne n'avait pu lui faire de mal. Partout où Il allait la plupart des gens L'aimaient et étaient prêts à donner leur vie pour Lui. Certains même embrassaient la terre que ses pieds avaient foulée.

Le grand Vizír, l'homme le plus proche du Sháh et qui l'assistait dans ses décisions, détestait le Báb. Bien entendu, c'était un poste important. Le grand Vizír n'avait pas compris le Message du Báb. Il ne voulait pas que le Báb parle avec le Sháh, de peur que lui aussi devienne Bábí. Le grand Vizír craignait que, si cela arrivait, il perdrait sa position.

Il décida alors que le Báb devait mourir. Il pensait qu'après sa mort, ses disciples auraient peur de continuer sans Lui et que sa Cause s'éteindrait. Alors il envoya un soldat à la prison du Báb. Ce soldat avait pour mission d'emmener le Báb à Tabríz.

Bien que prisonnier dans un lieu éloigné, le Báb savait ce qui était en train de se préparer. Quarante jours avant l'arrivée du message, le Báb rassembla tous ses Ecrits, y ajouta ses sceaux, ses bagues en agathe et les envoya par l'intermédiaire d'une des Lettres du Vivant à Ahmad, son secrétaire. Il pria instamment le messager de prendre le plus grand soin de ces objets et de n'en parler à personne excepté Ahmad.

Quand les objets furent remis à Ahmad, il trouva parmi ces derniers une lettre du Báb. Dans cette lettre le Báb demandait que ces objets précieux soient portés à Bahá'u'lláh. Ahmad partit donc immédiatement pour la ville de Téhéran. Là, il donna les objets à Bahá'u'lláh.

Trois jours après l'arrivée du Báb à Tabríz, un ordre du grand Vizír arriva disant que le Báb devait être exécuté le jour même dans la cour de la caserne, qui était l'endroit où habitaient les soldats. Et en même temps tous ceux qui étaient des bábis devaient aussi être exécutés.

L'homme, dans la maison duquel le Báb était reçu, refusa d'être complice d'un ordre si terrible. Un autre ordre arriva alors, pour que le Báb et son secrétaire soient emmenés dans une des pièces de la caserne. Dix hommes devaient monter la garde devant sa porte.

Il y eut une grande agitation dans les rues quand le Báb et son secrétaire y passèrent. Alors qu'ils approchaient de la caserne, un jeune homme se frayant un passage à travers la foule, se précipita vers le Báb et se jeta à ses pieds.

"Ne me renvoie pas, O Maître", supplia-t-il, "où que tu ailles, permets-moi de Te suivre". "Muhammad Ali", lui répondit le Báb, "Lève-toi et sois certain que tu seras avec Moi. Demain tu seras témoin de ce que Dieu a ordonné".

Vous rappelez-vous de Muhammad Ali? C'était le jeune homme qui avait rêvé que le Báb était venu le voir et lui avait promis qu'il allait mourir avec Lui. Maintenant cette promesse était sur le point de se réaliser. Deux autres se précipitèrent vers le Báb et ils furent mis dans la même cellule que Lui et Husayn.

Cette nuit-là, le visage du Báb rayonnait de joie, alors qu'Il parlait avec ses compagnons.

Le lendemain, le Báb parlait avec Husayn quand ils furent interrompus par un officier venu chercher Husayn. "Tant que Je ne lui ai pas dit tout ce que J'ai à dire", fut l'avertissement du Báb, "aucune force terrestre ne pourra me réduire au silence, même si le monde se soulevait contre. Moi, il serait néanmoins incapable de m'empêcher d'accomplir ma volonté jusqu'au dernier mot.

L'homme fut très étonné par ces mots du Báb. Cependant, il ne dit rien, et demanda à Husayn de le suivre.

Ce même matin, on disait au jeune Muhammad Ali que s'il voulait se tourner contre le Báb et ne plus l'écouter, il aurait la vie sauve. "Jamais", s'écria-t-il, "car en Lui, j'ai trouvé mon paradis".

Il fut alors remis entre les mains de Sám Khán qui commandait le régiment chargé d'exécuter le Báb. Et lui aussi devait mourir, à moins qu'il ne fasse ce qu'on lui avait demandé.

Plus il connaissait son prisonnier, plus cela devenait difficile pour Sám Khán d'exécuter les ordres qu'on lui avait donnés. Il dit au Báb qu'il était chrétien et qu'il ne voulait pas lui faire de mal. Il Lui demanda de le libérer de la responsabilité de son exécution
"Suivez vos instructions", lui dit le Báb, "et si vous êtes sincère dans vos intentions, le Tout-Puissant vous délivrera de cette tâche".

On enfonça un clou dans le mur de la caserne. Le Báb et son compagnon devaient être suspendus à ce clou. Muhammad Ali demanda à être placé de telle façon que son corps serve de bouclier à celui du Báb. Il fut suspendu de telle sorte que sa tête reposât sur la poitrine du Báb.

Sept cent cinquante soldats furent mis en rang et tirèrent sur les deux victimes. La fumée de leurs fusils cacha la lumière du soleil et transforma le jour en obscurité.

Beaucoup de gens étaient montés sur les toits des maisons voisines pour regarder. Quand le nuage de fumée fut dissipé, les spectateurs ne pouvaient pas en croire leurs yeux Muhammad Ali se tenait debout devant eux, en vie et sans une égratignure. La corde avec laquelle les deux compagnons avaient été suspendus, était coupée et Les soldats le cherchèrent frénétiquement et finalement ils Le trouvèrent dans la pièce où Il avait passé la nuit. Il finissait sa conversation avec Husayn - celle qui avait été interrompue ce matin- là. Et comme Muhammad Ali, Il n'avait rien.

"J'ai terminé ce que j'avais à dire à Siyyid Husayn", dit-Il aux soldats, "Vous pouvez maintenant mettre votre projet à exécution".

Mais Sam Khán était tellement troublé par ce qui venait d'arriver qu'il ordonna à ses hommes de quitter la caserne sur le champ. Il dit qu'il ne voulait plus être chargé de tuer le Báb, même si cela devait lui coûter la vie.

On fit venir un autre régiment. Le Báb et son compagnon furent suspendus à nouveau. Et cette fois l'horrible commandement fut exécuté. Le Báb et son compagnon furent tous les deux tués.

Au moment où on tira sur eux, une grosse tempête s'abattit sur la ville. Un tourbillon de poussière cacha la lumière du soleil et aveugla les yeux des gens qui regardaient. La ville entière fut enveloppée de ténèbres de midi jusqu'à la nuit. Mais même après tous ces événements, les gens n'avaient pas compris quelle terrible chose ils avaient faite.

La méchanceté de la population causa beaucoup de problèmes à leur pays. Beaucoup de ceux qui avaient regardé sans essayer de sauver le Báb, moururent aussitôt après, ou perdirent leur argent et tout ce qu'ils possédaient. Une étrange maladie inconnue causa la mort de beaucoup d'entre eux.

Quant au régiment qui avait tué le Báb, il paya pour son crime. Certains furent tués dans un tremblement de terre. D'autres, alors qu'ils se reposaient à l'ombre d'un mur, furent écrasés par la chute de ce mur. Quant au restant, ils furent fusillés à cause de leurs mauvaises actions.

Maintenant que le Báb était mort, ses ennemis étaient persuadés que sa Cause elle aussi allait mourir. Mais vous allez voir combien ils se trompaient. Rien ne pouvait éteindre la Cause pour laquelle Il avait donné sa vie, car ce n'était pas le désir de Dieu.


27. HUJJAT

L'histoire qui suit est celle d'un homme très courageux, qui était prêt à sacrifier sa vie pour le Báb. Hujjat, originaire de Zanján, était tellement aimé pour sa sagesse que les gens venaient nombreux pour l'écouter.

Mais quand Hujjat entendit parler du Báb et qu'il commença à enseigner son message, les chefs religieux se retournèrent immédiatement contre lui.

N'est-ce pas étrange qu'ils réagissaient toujours ainsi, chaque fois qu'ils entendaient quelqu'un enseigner la vérité.

Lorsque Hujjat entendit parler du siège de Tabarsí, il décida de se joindre aux vaillants défenseurs du fort. Mais étant prisonnier à Téhéran, il était incapable de s'y rendre. Peu de temps après, cependant, il s'échappa en se déguisant et retourna chez lui. Des hommes, des femmes et des enfants étaient allés à sa rencontre prêts à lui venir en aide.

Les habitants de Zanján avaient été menacés de mort s'ils écoutaient Hujjat. Bien sûr ces menaces n'inquiétaient nullement la plupart des amis de Hujjat. Ils décidèrent toutefois de se réfugier dans un fort voisin, car ils savaient que le gouverneur allait bientôt envoyer ses soldats pour les combattre. Les femmes et les enfants les accompagnaient.

Ce fut comme à Tabarsí et à Nayríz. Chaque fois que l'armée du gouverneur attaquait le fort, quelques-uns de ses occupants s'élançaient en criant "Seigneur des âges". Leurs cris paraissaient si féroces que l'ennemi se dispersait. Même les habitants de la ville étaient terrifiés par ces cris qui ressemblaient au tonnerre. Cependant, comme tous les disciples du Báb, ils ne tuaient que pour défendre leurs vies et celles de leurs familles.

La situation devint grave, car la nourriture commença à manquer. Tout ce qu'ils pouvaient se procurer provenait de quelques femmes qui avaient réussi, à atteindre le fort et vendaient très cher ce qu'elles avaient.

Une jeune fille d'un village proche, voulait à tout prix les aider. Elle se déguisa en homme et prenant un fusil, une épée et un bouclier, elle se précipita pour se battre avec ses compagnons. Personne ne savait que c'était une fille. Son courage exemplaire avait redonné des forces aux autres. Une fois de plus ils repoussèrent le puissant ennemi.

Hujjat qui regardait du fort, la reconnut et envoya quelqu'un la chercher. Elle fondit en larmes et le supplia de ne révéler à personne son identité, et de lui permettre de combattre aux côtés de ses compagnons. Hujjat finit par accepter.

Durant cinq mois, elle combattit avec les autres, ne cessant de les encourager. Elle dormait même la tête posée sur son épée. Et son plus grand désir était de mourir pour la Cause. Un jour son souhait fut enfin exaucé, car elle fut mortellement blessée alors qu'elle aidait à repousser l'ennemi. Par son exemple, vingt femmes reconnurent le Báb.

Un jour Hujjat sollicita l'aide du Sháh, mais cette lettre malheureusement ne lui parvint jamais. Le messager fut capturé et exécuté. Le message fut détruit et remplacé par une deuxième lettre contenant des mensonges et des calomnies; celle-ci fut envoyée au Sháh à la place de l'autre. Les femmes faisaient du pain, soignaient les blessés, remontaient le moral et encourageaient les combattants. Même les enfants voulaient aider. Finalement le gouverneur essaya de leur tendre un piège, comme cela s'était passé auparavant dans les autres forts. Hujjat envoya quelques hommes à sa rencontre. Certains furent tués, d'autres emmenés prisonniers. Seul un enfant de neuf ans put s'échapper et parvint au fort où il raconta ce qui était arrivé.

Malheureusement, un jour Hujjat fut atteint au bras par une balle. Voyant le sang couler sur le bras de leur chef bien-aimé, les combattants laissèrent tomber leurs armes pour se précipiter vers lui. Et c' est à ce moment-là que l'ennemi put entrer dans le fort. Une centaine de femmes et d'enfants furent capturés et plus tard beaucoup d'entre eux moururent de froid.

Les hommes qui n'avaient pas été faits prisonniers continuaient de se battre avec bravoure, mais chaque jour hélas, il y avait beaucoup de tués. Malheureusement, un jour, alors qu'il était en train d'adresser ses prières au Báb, Hujjat mourut des blessures qu'il avait reçues au bras.

Alors l'ennemi crut qu'une fois encore il avait réussi à éteindre la Cause de Dieu. Mais il y avait toujours plus de croyants qui acceptaient le Message, grâce à l'exemple de ceux qui avaient donné leur vie avec tant de courage.


28. BAHA'U'LLAH

Après la mort du Báb et de ses nombreux disciples, ses ennemis pensaient qu'ils n'auraient plus de problèmes avec les bábis. On les appelait bábis parce qu'ils croyaient au Báb. Ils étaient éparpillés à travers le pays et bien entendu étaient profondément attristés par toutes les persécutions.

Mais bien que leur chef spirituel ait été supprimé, un autre était attendu. Le Báb avait annoncé à ses disciples qu'Il était venu préparer la voie pour le second Enseignant que Dieu devait envoyer. Le Báb l'appelait "Sa Sainteté".

Il fallait nécessairement préparer le chemin car voyez-vous, au début les hommes n'étaient pas prêts pour un si grand changement. Ils étaient attachés aux choses qu'ils connaissaient depuis toujours. C'est la raison pour laquelle ils ne voulaient pas écouter le Báb. Ils pensaient que Muhammad et le Coran leur suffisaient. Mais quand le message d'un nouvel Enseignant fut proclamé dans tout le pays, la voie pour le second devenait plus facile. Il était possible alors, d'envoyer son message au monde entier.

Ainsi, après le martyre du Báb, les disciples qui restaient n'étaient pas seuls. Bahá'u'lláh les rassemblait un peu partout, et leur donnait le courage de persévérer dans leur nouvelle religion.

Quelquefois les gens agissent follement, sans réfléchir, ils font des choses qui plus tard apportent beaucoup de problèmes. C'est ce qui arriva avec deux jeunes gens qui vivaient dans le pays de Bahá'u'lláh. Ils essayèrent de tuer le Sháh car il était responsable de la mort de beaucoup de leurs amis. Ils ne réussirent pas à tuer le Sháh mais à cause de leur acte irréfléchi, des chose terribles s'en suivirent.

Comme ces jeunes étaient bábis, on rejeta la faute sur tous les bábis. Les gens étaient surexcités, et beaucoup d'innocents eurent à souffrir pour une faute qu'ils n'avaient pas commise. Même Bahá'u'lláh fut condamné, car Il était maintenant le chef des bábis. On Le traita avec la plus grande cruauté et finalement Il fut emprisonné dans un cachot souterrain. Son cou et ses pieds étaient attachés par des chaînes extrêmement lourdes. Et pendant trois jours Il n'avait ni à boire, ni à manger. A cette époque, la "Plus Grande Branche" était un garçon de huit ans. Le saviez-vous? La Plus Grande Branche était 'Abdu'l-Bahá', le fils de Bahá'u'lláh. Il vivait ainsi que le reste de sa famille, avec un de leurs oncles pendant que son père était en prison.

Chaque fois que le petit garçon était envoyé dans la rue, les garçons de son âge le poursuivaient en lui jetant des pierres. Un jour qu'il marchait seul vers sa maison en revenant du marché, il se retourna et vit un groupe d'enfants qui couraient vers lui avec des bâtons et des pierres. Le seul moyen de se sauver était de montrer qu'il n'avait pas peur. Ils se dirigea alors vers eux avec un air si déterminé et si brave qu'ils retournèrent sur leurs pas en courant. Après ce jour, ils ne l'ennuyèrent plus jamais.

Quand Bahá'u'lláh était en prison, beaucoup de ses disciples furent également emprisonnés. Et malgré toutes les souffrances qu'ils enduraient dans cet endroit terrible, ils étaient très joyeux parce que Bahá'u'lláh était avec eux. Ils chantaient même dans l'obscurité. Beaucoup furent exécutés après un certain temps. Plus tard Bahá'u'lláh fut libéré parce que l'un de ceux qui avaient essayé de tuer le Sháh, avait avoué son crime. Cependant, toute sa vie durant, Bahá'u'lláh porta sur son corps les marques de cette terrible prison.

A présent l'exécution des bábis était arrêtée sur l'ordre du Sháh. Mais aussitôt que Bahá'u'lláh fut libéré, le Sháh Lui ordonna de quitter immédiatement l'Iran avec sa famille. Un officier russe résidant à Téhéran invita Bahá'u'lláh à s'installer en Russie. Mais il refusa, car telle n'était pas la volonté de Dieu. Ainsi donc, un jour, accompagné d'un garde du corps du Sháh et d'un officier russe, Bahá'u'lláh et sa famille quittèrent leur pays et se dirigèrent vers l'Iraq, de l'autre côté des montagnes.


29. LA CAUSE DE DIEU POUR NOTRE EPOQUE

Avec toutes les attaques et les persécutions depuis les jours de Shaykh Ahmad, on pourrait se demander comment cette nouvelle religion a pu survivre jusqu'à nos jours.

Dans certaines parties du monde, les gens ont surtout entendu parler de Jésus, dans d'autres de Muhammad et ailleurs de Moise. Grâce aux actes héroïques des premiers martyrs, la Cause de Bahá'u'lláh est maintenant connue dans le monde entier. Essayons de penser encore une fois à ces courageux martyrs.

Vous rappelez-vous de Shaykh Ahmad, le premier à savoir que la venue du Promis était imminente? Vous souvenez-vous ensuite comment Siyyid Kázim vit le Báb et fut invité chez Lui? Ces deux illustres personnages parlèrent du Báb à beaucoup de gens. C'était comme s'ils avaient labouré la terre pour permettre à la Cause de Dieu de grandir.

Après la mort de Shaykh Ahmad et de Siyyid Kázim, Quddus et Mullá Husayn continuèrent leur tâche.

Vous rappelez-vous du siège de Fort Tabarsí et comment Mullá Husayn et Quddus sacrifièrent leurs vies pour la Cause de Dieu?

Ensuite Vahíd et Hujjat durent se défendre pour avoir l'occasion de parler un jour du Promis. Finalement, eux aussi furent martyrisés. Et puis le Báb Lui-même fut tué par des gens cruels et sans pitié qui refusaient d'écouter son Message. Maintenant que le Báb n'était plus, ses ennemis pensaient que personne n'entendrait plus parler de cette nouvelle religion. Mais nous savons ce qui arriva par la suite.

Il restait Bahá'u'lláh qui avait rassemblé autour de Lui tous ceux qui avaient cru au Báb et accepté son Message. Mais vous vous rappelez certainement des événements tragiques de cette époque. Ainsi, lorsque un jeune homme essaya de tuer le Sháh, tous les bábis ainsi que Bahá'u'lláh furent accusés.

Táhirih, la "Lettre du Vivant" qui aida toutes les femmes et qui enseigna la venue du Promis fut assassinée. Toutes les "Lettres du Vivant" furent tués, emprisonnés ou exilés. Et combien d'autres encore moururent, et parmi eux des femmes et des enfants.

Et finalement Bahá'u'lláh fut banni du pays où Il était né et où Il avait toujours vécu. Il devait avec sa famille, traverser des montagnes, en plein milieu d'un hiver extrêmement froid et s'installer en Iraq. Et de là, ils allèrent en Palestine, qui est maintenant appelée la Terre Sainte, parce que tant d'Enseignants divins y ont vécu.

Il n'est pas surprenant de savoir que le Sháh pensait ne plus jamais entendre parler du Báb ou de Bahá'u'lláh ou de leur Message. Mais il ne savait pas combien il se trompait et comme c'était ridicule. Car il y avait quelque chose dans cette sublime Cause de Dieu, qui ne pouvait pas se laisser éteindre.

Tout comme il paraît que dans la nuit, le moment le plus sombre précède les premières lueurs du jour, la Cause de Dieu traverse des moments semblables. Les ennemis pensaient qu'elle avait entièrement disparu et qu'ils n'en entendraient plus jamais parler. Mais en fait ,c'est durant cette période qu'elle commença à devenir de plus en plus forte.

Le Sháh ne le savait pas ; il se croyait puissant alors qu'il n'était qu'un instrument que Dieu utilisait pour sa Cause dans un autre pays. En Iraq Bahá'u'lláh avait beaucoup plus de liberté pour enseigner son Message. Et aujourd'hui, ce Message est répandu à travers le monde entier. Ceux qui en font partie ne sont plus appelés des bábis ; on les appelle des bahá'is parce qu'ils croient en Bahá'u'lláh. Il y a des bahá'is dans plus de deux cents pays et les livres du Báb, de Bahá'u'lláh et Abdu'l-Bahá sont imprimés dans beaucoup de langues pour que les peuples du monde puissent les lire.

La Cause peut être comparée à un arbre. D'abord, Shaykh Ahmad commença ses enseignements sur le Promis; c'était comme si une petite graine était plantée. Cette graine grandit jusqu'à devenir un arbre sous lequel beaucoup de gens s'abritent.

'Abdu'l-Bahá porta la bonne nouvelle de la venue du Báb et de Bahá'u'lláh en Egypte, en France, en Amérique, en Angleterre, et dans d'autres pays encore. Vous rappelez-vous l'histoire d'Abdu'l-Bahá lorsqu'il était enfant et que les autres garçons étaient méchants envers lui? Ceci se passait pendant que son père, Bahá'u'lláh était en prison.

Maintenant Bahá'u'lláh et Abdu'l-Bahá sont tous deux allés dans ce beau pays où nous devons tous aller quand notre travail dans ce monde est fini. La Cause grandit chaque jour et le jour viendra où le monde entier aura entendu parler de la Foi parce que ceux qui la connaissent se sentent plus heureux lorsqu'ils en parlent aux autres.

Peut-être même qu'un jour vous serez l'un de ces enseignants qui voyagent vers des pays lointains pour enseigner le Message de Bahá'u'lláh. Et nous ne savons pas encore quelles grandes choses ces enseignements accompliront. A l'époque du Báb et de Bahá'u'lláh, il y avait beaucoup de persécutions et de martyrs; mais pour le nouveau jour qui commence à peine, Bahá'u'lláh nous a prédit qu'il y aurait beaucoup de guerres dans ce monde.

La terre sera un endroit merveilleux lorsque chacun d'entre nous pensera aux autres et ne voudra faire de mal à personne. Nous pouvons dès maintenant commencer à agir comme cela. Comme le Báb l'a fait quand Il était petit garçon. Alors Dieu nous aidera, comme Il a aidé ceux qui, les premiers, quittèrent leur maison pour annoncer la venue du Promis.

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