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Source : www.bahai-biblio.org
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L'ERUDITION
MAISON UNIVERSELLE DE JUSTICE
CENTRE MONDIAL BAHÁ'Í
Le 10 février 1995
Table des matières
1. La place de l'érudition
1.1 L'importance du savoir et de l'érudition
1.2 Les caractéristiques du "véritable érudit"
1.3 Le champ de "l'érudition bahá'íe"
1.4 L'évaluation de l'érudition
2. Les fonctions de l'érudition bahá'íe
2.1 Promotion du bien-être de l'humanité
2.2 La défense de la foi
2.3 L'expansion et la consolidation de la communauté bahá'íe
2.4 La contribution au développement de l'érudition
3. Les principes généraux et les directives
3.1 Le fondement spirituel
3.2 Sciences " utiles "
3.3 Les attitudes de l'érudit
3.4 Les points de méthodologie
3.5 L'alliance
1. La place de l'érudition
1.1 L'importance du savoir et de l'érudition
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
La connaissance est un des dons merveilleux de Dieu. Il incombe à chacun de l'acquérir. Certains arts et moyens matériels aujourd'hui manifestes ont été acquis grâce à sa connaissance et à sa sagesse révélées dans des épîtres et des tablettes par sa Plume très exaltée - Plume qui recèle un trésor d'où les perles précieuses de la sagesse et de la parole ainsi que les arts et les métiers du monde sont amenés à la lumière.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 38)
[1]
La connaissance est comme des ailes pour la vie de l'homme et une échelle pour son ascension. Il incombe à chacun de l'acquérir. Néanmoins, il faudrait acquérir la connaissance des sciences qui sont profitables aux peuples de la terre, mais non de celles qui commencent par des mots et finissent par des mots. Grand, en effet, est le droit des hommes de science et des artisans sur les peuples du monde. Le Livre Mère en témoigne au jour de son retour. Heureux ceux qui possèdent une oreille attentive. En vérité, la connaissance est un véritable trésor pour l'homme et une source de gloire, de bonté, de joie, d'exaltation, de courage et de bonheur pour lui. Ainsi a parlé la Langue de grandeur dans cette très grande prison.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 53)
[2]
D'après les écrits et propos de 'Abdu'l-Bahá
Efforcez-vous d'être à la pointe des connaissances de votre époque, et déployez tous vos efforts pour faire progresser la civilisation divine...
Cela comprend nécessairement la promotion des arts, la découverte de nouvelles merveilles, l'expansion du commerce et de l'industrie. Les méthodes visant au développement d'une civilisation et à l'embellissement du pays doivent aussi être encouragées; et il faut aussi inculquer l'obéissance absolue au gouvernement et éviter toute trace de sédition.
(D'après une tablette traduite du persan)
[3]
... je prie instamment les amis de Dieu de s'efforcer, dans la mesure de leurs compétences, de suivre ces lignes de conduite. Au plus ils s'efforceront d'agrandir le champ de leurs connaissances, au plus les résultats seront satisfaisants. Que les aimés de Dieu, qu'ils soient jeune ou vieux, homme ou femme, s'activent, chacun selon ses capacités, et s'efforcent constamment d'acquérir les différentes branches de la connaissance et des arts de leur temps, à la fois spirituelles et séculières.
(D'après une tablette traduite de l'arabe)
[4]
Toute bénédiction est divine d'origine, mais aucune ne peut être comparée à ce pouvoir de la quête et de la recherche intellectuelle, qui est un don éternel produisant des fruits au délice infini. L'homme savoure à jamais ces fruits. Tout autre bienfait est temporaire; celui-ci est une possession éternelle. La souveraineté elle-même a ses limites et ses revers; c'est une royauté et un empire que personne ne peut usurper ou détruire. C'est, en quelques mots, une bénédiction éternelle et une effusion divine, le don suprême de Dieu à l'homme. Vous devriez, par conséquent, vous efforcer sincèrement d'acquérir les sciences et les arts. Au plus vous acquerrez de connaissances, au plus vous réaliserez le dessein divin. L'homme de science est perspicace et clairvoyant, alors que l'ignorant qui néglige ce développement est aveugle. L'esprit investigateur est attentif, vif; l'esprit insensible et indifférent est sourd et mort. Un homme de science est un véritable répertoire et un représentant de l'humanité, car par le raisonnement inducteur et la recherche il est informé de tout ce qui est relatif à l'humanité, son état, sa condition et son vécu. Il étudie le corps social, comprend les problèmes sociaux et tisse la chaîne et la trame de la civilisation. En fait, la science peut être comparée à un miroir dans lequel se révèlent et se réfléchissent la multitude des formes et images de tout ce qui existe. C'est le fondement même de tout développement individuel et national. Sans cette base de recherche, tout développement est impossible. Par conséquent, efforcez-vous de rechercher assidûment le savoir et la connaissance de tout ce qui repose dans le pouvoir de ce merveilleux bienfait.
(The Promulgation of Universal Peace : discours prononcés par 'Abdu'l-Bahá lors de son voyage aux États-Unis et au Canada en 1912, Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1982, p. 50)
[5]
D'après une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi
... Bahá'u'lláh considérait l'éducation comme l'un des facteurs fondamentaux d'une véritable civilisation. Toutefois, cette éducation, pour être bien adaptée et féconde, devrait être complète et prendre en compte aussi bien le côté physique et intellectuel de l'homme que ses aspects spirituels et éthiques.
(Lettre à un croyant datée du 9 juillet 1931)
[6]
1.2 Les caractéristiques du "véritable érudit"
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Soyez heureux, ô vous les savants en Bahá. Par le Seigneur ! Vous êtes les vagues du très puissant océan, les étoiles du firmament de gloire, les étendards du triomphe qui flottent entre ciel et terre. Vous êtes les manifestations de la fermeté parmi les hommes et les aurores de la parole divine pour tous ceux qui vivent sur terre.
(Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1996, paragraphe 173)
[7]
Le Grand Être dit : L'homme de grande érudition et le sage doté d'une sagesse pénétrante sont les deux yeux du corps de l'humanité. Si Dieu le veut, la terre ne sera jamais privée de ces deux plus grands dons.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 179)
[8]
Sache qu'il est réellement instruit celui qui a reconnu ma révélation et s'est désaltéré à l'océan de ma connaissance, qui a pris son essor dans l'atmosphère de mon amour, a rejeté tout autre que moi et s'est saisi fermement de ce qui est descendu du royaume de ma parole merveilleuse. Il est, en vérité, semblable à un il pour l'humanité et semblable à l'esprit de vie pour le corps de toute la création. Glorifié soit le Très-Miséricordieux qui l'a éclairé et l'a fait se lever et servir sa grande et puissante cause. En vérité, un tel homme est béni par le concours céleste et par ceux qui résident dans le tabernacle de grandeur, et qui ont bu à longs traits mon vin scellé, en mon nom, le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, pp. 217-218)
[9]
Regarde, comment celui qui, le jour de la révélation de Dieu, n'arrive pas à atteindre la grâce de la " divine présence " et à reconnaître sa manifestation, peut-il être qualifié avec raison d'érudit, même s'il a passé des siècles à poursuivre la connaissance, et même s'il a acquis tout le savoir limité et matériel de l'homme ? Il est assurément évident qu'il ne peut en aucun cas être considéré comme quelqu'un qui possède la connaissance véritable. Alors que le plus illettré des hommes, s'il a l'honneur de recevoir cette distinction suprême est, en vérité, considéré comme l'un de ces hommes divinement érudits dont la connaissance émane de Dieu; car un tel homme a atteint le faîte de la connaissance et est parvenu au sommet le plus haut du savoir.
(Le Livre de la Certitude, Presses Universitaires de France, Paris, 1965, pp. 70-71)
[10]
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
... il existe de ces hommes de sciences, renommés et accomplis, doués de qualités louables et d'une grande érudition, qui craignent Dieu et suivent les voies du salut. Dans le miroir de leurs esprits se réfléchissent les formes des réalités transcendantes, et la lampe de leur vision interne puise sa lumière dans le soleil du savoir universel. De nuit comme de jour, ils se vouent à la recherche méticuleuse dans des sciences profitables à l'humanité, et ils se consacrent à la formation d'étudiants de talent. Il est certain qu'à leur regard pénétrant, tous les trésors des rois ne sauraient être comparés à une seule goutte des eaux du savoir, et des montagnes d'or et d'argent ne sauraient peser davantage que la solution d'un problème difficile. À leurs yeux, les joies extérieures à leur travail ne sont que jouets pour enfants, et la lourde charge de biens inutiles n'est bonne que pour l'ignorant et l'âme vile. Heureux, tels des oiseaux, ils remercient le ciel pour une poignée de graines, et le chant de leur sagesse éblouit les esprits des plus sages de ce monde...
... la joie et la grandeur, le rang et la position, le plaisir et la paix d'un individu n'ont jamais résidé dans sa richesse personnelle, mais plutôt dans l'excellence de son caractère, ses nobles élans, l'étendue de son savoir, et sa capacité à résoudre des problèmes difficiles...
Pour chaque chose, cependant, Dieu a créé un signe et un symbole, et instauré des normes et des moyens pour la connaître. Des signes de perfection à la fois intérieurs et extérieurs doivent caractériser ceux qui sont spirituellement savants; ils doivent être d'humeur agréable, de nature éveillée, purs d'intention, intellectuellement brillants, perspicaces, intuitifs, discrets et clairvoyants, modérés, respectueux, et éprouver une crainte sincère de Dieu. Car une bougie éteinte, quels que soient son diamètre et sa taille, ne vaut guère mieux qu'un palmier improductif ou qu'un tas de bois mort...
Une tradition qui fait autorité dit : Quant à celui qui est du nombre des érudits (Ulamá, de l'arabe `alima, savoir, peut être traduit par érudits, savants, autorités religieuses), il doit se protéger, défendre sa foi, résister à ses passions et obéir aux commandements de son Seigneur. Il est ensuite du devoir de tous de suivre son exemple.
(Le Secret de la Civilisation divine, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1973, pp. 41-42, 43, 55-56)
[11]
D'après des lettres écrites de la part de Shoghi Effendi
En rapport avec la question de savoir si les bahá'ís devraient connaître les différentes sciences et branches du savoir, Shoghi Effendi souhaite que je vous informe, qu'à la fois, Bahá'u'lláh et 'Abdu'l-Bahá ont assigné un rang très élevé aux lettrés et aux savants, et dans l'une de ses tablettes Bahá'u'lláh dit que tous les bahá'ís devraient témoigner du respect à l'égard de telles personnes. Il est certain, d'autre part, qu'une connaissance des différentes branches du savoir élargit tout point de vue et qu'il nous est alors davantage possible d'approfondir notre compréhension et de réaliser la signification du mouvement bahá'í et de ses principes.
(Lettre à un croyant datée du 14 décembre 1924)
[12]
La cause a besoin de plus d'érudits bahá'ís, de gens qui non seulement lui soient dévoués, croient en elle et soient impatients d'en parler aux autres, mais qui aient également une connaissance approfondie des enseignements et de leur signification, qui puissent mettre ses enseignements en corrélation avec les pensées et les problèmes de leurs contemporains à travers le monde.
(Lettre à un croyant datée du 21 octobre 1943)
[13]
1.3 Le champ de "l'érudition bahá'íe"
D'après une lettre écrite de la part de la Maison Universelle de Justice
En cette étape précoce du développement de la foi, il ne paraît pas utile de proposer une définition trop restrictive du terme " érudition bahá'íe ". Dans une lettre écrite récemment de la part de la Maison Universelle de Justice à une association d'études bahá'íes, elle déclare que :
La Maison de justice vous conseille de ne pas essayer de définir d'une manière trop étroite la forme que devrait prendre l'érudition bahá'íe, ou l'approche que devraient adopter les érudits. Vous devriez plutôt essayer de développer à l'intérieur de votre association le respect d'un vaste éventail d'approches et d'expériences. Certains bahá'ís souhaiteront travailler seuls, d'autres en consultation et en collaboration avec ceux dont les centres d'intérêts sont similaires. Vous devriez avoir pour objectif de promouvoir une atmosphère de respect et de tolérance mutuels qui englobera aussi bien les érudits dont l'intérêt principal concerne les questions d'ordre théologique, que ceux qui s'intéressent aux contributions apportées par les enseignements bahá'ís à la pensée contemporaine dans le domaine des arts et des sciences.
Une diversité similaire devrait caractériser les efforts des érudits bahá'ís pour adapter leurs intérêts et leurs talents aux besoins de la foi. Le cours des événements mondiaux, le développement de nouveaux courants de pensée et la progression du travail d'enseignement tendent tous à mettre en valeur des domaines attrayants et utiles vers lesquels les érudits bahá'ís devraient tourner leur attention. De même, l'expansion des activités de la Communauté internationale bahá'íe dans ses relations avec des bureaux des Nations-Unies et d'autres organismes internationaux fournit aux érudits de nouvelles occasions d'apporter une contribution directe et précieuse à l'accroissement du prestige de la foi et à sa proclamation dans une couche influente et réceptive de la société. Tandis que la communauté bahá'íe continue inexorablement à émerger de l'obscurité, elle aura à faire face, à la fois sur le plan intérieur et extérieur, à des ennemis qui calomnieront et dénatureront ses principes, afin de désillusionner ses admirateurs et d'ébranler la foi de ses adhérents; les érudits bahá'ís ont, en raison de leur contribution à des mesures préventives et leur réponse à des accusations diffamatoires portées contre la foi, un rôle vital à jouer dans la défense de celle-ci.
Il devrait par conséquent y avoir, à l'intérieur du champ de l'érudition bahá'íe, de la place non seulement pour ceux qui s'intéressent aux questions d'ordre théologique et aux origines historiques de la foi, mais aussi pour ceux qui souhaitent relier les enseignements bahá'ís à leur sphère d'intérêt académique ou professionnel, et pour les croyants qui, même s'ils ne possèdent pas les titres universitaires nécessaires ont, par leur étude intuitive des enseignements, acquis certaines connaissances intéressantes pour les autres...
La Maison de justice souhaite éviter l'usage des termes "érudition bahá'íe" et "érudits bahá'ís" dans un sens exclusif qui établirait en réalité une démarcation entre ceux qui ont accès à ce titre et ceux qui en sont exclus. Il est clair que ces termes sont relatifs, et que ce qui peut être considéré pour un bahá'í comme un effort méritoire dans le domaine de l'érudition, s'il est mesuré aux activités des personnes avec lesquelles il est en rapport, peut aussi ne présenter qu'un intérêt moins important comparé aux productions des éminents érudits que la foi a engendrés. La Maison de justice souhaite la création d'une communauté bahá'íe au sein de laquelle les membres s'encourageront mutuellement, où l'uvre accomplie sera respectée, et où tous les croyants réaliseront que chaque individu s'efforce à sa manière de mieux comprendre la révélation de Bahá'u'lláh et de participer au développement de la foi.
(Lettre à un croyant datée du 19 octobre 1993)
[14]
1.4 L'évaluation de l'érudition
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Respectez parmi vous les ministres de la religion et les savants, ceux dont la conduite s'accorde avec ce qu'ils professent, qui ne transgressent point les limites fixées par Dieu, et dont les jugements sont conformes aux commandements révélés dans son Livre. Sachez qu'ils sont des lampes destinées à guider ceux qui sont dans les cieux et sur la terre. En vérité, ceux qui dédaignent et négligent les prêtres et savants de leur entourage s'aliènent la grâce dont Dieu les avait favorisés.
(Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1979, p. 85)
[15]
Ô peuple de Dieu ! Les hommes de savoir justes qui se consacrent à guider les autres et qui sont libérés et protégés des impulsions d'une nature vile et cupide sont, aux yeux de celui qui est le Désir du monde, les étoiles du firmament de la vraie connaissance. Il est essentiel de les traiter avec déférence. Ils sont en fait les sources d'eau vive, les étoiles brillantes, les fruits de l'Arbre sacré, les interprètes du pouvoir des cieux et les océans de la sagesse céleste. Heureux celui qui les suit. En vérité, une telle âme est comptée dans le livre de Dieu, le Seigneur du trône puissant, parmi celles pour lesquelles tout sera bien.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 101)
[16]
Prenez garde, ô mes aimés, de ne point dédaigner les mérites de mes serviteurs savants que Dieu a choisis dans sa grâce pour être les interprètes, parmi la race humaine, de son nom, " le Façonneur ". Efforcez-vous de développer des métiers et des entreprises dont chacun, jeune ou vieux, puisse tirer profit. Nous sommes libérés de ces ignorants qui imaginent vainement que la sagesse est de donner libre cours à leurs propres chimères et de répudier Dieu, le Seigneur de tous les hommes, même si Nous entendons certains de ces insouciants avancer de telles affirmations aujourd'hui.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 157)
[17]
D'après les écrits et propos de 'Abdu'l-Bahá
... la religion de Dieu est l'instigatrice de la vérité, la fondatrice de la science et du savoir, pleine de bienveillance envers les érudits; c'est la force civilisatrice de l'humanité, la révélatrice des secrets de la nature, la lumière des horizons du monde. Comment donc peut-on dire qu'elle s'oppose à la connaissance ? Dieu m'en préserve ! Pour Dieu, la connaissance est le don le plus merveilleux de l'homme, la plus noble de ses perfections. Seul l'ignorant s'oppose à la connaissance, et celui qui déteste connaissance et science est, non pas un homme, mais un animal dépourvu d'intelligence. Car la connaissance est lumière, vie, félicité, perfection et beauté, et le moyen d'approcher le seuil de l'Unité. Elle est l'honneur et la gloire du monde humain, le plus noble des dons de Dieu. Connaissance et conduite sont synonymes, et l'ignorance une véritable erreur.
(Les Leçons de Saint-Jean d'Acre, Presses Universitaires de France, Paris, 1982, p. 143)
[18]
Certains piliers ont été établis en tant que supports inébranlables de la foi de Dieu. Les plus puissants sont l'étude et l'utilisation de l'esprit, le développement de la conscience et la connaissance intime des réalités de l'univers et des mystères de Dieu Tout-Puissant.
Promouvoir la connaissance est un devoir incontournable imposé à chacun des amis de Dieu. Il incombe à cette assemblée spirituelle, à cette divine assemblée, de déployer le plus grand zèle dans l'éducation des enfants afin que, dès leur plus jeune âge, ils soient formés à se conduire en bahá'ís et à suivre les voies de Dieu, qu'ils croissent et prospèrent, telles de jeunes plantes, dans les eaux limpides que sont les conseils et exhortations de la Beauté bénie.
(Sélections des écrits de 'Abdu'l-Bahá, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1983, p. 125)
[19]
D'après une lettre de Shoghi Effendi
Les responsabilités des membres des assemblées spirituelles engagés dans l'enseignement de la cause de Dieu en Orient, ont été clairement définies dans les textes saints...
Ils doivent aussi les convaincre de l'importance de certaines vertus telles que la loyauté et la piété, la pureté d'intention, la bonté de cur, le détachement des chaînes de ce monde matériel... Ils doivent les encourager vivement à se renseigner soigneusement sur les différentes branches des connaissances de leur temps ... arts et sciences ... et à penser constamment à servir les intérêts de leurs contemporains; à approfondir leurs connaissances en étudiant consciencieusement les écrits saints, et à appliquer les conseils divins qu'ils contiennent aux circonstances, besoins et conditions de la société actuelle; à éviter de s'immiscer dans les affaires confuses des partis politiques, à ne pas se soucier ou s'impliquer dans les controverses des politiciens, les querelles des théologiens, ou dans toute théorie sociale chancelante commune chez les hommes.
Ils les encouragent enfin à être sincèrement soumis, à la fois en pensée et en parole, aux lois décrétées par le gouvernement du pays, et à se démarquer des méthodes, concepts et arguments sans fondements des conformistes aussi bien que des modernistes extrêmes; à honorer, vénérer et respecter ... et soutenir les efforts des ... protagonistes des arts et des sciences, à estimer et révérer les savants et les érudits; à encourager le droit à la liberté de conscience; et à éviter de critiquer et de dénigrer les habitudes, coutumes et croyances des autres individus, peuples ou nations.
(Lettre du 30 janvier 1926 aux assemblées spirituelles d'Iran, traduite du persan)
[20]
2. Les fonctions de l'érudition bahá'íe
2.1 Promotion du bien-être de l'humanité
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Le Grand Être dit : Les savants de cette époque doivent inciter les gens à acquérir ces branches de la connaissance qui sont utiles et dont ils peuvent, ainsi que la plupart des hommes, tirer bénéfice. Les recherches académiques qui commencent et finissent seulement par des mots n'ont jamais eu de valeur et ne vaudront jamais rien. La plupart des docteurs érudits de Perse consacrent leur vie entière à l'étude d'une philosophie qui ne produit finalement rien que des mots.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 177)
[21]
Le savoir véritable est celui qui mène au bien-être du monde, et non à l'orgueil et à la vanité, à la tyrannie, à la violence et au pillage.
(D'après une tablette traduite du persan)
[22]
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
La toute première nécessité, la plus urgente, est la promotion de l'éducation. Il est inconcevable qu'une nation parvienne à la prospérité et au succès sans se préoccuper de ce problème capital et fondamental. L'ignorance est la principale raison du déclin et de la chute des peuples. De nos jours, la plupart des gens ne sont pas informés des affaires courantes; comment donc pourraient-ils appréhender le cur des problèmes importants et des besoins complexes de leur époque ?
Il est donc urgent que l'on écrive des articles et des livres utiles, établissant clairement et précisément les besoins actuels de la société, et les moyens pour la conduire vers le bonheur et le progrès. Il faudrait les publier et les distribuer dans tous les pays afin qu'au moins les dirigeants commencent à ouvrir les yeux et suivent la voie qui les mènera à un honneur durable. La publication de pensées nobles est le fluide dynamique qui court dans les artères de la vie; c'est l'âme même du monde. Les pensées sont des océans infinis, les effets et les conditions changeantes de l'existence sont les formes propres et les limites individuelles des vagues; et ces vagues ne s'élèveront et ne dissémineront leurs perles de savoir sur les rives de la vie que lorsque la mer s'enflera...
L'opinion publique doit être orientée vers ce qui est digne de cette époque, et ceci n'est possible qu'en argumentant correctement et en alléguant des preuves claires, complètes et décisives. Car les masses impuissantes ne connaissent rien du monde et, s'il est vrai qu'elles recherchent ardemment leur propre bonheur, l'ignorance, tel un voile épais, les retient loin de lui...
Il est, de plus, vital d'établir des écoles... Il faut même rendre l'éducation obligatoire, si nécessaire. Tant que les nerfs et les artères de la nation ne s'éveilleront pas à la vie, toute mesure prise sera vaine; car un peuple est comme un corps humain dont l'âme est la détermination et la volonté de vaincre, et un corps sans âme ne peut pas progresser.
(Le Secret de la Civilisation divine, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1973, pp. 137, 138 et 140)
[23]
D'après une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi
Les nouvelles de la coopération entre les jeunes bahá'ís, hommes et femmes, à Montréal, la création d'un groupe d'étude et de discussion, l'expression saine et sobre de leurs méthodes de travail contenue dans le programme que vous avez joint, et leur regard réfléchi et enthousiaste sur le futur ont suscité les espoirs les plus vifs et la satisfaction la plus profonde dans le cur de notre Gardien. C'est effectivement avec un immense plaisir qu'il accueille cette coopération active entre ses jeunes amis de Montréal, et il croit sincèrement que par une étude adéquate des enseignements appropriés et de leur signification spirituelle, doublée d'une bonne connaissance des problèmes et des doutes qui assaillent le monde, vous serez capables de rendre de grands services à la cause et, par là même, à l'humanité.
(Lettre du 20 mars 1929 adressée à un croyant)
[24]
D'après une lettre de la Maison Universelle de Justice
Le fait que la foi émerge un peu plus de l'obscurité se manifeste de diverses façons. Aussi bien dans les cercles de lettrés que dans des ouvrages de référence ou dans les médias, on fait de plus en plus référence à la foi comme à l'une des " principales " ou " grandes " religions du monde... Exposer les idées bahá'íes à des catégories sociales influentes dans des domaines tels que la paix, l'environnement, le statut des femmes, l'éducation et l'alphabétisation a suscité des réactions grâce auxquelles on fait de plus en plus souvent appel aux bahá'ís pour participer avec d'autres mouvements à toutes sortes de projets en relation avec des gouvernements ou des organisations non-gouvernementales.
De plus, le fait d'exposer ainsi les idées bahá'íes fait prendre conscience à l'opinion publique que la foi a des réponses aux problèmes actuels et, par là même, lui permet d'envisager que la communauté bahá'íe puisse prendre davantage part aux affaires publiques.
... les projets bahá'ís de développement social et économique se sont multipliés et ont servi à la bonne réputation de la communauté, au travers d'exemples comme la puissance de l'initiative de groupe ou de l'action concertée spontanée qui ont été mis en place dans différents endroits... Certains projets ont si bien abouti qu'ils ont été cités ou récompensés publiquement par des gouvernements et des organisations internationales non gouvernementales.
(Message de Ridvan 1992 aux bahá'ís du monde)
[25]
2.2 La défense de la foi
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Si un homme se lève pour défendre par des écrits la cause de Dieu contre ses assaillants, si minime que soit sa participation, un tel homme recevra dans le monde à venir un si grand honneur que le concours céleste enviera sa gloire. Il n'est point de plume qui puisse dépeindre l'élévation de son rang, aucune langue pour en décrire la splendeur. Car quiconque se tiendra ferme et inébranlable dans cette sainte, glorieuse et sublime révélation, recevra un tel pouvoir qu'il pourra affronter toutes les forces du ciel et de la terre, et leur résister. Dieu en est lui-même témoin.
(Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1979, p. 217)
[26]
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
Le possesseur du savoir devrait être le défenseur de sa foi : c'est la seconde de ces normes spirituelles qui s'appliquent à lui. Il est évident que ces saintes paroles ne signifient pas exclusivement rechercher des implications de la loi, observer des rites, éviter les grands et petits péchés, pratiquer les ordonnances religieuses, et par le biais de toutes ces méthodes, protéger la foi. Elles signifient plutôt que la population tout entière devrait être parfaitement protégée; que l'on devrait s'efforcer d'adopter un ensemble de mesures propres à proclamer la parole de Dieu, à accroître le nombre de croyants, à promouvoir la foi de Dieu, à la glorifier et à la rendre victorieuse sur les autres religions.
(Le Secret de la Civilisation divine, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1973, p. 64)
[27]
D'après des lettres écrites de la part de Shoghi Effendi
Shoghi Effendi fut très heureux de votre conversation avec Sir ... Il espère sincèrement que de tels érudits parviennent à une véritable compréhension de l'esprit et des enseignements de la cause et se lèvent pour dissiper le voile des malentendus qui nuit à l'esprit des érudits occidentaux. La cause a grand besoin d'hommes aussi compétents et spirituels qui, après avoir parfaitement étudié le mouvement, partageront avec tous les hommes le fruit de leur labeur.
(Lettre du 11 mars 1929 adressée à un croyant)
[28]
Pour chaque chose il existe une réponse dans les enseignements; malheureusement, la majorité des bahá'ís, quel que soit leur degré de dévotion et de sincérité, n'ont pas l'érudition et la sagesse nécessaire pour réfuter l'argumentation et les attaques de ceux qui ont quelque éducation et importance.
(Lettre du 25 septembre 1942 à un croyant)
[29]
2.3 L'expansion et la consolidation de la communauté bahá'íe
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
Les âmes pures comme Mirza Abu'l-Fadl, que la gloire de Dieu soit sur lui, passent nuits et jours à démontrer la vérité de la révélation, en alléguant des preuves concluantes et remarquables, et à développer les vérités de la foi en soulevant les voiles, en promouvant la religion de Dieu et en diffusant ses parfums.
(D'après une tablette traduite du persan)
[30]
D'après des lettres écrites de la part de Shoghi Effendi
Nous avons été informés par des sources différentes de la manière merveilleuse dont vos enfants ont été amenés à parler de la cause en public. Shoghi Effendi espère qu'ils sauront tous trois parler de la cause et des sujets qui s'y rapportent avec éloquence et ferveur. Il leur faudra pour cela des bases scientifiques et littéraires sûres, qu'ils sont heureusement en train d'acquérir. Il est tout aussi important pour de jeunes bahá'ís, garçons et filles, d'être correctement éduqués dans des écoles supérieures renommées, que de se développer spirituellement. L'aspect intellectuel tout comme l'aspect spirituel doivent être développés chez le jeune avant qu'il puisse servir efficacement la cause.
(Lettre du 28 novembre 1926 à un croyant)
[31]
La formation universitaire que vous poursuivez actuellement vous sera d'un grand secours dans votre effort de la présentation du message dans des cercles intellectuels. Alors que les gens sont actuellement si sceptiques en matière de religion et si méprisants vis-à-vis des organisations et mouvements religieux, il semble que nos jeunes bahá'ís ont plus que jamais besoin d'être mieux armés intellectuellement, afin qu'ils puissent présenter adéquatement le message, de manière à convaincre tout observateur impartial de l'efficacité et de la puissance des enseignements.
(Lettre du 5 mai 1934 à un croyant)
[32]
Les jeunes hommes et jeunes femmes dans la foi doivent être des érudits profonds et réfléchis de ses enseignements, afin d'enseigner les gens en les convainquant que tous les problèmes auxquels ils sont confrontés ont un remède. Ils doivent comprendre l'administration de manière à gérer sagement et efficacement le développement des activités de la cause; et ils doivent devenir des exemples du mode de vie bahá'í. Tout ceci n'est pas facile ... mais le Gardien se réjouit toujours de voir l'esprit qui anime de jeunes croyants comme vous. Il est très confiant dans les réalisations futures de votre génération.
(Lettre du 12 mai 1944 à un croyant)
[33]
Si les bahá'ís veulent être réellement efficaces dans l'enseignement de la cause, ils ont besoin d'être bien mieux informés et capables de discuter avec intelligence, et en toute connaissance de cause, de l'état actuel du monde et de ses problèmes. Nous avons besoin d'érudits bahá'ís, non seulement de gens bien plus conscients de ce que sont réellement nos enseignements, mais aussi de gens lettrés et éduqués, capables de mettre nos enseignements en corrélation avec les pensées actuelles des dirigeants de la société.
En d'autres termes, nous devrions, en tant que bahá'ís, armer nos esprits de connaissance afin d'être mieux à même de démontrer, surtout aux intellectuels, les vérités que contient notre foi.
(Lettre du 5 juillet 1949 à un croyant)
[34]
D'après une lettre écrite de la part de la Maison Universelle de Justice
La Maison Universelle de Justice ... estime que l'érudition bahá'íe est potentiellement très importante pour le développement et la consolidation de la communauté bahá'íe alors qu'elle émerge de l'obscurité...
(Lettre du 3 janvier 1979 à des participants à un séminaire d'universitaires)
[35]
2.4 La contribution au développement de l'érudition
D'après des lettres écrites de la part de Shoghi Effendi
Il était très heureux d'avoir de vos nouvelles et de constater l'estime et l'intérêt que vous témoignez à l'étude des enseignements de Bahá'u'lláh. On peut assurément affirmer qu'on y puise d'autant plus qu'on les approfondit. Ils sont l'essence même de l'inspiration et de la ligne de conduite des travaux des penseurs, des savants et des humanistes du futur.
(Lettre du 10 décembre 1942 à une école d'été bahá'íe)
[36]
En ce qui concerne le conseil que vous lui avez demandé à propos de l'orientation de vos études pour être à même d'enseigner ultérieurement : il suggère l'histoire, l'économie ou la sociologie, car non seulement ce sont des domaines d'un grand intérêt pour les bahá'ís, mais ils englobent aussi des sujets auxquels nos enseignements donnent un éclairage totalement nouveau. Votre connaissance serait utile à la cause pour son enseignement futur, et vous pourriez peut-être aussi introduire des idées bahá'íes dans vos cours en tant qu'éducateur.
(Lettre du 13 mars 1944 à un croyant)
[37]
D'après des lettres écrites par, ou de la part de la Maison Universelle de Justice
Vous êtes déjà un praticien confirmé dans votre domaine, et il est évident que les conseils que vous donnez sont fonction de ce que vous avez étudié et expérimenté - tout un ensemble de concepts sur l'esprit humain, sa croissance, son développement et son fonctionnement correct, que vous avez étudié et développé antérieurement sans référence aux enseignements de Bahá'u'lláh. Maintenant, en tant que bahá'í, vous savez que ce que Bahá'u'lláh enseigne sur le but de la vie de l'homme, la nature de l'être humain et la meilleure manière d'orienter sa vie, est une révélation divine et, par conséquent, indubitable. Cependant, il vous faudra nécessairement beaucoup de temps non seulement pour étudier et comprendre clairement les enseignements bahá'ís, mais également pour réaliser en quoi ils modifient vos concepts professionnels. Cette situation difficile n'est bien sûr pas inhabituelle pour un savant. Il arrive souvent qu'au cours de travaux, un élément nouveau vienne révolutionner tout un domaine de recherches. Pour chaque cas, votre propre connaissance du métier et votre opinion, éclairée par votre connaissance grandissante des enseignements bahá'ís, doivent vous guider; vous vous apercevrez certainement que votre propre compréhension des problèmes humains que vous rencontrez dans votre travail changera et évoluera, et vous découvrirez de nouveaux moyens d'aider les gens qui viennent vous consulter. La psychologie est encore une science très jeune et inexacte et, avec les années, les psychologues bahá'ís, qui connaissent le réel schéma de la vie humaine au travers des enseignements de Bahá'u'lláh, permettront à cette science de réaliser de sérieux progrès, et contribueront grandement au soulagement de la souffrance humaine.
(Lettre du 6 février 1973. Publiée dans Messages from the Universal House of Justice, 1968-1973, Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1976, pp. 111-112)
[38]
En se développant, la communauté bahá'íe acquerra des experts dans de nombreux domaines - des bahá'ís deviendront des experts et des experts deviendront bahá'ís. Et ces experts, en mettant leur savoir et leurs compétences au service de la communauté et, bien plus encore, en développant leurs différentes disciplines à la lumière des enseignements divins, permettront de répondre progressivement aux problèmes qui bouleversent la société...
Parallèlement, la vie des institutions bahá'íes se développera aussi et, ce faisant, les assemblées feront de plus en plus appel au savoir des scientifiques et des experts - bahá'ís ou non - pour les aider à résoudre les problèmes de leurs communautés.
Le moment venu, d'importantes institutions bahá'íes d'érudition, de grands projets nationaux et internationaux pour l'amélioration de la vie de l'homme verront le jour et prospéreront.
(Lettre du 21 août 1977 adressée, de la part de la Maison Universelle de Justice, à un croyant)
[39]
En vérité, laissez-les (les jeunes bahá'ís) relever avec sérénité les défis qui les attendent. Pénétrés de cette supériorité et d'autant d'humilité, de ténacité et d'un esprit de servitude sincère, les jeunes d'aujourd'hui doivent se diriger vers les principales professions, métiers manuels, carrières artistiques et artisanales nécessaires au développement futur de l'humanité ... afin de s'assurer que l'esprit de la cause illuminera tous ces domaines importants de l'activité humaine. De plus, tout en essayant de maîtriser les concepts unificateurs et les technologies, en rapide évolution, de notre ère de communications, ils peuvent, ils doivent même veiller aussi à la transmission aux générations futures de ces techniques qui préserveront l'extraordinaire et indispensable héritage du passé. La transformation qui s'effectuera dans le fonctionnement de la société dépendra en grande partie de l'efficacité de la préparation des jeunes pour le monde dont ils hériteront.
(Lettre de la Maison Universelle de Justice, datée du 8 mai 1985 et adressée aux jeunes bahá'ís du monde)
[40]
La Maison de justice reconnaît que les questions que vous soulevez quant aux offres faites par des experts nouvellement bahá'ís pour partager leurs points de vue avec la communauté bahá'íe sont d'une importance vitale et de circonstance, surtout avec l'émergence de la foi et l'attraction qu'exercent ses enseignements sur un nombre croissant d'experts de tous horizons. Le processus d'intégration de ces personnes d'expérience dans les communautés bahá'íes en tant que croyants fermes et enracinés, utilisant leurs compétences en tant que promoteurs et défenseurs de la cause, nécessitera, de la part des institutions bahá'íes, un encadrement patient et amical. Le véritable défi sera d'éviter une rupture non justifiée dans ce processus d'intégration, en laissant de telles personnes seules face à l'attitude insensible de communautés pas encore suffisamment diversifiées ni habituées à fonctionner avec toutes les couches de la société.
Les érudits et les experts sont habitués à faire face à de nouveaux éléments au cours de leurs recherches, qui nécessitent d'adapter leurs idées antérieures aux différents aspects de leur discipline. Leur approfondissement dans les enseignements de la foi, l'étude et l'intégration de tant de nouveaux concepts leur demandera naturellement du temps. Ils doivent être assistés dans l'acquisition, aussi rapide que possible, d'une connaissance approfondie des enseignements. Cette connaissance jettera progressivement un jour nouveau sur leurs opinions. En même temps, les communautés bahá'íes devront développer une plus grande tolérance à l'égard d'idées qui peuvent ne pas coïncider avec leur compréhension actuelle, et rester ouvertes à de nouvelles conceptions...
Les experts et les intellectuels qui viennent de reconnaître la foi sont une grande ressource pour le développement de l'érudition bahá'íe. Nous espérons qu'en approfondissant leur compréhension des enseignements et de leur signification, ils pourront aider les communautés bahá'íes en établissant une corrélation entre les croyances de la foi, et les pensées et problèmes actuels du monde. Dans certaines circonstances, les bahá'ís exerçant une même profession se sont réunis lors de conférences spéciales ou ont constitué une association à cette fin. Ce qui leur permet aussi de se soutenir en tant que bahá'ís, et de profiter de leur statut d'expert pour promouvoir les intérêts de la foi. L'association bahá'íe des magistrats et l'association médicale bahá'íe, toutes deux aux États-Unis, sont des exemples actuels d'associations d'experts. Il faudrait par conséquent encourager particulièrement les croyants aux talents peu ordinaires, afin qu'ils les consacrent au service de la cause : leur contribution dans ce domaine en pleine expansion de l'activité bahá'íe est unique.
(Lettre du 18 avril 1989, adressée, de la part de Maison Universelle de Justice, à une assemblée spirituelle nationale)
[41]
3. Les principes généraux et les directives
3.1 Le fondement spirituel
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Aussi, il fut dit : La connaissance est une lumière que Dieu allume dans le coeur de qui Il veut. C'est ce genre de connaissance qui est et a toujours été louable, et non la connaissance limitée qui a surgi d'esprits voilés et obscurs. Cette connaissance limitée, ils se l'empruntent même furtivement l'un à l'autre et s'en vantent avec orgueil !
(Le Livre de la Certitude, Presses Universitaires de France, Paris, 1987, p. 24)
[42]
Ô peuple, Nous avons décrété que la fin suprême et dernière de toute étude est la reconnaissance de celui qui est l'objet de tout savoir; et pourtant, voyez comme vous avez laissé votre science vous dissimuler, comme par un voile, celui qui est l'Aurore de cette lumière, par qui chaque chose cachée fut révélée.
(Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1996, paragraphe 102)
[43]
D'après les écrits et propos de 'Abdu'l-Bahá
Bien que l'acquisition des sciences et des arts soit la gloire suprême de l'humanité, elle ne peut l'être que si la rivière de l'homme se jette dans le vaste océan et puise son inspiration dans l'antique source divine. Alors, chaque éducateur deviendra un océan sans rivage et chaque élève, une abondante fontaine du savoir. Sublime est la recherche de la connaissance dans le but d'atteindre la beauté de celui qui est l'objet de tout savoir ! Sinon, une simple goutte privera peut-être un homme de l'effusion de la grâce, car l'étude engendre l'arrogance et l'orgueil, ainsi que l'erreur et l'indifférence envers Dieu.
Les sciences actuelles sont des ponts menant à la réalité; si elles ne conduisent pas à la réalité, il ne reste rien qu'une illusion stérile. Par le seul vrai Dieu ! Si l'acquisition des connaissances ne permet pas d'accéder à Lui, le plus Manifeste, elle n'est que perte évidente !
(Sélections des écrits de 'Abdu'l-Bahá, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1983, pp. 109-110)
[44]
Et chaque branche du savoir, si elle est associée à l'amour de Dieu, reçoit son approbation et ses louanges; mais sans amour pour Lui, le savoir est stérile - en vérité, il conduit à la démence. Chaque sorte de connaissance, chaque science, est comparable à un arbre : si le fruit qu'il produit est l'amour de Dieu, alors c'est un arbre béni sinon, cet arbre n'est que du bois desséché et ne pourra servir qu'à faire du feu.
(Sélections des écrits de 'Abdu'l-Bahá, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1983, p. 179)
[45]
La connaissance scientifique est l'acquisition la plus noble des sphères humaines, car la science est la découverte des réalités. Elle est de deux sortes : matérielle et spirituelle. La science matérielle consiste à étudier les phénomènes naturels; la science divine est la découverte et la conception des vérités spirituelles. L'humanité doit acquérir les deux. Un oiseau a deux ailes : il ne peut voler avec une seule aile. Les sciences matérielle et spirituelle sont les deux ailes de l'ascension et des réalisations de l'homme. Toutes deux sont nécessaires - l'une naturelle, l'autre surnaturelle; l'une matérielle, l'autre divine; divine signifie ici la découverte des mystères de Dieu, la compréhension des réalités spirituelles, la sagesse de Dieu, les significations secrètes des religions divines et de l'établissement de la loi.
(The Promulgation of Universal Peace, Bahá'í Publishing Trust, Wilmette, 1982, p. 138)
[46]
D'après une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi
Entre la vérité qui émane de Dieu par l'intermédiaire de ses prophètes et les étincelles de vérité, souvent mal comprises et mal interprétées, qui émanent des philosophes et penseurs, il existe une immense différence. Nous ne devons jamais, et en aucun cas, confondre les deux.
Bahá'u'lláh a expliqué que la connaissance pouvait être un voile entre l'âme de l'homme et la vérité éternelle - en d'autres termes entre l'homme et la connaissance de Dieu. Nous avons déjà constaté que de nombreuses personnes, très avancées dans l'étude des sciences physiques modernes, ont été amenées à nier l'existence de Dieu et de ses prophètes. Ce qui ne signifie pas que Dieu et les prophètes n'ont pas existé et n'existent pas ! Cela signifie simplement que la connaissance est devenue un voile entre leur cur et la lumière de Dieu.
(Lettre du 22 avril 1954 à un croyant)
[47]
D'après des lettres écrites de la part de la Maison Universelle de Justice
Tout comme il existe une différence fondamentale entre la révélation divine elle-même et la compréhension qu'en ont les croyants, il existe aussi une distinction essentielle entre la réalité scientifique et le raisonnement d'une part, et les conclusions ou théories des scientifiques d'autre part. Il n'existe, et ne peut exister, aucun conflit entre la vraie religion et la vraie science : la vraie religion est révélée par Dieu, et c'est au travers de la vraie science que l'esprit de l'homme découvre les réalités des choses et apprend à connaître leurs particularités et leurs effets, ainsi que les qualités et propriétés des êtres, et saisit l'abstrait à l'aide du concret. Cependant, lorsque l'homme fait appel à sa compréhension pour porter un jugement, ce dernier est limité car la compréhension de l'homme est limitée; et là où il y a limitation, il y a possibilité d'erreur; et lorsqu'il y a erreur, des conflits peuvent surgir. Par exemple, beaucoup de gens sont convaincus, à l'heure actuelle, qu'il n'est pas scientifique de croire en Dieu; mais avec l'évolution de l'instruction de l'homme, les hommes de sciences et les philosophes du futur ne seront pas, selon les paroles de 'Abdu'l-Bahá, des négateurs des prophètes, qui ignorent les subtilités spirituelles, ont été privés des bienfaits célestes et ne croient pas au surnaturel.
(Lettre du 26 décembre 1975 à un croyant)
[48]
La force particulière de cette dispensation réside dans l'association d'une loyauté absolue envers la manifestation de Dieu et ses enseignements, la recherche et l'étude intelligente des enseignements et de l'histoire de la foi, que ces enseignements eux-mêmes prescrivent. Dans les dispensations passées, les croyants ont eu tendance à se diviser en deux groupes antagonistes : ceux qui se sont accrochés aveuglément à la lettre de la révélation, et ceux qui ont contesté et douté de tout. Comme tout extrême, tous deux peuvent mener à l'erreur. Le Gardien bien-aimé a écrit que la foi bahá'íe ... enjoint à ses disciples comme principal devoir une libre recherche de la vérité... Il est demandé aux bahá'ís de suivre la foi avec intelligence et discernement. Des croyants commettront inévitablement des erreurs en essayant de parvenir à ce degré de maturité, aussi tous ceux qui sont concernés doivent-ils faire preuve de tolérance et d'humilité afin que ce ne soit pas une cause de division et de dissension parmi les amis.
(Lettre du 7 octobre 1980 à un croyant)
[49]
La Maison de justice suggère que les questions soulevées dans votre lettre soient considérées à la lumière des déclarations qui, dans les écrits bahá'ís, dévoilent la relation existant entre la révélation de Bahá'u'lláh et le savoir acquis par l'effort d'érudition. Bahá'u'lláh affirme que :
Sans voile, et aux yeux de tous, cet Opprimé a, de tout temps, fait connaître à tous les peuples de la terre les clés qui leur permettraient d'ouvrir les portes des sciences, des arts, de la connaissance, du bien-être, de la prospérité et de la richesse...
Il est certain que les écrits bahá'ís éclairent tous les domaines de la recherche humaine et toutes les disciplines académiques. Ceux qui ont eu le privilège de reconnaître le rang de Bahá'u'lláh ont accès à une révélation qui éclaire tous les aspects de la pensée et de la recherche, et il leur est recommandé d'utiliser la compréhension que leur apporte leur immersion dans les saintes écritures pour promouvoir les intérêts de la foi.
Les croyants qui ont la capacité et la possibilité de faire cela ont constamment été encouragés à poursuivre des études universitaires qui leur permettront non seulement de rendre à la foi des services dont elle a grand besoin, mais aussi d'acquérir une connaissance approfondie de la signification et des implications des enseignements bahá'ís. Ils découvriront aussi qu'une meilleure compréhension de la révélation de Bahá'u'lláh fait naître des perceptions qui permettent d'éclaircir les sujets relatifs à leur recherche universitaire.
Il est utile de revoir un certain nombre de déclarations du Gardien sur ce sujet. À un croyant qui venait de terminer des études supérieures sur un sujet relatif aux enseignements, le Gardien déclarait, dans une lettre écrite de sa part :
Il est souhaitable que tous les étudiants bahá'ís suivent le noble exemple que vous leur montrez et soient à l'avenir amenés à étudier et analyser les principes de la foi, et à les relier aux aspects modernes de la philosophie et de la science. Tout jeune bahá'í intelligent et réfléchi devrait toujours aborder la cause de cette manière, car c'est là que repose l'essence même du principe de la recherche indépendante de la vérité.
Lorsqu'on lui apprit qu'un scientifique venait d'adhérer à la foi, il répondit ce qui suit dans une lettre écrite de sa part :
Nous avons grand besoin de la pensée saine et raisonnable d'un esprit scientifique. De telles capacités intellectuelles liées à une foi profonde engendrent un énorme potentiel d'enseignement...
Son secrétaire écrivit une autre fois que :
Shoghi Effendi a, pendant des années, encouragé les bahá'ís (qui lui demandaient conseil individuellement ou d'une manière générale) à étudier l'histoire, l'économie, la sociologie, etc. afin de se tenir informés des différents mouvements et pensées progressistes de l'époque, et de les relier aux enseignements bahá'ís. Il veut que les bahá'ís étudient davantage, et non qu'ils étudient moins. Plus leur connaissance générale, scientifique et autre, est grande, et mieux c'est. De même, il les encourage constamment à étudier plus profondément les enseignements bahá'ís.
Tout en poursuivant leurs études et en approfondissant simultanément les enseignements bahá'ís, il est recommandé aux croyants de veiller constamment à ce que la révélation de Bahá'u'lláh soit l'étalon de référence face à tout autre point de vue ou conclusion. Ils doivent veiller à rester modestes face à leurs réalisations, et à garder toujours présentes à l'esprit ces paroles de Bahá'u'lláh :
Le cur doit être purifié de toute chimère propre à l'homme, et sanctifié de tout attachement terrestre afin de pouvoir découvrir la signification secrète de l'inspiration divine et devenir le trésor des mystères de la connaissance divine.
(Lettre du 19 octobre 1993 à un croyant)
[50]
3.2 Sciences " utiles "
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Il est permis d'étudier les arts et les sciences pour autant que ces sciences soient utiles et contribuent au progrès et à l'évolution des peuples. Ainsi en a-t-il été décrété par celui qui est l'Ordonnateur, le Sage.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 25)
[51]
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
L'individu devrait, avant de s'engager dans des études quelconques, se demander quelle en est l'utilité et quels en seront les fruits et résultats. Si c'est une branche utile du savoir et, par conséquent, si la société peut en bénéficier, il doit bien évidemment s'y engager de tout cur. Si tel n'est pas le cas, si ce ne sont que débats vains et stériles, enchaînements futiles de suppositions sans autre résultat que l'amertume, pourquoi consacrer sa vie à des ergotages et des querelles aussi inutiles ?
(Le Secret de la Civilisation divine, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1973, p. 134)
[52]
D'après des lettres écrites de la part de Shoghi Effendi
Le choix que vous avez fait pour vos études est certainement très intéressant et sera particulièrement utile à votre travail pour la cause. Bien que toute étude soit intéressante pour un bahá'í qui s'intéresse à la manière dont l'esprit de la cause et de cet âge nouveau éveille les compréhensions, une étude sur l'état de la société fera davantage ressortir les besoins du monde et, par là même, le rôle que peuvent jouer les enseignements pour y répondre.
(Lettre du 5 janvier 1930 à un croyant)
[53]
La philosophie telle que vous allez l'étudier puis l'enseigner, ne fait certainement pas partie de ces sciences qui commencent et se terminent par des mots, qui sont des digressions stériles dans des argumentations métaphysiques, et non pas une branche saine du savoir comme la philosophie...
En ce qui concerne vos propres études : il vous conseille de ne pas consacrer trop de temps à l'aspect abstrait de la philosophie, mais plutôt de l'aborder sous un angle plus historique. Pour ce qui est de relier la philosophie aux enseignements bahá'ís : c'est une tâche colossale que les érudits du futur pourront entreprendre. Nous ne devons pas oublier que tous les enseignements ne sont pas encore traduits en anglais, qu'ils ne sont même pas encore tous rassemblés. Nombre de tablettes importantes, détenues par des particuliers, peuvent encore apparaître.
(Lettre du 15 février 1947 à un croyant)
[54]
D'après une lettre écrite de la part de la Maison Universelle de Justice
En réponse à votre lettre du ... dans laquelle vous demandez conseil sur les professions à choisir en faisant référence à la déclaration de Bahá'u'lláh à propos des sciences qui commencent par des paroles et se terminent par de simples paroles, et sur des études de mathématiques pures et de lettres classiques, la Maison Universelle de Justice nous a demandé de partager avec vous l'extrait d'une lettre écrite de la part du bien-aimé Gardien en 1947 et adressée à un croyant : La philosophie telle que vous allez l'étudier puis l'enseigner, ne fait certainement pas partie de ces sciences qui commencent et se terminent par des mots, qui sont des digressions stériles dans des argumentations métaphysiques, et non pas une branche saine du savoir comme la philosophie.
Par ces paroles, le Gardien a énoncé le principe général. Pour ce qui est de l'exemple spécifique des mathématiques pures, la référence dans la Onzième Bonne Nouvelle (Bahá'í World Faith, p.195) concernant ces sciences bénéfiques, qui contribuent et conduisent à la grandeur de l'humanité (Cf. Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 25) doit être replacée dans le contexte du sens du mot " sciences " tel qu'il est employé par la manifestation. La remarque de Bahá'u'lláh sur les sciences qui commencent et se terminent par de simples paroles ne s'applique pas à l'étude systématique des phénomènes naturels visant à découvrir les lois qui gouvernent l'univers physique, ce que les mathématiques essaient d'explorer. Les mathématiques pures ont souvent des applications concrètes comme, par exemple, la théorie des groupes ou l'étude des particules élémentaires.
En ce qui concerne les études classiques, nous devons partager avec vous l'extrait suivant d'une lettre datée du 30 novembre 1932 et écrite de la part du Gardien à un croyant qui voulait savoir si l'art d'écrire des histoires pouvait faire partie de ces sciences qui commencent et se terminent par des mots.
Lorsque Bahá'u'lláh évoquait ces sciences qui commencent et se terminent par des mots, il faisait essentiellement référence aux traités et commentaires théologiques qui embarrassent l'esprit de l'homme plutôt qu'ils ne l'aident à atteindre la vérité. Ces étudiants consacrent leur vie à leurs études et elles ne les mènent nulle part.
Bahá'u'lláh n'englobait certainement pas l'art d'écrire des histoires dans cette catégorie; et la sténographie ainsi que la dactylographie sont toutes deux particulièrement utiles, nécessaires à notre vie actuelle, sociale et économique.
Ce que vous pourriez et devriez faire, c'est utiliser vos histoires afin qu'elles inspirent et guident ceux qui les lisent. En ayant de tels moyens à votre disposition, vous pouvez répandre l'esprit et les enseignements de la cause; vous pouvez montrer les maux de notre société, ainsi que la manière d'y remédier. Si vous possédez un véritable talent pour l'écriture, vous devez le considérer comme un don divin et vous efforcer de l'utiliser pour l'amélioration de la société.
La Maison de justice espère que vous pourrez satisfaire vos amis sur ces points et les encourager à se préparer à servir la foi et à être capable de contribuer au bien-être de l'humanité.
(Lettre du 24 mai 1988 à un croyant)
[55]
3.3 Les attitudes de l'érudit
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Parmi les hommes, il y a celui qui s'enorgueillit de son savoir ce qui l'a privé de reconnaître mon nom, Celui qui subsiste par Lui-même. Celui qui, entendant le bruit des sandales qui le suivent, se gonfle dans sa propre estime encore plus que Nemrod. Dis : Ô toi, l'éconduit ! Où se trouve-t-il maintenant ? Par Dieu, dans le feu des enfers. Dis : Ô assemblée de religieux ! N'entendez-vous point le crissement aigu de ma Plume la plus exaltée ? Ne voyez-vous point ce Soleil brillant d'un éclat resplendissant au-dessus du très glorieux horizon ? Jusqu'à quand adorerez-vous les idoles de vos passions mauvaises ? Abandonnez vos vaines imaginations et tournez-vous vers Dieu, votre Seigneur éternel.
(Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1996, paragraphe 41)
[56]
Soyez indulgents et bienveillants, et aimez-vous les uns les autres. S'il s'en trouve un parmi vous qui soit incapable de saisir une certaine vérité ou qui doit faire des efforts pour la comprendre, entretenez-vous avec lui dans un esprit d'extrême bonté et de parfaite bonne grâce. Aidez-le à voir et à reconnaître la vérité, sans vous estimer le moins du monde supérieur ou mieux doté.
(Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1979, p. 8)
[57]
Prenez garde de vous quereller avec qui que ce soit; efforcez-vous au contraire, par vos manières affables et vos exhortations les plus convaincantes, de permettre à votre auditeur de saisir la vérité. S'il réagit favorablement, ce sera pour son plus grand bien; s'il n'en est rien, détournez-vous de lui, et tournez votre visage vers la cour sacrée de Dieu, demeure de resplendissante sainteté.
N'entrez en conflit avec personne sur les biens et affaires de ce monde, car Dieu les a abandonnés aux mains de ceux qui ont fondé en eux tous leurs espoirs.
(Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1979, p. 184)
[58]
Mets en garde, ô Salman, les bien-aimés du seul vrai Dieu contre une vue trop critique des dits et écrits des hommes. Qu'ils les abordent plutôt dans un esprit ouvert et de cordiale sympathie. Toutefois, les hommes qui, en ce jour, ont mené l'assaut, dans leurs écrits incendiaires, contre les enseignements de la cause de Dieu, devront être traités différemment. Il incombe à chacun, selon ses capacités, de réfuter les arguments de ceux qui ont attaqué la foi de Dieu. Ainsi en a décrété celui qui est le Tout-Puissant, l'Omnipotent.
(Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1979, p. 217)
[59]
D'après les écrits de 'Abdu'l-Bahá
Il faut d'abord développer une conduite louable et un caractère noble, car si le caractère n'est pas formé, l'acquisition de la connaissance ne pourra que s'avérer préjudiciable. La connaissance n'est méritoire que si elle s'accompagne d'une conduite et d'un naturel vertueux; autrement, c'est un poison mortel, un terrible danger. Un physicien malfaisant, qui manque à son devoir, peut apporter la mort, et devenir la source de nombreuses infirmités et maladies.
(D'après une tablette traduite du persan)
[60]
D'après des lettres écrites par, ou de la part de la Maison Universelle de Justice
... les croyants doivent reconnaître l'importance de l'honnêteté intellectuelle et de l'humilité. Lors des révélations passées, de nombreuses erreurs furent commises parce que les croyants de ces révélations divines étaient trop soucieux d'enfermer le message divin dans le cadre de leur compréhension limitée, de définir des doctrines alors que les définitions dépassaient leur pouvoir, d'expliquer des mystères que seules la sagesse et l'expérience d'une époque plus avancée rendraient compréhensibles, de soutenir que telle chose était vraie parce qu'elle semblait désirable et nécessaire. Nous devons soigneusement éviter de tels compromis avec la vérité essentielle et un tel orgueil intellectuel.
(Lettre du 27 mai 1966. Publiée dans Wellspring of Guidance : Messages 1963-1968, Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1976, pp. 87-88)
[61]
Au cours de leurs études à l'école ou à l'université, de jeunes bahá'ís se trouveront souvent dans la position inhabituelle et plutôt embarrassante d'avoir, sur un sujet donné, plus de perspicacité que leurs enseignants. Les enseignements de Bahá'u'lláh éclairent tant d'aspects de la vie et de la connaissance humaines qu'un bahá'í doit apprendre, plus tôt que d'autres, à peser l'information qui lui est donnée plutôt qu'à l'accepter aveuglément. Un bahá'í a l'avantage de la révélation divine pour notre époque qui resplendit tel un phare sur les nombreux problèmes déroutant les penseurs contemporains; il doit par conséquent développer sa capacité à tout apprendre de ceux qui l'entourent, à témoigner d'une certaine humilité face à ses enseignants, mais à toujours rattacher ce qu'il entend aux enseignements bahá'ís, car ils lui permettront de séparer l'or des impuretés de l'erreur humaine.
(Lettre du 10 juin 1966 à la jeunesse bahá'íe du monde. Publiée dans Wellspring of Guidance : Messages 1963-1968, Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1976, pp. 95-96)
[62]
La Maison de justice admet qu'il est particulièrement important que les croyants, surtout ceux qui ont des responsabilités dans l'ordre administratif, réagissent calmement, dans un esprit de tolérance et de recherche, aux points de vue qui diffèrent des leurs, en gardant présent à l'esprit le fait que tous les bahá'ís ne sont que des étudiants de la foi s'efforçant constamment de mieux comprendre les enseignements et de les appliquer plus fidèlement, et que personne ne peut prétendre détenir une compréhension parfaite de cette révélation. Simultanément, tous les croyants, et les érudits en particulier, ne devraient pas oublier les nombreuses mises en garde contenues dans les Écrits et relatives à la fomentation de la discorde parmi les amis. Il incombe aux institutions de la foi de préserver la communauté de tels dangers... Il est indéniable que des déclarations faites récemment par certains individus au nom de l'érudition bahá'íe, ont révélé une intempérance et un manque d'appréciation de bien des enseignements fondamentaux de la foi, et l'on comprend qu'elles aient alerté les plus tolérants des croyants.
(Lettre du 18 juillet 1979 adressée à un croyant de la part de la Maison Universelle de Justice)
[63]
La Maison de justice estime que les érudits bahá'ís devraient se méfier des tentations de l'orgueil intellectuel. 'Abdu'l-Bahá a prévenu les amis en Occident qu'ils seraient exposés à des épreuves intellectuelles, et le Gardien leur a rappelé cette mise en garde. De nombreux aspects de la pensée occidentale ont été élevés au rang de principe intangible dans les esprits en général et, avec le temps, ils pourraient bien s'avérer faux, ou tout du moins partiellement vrai. Tout bahá'í qui s'élève dans les sphères universitaires sera exposé à la puissante influence d'une telle pensée. Les différentes disciplines se sont spécialisées et détachées les unes des autres, et c'est l'un des problèmes de notre époque. Les penseurs sont maintenant mis au défi de parvenir à une synthèse, ou tout au moins de relier d'une manière cohérente l'immense étendue de savoir acquis durant un siècle. Les bahá'ís doivent être conscients de cet élément, ainsi que de la modération et de la nature compréhensive de cette révélation...
Dans l'application des lois sociales de la foi, il semble que la plupart des difficultés proviennent non seulement d'une désobéissance franche, mais aussi des actes de ceux qui, tout en étant scrupuleux du respect à la lettre de la loi, essaient de s'éloigner, autant qu'elle le leur permet, de l'esprit sur lequel elle repose. Une tendance semblable se remarque parmi certains érudits bahá'ís. Dans le domaine vital de l'érudition bahá'íe, les plus grands progrès dans la connaissance et la compréhension seront faits par ceux qui, tout en maîtrisant parfaitement leurs sujets et en adhérant aux principes de la recherche, sont aussi entièrement imprégnés de l'amour de la foi et de la détermination d'approfondir leur compréhension de ses enseignements.
(Lettre du 23 mars 1983, adressée de la part de la Maison Universelle de Justice à un croyant)
[64]
3.4 Les points de méthodologie
D'après les Écrits de Bahá'u'lláh
Ne pesez pas le Livre de Dieu selon les normes et les connaissances qui ont cours parmi vous, car le Livre est lui-même l'infaillible balance établie parmi les hommes. Cette balance parfaite doit peser ce que possèdent tous les peuples et les gens de la terre, tandis que ses poids devraient être vérifiés d'après son propre étalon, puissiez-vous le savoir.
(Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1996, paragraphe 99)
[65]
Dès que les yeux des peuples de l'Orient furent attirés par les arts et les merveilles de l'Occident, ils errèrent à l'aventure dans le désert des causes matérielles, oublieux de celui qui est la Cause des causes et leur Soutien, alors que ces hommes, qui furent des sources et des puits de sagesse, ne nièrent jamais l'impulsion génératrice de ces causes, pas plus que le Créateur et l'Origine de tout cela. Ton Seigneur sait et, par contre, la plupart des gens ne savent pas.
(Les Tablettes de Bahá'u'lláh révélées après le Kitáb-i-Aqdas, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1994, p. 150)
[66]
D'après des propos tenus par 'Abdu'l-Bahá
Il n'existe que quatre moyens reconnus de parvenir à la compréhension - c'est-à-dire que les réalités des choses sont comprises par ces quatre procédés.
Le premier moyen nous est donné par nos sens - qui permet de comprendre tout ce que l'il, l'oreille, le goût, l'odorat, le toucher perçoivent. Aujourd'hui, tous les philosophes d'Europe considèrent ce moyen comme excellent : ils estiment que les sens constituent le meilleur moyen d'acquérir la connaissance. Ils le considèrent comme souverain, bien qu'il soit imparfait car il commet des erreurs. Par exemple, la vue est le plus important de nos sens... La vue pense que la terre est immobile et que le soleil est en mouvement, et dans de nombreux cas similaires elle se trompe. Nous ne pouvons par conséquent lui faire confiance.
La seconde méthode est celle de la raison, celle qu'utilisaient les anciens philosophes, les piliers de la sagesse; c'est celle qui nous permet de comprendre. Ils prouvaient les choses en utilisant la raison et ils s'en tenaient fermement aux preuves logiques; tous leurs arguments sont des arguments de raison. Cependant, ils divergeaient beaucoup entre eux, et leurs opinions étaient contradictoires. Il leur arriva même de changer d'avis; c'est-à-dire qu'après avoir prouvé pendant vingt ans par des arguments logiques l'existence d'une chose, ils la niaient après cela par des arguments logiques - ainsi Platon commença-t-il par prouver logiquement l'immobilité de la terre et le mouvement du soleil; plus tard, il prouva par des arguments logiques que le soleil est un centre autour duquel se meut la terre... Il est donc clair que le critère de raison n'est pas parfait; les divergences entre les philosophes anciens, le manque de stabilité et les variations dans leurs opinions en sont la preuve. Car si ce procédé était parfait, tous devraient être d'accord avec leurs idées et leurs opinions.
Le troisième procédé est celui de la tradition - par l'intermédiaire des saintes Écritures - car il est dit : Dans l'Ancien et le Nouveau Testament, Dieu a parlé. Ce procédé non plus n'est pas parfait, car c'est la raison qui permet de comprendre les traditions. La raison étant elle-même sujette à l'erreur, comment peut-on croire qu'en interprétant les traditions elle ne commettra pas d'erreur; il est en effet possible qu'elle commette des erreurs, la certitude n'existe pas. C'est le procédé qu'utilisent les dirigeants religieux; tout ce qu'ils comprennent du texte des livres saints est ce que leur raison comprend de ces mêmes textes, pas forcément la vérité pure. Car la raison est comme une balance, et les significations comprises dans le texte des livres saints ressemblent à la chose pesée : si la balance est faussée, comment pourra-t-on être sûr du poids ?
Sachez donc que ce qui est entre les mains des hommes, ce qu'ils croient, est soumis à l'erreur. Car en prouvant ou en réfutant une chose, si l'on met en avant des preuves fondées sur nos sens, il est évident que la méthode n'est pas parfaite. Il en est de même si les preuves se basent sur la raison ou sur la tradition. L'homme ne possède pas de critère fiable.
Mais la munificence de l'Esprit saint nous fournit le véritable moyen de comprendre, infaillible et indubitable : c'est par l'intermédiaire du Saint-Esprit qui vient en aide à l'homme. Là seulement se trouve la certitude.
(Les Leçons de Saint-Jean d'Acre, Presses Universitaires de France, Paris, 1973, pp. 334-336)
[67]
D'après des lettres écrites de la part de la Maison Universelle de Justice
La préoccupation exprimée est que de nombreux amis, soutenant qu'il n'existe qu'un seul point de vue " correct " de l'histoire et des enseignements de la foi, réagissent de manière critique aux opinions qui ne leur sont pas familières. La Maison Universelle de Justice a déjà répondu elle-même sur ce point aux pages 88-89 de " Wellspring of Guidance ", par exemple. Ainsi que vous le soulignez dans votre lettre, la révélation divine est infaillible et procède d'une vaste connaissance de la vérité, mais lorsque des bahá'ís essaient d'appliquer les textes saints à tout problème ou situation spécifique, ils le font en utilisant leur propre intelligence dont la compréhension est limitée. Ainsi, de la même manière que les hommes peuvent différer dans l'usage qu'ils font de leur raison pour tirer des conclusions à partir des preuves disponibles, ils peuvent aussi différer dans leur compréhension et leur application d'un extrait de la révélation divine. Le principe bahá'í de l'harmonie entre la science et la religion nécessite, comme vous le dites, que l'érudit bahá'í utilise toute son intelligence pour parvenir à une solution sur un problème spécifique, s'il existe une contradiction évidente entre un texte saint et un autre témoignage; et il doit aussi accepter le fait que certains problèmes dépassent sa compréhension...
En transmettant les commentaires du département de la Recherche sur le séminaire <The Challenge and Promise of Bahá'í Scholarship, préparé par le département de la Recherche. Telle qu'elle était publiée dans The Bahá'í World, Haifa, Bahá'í World Center, 1981, vol. XVII, pp. 195-196, cette déclaration fut attribuée par inadvertance à la Maison Universelle de Justice.> ... la Maison de justice ne laissait pas supposer que les historiens bahá'ís ne disposaient que d'un seul procédé valable. Elle désirait simplement mettre en garde les érudits bahá'ís contre les dangers inhérents aux chemins que certains d'entre eux suivent actuellement. La recherche historique consiste principalement à évaluer les preuves disponibles et à émettre des hypothèses. De plus, la preuve historique est toujours morcelée et peut aussi être accidentellement sujette à l'erreur, voire fabriquée délibérément. La Maison de justice réalise que vous en êtes pleinement conscients, mais souhaite souligner ce point car elle ne voit pas comment un historien bahá'í peut, en toute honnêteté, déclarer être un fidèle croyant, et mettre simultanément en doute dans ses écrits la véracité et l'honneur des figures centrales de la foi ou de son Gardien.
Le fait que la foi, comme le déclare le Gardien, prescrit à ses disciples comme premier devoir la recherche indépendante de la vérité, devrait rassurer tout historien bahá'í audacieux qu'il ne saurait être question d'une nécessité quelconque de déformer l'histoire dans le prétendu " intérêt " de la foi. Bien au contraire ! L'association d'une foi profonde et de la liberté de pensée est l'une des grandes forces de la religion bahá'íe. Elle fait peser cependant sur les épaules des historiens bahá'ís l'immense responsabilité d'avancer leurs points de vue et leurs conclusions avec la modération et l'humilité qui conviennent. À ce propos, l'une des Tablettes de Bahá'u'lláh dit :
Vous avez écrit que l'un des amis a composé un traité. Ce fait a été mentionné en sa sainte présence, et voici la réponse : Il faut veiller à ce que tout ce qui est écrit à l'heure actuelle ne provoque aucune dissension et ne suscite aucune objection. Tous les peuples de la terre entendent les moindres paroles des amis du seul vrai Dieu en ces jours. Il a été révélé dans la Lawh-i-Hikmat : " Les incroyants ont tendu l'oreille vers Nous afin d'entendre ce qui pourrait leur permettre de critiquer Dieu, le Secours dans le Péril, Celui qui subsiste par Lui-même ". Ce qui est écrit ne doit pas transgresser les limites du tact et de la sagesse, et les mots utilisés devraient contenir les qualités du lait, afin que les enfants du monde puissent s'en nourrir et parvenir à la maturité. Nous avons dit autrefois qu'une parole a l'influence du printemps, rafraîchit et rajeunit les curs, alors qu'une autre est semblable à la gelée qui brûle les fleurs des arbres. Dieu veuille que les écrivains parmi les amis satisfassent, par leurs écrits, les âmes justes, et ne suscitassent point les critiques des hommes.
(Lettre du 18 juillet 1979 à un croyant)
[68]
La Maison de justice avait espéré que la publication de cette déclaration (Ibid) susciterait un débat au sein des érudits bahá'ís, les encouragerait à approfondir tous les aspects de leur travail et l'effet de ce dernier sur des audiences bahá'íes et non-bahá'íes. Le but n'était pas de recommander aux érudits l'abandon de telle ou telle méthode, mais de les avertir des dangers de considérer comme admises les présomptions, a priori, des érudits contemporains non-bahá'ís, et d'accepter que leurs pensées et leur compréhension de la foi soient limitées par ces mêmes critères qu'eux-mêmes, en tant que bahá'ís, savent être erronés. C'était aussi l'espoir de la Maison de justice que les érudits bahá'ís soient conscients de la manière dont ils s'expriment, et qu'ils évitent l'usage d'un langage fier et méprisant que certains ont utilisé en public à l'encontre de leurs coreligionnaires qui essayaient pourtant de servir la foi de Dieu avec dévouement.
(Lettre du 8 octobre 1980 à un croyant)
[69]
D'après votre lettre, la Maison de justice comprend que vous souhaitez trouver des moyens de transmettre des vérités spirituelles de manière logique et prouver leur justesse par des preuves scientifiques. Rien ne s'oppose à une telle attitude. 'Abdu'l-Bahá lui-même utilisait cette méthode. Les érudits bahá'ís doivent surtout éviter de déformer la vérité religieuse, presque énergiquement parfois, pour la rendre conforme aux compréhensions et sensibilités du monde scientifique. Les véritables érudits bahá'ís devraient se garder d'une telle chose. Dans une lettre datée du 21 juillet 1968 et adressée à une assemblée spirituelle nationale, la Maison de justice écrivait :
Bien que la sagesse veuille que l'on aborde souvent les individus ou un auditoire du point de vue des connaissances admises, il ne faut jamais oublier que la révélation de la manifestation de Dieu sert de référence à toute connaissance, et que les affirmations et théories scientifiques, même si elles sont proches des principes éternels proclamés par les messagers de Dieu sont, en raison de leur nature, éphémères et limitées. De même, le fait d'adapter la foi bahá'íe à la société moderne en s'efforçant de la rendre conforme aux théories et pratiques admises risque de compromettre gravement les vérités fondamentales de notre foi.
(Lettre du 7 juin 1983 à un croyant)
[70]
La Maison de justice est surtout inquiète du parti pris méthodique et du ton dissonant qui semblent animer les travaux de certains auteurs. L'impression donnée est qu'en essayant de parvenir à ce qu'ils croient être une objectivité académique ils ont, par inadvertance, fait entrer la foi dans un moule essentiellement étranger à sa nature, sans tenir compte des forces spirituelles que les bahá'ís tiennent pour ses fondements. La justification d'une telle approche serait probablement que la plupart des érudits en religion comparée se sentent surtout concernés par les phénomènes perceptibles, les événements visibles et les choses pratiques, et sont habitués à traiter leurs sujets d'un point de vue occidental, voire chrétien. Une telle approche, bien que compréhensible, est impensable pour un bahá'í, car elle ignore le fait que notre vision mondiale inclut la dimension spirituelle en tant que composante indispensable à la logique et la cohérence, et il ne sied pas à un bahá'í d'écrire ... sur sa foi en prenant pour norme l'humanisme ou le matérialisme.
En d'autres mots, on a l'impression dans de tels articles que des bahá'ís essaient d'écrire comme s'ils étaient non bahá'ís. Ce qui conduit ces auteurs à tirer des conclusions et à faire des allusions en contradiction avec les enseignements bahá'ís et avec la réalité de la foi. Un bon auteur bahá'í, lorsqu'il écrit dans une telle publication, devrait être parfaitement capable d'adopter le ton calme et neutre d'un commentateur, sans tomber dans le piège de déformer l'image en adoptant ce qui est, en essence, une attitude matérialiste et limitée.
Lettre du 4 octobre 1994 à une assemblée spirituelle nationale)
[71]
3.5 L'alliance
D'après des lettres écrites par, ou de la part de Shoghi Effendi
Pour ce qui est des études que vous pouvez entreprendre : ... la cause est telle que nous pouvons la servir, quelle que soit notre profession. La seule condition requise est que la spiritualité nous anime et non des considérations purement matérielles. Nous ne devrions pas non plus laisser nos études nous empêcher d'approfondir notre connaissance de la littérature de la cause.
(Lettre du 9 novembre 1931 écrite de la part de Shoghi Effendi à un croyant)
[72]
Dans leurs efforts pour atteindre ce but, ils doivent étudier pour eux-mêmes, consciencieusement et soigneusement, la littérature de leur foi, approfondir ses enseignements, assimiler ses lois et ses principes, méditer sur ses admonestations, ses doctrines et ses objectifs, mémoriser quelques-unes de ses exhortations et prières, maîtriser l'essentiel de son administration, se tenir informés de ses affaires courantes et de ses derniers développements. Ils doivent s'efforcer d'acquérir, par des sources autorisées et impartiales, une bonne connaissance de l'histoire et des principes de l'Islám - la source et l'origine de leur foi - et s'efforcer d'aborder avec révérence et sans idée préconçue l'étude du Qur'án qui, à l'exception des écrits saints des révélations bábíe et bahá'íe, constitue le seul livre qui puisse être considéré comme le dépositaire parfaitement authentique du Verbe divin. Ils doivent consacrer une attention toute particulière à l'examen des institutions et des circonstances directement liées à l'origine et à la naissance de leur foi, ainsi qu'au rang proclamé par son Précurseur et aux lois révélées par son Auteur.
(Lettre de Shoghi Effendi, datée du 25 décembre 1938 et adressée aux bahá'ís d'Occident. Publiée dans l'Avènement de la Justice divine, Maison d'Éditions Bahá'íes, Bruxelles, 1973, pp. 66-67).
[73]
Le Gardien estime qu'une bonne connaissance de l'histoire, y compris de l'histoire des religions, ainsi que des sujets sociaux et économiques, aide beaucoup à enseigner la cause à des personnes intelligentes; quant aux sujets, à l'intérieur de la foi, sur lesquels vous devriez vous concentrer, il pense que les jeunes bahá'ís devraient maîtriser des livres tels que les " Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh ", les " Chroniques de Nabil ", " Dieu passe près de nous ", l'" Iqán ", " Les Leçons de Saint-Jean d'Acre ", et les tablettes majeures. Tous les aspects de la foi devraient être approfondis - et ... ils doivent étudier davantage l'administration.
(Lettre du 4 mai 1946 écrite de la part de Shoghi Effendi à un croyant)
[74]
Il semble que nous avons maintenant besoin d'une érudition bahá'íe plus approfondie et coordonnée afin d'attirer des hommes tels que ceux que vous contactez. Le monde - tout du moins le monde pensant - a maintenant assimilé tous les grands principes universels proclamés par Bahá'u'lláh il y a plus de 70 ans et, par conséquent, il ne les considère plus comme " nouveaux ". Mais nous savons que les enseignements plus profonds, la capacité que possède l'ordre mondial qu'Il a édifié de recréer la société, sont nouveaux et dynamiques. Ce sont ces derniers que nous devons apprendre à présenter de manière intelligente et attrayante à de tels hommes !
(Lettre du 3 juillet 1949 écrite de la part de Shoghi Effendi à un croyant)
[75]
Il fut très heureux d'apprendre que vous faisiez de nombreuses conférences pour la cause; c'est un domaine dans lequel vous pouvez rendre d'importants services, et pour lequel vous devriez consacrer le plus de temps possible. Le public doit entendre parler de la foi, et il faut étudier de nouvelles méthodes et de nouveaux moyens pour attirer son attention sur elle. Il vous encourage aussi à approfondir votre connaissance des enseignements. Ce dont nous avons besoin, c'est de l'érudition bahá'íe, plus que de l'érudition en général, car la première est spirituelle, et la deuxième plus ou moins éphémère. Nous avons particulièrement besoin dans la cause de gens qui connaissent parfaitement les enseignements, en particulier leurs vérités les plus profondes, et qui peuvent par conséquent enseigner correctement les âmes et y établir des fondements durables, que les épreuves et les difficultés n'ébranleront pas.
(Lettre du 27 août 1951, écrite de la part de Shoghi Effendi à un croyant)
[76]
D'après des communiqués de la Maison Universelle de Justice
En matière d'érudition bahá'íe, nous pensons qu'il est très important de ne pas freiner le développement des érudits bahá'ís par une attitude de censure ou de critique non justifiée. Le Centre international d'enseignement et le Corps des conseillers peuvent, selon nous, rendre de précieux services dans ce domaine en encourageant les jeunes érudits et en favorisant, à l'intérieur de la communauté bahá'íe, une atmosphère de tolérance vis-à-vis des idées des autres. Le cur même de la foi des croyants devrait parallèlement être renforcé par une conscience accrue de la vérité fondamentale et de l'importance vitale de l'alliance, et par un amour toujours plus grand pour Bahá'u'lláh.
(Note de la Maison Universelle de Justice au Centre international d'enseignement datée du 10 février 1981)
[77]
Une collaboration plus étroite avec les bureaux, activités, institutions et personnalités du monde non-bahá'í caractérisera certainement le développement futur de la cause. Notre influence auprès des Nations-Unies grandira, nous nous ferons davantage connaître dans les délibérations des gouvernements, nous deviendrons familiers aux médias, un sujet d'études dans les milieux universitaires, et inévitablement l'objet d'envie des institutions défaillantes. Nous devons nous préparer à une telle situation et réagir en approfondissant en permanence notre foi, en adhérant fermement aux principes de non-ingérence dans les affaires politiques, en nous gardant de tout préjugé, et surtout en nous efforçant de mieux comprendre ses vérités fondamentales et sa pertinence face au monde moderne.
(Message de Ridvan 1984 aux bahá'ís du monde)
[78]
L'ÉRUDITION
Une compilation d'extraits des Écrits de Bahá'u'lláh et de 'Abdu'l-Bahá, de lettres de Shoghi Effendi et de la Maison Universelle de Justice, préparée par le département de la Recherche de la Maison Universelle de Justice
(c) Maison d'Éditions Bahá'íes 205, rue du Trône 1050 Bruxelles
D/1547/1996/3 ISBN 2-87203-037-9
Imprimé en Belgique