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Source : www.bahai-biblio.org
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LA CONSERVATION DES RESSOURCES TERRESTRES
Compilation réalisée par le département de la recherche de la Maison Universelle de Justice
Centre mondial baha'i
Table des matières
1. Principes fondamentaux
1.1. La nature en tant que reflet du divin
1.2. La terre, un seul pays
1.3. La position de l'homme et sa responsabilité
1.4. Une approche du monde physique: l'interaction entre le spirituel et le matériel
2. Les relations entre l'homme et la nature
2.1. Les caractéristiques de la nature
2.1.1. Un système unifié
2.1.2. Un système organisé et soumis à des lois
2.1.3. Le changement et le mouvement
2.1.4. La diversité
2.1.5. Elle sert le monde humain
2.1.6. Un système imparfait
2.2. Attitudes et valeurs
2.2.1. L'appréciation des choses à leur valeur
2.2.2. La modération
2.2.3. La bonté envers les animaux
2.2.4. Le développement de la nature
2.2.5. L'importance de l'agriculture
2.2.6. L'utilisation de la science
3. La protection de l'environnement
3.1. La conservation des ressources
3.2. Le contrôle des ressources naturelles
3.3. Approches de la protection de l'environnement
4. Perspectives d'avenir
5. Références
1. PRINCIPES FONDAMENTAUX
L'approche de la conservation et de la protection des ressources terrestres par la communauté Bahá'íe du monde entier est basée sur un certain nombre de principes fondamentaux provenant des écrits Bahá'ís. Ceux-ci comprennent:
1.1. LA NATURE EN TANT QUE REFLET DU DIVIN
La nature est tenue en grande estime. Baha'u'llah déclare que la contemplation de la nature fait naître une prise de conscience des signes" et des preuves" de Dieu et constitue la preuve de son existence. Ainsi, il dit:
"... quoi que je regarde, je découvre aisément que cela te révèle à moi, me rappelle tes signes, tes symboles et tes témoignages. Par ta gloire ! Chaque fois que je lève les yeux vers ton ciel, je me souviens de ta majesté et de ton élévation, de ta gloire et de ta grandeur incomparables; et chaque fois que je tourne les yeux vers ta terre, j'en viens à reconnaître les signes de ton pouvoir et les témoignages de ta bonté. Et quand je regarde la mer, je trouve qu'elle me parle de ta majesté, de la force de ta puissance, de ta souveraineté et de ta grandeur. Et à chaque fois que je contemple les montagnes, je suis amené à découvrir les emblèmes de ta victoire et les étendards de ton omnipotence"
La nature reflète les noms et attributs de Dieu" Elle est l'expression de la volonté de Dieu...dans...le monde des contingences" Baha'u'llah écrit:
"Dis: La nature en son essence est l'incarnation de mon nom, l'Auteur, le Créateur. Ses manifestations sont diversifiées pour des causes variées et, dans cette diversité, il y a des signes pour les hommes de discernement. La nature est la manisfestation de la volonté de Dieu qui s'exprime dans et par le monde des contingences. Elle est un don de la Providence ordonnée par l'Ordonnateur, le Très-Sage".
1.2. LA TERRE, UN SEUL PAYS
Baha'u'llah expose une vision mondiale qui constate que la terre est un seul pays dont tous les hommes sont les citoyens" et il en appelle à la promotion des intérêts les meilleurs des peuples et tribus de la terre.
'Abdu'l-Bahá attire l'attention sur l'interdépendance croissante du monde et sur le fait que l'autarcie n'est pas possible plus longtemps. Il envisage que la tendance vers un monde uni augmentera et se manifestera d'elle-même sous la forme d'une unité de pensée dans les entreprises mondiales ainsi que dans d'autres domaines importants de l'existence. La préservation des ressources de la planète est un domaine critique qui requiert une action unifiée.
1.3. LA POSITION DE L'HOMME ET SA RESPONSABILITÉ
'Abdu'l-Bahá indique que l'homme, en raison de la force idéale et céleste latente et manifeste en lui, occupe une position plus élevée et plus noble que celle de la nature, que l'homme règne sur le domaine de la nature et sur tout ce qui est de son ressort.
Il est donc évident que l'homme règne sur le domaine de la nature et sur ce qui est de son ressort. La nature est inerte; l'homme est en progrès. La nature n'a pas de conscience; l'homme en est doté. La nature est sans volonté et agit par nécessité alors que l'homme possède une volonté puissante. La nature est incapable de découvrir les mystères et les réalités, alors que l'homme est spécialement apte à le faire. La nature n'a pas de relation avec le royaume de Dieu; l'homme est en accord avec ses preuves. La nature est ignorante de l'existence de Dieu; l'homme en est conscient. L'homme acquiert des qualités divines; la nature se les voit refusées. L'homme peut volontairement réprimer ses vices; la nature n'a pas le pouvoir de modifier l'influence de ses instincts. Somme toute, il est évident que l'homme est plus noble et supérieur, qu'en lui existe un pouvoir idéal surpassant la nature. Il dispose d'une conscience, d'une volonté, d'une mémoire, du pouvoir de l'intelligence, des attributs divins et des vertus dont la nature est complètement dépourvue et privée; donc, l'homme est plus élevé et plus noble en raison de la force idéale et céleste latente et manifeste en lui.
L'homme possède une faculté profonde que les plantes et les animaux n'ont pas, un pouvoir qui lui permet de découvrir les secrets de la nature et de maîtriser l'environnement, il a la responsabilité particulière d'utiliser les pouvoirs que Dieu lui a donnés à des fins positives. La Maison Universelle de Justice signale que l'exercice correct de cette responsabilité est la clé qui détermine si son génie inventif produit des résultats bénéfiques ou crée des ravages dans le monde matériel.
1.4. UNE APPROCHE DU MONDE PHYSIQUE: L'INTERACTION ENTRE LE SPIRITUEL ET LE MATÉRIEL
'Abdu'l-Bahá souligne que le développement du monde physique et le bonheur de l'humanité dépendent à la fois de l'appel de la civilisation, du progrès du monde matériel et de l'appel de Dieu qui émeut l'âme et dont les enseignements spirituels sauvegardent la gloire immortelle, l'éternel bonheur et l'illumination des âmes de l'humanité. Il déclare:
"Toutefois, tant que les réalisations matérielles ayant trait à la nature, et que les vertus humaines ne seront pas renforcées par des perfections d'ordre spirituel, par des qualités radieuses et par des caractéristiques de miséricorde, aucun fruit ni résultat n'en découlera et le bonheur du monde de l'humanité, qui est son ambition ultime, ne sera pas atteint. Car bien que, d'une part, les réalisations matérielles et le développement du monde physique apportent la prospérité qui révèle de façon exquise les buts auxquels elle tend, d'autre part, de sévères calamités, de violentes afflictions et des dangers sont
imminents.
Par conséquent, lorsque tu observes le modèle ordonné des royaumes, des villes et des villages, l'attrait de leurs ornements, la fraîcheur de leurs ressources naturelles, le raffinement de leurs équipements, le confort de leurs moyens de transport, l'étendue des connaissances disponibles sur le monde de la nature, les grandes inventions, les entreprises colossales, les nobles découvertes et les recherches scientifiques, tu pourrais conclure que la civilisation conduit au bonheur et au progrès du monde humain. Pourtant, si tu dirigeais ton regard vers la découverte de machines destructrices et infernales, vers le développement de forces de destruction et l'invention d'engins de guerre violents qui déracinent l'arbre de vie, il te deviendrait évident et manifeste que la civilisation est associée à la barbarie. Progrès et barbarie vont de pair tant que la civilisation matérielle n'est pas confirmée par la direction divine, par les révélations du Très-Miséricordieux et par de saintes vertus et tant qu'elle n'est pas renforcée par une conduite spirituelle, par les idéaux et les bénédictions du royaume de puissance...
"Par conséquent, cette civilisation et ce progrès matériel devraient être associés à la plus grande guidance, afin que
ce bas monde puisse devenir la scène sur laquelle apparaissent les dons du royaume et que les réalisations dans le domaine de la nature puissent être reliées aux effulgurations du Miséricordieux. Ceci, afin que la beauté et la perfection du monde de l'homme puissent être dévoilées et manifestées aux yeux de tous, dans toute leur grâce et toute leur splendeur. Ainsi seront révélés la gloire et le bonheur éternels.
Baha'u'llah décrit le sort de ceux dont la vie démontre leur insouciance des valeurs spirituelles et qui n'agissent pas en conformité avec ces valeurs. Il observe que:
"... vous foulez ma terre avec complaisance et satisfaits de vous-mêmes, insouciants de ce qu'elle est lasse de vous et de ce que tout ce qu'elle renferme se dérobe à vous... .
Shoghi Effendi affirme que la négligence de l'homme contribue au déclin de l'ordre contemporain et produit, de manière concrète, des impacts sur l'environnement:
La rupture violente de l'équilibre du monde; le tremblement qui va saisir les membres de l'humanité; la transformation radicale de la société humaine; la fin de l'ordre contemporain; les changements fondamentaux touchant la structure des gouvernements, ... le développement des engins de guerre infernaux, l'incendie des villes, la pollution de l'atmosphère terrestre... ce sont là les signes et les présages qui doivent soit annoncer, soit accompagner la calamité du châtiment, calamité qui, comme Il l'a décrété, Lui le juge et le rédempteur de l'humanité, doit tôt ou tard affliger une société qui, pour sa plus grande partie et pendant plus d'un siècle, a fait la sourde oreille à la voix du messager de Dieu pour cette époque... une calamité qui doit purger la race humaine des rebuts de ses corruptions séculaires et souder ses différentes composantes en une amicale association mondiale, fermement liée, association destinée, quand les temps seront révolus, à être incorporée dans la structure d'un ordre divinement désigné, et à être galvanisée par une influence qui spiritualise, s'étendant mystérieusement, et à s'épanouir, au cours des dispensations futures, en une civilisation comme l'humanité n'en a jamais vu à aucun moment de son évolution".
2. LES RELATIONS ENTRE L'HOMME ET LA NATURE
La relation entre l'homme et la nature est très complexe. Une appréciation de l'étendue de ce sujet requiert de réfléchir à quelques-unes des caractéristiques de la nature décrites dans les écrits Bahá'ís, de prendre conscience de certaines valeurs et de certaines attitudes qui guident le comportement individuel et l'établissement des priorités.
2.1. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA NATURE
2.1.1. Un système unifié
'Abdu'l-Bahá dit que le temple du monde a été modelé à l'image et à la ressemblance du corps humain. Il explique que:
"Cela signifie que, tout comme le corps humain dans ce monde est composé, en apparence, de membres et d'organes différents et est, en réalité, une entité cohérente et parfaitement accomplie, de même la structure du monde physique est pareille à un seul être dont les membres sont inséparablement liés.
Si l'on pouvait observer avec un oeil capable de découvrir les réalités de toutes choses, il deviendrait clair que
la relation la plus grande qui maintient la cohésion du monde de l'existence résulte de ce que cette cohésion se trouve dans tous les domaines des choses créées et que la coopération, l'entraide et la réciprocité sont des caractéristiques essentielles du corps unifié du monde de l'existence, d'autant plus que toutes les choses créées sont en étroite relation entre elles et que chacune est influencée par l'autre ou en bénéficie soit directement, soit indirectement.
Considérons par exemple la manière dont un groupe de choses créées constitue le règne végétal et un autre le règne animal. Chacun de ces deux groupes utilise certains éléments de l'air dont dépend sa propre vie, tandis que chacun augmente la quantité de tels éléments qui sont essentiels pour la vie de l'autre. En d'autres mots, la croissance et le développement du monde végétal sont impossibles sans l'existence du règne animal, et le maintien de la vie animale est inconcevable sans la coopération du règne végétal. Le même type de relations existe entre toutes les choses créées. De ce fait, il a été énoncé que la coopération et la réciprocité sont des propriétés essentielles qui sont inhérentes au système unifié du monde de l'existence et sans lesquelles la création entière serait réduite au néant".
Dans un autre passage, 'Abdu'l-Bahá décrit l'intercommunication qui existe entre chaque partie de l'univers et l'importance de maintenir l'équilibre dans le système:
Réfléchissez aux réalités profondes de l'univers, aux sagesses secrètes complexes, aux énigmes, aux interrelations, aux règles qui gouvernent toutes choses. Chaque partie de l'univers, en effet, est reliée à chacune des autres parties par des liens très puissants, qui ne souffrent aucun déséquilibre et aucun relâchement....
2.1.2. Un système organisé et soumis à des lois
'Abdu'l-Bahá déclare que le monde phénoménal est entièrement soumis aux règles et au contrôle de la loi naturelle. Il met en contraste l'organisation absolue de la nature et son manque d'intelligence et de volonté
avec la capacité de l'homme à commander aux forces de la nature grâce à la découverte des éléments qui composent les choses:
Cette nature est soumise à une organisation absolue, à des lois déterminées, à un ordre complet et à un plan achevé dont elle
ne s'écarte jamais. A tel point en effet que, si vous regardez attentivement, d'un regard pénétrant, depuis le plus petit atome invisible jusqu'aux plus grands corps de l'univers, comme le globe solaire ou les autres grands astres et sphères lumineuses, si vous regardez leur disposition, leur composition, leur forme ou leur mouvement, vous trouverez que tous sont organisés au plus haut point et dépendent d'une loi universelle dont ils ne s'écarteront jamais.
Mais lorsque vous regardez la nature elle-même, vous voyez qu'elle n'a ni intelligence, ni volonté. Par exemple, la nature du feu est de brûler: il brûle sans volonté ni intelligence; la nature de l'eau est la fluidité : elle coule sans volonté ni intelligence; la nature du soleil est de resplendir: il brille sans volonté ni intelligence; la nature de la vapeur est de s'élever dans les airs: elle s'élève sans volonté ni intelligence. Il est donc clair que les mouvements naturels de toutes choses sont des mouvements contraints; aucun n'est dû à la volonté, si ce n'est chez les animaux et surtout chez l'homme. L'homme peut même résister et s'opposer à la nature, car il découvre la composition des choses et, par là, il commande aux forces de la nature; toutes les inventions sont dues à cette découverte. Par exemple, il a inventé le télégraphe qui met en communication l'Orient et l'Occident. Il est donc évident que l'homme est maître de la nature.
Maintenant, quand vous voyez de telles organisations, de telles dispositions et de telles règles, pouvez-vous dire que c'est le simple effet de la nature, bien qu'elle n'ait ni intelligence ni perception ? Si ce n'est pas le cas, il devient alors évident que cette nature, qui n'a ni perception ni intelligence, est sous l'emprise du Dieu Tout-Puissant qui est le souverain du monde de la nature; tout ce qu'Il veut, Il le fait apparaître dans la nature.
2.1.3. Le changement et le mouvement
Le changement est une loi qui gouverne toute la création physique. On peut le voir dans le passage des saisons. 'Abdu'l-Bahá écrit:
La terre est en mouvement et en croissance; les montagnes, les collines et les plaines sont vertes et plaisantes; tout regorge de bonté; la miséricorde est universelle; la pluie tombe du nuage de miséricorde, le soleil radieux brille; la pleine Lune orne l'horizon de l'éther; la grande marée de l'océan inonde chaque petit ruisseau; les dons se succèdent; les faveurs suivent; et la brise rafraîchissante souffle, transportant la senteur parfumée des fleurs. Un trésor illimité est entre les mains du Roi des rois ! Soulevez le pan de votre vêtement pour le recevoir.
Bientôt le monde entier, comme au printemps, changera de parure. Le jaunissement et la chute des feuilles de l'automne ont eu lieu, les rigueurs de l'hiver sont terminées. L'année nouvelle est arrivée et le printemps spirituel est à portée de main. La terre noire se transforme en un jardin verdoyant; les déserts et les montagnes abondent en fleurs rouges; en bordure des régions sauvages, les hautes herbes se dressent comme une avant-garde devant les cyprès et les jasmins; et tandis que les oiseaux chantent dans les branches des rosiers comme les anges du paradis, annonçant la bonne nouvelle de
l'approche de ce printemps spirituel, la douce musique de leur voix fait remuer et frémir l'essence réelle de toute chose.
'Abdu'l-Bahá déclare que le repos absolu n'existe pas dans la nature, que le mouvement est indispensable à l'existence. En ce qui concerne l'existence, il décrit le processus de la composition et de la décomposition: Considère... les phénomènes de la composition et de la décomposition, de l'existence et de la non-existence. Chaque chose créée dans le monde contingent est composée d'une variété d'atomes et son existence dépend de la composition de ceux-ci. En d'autres
termes, par le divin pouvoir de création, une combinaison d'éléments simples se met en place de sorte que, à partir de cette composition, un organisme distinct soit produit. L'existence de toutes choses est fondée sur ce principe. Mais, lorsque l'ordre est bouleversé, la décomposition se produit et la désintégration en découle, alors, cette chose cesse d'exister. Ainsi, l'annihilation de toutes choses résulte de la décomposition et de la désintégration. Par conséquent, l'attraction et la composition des divers éléments sont les moyens de la vie, et la discorde, la décomposition et la division engendrent la mort. Ainsi, en toutes choses, les forces de cohésion et d'attraction conduisent à l'apparition de résultats et d'effets fructueux, alors que l'éloignement et l'aliénation des choses aboutissent à des perturbations et à la destruction. Grâce à l'affinité et à l'attraction, toutes les choses vivantes telles que les plantes, les animaux et les hommes viennent à l'existence, tandis que la division et la discorde apportent la décomposition et l'anéantissement.
Il explique aussi que, dans le monde physique, le courant de l'évolution se dirige vers des niveaux de plus en plus complexes:
Dans la création physique, l'évolution se fait en passant d'un degré de perfection à un autre. Le minéral passe dans le règne végétal avec ses perfections minérales. Le végétal passe dans le monde animal en conservant ses perfections et ainsi de suite, jusqu'au monde humain...".
2.1.4. La diversité
'Abdu'l-Bahá décrit la diversité comme étant l'essence de la perfection et la cause de l'apparition des bienfaits" 41 de Dieu, et il déclare:
Observe les fleurs d'un jardin: bien qu'elles soient toutes différentes par l'espèce à laquelle elles appartiennent, par
la couleur, la grandeur et la forme, pourtant, dans la mesure où elles sont rafraîchies par les pluies d'un même printemps, revivifiées par le souffle d'un même vent, revigorées par les rayons d'un même soleil, cette diversité augmente leur charme et ajoute à leur beauté. Ainsi, lorsque cette force unificatrice, l'influence pénétrante de la parole de Dieu, entre en action, les différences de coutumes, de manières, d'habitudes, d'idées, d'opinions et de dispositions embellissent le monde de l'humanité. Cette diversité, cette différence sont comme la dissemblance et la variété, naturellement créées, des membres et
des organes du corps humain, car chacun contribue en effet à la beauté, à l'efficience et à la perfection de l'ensemble...
Comme ce serait déplaisant pour l'oeil si toutes les fleurs et les plantes, les bourgeons et les feuilles, les fruits,
les branches et les arbres de ce jardin étaient tous de même forme et de même couleur ! La diversité des teintes, des tailles et des formes enrichit et agrémente le jardin dont l'effet se trouve rehaussé....
Le degré de diversité du monde des êtres créés est souligné dans le passage suivant:
... les formes et les organismes des êtres phénoménaux et de l'existence dans chacun des règnes de l'univers sont innombrables et se comptent par myriades. Le niveau ou règne végétal, par exemple, possède une variété infinie d'espèces et de formes observables de plantes... chacune distincte et différente en soi, aucune ne ressemblant exactement, ni par sa composition ni par ses détails, à une autre... car il n'y a pas de répétition dans la nature et le pouvoir de multiplicité ne peut être confiné à aucune image ou forme donnée. Chaque feuille a sa propre identité ou, pour ainsi dire, sa propre individualité
en tant que feuille....
2.1.5. Elle sert le monde humain
'Abdu'l-Bahá décrit les causes et les circonstances de la perfection des mondes minéral, végétal et animal, et il distingue cette perfection de leur réelle prospérité qui fait la gloire des différents règnes.
L'honneur et l'exaltation de chaque créature vivante dépendent de causes et de circonstances.
La beauté, la parure, la perfection de la terre est d'être verte et fertile par la bonté des nuages du printemps. Les
plantes croissent; les fleurs et les herbes odorantes surgissent; les arbres fruitiers se couvrent de fleurs et donnent de sains et
nouveaux fruits. Les jardins deviennent merveilleux et les prairies embellissent; les plaines et les montagnes revêtent leur robe de verdure; les jardins, les champs, les villes et les villages sont embellis. Telle est la félicité du monde minéral.
Le summum de la gloire et la perfection du monde végétal sont atteints lorsqu'un arbre peut pousser sur les rives d'un fleuve à l'eau fraîche, lorsqu'une douce brise souffle sur lui, que la chaleur du soleil peut rayonner sur lui, lorsqu'un jardinier s'occupe à le cultiver et que, de jour en jour, il peut se développer et donner des fruits. Mais sa prospérité réelle consiste à évoluer jusqu'au monde animal et au monde humain et à remplacer ce qui a été épuisé dans le corps de l'animal et celui de l'homme.
La gloire du monde animal est de posséder des organes, des facultés et des membres parfaits pour pourvoir à ses besoins. Tel est le summum de sa gloire, de son honneur et de sa valeur. Aussi, le summum de la félicité pour un animal est-il de disposer d'une prairie verdoyante et fertile, d'une eau qui coule extrêmement pure, et d'une forêt belle et fraîche. Si tout cela lui est donné, on ne peut imaginer pour l'animal une félicité plus grande. Par exemple, si un oiseau construit son nid dans une forêt verte et féconde, dans un merveilleux lieu élevé, sur un arbre robuste et sur l'une de ses plus hautes branches, et s'il trouve tout ce qu'il désire en fait de graines et d'eau, c'est pour lui la félicité absolue.
Mais la véritable félicité pour l'animal consiste à passer du monde animal au monde humain, tout comme les infiniment petits qui, par l'air et par l'eau, pénètrent dans le corps de l'homme, y sont assimilés et remplacent ce qui y a été consommé. C'est la grande gloire et la grande félicité du monde animal; on ne peut en imaginer de plus grande pour lui.
2.1.6. Un système imparfait
Deux points de vue sur la nature s'opposent. L'un soutient que le monde de la nature est achevé, et l'autre affirme qu'il est inachevé, car il a besoin d'intelligence et d'éducation. 'Abdu'l-Bahá déclare que les mondes minéral, végétal, animal et humain ont tous besoin d'un éducateur:
Les matérialistes défendent l'opinion que le monde de la nature est achevé. Les philosophes spiritualistes prétendent que le monde de la nature est inachevé. Il y a une grande différence entre les deux opinions. Les matérialistes attirent l'attention sur la perfection de la nature, du soleil, de la lune et des étoiles, des arbres dans leur parure, de la terre entière et de la mer, et même sur des phénomènes mineurs qui révèlent l'harmonie la plus parfaite. Les philosophes théologiens réfutent cette perfection apparente et cette complétude du royaume de la nature, tout en admettant la beauté des scènes et des aspects naturels et tout en reconnaissant les forces cosmiques irrésistibles qui contrôlent les soleils et les planètes gigantesques.
Ils maintiennent que, bien que la nature semble parfaite, elle est néanmoins imparfaite, car elle a besoin d'intelligence et d'éducation. Ils en veulent pour preuve que l'homme, bien qu'il soit un vrai dieu dans le royaume de la création matérielle, a lui-même besoin d'un éducateur. L'homme, s'il n'est pas développé par l'éducation, est sauvage, brutal et a des tendances animales. Les lois et les règlements, les écoles, les collèges et les universités ont pour but de former l'homme et de l'élever au-dessus des confins obscurs du règne animal....
Lorsque nous considérons la vie, nous voyons que les mondes minéral, végétal, animal et humain ont tous besoin d'un éducateur.
Si la terre n'est pas cultivée, elle devient une jungle où poussent des herbes folles. Mais si un cultivateur vient et la laboure, elle produit des moissons qui nourrissent les êtres vivants. Il est donc évident que la terre a besoin d'être cultivée par l'agriculteur. Considérez les arbres: s'ils restent sans jardinier, ils ne donnent pas de fruits, et s'ils ne donnent pas de fruits, ils sont inutiles. Mais, s'ils reçoivent les soins d'un jardinier, ces mêmes arbres stériles deviennent fructifères; et par la culture, la fertilisation et la greffe, les arbres aux fruits amers produisent des fruits sucrés...
La même chose se vérifie en ce qui concerne les animaux; notez que lorsque l'animal est dressé, il devient domestique, et que l'homme, s'il est laissé sans éducation, devient bestial et de plus, s'il est laissé sous l'empire de la nature, il devient inférieur à un animal tandis que, éduqué, il devient un ange !....
2.2. ATTITUDES ET VALEURS
Les écrits Bahá'ís expriment clairement des valeurs spirituelles sûres et des attitudes qui guident la relation de l'homme avec la nature. Cela comprend:
2.2.1. L'appréciation des choses à leur valeur
La conscience du fait que la terre est la source de la prospérité de l'homme est tempérée par la prise de conscience du fait que la gloire et l'honneur de l'homme doivent être quelque chose de plus que les richesses matérielles.
Ainsi:
Tout homme de discernement, tandis qu'il marche sur la terre, se sent confus dans la mesure où il est tout à fait conscient que la source de sa prospérité, de sa richesse, de sa puissance, de son rang élevé, de son progrès et de son pouvoir est, ainsi que Dieu l'a ordonné, cette même terre que foulent les pieds de tous les hommes. Il ne peut y avoir de doute que quiconque connaît cette vérité est sanctifié et purifié de tout orgueil, de toute arrogance et de toute vanité....
De quoi pouvez-vous bien vous enorgueillir ? Vous flattez-vous de ce que vous mangez et buvez, des richesses que vous amassez dans vos réserves, du prix et de la variété des ornements dont vous vous parez ? Si la vraie gloire consistait à posséder ces choses périssables, alors, la terre sur laquelle vous marchez devrait fanfaronner plus que vous, car c'est elle qui, par le décret du Tout-Puissant, vous fournit et vous accorde ces mêmes choses. Dans ses entrailles est contenu, selon ce que Dieu a ordonné, tout ce que vous possédez. D'elle, en signe de sa miséricorde, vous tirez toutes vos richesses. Considérez donc votre condition, ce dont vous vous glorifiez ainsi! Puissiez-vous le percevoir!
Il est donc clair que la gloire et l'honneur de l'homme doivent être quelque chose de plus que les richesses matérielles. L'aisance matérielle n'est qu'une branche, mais la gloire humaine trouve ses racines dans les bonnes qualités et les vertus qui sont l'ornement de sa réalité. Ce sont les aspects divins, les bontés célestes, les émotions sublimes, l'amour et la connaissance de Dieu; la sagesse universelle, la perception intellectuelle, les découvertes scientifiques, la justice, l'équité, la bonne foi, la bienveillance, le courage naturel et la force d'âme innée; le respect des droits et l'observance des accords et des alliances, la rectitude en toutes circonstances, le service de la vérité dans toutes les conditions, le sacrifice de sa vie pour le bien de tous, la bienveillance et l'estime pour toutes les nations, l'obéissance aux enseignements de Dieu, le service dans
le royaume divin, la guidance des êtres, et l'éducation des nations et des races. Voilà la prospérité du monde humain ! Voilà
la gloire de l'homme dans le monde ! Voilà la vie éternelle et l'honneur céleste!
2.2.2. La modération
Les écrits Bahá'ís encouragent le détachement de ce monde et de ses vanités, car l'attachement distrait l'individu de la conscience de Dieu. Ceci, toutefois, ne constitue pas une forme d'ascétisme et n'implique pas un rejet des plaisirs de la vie. Baha'u'llah explique:
Si un homme désire se parer des ornements de la terre, en porter les vêtements, partager les bienfaits qu'elle peut procurer, aucun mal ne peut lui arriver s'il ne laisse rien s'interposer entre Dieu et lui, car Dieu a ordonné toute bonne chose, qu'elle ait été créée dans le ciel ou sur la terre, pour ceux de ses serviteurs qui croient véritablement en Lui. Mangez, ô peuples, les bonnes choses que Dieu vous a accordées, et ne vous privez pas de ses merveilleux bienfaits. Remerciez-le et louez-le et soyez de ceux qui sont vraiment reconnaissants.
Le niveau voulu est celui de la modération:
En toute chose, la modération est nécessaire. Si une chose est faite avec excès, elle est source de mal....
2.2.3. La bonté envers les animaux
Baha'u'llah demande à l'homme de se montrer bon envers les animaux et il le met en garde contre la chasse excessive. En relation avec ce qui précède, 'Abdu'l-Bahá écrit:
En bref, ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu doivent traiter avec miséricorde et compassion; ils doivent plutôt manifester une bienveillance extrême à l'égard de chaque créature vivante. Car, sur le plan physique et là où intervient l'esprit animal, les animaux et les hommes partagent les mêmes sensibilités. Or l'homme n'a pas saisi cette vérité et croit que les sensations physiques sont réservées aux êtres humains, et c'est pourquoi il se montre injuste et cruel envers les animaux.
Et pourtant, en vérité, quelle différence y a-t-il lorsqu'il est question de sensations physiques ? Les sensibilités sont les mêmes, que vous infligiez une douleur à un homme ou à une bête. Il n'y a aucune différence. Et, en fait, votre attitude est pire lorsque vous faites du tort à un animal, car l'homme dispose du langage, il peut émettre une plainte, il peut crier, gémir; s'il est blessé, il peut avoir recours aux autorités et celles-ci le protégeront contre son agresseur. Mais la malheureuse bête est muette, elle ne peut ni exprimer sa douleur ni soumettre son cas aux autorités. Si un homme inflige mille maux à une bête, celle-ci ne peut ni l'écarter par la parole ni le traîner devant les tribunaux. Il est donc essentiel que vous fassiez preuve de la plus grande considération pour les animaux et que vous soyez encore plus gentils envers eux qu'envers vos semblables.
Formez vos enfants, dès le plus jeune âge, à se montrer infiniment tendres et aimants envers les animaux. Si un animal est malade, laissez les enfants essayer de le guérir; s'il a faim, laissez-les le nourrir, s'il a soif, laissez-les le désaltérer et, s'il est épuisé, laissez-les veiller à lui procurer du repos.
La plupart des êtres humains sont des pécheurs, mais les bêtes sont innocentes. Certes, celles qui sont sans péché devraient bénéficier d'une bonté et d'un amour extrêmes, toutes à l'exception des animaux nuisibles... Mais envers les animaux bénis, il faut se montrer bon et doux. La tendresse et l'affectueuse bonté sont des principes fondamentaux du céleste royaume de Dieu. Vous devriez garder ceci soigneusement à l'esprit.
Les écrits Bahá'ís affirment aussi que la consommation de viande n'est pas nécessaire pour être en bonne santé: Pour ce qui est de consommer la chair animale ou de s'en abstenir, ...il [l'homme] n'a pas besoin de viande, et il n'est pas obligé d'en manger. Même sans manger de viande, il vivrait avec la plus grande vigueur et la plus grande énergie... En vérité, tuer les animaux et manger leur viande est plutôt contraire à la pitié et à la compassion, et si quelqu'un peut se contenter de céréales, de fruits, d'huile et de fruits secs tels que pistaches, amandes etc., cela serait sans aucun doute mieux et plus plaisant.
2.2.4. Le développement de la nature
Du point de vue Bahá'í, la création physique est dynamique et évolue d'un degré de perfection à un autre. Toutefois, elle est inachevée, car elle manque d'intelligence et d'éducation. Elle a besoin d'être développée par l'homme non seulement afin de créer un degré supérieur d'ordre et de beauté, deux normes prônées par les enseignements Bahá'ís, mais aussi pour augmenter sa fertilité et sa productivité. En relation avec la création de l'ordre et de la beauté dans le royaume de la nature, 'Abdu'l-Bahá écrit:
La nature est le monde matériel. Quand nous l'examinons, nous voyons qu'elle est obscure et imparfaite. Par exemple, si nous laissons une terre dans son état naturel, nous la trouverons couverte d'épines et de chardons; les mauvaises herbes et la végétation sauvage s'y épanouiront et elle deviendra comme une jungle. Les arbres ne porteront pas de fruits et n'auront ni beauté ni symétrie....
Et si, en passant par un champ ou une plantation, vous observez que les plantes, les fleurs et les herbes odorantes, qui poussent ensemble avec luxuriance, forment un modèle d'unité, c'est la preuve que cette plantation et ce jardin prospèrent par les soins d'un habile jardinier. Mais quand vous les voyez dans un état de désordre et de désolation, vous en déduisez qu'il leur manque la compétence d'un fermier dont les soins efficaces auraient empêché la pousse des mauvaises herbes et de l'ivraie.
'Abdu'l-Bahá mentionne également la contribution de la culture comme moyen d'augmenter la fertilité et la productivité de la terre. Il déclare:
Si nous abandonnions ce lopin de terre à son état naturel, lui permettant de retourner à son état d'origine, il deviendrait un champ d'épines et de mauvaises herbes, mais si nous le cultivons, il deviendra un sol fertile et produira une récolte. Privés de cultures, les versants des montagnes seraient des jungles et des forêts d'arbres sans fruits. Les jardins donnent des fruits et des fleurs proportionnellement aux soins et aux labours que leur prodigue le jardinier....
Un grain de blé, lorsqu'il est cultivé par le fermier, produira toute une récolte, et une graine, par les soins du jardinier, se transformera en un arbre majestueux....
Bien que le monde de la nature ait besoin de se développer, l'approche par l'homme de ce développement doit être tempérée par la modération, un engagement à protéger l'héritage [des] générations futures et une conscience du caractère sacré de la nature, obligations morales répandues dans tous les écrits de la foi Bahá'íe. Par exemple, Baha'u'llah déclare:
"Bénis sont le lieu et la maison, et l'endroit, et la ville, et le coeur, et la montagne, et le refuge, et la caverne, et la vallée, et le pays, et la mer, et l'Île, et la prairie où a été faite la mention de Dieu et où sa louange a été glorifiée.
2.2.5. L'importance de l'agriculture
Baha'u'llah déclare que une attention toute particulière doit être accordée à l'agriculture. Il définit l'agriculture comme une activité qui contribue à l'amélioration de la condition de l'humanité et à la reconstruction du monde. 'Abdu'l-Bahá affirme que :
La base fondamentale de la communauté est l'agriculture, le labourage du sol....
Il décrit l'agriculture comme une science noble1 dont la pratique est un acte d'adoration. Et il encourage femmes et hommes à s'intéresser aux sciences agricoles. Il déclare que si un individu devient compétent dans ce domaine, il permettra de procurer du bien-être à un nombre incalculable de personnes.
En ce qui concerne le développement économique et social des nations, la Maison Universelle de Justice souligne l'importance de l'agriculture et de la conservation de l'équilibre écologique du monde.
2.2.6. L'utilisation de la science
La science est décrite comme celle qui gouverne la nature et ses mystères, le seul intermédiaire par lequel l'homme explore les constituants de la création matérielle:
... l'homme, en exerçant son pouvoir scientifique et intellectuel... peut modifier, changer et contrôler la nature selon ses propres désirs et ses besoins. La science est, pour ainsi dire, ce qui brise les lois de la nature.
Considérons, par exemple, que l'homme, selon la loi de la nature, devrait demeurer sur la surface de la terre. Toutefois, en surpassant cette loi et ses limitations, il navigue dans des bateaux sur l'océan, monte jusqu'au zénith dans des avions et plonge dans les profondeurs de la mer avec des sous-marins. Cela va à l'encontre de l'ordonnance de la nature et constitue une violation de sa souveraineté et de son empire. Les lois et les méthodes de la nature, les secrets et les mystères cachés de l'univers, les inventions et les découvertes humaines, toutes nos acquisitions scientifiques devraient normalement restées cachées et inconnues, mais l'homme, grâce à sa perspicacité intellectuelle, cherche à les extraire du domaine de l'invisible, les attire dans le domaine du visible, les expose et les explique. Par exemple, l'un des mystères de la nature est l'électricité. Selon la nature, cette force, cette énergie devrait rester latente et cachée, mais l'homme perce scientifiquement les lois mêmes de la nature, arrête l'électricité et va jusqu'à l'emprisonner pour son propre usage.
En résumé, l'homme, en raison du fait qu'il possède ce don optimal de la recherche scientifique, est le produit le plus noble de la création, le maître de la nature....
'Abdu'l-Bahá lie l'effort scientifique à la mise en oeuvre d'un objectif noble. Il déclare:
Ce don est le pouvoir le plus louable de l'homme, car c'est en l'employant et en l'exerçant que l'amélioration de la race humaine se réalise, que le développement des vertus de l'humanité est rendu possible et que l'esprit et les mystères de Dieu deviennent manifestes....
Et il énonce le principe général selon lequel:
... toute action quelle qu'elle soit, fût-elle l'instrument du plus grand bien de l'humanité, est susceptible d'être mal utilisée. Son bon ou son mauvais usage dépend des degrés variables de connaissance, de capacité, de foi, d'honnêteté, de dévouement et d'élévation d'esprit des dirigeants de l'opinion publique.
3. LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
Un certain nombre de questions en rapport avec la protection de l'environnement sont traitées dans les écrits de la foi Bahá'íe. Plusieurs d'entre elles sont examinées ci-dessous.
3.1. LA CONSERVATION DES RESSOURCES
Shoghi Effendi lie la conservation et la régénération des ressources de la terre à la fois à la protection du monde physique et à l'héritage des générations futures. Il affirme que l'oeuvre de groupes tels que les Hommes des Arbres et la Charte Mondiale des Forêts est essentiellement humanitaire1 et il applaudit leur noble objectif qui consiste à régénérer les régions désertiques d'Afrique.
Il est intéressant de noter que, parmi les pouvoirs et les devoirs de la Maison Universelle de Justice, figurent le progrès et l'amélioration du monde ainsi que le développement des pays.
3.2. LE CONTRÔLE DES RESSOURCES NATURELLES
Les écrits Bahá'ís prévoient qu'à long terme la protection, l'exploration et l'exploitation des ressources terrestres d'une inimaginable ampleur devront inévitablement être sous la juridiction d'un système fédéral mondial. Un tel système, basé sur la reconnaissance de l'unité de la race humaine, non seulement exercera une autorité indiscutable sur les ressources de la terre, mais assurera la justice économique et sociale. Shoghi Effendi écrit:
L'unité de la race humaine telle que l'a envisagée Baha'u'llah implique l'établissement d'une confédération mondiale au sein de laquelle toutes les nations, les races, les classes et les croyances sont unies étroitement et en permanence; au sein de laquelle l'autonomie des États membres, la liberté personnelle et l'initiative des individus qui les composent sont complètement et définitivement sauvegardées... Dans une telle société mondiale, la science et la religion, les deux puissantes forces de la vie humaine, seront réconciliées, coopéreront et se développeront harmonieusement... Les ressources économiques du monde seront organisées, ses sources de matières premières seront exploitées et pleinement utilisées, ses marchés seront coordonnés et développés, et la distribution de ses produits sera équitablement réglementée.
Rivalités, haines et intrigues entre nations cesseront; animosités raciales et préjugés feront place à l'amitié entre les races, à la compréhension réciproque et à la coopération. Les causes de conflit religieux seront à jamais supprimées, les barrières et les restrictions économiques seront complètement abolies, et l'écart démesuré entre les classes sera effacé. Le dénuement d'une part et une forte accumulation de biens d'autre part disparaîtront. L'énorme énergie dissipée et gaspillée pour la guerre, qu'elle soit économique ou politique, sera consacrée à des fins qu'élargira l'éventail des inventions et du développement technique, à l'accroissement de la productivité de l'humanité, à l'extermination de la maladie, à l'extension de la recherche scientifique, à la hausse du niveau de la santé physique, à rendre le cerveau humain plus vif et plus subtil, à l'exploitation des ressources inemployées et insoupçonnées de la planète, à la prolongation de la vie humaine, et au développement de tout autre moyen propre à stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière.
Un système fédéral mondial gouvernant la terre entière et exerçant une autorité indiscutable sur ses ressources incroyablement vastes, incorporant et alliant les idéaux de l'Orient et de l'Occident; libéré du fléau de la guerre et de ses misères et veillant à l'exploitation de toutes les sources d'énergie disponibles sur la surface de la planète un système dans lequel la force est la servante de la justice, dont la vie est soutenue par la reconnaissance universelle d'un seul Dieu et par la fidélité à une révélation commune,... tel est le but vers lequel s'avance l'humanité, poussée par les forces unificatrices de la vie.
3.3. APPROCHES DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
La conservation et la protection de l'environnement doivent être abordées au niveau de l'individu et au niveau de la société. Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, déclare:
Nous ne pouvons pas séparer le coeur humain de l'environnement qui lui est extérieur et dire qu'une fois que l'un ou l'autre aura changé, chaque chose sera améliorée. L'homme fait partie du monde. Sa vie intérieure façonne l'environnement et est elle-même profondément influencée par lui. L'un agit sur l'autre et chaque changement durable dans la vie de l'homme est le résultat de cette interaction.
Aucun mouvement dans le monde ne prête attention à ces deux aspects de la vie humaine ni ne dispose, dans une pleine mesure, des moyens pour les améliorer, sinon les enseignements de Baha'u'llah. Et c'est ce qui constitue leur caractère distinctif. Dès lors, si nous désirons le bien du monde, nous devrions nous efforcer de diffuser ces enseignements et également de les mettre en pratique dans notre vie personnelle. C'est par eux que le coeur humain changera et que notre environnement social fournira le climat dans lequel nous pourrons croître spirituellement et refléter pleinement la lumière de Dieu qui rayonne à travers toute la révélation de Baha'u'llah.
Et en ce qui concerne la solution aux problèmes du monde, il indique que:
Nous avons besoin d'un changement de coeur, d'un nouveau cadre pour toutes nos conceptions et d'une nouvelle orientation pour nos activités. La vie intérieure de l'homme ainsi que son environnement extérieur doivent être remodelés si nous voulons assurer le salut de l'humanité.
Au niveau des gouvernements, la Maison Universelle de Justice appelle à une coopération mondiale de la famille des nations pour préparer et adopter des mesures visant à préserver l'équilibre écologique donné à cette terre par son Créateur. La Maison de Justice affirme:
Jusqu'à ce que les nations du monde comprennent et suivent les exhortations de Baha'u'llah à travailler ensemble et de tout coeur pour veiller aux meilleurs intérêts de toute l'humanité et pour s'unir dans la recherche des voies et des moyens permettant de rencontrer les nombreux problèmes d'environnement qui assaillent notre planète, la Maison de Justice pense qu'on avancera peu en direction de la solution de ces problèmes....
La Maison Universelle de Justice analyse le rôle individuel des Bahá'ís et celui des communautés Bahá'íes par rapport à la sauvegarde de la vie sauvage et de l'état naturel du monde:
... le meilleur moyen par lequel vous pouvez aider à sauver la vie sauvage et l'état naturel du monde est de faire tous vos efforts pour porter le message de Baha'u'llah à l'attention de vos semblables et pour gagner leur fidélité à sa cause.
Puisque les coeurs des hommes ont changé et qu'ils commencent à travailler dans l'unité à la lumière des enseignements de Baha'u'llah, ils peuvent commencer à mettre en oeuvre des améliorations concrètes à la condition du monde. Cela est déjà en train de se concrétiser avec les efforts produits en matière de développement économique et social dans les régions où ont été établies de grandes communautés Bahá'íes. Vous pouvez, bien sûr, aider aussi ceux avec qui vous entrez en contact et qui s'intéressent à l'amélioration de l'environnement, mais la solution fondamentale est celle que Baha'u'llah a apportée.
En plus d'une approche de la question à un niveau fondamentalement spirituel, la collaboration avec des individus et des groupes qui s'intéressent à l'amélioration de l'environnement est encouragée. Les communautés Bahá'íes sont appelées à faire de la conservation de l'environnement une partie intégrante de leurs activités courantes en... contribuant aux efforts fournis pour conserver l'environnement par des moyens qui s'accordent au rythme de vie de notre communauté....
4. PERSPECTIVES D'AVENIR
'Abdu'l-Bahá brosse le tableau suivant des conditions futures de la vie sur terre:
Le Seigneur de toute l'humanité a façonné le royaume de l'homme pour qu'il soit un jardin d'Eden, un paradis terrestre. Si, comme il le doit, ce royaume trouve la voie menant à l'harmonie et à la paix, à l'amour et à la confiance mutuelle, il deviendra une véritable demeure de félicité, un lieu de multiples bénédictions et de joies infinies. C'est là que sera révélée l'excellence du genre humain, c'est là que, sur chaque main, brilleront les rayons du Soleil de Vérité.
5. RÉFÉRENCES
1.Baha'u'llah, Prayers and Meditations by Baha'u'llah, Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1987, sec. CLXXVI, p. 272.
2. ibidem
3. ibid.
4. Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1979, 2Ème éd., sec. XC, p. 117.
5. Baha'u'llah, Tablets of Baha'u'llah Revealed after the Kitàb-i-Aqdas , Haifa, Bahá'í World Centre, 1982, ed. rev., p. 142.
6. ibid.
7. Extraits des Écrits de Baha'u'llah , sec. CXVII, p. 254.
8. ibid.
9. 'Abdu'l-Bahá, Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá, Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1983, sec. 15, p. 31.
10. ibid.
11. 'Abdu'l-Bahá, The Promulgation of Universal Peace: Talks Delivered by 'Abdu'l-Bahá during His Visit to the United States and Canada in 1912 , Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1982, 2ème éd., p.178.
12. ibid.
13. ibid.
14. ibid.
15. Maison Universelle de Justice, extrait d'une lettre datée du 19 mai 1971 écrite de sa part à un croyant.
16. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , sec. 225, p. 281.
17. ibid.
18. idem, sec. 225, pp. 282 et 283.
19. Baha'u'llah, Les Paroles cachées , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1988, 2ème partie (en persan), p.37.
20. Shoghi Effendi, extrait d'une lettre datée d'avril 1957, publiée dans Messages to the Bahá'í World 1950-1957 , Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1971, p. 103.
21. ibid.
22. 'Abdu'l-Bahá, extrait d'une tablette traduite du persan.
23. ibid.
24. ibid.
25. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , sec. 137, p. 157.
26. ibid.
27. The Promulgation of Universal Peace... op. cit., p. 17.
28. 'Abdu'l-Bahá, extraits traduits de Some Answered Questions, rev.ed. (Wilmette Baha'i Publishing Trust, 1985) page. 3. - Voir également Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre , P.U.F., 5ème éd., rév. 1982, p.11.
29. ibid.
30. ibid.
31. ibid.
32. ibid., pp. 3 et 4.
33. ibid.
34. 'Abdu'l-Bahá, Tablets of 'Abdu'l-Bahá Abbás , vol. III, Chicago, Bahá'í Publishing Committee, 1930, p. 641.
35. id., vol. II, 1940 pp. 318 et 319.
36. 'Abdu'l-Bahá, Causeries d' 'Abdu'l-Bahá à Paris , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 2Ème éd., 1980, p. 76.
37. ibid.
38. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., p. 288.
39. ibid.
40. Causeries... op. cit., p. 57.
41. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 225, p. 289.
42. id., pp. 289 et 290.
43. Causeries... op. cit. , p. 45.
44. The Promulgation of Universal Peace... op. cit., p. 285.
45. Extraits traduits de Some Answered ... op. cit. p. 78, voir aussi Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre , op. cit., p. 88.
46. ibid.
47. idem,
48. ibid. pp.78 et 79, pp. 88 et 89.
49. The Promulgation of Universal Peace op. cit., p. 329.
50. ibid.
51. ibid.
52. Extraits traduits de Some Answers Questions op. cit. p. 7, voir aussi Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre , op. cit., p. 15.
53. voir note 49.
54. voir note 52.
55. Baha'u'llah, Epistle to the Son of the Wolf , Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, éd. rev., 1979, p. 44.
56. ibid.
57. Extraits traduits de Some answered ... op. cit. p. 79, voir aussi, Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre , op. cit., p. 84.
58. voir note 55.
59. Extraits des Écrits de Baha'u'llah , op. cit., sec. CXVIII, p. 166.
60. voir note 57.
61.
Extraits des Écrits de Baha'u'llah , op. cit., sec. CXXVIII, p. 181.
62.
ibid.
63.
id., p. 182.
64.
Tablets of Baha'u'llah Revealed after the Kitàb-i-Aqdas, p. 69.
65.
Extraits des Écrits de Baha'u'llah , op. cit., sec. CXXV, p.175.
66.
Maison Universelle de Justice, Synopsis et codification des lois et ordonnances du Kitàb-i-Aqdas , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1981, note 34, p. 68.
67. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 138, pp. 158 et 159.
68. 'Abdu'l-Bahá, extrait d'une tablette traduite du persan.
69. Causeries... op. cit., p. 57.
70. voir note 49.
71. ibid.
72. id., p. 308.
73. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 225, pp. 288 et 289.
74. The Promulgation of Universal Peace... op. cit., p. 353.
75. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 104, p.131.
76. Shoghi Effendi, extrait d'un télégramme du 23 mai 1951 adressé au New Earth Luncheon, London, U.K.
77. Baha'u'llah dans Bahá'í Prayers: A Selection of Prayers Revealed by Baha'u'llah, the Báb and 'Abdu'l-Bahá , Wilmette, Bahá'í Publishing Trust, 1985, page de garde.
78. Tablets of Baha'u'llah... op. cit., p. 90.
79. id., p. 89.
80. 'Abdu'l-Bahá, cité dans Star of the West , vol. 4, no du 24 juin 1913, p. 103.
81. 'Abdu'l-Bahá, extrait d'une tablette traduite du persan.
82. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 126, p.143.
83. ibid. The Promulgation of Universal Peace... op. cit., p. 283.
84. 'Abdu'l-Bahá, extrait d'une tablette traduite du persan.
85. Maison Universelle de Justice, département du secrétariat, extrait d'une lettre du 31 mars 1985 à une association 'études Bahá'íes.
86. The Promulgation of Universal Peace... op. cit., p. 29.
87. id., p. 30.
88. id., p. 31
89. 'Abdu'l-Bahá, Le Secret de la civilisation divine , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1973, p. 35.
90. voir note 76.
91. Shoghi Effendi, extrait d'un télégramme du 21 mai 1956 adressé au World Forestry Charter Luncheon, London, U.K.
92. ibid.
93. Shoghi Effendi, extrait d'un télégramme du 22 mai 1957 adressé au World Forestry Charter Luncheon, London, U.K.
94. Maison Universelle de Justice, The Constitution of the Universal House of Justice , Haifa, Bahá'í World Centre, 1972,
p. 5.
95. ibid.
96. ibid.
97. Shoghi Effendi, extrait d'une lettre du 11 mars 1936, publiée dans Appel aux nations , Bruxelles, Maison d'Éditions Bahá'íes, 1979, p. 48.
98. ibid.
99. id., p. 46.
100. id., p. 48.
101. id., pp. 46 à 48.
102. Le secrétaire de Shoghi Effendi, extrait d'une lettre du 17 février 1933 à un croyant.
103. Le secrétaire de Shoghi Effendi, extrait d'une lettre du 27 mai 1932 à un croyant.
104. Maison Universelle de Justice, département du secrétariat, extrait d'une lettre du 18 octobre 1981 à un croyant.
105. ibid.
106. Maison Universelle de Justice, département du secrétariat, extrait d'une lettre du 14 juin 1984 à un croyant.
107. ibid.
108. Maison Universelle de Justice, extrait du message de Ridván 1989 aux Bahá'ís du monde.
109. Sélections des écrits d' 'Abdu'l-Bahá , op. cit., sec. 220, p. 273.
ISBN 2-87203-021-2
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